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BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE
BUREAU & CONSEIL
DE LA
SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE
POUR L'ANNÉE 1885
Membres du Bureau :
Président. . etes et à l EU:
Vice-Présidents
Secrétaire général. . . . . . . .
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Archiviste-Bibliothécaire.. . . .
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MM.
P. MÉGNIN.
Dr P. FISCHER.
A. CERTES.
Prof. R. BLANCHARD.
/ J. GAZAGNAIRE.
Dr L. MANOUVRIER.
H. PIERSON.
HÉRON-ROYER.
J. DENIKER.
Membres
4° Membres donateurs.
Prince R. BONAPARTE.
Bon p'HAMONVILLE.
Bon pe ROTHSCHILD.
DE SEMALLÉ.
J. VIAN.
2° Anciens présidents.
SIMON.
KünCKkEL D'HERCULAIS.
M. CHAPER,
Nora. — Les Membres du Conseil marqués d'un
du Conseil :
3 Membres élus.
Bon BILLAUD.
ou esa * Prof. CH. RICHET.
D' MARMOTTAN.
* Prof. Marmias DuvaL.
C. DE MÉREJKOWSKY.
PA RQ D' JULLIEN.
A. MAUXION.
D'Jousser DE BELLESME.
Fe L. BUREAU.
Pour 4885. CORRE
jp JOUSSEAUME.
\ Prof. F. PLATEAU.
* ont été élus en remplace-
ment d’autres membres ayant passé au Bureau.
BULLETIN
SOCIÈTÉ ZOOLOGIQUE
DE FRANCE
POUR L'ANNÉE 1885
CEE —
DIXIÈME VOLUME
CE —
PARIS
AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ
7, rue des Grands-Augustins, 7
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LISTE
DES
MEMBRES HONORAIRES
ALCANTARA (Sa Majesté don Pedro II d’), empereur du Brésil, à Rio-de-
Janeiro (Brésil).
BARBOZA DU BOCAGE (Prof. José-Vicente), membre de l’Académie royale
des sciences de Lisbonne (Portugal}.
BERT (D' Paul), membre de l’Institut, député, professeur de physiologie à la
Sorbonne, 9, rue Guy-de-la-Brosse, à Paris.
DE QUATREFAGES , membre de l’Institut, professeur d'anthropologie au
Muséum d'histoire naturelle, à Paris.
GUNTHER (Dr Albert), F. R. S., directeur de la section zoologique au British
Museum, à Londres (Angleterre).
LACAZE-DUTHIERS (D' Henri de), membre de l’Institut, professeur de zoologie
à la Sorbonne, 7, rue de la Vieille-Estrapade, à Paris.
NORDENSKJOLD (le baron E.), à Stockholm (Suède).
ROBIN (Dr Charles), membre de l’Institut, sénateur, professeur à la Faculté
de médecine, 94, boulevard Saint-Germain, à Paris.
SÉLYS-LONGCHAMPS (Baron Edmond de), membre de l’Académie royale de
Belgique, sénateur, 34, boulevard Sauvenière, à Liège (Belgique).
SHARPE (R. Bowdler), F. L. S., chargé de la section ornithologique au
British Museum, à Londres (Angleterre).
STREENSTRUP (Prof. Japetus S.), à l'Université de Copenhague (Danemark).
TACZANOWSKI (Prof. Ladislas), conservateur du Musée de zoologie, à Var-
sovie (Pologne).
MEMBRES CORRESPONDANTS
DOBSON (D° G.-E.), royal Victoria hospital, à Netley, near Southampton
(Angleterre)
RITCHIE (John), Président de la Boston Scientific Society, à Boston, Mass.
(États-Unis).
MEMBRE DONATEUR DÉCÉDÉ
BRANICKI (Comte Constantin).
(1) Par délibération en date du 25 janvier 1885, le Conseil a décidé de maintenir
perpétuellement en tête du Bulletin la liste des Membres donateurs décédés.
LISTE
DES
MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
AU 15 MARS 1885
Les noms des Membres fondateurs sont précédés d'un *.
ALBRECHT (professeur Paul), 38, rue d'Isabelle, à Bruxelles (Belgique).
* ALIX (D' E.), 40, rue de Rivoli, à Paris.
ALLEON (Amédée), à Kustendje, Dobrodja (Roumanie).
AMBLARD (D' Louis), 44 bis, rue Paulin, à Agen (Lot-et-Garonne),
ANDRÉ, 21, boulevard Bretonnière, à Beaune (Côte-d'Or).
APOSTOLIDES (Dr Nicolas Christo), professeur-agrégé à l’Université, à Athènes
(Grèce).
ARMEDEY (Clément), 16, rue de Trévise, à Paris.
ARTAULT (Stephen), préparateur à la Faculté de médecine, 41, rue de Buffon,
à Paris,
ASSAKY (D' Georges), 1, rue Vauquelin, à Paris.
BADIN (Adolphe), homme de lettres, 1, rue de Vigny, à Paris.
BAILLY (J. F. D.), 202, Alexander street, à Rochester N. Y. (États-Unis).
BAMBEKE (D' Ch. van), professeur à l’Université, 5, rue Haute, à Gand (Bel-
gique).
BARROIS (Dr J.), docteur ès-sciences naturelles, 46, rue Blanche, faubourg
Saint-Maurice, à Lille (Nord).
BARROIS (Dr Théodore-Charles), 35, route de Lannoy à Fives, à Lille (Nord).
BAVAY, pharmacien en chef de la marine, #5, Grande-rue, à Brest (Finistère).
BEAUVISAGE (D' Georges), professeur-agrégé à la Faculté de médecine
de Lyon, 9, rue du Perron, à Oullins (Rhône).
BEDRIAGA (D' Jacques de), boulevard de l’Impératrice, maison Salvi, à Nice
(Alpes-Maritimes).
BELTRÉMIEUX (E.), Président de la Société des sciences naturelles de la
Charente-Inférieure, à la Rochelle (Charente-Inférieure).
(1) La Société s’est vue dans la nécessité de rayer de la liste des membres un
certain nombre de personnes qui avaient négligé de payer leur cotisation.
VII LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
BERGÉ (André), préparateur d'histoire naturelle à la Faculté de médecine,
29, rue Claude-Bernard, à Paris.
BERILLON (D' Edgard), 46, boulevard Saint-Michel, à Paris.
* BERTRAND (Joseph), (Membre à vie), membre de l'Institut, professeur au
Collège de France, 6, rue de Seine, à Paris.
* BESNARD (Auguste), conducteur des Ponts-et-Chaussées, 16, rue des Ursu-
lines, au Mans (Sarthe).
BETTA (le commandeur Eduardo de), 41, Corso Castelvecchio, à Vérone (Italie).
BIBLIOTHÈQUE DE L'UNIVERSITÉ ET DE L'ÉTAT {1}, à Strasbourg (Alsace).
BIGNON (Mie Fanny), licenciée ès-sciences naturelles, professeur à l'École
primaire supérieure, 5, rue Boule, à Paris.
BIGOT (Jacques - Marie - François), officier de l’Instruction publique, 27, rue
Cambon, à Paris.
* BILLAUD (Baron Frédéric), propriétaire, 39, rue Notre-Dame de Lorette, à
Paris.
BINOT (Jean), étudiant en médecine, 455, boulevard Saint-Germain, à Paris.
BLANC (Marius), 22, quai du Canal, à Marseille (Bouches-du-Rhône).
* BLANCHARD (D' Raphaël), professeur-agrégé à la Faculté de Médecine, 9,
rue Monge, à Paris.
BLONAY (Roger de), 23, rue de Larochefoucault, à Paris.
BLONDEL (Raoul), préparateur à la Faculté de médecine, 22, rue Mouton-
Duvernet, à Paris.
BLOOMSFIELD (D' James E.), 9, place du Panthéon, à Paris.
BOCA (Léon), étudiant en sciences naturelles, 16, rue d’Assas, à Paris.
BOCHEFONTAINE {Dr), directeur-adjoint du laboratoire de physiologie expé-
rimentale à la Faculté de médecine, 38, Boulevard Saint-Michel, à Paris.
BOLIVAR (Ignacio), professeur d’entomologie à l'Université, 41, Alcalä, à
Madrid (Espagne).
BONAPARTE [le prince Roland), (Membre donateur), 22, Cours la Reine, à Paris.
BONJOUR (Samuel), 23, passage Saint-Yves, à Nantes (Loire-Inférieure).
BOSCA (Edoardo), cathedratico de historia natural en el real Instituto, à Ciu-
dad-Real (Espagne).
BOUCARD (Adolphe), officier d’Académie, 13, rue Guy-de-la-Brosse, à Paris.
DOULART (Raoul), préparateur au laboratoire d'anatomie comparée, 55, rue
de Buffon, à Paris.
BOULENGER (G.-A.), Esq., Assistant, Zoological Department, British Museum,
à Londres (Angleterre).
() Les établissements publics et les Sociétés scientifiques de la France et de l'Etran-
ger peuvent être admis comme MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ aux mêmes charges et
aux mêmes droits qu'un Membre ordinaire et peuvent se faire représenter aux
séances par un de leurs MemBres /Art. 6 du règlement.
LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ IX
BOVIER-LAPIERRE, 15, rue Gracieuse, à Paris.
BRADLEY (Mi), étudiante en médecine, 3, rue Saint-Louis-enl’Ile, à Paris.
BRANDT (D' Alexandre), professeur à l’Institut vétérinaire de l’Université de
Kharkow (Russie).
BRANDT (Dr Ed.), professeur à l'Université de Saint-Pétersbourg, 17, rue
Nadeschdinskaïa, logement n° 5, à Saint-Pétersbourg (Russie).
BRITTO (D' Victor de), à Pelotas, province de Rio Grande do Sul (Brésil).
BRUMAULD DE MONTGAZON (D' Alphée), 3, rue de Mirbel, à Paris.
BRUSINA (D° S.), professeur à l'Université, directeur du Musée national zoolo-
gique, à Agram, Croatie (Autriche-Hongrie).
* BUREAU (Dr Louis), directeur du Musée, professeur à l’École de médecine,
45, rue Gresset, à Nantes (Loire-Inférieure).
CALMELS, à l'Hôtel-Dieu, à Paris.
CAMERANO (D' Lorenzo), au Musée zoologique de Turin (Italie).
CAMPBELL (John M.), Kelvingrove Museum, à Glasgow (Écosse).
CAZANOVE (Joseph de), ornithologiste, à Avize (Marne).
CERTES (A.), inspecteur des finances, 21, rue Barbet-de-Jouy, à Paris.
CHABAUD (Dr Félix), de Cannes, 14, rue de la Sorbonne, à Paris.
CHATIN (D' Joannès), professeur-agrégé à l’École de pharmacie, maître de
conférences à la Faculté des sciences, 128, boulevard Saint-Germain, à
Paris.
CHAPER (Maurice), ingénieur, 31, rue Saint-Guillaume, à Paris.
CHEVREUX (E.), sur le Port, au Croisic (Loire-Inférieure).
CHICHATSKY (Me Marie), Maison du D' Gortinsky, à Tschernigoff (Russie).
CHUDZINSKI (Théophile), préparateur au laboratoire d'anthropologie de l’École
des Hautes-Études, licencié ès-sciences naturelles de l’Université de Mos-
cou, 5, rue du faubourg Saint-3acques, à Paris.
CLADO, interne des hôpitaux, 4, rue Dolomieu, à Paris.
CLEMENT A. L.), (Membre à vie), dessinateur, 34, rue Lacépède, à Paris.
COLLARDEAU DU HEAUME (Marie-Philéas), 22, rue Chauchat, à Paris.
* COLLIN DE PLANCY (V.), interprète à la légation française, à Pékin (Chine).
CONTA (M!! Pulcheria), étudiante en médecine, 34, rue d'Ulm, à Paris.
CORY (Chas.-B.), Esq., 8, Arlington street, à Boston, Mass. (États-Unis).
COSSON (D'), membre de l’Institut, 7, rue La Boëtie, à Paris.
COTTEAU {G.), juge honoraire, à Auxerre (Yonne).
COUSIN (Auguste), 61, rue du Rendez-vous, à Paris.
COUTAGNE (Georges), ingénieur à la Poudrerie nationale de Saint-Chamas
(Bouches-du-Rhône).
* CRETTÉ DE PALLUEL (Albert), 41, rue Cambon, à Paris.
CRIÉ (D' Louis), professeur à la Faculté des sciences, à Rennes (Ille-et-Vilaine).
CUSTAUD (Dr L.), médecin civil, à Akbou (Algérie).
x LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
DALGLEISH (John-James), B. O. U., propriétaire, 8, Atholl crescent, à Édim-
bourg (Écosse).
DAUTZENBERG (Philippe), 213, rue de l’Université, à Paris.
* DAVID (l'abbé Armand), missionnaire en Chine, 95, rue de Sèvres, à Paris.
DEBIERRE (D'), professeur-agrégé à la Faculté de médecine, 5, quai Claude
Bernard, à Lyon (Rhône).
DELAHAYE (Luc-Joseph), peintre d'histoire naturelle, 142, rue Lamartine,
à Paris.
* DELAMAIN (Henri), négociant, à Jarnac (Charente).
DEMAISON (Louis), 9, rue Rogier, à Reims (Marne).
DEMBO (Dr Isidore), 64, quai du Canal Catherine, à Saint - Pétersbourg
(Russie).
DEMETZKY (Jules de), IV, Kigyo ütcza, 1, à Budapest (Hongrie).
DENIKER (J.), 19, rue Berthollet, à Paris.
DENIS (D' Clément), d'Haïti, 7, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, à
Paris.
DESFOSSES (D' Léonce), à Boussac (Creuse).
DESGUEZ (Charles), attaché au Muséum d’histoire naturelle, à Paris.
* DESLONGCHAMPS (Eudes), professeur à la Faculté des sciences, rue de
Geôle, à Caen (Calvados).
DEYROLLE (Émile), 23, rue de la Monnaie, à Paris.
DODIEAU (René), étudiant en médecine, 430, rue de Rivoli, à Paris.
* DOLLEUS (Adrien), directeur de la Feuille des jeunes naturalistes, 35, rue
Pierre-Charron, à Paris.
DOUAI (Musée d'histoire naturelle de), à Douai (Nord).
DOUVILLÉ, professeur à l'Ecole des mines, 207, boulevard Saint-Germain, à
Paris.
DRESSER (H.-E.), Esq., F.Z. S., F. B. O. U., etc., S'-Margarets, Norwood
hill, S. E., à Londres (Angleterre).
DUBOIS (D' Alphonse), conservateur du Musée royal d'histoire naturelle de
Belgique, 91, rue des Rentiers, à Etterbeck-Bruxelles (Belgique).
DUBOIS (Dr Raphaël), préparateur du cours de physiologie à la Sorbonne,
3, rue d'Ulm, à Paris.
DUVAL (D° Mathias), professeur à l’École d'anthropologie et à l'École des
beaux-arts, professeur-agrégé à la Faculté de médecine, membre de l'Aca-
démie de médecine, 11, cité Malesherbes, à Paris.
ÉBRARD (Sylvain), aux aciéries d'Unieux (Loire).
* ELLIOT (P.-G.), (Membre à vie), Esq., F. Z. S., etc., à Staten island, près
New-York (États-Unis).
ESCARRAS (D° Louis), à Cannes {Alpes-Maritimes) et 34, rue du Cardinal-
Lemoine, à Paris.
LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ xl
FABRE-DOMERGUE (Paul), licencié ès-sciences naturelles, 16 bis, rue Censier,
à Paris. ;
FATIO (Victor), 4, rue Massot, à Genève (Suisse).
FAUQUE (1.), au jardin d’acclimatation, Bois de Boulogne, à Paris.
FAUROT (D' Lionel), 421, rue de Rennes, à Paris.
FERRÉ (D Gabriel), chef des travaux histologiques à la Faculté de médecine,
à Bordeaux (Gironde).
FISCHER (D' Paul), aide-naturaliste au Muséum, 68, boulevard Saint-Marcel,
à Paris.
FUCHS (L.), répétiteur d'histoire naturelle à l'École vétérinaire, à Alfort (Seine).
GACHE (Henri), 405, avenue Victor Hugo, à Paris.
GADEAU DE KERVILLE (Henri), 7, rue Dupont, à Rouen (Seine-Inférieure).
GARDILLION (D' Louis), à Goderville (Seine-Inférieure).
GARMAN (Samuel), assistant of Ichthyology and Herpetology at the Museum
of Comparative Zoôlogy, at Harvard College, à Cambridge, Mass. (États-
Unis).
GAUTHIER (Dr Vicente), préparateur à l’Institut de thérapeutique expéri-
mentale, 6, vico Belledone, à Chiaia, à Naples (Italie).
GAY (Octave), professeur-agrégé à la Faculté de médecine, pharmacien en
chef de l’hôpital Laennec, à Paris.
GAZAGNAIRE (J.), 39, rue de la Clef, à Paris.
GER VAIS (Dr Henri), aide-naturaliste au Muséum, 413, rue de Navarre, à Paris.
GIARD ({A.), député, professeur à la Facalté des sciences de Lille, 181, boule-
vard Saint-Germain, à Paris.
GIBERT (D'), 41, rue de Séry, au Hâvre (Seine-Inférieure).
GIRARD (Albert), au Musée zoologique, à Lisbonne (Portugal).
GIRARD (D' Maurice), professeur, 28, rue Gay-Lussac, à Paris.
GRENET (D" Adrien), à Joigny (Yonne).
GUERMONPREZ (D° Fr.), professeur à l’Université catholique, à Lille (Nord).
GUERNE (J. de), licencié ès-sciences, 2, rue Monge, à Paris.
GUESDE (Dr Dominique), 53, rue de Varenne, à Paris.
HAHN (D' Philippe), médecin-major de la Romanche, au Ministère de la
marine, à Paris.
* HAMONVILLE (Baron Louis d’), (Membre donateur), conseiller général de
Meurthe-et-Moselle, au château de Manonville, par Noviant-aux-Prés (Meur-
the-et-Moselle).
HARVIE-BROWN (John, A.), F. R.S. E., F. Z. S., President of the Natural
History Society of Glasgow, Dunipace House, à Larbert, N. B. (Écosse).
* HÉRON-ROYER, négociant, 22, rue de Cléry, à Paris.
HERVÉ (D° Georges), professeur-suppléant à l’École d'anthropologie, 49, rue
La Bruyère, à Paris.
XII LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
HONNORAT (Édouard F.), quartier des Sièyes, à Digne (Basses-Alpes).
* HUGO (Comte Léopold), statisticien au Ministère des travaux publics, 44,
rue des Saints-Pères, à Paris.
HYADES (D'), médecin de première classe de la marine, 6, rue Oudinot, à Paris.
JANVIER (D Louis Joseph), 4, rue de l'École de médecine, à Paris.
JOUBIN (Louis), préparateur à la Faculté des sciences, 44, boulevard Saint-
Michel, à Paris.
JOURNÉ (Camille), mail des Tauxelles, à Troyes (Aube).
* JOUSSEAUME (D' Félix), (Membre à vie), 6, rue de Vanves, à Paris.
JOUSSET DE BELLESME {D'), 12, rue Chanoinesse, à Paris.
JOYEUX-LAFFUIE (Dr J.), maître de conférences à la Faculté des sciences,
38, rue Monge, à Paris.
JULIANY (Joseph}, 12, place de l’Hôtel-de-Ville, à Manosque (Basses-Alpes).
JULLIEN (D' Jules), 30, rue Fontaine, à Paris.
JUMEAU, ingénieur, 23, rue Rôtisserie, à Béziers (Hérault,.
KEMPEN (Van), 42, rue Saint-Bertin, à Saint-Omer (Pas-de-Calais).
KUNCKEL D'HERCULAIS (Jules), aide-naturaliste au Muséum d'histoire na-
turelle, 20, villa Saïd, à Paris.
KUNSTLER (J.), maître de conférences à la Faculté des sciences, à Bordeaux
(Gironde).
* LACROIX (Adrien), 4, rue Clémence-Isaure, à Toulouse (Haute-Garonne).
LAFFONT (D' Marc), 53, quai Bourbon, à Paris.
LALAIN-CHOMEL (Emmanuel de), 15, rue Richer, à Paris.
LALLEMANT, pharmacien, à l'Arba, près Alger (Algérie).
LANDOWSKI (D' Paul), 36, rue Blanche, à Paris.
LANGLASSÉ (René), 42, quai National, à Puteaux (Seine).
LARCHER (Dr Oscar), membre de la Société de Biologie, 95, rue de Passy,
à Paris.
LARGUIER DES BANCELS (D'), conservateur du Musée de zoologie de Vaud,
à Lausanne (Suisse).
LASSÈRE (Laurent), pharmacien, à Saint-Sever (Landes).
* LE BRETON (André), secrétaire de correspondance à la Société des Amis
des sciences naturelles, 21, rue de Buffon, à Rouen (Seine-Inférieure).
LEMETTEIL (Pierre-Eugène), propriétaire, 2, rue de la Barrière, à Bolbec
(Seine-Inférieure).
LEMOINE (D'), professeur à l'École de médecine, 49,boulevard des Promenades,
à Reims (Marne)
LENNIER (G.), directeur du Muséum d'histoire naturelle, 2, rue Bernardin de
Saint-Pierre, au Hävre (Seine-Inférieure).
LE RICHE (J.-B.), instituteur, à Gézaincourt, près Doullens (Somme).
* LESCUYER (F.), à Saint-Dizier (Haute-Marne).
LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ XL
LILLE (Faculté des sciences de), à Lille (Nord).
LOYE (Paul), préparateur du cours de physiologie à la Sorbonne, 54, rue
Claude-Bernard, à Paris.
* LUBOMIRSKI (le prince Ladislas), (Membre à vie), 25, allée d’Osejardoff, à
Varsovie (Pologne).
LUCAS (Frédéric A.), United States National Museum, à Washington, D. C.
(États-Unis).
* LUNEL (Godefroy), conservateur du Musée d’histoire naturelle, aux Bastions,
à Genève (Suisse).
MAGAUD D’AUBUSSON (Louis), 36, rue Poussin, à Paris.
MAGGI (Leopoldo), professeur d'anatomie et de physiologie comparées à l’Uni-
versité de Pavie (Italie).
MAGNIN (D' Paul), 1, rue Malus, à Paris.
MAILLES, 84, rue Saint-Honoré, à Paris.
MALHERBE (D' Aimé), 63, rue du Bac, à Paris.
MALLOIZEL (Godefroy), sous-bibliothécaire au Muséum d'histoire naturelle, 3,
boulevard Arago, à Paris.
MAN (D' J.-G. de), à Middelbourg (Hollande).
MANOUVRIER (D' L.), professeur-suppléant à l'École d'anthropologie, 45,
rue de l’École-de-Médecine, à Paris.
MANRIQUE (D' Juan), #4, rue Jacob, à Paris.
MARCHAND (Jean-Albert), cloître Notre-Dame, à Chartres (Eure-et-Loir).
* MARCHE (Alfred), voyageur naturaliste, en exploration aux Philippines
(Océanie).
MARCUS (Samuel), étudiant en médecine, 58, rue Jacob, à Paris.
MARION, professeur à la Faculté des sciences, à Marseille (Bouches-du-Rhône).
* MARMOTTAN (D'}, 31, rue Desbordes Valmore, à Paris.
MAUXION (Abel), étudiant en médecine, 34, rue Saint-Jacques, à Paris.
MÉGNIN (P.), 19, rue de l’Hôtel-de-ville, à Vincennes (Seine).
MELLO (D° Guedes de), 424, rue de Rennes, à Paris.
MENZBIER (D' Michel), professeur d'anatomie comparée à l’Université, à
Moscou (Russie).
MÉREJKOWSKY (Constantin de), à l’Université, à Saint-Pétersbourg (Russie).
MERLE, propriétaire, à Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire).
MILLIARD (Charles), à la Ferté-Aleps (Seine-et-Oise).
MINOR (Dr L.), rue Pokrowka, maison Sirotinin, à Moscou (Russie).
MOLLIÈRE-LABOULAYE, avocat à la Cour d’appel, 2 bis, boulevard du
Temple, à Paris.
MONIEZ (Dr Romain), professeur d'histoire naturelle à la Faculté de médecine,
à Lille (Nord).
MORGAN (Jacques de), 27, avenue de Villars, à Paris.
XIV LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
MORS (Émile), 4, rue Solférino, à Paris.
MOTT (Dr Walker), Lecturer à la Faculté de médecine, 65, Grove street, à
Liverpool (Angleterre).
NICHOLSON (Francis), Esq., The Grove, Oldfeld, Altrincham, Cheshire (An-
gleterre).
NINNI (D' Al.-P.), membro del comitato direttivo del civico Museo di Venezia,
3392, S. Lorenzo, à Venise (Italie).
OBERTHUR (Charles), imprimeur, à Rennes (Ille-et-Villaine).
OLIVE (Gaspard), 3, rue de la Pyramide, à Marseille (Bouches-du-Rhône).
OUDRI, major du 38 tirailleurs algériens, à Constantine (Algérie).
OUSTALET (D' Émile), aide-naturaliste au Muséum, 20, rue Monsieur le
Prince, à Paris.
PARIZE (Pierre), directeur de la Station agronomique, à Morlaix (Finistère).
PARKIN (Thomas), F. R. G. S., F. Z. S., à Halton Vicarage, Hastings (Angle-
gleterre).
PARTRIDGE (William Daniel), administrateur de la Station maritime de phy-
siologie et de l’aquarium, 445, rue de Paris, le Hävre (Seine-Inférieure).
PARVEX DE MURAZ, 45, rue des Écoles, à Paris.
PAUCHON (D° A.), professeur suppléant à l'Ecole de médecine, 60, rue du
Tapis Vert, à Marseille (Bouches-du-Rhône).
PÊCHEUR (Ch.-Marie-Jules), 43, Grande-Rue, Vieille-Ville, à Nancy (Meurthe-
et-Moselle).
PELLETIER (A.-J.-Horace), avocat à la cour d'appel de Paris, à Madon, com-
mune de Condé, par Blois (Loir-et-Cher),
PELLETIER (Xavier), industriel, à Elbeuf (Eure).
PELZELN (August von), Custos am Naturaliencabinet, Vienne (Autriche).
* PENNETIER (Dr Georges), directeur du Musée d'histoire naturelle de
Rouen, professeur à l’École de médecine, 9, rue Alain-Blanchart, à Rouen
(Seine-Inférieure).
PERRAVEX (Eugène), préparateur à ia Faculté des Sciences, 1, rue Rameau,
à Dijon.
PERRONCITO (Dr Édouard), professeur à l'École vétérinaire et à l'Université
de Turin (Italie).
PETIT (Louis), naturaliste, 10, rue Monsieur le Prince, à Paris.
PIERSON (Henri), 7, rue Pierre-Lescot, à Paris.
PILLIET (Alexandre), 4, rue des Écoles, à Paris.
PINTO (D' Cerqueira), professeur-agrégé à la Faculté de médecine, à Bahia
(Brésil), et 424, rue de Rennes, à Paris.
PLATEAU (Félix), professeur à l'Université, 64, boulevard du jardin z0olo-
gique, à Gand (Belgique).
POUGNET (Eugène), à Landroff (Lorraine).
LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ XV
PRAT (Dr Jules-Marie), #, rue Milton, à Paris.
PUGA BORNE (D' Federico), directeur du Muséum, à Valparaiso (Chili).
RABOT (Charles), 41, rue de Condé, à Paris.
RAFFRAY (Achille), consul de France, à Tamatave (Madagascar).
RAILLIET (A.), professeur d'histoire naturelle à l’École vétérinaire, à Alfort
(Seine).
REGNARD (D' Paul), professeur à l’Institut national agronomique, directeur-
adjoint du laboratoire de physiologie de la Sorbonne, 46, boulevard Saint-
Michel, à Paris.
REY (D Philippe), médecin-adjoint à l'asile de Ville-Évrard (Seine-et-Oise).
RICHET (D' Charles), professeur-agrégé à la Faculté de médecine, 15, rue de
l'Université, à Paris.
ROCHEBOUET (Fernand de), au château de Rouwolts, à Chaumont (Maine-et-
Loire).
* ROTHSCHILD (le baron Edmond de), (Membre donateur), 19, rue Laffitte, à
Paris.
ROTROU (Alexandre), pharmacien, à la Ferté-Bernard (Sarthe).
SALEM (Aziz), étudiant en médecine, 28, rue Racine, à Paris.
SANCHEZ (D' Jésus), professeur de zoologie à l’Université, directeur du Musée
national, à Mexico (Mexique)
SAUNDERS (Howard), Esq., F. Z. S., F. L. S., etc., 7, Radnor place, Glou-
cester square, à Londres (Angleterre).
SAUVAGE (D' Émile), directeur de la station aquicole, 9, rue Tour Notre-
Dame, à Boulogne (Pas-de-Calais).
SAUVINET (L.-Ernest), 45, rue de Buffon, à Paris.
* SÉDILLOT (Maurice), 20, rue de l’Odéon, à Paris.
SEMALLÉ (René de), (Membre donateur), propriétaire, 1, rue de l’Ermitage,
à Versailles (Seine-et-Oise).
SEOANE (V. Lopez), avocat et propriétaire, 58, calle Real, à la Corogne
(Espagne).
SHELLEY (captain Georges-Ernest), (Membre à vie), F.Z., S., etc., 6, In-
terden street, Hanover square, à Londres (Angleterre).
SICARD (Dr Henri), professeur à la Faculté des sciences, 2, place Kléber, à
Lyon (Rhône).
* SIMON (Eugène), entomologiste, 46, villa Saïd, à Paris.
SMITH (Joseph), licencié ès-sciences naturelles, 41, avenue des Gobelins, à
Paris.
SOLIRÈNE (Alexandre), pharmacien, 47, rue Soufflot, à Paris.
STEINDACHNER (D°' Frantz), directeur du Musée royal de Vienne, 20, Kohl-
markt, à Vienne (Autriche).
TALAVERA (D' Joachim), 70, calle Prat, à Valparaiso (Chili).
XVI LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
TERQUEM, 78, rue de la Tour, à Passy-Paris.
TESTUT (D' L.), Professeur à la Faculté de médecine, à Lille (Nord).
THOMAS (D' Llewelyn), 15, Weymonth street, W., à Londres (Angleterre).
THOMAS (Ph.), vétérinaire en 4er au 102 hussards, à Nancy (Meurthe-et-
Moselle).
TIRANT (D' Gilbert), administrateur des affaires indigènes, Cochinchine.
TOURNEUX (D Frédéric), professeur à la Faculté de médecine, 57, rue Brüle-
maison, à Lille (Nord).
TRAMOND, naturaliste, 11, rue de l'École-de-Médecine, à Paris.
TRUTAT (Eugène), conservateur du Musée d'histoire naturelle, à Toulouse
(Haute-Garonne).
* VIAN (Jules), (Membre donateur), 42, rue des Petits-Champs, à Paris.
VIAN (Paul), 3, rue Turbigo, à Paris.
VILEMAREST (le baron de), 14, rue des Saints-Pères, à Paris.
VILLENEUVE-ESCLAPON-VENCE (Mis de), 27, avenue Marceau, à Paris.
WAGA (Dr Antoine), à Varsovie (Pologne).
WAVRIN (marquis de), 49, boulevard du Régent, à Bruxelles (Belgique).
WEBER (D° Max), professeur à l’Université, à Amsterdam (Hollande).
WEISGERBER (D' H.), 262, faubourg Saint-Honoré, à Paris.
WIEDERSHEIM (D' Robert), professeur à l’Université de Fribourg en Brisgau
(Allemagne).
WRZESNIOWSKI (Auguste), professeur à l’Université, 43, rue Widok, à Var-
sovie (Pologne).
ZANNELLIS (D), à Mouliherne (Maine-et-Loire).
MATÉRIAUX
POUR SERVIR A LA
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE
Par E. SIMON
NEA CE NIDES
RECUEILLIS A WAGRA-KAROOR PRÈS GUNDACUL, DISTRICT DE BELLARY (1)
Par M. M. CHAPER
Président de la Société Zoologique de France
a ———
SOLIFUGÆ
1. GALEODES ORIENTALIS Stoliczka, Journ. Asiat. Soc. Bengal.,
0 D 20), DIV, Mt. Æ1el.9," 1606:
Cette espèce m'était inconnue quand j'ai publié la Révision des
Galéodes (2) ; elle est surtout voisine de G. araneoides Pallas ; les
pattes ont la même coloration, chez le mâle surtout : le tibia et le
métatarse de la patte-màchoire et de la quatrième paire de pattes
sont également rembrunis et violacés, le métatarse de la patte-
mâchoire est également fusiforme. Chez G. orientalis la partie cé-
phalique est plus petite et plus étroite, les épines sériales sont
(1) Les Arachnides qui font l’objet de ce mémoire font partie des Collections du
Muséum de Paris.
(2) Essai d'une classification des Galéodes, etc., Etudes Arachnol. n° XVI, in
Ann. Soc. Ent. Fr., 1879, p. 93.
1
2 EUGÈNE SIMON
plus courtes et plus robustes, presque comme chez G. barbarus
Lucas, le flagellum des chélicères est plus court. Chez tous les
Galeodes, le flagellum se compose d’une partie basilaire cylindrique
et d’une partie terminale lancéolée très allongée avec la face
interne villeuse; tandis que chez G. arancoïdes la partie cylin-
drique est presque aussi longue, chez orientalis elle est beaucoup
plus courte que la partie lancéolée. Chez le mâle, les tarses de la
quatrième paire sont très différents en dessous; chez G.araneoides,
ils sont armés de quatre paires d’épines assez longues et diver-
gentes (1) et les trois articles sont également garnis de crins ro-
bustes mais effilés et aigus; chez orientalis au contraire, les tarses
de la quatrième paire offrent quatre paires d’épines latérales
courtes non divergentes, les deux premiers articles sont revêtus
de crins très robustes et tronqués en forme de petits bâtonnets
tandis que le troisième article n'offre que des soies fines ordi-
naires. Chez G. orientalis d', le 5e segment ventral de l’abdomen
offre une ligne d’épines bacilliformes comme chez G. barbarus,
mais plus longues et plus fines.
G. orientalis paraît commun à Wagra-Karoor; il a été découvert
au Bengale par Stoliczka, et indiqué à Madras par M. A. Butler
(Trans. Ent. Soc., 1873, p. 415).
2. RHAX ANNULATA SP. noOVv.
@ long. 48m. — Cephalothorax parte cephalica nigra rubro
setulosa, parte thoracica albo testacea, tubere oculorum fere ro-
tundo, vix distincte sulcato. Abdomen albo-testaceum utrinque
nigro variatum, albo tenue et longe setulosum, segmentis ventra-
libus I et II longitudinaliter anguste canaliculatis. Chelæ nigro se-
tulosæ, intus spinis VIT armatæ. Pedes-maxillares fulvi, tibia late
nigro annulata, metatarso tarsoque ad apicem rufo brunneis,
metatarso subtus spinis acutis 10 vel 12irregulariter armato. Pedes
flavi, nigricante annulati, tarso I fusco rufescente.
Partie céphalique et chélicères noires à pubescence rougeâtre ;
partie thoracique blanc testacé. Abdomen blanc testacé, garni de
crins blancs fins et longs avec les segments tachés de brun laté-
(1) Quelquéfois il n'y a que trois paires d'épines aux tarses postérieurs chez
les mâles de G. araneoïdes.
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 3
ralement et le segment terminal noirâtre au moins en dessous.
Pattes-mâchoires et pattes jaune clair; patte-mâchoire avec le
tibia marqué d’un large anneau noirâtre plus développé en dessous
et le tarse brun-rouge dans la seconde moitié; pattes de la
1" paire avec le tarse brun-rouge ; pattes des paires IT, III et IV
avec un large anneau noirâtre terminal au fémur, pattes de la
3e paire offrant de plus un anneau semblable au tibia. — Partie
céphalique lisse, garnie de crins longs, inégaux, mais assez fins.
— Mamelon oculaire grand, à peine plus large que long, marqué
d’une strie médiane très faible n’atteignant pas les extrémités ;
yeux assez gros, leur intervalle un peu plus étroit que leur dia-
mètre. — Abdomen à segments ventraux I et IT canaliculés ; seg-
ments II et IT obtusément échancrés au bord postérieur. — Ché-
licères lisses, garnies de crins inégaux assez fins, offrant de plus
au bord interne une ligne de 7 épines assez longues, surtout les
terminales ; crochet fixe beaucoup plus court que la tige, irrégu-
lièrement strié en dessus, fortement arqué ; dents des chélicères
disposées comme chez R. melanocephalus E. S. (1). Patte-mà-
choire : tibia un peu élargi de la base à l'extrémité ; métatarse et
tarse presque cylindriques, obtus, un peu plus longs quele tibia ;
métatarse pourvu en dessous de 12 à 15 épines aiguës, irrégu-
lières, tarse présentant quelques épines plus petites; métatarse
de la 1"° paire garni en dessus d'épines assez fines presque sem-
blables à celles de la patte-mâchoire; métatarses des paires II et
III armés en dessus d’une ligne de 6-7 épines rougeâtres très
fortes et coniques ; métatarse IV sans épines en dessus, offrant
en dessous, ainsi que le tarse, quelques épines plus faibles.
Un seul individu.
Cette espèce est surtout voisine de À. melanocephalus E. S. (de
Nubie), elle en diffère principalement par le mamelon oculaire
moins distinctement strié et par la coloration des pattes : chez
melanocephalus, en effet, les pattes des trois paires postérieures
sont entièrement jaunes, nullement annelées, tandis que la patte-
mâchoire et les pattes de la première paire ont le tarse et le méta-
tarse noirs, enfin chez melanocephalus les deux articles terminaux
de la patte-mächoire sont plus courts relativement au tibia.
(1) Cf. L. ec. Ann. Soc. Ent. Fr., 1879, dans cette description c’est par suite d’un
lapsus (p. 123, ligne 2) que « crochet fixe » a été imprimé en place de « crochet
mobile ».
4 EUGÈNE SIMON
ARANEZÆ
3. THYENE (1) SEMICUPREA SP. nov.
d. Céph.th., long. 44; larg., 3"m8. — Paites, 1, 3, 4, 2.
Cephalothorax crassus et altus fusco-rufescens, pube subsqua-
mosa flavo-cuprea omnino obtectus, parte thoracica utrinque
maculis tribus obliquis divaricatis, linea marginali atque punctis
mediis duobus sordide albido opacis ornata, pilis fasciei albidis
crassis. — Abdomen anguste elongatum supra fuscum flavo-cu-
preo pubescens, antice vitta transversa, in medio punctis duobus,
dein lineis transversis duabus approximatis prima subtriangulari
albido opacis ornatum, infra nigricans late flavo marginatum.
Chelæ fusco-rufescentes, ad apicem compressæ et carinatæ, ad
basin dense albido squamulatæ. — Pedes obscure fusci fere nigri,
anticis robustioribus, tibiis haud dilatatis, pilis longissimis vesti-
tis. — Pedes-maxillares gracillimi, fusci, supra apice femoris,
patella, tibia basique tarsi albido crasse pubescentibus; tibia
extus ad apicem apophysa minuta bifurcata instructa; tarso mi-
nuto, angusto ad apicem truncato ; bulbo simplice plano.
@.long., 7nm, — Cephalothorax crassus fusco-rufescens, supra
flavo-cupreo lateribus albido pubescens, parte cephalica paulo
obscuriore maculis ocularibus nigris notata, parte thoracica vittis
duabus fuscis latis et abbreviatis supra notata; parte cephalica
utrinque fasciculo setarum nigrarum validarum instructa; pilis
oculorum flavis, pilis clypei sordide albis longis. — Abdomen ova-
tum fulvo-testaceum albo rufoque pubescens, utrinque dense et
irregulariter fusco striatum, in medio vitta testacea lala acute
bidentata ornatum, infra testaceum utrinque albido pubescens in
medio vitta longitudinali fulva parum expressa apicem versus
attenuata notatum. Pedes crassi, coxis fulvis, femoribus fulvis
(1) Thyene, nom nouveau pour remplacer celui de Thya E, Simon, 1876, préoc-
cupé : Curtis, Neuropt., 1834 — Le genre Thyene est très voisin du genre Hyllus
C. Koch: il en diffère surtout par la forme de l'aire oculaire dorsale : chez Hyllus
cet espace est à peine plus large en arrière qu'en avant, une ligne droite tirée du
bord interne des yeux supérieurs coupe les latéraux antérieurs, tandis que chez
Thyene le côté postérieur est beaucoup plus large au point qu'une ligne semblable
passe en dehors des latéraux antérieurs. Chez les Hyllus le céphalothorax est plus
élevé dans le milieu. — Dans le genre Mogrus E. S., la partie céphalique a en
dessus presque la même forme que chez les Thyene, mais les yeux postérieurs ne
sont pas débordés ou le sont à peine.
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE D
ad apicem fusco annulatis, articulis reliquis cunctis fusco rufes-
centibus. Pedes-maxillares albo testacei. Area vulvæ rufula nitida
plana, antice fovea magna rotundata vel late cordiformi notata.
d — Céphalothorax presque lisse, très large vers le tiers anté-
rieur et arrondi latéralement, fortement atténué en avant et en
arrière, très élevé, brun-rouge foncé avec les yeux largement
bordés de noir, entièrement garni de pubescence serrée, sub-
squameuse, jaune cuivreux ; parties latérales ornées de trois taches
obliques, blanc-jaunâätre mat, disposées en rayons peu réguliers ;
partie thoracique offrant de plus une ligne marginale, un point
clair triangulaire, au niveau des yeux dorsaux,'et un autre vers le
milieu ; partie céphalique pourvue de quelques longs crins noirs
dressés isolés, mais point de faisceaux latéraux. — Cils et barbes
très serrés et longs,blanc-jaunâtre.—Yeux antérieurs très inégaux,
en ligne fortement courbée, intervalle des médians aux latéraux
au moins aussi large que le diamètre de ceux-ci. — Abdomen
étroit et long, très atténué en arrière, brun-olivâtre à pubescence
fauve obscur, mêlée, surtout en arrière, de quelques squames
dorées, orné de dessins blanc-jaunâtre mat formés de poils sub-
squameux : au bordantérieur une large bande transverse, ensuite
deux points, puis, vers le milieu, une tache transverse triangulaire
suivie d’une simple ligne également transverse; ventre noirâtre
avec une large bande latérale jaunâtre obscur garnie de poils et
de squames ; filières noires.—Chélicères brun-rouge garnies dans
leur moitié basilaire seulement de squames jaunâtres, leur seconde
moitié fortement comprimée avec une carène antérieure aiguë. —
Pattes brun-rouge foncé, les antérieures presque noires, garnies
de poils noirs isolés etde squames jaunâtres formant des anneaux
incomplets aux articulations; fémurs très robustes, surtout les
antérieurs; tibias antérieurs non dilatés, parallèles, garnis en
dessous de longs crins ne formant point brosse, pourvus en des-
sous de 3-2 épines dont les internes plus longues; métatarses I
et Il offrant en dessous 2-2 épines. Pattes postérieures fortement
épineuses. — Patte-mâchoire brun-rouge foncé avec l'extrémité
du fémur, la patella, le tibia et la base du tarse garnis de poils
blanchâtres épais; tibia offrant de plus de longs crins noirs di-
vergents ; patella plus longue que large, parallèle; tibia à peine
plus long que la patella, un peu plus étroit, cylindrique, pourvu
à l’angle inféro-externe d'une courte apophyse noire, divisée en
deux branches égales très divergentes, la branche inférieure
6 EUGÈNE SIMON
pourvue elle-même sur sa face antérieure de 3 très petits den-
ticules; tarse petit, à peine plus long que le tibia, étroit,
parallèle, tronqué presque carrément ; bulbe très simple, nulle-
ment convexe, discoïde, brun-rouge avec une zone marginale in-
terne testacée, limitée par un fin stylus adhérant.
4. — SAÏTIS CHAPERI SP. nOV.
@ (pulla), long., 2%%7, — Cephalothorax tenuissime coriaceus,
convexus, antice longe declivis, in medio striga transversa ar-
cuata munitus, parte cephalica nigra rufo alboque pubescente,
parte thoracica olivacea albo pubescente vitta media infuscata
notata, pilis oculorum supra rufulis infra albis, pilis clypei albis.
Abdomen breve, antice truncatum, obtuse emarginatum atque
longe nigro crinitum, postice acuminatum, supra fuscum, postice
vitta testacea utrinque bidenticulata ornatum, lateribus et infra
albo testaceum albo pubescens. Pedes testacei, tibiis plus minus
fusco variatis, pedes anteriores breves et robusti, tibia patella
haud longiori infra 2-2 longe aculeata, metatarso tarso breviori
infra 2-2 aculeato, pedes posteriores multo longiores, patella
cum tibia III paulo longiore quam patella cum tibia IV, patellis
IT et IV biaculeatis.
Céphalothorax très finement chagriné, parallèle dans la partie
céphalique, sensiblement élargi dans la partie thoracique; assez
fortement convexe, surtout vers le tiers postérieur et longue-
ment incliné en avant jusqu'au bord frontal, marqué au niveau
des yeux dorsaux d’une forte dépression transverse arquée
en avant en forme d’accent; partie céphalique noire, garnie
de poils rouges, mêlés de poils blancs plus longs, principale-
ment sur les côtés; partie thoracique brun-olivâtre clair mar-
quée d'une bande médiane et de bandes latérales brun plus
foncé, à pubescence blanche (?) (la pubescence manque presque
entièrement). — Yeux antérieurs en ligne droite par leurs som-
mets, resserrés (les latéraux cependant un peu séparés) et très
inégaux; cils rougeâtres au-dessus des yeux, blancs dans leurs
intervalles et en dessous. Bandeau étroit, garni de barbes blan-
ches longues et peu serrées. — Abdomen court et assez large,
obtusément tronqué et un peu échancré en avant, acuminé en
arrière, en dessus noirâtre varié de fauve, orné dans la seconde
moitié d'une très large bande longitudinale jaune testacé atténuée
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 7
en arrière et marquée de chaque côté en avant de deux fortes
dilatations obtuses; parties latérale et ventrale blanchâtre tes-
tacé; pubescence blanche; en dessus, bord antérieur garni de
longs crins noirs dressés.—Plastron et pattes-mâchoires fauve clair
testacé garnis de poils blancs épais. Pattes fauves avec les tibias
légèrement variés de brun, garnies de crins noirs épars mêlés de
quelques poils blancs. Pattes I et Il très courtes et robustes,
patella et tibia égaux, tibia pourvu en dessous de 2-2 longues
épines écartées transversalement; métatarse plus court que le
tarse pourvu en dessous de 2-2 épines. Pattes postérieures lon-
gues ; tibia et patella III un peu plus longs que ces mêmes articles
à la 4 paire; patellas III et IV pourvues d’une paire d'épines
(épigyne peu développée).
5. MENEMERUS BALTEATUS C. Koch, 1846.
Marpissa balteata CG. Koch, Ar., XII, p. 68, f. 1133 (d').
— dissimilis C. Koch, Z. c., p. 70, f. 1135 (9).
Attus muscivorus Vinson, Aran. Réun., etc., 1864, p. 47, pl. x, f. 1.
Menemerus balteatus E. Sim., Ar. Yem., etc., 1882, p. 212.
Une femelle immature, difficile à distinguer de M. melanognatus
Lucas (— nigrolimbatus Cambr.).
M. balteatus est répandu sur toutes les côtes de l’Afrique occi-
dentale et orientale et dans le sud de l’Arabie.
6. MENEMERUS PAYKULLI Aud in Sav., 1825-27.
Pour la synonymie cf. E. Simon, Ar. Fr., t. IT, p. 81 (sub
Hasarius), il faut ajouter à cette synonymie :
Attus ligo Walck., Apt. I, p. 426. — et Plexippus ligo G. Koch,
Ar, ANT, :p. 107, F 1108-69:
Déjà indiqué de l’Inde à Bombay (Cambridge) (1) et à Ceylan
(Karsch) (2).
Nous laissons provisoirement cette espèce dans le genre Mene-
merus, mais elle devra en être séparée.
7. CYRBA ALGERINA Lucas, 1842 (sub Salticus).
Pour la synonymie cf. E. Simon, Ar. Fr., t. IIT, p. 167.
(1) Proceed. Zool. Soc. Eond., 1876, p. 620.
(2) Zeischr. f. d. gesammt. Naturwissensch., LIT, 1879, p. 550.
8 EUGÈNE SIMON
La présence de cette espèce européenne au cœur de l’Hindous-
tan est des plus curieuse; elle avait déjà été signalée dans le
Turkestan par Kroneberg (Ævophrys oculata).
Deux femelles de Wagra-Karoor différant de celles d'Europe
par la présence de quelques poils rouges sur l’article terminal
des pattes-mâchoires.
8. LycosA INDAGATRIX Walck., Apt., t. I, 1837, p. 339.
E. Simon, Ar. Birm., 1884, p. 42.
Le type de Walckenaer, qui fait partie des collections du Mu-
séum, est un jeune, nous avons donné depuis les caractères de
l'adulte.
Espèce répandue dans toutes les parties centrales et méridio-
nales de l’'Hindoustan, très commune à Pondichéry.
9. LYCOSA CHAPERI SP. NOV.
& Ceph.th., long. 6"m2. — Abd., long. 8%", — ; Ceph.th.,
long. 3m,
Cephalothorax fulvo olivaceus, lateribus albido supra flavido
pubescens, vittis duabus fuscis latis ornatus. Oculi antici ap-
proximati, æquedistantes, lineam vix procurvam dispositi, mediis
multo majoribus; intervallum oculorum seriei secundæ dimidio
diametri oculi paulo latius. Chelæ robustæ, fusco rufescentes ad
basin albido-luteo crasse pilosæ. Abdomen supra fulvum, utrinque
fusco punctatum, in medio maculis nigricantibus parvis et arcuatis
tribus notatum, infra in d' albo testaceum, in $ toto nigrum.
Sternum et coxæ fulvo rufescenta. — Pedes longi, parum robusti
fulvi concolores. Tibia cum patella IV cephalothorace in g multo
in $ paullo longior.
® Plaga vulvæ sat magna, semi-circularis, impressione media
antice angustata postice transversim valde dilatata atque partem
transversam et bi-impressam includente notata.
d Pedes-maxillares graciles, fulvi tarso infuscato, tibia patella
paulo longiore cylindrica, tarso minimo longe attenuato tibia
paulo longiore ad basin paulo latiore.
? Céphalothorax fauve olivâtre clair, à pubescence blanc jaunâtre
sur les côtés, fauve vif en dessus, marqué de deux larges bandes
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 9
longitudinales brun clair peu indiquées, convergeant sur la partie
thoracique et coupées de lignes rayonnantes plus foncées corres-
pondant aux stries. — Yeux antérieurs en ligne à peine arquée
en arrière, les médians près de deux fois plus gros que les laté-
raux, équidistants, leurs intervalles plus étroits que le rayon des
médians. Intervalle des yeux médians de la première ligne à ceux
de la seconde plus étroit que leur diamètre. Yeux de la seconde
ligne très gros, leur intervalle au moins d'un tiers plus étroit que
leur diamètre. Intervalle des yeux dorsaux à ceux de la face à peine
plus large que leur diamètre. — Abdomen ovale, en dessus fauve
rougeûtre, finement ponctué de brun sur les côtés, orné sur la
ligne médiane de trois fins accents noirâtres équidistants, et dans
la première moitié d’une bande longitudinale obscure peu indi-
quée; à pubescence fauve vif un peu rougeûtre ; en dessous épi-
gastre brunâtre ; ventre très noir jusqu'aux filières. Hanches,
plastron et pièces buccales fauve rougeâtre obscur avec le plas-
tron et la pièce labiale souvent rembrunis. — Chélicères très
robustes et convexes, brun-rouge foncé, leur face antérieure garnie
dans la première moitié et au bord externe de poils jaunâires
épais et assez courts; bord inférieur de la rainure pourvu de 3
dents égales. — Pattes longues, surtout les postérieures, grêles
aux extrémités, à fémurs robustes, fauve olivâtre, à pubescence
fauve peu serrée et mêlée de crins. Tibia I un peu (à peine) plus
long que le métatarse. Patella et tibia IV à peine plus longs que
le céphalothorax. Métatarse IV plus long que le tibia, au moins
des 2/3 de la patella. Tibias I et IL offrant en dessous 3-3-3 épines
(les internes du tibia II très petites) deux latérales internes, point
d’externes ; patellas I et II pourvues d’une seule petile épine
interne; patellas III et IV de deux longues épines. — Patte-mâ-
choire fauve avec le tarse un peu rembruni. — Épigyne en plaque
semi-circulaire assez grande, brun-rouge, lisse et convexe, mar-
quée d’une dépression n’atteignant pas son bord antérieur, étroite
au milieu, très élargie triangulairement au bord postérieur, ren-
fermant en arrière une pièce transverse noirâtre marquée elle”
même de deux petites impressions obliques.
d.— Céphalothorax à bandes brunes plus nettes, plus large
dans la partie thoracique, plus rétréci dans la région frontale.
Abdomen entièrement fauve testacé en dessous. — Pattes plus
longues et plus grêles ; tibia IV seul aussi long que le céphalo-
thorax. Tibias I et IT offrant, indépendamment des épines infé-
férieures, des épines latérales internes et externes et une épine
10 EUGÈNE SIMON
dorsale dans la seconde moitié. — Patte-mâchoire fauve avec le
tarse brunâtre, longue et peu robuste; fémur pourvu en dessus
de 2 épines et à l'extrémité d’une ligne transverse de quatre;
patella environ deux fois plus longue que large, parallèle, pour-
vue d’une seule épine au côté interne; tibia à peine plus long
que la patella, environ de même largeur cylindrique, pourvu au
côté interne, près la base, d’une épine longue et fine, sans exter-
nes; tarse petit, un peu plus long et un peu plus large à la base
que le tibia, longuement atténué en pointe à peine plus courte
que le bulbe; bulbe médiocre, présentant à la base interne un
lobe coupé obliquement, vers le milieu un lobe courbe falci-
forme, légèrement denticulé et pourvu lui-même d’une petite ca-
rène parallèle à son bord supérieur, enfin, plus en avant, d’une
apophyse courbée en demi-cercle, noire et rebordée au bord
externe, lamelleuse à l’interne.
10. LYCOSA LEUCOSTIGMA SP. nov.
@ long. 8mmÿ, G long.8"". — Cephalothorax brevis, convexus,
obscure fuscus, supra dense lateribus parce fulvo-cinereo alboque
longe pubescens, utrinque maculis submarginalibus albidis tribus
notatus. Oculorum series antica recta serie 22 paulo latior, mediis
majoribus. Chelæ robustæ fuscæ parce fulvo setosæ. — Abdomen
fuscum, supra fulvo parce pubescens, in parte prima vitta fulva
lanceolata utrinque albo-bipunctata, infra omnino dense fulvo
pubescens. Pedes breves et robusti, obscure fulvo olivacei, longe
et parce cinereo pubescentes; tibia I supra albo-cretaceo pilosa,
metatarsis, præsertim [ et IV, supra pone apicem albo maculatis.
Tibia cum patella IV cephalothorace brevior. Tibiæ Let Il infra
muticæ aculeis terminalibus minutis binis exceptis. Metatarsi
let IT infra 2-3 breve aculeati. Scopulæ longæ parum densæ.
d' Pedes-maxillares fulvo-olivacei, gracillimi, tibia patella haud
breviore, tarso tibia haud longiore vix crassiore.
?. Céphalothorax ovale, court, convexe, à front large et incliné,
brun foncé garni de pubescence gris-fauve serrée en dessus,
beaucoup moins dense près de Ja marge et mêlée de pubescence
blanche formant de chaque côté une série de 3 à 4 petites taches
submarginales irrégulières peu distinctes. — Yeux antérieurs
en ligne droite, un peu plus large que la seconde, resserrés, les
médians plus gros. Intervalle des yeux médians de la première
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 4
ligne à ceux de la seconde plus étroit que leur rayon. Yeux de
la seconde ligne médiocres, leur intervalle au moins d’un tiers
plus étroit que leur diamètre. Intervalle des yeux dorsaux à ceux
de la face au moins de moitié plus large que leur diamètre. —
Abdomen ovale,court, brunâtre, garni de pubescence fauve peu
serrée mêlée de crins, dans la première moitié une bande fauve
longitudinale lancéolée, accompagnée de chaque côté de deux
points blancs. Ventre et plastron brunâtre, à pubescence gris-
fauve serrée. — Chélicères robustes et longues, brun foncé, pres-
que lisses, garnies de crins fauves épars; bord inférieur de la
rainure pourvu de trois dents isolées dont la 3° plus petite. —
Pattes courtes et très robustes, brun-olivâtre, garnies de poils
gris-fauve très longs, divergents et peu serrés; tibia de la
1% paire garni en dessus, sauf à l'extrémité, de poils blancs
courts et serrés; métatarses, principalement III et IV, marqués
en dessus, vers le tiers terminal, d’une petite tache blanche.
Tibias I et II inermes, à l’exception de 2 très petites épines
terminales et d’une petite latérale interne subterminale. Méta-
tarses I et II pourvus en dessous de 3-3 petites épines. — Sco-
pulas des tarses et métatarses I et IT longues et peu serrées. —
Patella et tibia IV un peu plus courts que le céphalothorax. Patte-
mâchoire brun-olivâtre à pubescence fauve. (Épigyne incomplè-
tement développée).
d Patte-mâchoire très grêle, fémur comprimé à la base, pourvu
en dessus de 3 épines : 1 dans la première moitié et 2 dans la
seconde ; patella plus longue que large, presque parallèle, mutique,
présentant quelques poils blancs au bord antérieur du côté externe;
tibia environ de même longueur et de même largeur que la patella,
parallèle, mutique ; tarse très petit, aussi étroit que le tibia et à
peine plus long ; bulbe petit, brunâtre, sans apophyses saillantes.
Plusieurs individus. Habite probablement au bord de l’eau
comme les autres espèces de ce' groupe. L. leucostigma se rap-
proche de Z. Leopardus Sund. et lacustris E. Sim.
11. EVIPPA RUBIGINOSA SP. NOV.
$ long. 6m%, — Cephalothorax ovatus antice altus, parte cepha-
lica inter oculos nigricante pilis fulvis, pone oculos longioribus
atque rufescentibus, dense vestita, parte thoracica fusca fulvo
rufescente pubescente, vitta media fulvo-testacea albido pilosa
12 EUGÈNE SIMON
latissima postice paulo attenuata et utrinque maculis irregularibus
quatuor submarginalibus notata. Facies nigra rufulo pilosa. Oculi
antici lineam sat valde procurvam formantes, mediis lateralibus
fere duplo majoribus. Chelæ nigricantes, parce fulvo pilosæ. Abdo-
men supra rufescens dense fulvo-rufescente pubescens, maculis
albidis pilosis triseriatim dispositis parum distincte decoratum,
infra testaceum albido pubescens. Sternum fulvum albido parce
pubescens.Pedes longi, graciles, albo-testacei, femoribus tibiisque
(præsertim posticis) et extus et intus nigro vittatis, femoribus
supra maculis nigris binis sinuosis, metatarsis posticis nigro
lineatis, aculeis longissimis nigris subpellucentibus ad apicem
testaceis; tibia I infra 7-7, metatarso I infra 3-3 longe aculeatis.
Area vulvæ fusca cordiformi postice attenuata et obtusa, antice
tuberculis duobus depressis rotundatis et rufulis, nigro marginatis
notata.
Très voisin de Æ. ungulata Cambr., d'Égypte et d'Arabie, s’en
distingue principalement par la teinte générale de la pubescence
beaucoup plus rouge, et les métatarses postérieurs nettement
rayés de noir comme les tibias.
12. PARDOSA PARTITA SP. nOV.
& long. 5mm5. — Cephalothorax brevis, parte interoculari nigra
fulvo rufescente pilosa, parte thoracica fusca fulvo obscure pubes-
cente, in medio vitta latissima valde denticulata et antice binotata
atque pone marginem vitta sinuosa fusco punctata obscure fulvis
et albido pubescentibus ornata. Oculi medii antici lateralibus ma-
jores. Intervallum oculorum seriei 22 diametro oculi haud latius.
Chelæ ad basin fuscæ ad apicem fulvæ albido pilosæ. Sternum
fulvo-olivaceum albido breve et parce pubescens. Abdomen supra
fuscum maculis obliquis testaceis biseriatim dispositis parum
distincte notatum, infra testaceum albo pubescens. — Pedes
fulvo olivacei, femoribus tibiisque supra paulo infuscatis haud an-
nulatis; tibiis anticis infra 2-2 longe aculeatis et ad apicem breve
biaculeatis. — 9 plaga vulvæ mediocris, transversa, utrinque
lobo semicirculari impresso atque in medio fovea postice atte-
nuata et carinata notata.
Céphalothorax assez large et court, à strie médiane thoracique
longue; partie céphalique jusqu'aux yeux dorsaux noire ; partie
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 13
thoracique brunâtre sur les côtés, marquée en dessus d’une très
large bande d’un fauve obscur, découpée latéralement, atténuée
en arrière et marquée en avant de deux petites taches brunes;
de plus une bande submarginale très découpée et coupée de pe-
tites taches brunes obliques; pubescence fauve rougetre en
avant, fauve obscur en arrière, blanche et peu serrée sur la bande
marginale. Yeux antérieurs en ligne légèrement arquée en arrière,
médians au moins d'un tiers plus gros et un peu plus séparés.
Intervalle des yeux de la seconde ligne environ égal à leur dia-
mètre. — Chélicères brunes à la base, fauve obscur à l'extrémité,
parsemées de poils blanchâtres.—Plastron fauve olivâtre, garni de
poils blanchâtres courts et peu serrés. — Abdomen ovale allongé,
brun-olivâtre en dessus, à pubescence fauve, marqué de deux sé-
ries de grandes taches testacées peu distinctes, convergeant en
avant en forme d'accents, en dessous fauve obscur à pubescence
blanche. — Pattes fauve olivâtre; fémurs et tibias vaguemert
rembrunis en dessus mais non annelés ; tibia I offrant en dessous
deux paires de longues épines et 2 petits terminales, et de chaque
côté deux latérales courtes; métatarse IV plus long que patella et
tibia. — Plaque de l’épigyne médiocre, brun-rouge, lisse, près de
deux fois plus large que longue, arrondie latéralement, présen-
tant de chaque côté un lobe un peu convexe semi-circulaire mar-
qué d’une impression sinueuse, et au milieu une fossette longitu-
dinale atténuée en arrière et presque triangulaire divisée par une
_rrène basse.
Nora. — Un jeune individu du genre Thalassius (= Titurius
E. Sim..,olim) (1), probablement différent de T. marginellus E. Sim.,
de Birmanie et de Siam, a été trouvé à Wagra-Karoor; ses carac-
tères ne sont pas assez développés pour être décrits.
(1) Thalassius (nom propre latin), nom nouveau pour remplacer celuide Titurius
E. Sim. (Ar. Bim., 1881), préoccupé (Pascoe, Coléopt., 1875).
Le genre Thalassius n'est pas synonyme, comme on pourrait le croire, du genre
Ancylometes Bertkau (Verz. d. Brasil Arach., 1880, p. 115), les deux types sont
très distincts : chez Thalassius. Les yeux latéraux antérieurs sont presque égale-
ment éloignés des médians antérieurs et postérieurs, tandis que chez Ancylometes
ils sont plus rapprochés des postérieurs, disposition qui rappelle encore davan-
tage celle des Ctenus. Chez Thalassius, le bandeau est beaucoup plus large que
l'aire des yeux médians, tandis que chez Ancylometes il est un peu plus étroit. —
Aux caractères que j'ai donnés précédemment pour séparer les Thalassius des Dolo-
medes, il faut ajouter que chez ces derniers la marge inférieure des chélicères offre
constamment quatre dents, tandis que chez les Thalassius, de même que chez les
Ancylometes, elle n’en présente que trois.
14 EUGÈNE SIMON
13. — SELENOPS MALABARENSIS E. Simon, Rév. Spar., 1880, p. 14.
Une femelle adulte. — Le Muséum de Paris possède un mâle,
type de l'espèce, rapporté par Dussumier de la côte de Malabar.
Depuis le Musée civique de Gênes a reçu $S. malabarensis de
Birmanie (cf. E. Simon).
Â4. — HETEROPODA SEXPUNCTATA SP. nOV.
SGCeph:th.,dlong., 5em;rlat., Ann). Pedes-p:128209; pile
26nn8; p. JIT, 19mn; p. IV, 215.
@ Ceph.th., long., 57 ; lat., 55. —Pedes : p. I, 20%%5 ; p. IT,
ogum%: p. IX, 1975 ; p:,IV, 2005.
Cephalothorax haud vel vix longior quam latior, obscure fulvo
rufescens, lineis divaricatis fuscis irregulariter notatus, postice
late testaceo marginatus, fulvo pubescens. Oculi antici approxi-
mati, mediis minoribus. Oculi postici in linea paulo recurva dis-
positi, mediis minoribus et a sese magis quam à lateralibus ap-
proximatis. Oculi medii antici posticis evidenter minores. Clypeus
diametro oculorum anticorum (lateralium) paulo angustior. Chelæ
nigræ, nigro setulosæ, ad basin fulvo pilosæ. Sternum obscure
fulvo rufescens. — Abdomen ovatum, supra obscure fulvum pos-
tice sensim infuscatum, in parte prima punctis fuscis sex, in parte
secunda linea fusca transversa et arcuata decoratum, subtus ful-
vum fulvo pubescens. — Pedes sat longi , fulvo rufescentes, femo-
ribus tibiisque supra paululum fusco variegatis, tibia IV supra
uniaculeata, in d paulo longiore in $ paulo breviore quam ce-
phalothorace, tarsis metatarsisque infra sat dense scopulatis.
Céphalothorax brun rougeâtre à pubescence gris-fauve, avec
le bord postérieur testacé, marqué en dessus d’une ligne médiane
et de fines lignes rayonnantes irrégulières, suivant les stries, d'un
brun plus foncé, relativement peu convexe, brusquement incliné
au bord postérieur; strie thoracique longue. — Yeux antérieurs
en ligne droite par leurs sommets, les médians au moins d’un
tiers plus petits, plus séparés, leur intervalle un peu plus étroit
que leur diamètre. Yeux supérieurs en ligne sensiblemeut cour-
bée en avant, les latéraux plus gros élevés sur des saillies obli-
ques, intervalle des médians un peu plus étroit que leur diamètre,
celui des latéraux environ de moitié plus large. Yeux médians
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 4
formant un trapèze plus long que large, les antérieurs visiblement
plus petits que les postérieurs. Bandeau un peu plus étroit que
les yeux latéraux antérieurs et un peu incliné. — Plastron brun
rougeâtre clair, à pubescence fauve mêlée de crins noirs. —
Abdomen ovale, fauve obscur rembruni sur les côtés et en ar-
rière, marqué en dessus dans la première moitié de six points
bruns irréguliers disposés par paires et vers le liers postérieur
d’une fine ligne brune tranverse arquée en avant; parties latérales
irrégulièrement ponctuées de brun ; ventre fauve testacé obscur.
— Pattes assez longues (surtout chez d), assez robustes, brun-
rougeâtre clair avec les fémurs et les tibias légèrement variés de
brun foncé en dessus; scopulas noirâtres, assez serrées. Chéli-
cères noires, lisses en avant, parsemées de crins noirs, garnies
à la base et au bord externe de poils fauves.
d'. — Tibia IV plus long que le céphalothorax, pourvu dans la
seconde moitié d’une longue épine dorsale. — Patte-mâchoire
fauve avec le tarse brunâtre ; fémur pourvu à l'extrémité en des-
sus de 4-1 épines; patella un peu plus longue que large, parallèle,
pourvue de chaque côté d’une seule épine; tibia visiblement plus
long que la patella, pourvu près la base en dessus au côté interne
de deux longues épines, et au côté externe d’une épine plus avan-
cée; apophyse supéro-externe au moins de moitié plus courte
que l’article, très grêle dès la base, dirigée en avant et peu di-
vergente, légèrement sinueuse et un peu courbée en bas à la
pointe, sa base prolongée sous le tibia en carène verticale termi-
née inférieurement par un denticule assez fort et subaigu; tarse
médiocre, presque aussi long que les deux articles précédents,
ovale, légèrement échancré au côté externe.
$.— Tibia IV un peu plus court que le céphalothorax, pourvu
d'une épine dorsale. — Épigyne en plaque petite, convexe, noi-
râtre et pubescente sur les côtés, marquée au milieu d’une fos-
sette longitudinale, testacée, ovale, divisée par une carène étroite,
élargie transversalement au bord postérieur en forme de pièce
carrée.
Cette espèce est voisine de 7. leprosa E. $S., elle en diffère prin-
cipalement par le bandeau beaucoup plus étroit et par la présence
d'une seule épine dorsale au tibia de la quatrième paire. L’apo-
physe tibiale du mâle est entièrement différente,
16 EUGÈNE SIMON
15. THANATUS INDICUS SP. nOv.
$ long. 45. — Cephalothorax paulo longior quam latior, lu-
rido testaceus albido et flavo longe pubescens, vittis duabus
fuscis intus rectis extus punctatis et denticulatis supra ornatus.
Oculi antici sat magni in linea recurva dispositi, approximati,
medii lateralibus paulo majores et inter se paulo latius quam a
lateralibus remoti (intervallo oculorum mediorum diametro oculi
haud latiori). Qculi postici anticis minores, lineam valde recurvam
formantes, fere æqui atque fere æquedistantes. Clypeus area
oculorum angustior, antice paulo deelivis, planus, fulvus fusco
punctatus. Chelæ sat longæ, debiles, fere parallelæ, fulvæ, valde
fusco punctatæ et crasse albido setulosæ. Abdomen angustum
ovato elongatum, testaceo luridum, albido dense pubescens et
parce albo-setulosum, in parte prima vitta longitudinali anguste
lanceolata fusca fusco-rufula breve pubescente, in parte secunda
vitta fusca lata parum expressa utrinque 3 vel 4 denticulata et
postice sensim attenuata decoratum. Sternum venterque testaceo
lurida albo pubescentia. Pedes longissimi et graciles lurido testa-
cei, femoribus anticis infra parce fusco punctalis, tibiis ad basin
utrinque fusco notatis, femoribus anticis antice 2 et supra 2 acu-
leatis, tibiis metatarsisque parce et breve aculeatis atque parum
dense scopulatis; tibia IV cephalothorace multo longiore. Pedes-
maxillares breves testacei. — Vulvæ plaga magna fusca parum
convexa, postice truncata utrinque rotundata, antice oblique
biimpressa.
Une seule femelle.
Diffère surtout des espèces européennes par les yeux antérieurs
plus gros, plus resserrés, avec les médians un peu plus gros que
les latéraux, le bandeau beaucoup plus étroit que l’aire oculaire.
Genus APSECTROMERUS nov. gen.
Cephalothorax paulo longior quam latior, fere parallelus antice
haud vel vix alttenuatus, fronte latissima atque recte truncata,
convexus haud impressus nec striatus. — Oculi antici lineam
paulo recurvam formantes, fere æquedistantes, medii lateralibus
fere duplo minores. Oculi postici lineam valde recurvam forman-
æ
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 17
tes, medii minutissimi inter se magis quam a lateralibus approxi-
mali. Oculi medii in trapezio paulo latiore quam longiore et postice
quam antice latiore dispositi. Clypeus verticalis planus, area ocu-
lorum mullo angustior. — Laminæ-maxillares angustæ longæ
fere parallelæ, in medio paulo depressæ, ad apicem rotundatæ et
paulo intus curvatæ. Pars labialis angusta et longa ad basin atque
ad apicem paulo attenuata. — Sternum ovatum, multo longius
quam latius. — Pedes 2,1,4,3; 2 et 1 fere æqui reliquis multo
longiores, haud aculeati, femoribus infra versus medium convexis,
tibiis I et II paulo compressis, apicem versus sensim incrassatis,
metatarsis tarsisque longissimis, depressis, fere æquis, ad apicem
haud attenuatis nec incrassatis, tarsis I et IT unguibus minutissi-
mis haud pectinatis instructis.
Se rapproche beaucoup du genre Stiphropus Gerstæcker, d’Afri-
que (1); le céphalothorax est presque semblable, les tarses et
métatarses sont également très longs relativement aux autres
articles, un peu déprimés et soudés, leur séparation n'étant
indiquée, au moins aux paires antérieures, que par une fine strie
annulaire, les paites sont également dépourvues d’épines et les
téguments fortement coriacés. Les Apsectromerus diffèrent cepen-
dant des Sfiphropus par les pattes des deux paires postérieures
plus courtes relativement aux antérieures, par les métatarses et
tarses égaux (chez Stiphropus le métatarse est beaucoup plus
court que le tarse), par les yeux latéraux antérieurs plus gros
relativement aux médians.
16. APSECTROMERUS DURIUSCULUS Sp. NOV.
d long. 45, — Nigerrimus pedibus paulo rufescentibus. Ce-
phalothorax convexus, fere parallelus, valde coriaceus.—Abdomen
paulo longius quam latius fere rotundum, supra scuto magno
tenue coriaceo et parce rugoso omnino obtectum. — Chelæ antice
planæ, ad apicem attenuatæ, grosse et dense coriaceæ. — Sternum
paulo convexum, antice depressum, in medio fere læve utrinque
parce rugosum. — Pedes brevissime pilosi. — Pedes-maxillares
breves et robusti; patella paulo longiore quam latiore à basi vix
(L Gerstæcker, in Decken’'s Reisen in Ost-Afrika, Insekten, p.478, pl. xvru, f. 6.
— Le genre Cyrsillus Cambridge, Proceed. Zool. Soc. Lond., 1883, p. 358, pl. xxxvi,
f. 4, est certainement synonyme de Sfiphropus.
5)
ei
18 EUGÈNE SIMON
angustiore; tibia patella breviore, apophysa crassa divaricata ad
apicem truncata cum angulo superiori acute producto, infra ad
basin denticulo arcuato armata, extus ad apicem instructa ; tarso
mediocri ovato attenuato; bulbo simplice disciformi ad apicem
depresso et subemarginato.
17. ARGIOPE LOBATA Pallas, 1772 (sub Aranea).
Pour la synonymie cf. E. Simon, Ar. Fr., I, p. 29.
A. lobata répandu dans toutes les régions méditerranéennes,
et dans une grande partie de l'Afrique, n'avait pas encore été
signalé dans l’Inde.
Les individus rapportés par M, Chaper diffèrent de ceux d'Eu-
rope par leur coloration plus foncée, l'abdomen offre en dessus
trois bandes transverses noirâtres rappelant celles d'A. caudata
BL. (—suavissima Gerst.). Les pattes sont entièrement noires, sans
traces d’anneaux sur les téguments, les anneaux ne sont indiqués
que par des poils blancs courts. L'épigyne n'offre aucune diffé-
rence appréciable.
18. ARGIOPE CATENULATA Dolesch., Tweede Bijdr., etc., 1852, p. 30,
pl. 1x, f. 1 (sub Æpeira).
Argiope opulenta Thorell, Nya exot. Epeir., p. 299. et Freg. Eug.
Resa, Arachn., I, p. 28.
Cette espèce n’a encore été indiquée que de Java et des Célèbes ;
l'unique exemplaire trouvé par M. Chaper à Wagra-Karoor est de
petite taille, ses pattes sont plus fortement annelées que chez les
spécimens de Java; les fémurs, qui sont ordinairement presque
noirs chez ceux-ci, sont ici fauves et ponctués de noirâtre, prin-
cipalement en dessous.
19. ARGIOPE ORNATA BL, Ann. Mag. nat hist., 3e sér., XIV, 1864,
p. 43 (sub Nephila).
Un individu de Wagra-Karoor; nous en possédons d'autres de
Pondichéry et de Ramnad.
Gette espèce appartient au groupe de A. œéherea Walck., (cf.
E. Simon, Ar. Birm,, p. 24).
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 49
20. EPEIRA RUFOMEMORATA E. Sim., Ar. Birm., 1884, p. 24.
Une femelle incomplètement adulte.
Cette espèce a été découverte en Birmanie par M. de Comotto
et décrite par nous.
21. ARTEMA MAURICIA Walck.
Pholcus borbonicus Vinson, Aran. Réun., etc:, 1864, p. 132.
? Pholcus distinctus Cambr., Linn. Soc. J. Zool., X, p. 380, pl. 9.
Pholcus convezus Blackw., Ann. mag. n. h. (3), II, p. 322 (pro
parte).
Pholcus borbonicus L. Koch, E. Simon, etc.
Une jeune femelle trouvée à Wagra-Karoor par M. Chaper ;
nous en avons reçu de nombreux individus de Pondichéry où
l'espèce est commune; semblable aux 4. mauricia d'Égypte,
d'Abyssinie, de Zanzibar et de l'Ile de la Réunion que nous pos-
sédons.
D'après M. Thorell, P. sisyphoides Dolesch., de Malaisie et de
Polynésie, généralement cité en synonymie du borbonicus est une
espèce distincte, de même que le P. borbonicus indiqué de Perse
(d'après des spécimens du Musée de Gênes), l'auteur propose de
donner à ce dernier le nom de P. Doriæ (cf. Thorell, Rag. Mal.,
IL, p. 179). Le genre Artema est représenté en Amérique par une
espèce très voisine, À. atalanta Walck. (Ph. convexus BI. pro
parte).
Nora.— Nous croyons utile de rétablir le genre Artema Walck. ;
les caractères qui le distinguent des Pholcus et des Æolocnemus
sont en effet suffisants et il s’y joint un faciès tout particulier.
Les yeux antérieurs sont très resserrés, peu inégaux et en ligne
légèrement arquée en avant, tandis que chez les deux autres
genres les médians sont beaucoup plus petits et largement sépa-
rés des latéraux. Le plastron, plus large que long, se termine
entre les hanches postérieures en pointe assez étroite, tandis que
chez Pholcus et Holocnemus, il se termine en pointe très large
et tronquée.
22. HERSILIA SAVIGNYI Lucas, Mag. z0ol., VIIE, 1836, p. 7, pl. xur.
Cette espèce appartient au genre ZZersilia sensu stricto et non au
20 EUGÈNE SIMON
genre Murricia E. S., représenté dans l'Inde par M. (Xersilia)
indica Lucas, et probablement calcuttensis Stoliczka ; en effet le
front ne présente en dessus aucun tubercule dans l'intervalle des
yeux latéraux et médians ; les yeux médians forment un carré
presque régulier et non un trapèze plus large en avant; le bandeau
au lieu d’être plan est fortement creusé au-dessous des yeux puis
convexe. — A. Savignyi diffère de Æ. caudata Sav. par le ban-
deau un peu moins haut, les yeux médians antérieurs un peu
plus gros relativement aux postérieurs, enfin par les yeux supé-
rieurs presque équidistants, tandis que chez 77. caudata les mé-
dians sont visiblement plus resserrés que les latéraux. Chez le
mâle, qui n’a pas été décrit par M. H. Lucas, la patte-mâchoire
est très curieuse et diffère beaucoup de celle de 77. caudata : le
fémur est grêle et presque parallèle, la patella est très grande et
très convexe, elle est fortement élargie dès la base, son côté in-
terne dilaté et prolongé en pointe conique courte; le tibia est un
peu plus court que la patella, beaucoup plus étroit, très fortement
déprimé à la base, ensuite relevé sur la base du tarse, très atténué
et obliquement tronqué à l'extrémité, il offre près la base une
strie circulaire qui simule une articulation ; le tarse est un peu
plus court que les deux articles précédents, ovale et convexe à
la base, fortement atténué et terminé en pointe grêle plus courte
que le bulbe, il présente à l'extrémité quatre fortes épines courtes
dont les deux terminales un peu courbes; le bulbe est ovale, sa
base offre une grande apophyse formée de deux lames roulées en
cercle dont la première pubescente, la seconde envoyant en ar-
rière un prolongement lamelleux terminé en crochet contourné.
23. PALPIMANUS GIBBULUS L. Duf., Ann. Sc. phys., IV, 1820 p. 364.
Palpimanus hϾmatinus GC. Koch, Ar. TI, p. 21, f. 178-79. (1836).
Platyscelum Savignyi, Aud. in Sav., Égypte, Arach., p. 167, pl.
VII f. 6-7 (1827).
Chersis gibbulus Walck., Apt., I, p. 390 (1837), + C. Savignyi,
p.:391.
Plusieurs individus entièrement semblables à ceux du midi de
l'Europe et du nord de l'Afrique. Palpimanus gibbulus est répandu
dans les régions médilerranéennes les plus australes, il s’avance
en Afrique jusqu'en Abyssinie et en Nubie et sur les côtes
d'Arabie jusqu'à Aden.
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 21
24. PRODIDOMUS CHAPERI E. Sim., Ann. Soc. Ent. Belg., G.-R. avril
1884 (sub Miltia).
Un seul mâle jeune. Espèce remarquable par sa grande taille.
Le genre Miltia E. Sim. est synonyme de Prodidomus Hentz, (cf.
E. Sim. {. c.) — Le groupe des Prodidomides est en outre repré-
senté dans l'Hindoustan par Zimiris indica E. Sim.
25. PROSTHESIMA PEXA SP. NOV.
g long. 5nm, — Cephalothorax niger subtile coriaceus tenue
et parce cinereo pilosus. Oculi antici magni fere æqui, lineam
valde procurvam formantes, mediis rotundatis inter se paulo dis-
junctis, lateralibus latissime ovatis a mediis haud separatis. Oculi
postici a sese valde appropinquantes, mediis majoribus, planis
obtuse triangularibus, contiguis, lateralibus late ovatis a mediis
parum remotis. Clypeus diametro oculorum anticorum angustior.
Abdomen anguste ovatum nigrum cinereo pilosum. Sternum obs-
cure olivaceum, nitidum, minutissime punctatum atque parce
pilosum. Pedes longi, nigri, tarsis cunctis metatarsisque I et II
obscure fulvis, tarsis metatarsisque I et II longe et rare scopulatis ;
tibiis I et II haud inflatis muticis ; metatarso I pone basin aculeis
binis, metatarso IL aculeis 2-2 infra instructis; patella I patella
IT fere 1/3 longiore; patella cum tibia IV cephalothorace lon-
giore. — Pedes-maxillares obscure olivacei, femore infra vix dila-
tato, tibia patella breviore, extus ad apicem apophysa articulo
parum breviore, recta, antice directa, dimidium longitudinis tarsi
haud attingente, in parte secunda attenuata atque ad apicem mi-
nutissime uncata instructa; tarso mediocri, regulariter ovato;
bulbo parum convexo, ovato, simplice, ad marginem exteriorem
haud tuberculato ad apicem stylo minuto instructo.
Un mâle adulte et plusieurs femelles jeunes dont l’épigyne n'est
point développée.
Très voisin de P. civica E. Sim. (Ar. Fr., IV p. 80), s’en distin-
gue surtout par le céphalothorax distinctement chagriné (lisse
chez civica), les yeux antérieurs gros et égaux (les médians plus
petits chez civica), les métatarses de la 1"° paire garnis de scopulas
et pourvus d’une seule paire d'épines (deux paires chez civica)
enfin par l’apophyse tibiale un peu plus courte, plus épaisse et
terminée par un très petit crochet.
22 EUGÈNE SIMON
26. ECHEMUS CHAPERI SP. NOV,
@ long. 4"m5, — Cephalothorax obscure fusco-rufescens pos-
tice paulo dilutior, fere lævis, albido pubescens, sat convexus,
fronte lata. Oculi antici in linea procurva dispositi, a sese ap-
proximati, medii 1/3 majores rotundali et convexi, laterales ovales
et obliqui a mediis haud separati. Oculi postici in linea valde pro-
curva dispositi, medii paulo majores ovato elongati et obliqui
inter se valde approximati, laterales a mediis sat late remoti
(intervallo diametro oculi haud angustiori). Sternum fulvo rufes-
cens nitidum. — Abdomen ovatum, nigricans infra paulo dilutius
— Pedes robusti parum longi, fusco rufescentes, sat late pilosi,
haud scopulati, tibiis I et II et metatarso I muticis, metatarso IT
pone basin biaculeato, tibiis metatarsisque III et IV valde spino-
sis. — Plaga vulvæ longior quam latior, postice rotundata, antice
longe attenuata, postice parte rufula plana transversa in medio
paululum depressa munita.
Une seule femelle en très mauvais état.
Diffère des Zchemus d'Algérie par les yeux latéraux de la seconde
ligne beaucoup plus largement séparés des médians.
Genus MELICYMNIS (1) nov. gen.
Cephalothorax ovatus,elongatus, antice valde attenuatus, parum
convexus, strigis divaricatis parum expressis, striga media thora-
cica brevissima. — Oculi antici fere contigui, in linea valde pro-
curva dispositi, medii lateralibus plus duplo majores rotundati
et convexi. Oculi postici fere contigui, lineam paulo procurvam
formantes, medii lateralibus plus triplo majoreslonge triangulares
postice acuminati. Oculi laterales antici et postici inter se longe
remoti.— Chelæ debiles, attenuatæ, ungue valido parum longo.—
Laminæ-maxillares latæ et breves, ad apicem paulo attenuatæ et
rotundatæ, pone medium subtile impressæ. Pars labialis paulo lon-
gior quam ad basin latior, apicem versus attenuata et rotundata.
Sternum late ovatum, planum, haud impressum. — Pedes parum
longi 4,1,2,3, coxis I reliquis multo longioribus, cylindricis ; femo-
ribus, tibiis metatarsisque brevissime aculealtis; tarsis haud sco-
(1) Nom. prop.
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 4
pulatis, unguibus gracilibus et longis (præsertim posticis) dentibus
paucis et parvis pectinatis. — Mamillæ breves fere æquales,
uniarticulatæ.
Voisin du genre Echemus E. S., en diffère principalement par
les yeux médians postérieurs beaucoup plus gros que les latéraux
(presque de même grosseur chez Æchemus), les griffes tarsales très
longues aux paires postérieures et sans fascicules de scopulas en
dessous, enfin par les filières très courtes.
27. MELICYMNIS BICOLOR SP. nOv.
$ (pulla) long. 5um, — Cephalothorax ovato elongatus, parum
convexus,antice valde attenuatus, fronte angusta, tenue coriaceus,
fusco-rufescens pube albida longa parce vestitus. — Abdomen
ovato elongatum, depressum, antice obtuse truncatum, nigro se-
riceum infra paulo dilutius. — Sternum fulvum, læve, parcissime
pilosum.— Pedes-maxillares fulvi, robusti, tibia patella haud lon-
giore, tarso patella cum tibia vix breviore, vix acuminato, infra
pone apicem 4 vel 6 breve spinoso. Pedes sat longi, coxis testa-
ceis, femoribus testaceis ad apicem late infuscatis, tibiis meta-
tarsisque I et Il nigris, LIL et IV fusco olivaceis, tarsis cunctis
fulvo rufescentibus ; femoribus I et II supra 1-1, IT et IV supra 1
aculeatis; tibiis anticis paululum incrassatis atque infra 2-2-2
brevissime aculeatis.
28? ipiops crAssus E. Simon, Ar. Birm., in Ann. mus. civ. Gen.,
XX, 1884, p. 357.
Deux jeunes individus. — Ne diffère de l’Z. crassus de Birmanie
que par la taille plus petite, les yeux un peu plus resserrés, les
épines moins nombreuses surles côtés des tibias et des métatarses
aux deux premières paires, caractères qui tiennent très proba-
blement à l’âge.
SCORPIONES
29. scorpio FULvIPES C. Koch, IV, 1838, p. 45 (sub Buthus).
C'est le seul Scorpion trouvé par M. Chaper à Wagra-Karoor;
il paraît y être commun.
24 EUGÈNE SIMON
Le céphalothorax est un peu plus long que les deux premiers
segments caudaux, mais à peine du quart du troisième, il est peu
élargi en arrière et un peu plus long que large au bord postérieur;
la main est très aplatie, largement arrondie au côté interne, en-
tièrement couverte en dessus de grosses granulations arrondies,
sa face externe est limitée par deux carènes nettes et de plus
coupée d’une forte carène médiane longitudinale ; les carènes su-
périeures des trois premiers segments caudaux sont lisses et très
obtusément dentées, sans tubercules ni granulations. Le corps
et les pattes-mâchoires sont d'un noir à reflets bleus, les pattes
et la vésicule sont d’un jaune vif; les peignes offrent ordinaire-
ment 16 dents.
OPILIONES
Genus BIANTES nov. gen. (1).
Corpus longius quam latius, postice sensim incrassatum et ob-
tuse truncatum. Cephalothorax parum convexus, tubere oculo-
rum ullo, oculis duobus minutis pone marginem posticum cepha-
lothoracis sitis et a sese longissime remotis. Segmenta abdo mi-
nalia supra transverse minute tuberculata. — Pedes-maxillares
longissimi et gracillimi corpore longiores, coxa antice in tuber-
culo conico sat longe producta, trochantero breve ovato mutico,
femore gracili, fere recto, mutico, femore pedum anteriorum lon-
giore, patella longa ad basin tenuissima ad apicem aculeo gracili
et brevi munita, tibia patella paulo breviore et crassiore ad api-
cem paulo attenuata, infra extus 3 intus 2 longe aculeata, tarso
tibia fere 1/3 breviore, sat late ovato, valde attenuato, infra 2-2
longe aculeato, ungue gracili regulariter arcuato, articulo haud
breviore. — Pedes breves et graciles, mutici, fere cylindrici; tarso
I triarticulato, articulo 1° longo, 20 et 3 brevioribus et fere æquis;
tarso II quinquearticulato, articulo 1° longiore ; tarsis IL et IV
quadriarticulatis, 1° longissimo reliquis brevibus; tarso IV arti-
culo ultimo infra paulo emarginato.
Paraît voisin du genre Æinzuanius Karsch (Zeitschr. f. d. ges.
(1) Nom propre,
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L’ASIE MÉRIDIONALE 25
Naturwiss., t. LIIT, 1880, p. 402) qui m'est inconnu, mais d’après
le Dr Karsch, chez Æinzuanius les tarses des 3° et 4e paires offrent
5 articles courts, tandis que chez Biantes ils n’ont que quatre arti-
cles avec le premier beaucoup plus long que les trois autres. Chez
Hinzuanius les fémurs postérieurs sont denticulés tandis qu'ils
sont mutiques chez Biantes.
Ces deux geures sont faciles à distinguer des types actuelle-
ment connus de la famille des Phalangodidæ par l'absence de
tubercule oculaire, la position très reculée des yeux et leur écar-
tement transversal, disposition rappelant un peu celle des Séygnus
de la famille des Gonyleptidæ.
30. BIANTES LONGIMANUS SP. nOv.
d long., 2%"5, — Corpus supra fulvo rufescens antice paulo
dilutius, antice parce postice sat dense granulosum. Cephalothorax
margine antico mutico haud tuberculato. Segmentum abdominis
1° ad marginem anticum pone medium obtuse bituberculatum ;
segmenta postica tuberculis minutis et rotundatis seriatim dispo-
sitis transverse notata. — Segmenta ventralia coxæque subtile
coriacea. Coxæ margine antico obtuse serratæ. Chelæ mediocres,
flavæ, articulo 1° cephalothorace breviore, ovato, parum convexo
pone basin tuberculis paucis minutis seriem transversam forman-
tibus munito, articulo secundo fere cylindrico, mutico, subtilis-
sime coriaceo, parce albo piloso. Pedes obscure fulvo olivacei,
breves parum robusti, mutici, brevissime pilosi. Pedes-maxillares
flavo testacei, aculeis tibiæ et metatarsi gracillimis et pellucen-
tibus.
Nora. — Nous ajoutons ici la description d’une seconde espèce
du genre Biantes, originaire de Madagascar; le genre Biantes a
au reste d’autres représentants dans l’Asie méridionale et sur la
côte orientale d'Afrique.
BIANTES VITTATUS SP. nov.
d long., 3mm, — Cephalothorax obscure fulvo rufescens mar-
gine antico paulo infuscato, abdomen fusco rufescens transverse
nigricante vittatum. Cephalothorax parum dense et minute gra-
nulosum, tuberculo magno rotundato ad marginem anticum sito
notato, oculis nigris paulo prominentibus. Abdomen supra dense
et sat crasse granulosum, segmento [ mutico, segmentis IT et II,
26 EUGÈNE SIMON
tuberculis acutis fulvis 4 (mediis paulo majoribus), reliquis seg-
mentis tuberculis minutis 7 vel 9 ornatis. — Segmenta ventralia
nigricantia.Coxæ fusco rufescentes nigro-variegatæ,margine antico
obtuse serratæ. Chelæ mediocres, fulvæ fusco venosæ, læves, arti-
culo primo cephalothorace breviore, ovato parum convexo, pone
basin tuberculis paucis minutis seriem transversam formantibus
munito, articulo secundo fere cylindrico, setis validis ad basin
paulo tuberculatis parce instructo. — Pedes fusco olivacei, sat
breves, parum robusti, femoribus inferne irregulariter et minute
tuberculatis. Pedes-maxillares obscure olivacei nigricante venosi,
aculeis tibiæ et metatarsi gracillimis ad basin nigris ad apicem
albis atque subpellucentibus.
Nossi-bé.
Se distingue très facilement du B. longimanus par le gros tuber-
cule obtus du bord antérieur du céphalothorax, par les denticules
aigus de l’abdomen, les fémurs légèrement rugueux en des-
sous, etc.
al
à
ARACHNIDES
RECUEILLIS A RAMNAD, DISTRICT DE MADURA
Par M, l'abbé FABRE
Genre ASAMONEA O. P. Cambr., Ann. Mag. nat. hist., 1869, p. 14.
L'espèce type À. tenuipes a été décrite par le Rev. O0. P. Cam-
bridge sous le nom générique de Asamonea, mais les caractères du
genre n'ont jamais été formulés, l’auteur ayant été d'avis, au
cours même de sa publication, que ce nouveau genre était sim-
plement synonyme de Lyssomanes Hentz. — Pour nous, le genre
Asamonea doit être rétabli, il diffère en effet grandement du genre
Lyssomanes par la proportion et la disposition des yeux et la forme
de la pièce labiale ; chez Asamonea l'espace occupé par les six
yeux dorsaux est beaucoup plus large que long et les yeux sont
presque égaux, ceux de la 3e paire à peine plus petits sont placés
beaucoup plus en dedans et près de ceux de la seconde, la pièce
FAUNE ARACIHNOLOGIQUE. DE L'ASIE MÉRIDIONALE 27
labiale est aussi large que longue, tandis que chez Lyssomanes
l'aire oculaire dorsale est aussi longue que large ou à peine plus
large, les yeux de la 3° ligne sont beaucoup plus petits que les
autres, placés également en dedans, mais beaucoup plus en arrière
des yeux de la 2e ligne, enfin la pièce labiale est beaucoup plus
longue que large.
Les caractères du genre Asamonea peuvent se formuler ainsi :
Cephalothorax humilis supra fere planus, oculi dorsales 2, 3, 4,
aream trapeziformem multolatiorem quam longiorem occupantes,
oculi ser. 3e reliquis oculis vix minores atque pone oculos ser.
2® intus positi. Laminæ-maxillares breves fere quadraitæ. Pars
labialis haud longior quam latior paulo attenuata et truncata.
Mamillæ superiores inferioribus multo longiores biarticulatæ, arti-
culo 20 1° vix breviore. Pedes graciles, sat longi, 1, 4, 2, 3 vel 4,1,
2,3, aculeis longis instructi; metatarso IV tibia multo longiore.
À. ASAMONEA TENUIPES Cambr. L. c., p. 1%, pl. V, f. 50-52.
Cette espèce découverte à Ceylan par M. G. Thwaites a été
retrouvée à Ramnad par M. l'abbé Fabre (1).
(1) Lyssomanes pallens Blackw. /Proceed. Roy. Irish Acad., (2), II, 1876, p. 6,
pl. 1, f. 5) des îles Seychelles, appartient aussi au genre Asamonea; nous en pos-
sédons une troisième espèce originaire du Congo :
A. puella sp. nov. d long. 6%, Cephalothorax flavo-testaceus anguste fusco
marginatus, parte cephalica flavo pilosa utrinque macula nigra oculos includente
magna obliqua et trilobata notata, parte thoracica supra lineis binis exilibus rufis
pilosis postice convergentibus supra ornata. Clypeus altissimus, pone chelas glaber,
pone oculos in medio argenteo utrinque coccineo dense pubescens. Abdomen an-
guste elongatum, albo-testaceum albo-argenteo pubescens, supra lineis binis læte
rufis interruptis decoratum. Mamillæ testaceæ superioribus infuscatis. Chelæ flavo
testaceæ, antice vitta nigra transverse secatæ. Sternum testaceum. Pedes testacei,
femoribus infra fusco lineatis, tibia IV ad basin atque aû apicem minute fusco ma-
culata, aculeis longis et gracilibus abunde armati. — Pedes-maxillares testacei;
femore recto infra pone medium tuberculo obtuso notato; patella sat minuta ; tibia
patella haud longiore paulo crassiore extus ad apicem apophysa lamellosa care-
niformi infra dilatato-rotundata, in medio paulo incrassata et obtusa, supra acutis-
sime producta instructa; tarso magno femore longiore et multo crassiore, convexo
et longe attenuato; bulbo magno convexo.
® long. 7, — Cephalothorax parte thoracica haud lineata. Clypeus pone che-
las glaber pone oculos omnino argenteo pubescens. Chelæ pedesque omnino flavo-
testacei haud lineati nec maculati. Area vulvæ antice fovea transversa multo latiore
quam longiore obtuse triangulari, postice plaga nitida transversa rufula, in medio
carina flava fusco marginata longitudinaliter secata notata. — Landana (Petit).
28 EUGÈNE SIMON
Genus PSEUDICIUS nov. gen.
Attus auct. (ad part.). Dendryphantes E. Sim., Ar. Fr., III (ad part.
encarpatus, etc.) + Calliethera E. Sim., Ar. Karth., 1884 (ad p.
icioides).
Gen. Zcius E. Sim. affinis, differt area oculorum supra paral-
lela, chelis in & et g$ haud extus carinatis; tibiis I et II muticis
vel aculeo unico (P. badius) vel aculeis minutis binis intus ins-
tructis ; tibiis metatarsisque II et IV (aculeis terminalibus ordi-
nariis exceptis) muticis — d' Femore et tibia I crassissimis.
Je crois nécessaire de créer ce genre pour un certain nombre
d'espèces dont les caractères sont intermédiaires à ceux des
Icius, des Dendryphantes et des Calliethera, mais qui ne cadrent
absolument avec aucun d’eux. Le céphalothorax est allongé et
bas comme chez les Calliethera et les Zcius, la première ligne des
yeux est également droite, ce qui les sépare des Dendryphan-
tes, le carré oculaire est en dessus parallèle comme chez les
Calliethera; l'armature des pattes antérieures est très particulière,
les tibias sont mutiques à l'exception d'une ou de deux petites
épines internes à la première paire, mais les métatarses offrent
deux paires de petites épines. Les téguments sont revêtus de
poils simples, jamais squameux.
Ce genre a pour type P. (Dendryphantes) encarpatus Walck., il
renferme en outre P. badius E, Sim., P. picaceus E. Sim., du midi
de l’Europe et P. (Callicthera) icioides E. Sim., de Khartoum.
2. PSEUDICIUS MODESTUS Sp. NOV.
$ long. 3%, — Cephalothorax elongatus fere parallelus, tenue
coriaceus, niger postice sensim dilutior et rufescens, pilis longis
albis rufisque intermixtis dense vestitus. Oculi antici valde inæ-
quales conferti, pilis infra et in medio albis supra rufulis cireum-
cincti. Clypeus pilis albis longis dense obtectus. Abdomen longe
ovatum paulo depressum postice attenuatum, supra nigricans
albido rufoque pubescens, margine albida sinuosa cinctum, lineis
transversis obscurioribus arcuatis et parum distinctis secatum,
infra testaceum albo-niveo pubescens. Sternum olivaceum læve,
parce albo pilosum. Pedes testaceo luridi sat breves, anticis multo
crassioribus, tibia I'intus pone medium uniaculeata, tibia II mu-
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 29
tica, metatarsis I et IT infra 2-2 brevissime aculeatis. Plaga vulvæ
magna, plana, semicircularis, testaceo rufula, paulo rugosa, utrin-
que leviler impressa, in medio profunde longitudinaliter canali-
culata.
3. MENEMERUS PAYKULLI AuUd. in Sav.
4. THYENE SEMICUPREA E. Sim. (cf. sup...
Cette espèce, découverte à Wagra-Karoor par M. Chaper, a
aussi été trouvée à Ramnad par M. l'abbé Fabre.
5. MOGRUS FABREI SP. nOv.
d long. 4mm5 à 7mm, — Cephalothorax crassus et altus obscure
fusco-rufescens antice pone oculos fere niger, pilis elongatis rufo-
piceis antice paulo micantibus supra dense vestitus, partibus
lateralibus albo longe pilosis, parte thoracica linea media albida
pilosa postice evanescente notata, pilis fasciei omnino cinereo-ru-
fescentibus. Oculi antici lineam vix arcuatam formantes, spatio
inter laterales et medios diametrum lateralium æquante. — Ab-
domen elongatum postice attenuatum, cinereo-rufulo supra dense
pubescens, infra utrinque albido pilosum in medio vitta nigricante
latissima postice paulo attenuata notatum. Sternum fuscum longe
albido pubescens.—Chelæ longæ, antice fere planæ,haud carinatæ,
viridi-cupreæ, parce rugosæ atque intus irregulariter transverse
striatæ. Pedes robusti, fusco rufescentes, cinereo-rufulo pubescen-
tes, nigro alboque longe et abunde criniti et valde aculeati, femo-
ribus, præsertim anticis, supra infuscatis, patellis cunctis 1-1 acu-
leatis, tibia I infra 3-3, metatarso I infra 2-2 aculeatis atque aculeis
lateralibus instructis. Pedes-maxillares graciles et longi ; femore
paulo compresso et arcuato supra ad apicem biaculeato ; patella
longiore quam latiore fere parallela ; tibia patella haud breviore
paulo angustiore fere cylindrico, extus ad apicem apophysa mi-
nutissima simplice et uncata instructa ; tarso minuto tibia haud
latiore apicem versus paululum dilatato et truncato ; bulbo minu
tissimo fere parallelo haud convexo, ad apicem longe et simplice
acuminato.
? 5 à 7m, — Cephalothorax crassus fusco rufescens pube ci-
nereo-rufula pilis albis intermixta omnino obtectus, pilis oculo-
rum cinereo-rufulis, pilis clypei sordide albis longissimis. Abdomen
30 EUGÈNE SIMON
ovatum, cinereo pubescens, fulvo variegatum, vitta media obscu-
riore vix distincta et postice maculis transversis arcuatis vix
expressis supra notalum, infra testaceum albo pubescens. —
Pedes fulvo rufescentes sordide albido pubescentes. Area vulvæ
plana rufula nitida, antice rotundata et minute foveolata, postice
dilatata et emarginata.
6. HASARIUS ADANSONI Aud. in Sav., Eg., 2° éd., XXII. p. 404,
Ar., pl. vu, fig. 8.
Attus tardigradus id., 1. c., pl. vu, fig. 13, $.
Salticus striatus Lucas, Rev. mag. zool., 1853, p. 21.
Salticus capito Lucas, in B. Webb et Berth., Æ. nat. Can., elc.,
p. 27, pl. vu, fig. 8.
Attus nigro-fuseus Vinson, Aran. Réun., etc., 1864, p. 59, pl. x.
Plexippus Adansoni E. Sim., Monog. Att., 1868, p. 644.
Hasarius Adansoni, id.. Révo. Att., p. 300. — et Ar. Fr., t. III.
Salticus citus Cambr., Zoologist, 1869, p. 8461.
Eris niveipalpis Gerst., Decken’'s Reis. etc., Ar., 1873, p. 477.
Déjà indiqué de Bombay et de Ceylan.
7. OPISTONCUS AURANTIACUS.
© long., 7%, — Cephalothorax elongatus postice parum dila-
tatus, testaceo flavescens, parte cephalica supra infuscata utrin-
que pone oculos nigro maculata, antice et in lateribus squamulis
læte rufis in medio squamulis albis maculam magnam subquadra-
tam formantibus decorata, parte thoracica vittis longitudinalibus
latis rufulis rufo squamulatis ornata, partibus flavis albido squa-
mulatis et pilosis. Pili oculorum fasciei supra et in medio rufi,
infra albi, pili elypei squamiformes albo-nivei. Oculi antici valde
inæquales in linea subrecta dispositi, spatio inter laterales et
medios diametro lateralium paulo angustiori. Abdomen elongatum
paulo depressum, supra rubrum, albo-marginatum, antice macula
magna obtuse triangulari, in medio vitta traversa abbreviata, pos-
tice vittis 3 vel 4 angustatis paulo triangularibus utrinque hamatis
albidis notatum, partibus rufis squamulis coccineis partibus albis
squamulis albo-argenteo micantibus omnino obtectis ; infra albo
testaceum albo-argenteo squamulatum.— Chelæ testaceæ glabræ
ad basin subtile coriaceæ dein nitidæ haud striatæ, margine sulci
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 31
superiori bidentato, margine inferiori unidentato. — Sternum pe-
desque flavo-testacea, fere glabra, pedibus anticis posticis cras-
sioribus, tibia I 4-4, tibia II 2-2 infra aculeatis, metatarsis I et IT
2-2 longe aculeatis, metatarsis posticis (aculeis terminalibus or-
dinariis exceptis) muticis.— Plaga vulvæ sat minuta, antice fusca,
plana, in medio paulo emarginata, postice minute et oblique bifo-
veolata.
Genus HIPPASA (1) nov. gen.
Pirata E. Sim., Ar. Birm. etc., 1884 (ad part. agelenoides).
Gen. Pirata affinis, differt clypeo altiore diametro oculorum
anticorum fere triplo latiore, oculorum linea antica linea secunda
multo latiore, parte labiali haud longiore quam latiore apicem
versus haud attenuata atque late truncata (in Pirata evidenter
longiore quam ad basin latiore atque sensim attenuata), pedibus
multo longioribus metatarsis tarsisque gracillimis, metatarso IV
in d haud in $ vix breviore quam patella cum tibia, tarsis cunc-
tis et metatarsis anticis ad apicem scopulis longis setis intermix-
tis infra munitis (in Pirata tarsis infra omnino setulosis).
8. HIPPASA GREENALLIÆ Blackw., Ann. mag. nat. hist., 1867 (Lycosa)
Pirata agelenoides E. Simon, {. c., p. 334.
Se trouve aussi en Birmanie. Nous n'avons décrit que le jeune
de cette espèce et nous l'avons rapporté avec doute au genre
Pirata, faute de connaître l'adulte que nous avons aujourd'hui
sous les yeux. — Le atteint 17" et la femelle de 19 à 20;
chez le mâle la patte-màchoire est grêle et longue, fauve olivâtre
avec le tarse rembruni; le fémur est grêle, droit et parallèle ; la
patella est au moins de moitié plus longue que large et presque
parallèle ; le tibia est au moins d'un tiers plus long que la patella,
un peu plus grêle et presque cylindrique, garni en dessus de très
longs crins noirs isolés, sans apophyse; le tarse, un peu plus
long que le tibia, est un peu plus large à la base, mais très lon-
guement atténué en pointe grêle aussi longue que le bulbe; les
pattes sont très longues, avec les métatarses grêles, celui de la
4e paire élant au moins aussi long que le tibia et la patella réunis;
(1) Nom propre latin.
32 EUGÈNE SIMON
les scopulas tarsales, surtout aux paires antérieures, sont lon-
gues et peu serrées.
Chez la femelle l'épigastre est garni de poils jaunes très longs,
surtout latéralement; l’'épigyne s’avance en forme de rebord ver-
tical ou incliné en arrière, en dessus cette saillie est couverte de
poils jaunes, en dessous elle est largement bilobée dans le haut
avec chacun des lobes marqué d’un rebord arqué en forme de
carène, sa base offre une fossette transverse limitée supérieure-
ment par une fine carène droite. Dans les deux sexes, le plastron
est fauve avec une ligne noire longitudinale très nette.
Lycosa lanca Karsch (Zeitschr. f. ges. Naturw., LIT, p. 551) de
Ceylan, appartient très probablement au genre Æippasa; d'après
Karsch le plastron est d’un jaune-brun sans ligne noire médiane,
et chez le mâle le tibia de la patte-màchoire est de même lon-
gueur que la patella tandis qu'il est beaucoup plus long chez
H. Greenalliæ.
9. HETEROPODA FABREI SP. NOV.
g Ceph:th., long., 6004; Jat. "6002. Pedes p.1, 3015, p'Ir
Jaune Ie20 05 -p1NV529202"
ACéphth, long. 780$ lat "PEES Ep 2 TEE DU
HDI 2502" DIV 2720.
Cephalothorax vix longior quam latior, fusco rufescens, trans-
verse obscure variegatus, postice late testaceo marginatus, fulvo
pubescens. Oculi antici approximati, mediis minoribus. Oculi
postici lineam paulo recurvam formantes, mediis minoribus et a
sese magis quam à lateralibus approximatis. Oculi medii antici et
postici fere æqui. Clypeus diametro ocuiorum anticorum paulo
latior. Chelæ nigræ flavido irregulariter pilosæ. Sternum rufo
brunneum. Abdomen ovatum, supra fuscum vix distincte testaceo
variegatum, subtus fulvum, fulvo pubescens. Pedes sat longi
fusco rufuscentes, flavo pubescentes, femoribus infra infuscatis,
supra irregulariter nigricante triannulatis; tibia IV in g cepha-
lothorace paulo longiore supra biaculeata ; tarsis metatarsisque
infra sat dense fusco scopulalis.
Céphalothorax brun rougeàlre à pubescence gris-fauve, avec le
bord postérieur testacé, marqué en dessus d'une ligne médiane et
de larges zones transverses ondulées et très irrégulières d'un
brun plus foncé; convexe et fortement incliné en arrière ; strie
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 33
thoracique profonde et longue. — Yeux antérieurs en ligne droite
par leurs sommets, les médians au moins d’un tiers plus petits,
plus séparés, leur intervalle à peine plus étroit que leur diamètre.
Yeux supérieurs en ligne sensiblement courbée en avant, les laté-
raux plus gros élevés sur des saillies obliques, intervalle des
médians environ égal à leur diamètre, celui des latéraux au moins
de moitié plus large. Yeux médians presque égaux, formant un
trapèze plus long que large. Bandeau un peu plus large,que les
yeux antérieurs et un peu incliné. — Plastron brun rougeâtre à
pubescence fauve mêlée de crins noirs. — Abdomen ovale, brun-
foncé, marqué de macules testacées très irrégulières et peu dis-
tinctes, à pubescence fauve vif mêlée de longs crins blanchâtres.
Ventre fauve, pubescent, marqué de quatre fines lignes obscures,
peu indiquées, convergeant en arrière. — Pattes assez longues
(surtout d), assez robustes, brun Roca avec les fémurs,
surtout les antérieurs, rembrunis en dessous surtout à la base,
en dessus fémurs marqués de trois anneaux noirâtres découpés
et ornés de touffes de poils blancs à la base des épines. Scopulas
noirätres assez serrées (au moins chez @), atteignant presque la
base des métatarses, même à la 4° paire. — Chélicères noires,
lisses en avant, garnies de crins fauve blanchâtre inégaux, plus
longs au bord externe.
gd. — Tibia IV plus long que le céphalothorax, pourvu de deux
longues épines dorsales.—Patte-mâchoire fauve avec le tibia et le
tarse brun foncé et le fémur taché de brun en dessus à l’extré-
mité; fémur pourvu à l'extrémité en dessus de 4-1 épines ; pa-
tella d’un quart seulement plus longue que large, parallèle, pourvue
d’une seule épine interne et de deux externes ; tibia sensiblement
pluslong que la patella, plus étroit à la base, graduellement élargi
à l'extrémité, armé à la base d’un verticille de trois très longues
épines et d'une épine plus avancée au bord interne, apophyse
supéro-externe au moins de moitié plus courte que l’article,
noire, grêle dès la base et très aiguë, vue de profil courbée, vue
en dessous atténuée et divergente dans la seconde moitié, sa
base prolongée sous le tibia en carène verticale terminée inférieu-
rement par un petit denticule ; tarse très grand, aussi long que
les deux articles précédents réunis, ovale, large, longuement
atténué, obtus.
$. — Tibia IV un peu plus court que le céphalothorax. —
Épigyne en plaque brunâtre, pubescente, large en arrière, mal
définie en avant, marquée d’une fossette longitudinale presque
3
34 EUGÈNE SIMON
parallèle, plus profonde en arrière, séparée en arrière du bord
de la plaque par une petite pièce rougeâtre, trapézoïde, lisse.
Cette espèce se rapproche de Æ. leprosa E. $., principalement
par la présence de deux épines dorsales au tibia de la quatrième
paire chez le mâle; elle s’en distingue par le céphalothorax moins
convexe en arrière, par le bandeau un peu moins large et les
yeux antérieurs un peu moins inégaux,; elle s’en éloigne encore
chez le mâle par la forme tout à fait différente de l’apophyse ti-
biale et le tarse de la patte-màchoire beaucoup plus volumineux ;
enfin chez la femelle par la structure différente de l’épigyne. Elle
se rapproche aussi de Æ. sexpunctata E. Sim., mais en diffère par
l’'apophyse tibiale plus courbée et plus divergente, le denticule
inférieur moins fort, les yeux médians antérieurs et postérieurs
presque égaux, tandis que chez 7. sexpunctata les antérieurs sont
visiblement plus petits.
10. ARGIOPE ORNATA Blackw. (Voy. sup.).
Paraît répandu dans une grande partie de l’'Hindoustan.
11.GASTERACANTHA GEMINATA Fabr., Suppl. Ent. syst., p. 292 (Aranea).
— — C. Koch., 4r., V, p. 16, fig. 260.
Une seule femelle; nous l’avons reçu en nombre de Pondi-
chéry.
Nora. — Nous avons proposé en 1864 (in Hist. nat. des Arai-
gnées) de répartir les espèces du genre Gasteracantha en un certain
nombre de sous-genres qui ont été depuis adoptés et augmentés
par M. A. Butler (in Trans. Ent. Soc. Lond., 1873). Le genre Gaste-
racantha s'étant considérablement accru depuis cette époque,
nous pensons qu'il serait utile d'élever au rang de genres quel-
ques-unes de ces divisions, mais les caractères sur lesquels
nous nous sommes appuyés : la forme du scutum abdominal, le
nombre et la proportion de ses épines, sont insuffisants comme
caractères génériques, ils serviront à grouper les espèces dans
chacun des genres que nous proposons de maintenir. Un carac-
tère important est fourni par le tubercule ventral en avant des
filières, très développé chez les Gasteracantha (sensu stricto) et les
Stanneoclavis, mais manquant complètement chez les Actinacan-
tha et les Zsacantha; le céphalothorax peut aussi fournir de bonnes
indications.
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 39
1. GASTERACANTHA Latr., — sub-gen. Gasteracantha (sen. str.),
Collacantha, Atelacantha, Tetracantha, Isacantha (ad part. Sp. ame-
ricanæ) E. Sim., 1864 + Anchacantha Butler, 1873.
Abdomen infra in medio ante mamillas, tuberculo corneo co-
nico instructum. Cephalothorax in medio elevatus atque ad api-
cem obtusissime bilobatus. Scutum abdominale plerumque trans-
versum.
Type : fornicata Fabr.
2. STANNEOCLAVIS Butler, 1873. — Thelacantha NV. Hasselt.
Abdomen infra in medio tuberculo valido conico instructum.
Cephalothorax in medio tuberculo obtusissimo integro munitus.
Scutum abdominale rotundatum vel subquadratum, aculeis bre-
vissimis ad basin incrassatis sex armatum.
Type : brevispina Dolesch.
3. ACTINACANTHA E. Sim., 1864 — sub-gen. Acéinacantha, Ma-
crocantha E. Sim., 1864 + Tatacantha Butler, 1873.
Abdomen infra planum haud tuberculatum. Cephalothorax in
medio elevatus atque ad apicem obtuse bilobatus. Scutum abdo-
minale obtuse hexagonum aculeis sex instructum, utrinque acu-
leis binis a sese approximatis sed ab angulis anticis scuti longe
remotis.
Type : Lepelletieri Guér.
4. Isoxya (1) E. Sim., 1864= sub gen. Zsacantha E. Sim. (ad part.
Abdomen infra planum haud tuberculatum. Cephalothorax pa-
rum elevatus in medio haud vel vix sulcatus. Scutum abdominale
fere quadratum aculeis minutis sex fere æquis instructum, utrin-
que aculeis binis a sese longissime remotis, anticis ad angulos
anticos silis.
Type : cicatricosa G. Koch.
(1) Nom nouveau pour remplacer celui d'Isacantha E. Sim. 1864, préoccupé :
Hope Coléopt. 1833.
36 EUGÈNE SIMON
12. TEPHLEA LIMBATA SP. nOV.
Q long, 70%: SG, long., 5m, — Cephalothorax convexus fulvo
testaceus. Oculi medii antici lateralibus fere duplo majores, inter
se disjuncti sed a lateralibus haud separati. Oculi postici lineam
vix procurvam formantes, approximati, æquedistantes, mediis
majoribus elongatis et obliquis postice attenuatis et convergenti-
bus. Abdomen elongatum postice attenuatum, albo-testaceum,
supra vitta nigra paulo denticulata omnino cinctum. Partes oris,
sternum, pedesque albo testacea. Pedes graciles et longi, tarsis
metatarsisque gracillimis anticis rare et longe scopulatis, tibiis III
et IV infra ad apicem breve biaculeatis, articulis reliquis cunctis
muticis.
@ Area vulvæ fusca, antice plana, subtile rugosa, postice de-
pressa, in medio foveis duabus elongatis et obliquis transverse
dispositis, Carina lata et brevi fere quadrata separatis.
d Pedes-maxillares albo testacei, graciles et longi; femore
longo fere recto; patella longiore quam latiore paulo convexa ;
tibia patella haud breviore, apicem versus leniter incrassata
extus ad apicem apophysa minuta nigra, conica sed apice obtuse
et oblique truncata instructa: tarso tibia cum patella longiore, in
parte prima ovato et convexo, in parte secunda gracillimo et cy-
lindrico; bulbo convexo, fere rotundo, supra depresso, late fusco
marginato, in medio stylo rufulo curvato munito.
Égypte : Ramlé, près Alexandrie (Letourneux). Hindoustan :
Ramnad (Fabre).
Genus CŒNOPTYCHUS nov. gen.
Cephalothorax elongatus fere parallelus, antice vix attenuatus,
fronte lata et obtusa, convexus atque postice fere abrupte decli-
vis, supra haud impressus. Oculi postici æqui minimi inter se late
disjuncti, lineam validissime recurvam formantes, mediis inter se
quam à lateralibus magis approximalis, lateralibus paulo tuber-
culatis. Oculi antici lineam multo breviorem et procurvam for-
mantes, inter se parum disjuncti, mediis lateralibus paulo majo-
ribus. Medii aream trapeziformem haud longiorem quam latiorem
occupantes. Clypeus verticalis area oculorum mediorum haud
vel vix angustior. Chelæ robustæ sed parum convexæ, ungue sat
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 931
longo, margine sulci inferiori bidentato. Pars labialis fere qua-
drata. Laminæ latæ, rectæ, intus ad apicem oblique truncatæ,
extus paululum dilatatæ et rotundatæ. Sternum anguste ovatum.,
Pedes breves et robusti, 4, 1, 2, 3, tarsis metatarsisque I et II
scopulis raris infra vestitis, tarsis posticis pone ungues fascicu-
latis, tibiis metatarsisque I et II infra 2-2 aculeatis; pedes pos-
tici aculeati. Tegumenta duriuscula granulosa, pilis plumosis
vestita.
Ce genre remarquable appartient au groupe des Corinninæ, il
diffère des Corinna C. Koch par les yeux postérieurs en ligne
très fortement arquée en avant, par l'absence de strie médiane
thoracique, etc. Par la disposition de ses yeux, il se rapproche
du genre Myrmecium Latr., mais la forme de son céphalothorax
l'en éloigne beaucoup.
13. CŒNOPTYCHUS PULCHER SP. NOV.
© long. 63, — Cephalothorax obscure fusco rufescens, antice
sensim infuscatus, grosse et dense granulosus atque pilis plumo-
sis antice albis postice et in medio læte coccineis vestitus. Abdo-
men oblongum, antice truncatum et paulo emarginatum, postice
sensim dilatatum et rotundatum, supra duriusculum antice valde
postice tenue rugosum, nigerrimum, pilis plumosis coccineis ves-
titum, in parte secunda maculis magnis albo-niveis sex : utrinque
maculis binis fere rotundatis, in medio macula minore elongata,
postice pone mamillas macula rotundata læte decoratum, infra
nigrum parce albido pubescens. Sternum fusco rufescens crasse
granulosum. Pedes breves et robusti, coxis femoribusque obs-
cure fuscis fere nigris, articulis reliquis cunctis obscure fulvo
olivaceis, femoribus tibiisque supra lineis albis pilosis ornatis,
tibiis metatarsisque infra 2-2 aculeatis. Epigaster paulo convexa
et granulosa, plaga nitida parce et grosse punctata antice trun-
cata postice rotundata utrinque foveolata in medio notata.
A4. zimiris iNDICA E. Sim., Ann. Soc. Ent. Belg. C. R., av. 1881.
Nous avons décrit récemment cette espèce; jusqu'alors le
genre Zimiris ne renfermait qu’une seule espèce : Z. Doriæ E.
Sim., propre à l'Arabie méridionale.
38 EUGÈNE SIMON
45. SCYTODES UNIVITTATA E. Sim., Ar. Yem., in Ann. Mus. civ.
Gen., XVIII, 1882. p. 242.
Habite aussi l'Arabie méridionale.
16. PŒCILOTHERIA (1) FASCIATA Latr., 1804.
Mygale fasciata Latr., H. N. Crust. et Ins., t. VII, p. 260.
Scurria fasciata C. Koch, Uebersicht. etc., f. v., p. 74.
— — Ausserer, Beitr. z. Kennt. Territ., 1871, p. 83.
Cette espèce était jusqu'ici regardée comme propre à l’île de
Ceylan.
17. SCORPIO LUCIDIPES SP. NOV.
Long. trunci, 42"5 ; caudæ, 57", — Noir à reflets bleuâtres
ou verdâtres ; pattes jaune-rouge vif, vésicule fauve rougeûtre.
Céphalothorax assez convexe, fortement inégal, assez fortement et
densément granuleux avec deux grands espaces lisses en avant;
sillon antérieur au mamelon bien marqué, presque jusqu'aux
yeux et bordé de granulations. Intervalle des yeux médians un peu
plus étroit que leur diamètre, convexe, à sillon étroit, peu pro-
fond, non élargi en avant, faiblement élargi et ovale en arrière;
pores piligères largement séparés des yeux. Yeux latéraux I et II
écaux, resserrés, II un peu plus petit et plus séparé, son inter-
valle visiblement plus étroit que son diamètre. Segments abdomi-
naux I-VI finement granuleux dans leur seconde moitié; segment
VII lisse dans le milieu, plus fortement granuleux et tuberculeux
sur les côtés. — Queue : segments I et IT réunis plus longs que le
céphalothorax (presque d’un cinquième), segment I à peine plus
long que large; carènes supérieures et latérales formées de tuber-
cules assez petits, serrés et réguliers; segments en dessus très
lisses, présentant seulement en arrière quelques très petites gra-
nulations parallèles aux carènes, ces granulalions plus fortes et
plus étendues au segment V; segment V de même longueur que
le céphalothorax, en dessus dans la première moitié fortement
(1) Nom nouveau pour remplacer celui de Scurria C. Koch, préoccupé : Gray,
Mollusques 1847; le genre Scurria n'a été proposé par C. Koch que dans le 5° fas-
cicule des Uebersicht des Arach. Syst. daté de 1850.
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 39
canaliculé, en dessous carènes des segments I, IT et III lisses,
des segments IV et V denticulées. Vésicule un peu plus large
que le segment V au milieu, pourvue en dessous de séries gra-
nuleuses. — Patte-mâächoire : fémur très fortement et irréguliè-
ment granuleux sur sa face supérieure, sa face antérieure et les
deux tiers basilaires de sa face inférieure; main fortement dila-
tée, arrondie à la base interne, ensuite atténuée, à bord interne
presque droit, un peu plus large que longue (la longueur mesurée
en dessus de l'articulation tibiale à la base interne du doigt
mobile), en dessus légèrement convexe et très lisse, garnie de
grosses granulations très basses et irrégulières, presque effacées
sur la dilatation interne, bord interne garni de granulations plus
petites et coniques, en dessous parsemée de granulations au
moins dans la seconde moitié. Peignes, 18-20 dents au moins
aussi longues que la lame du peigne, excepté les basilaires.
Très voisin de S. Swoammerdami E. Simon, le tronc et la sculpture
des téguments sont presque semblables; il en diffère cependant
par sa taille plus petite, ses pattes d’un beau jaune vif, la main
beaucoup plus lisse et un peu plus large que longue (chez Swam-
merdami, elle est exactement aussi large que longue), le 5e seg-
ment caudal de même longueur que le céphalothorax (un peu
plus long chez Swammerdami), de même largeur que la vésicule
et assez fortement caniculé en dessus dans la première moitié
(un peu plus étroit que la vésicule et à peine canaliculé chez
Swammerdami).
De tous les Scorpio asiatiques, trois seulement offrent le carac-
tère d’avoir le céphalothorax plus court que les deux premiers
segments de la queue réunis (1), ce sont S. Sxammerdami E. $.,
asper Thorell (2) (Et. Scorp., p. 125) et lucidipes E. $.; S. asper
qui m'est inconnu paraît s'éloigner de Swammerdami par la main
encore plus granuleuse, à granulations coniques, par les deux
p'emiers segments caudaux à peine plus longs que le céphalotho-
rax, elc.
(1) Chez S. afer E.S. (— scaber Th.) et S. Kochi Karsch les deux premiers
segments sont de même longueur que le céphalothorax, chez toutes les autres
espèces ils sont beaucoup plus courts.
(2) La patrie de cette espèce est inconnue mais tout porte à croire qu’elle est ori-
ginaire d'Asie.
SERRE MU FE
DE LA
PORTION GAUFRÉE DE L'ESTOMAC DU CHAMEAU
Par A. PILLIET
Les dépressions gaufrées qui occupent deux régions de la
panse du Chameau sont assez connues anatomiquement pour
qu'il n’y ait pas lieu de les décrire. Je veux insister seulement
sur l’histologie du fond de ces loges, qui diffèrent complètement,
comme structure, du reste de la panse, et nous offrent une dispo-
sition qu'on ne trouve que chez les Chameaux et les Lamas.
La panse, en dehors de la portion gaufrée, présente un revête-
ment peu épais de cellules pavimenteuses stratifiées, lisse et un
peu rugueux au doigt. Les papilles du chorion, nombreuses, ne
déterminent aucune saillie à la surface, contrairement à ce que
montre la panse des Ruminants comme la Gazelle, etc. La
couche superficielle des cellules est homogène, se colore en jaune
par l’acide picrique, le carmin n’y révèle aucun noyau. C'est
cette couche presque cornée qui donne la rudesse et la sécheresse
perceptibles au doigt. Le chorion est très épais, il présente quel-
ques minces faisceaux de fibres musculaires lisses formant une
musculaire muqueuse. Plus en dehors, viennent les deux tuni-
ques musculaires lisses. Dans toule la panse, ces fibres sont
groupées par gros faisceaux qui leur donnent, à un faible grossis-
sement, l'aspect de faisceaux de fibres striées; mais il n’y a
aucune de ces dernières. La portion gaufrée présente superficiel-
lement un premier plan, un premier système de fortes travées
musculeuses, parallèles, écartées les unes des autres de trois à
quatre centimètres, à surface muqueuse mince et lisse. Elles sont
reliées tous les deux ou trois centimètres par des cloisons min-
ces, formant un second plan, n’atteignant pas la hauteur des pre-
mières travées, auxquelles elles sont perpendiculaires ; leur
surface est plissée, mais sèche. Ces deux systèmes de cloisons
PORTION GAUFRÉE DE L'ESTOMAC DU CHAMEAU Al
délimitent des alvéoles quadrilatères, profonds de deux à quatre
centimètres, dont le fond présente des gros plis anastomosés à
surface friable et pulpeuse, comme la muqueuse intestinale.
Cette surface présente, sur ses bords, une ligne de démarcation
nette, visible à l'œil nu, qui la distingue de la muqueuse recou-
vrant les cloisons.
Les travées du premier et du second ordres sont surtout formées
par des faisceaux de fibres lisses ayant la direction générale de
ces cloisons mêmes, et qui sont formées par la tunique interne,
annulaire, de fibres lisses de la panse; la tunique externe con-
serve partout une épaisseur à peu près égale et ne participe pas
à ce système de loges. L'épithélium des cellules pavimenteuses
stratifiées est semblable de tout point à celui que nous avons vu
recouvrir le reste de la panse. Mais le fond de chacune des
petites logettes à aspect pulpeux nous offre des glandes en
tube, nettes, assez courtes, un peu évasées, simples, non rami-
fiées, rappelant assez l'aspect des glandes en tube de l'estomac
pylorique de l'Homme. Leur base est circonscrite par une muscu-
laire muqueuse formée de fibres lisses ; le chorion présente à
leur niveau des vaisseaux très développés. Elles sont remplies
d'une seule sorte de cellules polyédriques ou irrégulièrement ar-
rondies, assez petites, réfringentes, remplies d’un fin granulé qui
se colore en gris de lin par l’action de l'hématoxyline. Elles sont
disposées sur un seul rang sur la membrane des glandes en
tube, et laissent au centre de la glande une lumière très étroite.
Les cellules de revêtement de cette portion de la panse, descen-
dant tapisser le col de ces glandes, sont caliciformes, ovoïdes, à por-
tion muqueuse parfaitement claire et disposées sur un seul rang.
Nous avons donc, dans la panse, autant de petits estomacs,
complètement isolés, qu'il y a de gaufrures. Les cellules de re-
vêtement de ces parties sont caliciformes, comme dans l'estomac
vrai. Les cellules des glandes en tube doivent-elles être assimi-
lées aux cellules principales ou aux cellules bordantes des glandes
de l'estomac cardiaque des Mammifères ? On pourrait plutôt les
rapprocher des cellules qui tapissent les giantes stomacales des
autres Vertébrés, Oiseaux, Batraciens, Poissons, etc., qui sont
aussi d’une seule sorte, granuleuses et polyédriques. Ces glandes
paraissent avoir été vues par Wedl, cité par Leydig. Elles contre-
disent l'opinion de Chauveau et Arloing, qui assimilent l'estomac
gaufré du Chameau au bonnet de nos Ruminants domestiques.
DESCRIPTION
DE QUELQUES
ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX DE COQULLES VIVANTES
DE DIVERSES PROVENANCES
Par Maurice CHAPER.
La présente note contient la description, un peu tardive, de
quelques espèces de Mollusques, ou plutôt de coquilles, rap-
portées de mes voyages et missions. Elle eût paru beaucoup plus
tôt sans la difficulté que j'ai rencontrée à vérifier si ces espèces
étaient réellement nouvelles. Je n’ai pu obtenir à cet égard qu'une
probabilité. La dissémination des renseignements scientifiques
de cette nature devient de plus en plus excessive; le champ de
recherches est de ce fait démesuré; certains auteurs semblent
prendre plaisir à publier des espèces et des genres, soit dans des
recueils ayant une toute autre destination, soit dans des « bulle-
tins » et « mémoires » de Sociétés essentiellement locales où, un
peu de vanité aidant, on accueille trop facilement des renseigne-
ments relalifs à des objets tout à fait exotiques : c’est un jeu de
cache-cache sans aucun guide. De plus il faut du temps pour que
les publications de chaque pays parviennent dans les autres.
Voilà pourquoi je ne me risque qu'aujourd'hui à publier les
espèces qui vont suivre. Je les crois nouvelles parce que j'ai reçu
à ce sujet les obligeants conseils de personnes dont on ne peut
nier la compétence, MM. Drouët, Jousseaume, Morelet, Sowerby,
etc. Si je me trompais, j'espère que ceux qui le reconnaîtraient
voudraient bien, dans un intérêt général, me le faire savoir afin
que l'erreur puisse être rectifiée là même où elle se serait pro-
duite.
ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX DE COQUILLES VIVANTES 43
SPATHA DrouETI Chaper.
À 24 1 UE à (EE ERA
Coquille ovale, inéquilatérale, plutôt épaisse que mince,
d'épaisseur presque uniforme ; épiderme brun-noirâtre foncé ; la
région cardinale de la commissure des valves est peu courbe, la
région ventrale est, tantôt presque rectiligne sur une assez grande
longueur, comme dans l'échantillon figuré, tantôt légèrement
concave. La projection du crochet sur la plus grande longueur
de la coquille tombe presque exactement au quart de cette lon-
gueur à partir du côté antérieur. La partie postérieure est obli-
quement tronquée, le prolongement de cette troncature rectiligne
forme avec le prolongement de la partie rectiligne du bord ven-
tral, ou, suivant le cas, avec la tangente aux deux saillies de ce
bord, un angle de 45°; tandis qu'une tangente menée par le cro-
chet à la courbure dorsale fait avec cette même ligne ventrale un
angle de 24° à 26°. Les stries d'accroissement sont généralement
peu saillantes et mousses, s’acceniuant davantage à intervalles
inégaux ; elles sont beaucoup plus distinctes et plus fines en même
temps sur le tiers postérieur des valves où l’épiderme prend de
ce fait l'aspect légèrement lamelleux ; cette région de la coquille
est très généralement encroûtée d’un dépôt ocreux; des stries,
ou plutôt de petites ondulations, normales aux précédentes,
se montrent surtout vers la partie antérieure; un pli saillant
assez marqué délimite la région de la troncature postérieure ;
un autre pli, ayant parfois tendance à se doubler, s'aperçoit au
milieu de cette région : il est beaucoup moins accusé que le précé-
dent; les crochets sont toujours très fortement corrodés.
La coquille adulte ne dépasse guère les dimensions suivantes :
longueur, 80"; largeur, 45; épaisseur, 23.
A l’intérieur, la nacre est brillante, d'un gris livide de teinte
un peu inégale; la zone périphérique extérieure à l'impression
palléale, offre généralement des irisations un peu jaunâtres ; l’im-
pression musculaire antérieure est profonde en arrière, comme
le montre bien la figure ; l’attache du pied est une petite impres-
sion lunulaire contiguë à la précédente, très irrégulière en arrière
et finement striée ; l'impression musculaire postérieure est tout à
fait superficielle ; la zone de son parcours sur le test est seule-
ment délimitée du côté interne par un léger pli de la nacré, sous
44 MAURICE CHAPER
le crochet une petite impression profonde, presque cachée dans
la valve gauche.
Je dois à l’obligeance de M. H. Drouët les renseignements com-
paratifs suivants : Plus développée que la Sp. Dahomeyensis Lea,
et moins grande que la Sp. senegalensis Lea, celle-ci s’en distingue
par la coloration de l’épiderme qui est d’un brun-noirâtre, et
surtout par les petits plis nombreux et serrés dont cet épiderme
est orné ; à la loupe on découvre en effet de nombreux petits plis
parallèles aux courbes d’accroissement, et d’autres plis normaux
aux précédents à dispositions arborescentes, moins nombreux et
moins serrés.
Hab. J'ai pêché cette espèce dans la Cania, rivière qui se jette
dans la lagune d’Assinie, mais n’ai pu rapporter l’animal, vu les
conditions où jé me trouvais à ce moment.
Les échantillons figurés appartiennent à la collection de l’École
des Mines.
F
ADJUA BREVIS Chaper.
PL Lfig.4
_cepétit Gastropode dont je n’ai trouvé qu'un échantillon est
très fidèlement représenté sur la planche. Il n’a que trois tours
et demi, et j'ai d’abord été tenté de supposer qu'il était jeune.
Mais le développement très remarquable des saillies de l’ouver-
ture ne permet guère de douter que l'échantillon ait atteint sa
taille normale; tout au plus pourrait-on admettre que le bord
libre n’eût pas encore sa forme définitive, soit qu'il doive s’étaler
en un pavillon plus ouvert, soit qu'il doive s’épaissir. Les tours
sont globuleux et ornés de stries d’accroissement très fines, vi-
sibles dès la moitié du premier tour, augmentant de saillie et de
largeur au fur et à mesure de l’accroissement ; mais ces ornements
s'arrêtent à une sorte de carène mousse qui dessine à l'avance
sur les tours la ligne de suture; au-delà de cette ligne ils perdent
leur régularité, et un grand nombre d’entre eux s’eNfacent même
entièrement. L'ouverture est ornée de saillies dont la plus remar-
quable est une petite lame courbe, de 4 millimètre et demi de
long, s'élevant à pic au milieu même de l'ouverture sur le tour
de spire, cette lamelle est très mince et forme une surface gauche
légèrement déversée vers l'extérieur; la dent columellaire, mal
ombrée sur le dessin, est également lamellaire, de même forme
ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX DE COQUILLES VIVANTES 45
que la précédente : elle plonge vers l’intérieur du tour de spire;
les quatre autres dents sont de simples callosités très légèrement
allongées vers l'intérieur de la coquille en se dirigeant oblique-
ment vers le bord columellaire : la troisième, à partir de la suture,
est de beaucoup la plus accentuée; le bord columellaire est droit,
le bord libre s’infléchit fortement en arrière sur la moitié de son
amplitude à partir de la partie columellaire ; l’ombilic, bien net,
permet à la vue de plonger jusqu’au premier tour; la hauteur
totale de la coquille est de 4 millimètres. — Animal inconnu.
Hab. J'ai recueilli cette espèce, morte depuis peu, dans les
défrichements de la plantation de café d'Élima {lagune d’Assinie).
L'échantillon figuré appartient à la collection de l’École des
Mines.
G. ADJUA Chaper.
Je fais du Mollusque dont la coquille vient d’être décrite ci-
dessus le type du genre Adjua, nom que j'emprunte à la langue
du pays d'Assinie. Je n’ai pu en effet rapporter cette coquille à
aucun genre connu de moi ni des personnes à l’obligeance des-
quelles j'ai eu recours. Je ne définirai donc pas les caractéristiques
du genre jusqu’à ce que la découverte d'espèces similaires per-
mette de reconnaitre et formuler les traits qui leur seraient com-
muns.
PERIDERIS VERDIERI Chaper.
PISE fe os
Coquille blanche, sauf la portion du tour de spire contiguë à la
columelle, portion qui est teintée en rose pâle et forme ainsi un
ruban hélicoïdal bien délimité, de 4 millimètres de large sur le
dernier tour; à l'intérieur, cette même zone change de teinte et
devient plus foncée du fait du dépôt de la mince couche du test
légèrement brun dont l'animal recouvre les tours de spire au fur
et à mesure de sa croissance ; les tours, au nombre de six, sont
un peu plus globuleux que dans les Perideris Moreleti Deshayes, et
P. Reevei Pfeiffer, de sorte que la suture forme un sillon un peu
plus creux que dans ces deux espèces précitées; plus allongée
que le P. Moreleti, l'espèce actuelle l’est à fort peu près comme
la variété longue du P. Reevei: seulement les tours croissant plus
vite en hauteur qu’en largeur, cette espèce est moins régulière-
46 MAURICE CHAPER
ment conique que les deux autres et les lignes enveloppes de la
projection de la coquille sur le dessin, au lieu d’être deux lignes
presque droites, sont deux lignes courbes à concavité tournée
vers l’axe; le test, bien que luisant, présente de nombreuses
stries d’accroissement irrégulières; ces stries prennent une cer-
taine régularité et une saillie un peu plus forte sur le cordon de
la suture; de temps en temps, et à intervalles irréguliers, cer-
taines stries d’accroissement sont bordées en tout ou en partie
d'une teinte brunâtre ; les échantillons adultes que j'ai eu entre
les mains avaient tous la bouche blanche. Le plan de l'ouverture
est oblique à l'axe; la columelle est parfaitement droite et se
raccorde par un angle très obtus avec le bord libre qui est tran-
chant, sans aucun épaississement ; la longueur des échantillons
adultes est de 54 à 65 millimètres.
Les œufs de cette espèce sont blancs, très épais, parfaitement
symétriques par rapport à un plan passant en leur milieu et per-
pendiculaire à leur grande longueur, mais ils sont un peu « bos-
sus », comme le sont aussi ceux des grands Urceus de la même
région. Longueur, 6 millimètres ; diamètre, 4,5. L’échantillon qui
me les a fournis en contenait 14, ce qui forme un volume énorme
relativement à celui de l'animal. Les conditions où je me trouvais
ne m'ont pas permis de rapporter celui-ci.
Hab. Gette espèce se rencontre au Cap des palmes. Je la dois à
l'obligeance du regretté M. Verdier, frère du résident Français
d’Assinie, qui avait créé à peu de distance du Cap de très belles
plantations de café.
L'échantillon figuré appartient à la collection de l'Ecole des
Mines.
GLESSULA BRETIGNEREI Chaper.
Pl T's 0.
Coquille mince, transparente, d'un gris-olivâtre clair, luisante,
bien qu'ornée de stries d’accroissemen£ très régulières, serrées
et déjà bien marquées à la fin du second tour; six à sept tours de
spire; à partir du deuxième tour la coquille devient très réguliè-
rement conique; le plan de l'ouverture est peu oblique à l'axe ;
lacolumelle est fortement infléchie vers l'intérieur de l'ouverture ;
pas d'ombilic; longueur, 30 millimètres ; largeur 11 à 12.
Hab, J'ai recueilli cette espèce dans les défrichements de la
ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX DE COQUILLES VIVANTES 47
plantation de café d'Élima (lagune d’Assinie); je n’en connais
que deux exemplaires.
L'échantillon figuré appartient à la collection de l'École des
Mines, il est adulte, mais a été pris mort et décoloré.
CORBULA ASSINIENSIS Chaper.
153 ES CS
Cette petite espèce appartient au même groupe que les C. inæ-
quivalvis el procera. Je lui laisse provisoirement le nom générique
de Corbula bien qu’elle ne puisse le porter qu’à condition de laisser
à ce nom une extension à mon avis excessive. La valve droite,
plus grande que l’autre, est blanche à l'extérieur; à l'intérieur le
côté postérieur est teinté de brun; la valve gauche est brune; la
coquille n’est point brillante; les deux valves présentent des
stries d'accroissement, plus nettes sur le côté antérieur qui est
plus court que l’autre; le côté postérieur porte sur les deux val-
ves une espèce de côte correspondant à une saillie du bord, saillie
bien accusée sur la figure 7; plus en arrière encore une autre
côte analogue, bien moins saillante, vient aboutir à l’autre bout
de l'espèce de troncature qui se voit sur le côté postérieur ; dans
la zone ainsi délimitée par ces deux divergentes l’épiderme est un
peu feuilleté; sur le reste de la coquille il est assez lisse, sauf des
rides irrégulières et irrégulièrement placées, rayonnantes, mais
n’allant jamais du crochet aux bords, et donnant à l’épiderme
l'apparence d’avoir été ridé par retrait dans le sens de la longueur
pour pouvoir s'appliquer sur le test; la coquille est faiblement
inéquilatérale.
A l’intérieur, l'impression palléale est très marquée; l’échan-
crure est faible; les impressions musculaires bien marquées sont
superficielles; la postérieure à peu près ronde est encore plus
près du bord tronqué que ne l'indique le dessin; l’autre est allon-
gée et également submarginale; la valve droite porte une dent
unique, antérieure, conique, bien détachée du bord; sur le côté
antérieur une portion du test s’avance en surplomb pour former
une longue dent latéraie séparée du bord par une faible gout-
tière, le cuilleron ligamentaire de la valve gauche se projette
fortement en avant; son bord postérieur est formé d’un bourrelet
qui le dépasse et forme une vraie petite dent qui s'enfonce sous
le bord cardinal de la valve droite; les crochets sont très peu
AS MAURICE CHAPER
saillants; la coquille a environ 7 millimètres de long sur 5 de
large.
Hab. Je n'ai pu me procurer que quatre échantillons, dont
deux morts, de cette espèce que pourtant je ne crois pas rare; je
l'ai pêchée dans la rivière d’Assinie en un point où l’eau est alter-
nativement douce et très saumâtre ; plus près de la mer elle serait
probablement plus abondante.
L'échantillon figuré appartient à la collection de l'École des
Mines.
CURVELLA SULCATA Chaper.
PL L6c.10, 11:
Il n'existe à ma connaissance aucun genre de Gastropode dans
lequel on puisse faire entrer cette petite espèce, aucun des natura-
listes que j'ai consultés n’a pu l’attribuer à un genre déjà connu.
Je me décide donc à créer le genre Curvella dont ce Mollusque
sera le type.
Je ne le connais malheureusement que par des échantillons
morts et n’ai aucun renseignement sur l'animal. É
La coquille est très régulièrement conique et composée de
cinq tours; La longueur ne dépasse guère 9 millimètres, la plus
grande largeur 4; le test est mince, transparent, olivâtre, les
tours non globuleux, la suture par conséquent peu profonde : ils
sont ornés de côtes plates et luisantes, dont le contour est sem-
blable à celui du bord libre de l'ouverture, très régulièrement
espacées, séparées par des intervalles étroits.
La columelle est un peu courbe; le bord columellaire, légère-
ment étalé, se déverse un peu en arrière; le bord libre, tranchant,
qui y fait suite, est d'abord dans un plan passant par l'axe, mais
la partie externe se projette fortement en avant, puis, au moment
d'atteindre l’avant-dernier tour, se reporte brusquement en arrière
de telle facon que la suture se trouve rejetée en arrière même du
plan de la partie antérieure extrême contiguë à la columelle ; la
figure 10 complétée par la figure 11 rend bien compte de cette
disposition.
IHab. J'ai recueilli cette espèce dans les défrichements de la
plantation de café d'Élima (lagune d’Assinie).
L'échantillon figuré appartient à la collection de l'École des
Mines.
ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX DE COQUILLES VIVANTES 49
\
CURVELLA INORNATA Chaper.
J'avais d’abord cru n'avoir qu'une espèce; un examen plus
attentif m'a montré qu'il y en avait une seconde. De même forme
que la première, ayant aussi 5 tours, régulièrement conique
comme elle, elle en diffère par trois caractères bien constants :
les tours sont plus globuieux; les ornements ne sont plus des
côtes régulières mais de simples stries d’accroissement, groupées
parfois en faisceaux, de saillie très variable, souvent à peine vi-
sibles; enfin la columelle est parfaitement droite; l'espèce est
aussi un peu plus grande.
Hab. Le même que celui de la précédente; elle paraît même
y être moins rare.
Genre CURVELLA Chaper.
Les caractéristiques du genre Curvella, tirées de la coquille
seule, sont donc les suivantes : Coquille régulièrement conique,
mince, non ombiliquée, recouverte d’un épiderme très mince,
luisant, olivâtre; de cinq à six tours de spire, peu globuleux,
ornés de stries ou côtes d’accroissement, columelle droite ou
courbe; ouverture à bords tranchants ; bord columellaire légère-
ment étalé en arrière; bord externe fortement arqué en avant
dans sa partie moyenne, se recourbant brusquement en sens
contraire vers sa base de façon que la suture en soit fortement
reportée en arrière.
MoaARIA CONICA Chaper.
PISE
Cette coquille, dont la figure est agrandie d'un bon tiers mais
est très exacte, est le seul spécimen de cette forme que j'aie
rencontré. Est-elle adulte? au premier abord j'en ai douté. Je
n’oserais encore l’affirmer d’une façon bien précise : mais après
examen et réflexion je suis porté à croire qu'elle l’est ou bien
peu s’en faut.
Tant au point de vue du genre qu’à celui de l’espèce, je n’ai pu
rapporter cette coquille à rien que je connaisse. Je me crois donc
4
50 MAURICE CHAPER
autorisé à la décrire sous les noms précités. Je décrirai seulement
l'espèce qui sert de type au genre, la découverte de nouvelles
espèces similaires permettra d'extraire des caractéristiques ci-
dessous celles qui auraient une valeur générique.
Coquille très régulièrement conique ayant six tours de spire;
largeur du dernier tour égale à la hauteur de la coquille, soit 8
millimètres ; une carène très nette, sur laquelle se fait la suture,
divise les tours en deux régions d’égale amplitude; la région
externe est ornée de filets saillants à peu près équidistants qui
commencent à se montrer dès la fin du second tour et dont le
nombre augmente progressivement par l'intercalation entre cer-
tains d’entre eux de nouveaux filets d'abord très fins devenant
peu à peu égaux aux anciens; la région interne, destinée a être
recouverte par les tours à venir, est luisante; on y voit de très
fines marques d’accroissement qui sont à peine visibles sur l'autre
région; plan de l'ouverture très peu oblique à l'axe, ombilic très
petit; bord tranchant : épiderme très mince et peu coloré. Animal
inconnu.
Hab. J'ai recueilli cet unique échantillon mort, dans les défri-
chements de la plantation de café d'Élima (lagune d’Assinie).
Il appartient à la collection de l'École des Mines.
Elle est le type du genre Moaria Chaper, nom que j'emprunte à
la géographie de la lagune d’Assinie.
LYxonsiA MorGaANI Chaper.
PL Te. 4920; 21:
Cette petite coquille, dont les dimensions ordinaires sont 6 mil-
limètres de long et 3 1/2 de large, me paraît bien appartenir au
senre Lyonsia, bien que je n'y aie pas vu d'osselet cardinal ; mais,
n'ayant pu examiner sur place des échantillons frais pêchés, je
n'ai pu le rechercher que sur des échantillons desséchés après
un séjour dans l’alcool..Il suffit donc que l'osselet ne soit repré-
senté dans cette espèce que par une pièce plutôt cornée que cal-
caire pour qu'il n'ait pu se distinguer, après dessiccation des
membranes durcies, racornies et très brunes constituant le résidu
de l'animal. Les crochets sont très recourbés ; la troncature bien
accusée à l'extrémité postérieure qui est plus allongée que ne le
représente la figure; les valves sont égales et ornées de fines
stries d’accroissement ; sur le test dépouillé d'épiderme, ces stries
sont assez régulières, se groupant en faisceaux qui forment des
ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX DE COQUILLES VIVANTES I
ondulations près des crochets; l’épiderme très mince manque
souvent près des crochets ; il est brun verdâtre et devient de plus
en plus feuilleté avec l’âge, surtout vers la région de la troncature;
celte région est souvent, mais non toujours, délimitée en avant
par une arête assez nette partant du crochet.
J'ai beaucoup hésité à croire cette espèce nouvelle : ayant
cependant acquis la certitude que des collections importantes,
tant anglaises que françaises, auxquelles j'ai eu recours ne la con-
naissaient pas, je me suis décidé à la décrire.
Hab. Je l'ai recueillie en grande abondance avec M. de Morgan
dans les eaux saumâtres de la petite rivière qui traverse Madras.
Les échantillons figurés appartiennent à la collection de l’École
des Mines.
Les deux espèces qui suivent rentrent dans le grand groupe
générique Ænnea de H. et A. Adams. Sans méconnaître les affini-
tés qui rattachent les uns aux autres les animaux de ce groupe,
j'estime cependant que les formes des coquilles sont un motif
suffisant pour le subdiviser en genres plus restreints et par consé-
quent plus homogènes. Pfeiffer avait déjà, en 1855-56, créé dans le
G. Ennea qui venait d'être publié des sections auxquelles il donna
des noms. Mais il ne les reproduisit pas dans sa monographie,
abandonnant ainsi son idée première. Étant d'avis qu'elle doit
être reprise, je pense ne pouvoir mieux faire que de reprendre
aussi, pour le donner au genre que j'admets, le nom qu'avait
donné Pfeiffer à la section dans laquelle viennent se placer mes
deux espèces; la Gulella elimensis deviendra en conséquence le
type du genre Gulella.
GULELLA ELIMENSIS Chaper.
Pen 4/6; 15;
Coquille pupiforme composée de sept tours de spire ornés de
stries d'accroissement très régulières ; plan de l'ouverture presque
parallèle à l'axe ; le bord en est déversé sur tout son contour et
s'étale aussi sur l’avant-dernier tour en une large callosité très
amincie antérieurement, qui, près de la suture, se relève en une
lame très saillante, gauche, allant s’enfonçant profondément dans
l'intérieur ou elle règne en s’atténuant sur plus d’un demi-tour et
va presque rejoindre la columelle ; à la base de cette lame, s'élève
un denticule faisant face à un autre de même saillie porté par le
)2 MAURICE CHAPER
bord columellaire ; celui-ci porte ensuite, juste en face du sommet
antérieur de la grande lame précitée, une lame plus courte dont
la crête, presque parallèle à celle de la grande lame, s'en rap-
proche de façon à n’en être plus séparée que par une distance
d’un demi millimètre à peine et à délimiter ainsi dans l'angle de
la suture une espèce de trou en feuille de trèfle ; celte petite lame
s'infléchit par sa base vers une troisième saillie du bord libre,
demi-circulaire, normale audit bord, et se prolongeant à l’inté-
rieur sur une faible longueur (1/4 de tour) par un cordon peu
marqué; vient ensuite un quatrième ornement consistant en un
cordon peu saillant dont l'amplitude ne dépasse pas la largeur du
bourrelet du bord; la cinquième saillie offre d’abord sur le bour-
relet le même aspect que la précédente, mais, après s'être presque
effacée, elle remonte et se prolonge sous la forme d'une longue
lame tranchante presque plane, sauf une inflexion d'avant en
arrière située près de sa naissance; cette lame dont le plan géné-
ral est à peu près perpendiculaire à l'axe de la spire plonge pro-
fondément dans les ouvertures et va en s’atténuant mourir à plus
d'un demi tour de distance du bord; une sixième saillie, moins
accentuée et fort comparable à la quatrième, se trouve au coude
de raccordement du bord externe quasi-droit avec le bord anté-
rieur demi-circulaire ; elle est le point de départ d’une lame à
peu près parallèle à la précédente, mais moins longue, plus tran-
chante, moins haute et souvent prenant naissance à une certaine
distance du bourrelet marginal; à peu près au milieu du demi-
cercle antérieur une septième saillie sur le bourrelet, comparable
aux deux précédentes, un peu trop bas placée sur le dessin, est
le point de départ d'une cinquième lame, assez haute, courbe,
plongeant rapidement, mais ne régnant que sur 1/4 de tour; pres-
que au dessus de la columelle une neuvième saillie vient encore
servir d'attache à une très courte lamelle remontant presque pa-
rallèlement à l’axe et ayant deux ou trois millimètres de long ; la
columelle enfin porte en arrière du plan de l'ouverture une callo-
sité au-dessus de laquelle s'élève deux saillies, extrémités de
deux bourrelets heliçoïdaux courant pendant un demi-tour sur la
columelle qui est droite ; les deux sillons profonds qui se voient
sur la base du dernier tour correspondent aux lames des cin-
quième et septième saillies ; épiderme très mince et peu coloré;
longueur, 17 millimètres ; largeur, 6 à 7. — Animal inconnu.
Hab, J'ai recueilli cette espèce en abondance dans les défriche-
ments de la plantation de café d'Élima (lagune d’Assinie).
ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX DE COQUILLES VIVANTES D3
L'échantillon figuré appartient à la collection de l'École des
Mines.
GULELLA ASSINIENSIS Chaper.
pts 1017; 15
Comme la précédente cette espèce a sept tours ornés de fines
stries d’accroissement très régulières; l'ouverture est de même
forme, le bord en est déversé sur tout son contour, et s’étale
aussi sur l’avant-dernier tour en une large callosité peu épaisse,
qui se relève près de la suture où elle forme deux saillies : l’une,
tout à côté de la suture, en forme de denticule inséré sur la base
de la seconde qui se prolonge en arrière sous forme de lame droite
et tranchante; cette lame de deux millimètres et demi de long,
très oblique à l’enroulement, remonte vers l'axe et finit brusque-
ment à la rencontre d’une autre lame plus saillante encore, courbe
à peu près suivant la loi de l’enroulement, et qui va s’enfonçant
profondément en s’atténuant; elle occupe plus d’un demi-tour de
spire; le bord externe porte près de la commissure un denticule
précisément opposé au denticule précité, et, juste en face aussi
de la naissance de la première lame, il porte une saillie à large
base, à crête tranchante, se dirigeant parallèlement à ladite lame
de façon à circonscrire à l’intérieur de l'ouverture une espèce de
canal à double ouverture; la figure rend très mal compte de cette
disposition ; en remontant le long du bord externe on rencontre
quatre autres saillies : la première est le point d’aboutissement
d’une petite lame à peine visible dans beaucoup d'échantillons,
et qui se dirige obliquement sur la précédente ; la saillie suivante
plus accusée se prolonge à l’intérieur sous forme d’une lame tran-
chante, assez saillante, longue de près d’un tiers de tour, et
fortement déversée en arrière dans sa partie profonde; la troi-
sième et la quatrième correspondent aussi à deux lames remon-
tant dans l'ouverture aussi loin que la précédente, mais séparées
de leurs deux témoins marginaux par un léger espace où elles
disparaissent presque complètement; la figure, même agrandie,
rend mal compte de ces détails; les deux sillons profonds qui se
voient sur la base du dernier tour correspondent respectivement
aux lames des quatrième et cinquième saillies; la longueur ordi-
naire de la coquille adulte est de 12 millimètres, la largeur de 4.
— Animal inconnu.
54 MAURICE CHAPER
Hab. J'ai recueilli cette espèce avec la précédente dans les défri-
chements de la plantation de café d'Élima (lagune d’Assinie).
L'échantillon figuré appartient à la collection de l'École des
Mines.
SUR
LES VAISSEAUX DE LA CRISTALLOIDE POSTÉRIEURE
CHEZ LES FOETUS DE MAMMIFÈRES
Par M. Alexandre PILLIET
Chez les fœtus de Mammifères, on sait que l'artère centrale de
la rétine, qui pénètre dans le globe de l’œil avec le nerf optique,
s'épanouit immédiatement en un certain nombre de branches,
qui rayonnent sur la surface externe de la rétine, et fournissent
du sang à cette membrane, ainsi qu'à la partie postérieure du
corps vitré.
Une branche importante, l’artère hyaloïde, qui semble conti-
nuer le trajet de l'artère, perfore au contraire le corps vitré, qui
lui fournit une gaîne ou canal, étudiée par Merle en 1877, et qui
persiste toute la vie chez le Bœuf, d’après H. Müller. Elle est
accompagnée de filets nerveux, et arrive droit au pôle postérieur
du cristallin. Là elle se résout en un grand nombre de capillaires
qui parcourent toute la cristalloïde postérieure, arrivent à la
circonférence du cristallin, et là se continuent avec les vaisseaux
de la cristalloïde antérieure et de la zone de Zinn.
Ces capillaires irriguent la partie postérieure du cristallin, et la
partie antérieure du corps vitré, qui se trouve ainsi compris entre
deux cercles vasculaires.
Je voudrais attirer l'attention sur deux points relatifs à la per-
sistance de ces capillaires de la cristalloïde postérieure et à leur
structure.
Chez l’adulte, la membrane hyaloïde a perdu ses vaisseaux,
elle est anhiste et d’une transparence parfaite. On a cherché à
quel moment les capillaires sanguins disparaissaient chez le
fœtus, et on a essayé avec raison de tirer de cette connaissance
des données applicables à la détermination de l’âge des fœtus ;
56 ALEXANDRE PILLIET
on sait que la persistance anormale des vaisseaux sur la cristal-
loïde antérieure donne lieu à l’atrésie pupillaire. Kôülliker (1)
s'étend quelque peu sur cette question importante, dit-il, au point
de vue de la médecine légale, et fixe du 7° au 8€ mois, l’époque
de la disparition des capillaires hyaloïdiens; chez le fœtus humain,
Tarnier et Chantreuil (2) indiquent le 7° mois; nous avons d’abord
à vérifier cette donnée.
La préparation de la cristalloïde postérieure est simple. Elle
se sépare très facilement sur un cristallin durci par l'alcool ou
les chromates. On fend le cristallin sous l’eau, on enlève la cris-
talloïde avec une pince, et on l’étale sur une lame de verre, la
face postérieure tournée en haut. Il est alors facile de la colorer
et de la monter. Quand on l’examine, on aperçoit le réseau des
capillaires divergeant tous de son centre, comme les rayons d’une
roue, réunis par des anastomoses obliques, assez peu nombreuses
et sur un plan plus profond, correspondant à sa face antérieure
de la membrane, une série de dessins polygonaux, juxtaposés,
qui répondent à l'empreinte des fibres cristalliniennes.
Dans ces conditions, sur un fœtus humain à terme et d’un
autre très développé, mais dont l'âge n’était malheureusement
pas indiqué, que j'ai pu examiner au laboratoire d’histologie zoo-
logique de l’école des Hautes-Études, les capillaires étaient par-
faitement évidents; il en élait de même sur un fœtus de Cheval
de 67 centimètres de long et sur des fœtus à terme de Rat com-
mun et de Lemming (ou Rat de Norvège).
J'ai alors examiné des Chats nouveaux-nés, de trois portées
différentes, de mères différentes aussi, un jour ou deux après leur
naissance, sur ces trois Chats, j'ai retrouvé le réseau capillaire.
Il en a été de même sur un Lapin de quelques jours. Les vaisseaux
sont même d'autant plus larges, que l’âge des animaux est plus
avancé et ne présentent aucune trace de régression commen-
cante. Il est donc probable qu'on les retrouverait encore sur des
animaux plus âgés. Les ophthalmologistes ont signalé, Th. Sæ-
mich et W. Zehender les premiers, un certain nombre de cas de
persistance de l'artère hyaloïdienne. D’après M. Terrier, qui a
relevé ces cas (3), elle se présente alors sous l'aspect d’un tractus
noirâtre, reliant la papille au pôle postérieur du cristallin. Elle
(1) Embryologie, trad, Schneider, 1882, p. 672.
(2) Traité des accouchements, 1° et 2° fascicules, 1880.
(3) Terrier, Manuel de Pathologie chirurgicale, t, TITI, 1882,
SUR LES VAISSEAUX DE LA! CRISTALLOÏDE 97
peu contenir du sang et présenter des pulsations rhythmiques
(Galezowski) (1). Ce vice de conformation doit être plus fréquent
chez les enfants qu'on ne le croit, car déterminant fort peu de
troubles, il peut passer inaperçu.
Chez les Batraciens, les vaisseaux de la cristalloïde postérieure
qui n’ont pas d'ailleurs la même distribution ; il n'y a ni artère
hyaloïde, ni centrale de la rétine, persistent toute la vie, et ont
été étudiés comme nous le verrons tout à l'heure. Chez quelques
poissons Téléostéens, adultes, et chez des Squales marteau très
jeunes, je n’ai pas trouvé de vaisseaux, ceux de l'embryon de
Poulet sont décrits dans le Manuel de Stricker (2).
Quand on examine les capillaires de la membrane hyaloïde,
fixée par l'alcool, on voit le vaisseau rétracté, formé de ses cel-
lules endothéliales allongées, à noyau ovoïde, volumineux, à pro-
toplasma un peu granuleux, comme l'est l’endothélium chez les
fœtus. Il est contenu dans une gaîne large, dont le contour est
net, et qui présente de distance en distance des noyaux parfaite-
ment sphériques, saillants en dehors de cette gaine, ce qui les
distingue, à première vue, des noyaux allongés du capillaire, qui
font saillie dans la lumière du vaisseau. Ces détails sont d'autant
plus nets, que la cristalloïde est une membrane anhiste. Les
noyaux de cette gaîne externe, et conséquemment les cellules,
sont toujours beaucoup moins nombreux que les noyaux du
capillaire inclus. Il y a quelquefois des Leucocytes entre la gaîne
et le paroi du capillaire. Elle existe chez l'Homme, le Chat, le
Lapin, le Chameau, le Porc, le Mouton, le Rat. Quand le cristallin
a été durci par le liquide de Müller, l'acide osmique, ou qu'il est
examiné à l’état frais, cette gaine est appliquée contre le capil-
laire et ne s’en distingue qu’à la saillie excentrique de ees noyaux.
Elle est au contraire très nette sur les pièces qui ont longtemps
séjourné dans l'alcool. M. Cadiat (3) les décrit comme des capil-
laires simples.
Sur les vaisseaux persistants de la cristalloïde de la Grenouille,
il existe une gaîne semblable, décrite et figurée dans le Manuel
de Stricker (Ivanhof et Stricker), je l'ai vue également sur le Cra-
paud calamite et le Bufo agua.
(1) Galezowski, Archives d'Ophthalmologie, 1882, p. 130.
(2) Stricker, Handbuch der Lehre von den Geweben des Menschen und der Thiere.
Vienne, 1871.
(3) Cadiat, Du cristallin, Thèse d'agrégation, 1875.
DR ALEXANDRE PILLIET
Chez les Mammifères, on a trouvé cette enveloppe sur les vais-
seaux de la rétine qui, nous venons de le voir, ont la même
origine que ceux dont nous nous occupons. Hénocque (1) l’assimile
à la gaîne périvasculaire que le professeur Ch. Robin a décrite
en 1856 aux capillaires des centres nerveux. Wolfring injecta les
fentes périvasculaires de la rétine, et reconnut leur communica-
tion avec les lymphatiques. Le professeur Ranvier (2) décrit et
figure un capillaire d'un nerf périphérique, muni d'un double
revêtement endothétial, qui répond exactement aux gaînes qui
nous occupent ici, et paraît admettre que les capillaires sont par-
tout revêtus de ce périthélium, comme le nomme Eberth, que
leur fournirait le stroma conjonctif des tissus qu'ils traversent,
La cristalloïde de la Grenouille présente, de place en place, de
gros noyaux, qui répondent sans doute à des cellules fixes, mais
on ne voit rien de semblable chez les Mammifères, où cette mem-
brane est anhiste, et ne peut à priori fournir de revêtement cellu-
laire à un vaisseau. Peut-être son origine permet-elle d'expliquer
cette anomalie.
D'après Külliker (3), Kessler admet que l'hyaloïde n’est pas
primitivement une membrane spéciale, mais la substance même
du corps vitré, différenciée, servant de substance aux vaisseaux,
une cuticule, du groupe des produits. C’est aussi l'opinion de
Lieberkühn; Gayet (4) la décrit comme reliée au corps vitré par
de fins tractus cellulaires, qui lui font admettre une fusion plus
ou moins intime.
Chez un fœtus de Porc de 10 centimètres de long, j'ai pu voir
aussi, accolées à la face postérieure de la cristalloïde, des cellules
fixes, semblabes à celles du corps vitré.
Si l'on admet avec Lieberkühn et Külliker, l’origine méso-
blastique probable du corps vitré, on peut considérer la cristal-
loïde postérieure comme une membrane d’origine conjonctive,
dont toutes les cellules fixes, chez les fœtus des Mammifères,
concourent à former le revêtement périthélial des capillaires et
disparaissent avec eux.
En résumé : 1° Les capillaires de la cristalloïde postérieure des
Mammifères persistent, en général, beaucoup au-delà du terme
(1) Henocque, Rétine. Dict. encyclopédique des sciences médicales, 1876.
(2) Ranvier, Lecons sur le système nerveux, 1858, t. I, p. 250.
(3) Kôülliker, loco citato, p. 683.
(4) Gayet, Cristallin. Dict. encyclopédique des sciences médicales, 1879,
SUR LES VAISSEAUX DE LA CRISTALLOÏDE )9
indiqué dans les classiques, et à ce propos il serait curieux de
savoir s'il se réforme des vaisseaux dans le cas de la régénéra-
tion du cristallin étudiée par Millot en 1872. 2° Ils présentent une
gaine périvasculaire semblable à celle qui a été décrite dans la
cristalloïde des Batraciens, dans la rétine et dans les centres ner-
veux des Mammifères, et la membrane, hyaloïde par sa transpa-
rence et l'absence d'éléments figurés dans son épaisseur, est un
bon objet d’études pour observer cette disposition.
SUR
LA GLANDE LACRYMALE D'ENE TORTUE GEANTE
(CHELONE VIRIDIS)
Par M. Alexandre PILLIET et M'e Fanny BIGNON
Le laboratoire d’Anatomie comparée du Muséum ayant fait
l'acquisition d’une Tortue de grande taille, Chelone viridis, nous
avons pu étudier l'appareil secréteur orbitaire, grâce à la bien-
veillance de M. le professeur Pouchet qui a mis la pièce à notre
disposition.
Nous avons pu constater les faits suivants :
La cavité orbitaire, très spacieuse, se continue en arrière avec
le large canal formé latéralement par les parois du crâne. En
avant, les deux orbites se confondent, car elles ne sont pas
séparées par une cloison osseuse.
L'orbite renferme le globe oculaire, les muscles moteurs et
deux glandes, la glande lacrymale et la glande de Harder.
L'œil est protégé par trois paupières. La nictitante est bien
développée. Elle est opaque et présente vers le milieu de son bord
libre une tache demi-circulaire fortement colorée en noir par du
pigment.
Les muscles moteurs de l'œil sont courts et unis entre eux par
des lames tendineuses très résistantes. Ils forment trois couches
superposées :
1° La couche des muscles moteurs de la nictitante appliquée
sur le globe oculaire.
2° La couche des muscles moteurs des paupières supérieure
et inférieure auxquels se rattache le muscle compresseur de la
glande lacrymale.
La glande lacrymale est située à l'angle externe et supérieur de
l'orbite où elle occupe un espace pyramidal triangulaire, et
LA GLANDE LACRYMALE D'UNE TORTUE GÉANTE GI
s'étend d’arrière en avant au-dessus du globe oculaire, contre la
paroi supérieure de l'orbite. Elle a la forme d'une pyramide trian-
gulaire dont la base regarde le plancher orbitaire et dont une de
ses faces s'applique sur le globe oculaire. Cette face est néces-
sairement concave. Le sommet de la pyramide correspond à
l'angle supéro-interne de l'orbite. Sa hauteur est de 85m, la lar-
geur de sa base de 40". Son poids est de 27 grammes.
La glande lacrymale est médiatement en rapport avec le globe
oculaire et les muscles oculo-moteurs et avec les os de l'orbite;
ce sont en haut et en dehors, le post-frontal; en haut et en avant
le frontal et le préfrontal, en dedans l’ethmoïde et en bas le sphé-
noïde.
Leydig (1) a également signalé la présence de la glande lacry-
male chez les Tortues et voici la description très succincte qu'il
en donne chez le Chelone Midas : « Elle se compose de canalicules
» longs et étroits, parallèles entre eux et dichotomes. Ainsi une
» coupe verticale à travers un lobule glanduleux rappelle-t-elle
» des canalicules médullaires des reins des Mammifères. Les cel-
» lules de secrétion sont allongées et, par leur groupement, elles
» laissent libre l’âme du canalicule glandulaire. »
La glande lacrymale de Chelone viridis est immédiatement en
rapport avec le muscle compresseur qui recouvre la pyramide
glandulaire, à partir du tiers de sa hauteur jusqu'à son sommet
et par la gaîne tendineuse qui continue ce muscle et forme une
gaîne au reste de la glande, la séparant du globe oculaire et des
muscles oculo-moteurs.
Le muscle compresseur est large et mince, il a la forme d’un
triangle de 50"" de hauteur sur 28 de base. Il s'étend du sommet
de la glande lacrymale jusqu’à l’union des deux tiers antérieurs
avec le tiers postérieur de sa face supérieure; il s’insère au
moyen d'une larse lame tendineuse qui recouvre le reste de la
glande.
La glande lacrymale est d’un gris rosé, elle est composée de
tubes ou cylindres accolés du volume d’une plume d’oie; assez
analogues extérieurement à l’appendice vermiforme du cœcum
de l’homme, il se présentent sur une coupe transverse, comme
des cylindres pleins sans trace de canaux ; pourtant, par la pres-
sion, on fait sourdre, au centre de la surface de section, un liquide
() Levdig, Traité d'Histologie de l'homme et des animaux. Paris, 1866. — Voir
page 280.
62 ALEXANDRE PILLIET ET Mlle FANNY BIGNON
épais, ayant l'aspect et la consistance du miel jaune. Ces tubes
répondent aux lobules ou grains d'une glande acineuse, ce sont
de véritables lobes distincts. Sur la coupe transverse d’un de ces
lobes examinée à un faible grossissement, on voit qu'il est con-
stitué par des glandes simples en tubes, convergeant de la péri-
phérie au centre, où se trouve un canal central entouré de gros
vaisseaux, ces glandes ont chacune environ 200 4 de long, sur
une largeur de 20 à 304. Sur une coupe parallèle à l’axe longitudinal
du lobe primitif et par conséquent transverse des glandes, elles
apparaissent assez régulièrement rondes ; ces glandes s’abouchent
par petits groupes dans des canalicules excréteurs qui sont 2 à 4
fois plus larges qu’elles et continuent d’abord leur direction; puis
se coudent brusquement et vont se jeter dans le canal excréteur
qui occupe le centre de chaque lobe. Les glandes simples en
tube sont minces et allongées, serrées les unes contre les autres,
non ramifiées, elles sont séparées par une charpente connective
fort grêle qui sert de support à des capillaires nombreux. Ceux-ci
ont la même direction que les glandes; ils rayonnent de 7à 8 gros
vaisseaux situés au centre des gros lobes composant la glande
lacrymale et vont se jeter dans les veines accolées à la paroi du
lobe dont nous allons parler tout à l'heure.
Chaque glande en tube est donc entourée de capillaires. Elle
offre à considérer une paroi et des cellules. La paroi ou membrane
propre de la glande est mince et réfringente, à peu près transpa-
rente, très finement grenue par places.
Dans les préparations colorées par l'hématoxyline on distingue
de place en place dans cette cuticule des noyaux allongés répon-
dant à des cellules membraneuses comme celles que Fr. Boll a
décrites dans la cuticule des glandes gastriques. L'épithelium est
composé de cellules cubiques disposées sur un seul rang le long
de la paroi, petites et serrées, à contours peu distincts, à cyto-
plasma chargé d'un fin granulé gris abondant. Le noyau situé au
centré de l'élément est petit et sphérique, se colore fortement par
les réactifs spéciaux; les cellules remplissent toute la glande, n'y
laissant pas de lumière centrale apparente. A l'endroit où la
glande s'abouche dans le canal excréteur plus large, comme nous
l'avons vu, ces éléments font place à des cellules prismatiques
allongées, évasées à leur extremité libre, à noyau ovale, situé
vers la base effilée de l'élément ; elles sont disposées sur un seuil
rang, sans cellules de remplacement visibles à leur base, et rem-
plies dans toute leur hauteur de granulations fines aussi abon-
LA GLANDE LACRYMALE D'UNE TORTUE GÉANTE 63
dantes que celles qu'on voit dans les cellules des glandes séreuses,
le canal excréteur central est rempli de tels éléments desqua-
mis, qui forment, du moins sur l'animal que nous avons vu, et
quelques heures après la mort, la plus grande partie de liquide
excrété et lui donnent cet aspect concret que nous avons si-
gnalé.
Chacun de ces canaux excréteurs unique pour chaque tube ou
lobe dont il suit l’axe est très étroit à l'origine du tube. Il se pré-
sente au contraire comme une grande fente allongée dans la partie
de la glande qui avoisine la conjonctive.
Plusieurs de ces canaux centraux se réunissent à ce niveau, et
de ces abouchements résulte le canal excréteur commun de toute
la glande qui vient s'ouvrir sous la paupière supérieure à la partie
supérieure et externe de l’hémisphère antérieur de l’œil. L’orifice
de ce canal a 3"" de diamètre. Le tissu conjonctif, rare entre les
glandes en tubes, se trouve au contraire assez dense, avec des
faisceaux de fibres bien développés, au centre des lobes où il
forme un cordon plein dans lequel sont creusés et le canal excré-
teur et les vaisseaux disposés en couronnes autour de lui, recevant
les capillaires interglandulaires dont la direction est perpendicu-
laire à la leur. Le revêtement externe de chacun des tubes prin-
cipaux de la glande lacrymale est constitué ainsi qu'il suit
l’aponévrose qui entoure toute la glande envoie des dédouble-
ments tractus celluleux, minces, qui engaïnent et isolent chacun
de ces lobes; ils possèdent de plus une paroi propre sur laquelle
s’implantent les culs-de-sacs des glandes en tube, cette paroi est
constituée superficiellement par des faisceaux de fibres conjonc-
tives à direction annulaire, plus profondément par un riche réseau
élastique; de gros sinus veineux remplis de sang sont accolés à
sa surface.
Cette glande est pour les glandes en tubes composées un type
complet défini, comme l’est une glande salivaire pour le groupe
des glandes acineuses. Ce type manque chez l'Homme et chez les
Vertébrés supérieurs : les glandes en tube de l'appareil digestif
ne sont point disposées en organes isolés. Le foie dérive du même
type lorsque l’on considère chaque traînée de cellules hépatiques
comme une glande en tube sans membrane propre ayant un ré-
seau capillaire périphérique et un canal excréteur central qui est
le canalicule biliaire. Cette disposition admise depuis les travaux
de Hering et de Eberth sur le foie des Couleuvres est surtout ma-
nifeste chez les Chéloniens dont nous nous occupons ici; mais
64 ALEXANDRE PILLIET ET M!® FANNY BIGNON
elle s’écarte notablement de la glande en tube conglomérée nette
dont nous parlons.
Les capsules surrénales peuvent donner une idée générale de
l'aspect de l’organe que nous décrivons; mais l'absence des voies
d'excrétion, la forme des cellules ne permettent d'établir une ana-
logie que dans les examens où l’on use de très faibles grossisse-
ments Chez les Vertébrés d'un ordre inférieur nous serons plus
heureux dans nos recherches.
La glande de Harder du Canard, décrite par Mac Leod (1), a
quelques ressemblance avec cette glande lacrymale de la Tortue.
L'auteur a trouvé la même structure dans la glande de la Cor-
neille et nous l’avons également rencontrée dans celle des Échas-
siers. M. Mac Leod considère que les glandes venimeuses du Naja
haje, la glandula labialis superior de la Couleuvre à collier (Tropi-
donotus natrix), enfin la glande venimeuse de la Vipera berus se
rapprochent des précédentes par leur structure, et il ajoute que
les glandes de Meibomius peuvent établir un passage vers la
glande en grappe, car elle est composée d’acini disposés autour
d’un canal excréteur commun.
La description que M. Mac Leod donne de la glande de Harder
du Canard ressemble un peu à celle de la glande lacrymale de la
Chelone viridis, mais les glandes en tubes sont beaucoup plus
courtes. Chacun des lobes isolés qui compose cette glande est
soudé à ses voisins. Enfin toutes les glandes convergent vers une
large cavité centrale et non vers un canal excréteur à parois
distinctes. Quant aux vaisseaux, M. Mac Leod se borne à dire
qu'ils sont nombreux, mais qu'il n’a pu en étudier la distribution.
Mais la glande qui ressemble le plus à celle que nous décrivons
ici, du moins au point de vue histologique, c'est la glande super-
anale des Sélaciens, dont la structure et le développement ont
été mis en lumière par M. Raphaël Blanchard (2). Sur des coupes
de ces deux organes, l’aspect des glandes en tubes, de l’épithe-
lium est presque identique, mais l’analogie cesse au point de vue
morphologique; la glande des Sélaciens, au lieu d’avoir l'aspect
d’un peloton de vers, est simple, linéaire et peut être considérée
comme un seul lobe très court et très renflé. On voit que cette
(1) J. Mac Leod, Sur la structure de la glande de Harder du Canard. Bulletin de
l'Académie de Belgique, juin 1879.
(2) Raph. Blanchard, Mittheilungen über den Bau und die Entwickelung der
sogenannten fingerformigen Drüse bei den Knorpelfischen. Schenk’'s Mittheilungen
aus dem embryologischen Institute an der Wiener Universität, I, p. 179-192, 1878.
pÂAa
LA GLANDE LACRYMALE D'UNE TORTUE GÉANTE 6
disposition des glandes en tubes individualisées en un organe
distinct et complet n’est pas fréquente chez les Vertébrés, puis-
que les exemples que nous trouvons chez les Oiseaux, les Reptiles
et les Poissons sont jusqu'ici à l’état d’exceplion. Mais, si cette
forme complète et schématique est rarement réalisée, nous
trouvons un certain nombre d'organes, même chez l'Homme, qui
rappellent de loin cette disposition. Les tubes du rein ne s’en
écartent que par leur irrigation sanguine, nous avons parlé du
foie et du tube digestif.
On voit donc que, si chez les Mammifères, les glandes indivi-
dualisées en organes complets (glandes salivaires, pancreas, pros-
tate, etc.) présentent la forme acineuse, il existe encore un certain
nombre de glandes en tubes qui peuvent être rattachées aux
glandes en tubes conglomérées que l’on observe chez les Verté-
brés inférieurs.
La glande de Harder du Chelone viridis est située à l'angle
interne de l'orbite. Elle est ovoide et a à peu près le volume d'une
amande. Sa face supérieure convexe est en rapport avec le pré-
frontal, sa face inférieure concave s'applique sur le globe oculaire
dont elle est séparée par deux des couches musculaires dont nous
avons parlé plus haut : couche des muscles moteurs de la nicti-
tante, couche des muscles droits et des obliques. L’organe est
protégé par une gaîne aponévrotique très résistante.
Cette glande se divise en deux portions, l’une acineuse, l’autre
aréolaire.
La structure de la première est celle d’une glande séreuse à
acinis simples, absolument sembiables aux glandes séreuses sali-
vaires, sublinguales, etc., des Mammifères et que nous pouvons
rapprocher de la glande de Harder du Chameau, par exemple,
séreuse, elle aussi. Nous n'en ferons donc pas la description qui
est bien connue : cellules pyramidales à base large appliquées
contre la paroi glandulaire, remplies par de fines granulations qui
ne sont pas pourtant assez abondantes pour masquer le noyau
sphérique accolé à la base de l'élément; canaux excréteurs à
cellules striées dans le sens de leur longueur. La seconde portion
de la glande est formée par un système de grandes cavités dispo-
sées autour de la portion acineuse, tapissées d’une seule couche
de cellules et qui doivent servir de réservoir aux produits. Nous
n'avons pas trouvé le canal excréteur.
La conjonctive qui double la paupière supérieure au point de
l'abouchement de ces glandes présente des plis longitudinaux
)
66 ALEXANDRE PILLIET ET M° FANNY BIGNON
épais, qui séparent des crêtes revêtues d'épithelium pavimenteux
stratifié. Il n’y a pas de glandes dans son épaisseur.
Tel est l'appareil sécréteur orbitaire de la Tortue.
EXPÉRIENCES SUR LE ROLE DES PALPES
CHEZ LES
ARTHROPODES MAXILLÉS
PREMIÈRE PARTIE
PALPES DES INSECTES BROYEURS
Par Félix PLATEAU
Professeur à l’Université de Gand,
Membre de l’Académie royale de Belgique,
de la Société Zoologique de France, etc.
INTRODUCTION
$ 1. Rôle des antennes.
Il est peu de bibliographies plus étendues que celle qui con-
cerne les organes céphaliques (organes sensoriels et organes
buccaux) des Arthropodes. Presque tous les naturalistes se sont
occupés de ce sujet à un moment donné de leur carrière scien-
tifique; les uns au point de vue morphologique, d’autres au point
de vue physiologique.
L'étude de la forme et de la disposition des organes céphaliques
a été poussée très loin; la plupart des observateurs recherchant
surtout des caractères nets pour les classifications.
L'étude physiologique qui exige les aptitudes et la tournure
d'esprit spéciales de l’expérimentateur à fait des progrès moins
GK FÉLIX PLATEAU
rapides. Malgré des travaux de valeur, il reste encore bien des
questions à résoudre.
Si, parmi les organes sensoriels, on laisse de côté leswenx er
si, parmi les organes buccaux, on excepte les mandibules, dont
les rôles ne sont pas douteux, les seuls appendices céphaliques
restants pour lesquels on possède, aujourd'hui, des résultats à
peu près positifs basés sur des recherches expérimentales bien
faites sont les antennes.
Les nombreuses expériences de Rosenthal (1), A. Dugès (2),
A. Lefebvre (3), H. Kuster (4), Slater (5), Ed. Perris (6), Dônhoff (7),
Cornalia (8), A. Forel (9), Hauser (10) et Kraepelin (11) parais-
sent démontrer, en effet, que les antennes des Insectes el des
Myriopodes sont le siège de l’odorat (12).
(1) Rosenthal, Ueber den Geruchssinn der Insekten. Archiv für die Physiologie
von Reil und Autenrieth, X, p. 427-439, Halle 1811.
(2) Dugès, Traité de Physiologie comparée, 1, p. 161, 1858.
(3) Lefebvre, Expériences sur le sentiment olfactif des antennes. Ann. de la Soc.
entom. de France, 3° cahier, 1838 et Ann. des Sc. nat. (2), XI. p. 191, 1839.
(4) Kuster, Zoologische Notisen. Die Fühlhôrner sind die Riechorgune der Insec-
ten. Isis von Oken, colonnes 647-655, 1841.
5) Slater, Ueber die Function der Antennen bei den Insekten. Froriep's Notizen,
III, n° 155, p. 6-8, 1818 (Cité par Kraepelin,.
16) Perris, Mémoire sur le siège de l'odorat dans les Articulés. Actes de la Société
Linnéenne de Bordeaux, XVI, 3 et 4° livraisons, 1850 et Ann. Sc. nat. (3), XIV.
p. 119-178, 1850.
(7) Düuhoff, Bienenzeitung, p. 231, 1854 et p. 44, 1855 (Cité par Kracpelin).
(8) Cornalia, Monografia del Bombice del Gelso. Mémorie d. R. Istituto lombardo
di scienze, VI, pp. 304 et 305. Milan, 1856.
(9) Forel, Der Giftapparat und die Analdrüsen der Ameisen. Zeitschr. f. wiss,
Zoologie, XXX. Note de la page 61.
Id., Beitrag zur Kenntniss der Sinnesempfindungen der Insekten. Mittheilungen
des Münchener entomologischen Vereins, 1878, p. 18 et suiv.
Id., Les Fourmis de la Suisse. Nouveaux mémoires de la Société helvétique des
Sciences naturelles, XXVI, p. 119. Zurich, 1874,
Id., Études myrmécologiques en 188%. Bulletin de la Soc. vaudoise des Sciences
naturelles (2), XX, n° 91, p. 334 et 335, février 1885.
(10) Hauser, Physiologische und histologische Untersuchungen über das Geruchs-
organ der Insekten. Zeitschr. f. wiss. Zoologie, XXXIV, 1880 (Une traduction fran-
caise a été faite par H. Gadeau de Kerville. Bullet. de la Soc. des amis des Sc.
nat. de Rouen, 1881, 1‘ semestre).
(11) Kraepelin, Ueber die Geruchsorgane der Gliederthiere. Osterprogramm der
Realschule des Johanneums, p. 25. Hamburg, 1883.
(12) J'ajoute, pour mémoire, un travail de Mayer /Researches in Acoustics. Ameri-
can Silliman Journal, (3), VII, 1874) où l’auteur arrive à cette conclusion que les
antennes des Insectes seraient des organes auditifs, et une notice de C.-J.-A. Porter
(Erperiments withthe Antennæ of Insects. American Naturalist, XVIL, n° 12, p. 1255:
PALPES DES INSECTES BROYEURS 69
Je ne cite pas les travaux purement anatomiques, quoique très
intéressants et souvent fort bien conçus, ils ne suffisent pas au
physiologiste; celui-ci demande, avec raison, qu’on résolve les
problèmes concernant les organes sensoriels par des expériences
aussi variées que possible.
Les auteurs dont je viens d'énumérer les travaux l'ont parfai-
tement compris, aussi ont-ils réussi, non seulement à accumuler
des preuves de la localisation du sens olfactif dans les antennes,
mais en outre à renverser les deux hypothèses de la perception
des odeurs par les stigmates ou les trachées et de l’existence d’un
organe de l’odorat à l'entrée du tube digestif, sur le palais.
Pour les Crustacés, je ne crois pas qu'aucune étude expérimen-
tale importante ait été tentée depuis les recherches de V. Hen-
sen (1). Celles-ci semblent prouver que l'organe de l'ouïe réside
dans les antennules ou antennes internes de la plupart des Crus-
tacés décapodes (2).
Le lecteur voudra bien remarquer, à ce propos, que les anten-
nules des Crustacés ne sont pas les homologues des antennes des
Insectes.
Nos connaissances sur le rôle des appendices antennaires sont
donc très avancées. En dehors de cela, pour celui qui ne se borne
pas à lire quelques traités généraux, mais qui veut arriver à la
vérité, tout le reste est vague, est incomplètement observé ou
n’a pas été observé du tout.
Quand on voit combien des faits simples, tels que la façon
dont les Crustacés décapodes utilisent leurs pièces buccales lors
de la mastication, sont faussement interprétés et inexactement
décrits, on se demande si les auteurs qui recopient successive-
1883) renfermant la description d'expériences peu sérieuses et se terminant par
l'énoncé que les antennes des Insectes ne sont le siège d'aucun des cinq sens
ordinaires.
Quant aux recherches de Sir John Lubbock /Ants, Bees and Wasps. Third Édition.
London, 1882), celui qui les lira avec attention et sans parti pris devra admettre que
malgré toute l’habileté du célèbre naturaliste, ce dernier n’est arrivé, pour les
antennes, à aucun résultat réellement net. Ainsi, après avoir cherché inutilement à
s'assurer si les Fourmis perçoivent les sons, Lubbock persiste, sans preuves expé-
rimentales, à décrire les antennes de ces Insectes comme organes de l'audition, ete.
(A) Hensen. Studien üb. d. Gehôrorgan d. Decapoden. Zeitschr. f. wiss. Zoolo-
gie, XIII, pp. 319-112, 1863.
(2) Paul Bert n’admet pas que les organes étudiés par Hensen soient des organes
auditifs. D’après lui leur suppression n’abolit pas l'audition {Cours de 1869 sur les
sensations. Notice sur les travaux scientifiques de M. Paul Bert, p. 37. Nov. 1838).
7Ù FÉLIX PLATEAU
ment les mêmes erreurs se sont jamais donné la peine d'examiner
attentivement un animal vivant.
Je publierai peut-être un jour un travail d'ensemble sur les
fonctions réelles des divers appendices buccaux. Pour le moment,
je me borne à détacher de cette étude les résultats que m'ont
fourni un certain nombre d'expériences sur les palpes des Arthro-
podes maxillés.
Quoiqu'il existe des descriptions très claires, celles de Huxley,
par exemple, les traités généraux de zoologie et, par suite, la
grande majorité des naturalistes confondent sous le nom commun
de palpes des organes qui sont loin d’être toujours homologues.
Tandis que les palpes des Insectes, des Myriopodes chilopodes
et des Aranéides représentent en somme des pattes modifiées, les
palpes qui accompagnent les pièces buccales des Crustacés déca-
podes appartiennent à deux catégories différentes : ceux que por-
tent les mandibules et les mâchoires de première et de deuxième
paire ont encore la valeur morphologique des palpes des Insectes ;
ceux qu'on observe sur les trois paires de pattes-mâchoires sont,
au contraire, des appendices d’un: toute autre nature. J'aurai
probablement l'occasion de revenir plus longuement sur ce sujet
dans la deuxième partie de ces recherches. Dans le travail actuel
je ne m'occuperai que des palpes des Insectes.
$ 2. Théories diverses concernant les palpes des Insectes.
Les opinions émises par les auteurs sur le rôle des palpes
maxillaires et labiaux des Iusectes sont au nombre de quatre.
À. — Straus-Durckheim (1) admet que les palpes sont le siège
d’un sens spécial inconnu, qui ne serait ni le goût ni l’odorat.
B. — Knoch (2), pour les palpes labiaux, Lesser (3), Léon
Dufour (4) et Packard (5) pour les palpes en général, suppo-
(1) Straus-Durckheim, Considérations générales sur l'anatomie comparée des ani-
maux articulés, p. 427. Paris, 1828.
(2) Knoch, in Lehmann, De sensibus externis animalium exsanquium, insectorum
scilicet ac vermium, commentatio. Goettingæ, 1798.
(3) Lesser, Théologie des Insectes, IX, p.8. La Haye, 1742.
(1) Léon Dufour, Recherches anatomiques sur les Carabiques et sur plusieurs
autres Coléoptères. Ann, des Sc. nat., (1), VIII, 1826.
(5) Packard, First annual Report of the United States entomological Commis-
sion for the year 1877, p. 272. Washington, 1878.
PALPES DES INSECTES BROYEURS ul
sent que ces organes servent à la perception des saveurs (1).
CG. — Lyonnet (2), Bonsdorff (3), Knoch (4) (palpes maxillaires),
Marcel de Serres (5), Lamarck (6), Newport (7), Driesch (8),
Perris (9) et Cornalia (10) rangent les palpes parmi les organes de
l’odorat; soit qu'ils admettent que ces appendices servent seuls
à la perception des odeurs, soit qu'ils croient, comme Perris et
Cornalia, que les palpes partagent la sensibilité olfactive avec les
antennes.
D. — Geoffroy (11), Comparetti (12), Cuvier (13), A.-M.-C. Dumé-
ril (14), Burmeister (15), Brullé (16), Lacordaire (17), Dugès (18),
(1) Treyiranus, Vermischte Schriften anatomisch und physiologischen Inhalts, IL,
p.150. Bremen, 1817. Regarde les palpes comme étant probablement à la fois des
organes du toucher et du goût.
(2) Lyonnet, dans Lesser, Théologie des Insectes, op. cit., I, p. 8, en note.
(3) Bonsdorff, Fabrica usus et differentiæ palporum in insectis, Dissertatio.
Aboæ, 1792.
(4) Knoch, Op. cit.
(5) Marcel de Serres, De l'odorat et des organes qui paraissent en étre le siège
chez les Orthoptères. Annales du Muséum, XVII, p. 435, 1811.
(6) Lamarck, d'après Driesch. Du reste Lamarck a varié et j'aurais autant de
raison de le comprendre dans la catégorie suivante, B. En effet, dans son Histoire
naturelle des animaux sans vertèbres, III, p. 265 (Paris. 1816), il place évidem-
ment les palpes parmi les organes du toucher.
(7) Newport, On the use of the Antennæ of Insects. Transactions of the entomo-
logical Society, IT, p. 229-248, 1837-1810 (d'après Kraepelin).
(8) Driesch, Odorat des Insectes. Journal l’Institut, T° année, n° 291, 15 août 1839,
page 279.
(9) Perris, Op. cit., p. 32.
(10) Cornalia, Op. cit. p. 308.
(11) Geoffroy, Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de
Paris lp Paris AG:
(12) Comparetti, Dinamica animale degli insetti, IT, p. 4142. Padova, 1800.
(13) Cuvier, Lecons d'anatomie comparée, ILE, p. 300. Paris, 1805 ; Le Règne ani-
mal distribué d'après son organisation, TI, p. 4. Paris, 1817.
(14) Duméril, Considérations générales sur la classe des Insectes, page 9. Paris,
1823; Eléments des Sciences naturelles, 4 édition, II, Zoologie, p. 78. Paris,
1830.
(15) Burmeister, Handbuch der Entomologie, I, p. 60. Berlin, 1832.
(16) Brullé, Observations sur la bouche des Libellules, Ann. Soc. Entom. de France,
Il, p. 345, 1833; Anatomie et physiologie des. animaux articulés dans Histoire
nat. des Ins. coléoptères de Castelnau, I, p. IX. Paris, 1840.
(17) Lacordaire, Introduction à l’entomologie (suites à Buffon), I, p. 307. Paris,
1834.
(18) Dugès, Op. cit., I, p.124.
F1 FÉLIX PLATEAU
C.-G. Carus (1), R. Owen (2), Frey et Leuckart (3), C.-Th. von
Siebold (4), Th. Rymer Jones (5), Snellen van Vollenhoven (6),
Em. Blanchard (7), P. Harting (8), Schmarda (9), Maurice Girard (10),
Milne-Eawards (11), Gegenbaur (12), Graber (13), J. Chatin (14),
Künckel d'Herculais (15)}et Claus (16) admettent tous que les palpes
sont des organes tactiles contrôlant les aliments par le toucher.
Geoffroy, le premier sur la liste, les comparait à des mains;
Graber, un des derniers, leur trouve de l’analogie avec des doigts
très mobiles. La plupart de ces auteurs disent, en outre, que les
Insectes se servent de leurs palpes pour diriger les bouchées ou
pour ramener dans le cercle d'action des mandibules les frag-
ments de substances alimentaires qui pourraient tomber. Ainsi,
J. Chatin, en parlant des palpes maxillaires des Termites, sup-
pose qu'ils agissent à la manière d'une pelle, rassemblant les sub-
stances alimentaires et les jetant rapidement vers l’orifice buccal (17).
‘1) C.-G. Carus, Traité élémentaire d'anatomie comparée, trad. par Jourdan,
p. 208. Bruxelles, 1839.
(2 Owen, Lectures on the comparatite anatomy and physiology of invertebrate
animals, p. 215. London, 1843.
(3) Frey et Leuckart, Lehrbuch der anatomie der Wirbellosenthiere dans Lehr-
buch der Zootomie de R. Wagner, p. 58. Leipzig, 1847.
4) Sicbold, Manuel d'Anatomie comparée, trad. par Spring et Lacordaire.
l'e partie, p. 572. Paris, 1819.
(5) Th. Rymer Jones, General outline of the organisation of the animal King-
dom, second edition, p.358. London, 1855
(6) Snellen van Vollenhoven, Gelede Dieren dans De Dieren van Nederland, p. 9.
Haarlem, 1860.
(5) Em. Blanchard, Métfamorphoses, mœurs et instincts des Insectes, p. 113. Paris,
1868.
(8) Harting, Leerboek der Vergelijkend2 Ontleedkunde. Erste deel. Morphologie
der ongewervelde dieren., p. 693. Tiel, 1871.
(9) Schmarda, Zoologie, 1° édition, II, p. 76. Vienne, 1872.
(10) Girard, Traité élémentaire d'entomologie, I, p. 212. Paris, 1873.
(11) Milne-Edwards, Lecons sur la physiologie et l'anatomie comparée de l'homme
et des animaux, XI, p. 434. 1874.
(12) Gegenbaur, Manuel d'anatomie comparée, trad. par C. Vogt, p. 362. Paris,
1874; Grundriss der vergleichenden Anatomie. Ziweite Auflage, p. 259. Leipzig, 1878.
(13) Graber, Die Insekten, 1. Theil, p. 300. München, 1877.
(14) Chatin, Les organes des sens dans la série animale, p. 131. Paris, 1880; Sur
les appendices de la mâchoire chez les Insectes broyeurs. Comptes-rendus de
l'Acad. des Sciences de Paris, XCIX, p. 940, 1881.
(15) Künckel d'Herculais, Édition française des Insectes de Brehm, I, p. 27. Paris,
1882,
(16) Traité de Zoologie, 2 édition française, p. 616. Paris, 1873.
A7) 3, Chatin, Op. cit., Comptes-rendus, XCIX, p. 910.
PALPES DES INSECTES BROYEURS 19
Si maintenant on considère les noms qui ont été donnés à ces
organes dans diverses langues, en français Palpe (de palpare,
toucher doucement), en allemand Taster (de tasten, tàter, palper),
en anglais Feeler (de feel, sentir par le toucher), en hollandais
Voelertje (de voelen, sentir, tâter), on retrouve partout l'idée
dominante d’appendices tactiles explorateurs.
Si, enfin, on consulte les dictionnaires d'histoire naturelle, on
y rencontre au mot palpe des définitions qui reproduisent encore,
à quelques variantes près, la même interprétation.
Suivant l'opinion du plus grand nombre, en un mot suivant
l'opinion vulgaire, les palpes sont donc des organes dont les
Insectes maxillés ne sauraient se passer dans les différents actes
de la préhension des aliments et de la mastication. Constamment
en mouvement, les palpes tâteraient les aliments, maintiendraient
ceux-ci en place devant les mandibules, etc. (1).
C’est cette opinion basée, en somme, sur de simples hypothèses
et sur des observations très superficielles que j'ai voulu contrôler
sérieusement par des expériences variées.
J'indique ci-dessous la marche générale que j'ai suivie.
$ 3. Procédés employés par l’auteur.
Les quelques expériences faites, jusqu’à présent, sur les palpes,
par mes prédécesseurs, se réduisent à si peu de chose que l’on
peut, en quelque sorte, considérer la question comme tout-à-fait
neuve.
J'ai employé les procédés suivants, en m'inspirant surtout des
recherches ingénieuses de Hauser sur les antennes.
1° L'observation directe à la loupe. L'Insecte est placé dans un
bocal de verre bien transparent et contenant une petite couche
de sable fin, humide et tassé. On lui donne de la nourriture près
de la paroi du vase; puis, dès qu'il mange, on installe, au voisi-
nage du bocal, une loupe sur pied articulé. Si les circonstances
s’y prêtent, on peut ainsi observer, à loisir, les mouvements des
pièces buccales et la manière dont se comportent les palpes.
20 L’ablation aussi complète que possible des palpes maxil-
laires, des palpes labiaux ou des deux paires à la fois. Cette opé-
ration se fait sous une loupe, afin de la pratiquer avec certitude
et sans léser les organes voisins.
(1) Voyez, par exemple, Lacordaire, Op. cit, p. 307.
71 WÉLIX PLATEAU
Ceci terminé, il faut bien se garder d'offrir de la nourriture
immédiatement, L'animal qui à été effrayé et qui souffre pro-
bablement de ses blessures, refuscrait les aliments, et les
conclusions que l’on tirerail de ce refus seraient sans aucune
valeur (1).
Il est nécessaire d'allendre un ou plusieurs jours, pendant les-
quels, tout en maintenant 1cs Insectes terrestres dans une humi-
dité relative convenable à l'aide du sable légèrement mouillé de
leur bocal, on les fait jeñûner d’une façon absolue.
Dans ces conditions, les petites plaies 8e cicatrisent, les Insectes
ont faim, et si on leur présente à manger on est certain de voir
comment ils vont 8'y prendre pour satisfaire leur appétit, C’est
alors que l'on peut constater, toujours à l'aide de la loupe, si les
palpes sont nécessaires à la préhension des aliments.
Hauser, dans ses belles recherches sur les fonctions des an-
tennes, tantôt coupail ces appendices, tantôt les trempait dans
de la paraffine fondue. J'ai essayé aussi ce second moyen; mais
bien que j'aie préparé des mélanges très fusibles de parafline et
de vascline, j'ai dû, après quelques tentatives, renoncer à les uti-
liser. Les palpes sont ordinairement trop courts ; de plus, la pa-
‘affine y adhère mal.
3° Si l’Inscecte privé d'une partie ou de la totalité de ses palpes
fait effectuer à 8es mâchoires et à ses mandibules des mouve-
ments qui permellent de supposer qu'il mange, cela ne suffit pas
à l'observateur consciencieux pour se former une conviction.
Celui-ci doit encore s'assurer si l'individu a réellement ingéré de
la nourriture.
A cet effet, après avoir tué l’Insecte par la vapeur de chloro-
forme, on examine au microscope le contenu du tube digestif.
L'animal ayant élé, on le sait, soumis avant l'expérience à une
diète complète, l'observation des substances renfermées dans le
canal digestif et surtout dans les premières parties de ce canal,
fournit ordinairement une réponse nette.
4° Enfin j'ai eu recours, comme méthode plus démonstralive
encore, au procédé employé successivement par Newport (2),
(1) À une époque où je n'étais pas encore nettement fixé sur la marche à suivre,
j'ai plusieurs fois négligé la précaution ci-dessus indiquée de faire reposer les
Insectes à jeun après l'amputation des palpes. Gette négligence explique quelques-
uns de mes insuccès,
(2) Newport, Insecta. Todd's Gyclopædia of Anatomy and Physiology, IE, p. 975,
London, 1839,
#
,
PALPES DES INSECTES BROYEURS 7
©
Carlo Bassi (1), Émile Blanchard (2) et A. Forel (3) qui méiangè-
rent des matières colorantes à la nourriture de divers Insectes
(Vanesses à l’état parfait, Vers à soie, chenilles de Vanesses,
larves de Hanneton et Fourmis) dans le but de retrouver ces
substances dans certains organes.
Je saupoudre, ou mieux j'imprègne la nourriture animale ou
végétale de carmin pur en poudre très fine. Quand l’Insecte
mange véritablement, on trouve, lorsqu'on le sacrifie après le
repas, l’intérieur du tube digestif rempli d'une colonne de matières
en digestion d’un rouge plus ou moins intense.
Les paragraphes suivants contiennent l'exposé des expériences
effectuées d’après les principes que je viens d'indiquer. Plusieurs
descriptions sembleront peut-être longues ; certains détails paraî-
tront répétés trop souvent. Ayant à convaincre le lecteur par des
faits, je n'ai rien voulu négliger de ce qui pouvait rendre les
démonstrations complètes.
FI
COLÉOPTÈRES
$S 4. Carabus auratus.
Observation 1. Cette observation date de 1873 et a été publiée
dans mon Mémoire intitulé : Recherches sur les phénomènes de la
digestion chez les Insectes (4). Noyée dans un travail étendu, elle a
naturellement passé inaperçue. Pour ce motif et aussi parce
qu'elle m’a suggéré l’idée des recherches actuelles, je me permets
de reproduire intégralement le passage qui la concerne :
J'avais donné un morceau de viande crue à un Carabus au-
ratus placé dans un bocal de verre. Une loupe à pied articulé
située près de la paroi du bocal permettait d'examiner facilement
tous les actes du Coléoptère. « Le premier phénomène qui frappe
(1) Bassi, Rapporto alla sezione di zoologia, anatomia comparata e fisiologia
del congresso di Venezie, 1847. :
(2) E. Blanchard, De la circulation du sang et de la nutrition chez les Insectes.
Comptes rendus Acad. sc. de Paris, XXXIII, p. 367-369, 1851.
(3) Forel. Les Fourmis de la Suisse. Op. cit., p. 110.
(4) Mém, de l’Acad. roy. de Belgique, XLI, 1874, page 8 des tirés à part.
76 FÉLIX PLATEAU
» l'observateur, c'est l'alternance parfaitement régulière des
» mouvements des mandibules et des mächoires. Pendant que
» les mandibules se rapprochent pour couper un fragment de
» chair, les mâchoires s’écartent ; lorsque les mandibules s’écar-
» tent à leur tour, les mâchoires se rapprochent, poussant la bou-
» chée dans la cavité buccale, puis elles divergent, tandis que
» les mandibules convergent de nouveau et ainsi de suite.
» Durant chaque écart des mandibules, la tête et même le
» corps de l’Insecte avancent un peu, de sorte qu'il y a, dans
» l’ensemble de ces mouvements, quelque chose d’analosue aux
» allures d’un ruminant qui tond un pré.
» On considère généralement les palpes comme étant d’un cer-
» tain secours dans la préhension des aliments, soit en dirigeant
» les parcelles de nourriture vers la bouche, soit en maintenant
» en place les substances soumises à l’action des mandibules.
» Mais lorsqu'un Carabe mange, on voit les palyes dirigés en arrière
» de chaque côté de la tête, trainer passivement sans effectuer de mou-
» vements sensibles. Chez lui, au moins, les palpes n'ont donc pas l'un
» des usages principaux que l’on attribue à ces organes. »
Observ. 2 (1883). À dix ans d'intervalle el ayant naturellement
acquis plus d'expérience par la mise en œuvre d'une série de tra-
vaux, je place de nouveau un Carabe dans les mêmes conditions.
L'observation se fait, comme toujours, à la loupe.
Le résultat est identiquement le même : les mandibules et les
mäâchoires sont en action, mais les palpes restent inactifs. Les
palpes maxillaires n’exécutent que passivement les oscillations
que leur impriment nécessairement les mouvements des mà-
choires.
Observ. 3, — On coupe les palpes des deux paires à un Carabus
auratus g et on le laisse reposer à jeun pendant 24 heures.
On lui donne ensuite un morceau de viande crue ; l’Insecte se
jette sur cette proie avec avidité et mange activement sans discon-
tinuer.
Au bout de quarante minutes pendant lesquelles le Carabe n’a
pas abandonné son repas, on le tue par le chloroforme pour le
disséquer. L'étude microscopique du contenu du jabot fait retrou-
ver de nombreuses petites bouchées de viande. Des aliments
en digestion sont déjà passés dans l'intestin moyen et le disten-
dent,
PALPES DES INSECTES BROYEURS ul
Observ. 4. Un deuxième Carabus auratus £ privé de ses palpes
et à jeun depuis 24 heures reçoit un morceau de viande. Même
avidité à manger que dans le cas précédent. Le Coléoptère est tué
après 15 minutes. Ce temps étant relativement court, le jabot
ne renferme encore que quelques bouchées, mais très divisées.
Observ. S. Un Carabus auratus $, sans palpes et ayant jeûné
48 heures, mange de la viande de Porc crue très grasse et qu'il
attaque par la graisse. Une circonstance m'ayant obligé à le tuer
trop tôt, je ne trouve qu'un peu de graisse dans le jabot.
$ 5. Omaseus melanurus, Nebria brevicollis.
Observ. 6. On coupe, sous la loupe, les quatre palpes à deux
petits Carabiques, un Omaseus melanurus et une Nebria brevicollis.
Le lendemain on leur donne quatre Mouches domestiques vivan-
tes, mais privées de leurs pattes et de leurs ailes. Chacun des
Coléoptères saisit immédiatement une Mouche entre ses mandi-
bules et l'emporte.
Trois heures après, les quatre mouches étaient dévorées, et il
n’en restait que des débris vides du squelette tégumentaire.
Le surlendemain on met à la portée des mêmes Carabiques un
morceau de viande de Bœuf crue roulé préalablement dans du
carmin en poudre fine.
Au bout de quelques heures, l’état de la viande et les excré-
ments colorés en rouge qui parsèment le fond du bocal indiquent
que les Insectes ont mangé copieusement.
La dissection fournit la preuve complète; tout le contenu du
tube digestif de l’Omaseus est une colonne continue de matières
d'un beau rouge. Chez la Nebria l'intestin terminal est rempli
d’'excréments rouges.
$ 6. Cicindela hybrida.
Observ. 7. J'observe à la loupe les allures d’une Cicindela hybrida
intacte mangeant de la viande.
L'Insecte saisit entre ses mandibules une des extrémités du
morceau, du reste assez volumineux. Les mâchoires et les man-
dibules effectuent les mouvements ordinaires de mastication,
mais les palpes maxillaires ne palpent pas; ls suivent seulement pas-
T8 FÉLIX PLATEAU
sivement les déplacements des mâächoires qui les portent. Les palpes
labiaux immobiles traïnent en arrière el ne sont même pas en contact
avec la nourriture.
Obsere. 8. Je coupe à trois Cicindela hybrida les palpes labiaux,
les palpes maxillaires et même la portion terminale du lobe
externe (galea) de la mâchoire, pièce à laquelle beaucoup d’ento-
mologistes descripteurs donnent aussi, mais à tort, le nom de
palpe.
Les animaux reposent à jeun durant 24 heures.
Je mets ensuite dans leur bocal trois Mouches domestiques et
trois Calliphora vomitoria dont les ailes ont été coupées.
Les Cicindèles qui ont bien supporté la mutilation sont très
agiles et, pendant une heure, au moins, courent dans tous les
sens en culbutant les Diptères auxquels elles ne semblent pas
faire attention.
Mais au bout de ce temps, une des Cicindèles saisit une Mouche
domestique et la mange sous mes yeux, en quelques minutes,
n’abandonnant qu'une partie du thorax et la peau de l'abdomen.
Une deuxième Mouche domestique subit bientôt le même sort,
La troisième ayant monté le long de la paroi du bocal se tient
hors de portée. Ce jour-là les Cicindèles respectent les Calliphores
que je finis par enlever.
Le lendemain, je donne à mes pensionnaires trois Mouches
domestiques et un Syrphus privés d'ailes. Un quart-d'heure après
le Syrphus est dévoré.
Pour plus de certitude, je saisis la Cicindèle qui mangeait, afin
de réexaminer les organes buccaux à la loupe. Ses différents
palpes étaient bien complètement enlevés.
Le soir, les Mouches étaient mangées, et trois nouvelles proies
semblables avaient également disparu le lendemain matin.
Le troisième jour, je donne deux Mouches. Cinq m'nutes plus
tard, j'assiste à un repas. La Cicindèle qui satisfait sa faim est
prise et examinée. Encore une fois ses palpes sont bien absents.
Restait un point à élucider ; jusqu'à ce moment je n'avais pas
vu les trois Cicindèles manger à la fois et, comme les individus
étaient presque identiques, on aurait pu supposer qu'un seul des
Coléoptères dévorait tout et que les autres élaient devenus inca-
pables de prendre de la nourriture.
Pour résoudre cette petite question, je fais jeûner mes Insectes
pendant 12 heures, puis je leur offre une Calliphora vomitoria.
PALPES DES INSECTES BROYEURS jé,
Une première Cicindèle s’en empare immédiatement et la
dévore. J’enlève la Cicindèle et la mets à part.
Je donne ensuite aux deux individus restants plusieurs Mou-
ches et deux Syrphus. Les deux Syrphus sont aussitôt saisis et
mangés devant moi; chacune des Cicindèles en ayant pris un.
L'expérience est donc parfaitement concluante ; les trois Cicin-
dèles sont aussi aptes les unes que les autres à reconnaître
leur proie, à la saisir et à la dévorer, et cela absolument sans
palpes.
$ 7. Dytiscus marginalis, Dytiscus dimidiatus.
Les observations et les expériences ci-dessous prouvent, une
fois de plus, qu’en physiologie il est indispensable de répéter les
essais un grand nombre de fois. Si, comme le verra le lecteur, je
m'étais contenté de certains résultats isolés, J'en aurais déduit
des conclusions en désaccord avec ce que m'ont fourni les autres
Insectes et totalement fausses.
Observ. 9. Un Dytiscus marginalis $ intact, à jeun depuis
six jours, reçoit, dans l'eau, un morceau de viande crue et mange
avec avidité.
L'observation à la loupe montre ce qui suit : 10 les antennes
immobiles sont dirigées à droite et à gauche ; 2° les palpes maxil-
laires sont appuyés par leur extrémité sur le morceau de viande,
mais ne tétonnent pas ; ceux de leurs articles qui sont voisins de la
base suivent seulement les mouvements des mâchoires d’une
façon passive ; 3° les palpes labiaux sont dirigés en arrière et ne
touchent à rien ; ils sont immobiles, passifs dans toute la force du
terme, et ne fonctionnent positivement pas pendant que l’Insecte
introduit des aliments dans la cavité buccale. Ces palpes ne se
déplacent que lorsque la lèvre qui leur sert de support ou l'en-
semble de la tête se meuvent.
Le résultat est donc le même que ceux que m'ont fourni les
Uarabes et les Cicindèles dans des circonstances analogues.
Les quatre cas suivants se rapportent aux palpes maxillaires.
Observ. 10. Je coupe les palpes maxillaires à deux Dytiscus
marginalis $ privés de nourriture depuis six jours.
Ils doivent avoir faim, et cependant lorsque je leur jette de la
SU FÉLIX PLATEAU
viande crue, ils se bornent, au moins au début, à se cramponner
au morceau et à l’entraîner à la surface.
Au bout d’une heure, un seul des individus mange un peu.
Observ. 11. Je mets à part celui des deux Dytiques du cas
précédent qui avait complètement refusé de manger et j'attends
une semaine avant de lui offrir de nouveau de la nourriture. Il
est donc à jeun depuis 15 jours et privé de palpes maxillaires
depuis 8 jours.
Malgré cela, il se montre absolument indifférent à un Lombric
et à un morceau de viande.
Cette observation et la précédente tendraient à faire croire à
un observateur superficiel que les palpes maxillaires sont indis-
pensables aux Dytiques et que c'est parce qu'ils en sont privés
qu'ils ne mangent pas.
J'ai rappelé plus haut qu'il faut répéter nombre de fois les
mêmes essais; les cas qui suivent démontrent cette nécessité.
Observ. 12. Le deuxième Dytique $ de l'observation 10 est éga-
lement privé de nourriture pendant une semaine. Lorsque je lui
donne enfin un Lombric et de la viande, il est à peu près à jeun
depuis 15 jours et a perdu depuis 8 jours ses palpes maxillaires.
On peut donc le considérer comme étant dans les conditions de
l'individu de l'observation 11.
Il se comporte cependant d'une manière toute différente. Après
quelques hésitations, il attaque successivement le Ver de terre et
la viande crue. Il mange copieusement.
L'observation à la loupe permet de constater que ses palpes
labiaux traînent en arrière et sont immobiles comme chez un
Dytique intact (voyez observation 1).
Observ. 15. Comme on pourrait objecter que le résultat qui pré-
cède n’est pas assez démonstratif, le Dytique essayé étant préci-
sément celui qui, une première fois déjà (observation 10), avait
pris un peu de nourriture, fait que ceux qui n’ont pas vu mes
expériences attribueraient peut-être à une ablation incomplète
des palpes, je réponds à l’objection par une nouvelle observation
qui lève tous les doutes.
Un Dytiscus marginalis J est à jeun depuis 8 jours ; je lui coupe
à ras les deux palpes maxillaires. Remis dans l’eau, l'animal
cherche à fuir en battant le fond du bocal, comme tous les Dyti-
__
PALPES DES INSECTES BROYEURS 81
ques intacts qu'on lâche. Au bout d'une minute, au plus, il a
repris ses allures normales, vient respirer à la surface, etc.
Je lui jette un petit fragment de viande crue. Le Coléoptère
descend au fond, tâätonne un peu, ainsi que le font toujours ses
congénères, puis se Jette sur la proie, l’entraîne à la surface de
l’eau et se met à manger de la façon la plus naturelle.
La suppression des palpes maxillaires n’a eu, on le voit, aucune
influence ni sur les manifestations de l'instinct, ni sur l'acte de la
préhension des aliments.
Depuis ce moment, l'individu en question a continué à se com-
porter comme un animal intact.
Les quatre cas ci-dessous concernent spécialement les palpes
labiaux.
Observ. 14. Je donne de la viande crue à un Dytiscus marginalis &
très vif, à jeun depuis 6 jours, et auquel j'ai enlevé les palpes
labiaux.
L'animal nage autour de la viande, heurte le morceau dans
tous les sens, s’y fixe par instants, l'amène même à la surface,
mais n'y porte jamais la bouche. On dirait qu'il ne s'aperçoit pas
que de la nourriture est à sa portée.
Observ. 15. Le Dytique de l'observation 13, déjà privé de ses
palpes maxillaires et qui avait parfaitement mangé sous mes
yeux, dans cet état, est soumis à un nouveau jeûne d’une semaine,
puis subit l’ablation des palpes labiaux. Il montre alors la même
indifférence que le précédent vis-à-vis de la viande qu'on lui
jette:
Je le retire de l’eau et je lui mets un petit fragment de viande
crue entre les mandibules. Il le saisit à l’aide de ses palettes tar-
siennes antérieures, comme s’il le serrait contre le thorax et a
l'air de manger ; mais tout-à-coup, rejetant la tête en arrière, il
rend la parcelle allongée de viande qui avait pénétré dans sa
cavité buccale.
Une deuxième tentative donne les mêmes résultats.
Remis dans l’eau, le Coléoptère se comporte encore une fois
comme s’il ignorait qu'il y eut de la nourriture au fond du bocal.
J'avoue que cette observation me fit supposer quelque temps
que les palpes labiaux étaient peut-être le siège de l’odorat ou,
tout au moins, d’un sens indiquant à l'Insecte la présence et la
nature des aliments.
82 FÉLIX PLATEAUW
Mais d'autres expériences mieux faites, c'est-à-dire dans les-
quelles j'avais pris la précaution de laisser reposer les sujets
pendant plusieurs jours après l’amputation des palpes, sont
venues me prouver que la conclusion était prématurée et fausse.
Observ. 16. Je donne à un Dytiscus marginalis d', dont les palpes
labiaux sont coupés depuis huit jours, un Lombric et de la
viande.
Il dédaigne le Ver, mais se jelte sur la viande et la mange
avidement ; ses palpes maxillaires traînent immobiles ou à peu
près.
Observ. 17. Un Dytiscus marginalis auquel j'ai enlevé les palpes
labiaux depuis quinze jours dévore, sous mes yeux, un Colym-
betes fuscus, absolument comme si ses palpes existaient encore.
Ces faits nous indiquent donc que l’ablation des palpes labiaux
n'empêche les Dytiques ni de trouver leur nourriture, ni de
manger normalement.
J'arrive enfin aux expériences les plus concluantes et dans
lesquelles j'ai supprimé tous les palpes, les maxillaires et les
labiaux.
Observ. 18. Quatre Dytiscus marginalis n’ont reçu aucune nour-
riture depuis dix jours. Leurs deux paires de palpes sont coupées
depuis trois jours.
On les isole dans quatre bocaux différents et on leur donne de
la viande crue.
1e Dytique d',se jette immédiatement, sans recherche, sur la
viande, la saisit à l’aide des pattes des deux premières paires et
mange longuement (devant la loupe) d'une façon complètement
normale, à coups de mandibules et de màchoires.
2e Dytique $, se perche plusieurs fois sur le morceau de viande;
finit par manger après trente minutes et, cette fois, avec tant
d'appétit qu'on ne parvient qu'avec peine à lui faire lâcher prise.
3e Dytique & , attaque immédiatement la viande, tient le mor-
ceau entre ses pattes et mange pendant longtemps d’une manière
naturelle.
# Dytique &, saisit aussi la viande à l'instant, puis se met à
manger normalement.
On réunit plus tard les quatre individus dans un bocal commun
en leur donnant encore de la viande et l’on assiste à une curée
PALPES DES INSECTES BROYEURS 83
générale. Pendant plus de deux heures, les Coléoptères se gor-
gent de nourriture.
Je ne saurais trop insister sur les résultats de ces expériences
qui, pour les Dytiques, tranchent définitivement la question en
démontrant l’inutilité complète de tous les palpes pour la recher-
che de la nourriture et la préhension des aliments.
Par acquit de conscience, il restait encore à s'assurer si ces
Insectes privés de palpes font réellement pénétrer les aliments
dans leur tube digestif.
Observ. 19. Je coupe, à ras, tous les palpes à un Dytiscus dimi-
diatus $ et je le mets dans un bocal avec un Acilius sulcatus.
Deux jours plus tard, je trouve le Dytique dévorant son compa-
gnon.
J'attends encore 5 jours pour faire jeûner le Dytique et lui faire
vider son tube digestif, puis je lui donne un morceau de viande
de Bœuf.
Le Coléoptère est bientôt fixé à sa proie et l'observation à la
loupe montre qu'il mange.
Je le laisse à cette opération durant une heure environ, puis je
le tue par le chloroforme pour le disséquer.
Le jabot est fortement distendu par de la nourriture. L'examen
microscopique fait voir le liquide verdâtre que l’on trouve tou-
jours dans le jabot des Dytiques en pleine digestion, et de nom-
breuses bouchées de viande, les unes déjà en parties digérées, les
autres presque intactes.
Le Dytique sans palpes a donc mangé et mangé beaucoup.
$ 8. Colymbetes fuscus
Observ, 20. Je donne de la viande crue à trois Colymbetes fuscus
à jeun depuis 6 jours et placés dans des bocaux séparés.
Le premier est privé de ses palpes labiaux; le second a subi
l’ablation des palpes maxillaires ; le troisième est intact.
Aucun des trois ne touche à la nourriture. Pourquoi? Je
l'ignore ; mais il est évident que si je m'étais borné aux deux pre-
miers individus, si je n'avais pas eu, comme terme de compa-
raison, celui dont les palpes étaient entiers, j'aurais commis
l'erreur d'attribuer l'indifférence pour la viande à l'absence des
palpes.
S4 FÉLIX PLATEAU
Observ. 21. Même répugnarce à. manger de la part d’un Colym-
betes à jeun depuis deux semaines et dont les palpes maxillaires
sont supprimés depuis huit jours.
Observ. 22. Je suis plus heureux avec un dernier Colymbetes
sans nourriture depuis 15 jours et privé de ses palpes labiaux
depuis 8 jours. Après quelques hésitations, il se jette sur la viande
qu'on a mise dans l’eau et mange avec avidité.
$ 9. Séaphylinus olens.
Observ. 25. Un Staphylinus olens auquel j'ai enlevé les quatre
palpes, reçoit, après 48 heures de jeûne, deux Forficules, une Cal-
liphore et une Mouche ordinaire.
Ici se place un petit incident qui montre de nouveau combien
il faut s’entourer de précautions avant de formuler aucune con-
clusion : le Staphylin court de côté et d’autre, roule dans le sable
les Insectes mis à sa portée et semble, pendant plusieurs heures,
ignorer la présence d'une proie. Déjà je considère le résultat de
l'expérience comme négatif, lorsque l'animal indique lui-même
ce qui le gêne. Vers la troisième heure, il saisit la Mouche domes-
tique entre ses mandibules et se promène en cherchant évidem-
ment un abri pour la dévorer.
Je satisfais immédiatement à ce désir en mettant dans le bocal
un petit couvercle de boîte. Aussitôt, le Staphylin se place à
l'ombre, le long d'un des côtés extérieurs du couvercle et com-
mence à manger.
L'inspection à la loupe permet de voir les mouvements alter-
natifs habituels des mandibules et des màchoires.
Peu de temps après, le Staphylin se réfugie sous le couvercle
en emportant la Mouche. Lorsqu'il ressort, une demi-heure plus
tard, je ne retrouve plus sous l'abri, que les débris vides du sque-
lette tégumentaire du Diplère.
A partir de ce moment, le Staphylin mange régulièrement. En
trois jours, il dévore deux Mouches domestiques, une Calliphore
et un Forficule.
La capture immédiate d’une Mouche me prouve qu'il découvre
tout de suite ses victimes et qu'il les saisit sans hésiter.
Ces faits constatés, je lâche, le 28 juilllet, le Coléoptère dans
mon jardin. Le lecteur verra, pour le numéro suivant, que cette
PALPES DES INSECTES BROYEURS 8)
mise en liberté devait me fournir une observation très intéres-
sante.
Observ. 24. Le 30 septembre je capture un Staphylinus olens dans
mon jardin et quelle n’est pas ma surprise de reconnaître, à l’exa-
men des pièces buccales, l'individu qui avait servi aux expériences
précédentes.
Les palpes ont commencé à repousser, mais sont encore abso-
lument rudimentaires.
Le Staphylin sans palpes et en liberté a donc vécu et s'est bien
nourri (car il est très agile) pendant 64 jours.
Pour compléter la série d'expériences et afin de lever tous les
doutes, je lui donne un fragment de viande saupoudré de carmin.
L'Insecte mange, car ses excréments sont rouges.
Deux jours après, la dissection montre, dans le tube digestif,
un liquide rosé.
Observ. 25. Un nouvel essai à l’aide de viande imprégnée de
carmin est fait sur un autre individu privé de ses palpes. Par
suite d’un accident, les muscles de la mandibule gauche ont été
froissés. Cependant le contenu du tube digestif, examiné le troi-
sième jour, est rougeûtre et laisse des traces roses sur du papier
blanc.
$ 10. Geotrupes vernalis.
Observ. 26. Je coupe les quatre palpes à un Geotrupes vernals
pris dans les dunes du littoral. L’insecte privé de nourriture pen-
dant deux jours, se promène lentement, mais ne s’enterre pas.
Je dépose ensuite, dans le bocal, quatre excréments de Lapin
légèrement mouillés et exposés pendant quelques instants au
soleil (1). Aussitôt, le Coléoptère écarte ses antennes et les ba-
lance dans divers sens en signe d'attention, offrant bien les allures
que signale Hauser chez d’autres formes; puis, au bout de quel-
ques minutes, il fouille activement le sable, sous les excréments
et s'enterre.
L’ablation des palpes n'a donc altéré en rien le sens de l'odorat.
Résultat que j'avais prévu, mais qu’il est utile de signaler.
(1) Les excréments proviennent de la place même où le Géotrupe avait été
capturé,
80 FÉLIX PLATEAU
Les nuits suivantes, le Géotrupe enterre successivement les
excréments de Lapin, puis un fragment assez gros de Prune de
Reine-Claude.
Il attaque aussi un morceau de Poire.
Au bout d’une semaine, l'examen du contenu du tube digestif
prouve que l'Insecte a mangé pendant tout ce temps, malgré la
suppression des palpes (1).
[11
ORTHOPTÈRES
$ 11. Forficula auricularia.
Observ. 27. J'enlève l’ensemble des palpes à six Forficules. Les
animaux paraissent souffrir très peu.
Le lendemain, je mets à leur disposition deux quartiers de
Poire dont toute la surface a été frottée de carmin en poudre, de
façon à amener une coloration d’un rouge intense.
Le jour suivant, des excréments roses épars sur le sable blanc
du bocal indiquent que les Insectes ont mangé. La dissection des
six individus montre en effet, que leur tube digestif est rempli
d’une bouillie d'un beau rouge.
Quoique privées de palpes, les Forficules ont donc, toules,
absorbé de la nourriture en abondance.
:$ 12. Periplaneta orientalis.
Observ. 28. Le 24 janvier, on coupe les quatre palpes à cinq
Blattes n'ayant reçu aucune nourriture depuis une semaine.
Le 25, je leur donne de la viande de Bœuf crue, un fragment de
Pomme de terre bouillie et du pain. Toutes ces substances étant
imprégnées de carmin.
(1\ Une expérience sur l'Hydrophilus piceus ne m'a donné qu'un résultat négatif.
L'insecte privé de ses palpes labiaux a refusé de manger. Cet insuccès n'a pas
grande valeur, l'essai ayant été fait au début de mes recherches, alors que j'étais
encore novice et la nourriture /Hottonia palustris) offerte à l'Hydrophile étant mal
choisie,
PALPES DES INSECTES BROYEURS 87.
Mais la température extérieure est très basse; le thermomètre
descend parfois la nuit à —100; aussi, malgré le feu que l'on entre-
tient dans l’appartement, les Insectes restent à peu près engour-
dis et ne mangent pas.
Le 8 février, l'inspection du tube digestif d'un des individus
montre le jabot vide et, dans l'intestin terminal, un résidu noirâtre
provenant des tubes de Malpighi.
La Blatte sacrifiée est remplacée par un nouvel exemplaire
privé de ses palpes et tenu à part pendant deux jours.
Je substitue aux aliments indiqués plus haut, un mélange sec
de farine, de sucre blanc et de carmin en poudre.
Enfin le 18 février, le temps est devenu plus doux, les Blattes
se montrent plus actives et tout fait supposer qu’elles prennent
beaucoup de nourriture.
L'examen des tubes digestifs donne, en effet, les résultats sui-
vants :
1 individu ; tout l'intestin moyen et l'intestin terminal sont
remplis de matière en digestion d’un rouge vif. L’addition d’un
peu d'’ammoniaque qui avive la coloration prouve bien la présence
du carmin.
2° individu; même aspect du contenu intestinal.
3e individu ; le tube digestif est distendu par une matière pulvé-
rulente noirâtre. Pour une cause que je ne connais pas, la colo-
ration rouge du carmin à disparu, mais l'observation microsco-
pique fait voir immédiatement que la bouillie intestinale est, en
majeure partie, constituée pour les grains de fécule de la farine.
Le lecteur remarquera qu'il s'agissait bien là de la farine mise,
par moi, à la portée des Insectes en expérience, puisque ceux-ci
étaient captifs depuis 33 jours.
4e et 5e individus ; même résultat.
Une nouvelle inspection minutieuse des pièces buccales faite
sur les individus morts ne laisse aucun doute sur la suppression
complète des palpes.
Observ. 29. J'ai rappelé, dans l’Introduction, que Lyonnet,
Bonsdorff, Knoch, Marcel de Serres, Lamarck, Newport, Driesch,
Perris et Cornalia rangent les palpes des Insectes parmi les
organes de l’odorat.
Avant de tuer, pour les disséquer, les cinq Blattes de l'expé-
rience précédente, j'ai voulu m'assurer si l’ablation des palpes
avait amené la suppression du sens olfactif.
tete) FÉLIX PLATEAU
Or l’odorat était resté intact; tous les individus étaient sensi-
bles aux odeurs.
Lorsqu'on approche une baguette mouillée d'essence de téré-
benthine, les Blattes redressent les antennes, leur impriment des
oscillations lentes et les dirigent même parfois vers le corps odo-
rant.
Le chloroforme employé de la même façon les inquiète. Les
animaux cherchent à éviter ses émanations et l’on peut, jusqu’à
un certain point, diriger les déplacements d'une Blatte déposée
au fond d'une boite en approchant de ses antennes, tantôt
dans un sens, tantôt dans l’autre, un pinceau imbibé de chloro-
forme.
Ces essais répétés avec trois Blattes de la série suivante ont
donné les mêmes résultats.
Observ. 50. Je coupe les quatre palpes, à ras, à trois Blattes et
je les laisse jeûner durant 5 jours.
Je leur donne ensuite un mélange sec et bien intime de farine
de froment et de carmin en poudre.
Au bout d’une semaine, la dissection montre, chez les trois indi-
vidus, le jabot et l'intestin moyen remplis de matières en diges-
tion colorées en rouge vif. Des substances noirâtres sont accumu-
lées dans l'intestin terminal. L'examen microscopique permet
d'y retrouver aisément le carmin.
Les Blattes ont beaucoup mangé et l'expérience est très dé-
monstrative.
$ 15. Stetheophyma grossum (Mecostethus grossus Fieb.).
Observ. 51. Les Acridiens se prêtent mal aux recherches expéri-
mentales de la nature de celles qui font le sujet de cette notice,
soit parce qu'ils meurent rapidement après l’ablation des palpes,
soit parce qu'ils souffrent en captivité.
Le 12 août, je coupe tous les palpes à quatre Stetheophyma (une
femelle et trois mâles) et je les laisse d’abord sans nourriture.
24 heures après, les trois mâles sont morts.
Je donne du gazon frais à la femelle survivante et, au bout de
peu de temps, je puis voir l'animal manger. A la loupe, je cons-
tale que l’Insecte mange lentement, mais d’une façon normale.
On voil nettement les échancrures qu'il pratique dans le bord
des feuilles de Graminées.
PALPES DES INSECTES BROYEURS 89
Malheureusement cette activité ne dure pas; le Stetheophyma
languit et meurt le sixième jour. Son tube digestif est vide.
$ 14. Decticus verrucivorus Q.
Observ. 52. Une femelle de Decticus verrucivorus privée de ses
palpes est placée dans un large bocal (1), à fond de sable humide,
contenant du gazon et d’autres végétaux vivants.
Pendant les deux premiers jours, il m'est impossible de cons-
tater directement si l'Orthoptère mange ; mais ayant pu recueillir
un des excréments au moment où l’Insecte vient de le déposer,
je trouve, par la dilacération sous le microscope, que ce résidu
de la digestion se compose exclusivement de lanières de gazon
encore chargées de chlorophylle.
Le cinquième jour, j'assiste enfin à un repas. Le Dectique ronge
des trous dans le bord d’une feuille de Capucine. A l’aide de la
loupe, je vois que la mastication s'effectue facilement et d’une
façon parfaitement naturelle.
Le 7e jour, le Dectique mange de la Laitue avec appétit.
Enfin, après 11 jours de captivité, l’Insecte enfonce son ovis-
capte dans le sable et pond. La mort survient après quelques
heures. Le tube digestif ouvert renferme des débris végétaux en
digestion.
L'expérience me paraît donc aussi concluante que la plupart de
celles qui précèdent.
IV
CONCLUSIONS.
Les expériences dont on vient de lire la description ont porté
sur cinquante individus appartenaut à des formes assez diverses
de Coléoptères et d'Orthoptères. J'aurais pu les multiplier encore,
mais sans grande utilité, puisque, sauf dans des cas relativement
rares, les résultats sont toujours les mêmes.
Voici les conclusions que je crois pouvoir déduire de cet
ensemble :
(1) 25 centimêtres de diametre,
90 FÉLIX PLATEAU
1° Pendant la manducation, les palpes labiaux et maxillaires
des Insectes broyeurs restent inactifs (Observations 1, 2 7 et 9);
20 La suppression des palpes maxillaires n'empêche pas les
Insectes broyeurs de manger d’une façon normale (observations
12113);
3° Il en est absolument de même après la suppression des
palpes labiaux (observations 16, 17 et 22);
4° L'amputation des quatre palpes n’abolit pas l'odorat (obser-
vations 26 et 29);
5° L'ablation des quatre palpes n'empêche aucunement les
Insectes maxillés de reconnaître leur nourriture et de la saisir
(observations 3, 6, 8, 18 et 23) ;
6° Enfin, malgré la suppression des quatre palpes, les Insectes
maxillés mangent d’une manière parfaitement normale (observa-
tons 3, 4, 6, 818,19, 23, 24, 26,27,.28; 30et 32).
Je ne me dissimule pas que ces conclusions basées sur les
résultats d'expériences poursuivies pendant plusieurs années
soulèveront bien des objections de la part des entomologistes
habitués, depuis l’origine de leur science favorite, à considérer
les palpes comme des organes indispensables à l’Insecte pour
explorer sa nourriture et l'introduire dans la cavité buccale.
C'est là le sort de toute recherche qui tend à ruiner une
vieille théorie.
Pour le moment, je ne chercherai pas à rencontrer les objec-
tions que je prévois, je me bornerai à rappeler qu'on ne répond à
des expériences physiologiques que par des expériences.
Dans la deuxième partie je publierai les résultats de mes obser-
vations sur les palpes d’autres Articulés.
MONOGRAPHIE
DES
BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE
Par le Dr J. JULLIEN.
Depuis qu'on à adopté la classification des Bryozoaires selon la
forme des cellules ou soæcies, on n’a pas essayé d’y faire entrer les
genres d’eau douce.
J'ai étudié avec le plus grand soin ceux des environs de Paris
et de Bourgogne Ft utent avec ceux des pays étrangers,
et j'ai pu me convaincre qu'aucune classification ne correspond
avec le résultat de mes recherches. Je ne veux pas analyser tous
les travaux publiés jusqu’à présent; je ne parlerai que des classi-
fications les plus intéressantes. Sur cette question délicate on a
écrit des choses absolument insensées. Quoiqu'il en soit, Dumor-
tier, en 1835, a nommé Lophopodes tout ce qui était connu, à son
époque, en fait de Bryozoaires à tentacules disposés en fer-à-che-
val, y compris la Tubularia sultana de Blumenbach. Ses Lopho-
podes comprenaient donc les genres Cristatella Guvier, Pluma-
tella Lamarck, Lophopus Dumortier et Alcyonella Lamarck. De la
Tubularia sultana, il a fait la Plumatella sultana, à la suite de la
Plumatella lucifuga de Vaucher, et il avait raison ou du moins il
approchait de la vérité; car, comme on le verra dans la suite,
les Frédéricelles ne sont que des variétés de Plumatelles. Cette
classification fut détrônée par celle de Paul Gervais.
Quand cet auteur s'occupa de ces animaux en 1836, ce fut par
suite de la trouvaille d’un corpuscule charmant, un statoblaste
de Cristatelle. II constata que cet œuf reproduisait le Xleinere Fe-
derbuch-Polyp de Rüsel; cette découverte jetée par le hasard entre
ses mains ne le conduisit pas bien loin dans la connaissance des
92 J. JULLIEN
Bryozoaires d'eau douce; en 1837, il publia sa classification des
Polypiaires, désignant par les noms de Polypiaria hippocrepia les
Bryozoaires à tentacules disposés en fer-à-cheval, réservant ceux
de Polypiaria infundibulata à tous ceux dont les tentacules n'étaient
point disposés ainsi. Il décrivit quelques espèces des environs de
Paris en essayant de rétablir leur synonymie où il s’est fort em-
brouillé. Après quoi il ne s’en occupa plus. Ses études insuffi-
santes lui firent placer la Frédéricelle sultane à côté de la Paludi-
celle articulée, animaux qui ne se ressemblent guère ; cette faute
fut relevée par Allman qui répudia la classification de Gervais
pour lui substituer la sienne en 1856. Le livre d’Allman est écrit
avec un sérieux d'autant plus comique qu'il est plein d'erreurs,
comme on le verra plus loin.
Allman voulut lui aussi trouver un caractère sur lequel il put
appuyer une classification ; sans tenir compte de celle de Dumor-
tier, il prétendait que les Polyzoa de Thompson, équivalents des
Bryozoa d'Ehrenberg, pouvaient se diviser selon la présence ou
l'absence de cette lèvre mobile au-dessus de la bouche dont
parle Dumortier ; comme les Frédéricelles portent cette lèvre, il
les replaça à la suite des Plumatelles, ainsi que Dumortier l’avait
déjà fait; et il donna le nom d'épistome à cette lèvre. Il repoussa
le terme d'Hippocrépiens de Gervais et le remplaça par le nom de
Phylactolemata sous lequel il réunit les Hippocrépiens de Gervais
et les Bryozoaires pourvus d’un épistome, c’est à dire avec le
genre Frédéricelle du même auteur et avec le genre Pedicellina
de Sars; enfin il donna le nom de Gymnolæmata aux Infundibulés
du zoologiste français et aux Bryozoaires dépourvus d’épis-
tome.
Cette classification, adoptée aujourd'hui, a une solidité au
moins discutable, l'observation directe nous faisant voir que le
caractère qui forme sa base peut manqner à la fois sur divers
individus d’une même colonie.
Ainsi, pendant le mois de septembre 1883, en étudiant des Plu-
matella repens que j'avais recueillies dans les montagnes du Cha-
rollais (Saône-et-Loire), j'ai remarqué que certains polypides
étaient avortés. Le lophophore considérablement diminué d'im-
portance ne portait que dix-sept tentacules au lieu de cinquante
comptés sur les autres polypides de la même colonie. Dans ces
avortons (fig. 1 et 3), les deux bras du lophophore étaient soudés par
le bord interne où de toutes petites verrues remplaçaient les tentacules;
l'épistome n'existait pas au-dessus de la bouche. Ces polypides avaient
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE
néanmoins un canal digestif complet, remplissant bien ses fonc-
tions, mais réduit proportionnellement au reste.
L'esbras du lophophore
des Hippocrépiens peuvent
subir une modification assez
intéressante : c’est l’arrêt de
développement d’un des bras.
Il m'est arrivé fréquemment
de voir des polypides étalés
présentant cet écart organi-
que; le bras avorté ne por-
tait qu’une très petite quan-
lité de courts tentacules,
tandis que l’autre restait nor-
mal avec des tentacules très
longs. Il y a peut-être là un
acheminement vers la forme
des Rhabdopleura d'Allman.
Sur une Plumatella luci-
fuga de l'Étang de Saint-Hu-
bert près Rambouillet, j'ai
vu un polypide dont tous les
ICE
tentacules internes étaient au moins de moitié plus courts que
les externes; d’autres polypides avaient des tentacules plus
courts que les autres, mais disséminés parmi eux.
En somme, la classification d'Allman ne se base
que sur la présence ou l'absence de l’épistome,
puisque le genre Frédéricelle n'est maintenu dans
le sous-ordre des Lophopiens qu'en raison de l’é-
pistome; mais les avortons des Plumatelles privés
d’épistomes conservant le rudiment du lophophore
bilatéral, ce dernier caractère, indiqué d’abord par
les auteurs, doit passer avant celui fournis par l'épi-
tome.
Telles sont les raisons qui nous font revenir à la
classification de Dumortier en la complétant, et
sans tenir compte de l’épistome, le caractère du
lophophore étant suffisant.
Je propose à présent la classification suivante pour les Bryo-
zoaires d’eau douce.
94 J. JULLIEN
Class. BRYOZOA Ehrenberg, 1834.
{a S.-class. BRYOZOA LOPHOPODA Dumortier, 1835.
12 Tribus, B. loph. caduca J. Jullien.
12 Famil. Pedicellinidæ Hincks, 1880.
Genus Pedicellina Sars. \
— Barenitsia Hincks. (
— Pedicellinopsis Hincks.
— Urnatella Leïdy, 1851.
— gracilis Leidy, 1854. États-Unis.
, marins.
2a Famil. Lorosomidæ Hincks, 1880.
Genus Lozxosoma Keferstein, marin.
24 Tribus. B. loph. perstita J. Jullien.
Aa Famil. Plumatellidæ J. Jullien.
Genus Plumatella Lamarck, 1816.
— repens Linné, 4758. Europe et Asie (Inde).
— lucifuga Vaucher, 1804. Europe.
— arethusa Hyatt, 1868. États-Unis.
— diffusa Leidy, 4851. États-Unis.
— Aplinii Mac Gillivray, 1869. Australie.
Genus Hyalinella J, Jullien.
— vesicularis Leidy, 1854. États-Unis.
— ?oitrea Hyatt, 1868. États-Unis.
2a Famil. Lophopusidæ J. Jullien.
Genus Lophopus Dumortier, 4835.
— Trembleyi J. Jullien, 1884. Europe.
Genus Pectinalella Leidy, 18541.
_ magnifica Leidy, 4851. États-Unis.
— Carteri Hyatt, 1868, Inde.
Gen. Cristalella G. Cuvier, 1798.
— Mucedo G. Cuvier, 1798. Europe.
— Jde Leidy, 4859. États-Unis.
— ovhidioidea Hyatt, 1868. États-Unis.
— ?lacustris Potts, 1884. États-Unis.
3a Famil, Rhabdopleuridæ Mincks, 1880.
Gen. Rhabdopleura Allman. marin.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 95
2a S.-class. BRYOZOA INFUNDIBULATA P. Gervais, 1837.
fa Fam. Paludicellidæ Allman, 1856.
Gen, Paludicella P. Gervais, 1836.
— arliculata Ehrenberg, 1831. Europe et Amérique septentrio-
nale.
— erecla Potts, 1884. Amérique septentrionale.
2a Famil. Hislopidæ J. Jullien.
G. Norodonia J. Jullien, 1880.
—— Cambodgiensis J. Jullien, 1880. Indo-Chine.
— sinensis J. Jullien, 4880. Chine.
G. Hislopia J. Carter, 1858.
— lacustris J, Carter, 1858. Inde.
Pendant que je rédigeais cette Monographie, Leidy, en Améri-
que,a publié une note sur l’Urnatella gracilis; il a placé son espèce
dans la famille des Pédicellinidées; de plus, il a fait entrer dans
cette famille le genre Loxosoma, de Keferstein. Cependant, les ten-
tacules des Loxosomes sont si petits, si peu développés que je ne
puis admettre qu'avec réserve l’idée du savant américain. Toutes
les espèces de Loxosomes sont marines, elles sont dépourvues de
pédicule vrai; le leur, faisant partie de la zoæcie, périt avec cette
dernière, et ne persiste pas comme celui des autres Pédicéllinides.
C’est pour cette raison que j'ai conservé la famille des Loxosomi-
dées établie par Hincks.
Quant au genre Rhabdopleura d’Allman, je le place à la suite
des Lophopodes persistants, avec lesquels il a de nombreuses
affinités. C’est un Lophopode modifié, comme le genre Fréderi-
celle est une Plumatelle modifiée; je ne trouve point chez cet
animal le motif d’une sous-classe, comme l'ont pensé les auteurs
anglais. Je rejette donc les Pterobranchia de Ray Lankester, aussi
bien que son ordre des Podostomata, comme absolument inutiles ;
ces grands mots sont le résulat de l'ignorance, dans laquelle se
trouve Ray Lankester vis-à-vis des variations des Lophopodes.
Hincks lui-même nous dit que « par la forme du zoarium et pour
divers autres sérieux motifs, ce genre se rapproche du groupe
d’eau douce des Phylactolæmata »; cependant il accepte l'opinion
de Ray Lankester. Une particularité intéressante est que la con-
tractilité du funicule, niée par Allman, mais que j'ai constatée
nombre de fois, se retrouve très énergique dans le genre en ques-
96 5. JULIIEN
tion, où elle agit absolument seule pour le retrait du polypide
dans la zoæcie.
Classe des BRYOZOAIRES Ehrenberg, 1834.
Animaux possédant : des branchies ciliées affectant la forme de
tentacules oraux, un tube digestif complet, un pied rudimentaire
ou avorté; ils sont renfermés dans des zoæcies soit gélatinoides,
soit chitineuses, soit calcaires, formant ordinairement des colonies
par bourgeonnement.
re Sous-classe : BRYOZOAIRES LOPHOPODES Dumortier, 1835.
Synonymie : Polypiaria dubia de Blainville, 1834; Polypiaria
hippocrepia P. Gervais, 1837; Polyzoa phylactolæmata Allman,
1856.
Bryozoaires dont la couronne branchiale ou lophophore est gar-
nie d’une double rangée de tentacules, possède la forme d’un fer-
à-cheval plus ou moins régulier, ou bien est ovalaire avec deux
tentacules rentrants.
Eryozoaires lophopodes caduces.
Bryozoaires lophopodes dont les zoæcies sont caduques après
la mort du polypide ; la gaîne tentaculaire en est incomplètement
rétractile dans l’ectocyste.
Famille des Pedicellinidées.
Zoæcies charnues, presque globuleuses, dont le polypide ne
peut s'étendre complètement au-dehors pendant son extension,
et ne contenant jamais de statoblastes; elles sont supportées iso-
lément à l'extrémité des branches d'un zoarium simple ou ra-
mifié.
Cette famille comprend les quatre genres : Pedicellina, Barent-
sia, Pedicellinopsis et Urnatella, Le dernier seulement vit dans les
eaux douces.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 9
Genre URNATELLA Leidy (i831), fig. 4-8.
Zoæcies charnues, campanulées, portées par un zoarium ra-
meux et segmenté.
LS
Urnatella gracilis Leidy (1854).
Fig. 4 à 8.
« Tiges (1) isolées ou groupées par six, fixées à leur extrémité
inférieure par une substance granuleuse de couleur rouge. Seg-
(1) Proceedings Acal. Nat. Sc, of Philadelphia, V, p. 321.
es
98
J. JULLIEN
ments urniformes de 0"»925 de longueur sur 0""18 de largeur,
devenant plus petits vers les extrémités libres des tiges ; chaque
segment urniforme est transparent, blan-
châtre, avec des stries et des ponctuations
transversales, couleur de terre de Sienne; il
porte de chaque côté, inférieurement, un
processus arrondi, ce sont les restes des
branches antérieures; l’étroit sommet et la
portion inférieure des segments sont bruns
et annelés. L'antépénultième et le pénultième
des segments ainsi que leurs branches sont
oblongs et transparents. Les polypides ont
Onm225 à Omm45 de long; ils sont campa-
nulés, étendus, la bouche est circulaire, leur
diamètre égale la longueur du corps sur-
monté par quatorze tentacules cylindriques,
ciliés et rétractiles.
» Les tiges ont environ 4 millimètres de
long. » (Traduction du texte de Leidy).
Habitat : Face inférieure des pierres dans
les eaux douces :
Rivière Schuyikill dans la ville de Philadelphie (États-Unis),
Dr Leidy.
Pédicellines
Lea a découvert l’Urnatella dans le Scioto
sur une Unio qu'il a donnée au Musée de
Philadelphie.
Il est évident que la seule et unique es-
pèce de ce genre a des rapports très étroits
avec les animaux des autres genres de cette
famille. L’intestin, qui est droit chez les
Pédicellines, est coudé chez les Urnatelles ;
ces dernières possèdent aussi presque le
double de tentacules, mais ces caractères
sont secondaires et ne peuvent être utilisés
ici qu'à séparer les genres. Je suis tout à
fait poussé à croire que l’Urnatelle a la
même disposition de lophophore que les
. Pour moi, l’Urnatelle est une Pédicelline ramifiée,
même développée dans ses différents organes, comme les genres
warins Barentsia et Pedicellinopsis établis par Hincks.
.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 9
Dans sa monographie, Allman a donné, à la page 20, la figure
de la Pedicellina cernua, on y voit le lo-
phophore décrire un croissant hippo-
crépien simple, croissant dépourvu de
tentacules internes, mais dont les bras
ne sont pas soudés entre eux à leurs
extrémités. Les Urnatelles, comme les
Pédicellines, sont des Hippocrépiens
avortés qui n’ont pas la faculté de dé-
velopper complètement leurs tentacu-
les; elles sont même d’une petitesse
très grande comparativement aux au-
tres Hippocrépiens dont elles se rappro-
chent par la disposition du lophophore
et par la présence de l’épistome.
Je n'ai pas encore eu l’occasion d'étudier des Pédicellines vi-
vantes, et je n’ai pu voir, sur celles
que je possède dans l'alcool, la dis-
position indiquée par Allman:; c’est
seulement après l'examen de ses
dessins que j'ai eu l’idée de placer
le genre Urnatella parmi les Hippo-
crépiens, malgré la grande simpli-
cité de son organisation si différente
de celles des autres groupes. All-
man, je ne sais pourquoi, l’a placée
parmi les Gymnolæmata.
Leidy vient de publier dans le
Journal de l'Académie des sciences
naturelles de Philadelphie une lon-
gue note sur cette Urnatella. Il a
eu les mêmes vues que je viens de
développer et il a ajouté à son texte
une superbe planche dans laquelle
j'ai copié quelques figures (1).
LUN
2
Ne, SACS NE UT
(1) J. Leidy, Urnatella gracilis, a fresh-
water Polyzoan. — Journal of the Academy
of natural Sciences of Philadelphia, (2), IX,
part I. 1881 (avec figures dans le texte et
une planche coloriée), p. 5.
100 J. JULLIEN
Bryozoaires lophopodes persistants.
Bryozoaires lophopodes dont les zoœæcies charnues ou cornées
sont persistantes après la mort des polypides. La gaîne tentacu-
laire est complètement rétractile dans l’ectocyste ; les tentacules
sont réunis inférieurement par une membrane délicate.
4re Famille. PLUMATELLIDÉES, J. Jullien.
Zoœæcies cornées ou charnues, tubuleuses, constituant des
zoaria de formes variables, mais surtout étalés et rameux, quel-
quefois dendroïdes; ces zoæcies sont soudées entre elles ou bien
tout à fait libre les unes des autres, sauf à leur point d’origine.
Vers la fin de leur vie on les rencontre ordinairement plus ou
moins remplies de statoblastes dépourvus d'épines marginales;
ces statoblastes sont libres et fixes, ou simplement libres.
Cette famille comprend les genres Plumatella et Hyalinella.
Genre PLUMATELLA Lamarck.
Zoœæcies hyalines dans le jeune âge, devenant brunes et cornées
ensuite, tubuleuses, libres entre elles ou soudées, formant par
leur réunion des zoaria rampants ou dendroïdes, ou quelquefois
en amas développés autour et sur les corps étrangers; créte
anale (1) plus ou moins évidente, ordinairement transparente, et
formant arête; lophophore hippocrépien, et quelquefois ovale;
statoblastes libres, ou libres et adhérents, presque toujours abon-
dants.
Plumatella repens Linné, 1758.
Fig. 1 à 3 et 9 à 84.
Zoæcies subclaviformes, à sections transversales ordinairement
(1) Je donne le nom de créte anale à cette saillie plus ou moins constante à
laquelle Allman a improprement donné le nom de sillon (Furrow et Keel). Quand
elle existe, elle est toujours située sur la région frontale de la zoæcie; son point de
départ se trouve à la région postérieure; elle se termine constamment à la place
occupée par l'anus pendant l'expansion du polypide. C'est grâce à elle qu'Allman
a si magnifiquement multiplié ses diagnoses, et, qu'avec quelques autres caractères
illusoires, l’auteur anglais dépassant d'Orbigny a fait deux genres et dix espèces
avec le même animal.
L
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 101
triangulaire ou subcylindrique, avec ou sans crête anale; quand la
crête anale existe, elle est simple ou bifurquée; si elle est simple,
elle se termine à l’orifice qu’elle entoure comme
une bague et aboutit à l’anus; elle se dirige en
arrière en suivant la ligne médiane de la ré-
gion dorsale de la zoæcie, sur laquelle elle a
commencé ; si elle est bifurquée, elle se termine
de la même manière, mais les branches de la
fourche naissent en arrière de chaque côté de
la zoœæcie, puis se réunissent bientôt pour former
. une ligne aboutissant a l’orifice; enfin il arrive
très souvent qu’on rencontre des zoœæcies qui sont subcylindri-
ques sans trace de cette crête. Ces trois formes zoœæciales exis-
tent séparément sur certaines colonies et sont
mêlées sur d’autres. Zoaria, soit filiformes, rami-
fiés, rampants et adhérents donnant quelquefois
naissance à des branches libres, soit en amas
plus ou moins volumineux, atteignant quelque-
fois le volume du poing, étalés sur les corps
immergés ou encore formant autour des tiges
de bois ou de fer des anneaux complets aplatis
sur leurs bords; ces amas se rencontrent égale-
ment sur les tiges délicates des Potamogeton
natans, où ils atteignent souvent de sept à vingt
centimètres de longueur, sur un à un centimètre
et demi de diamètre.
Sur 50 polypides bien constitués, et pris au hasard chez diverses
colonies, le nombre des tentacules a varié dans
les proportions suivantes :
LE -tontaculos et A MN Sr Cu 4: 4
45 Re ET M AR Sd 3
46 ne NPD ARTIST CE MAT: 3
47 RC DRE ÉCOLE 2
48 mn 10 OC OO DEL UC OP , 2 —
49 TN GEL PC an DLL MCE 3
8
9
6
3
Comme on le voit, ce nombre est excessivement variable, puis-
102 J. JULLIEN
qu'un tiers environ seulement peut être considéré comme type
principal avec 50 tentacules, que le second tiers en possède plus
de 50 et le troisième moins. Mais je n’ai Jamaiis vu, en aucune
circonstance, un polypide porter les soixante tentacules annoncés
par les auteurs, depuis Gervais jusqu'à Allmar. Il est impossible
de les compter dans leur position normale, à moins qu'ils ne
soient étalés de face, qu'on domine l’orifice buccal; on les compte
au contraire facilement en décollant le Zoarium avec une aiguille
et en l’observant renversé dans un verre de montre où on a versé
quelques gouttes d’eau limpide.
Sur deux polypides à bras lophophoriens inégaux, il y avait 40
et 44 tentacules : sur celui avec 40 tentacules, un bras en portait
11 et l’autre 26; celui qui en avait 44 en portait 19 d'un côté et
25 de l’autre, les tentacules étaient plus courts sur la branche
avortée; sur l’autre ils étaient très inégaux, quelques-uns dépas-
sant leurs voisins d’un tiers de leur longueur.
Fig. 12. Fig. 13. Fig. 15.
Un polypide avorté ne portait que 17 ou 18 tentacules, alors
que sur ses congénères on en comptait de 49 à 52; il offrait cette
particularité d'avoir les deux branches du lophophore soudées par
leur bord interne. Cette anomalie élait accompagnée de l'arrêt
de développement des tentacules internes, qui ne se montraient
plus que sous la forme de petites verrues peu nombreuses, sur
l'espèce de crête formée par les branches du lophophore; je n'ai
pu découvrir l’épistome sur ce polypide (1).
Sur des polypides résultant de l’éclosion de deux statoblastes,
le 11 avril 1884, j'ai pu compter 31 et 33 tentacules.
Rœæsel donne sur ses dessins b2 tentacules à un polypide de la
planche 75, et 56 à un autre polypide de la planche 74; Allman en
a dessiné 39 et43 à sa Plumatella repens; Van Beneden pour l’Al-
(1) Le 31 mai 1885, j'ai trouvé dans l'étang de Villecbon, près Paris, une colonie
développée sur un petit caillou. Un des polypides ne portait que 14 tentacules
disposés en forme de Frédéricelle; il était mêlé à des polypides réguliers; je n'ai
pu malheureusement m'assurer de l'existence ou de l'absence de l’épistome.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 103
cyonella stagnorum en indique 42 à 46 dans l'espèce qui a servi à
ses études; il ajoute qu’il en a vu de 50 à 60, et que le nombre
des tentacules lui paraît très variable.
Le calyce qui garnit la base des tentacules
ne peut servir aux diagnoses d’une espèce,
comme Allman l’a pensé; l'insertion de cet
organe varie non seulement sur les polypides
d’une même colonie, mais encore sur le même
polypide, où il n’est pas toujours identique
sur tout son pourtour. Il est d’ailleurs difficile
à étudier. |
L’estomac est rayé longitudinalement de jaune foncé sur un
fond jaune pâle dans les beaux exemplaires, mais cette nuance
peut s’amoindrir et devenir simplement laiteuse sur des échan-
tillons dégénérés.
Les statoblastes
sont ovales, guère = |
plus longs que lar- © @) €) (o) €)
ges ; leur taille et 1
leur forme varient
d'un polypide à l’au-
tre et même chez un (O)
seul polypide. Ils
sont formés de deux
Fig. 16.
chez l'inférieure. =
D'après Meyer, Van ©) (©) (©) ©) ©)
Beneden et Allman
sance à deux poly-
toute la France, elle abonde dans beaucoup d'eaux dormantes ou
valves dont la supé-
rieure est plus apla- © (©)
tie, avec l’aréa cen-
les embryons ciliés
de cette espèce don- 5 °
pides jumeaux.
Cette Plumatelle Fig. 17-47.
d'un cours peu rapide. Aux environs de Paris je l’ai rencontrée :
— à l'étang de Brise-Miche près Chaville, sous les feuilles et sur
trale plus étroite que
nent d'emblée nais-
est répandue dans
les pétioles de Nymphæa alba, le 24 août 1884; les exemplaires y
104 J. JULLIEN
étaient peu abondants et assez petits, à peu près, mais non com-
plètement, dépourvus de crête anale; zoarium rampant et ramifié,
non arborescent.
— À l'étang de La
Tour, près Ram-
bouillet ( Seine-
et-Oise), sous les
feuilles de Nym-
phœa alba, le 17
août 1884; des
statoblastes,
ayant déjà subi
un certain déve-
loppement sont
Fig. 48-62 entrouverts ‘dans
le tube de l’endo-
cyste, l’un a ses deux valves séparées : un autre, qui n’est qu’en-
tr'ouvert d’un seul côté, pirouette dans le sens de la fente sans
s’arrêler, rien ne dépasse les valves et on ne distin-
SU à gue pas le détail du contenu. Les zoaria sont super-
AP = bement ramifiés à la surface inférieure des feuilles
= et les zoœcies sont dépourvues de crête anale. —
Fig. 63 À l'étang de Saint-Cucufa dans la forêt de Marly, le
7 septembre 1884; sous les feuilles de Nymphæa, on
reucontre de jolies Plumatelles largement développées avec des
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 105
statoblastes, mais je n'y ai pas vu de testicule {en activité; il y
avait seulement dans la cavité périgastrique des spermatozoïdes
immobiles, peut-être morts, qui étaient agités par les courants
intérieurs. — Dans le lac d'Enghien, qui n’est qu’un étang, elle
est très abondante sur les murs submergés, sur les grilles en fer
qui séparent les eaux du lac des fossés des parcs voisins, elle est
là à fleur d’eau sous forme d’Alcyonelle ; près du pont de Saint-
Gratien, sur les bois “à
EX
des fascines, qu'elle Û
recouvre parfois en-
tièrement sur toute
leur longueur, elle s’y Ve
présente sous toutes
les formes, alors ces
immenses colonies
sont le résultat de
l'enchevêtrement et
de la diffusion des co-
lonies produites par
l’éclosion, sur la mê-
me branche d’innom-
brables statoblastes
libres ou fixes, visi-
bles encore au com-
mencement des zo®-
cies d’origine. Sous
les pierres de petite
dimension et sous les
débris de bouteilles,
de briques, de verre,
de chaussures, etc.,
on la voit former de
petites colonies ram- Fig. 65.
pantes et ramifiées
sur lesquelles on voit quelques rares branches devenir libres de
toute adhérence; là elles ont le même aspect que les colonies si
communes sous les feuilles des Nymphæœa. — Au Champ-des-
Biens à Orgeval, je l’ai rencontrée sous les feuilles de Nymphœæa
dans un très-grand vivier de jardin; une de ces colonies avait
pris la forme d’Alcyonelle, elle formait sous la feuille une sorte
de massepain à bords aplatis ; les autres colonies étaient de forme
106 J. JULLIEN
normale. Je l'ai encore rencontrée dans des mares à Alfort, sous
forme d'Alcyonelle sur des branches mortes. P. Gervais et Van
Beneden, Raspail et beau-
A] 222 ; coup d’autres l’ont aussi
PA vs:,Ù0 .4 signalée aux environs de
[4
CAP \ UE Paris.
HE EN Dans les montagnes du
> De. Charollais et du Brionnais
se ZA NE (Saône-et-Loire), je l'ai
: RIRE SRI « trouvée partout; cette
Dee : montagneuse région est
couverte de prés, les
bœufs en broutent l'herbe
pendant toute la belle sai-
son, aussi est-on obligé
de creuser dans chaque
pré une fosse qui sert
d'abreuvoir, l’eau s'y re-
nouvelle facilement, elle
y est ordinairement très
limpide, et garnie de di-
verses plantes, surtout de
Potamogétons,de Macres,
etc.; les parois sont le
plus souvent des murs en pierres sèches à travers lesquelles pas-
sent les racines des arbres riverains, chêne, aulne, noisetier,
églantier, etc. Les grands étangs, les ri-
vières, les torrents, les ruisseaux abon-
dent, dans les fonds de ces côteaux de
granit rose sur lesquels s’étalent les ro-
ches jurassiques. Aussi la Plumatella re-
pens trouve-t-elle de quoi pulluler dans
ces eaux si riches en matériaux de toutes
sortes, où l'on trouve des myriades d’In-
fusoires.
Ainsi je l’ai pêchée dans la Reconce à
Charolles et à Varennes-sur- Reconce ;
dans l'étang du Verdrat près Charolles;
à Saint-Christophe en Brionnais dans les
mares qui sont derrière les Eaux miné-
Fig 67. Fig 68. rales, dans le grand étang de Saint-Chris-
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 107
tophe, dans les mares du hameau de Fougères, du hameau de
Trélu, du hameau de Ponay, dans les étangs de Bataillis, de Loury,
des Sertines, de la Clayette, etc., etc. Enfin je l’ai rencontrée, sous
forme d'Alcyonelle sur une branche morte, dans la Loire près
de Bourbon-Lancy.
Risso et Paul Gervais l'ont signalée dans le midi de la France.
À l'étranger on l'a rencontrée depuis les Orcades jusqu'en
Russie, où il est peu probable qu'elle se soit arrêtée aux Monts
Oural; et depuis la Suède jusqu’en Italie et aux Pyrénées; elle
est certainement beaucoup plus étendue encore.
Carter prétend l'avoir trouvée dans l'Inde près de Nagpoor.
Notre collègue M. Chaper m'a donné
deux Unio rapportés par lui de l'é-
tang de Darodji, qui se déverse dans
la Tungapatra, affluent de la Kistna,
Présidence de Madras, district de
Bellari (décembre 1882), sur les co-
quilles desquelles existent des sta- ÿg
toblastes fixes très semblables à
ceux de notre espèce; cette obser- &
vation pourrait bien fortifier celle de
Carter, mais elle n’est point suffi-
sante pour fixer la question. Il fau-
drait étudier l’animal tout entier.
Elle se plaît dans les lieux ombra-
gés, mais non pas obscurs, on la
trouve sous les corps immergés et
quelquefois aussi sur eux cela tient
à la légèreté des statoblastes qui
s'arrêtent dans leur ascension, là où
un corps rigide peut les fixer, mais
la colonie peut très bien avoir des’
rameaux supères et d’autres infères.
Elle est fréquente sous les feuilles
de Nénuphars, de Potamogeton natans et P. crispus, de Trapa
natans, d'Alisma plantago, sur leurs tiges et sur leurs pétioles, sur
les bois morts, sur les pierres, sur les herbes aquatiques et sur
tout ce qui est immergé et solide. On doit la chercher de préfé-
rence au-dessous des changements possibles de niveau dans les
étangs, les mares, les rivières.
Elle varie à l'infini de taille et de forme. Ici, elle atteindra la
108 J. JULLIEN
forme d’Alcyonelle, à côté elle gardera celle de Plumatelle, bien
malin celui qui dira pourquoi; mieux encore, dans certaines mares,
dans certaines étangs, les colonies auront un tel aspect qu'on
croira avoir une espèce distincte et qu'on fera comme Allman
Fig. 70.
dix espèces avec la même. Certes, le savant Anglais avait sûre-
ment bien travaillé la question et il croyait bien la tenir, quand
Fig. 71.
il a publié sa Monographie des Bryozoaires d'eau douce; il s’est
trompé quand même d’une façon lamentable, car aucun de ses
caractères ne peut être conservé. Passons les en revue :
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 109
Zoœæcies. — Leur forme est très changeante, surtout quand le
polypide vit encore à l’intérieur, elles peuvent être subcylindriques
ou claviformes ou urcéolées; cela dépend seulement du contenu et
du moment de l'observation, dans certains exemplaires elles for-
ment les trois quarts d’un cylindre porté sur une base plate, ailleurs
elles sont triangulaires; elles peuvent se souder entre elles ou
rester libres; elles peuvent ramper bout à bout comme elles peu-
vent former des rameaux libres. Ces différents états peuvent se
rencontrer sur les mêmes colonies. Le diamètre est encore très
variable. Allman nous signale que la forme alcyonelle ne se ren-
contre jamais en Irlande tandis que la forme plumatelle y abonde,
ce n’est pas une raison suffisante pour en faire une espèce à part,
quand on trouve tous les intermédiaires entre l’Alcyonelle et la
Plumatelle ordinaire. Seulement il faut savoir que, à tel endroit,
les zoæcies auront une forme, à tel endroit elles en affecteront
une autre, et qu'ailleurs la même colonie présentera des zoæcies
réunissant toutes les variétés précédentes, détruisant ainsi leur
spécificité.
+10 J. JULLIEN
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NV
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE IlT
Zoæcies jumelles. — Van Beneden et Allman ont trouvé extraor-
dinaires les formes qu'ils ont nommées Alcyonella flabellum et
Plumatella jugalis parce que le zoarium commence
par deux zoϾcies jumelles, or cette disposition
s’observe sur toutes les variétés de Plumatella re-
pens; je l’ai également observée sur la Plumatella
lucifuga. Cette disposition paraît naturelle quand
le zoarium naît d’un œuf et non d’un statoblaste; È
l'œuf contient une larve ciliée donnant naissance \
à deux polypides jumeaux, il faut bien que ces \
deux polypides se logent séparément, il en résulte
la Plumatella jugalis qui devient l’Alcyonella flabel-
lum si les zoæcies se soudent. Sur ces zoaria on ne Fig. 741.
trouve jamais d’écailles de statoblastes parce qu'il
n’y en à jamais eu.
Les zoœæcies jumelles ne peuvent donc pas servir de caractère
spécifique.
Crête anale. — Allman a donné à cette crête les noms de sillon
et de carêne (Furrow and Keel), je préfère à
ces noms ceux de créte anale parce que l’anus
est toujours son point de terminaison et
qu’elle oriente la disposition du polypide dans
le tube zoœæcial. Grâce à ce rapport, nous af-
firmons que la figure, placée par Allman sous
le n° 6 de sa planche 7 est tout-à-fait erro-
née, le dessin en est mauvais. Cette crête
existe ou n'existe pas, et son existence n’est
pas non plus un caractère spécifique puis-
qu'on la voit sur des colonies où certaines
zoæcies en sont privées. Je ne l’ai point vue
sur les Plumatella repens du lac d'Enghien, de
l'étang du Verdrat, de la Loire; dans beau-
coup de mares toutes les zoœcies la possèdent dans beaucoup
d’autres (comme à Saint-Cucufa) les zoæcies sont toutes mélan-
gées, les unes sont presque cylindriques, les autres avec une crête
anale simple et transparente, d’autres avec une crête anale four-
chue à son origine sur le fond de la zoœæcie, également trans-
parente, enfin il y a des zoœcies qui portent une crête simple
dépourvue de toute transparence.
Statoblastes. — Voici à présent des corps particuliers, des bour-
geons, comme dit Allman, entourés par une coque chitineuse
112 J. JULLIEN
séparée en deux valves que réunit et consolide un anneau de
même nature qui ferme les bords; mais ces statoblastes sont très
variables de forme, depuis les circulaires jus-
qu'à l’ovale le plus prononcé, et on trouve faci-
lement des échantillons divers dans une même
colonie. C’est donc un caractère qu’il ne faut em-
ployer qu'avec une certaine prudence; on peut
juger sa valeur en comparant les dessins de
Hyatt et les nôtres.
Calice. — Allman a cru pouvoir tirer de cet
organe de bons caractères, il a desssiné ce qu'il
a Cru voir, Car il m'a été impossible de retrouver
ses croquis. Je noterai en passant que cet organe
est d’une étude délicate, et que sa disposition
varie constamment par les mouvements des ten-
tacules. Cependant j'ai constaté que non seulement il était va-
riable sur les divers polypides d’une même colonie, mais encore
sur les divers points de la même couronne
tentaculaire. Alors quel caractère spé-
cifique peut-on espérer tirer de là ?
Taches blanches de l'endocyste. — Ces
taches d’un blanc bleuâtre, quand on les
voit à la lumière incidente, paraissent
jaunâtres à la lumière transmise; l'acide acétique les fait dispa-
raître sans effervescence. Ordinairement on les voit dispersées
sur l’endocyste de la gaîne tentaculaire, ce n’est
qu'exceptionnellement qu'il s'en trouve sur l’esto-
mac lui-même, et sur le funicule si volumineux
qui fait suite aux corps bruns, ainsi que je l'ai
observé, sur la Plumatella repens de l'étang du Ver-
drat, le 19 septembre 1883. Ces taches sont souvent
absentes et leur excès n’est pas admissible pour
caractériser une espèce, comme Hancock l’a pensé
et Allman après lui.
Ainsi se trouvent élagués tous les caractères
établis par Allman avec un talent apparent qui en
impose, mais qui ne résiste pas à une étude atten-
tive de ces animaux.
Synonymie. — Comme conséquence de ce qui vient d'être dit,
je vais établir la synonymie de la Plumatella repens telle qu’elle
doit être :
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE
Tubipora repens Linné, 1758.
Tubularia fungosa Pallas, 1768.
Spongia lacustris Schmiedel.
Leucophra heteroclita Müller.
Alcyonium fluviatile Bruguière,
Lamouroux.
Alcyonella stagnorum Lamarck, Schweig-
ger, Lamouroux, Meyen, Ehrenberg,
Blainville, Carus, Dumortier, Teale,
Johnston, Siebold.
Aleyonella fluviatilis Raspail, P. Gervais.
Plumatella campanulata var. dumetosa
P. Gervais.
Alcyonella fungosa van Beneden, Du-
mortier et Van Beneden, Allman.
Alcyonella anceps Dalyell.
Alcyonella gelatinosa Dalyell.
Polype à panache P. Gervais.
Alcyonella Benedeni, Allman.
Alcyonella flabellum Van Beneden, All-
man.
Corallenartiger Kamm-polyp Schäffer.
Büsc,
113
Tubularia repens Müller, Gmelin, Turton.
Der polyp mit dem Feder-busch Eichorn.
Alcyonella, tertius evolutionis gradus
Raspail.
Plumatella repens Lamarck, Blainville,
Dumortier, Johnston, Fleming, P. Ger-
vais, Allman, Thompson, Dalyell.
Plumatella campanulata Van Beneden,
Lamarck, Schweigger, Blainville,
Risso, P. Gervais.
Federbusch-polyp Rœsel.
Tubularia gelatinosa Pallas.
Tubularia campanulata Blumenbach,
Gmelin.
Tubularia reptans Turton.
Naisa campanulata Lamouroux
Plumatella punctata Hancock, Allman.
Plumatella coralloides Allman.
Plumatella emarginata Allman.
Plumatella elegans Allman.
Plumatella Dumortieri Allman.
Plumatella jugalis Allman.
Voilà pour le coup une synonymie qui fera réfléchir les débu-
114 J. JULLIEN
tants et beaucoup d’autres; elle prouve que l'étude des Bryo-
zoaires d'eau douce n’est pas ce qu'il y a de plus facile, au
moins pour ce qui regarde la Plumatella repens.
Cette espèce ne produit pas de Frédéricelle.
Plumatella lucifuga Vaucher, 1804.
Hi 69 à 125.
Zoœæcies tubuleuses, augmentant de diamètre depuis le com-
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE he
mencement de la zoæcie jusqu'à l'extrémité; à sections transver-
sales toujours triangulaires, jamais subcylindriques ni cylindri-
Re] (HD
\ À à
A
À
+
=:
AN
Fig. 85
ques; toujours avec une créte anale simple et dépourvue de
transparence, l'extrémité zoœæciale est ordinairement hyaline et
renflée plus ou moins. Les zoaria formés par ces
zoæcies sont comme toujours très variables :
1° souvent ils sont rampants, chaque zoæcie adhé-
rente sur moins de la moitié de sa longueur, la
portion libre toujours beaucoup plus longue et
beaucoup plus grêle que dans la Plumatella repens,
ces zoæcies ne fournissent pas de branches ; 20 d’au-
tres fois, il naît quelques rameaux qui sont formés
seulement par un petit nombre de zoæcies, et si une
de celles-ci touche un corps résistant, elle s'y fixe
et produit une nouvelle portion rampante,; 30ilya
des zoaria disposés comme au n° 1 mais dont quel-
ques zoœæcies produisent de petites branches formées par quatre
ou cinq zoϾcies seulement autour des branches, les autres
ramuscules coloniaux sont rampants ;
4 on voit quelquefois des zoaria sur CREER:
lesquels des zoæcies deviennent im-
menses, leur côté est orné de trous AA}
A
Fig. 87.
ES
arrondis disposés sur une seule ligne,
ces trous sont tout ce qu'il reste de
zoæcies charnues qui ont disparu, mais
116 J. JULLIEN
dont la dernière peut être encore en place au moment de l'obser-
: vation; cette forme est l’une des plus curieuse
de cette espèce, je croyais avoir trouvé là
une espèce nouvelle mais les zoœæcies ram-
pantes ne lui ressemblaient guères ; j'ai
compté jusqu’à douze de ces trous sur une
même zoœcie, ce bourgeonnement est exces-
Fig. 90.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 117
sivement curieux ; 5° enfin le zoarium peut aussi être dendroïde
ou frutescent, alors il naît d’un statoblaste et ce n’est que la
zoæcie de ce statoblaste qui adhère au support ou encore quel-
ques-unes des zoæcies suivantes, leur nombre est toujours très
restreint; il y a des zoœcies qui forment des touffes libres de la
taille d’une belle noix, entièrement supportées par une seule
zoœæcie; ces zoæcies se rencontrent ordinairement sous les pier-
é 1 Up
Q VI 4
\uz
Fig. 91. Fig. 92.
res, mais j'en ai aussi trouvé sur ces dernières, plantées droit
comme un arbre; je n’en ai pas trouvé qui aient plus de 22m de
hauteur, c'est celle de mes plus beaux exemplaires de Bourgogne.
Vaucher attribue à cette espèce les nombres 25 et 32 pour les
tentacules du lophophore ; maïs il n’y a pas de Frédéricelle avec
25 tentacules, personne n'en a signalé autant, Allman seul en
118 J: JULLIEN
signale 24; le nombre 32, quoique excessivement faible, ne se
rapporte qu'à ‘une Plumatelle. La Tubularia repens, du même
auteur, me paraît être la forme
stricta d'Allman, mais les grains
arrondis et aplatis qui représen-
tent les statoblastes me semblent
bien extraordinaires.Comme Linné
avait déjà employé le nom de re-
pens, j'ai dû conserver le nom de
lucifuga pour notre seconde espèce
de Plumatella, bien que les des-
criptions de Vaucher, auquel,La-
mouroux attribue une grande sa-
gacité, soient absolument incom-
plètes et un tant soit peu erronées.
Sur trente et un polypides bien
constitués et pris au hasard, le
nombre des tentacules a varié dans
les proportions suivantes :
LA enTACUIESS ee een 6 fois
PE RE LAN tr EC EE PAS 2 —
LAN RE RAIN RENNES AA
46 + No SRE 4 .—
47 NES EE da À —
50 ANR RESTES 1 —
51 A | DR Re & —
53 LR TE Le Le 2 —
She
Fig. 93. 54 ET Te
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 119
19 et l’autre 22 tentacules, soit un total de 41, il y avait un épis-
tome au-dessus de la bouche.
Trois polypides privés d’épistomes m'ont offert 40, 37 et 21 ten-
tacules. Ces chiffres de 40 et de 37 sont vraiment bien élevés pour
cette anomalie, qui est
d’ailleurs assez fréquente
sur les colonies, et corres-
pond ordinairement à une
diminution des tentacules.
Enfin, chez la Frédéri-
celle sultane, qui n'est
qu'une monstruosité de
cette Plumatelle, il y a de
49 à 24 tentacules; All-
man en donne 24, je les ai
rencontrés sur des Frédé-
ricelles de l’étang de Ville-
bon (bois de Meudon); Van
Beneden en a compté de 20
à 22. Deux jeunes poly-
pides sortant de leurs sta-
toblastes n’en portaient
que 15. Remarquons ici
que la Frédéricelle porte
à peu près juste moitié des Fig. 96.
tentacuies de la Pluma-
telle. Les Frédéricelles, comme les Plumatelles, sont pourvues
d’épistome.
Le calyce des tentacules est aussi variable ; dans la même colo-
nie je l’ai trouvé simple et non festonné sur quelques polypides,
120 J. JULLIEN
sur un petit individu chaque godet se terminait en pointe à son
milieu comme une baleine de parapluie; ces godets sont plus
ou moins saillants.
Fig. 98.
Fig, 97. Fig. 100.
Les s{atoblastes de cette espèce sont toujours très allongés et
ovales, la valve supérieure est aplatie, l’inférieure est concave:
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 121
elles sont réunies par un anneau, quand elles atteignent leur par-
fait développement, alors sur la valve supérieure cet anneau
celluleux laisse au centre un espace très petit, tandis qu'il est
IN HA
Fig. 101. Fig. 102. Fig. 103.
beaucoup plus étendu sur la valve inférieure. Ces statoblastes
sont d’un brun foncé et l’anneau est plus pâle, ce dernier ne se
développe pas chez les Frédéricelles.
D’après Allman, les embryons ciliés de la Plumatella lucifuga
ne donnent naissance qu'à un seul polypide; cependant, j'en
possède des colonies à formes jugales qui ne peuvent pas, je crois,
IHHHHE
Fig. 104. Fig. 106. Fig. 105.
se produire autrement que par deux polypides jumeaux.
La Frédéricelle sultane ne constitue pas un genre distinct, elle
est un arrêt de développement de la Plumatella lucifuga ; nous
croyons pouvoir l’affirmer pour les raisons suivantes :
1° Il est impossible de différencier les deux zoaria si on ne voit
pas les tentacules ou les statoblastes ; et encore on peut mettre
ces derniers de côté, car on en trouve d’identiques, c'est-à-dire
privés d’anneau, chez la Plumatella lucifuga.
20 Le zoarium présente les mêmes variétés que celui de la
122
+ JULLIEN
Plumatella lucifuga; dans celle où il se développe sur une zoæcie
ANT 7
\ 7
Fig. 108,
plusieurs bourgeons la-
tér aux, ils sont égale-
ment tous tournés du
même côté, maisils sont
un peu moins serrés.
Van Beneden nous
> dit que le polypide se
subdivise d’une ma-
nière irrégulièrement
bifurquée, mais pres-
que toujours en dou-
blant ses rameaux du
même côté; il a vu par
conséquent la variété
dont nous parlons.
30 On rencontre quel-
quefois (Reconce près
Charolles, Septembre
1883) la Plumatella lu-
cifuga et la Fredericella
sultana mêlées dans une seule touffe. Croyant avoir affaire à la
Fig. 109.
Plumatella, je commis la faute de
ne pas détacher au ciseau le
morceau de pierre, qui portait la
petite touffe, pour voir le point
ou les points d’origine; ce groupe
était tout seul sous les pierres
d’un petit mur de soutien de trois
ou quatre mètres de long. Le
mélange de ces deux espèces dans
cette solitude ne paraît-il pas
extraordinaire ?
4 Le lophophore est ovale et
non pas circulaire comme on l’a
dit jusqu'à présent pour la Fré-
déricelle d'Europe, moi du moins
je ne l'ai jamais vu autrement, et
de profil il affecte la forme des
Hippocrépiens. Il est hippocrépien quand il sort de la gaine ten-
laculaire :
49
une fois développé, il est légèrement réniforme, le
MONOGRAPHIE DES RRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 123
creux du hile placé derrière l’épistome; cette disposition réni-
forme s’accentue davantage quand le lophophore s'incline du côté
opposé. Van Beneden à, lui aussi, reconnu cette disposition du
lophophore chez la Frédéricelle; il dit que « les tentacules sont
disposés en entonnoir, mais d’un côté ils sont plus allongés que
de l’autre; cette inégalité dans la longueur est un passage vers
les Polypes à panache en fer-à-cheval. Dans les jeunes individus,
outre l'inégalité dans la longueur, on aperçoit quelques tenta-
cules en dedans du cercle du côté où se trouve la lèvre {épis-
tome)»; disposition que j'ai parfaitement vérifiée à mon tour.
Allman n'avait donc pas besoin d’épistome pour placer cet animal
à sa place, puisqu'il est positivement hippocrépien ; mais je dois
reconnaître que cette disposition est encore très variable.
5° Les statoblastes de Fredericella ne sont pas tous réniformes
comme Van Beneden et Allman
les ont dessinés, il y en a qui ÿ ,
sontabsolument ovales(comme 1
quelques-uns de ceux de Plu- 7
matella lucifuga) et d’autres
sont très allongés avec un con-
tour quadrilatéral à angles ar-
rondis. Ils sont toujours pri-
vés de l’anneau extérieur des
Plumatelles, encore par arrêt À
de développement.
Leur coloration a lieu abso-
lument comme chez les Pluma- \
telles. \
6° Jusqu'à présent je n'ai pu
rencontrer de Plumatella luci-
fuga dans les étangs pourvus Fig. 110.
de Fredericella sultana, cela
tient-il à la nourriture que fournit l'étang, ou au milieu am-
biant? Une seule fois, il m'est arrivé de les trouver intimement
mêlées en une petite touffe, sous les pierres d’une rivière où elle
était unique, loin autour d'elle. Fait excessivement rare et très
important, reconnu déjà par Vau Beneden.
Tels sont les motifs pour lesquels je repousse la légitimité du
genre Fredericella; je n’admets pas davantage les espèces améri-
caines de Leidy et de Hyatt parce qu’elles me paraissent se
rapporter aux Plumatellidées du pays.
124 J. JULLIEN
La Synonymie de cette espèce doit donc s'établir ainsi :
Naïsa lucifuga Lamouroux, Deslong-
champs.
Plumatella fruticosa Allman.
Tubularia lucifuga Vaucher (1804,.
Plumatella lucifugaJ.amarck, Blainville,
Naïsa repens Lamouroux.
Fig. 111.
Plumatella Allmani Hancock. | Plumatella stricta Allman.
Plumatella repens Van Beneden.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 195
Et pour sa monstruosité :
? Tubularia coralloides Pallas (1763). Fredericella sultana P. Gervais, van
Tubularia sultana Blumenbach (1777), Beneden , Thompson,
Lamouroux. Allman, Johnston, Du-
Naïsa sultana Lamouroux. mortier et van Beneden,
Plumatella gelatinosa Fleming, Johnston. Hancock.
Difflugia proteiformis Meyen. Fredericella dilatata Allman.
Plumatella sultana Dumortier, Johnston.
La Plumatella lucifuga est loin d'être aussi facile à se procurer
que la Plumatelta repens, il y a des localités où on ne trouve
qu'elle, il y en a où elle se trouve avec la PI. repens, mais plus
rarement, enfin il y a des points où la lucifuga est plus abondante
que la repens; il est toujours plus facile d’avoir
la seconde que la première. Cette espèce est
plus difficile à trouver parce qu’elle se cache
mieux que l’autre; ordinairement elle vit à
une plus grande profondeur, sous les pierres;
on la rencontre assez fréquemment sous les
bois flottants, et d'autres fois sous des feuilles
de Nymphæa et de Potamogeton, ce qui est 48 (/4
l'exception. La forme Frédéricelle a les mêmes
habitudes, j'ai constaté qu'elle pouvait en outre vivre en plein
soleil (mare de Fougères, près Saint-Christophe-en-Brionnais
(Saône-et-Loire) et étang de Villebon, dans le bois de Meudon,
près Paris.
Cette Plumatelle a été découverte dans le Rhône par Vaucher
en 1804, mais Blumenbach l’avait déjà rencontrée en 1777 près de
Gœættingen à l’état de Frédéricelle. Mal étudiée
jusqu'à présent, elle est cependant commune dans y
nos eaux douces, et je la crois aussi répandue que
la Plumatella repens dans les différents pays d’Eu-
rope.
En France, je l’ai découverte aux environs de
Paris : à Chaville, dans l'étang de Brise-Miche, (15:
sous les pierres de la vanne et sur les feuilles
du Potamogeton crispus, où elle affectait la forme de Plumatella
stricta, el celle à bourgeonnement latéral linéaire; j'y ai recueilli
une colonie jugale qui ne peut s'expliquer que par une larve
cillée à deux bourgeons jumeaux. J'ai aussi trouvé, sous les
feuilles de Nymphœa de cet étang, quelques belles colonies de
Plumatella repens et quelques petites colonies de lucifuga à forme
126 J. JULLIEN
rampante ou séricta. Pas une seule Frédéricelle dans cet étang.
— Elle existe à l'étang de Saint-Hubert près Rambouillet, mais
y est peu abondante, je lai retirée d’une profondeur de près d’un
mètre, sur la face inférieure de pierres éboulées à la chaussée
de Pourras; c'était des zoaria de petite taille rampants d'abord,
puis fournissant de distance en distance de petits rameaux : pas
de Frédéricelle dans cet étang. — On la trouve dans l'étang de
Saint-Cucufa de la forêt de Marly, près de Bougival; bien que cet
étang renferme énormément de Nénuphars blancs, aucune des
feuilles que j'ai examinées n’en portait trace, elle existait cepen-
dant sous les écorces flottantes de Peuplier, sous les bois flot-
tants, où elle formait des colonies rampantes
portant quelques rameaux. — J'en ai encore
rencontré quelques rares exemplaires à l'étang
des Moës près le Mesnil-Saint-Denis (S.-et-0.), le
148 août 1884, elle rampait sous les feuilles de
Potamogeton natans, puis par ci, par là, fournissait
des jets de ‘deux ou trois zoœcies; sous une
feuille j'ai récolté une petite colonie non ram-
pante et parfaitement ramifiée. Là encore pas de Frédéricelle. —
Au Champ-des-Biens, près Orgeval (S--et-0.), je l'ai trouvée ex-
cessivement abondante dans un grand vivier, sous des feuilles de
Nénuphar, tandis que la Plumatella repens y était très rare, mais
il faut considérer ce fait comme une exception; les zoaria étaient
arborescents et naissaient de quelques zoϾcies rampantes. Tou-
jours pas de Frédéricelle.
Dans le lac d'Enghien et dans l'étang de Villeneuve, près Gar-
ches, à l'extrémité du parc de Saint-Cloud, j'ai trouvé des Frede-
ricella sultana, mais pas de Plumatella lucifuga. Cette variété gar-
nit, de ses jolis petits buissons, les
1) () Û () () pierres, les brindilles et tous les corps
AN solides où elle peut se fixer; elle de-
PAU UE vient superbe dans le lac d'Enghien où
j'en ai recueilli de magnifiques colonies; dans l'étang de Ville-
neuve, près Garches, j'ai vu des pierres en porter sur plus de dix
centimètres de longueur. C’est aussi la forme de cette Plumatelle
à l'étang de Villebon, près Paris, elle y croît en plein soleil, sur
les cailloux du bord. *
Van Beneden et P. Gervais l'avaient déjà découverte à Enghien
en 1838. P. Gervais l'a aussi trouvée à l'étang de Plessis-Piquet,
près F'ontenay-aux-Roses.
| 1,0:
MONOGRAPHIE DES RRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 127
En Bourgogne, cette Plumatelle atteint un superbe développe-
ment, je ne l’y ai guère trouvée qu’en touffes, portées par une
ou seulement quelques zoæcies rampantes, fixées aux pierres
immergées et abritées du grand jour, dans les fentes des murs
de soutien ou à l'abri, sous des touffes de broussailles surplom-
bantes, dans la Reconce associée à la Frédéricelle; dans les mares
qui se trouvent derrière les Eaux Minérales de Saint-Christophe-
en-Brionnais, dans les prés de M. Maudre et de M. Polette, sans
Frédéricelle, mais en compagnie de la Plumatella repens; dans
l’étang de Loury, elle existe toute seule sous
les cailloux abrités, elle y forme des zoaria Rae
rampants émettant quelques petits rameaux
libres; dans cet étang, je n'ai rencontré ni Plumatella repens ni
Frédéricelle sultane.
Quant à cette dernière, je l’ai trouvée une fois excessivement
abondante en plein soleil, rampant et se ramifiant sur toutes
les herbes immergées d'une mare à fond de cailloux, dont l’eau
était très limpide; à côté d'elle, sous les feuilles
de Potamogeton et de Trapa natans, j'ai récolté de aie,
fort belles colonies de Plumatella repens, mais pas
une seule PL. lucifuga: cette mare se trouve dans le pré qui
forme l'angle de la vieille route de la Clayette et du chemin de
Fougères, près Saint-Christophe. Enfin, comme je l’ai déjà dit plus
haut, la Frédéricelle existe dans la Reconce, où je l’ai recueillie
dans une situation absolument exceptionnelle.
Plumatella arethusa Hyatt, 1868.
Fig. 126 à 154.
Zoæcies distinctes, brunes” ou incolores selon l’âge; les inco-
lores sont les plus jeunes; en vieillissant elles brunissent et la
crête anale se dessine; zoaria en forme d’Alcyonelle ou de Plu-
matelle; il y a de 40 à 60 fentacules ; les sta-
toblastes sont de forme et de taille très varia-
bles ; ils ont de Omm199 de large sur 0"%266
de long, 0mm266 de large sur 0""399 de long;
en nombres égaux, les statoblastes mesurent
6 sur 8, 6 1/4 sur 9, 6 1/2 sur 10, 7 sur 9, 7
sur 11 1/2, 8 sur 11 à 8 sur 12, chez des stato-
blastes bien développés.
128 J. JULLIEN
Synonymie : Plumatella arethusa Hyatt, 1868 ; ? Fredericella re-
gina Leid y.
f 119
158 429 le
Fig. 143. Fig. 142, Fig. 144.
Habitat : Etats-Unis, dans les élangs, rivières et ruisseaux des
Etats du Maine et Massachussetts. On la trouve ordinairement dans
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 129
l’eau douce, mais il paraît qu'elle vit aussi dans l’eau saumâtre.
Hyatt a découvert cette espèce dans
des courants modérés ou en eau dor-
mante couvrant généralement de gran-
des surfaces; il en existe encore de
petites colonies sur des ramuscules et
sur des racines; dans le ruisseau de
Tommy la variété alcyonelloïde est
associée à la même variété de Frederi-
cella regina Leidy , et dans une région
plus rapide de ce ruisseau la forme
plumatelle de cette Frédéricelle vit côte
à côte avec la véritable Plumatella are-
thusa.
DV /7
Usty BE
Fig. 116. Fig. 117.
130
J. JULLIEN
La question des Frédéricelles américaines est donc à revoir,
Fig. 148.
pour saisir les rapports qui servent de
trait-d'union entre les différentes es-
pèces de ce pays; il est impossible
actuellement de se prononcer là-dessus
avec les descriptions incomplètes que
Leidy et Hyatt nous ont données ;
cependant il est probable que la Fre-
dericella regina est la Frédéricelle de la
Plumatella arethusa, mais je ne l’affirme
pas. Hyatt ajoute, que dans le Great
Pond (grand étang), au cap Élisabeth,
où l’eau est saumâtre, on trouve de
petites colonies de cette Plumatelle
ayant le caractère général des petites Frédéricelles qu'on trouve
aussi là. À Fresh Pond on rencontre la forme plumatelloïde de
cette espèce avec les mêmes
| formes de Fredericella regina,
|) È ( Gi de Plumatella vitræa et Plu-
: matella vesicularis. L'auteur
9 Jo 151 12 153 134
américain prétend que ces
variétés sont le résultat de l'association des différentes espèces
sous l’action de semblables causes physiques.
Plumatella diffusa Leidy, 1851.
Fig. 155 à 164.
Zoæcies urcéolées (Keg-shaped) au voisinage des orifices, ceux-
ci sont rendus
émarginés par la
crête anale qui se
continue en ar-
rière par le côté
de la cellule sur
une faible crête ;
cette crête est
d’ailleurs très va-
riable; zoaria
Fig. 156. :
adhérents et ram-
pants; fentacules au nombre de quarante-deux, leur longueur est
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE gé%: 131
de 1""353 ; la couleur de l'estomac est jaune-verdâtre; statoblastes
allongés.
Synonymie : Plumatella diffisa Leidy, Allman, Hyatt.
? Frederidella Walcotti Hyatt.
Habitat. — États-Unis,
rivière de Pensylvanie,
étangs et ruisseaux près
de Cambridge et de Balti-
more.
Le Dr Leidy en donne Fig. 157.
la description suivante : « Polypidome divergeant du centre sur
de grandes surfaces, consistant en une série de branches simples,
courbes, d’une longueur de 2nm256 à 4mm502
naissant les unes des autres sur le côté convexe
et fixeéssur toute leur longueur, excepté aux
extrémités, sur une longueur de 0""564 à Omm902,
où elles sont dressées et urcéolées, ou un peu
dilatées au milieu et contractées à l’orifice. Le
bord des orifices est profondément échancré, et il se continue avec
une crête fissuroïde par le côté interne ou concave des branches.
La colonie est d’un brun-oli-
vâtre sale, avec les extrémi-
tés dressées des branches
jaunâtres ou d’un blanc trans-
parent. Les polypes ont qua-
rante-deux tentacules sig-
moïdes divergents, disposés
au sommet et sur le bord
externe d’un disque réni-
forme. Les tentacules ont une
longeur d'environ 1253; la Fig. 159.
couleur de l'estomac est jaune-verdâtre. L'œuf (statoblaste) avec
son anneau marginal est semi-ovale (Leidy veut probablement
dire semi-ovoïde) ; il a une longueur de 0m373 et une largeur de
020762. L'anneau est transparent, lisse et celluleux, avec l’ou-
verture sur son côté convexe, d’un diamètre de 0""178, tandis
que sur son côté plat, il n’est que de 0""0762. L'œuf (Statoblaste)
lenticulaire est d’un brun-rougeâtre. »
Hyatt « a trouvé cette espèce en abondance dans les étangs et
les ruisseaux près de Cambridge et de Baltimore. Les colonies
des ruisseaux sont très différentes de celles qui vivent dans les
132 J. JULLIEN
étangs. Chez la première, les zoæcies sont ordinairement caré-
nées, elles portent souvent la crête anale, mais ce caractère n’est
pas constant ; les zoϾcies sont distinctes, pourvues d'un ectocyste
brun et dur, elles forment des branches diffuses et rarement
adhérentes : dans les variétés stagnicoles, les branches sont ordi-
nairement adhérentes, et dans Mystic Pond, les branches sont si
étroitement serrées que les colonies forment de minces feuilles
gélatinoïdes d'une étendue considérable dans lesquelles on ne
peut suivre aucune branche au-dessous de la masse. Les cellules
ou zoϾcies ont aussi les limites hexagonales ordinairement attri-
buées aux Alcyonelles, et leur por-
tion postérieure est plus ou moins
enfoncée dans la branche. Les sta-
toblastes varient de Omm]99 en lar-
eur, sur Omn333 en longueur, à
Omm249 de large sur 0""349 de long. À nombres égaux, ils varient
de 6 sur 10 à 6 sur 12, de 6,5 à 11,5 et de 7,5 à 10,5. Ici d’ailleurs,
comme dans les autres espèces, le diamètre transversal augmente
constamment, tandis que le diamètre longitudinal oscille entre 10
et 12. L’anneau varie entre + et F2 aux extrémités, etentre = e Es
sur les côtés. » | 6
Nous ferons observer ici que la répudiation du genre A lcyonella
que Hyatt paraît avoir établie d’après ses idées personnelles, a eu
déjà pour premier défenseur M. Raspail en France pendant l’an-
née 1828, mais personne ensuite n'avait admis cette manière de
voir qui est cependant absolument exacte.
La Frédéricelle de cette espèce pourrait bien être la Fredericella
Walcotti de Hyatt, forme encore mal connue puisqu'elle n’a été
trouvée qu'une fois à Georgetown (Massachussetts) aux États-Unis
et que ses variations n’en ont pas été étudiées; les zoaria que
Hyatt a dédié à Miss Élisabeth Walcott, de Salem, ne contenant
pas de statoblastes, n'étaient certainement pas dans une situation
complète pour l'étude; on sait que les animaux qui vivent mal
ne reproduisent pas. Ce que j'ai dit plus haut des Frédéricelles
américaines se rapporte encore à celle-ci.
160 61 162 163 164
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 133
Genre HYALINELLA nov. gen.
Ce genre ne diffère des Plumatelles que par son ectocyste qui
est gélatinoïde au lieu d’être corné. Cet ectocyste n’est pas con-
stamment incolore, il peut être brun dans quelques localités, mais
le plus souvent il reste hyalin.
Ce genre établit le passage de la famille des Plumatellidées à
celle des Cristatellidées.
Hyalinella vesicularis Leidy, 1854.
Fig. 165 à 172.
Zoæcies légèrement dilatées, beaucoup plus larges que l'orifice
saillant de sortie, et aussi longues que larges, un millimètre envi-
ron ; elle forme des zoaria rayonnants et rameux, rampants, inco-
lores ou passant au brun mais transparents; animal incolore;
statoblastes ovales, lenticulaires.
Synonymie : Plumatella vesicularis Leidy, Allman, Hyatt.
? Fredericella pulcherrima Hyatt.
Habitat : États-Unis; Rivière Schuylkill, Philadelphie; environs
de Cambridge (Massachussetts), lac Sebago (Maine).
Sur cetie espèce Leidy s'exprime ainsi : « Cette espèce de Plu-
matelle est aussi transparente que l’eau dans laquelle elle vit ; elle
ressemble à des rangées de vésicules incolores avec une
ligne blanchâtre passant à travers leur axe. On la trouve
fréquemment avec des séries d'œufs noirâtres imbriqués,
à la place de cette dernière ligne. Les taches couvrent des
surfaces de six à cinquante millimètres carrés. »
Allman lui trouve quelque ressemblance avec la Plu-
matella punctata d'Hancock.
Hyatt, qui l’a pêchée dans des étangs du Massachussetts et du
Maine, nous dit que les zoæcies en sont distinctes, que ces zoæ-
cies se groupent en grandes colonies sur les écorces lisses de
Spy Pond près Cambridge, les branches souvent serrées ne sont
jamais adhérentes ; mais dans ce même étang elle pénètre dans
les sillons des écorces raboteuses, des bois morts que les intem-
péries ont sillonnés et n’y est plus aussi rayonnante ni aussi ser-
rée ; au pont de White, dans le lac Sebago, il a trouvé sur une
même colonie une variété d’une structure intéressante : le som-
mel d’une branche, soit en raison de quelqu'empêchement sur la
134 J. JULLIEN
surface, soit par un développement soudain et excessif des éner-
gies vitales, parvient à produire trois bourgeons au lieu d'un,
donnant ainsi à la branche un aspect lobé.
L’ectocyste n’est pas incolore, il peut brunir dans quelques
localités.
Le cœcum gastrique est très émoussé. Les rétenteurs posté-
rieurs ont environ huit rayons, et les antérieurs dix ou onze;
il y a cinquante ou soixante tentacules. Les statoblastes varient
entre 0""199 de large sur 0""333 de long, et 0""233 de large
sur 0349 de long. Les proportions sont également de 6 sur
10 à 6 sur 12, 6 ‘k sur Al net sue 10 ‘Z; l’anncau varie
de © sur les côtés à + sur les côtés ct © aux extrémités.
La Frédéricelle de cette Hyalinelle me paraît être la Fredericella
pulcherrima de Hyatt, dont les zoæcies presqu'incolores, fixées
iTTe ordinairement sur toute leur
k \ longueur, avec la partie libre
JO © subdivisée accidentellement
( en branches libres, corres-
TNT ANNE (71? pondent assez bien à celles
de l'espèce FE je viens de décrire; les zoaria sont rayonnants
et semblables à ceux des Plumatelles. Les polypides ne diffè-
rent pas sensiblement de ceux de la Fredericella regina. Les
statoblastes ont à peu près 0""50 de long sur 0""16 de large.
Hyatt ne l'a rencontrée qu'au pont de White à la sortie du
lac Sebago. Cette forme est encore assez mal connue, car son
auteur ne l’a vue que dans cette localité, sur l'écorce des bran-
ches et en développement, dit-il, incomplet, il ajoute qu'il est
probable que les adultes sur les mêmes surfaces ne sont jamais
aussi symétriques que celles qui recouvrent les tiges des Nénu-
phars. Je ferai remarquer ici qu’il a cependant vu des statoblastes,
ce qui indique un bon état des polypides.
Iyalinella vitrea Hyatt, 1868.
Fig. 173 à 179,
Zoœcies gélatinoïdes, épaisses et incolores, formant des zoaria
rayonnants où parfois linéaires sur lesquels les zoæcies sont plus
ou moins saillantes. Statoblastes ovales presque deux fois aussi
longs que larges.
Synonymie : Plumatella vitrea Hyail (A8GS).
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 135
Habitat. — États-Unis, trouvée seulement dans Mystic et Fresh
Ponds, deux étangs des environs de Cambridge (Massachussets).
Ce n’est qu'avec uvre extrême
hésitation que je conserve cette RATE opt D
espèce qui me semble n'être qu’une
variété de la ÆZyalinella vesicularis Fig. 173.
dont elle a presque tous les ca-
ractères; je ne la connais point autrement que par le récit de
Hyaît que voici :
« Les cæœnœæcia de cette espèce sont couverts par des ectocystes
gélatineux incolores, plutôt plus épais que dans aucune autre
Plumatelle, excepté la variété alcyonelloïde de Plumatella diffusa.
» La variété x a ses branches rayonnantes, et les cellules sont
plus distinctes que dans la
variété 6; mais les por-
tions postérieures sont plus
enfoncées dans la branche
commune que dans les for-
mes diffuses de Plumatella
vesicularis Où diffusa. Quand
elles sont contractées, les
cellules sont tout à fait distinctes et proéminentes. Elle est com-
mune sur les petites tiges et sur les ramuscules dans l’eau douce
de Mystic Pond. Cet étang est divisé par une écluse de telle façon
que la partie supérieure est entièrement ali-
mentée par de l’eau douce, tandis que l’eau
salée pénètre dans la partie inférieure et la
rend tout à fait saumâtre.
» La variélé £ se développe en longues li-
gnes, rarement rameuses, sur la surface des
planches et toujours solitaire; les polypides
sont quelquefois disposés sur un seul rang,
mais on les voit le plus souvent groupés de-
puis deux jusqu’à vingt individus de toutes
grandeurs. Les portions postérieures des cel-
lules sont enfoncées dans la principale bran-
che; la largeur du repli invaginé est plus faible
quand le polypide est tout à fait étendu, et le polypide peut être
plus complètement évaginé que dans aucune autre espèce. Quand
elles sont contractées, les cellules se projettent, mais légèrement,
sur la branche. Vue en dessus, une branche est semblable à
136 J. JULLIEN
la variété de Plumatella vesicularis dessinée dans la fig. 165.
La variété y se rencontre sur des pièces plates d’étain et sur
d’autres larges surfaces dans l’eau saumâtre de Mystic Pond. Les
colonies diffèrent de celles de la variété & par leurs branches
diffuses et serrées, formant un épais tapis gélatineux.
» Les statoblastes mesurent de 0266 sur 0""365 à Omm383 sur
0566. En parties égales ils donnent 8 sur 41 à 9 sur 15 et 40 sur
46 à 11 sur 15, 11 sur 16, 11 :/, sur 16 et 11 ,/: sur 17. L’anneaufour-
nit de + aux extrémités à surles côtés; # aux extrémitésà {sur
les côtés. » vil
On voit que cette description est peu caractérisante si on ne tire
pas profit de la disposition gélatineuse de l’ectocyste; en cela
j0C
elle se rapproche énormément de l'espèce précédente, dont elle
est très voisine.
Fig. 176.
Parfitt (1) a décrit deux espèces de Plumatelles qu’il a figurées,
mais le tout est si baroque que je ne puis y croire; ces deux
espèces sont probablement la Plumatella repens. I] leur donne les
noms de P1. lineata et PI. limnas. Je n'ai jamais rien rencontré de
pareil; la PI. lineata est toute striée longitudinalement et l’extré-
mité libre de la zoœcie est annelé; la PI, limnas a une forme telle
qu'elle doit former un genre à part si elle existe; ses zoæcies
sont spatulées, aplaties et entièrement adhérentes, l’orifice est
situé sur la partie élargie de la spatule en son milieu.
En 1860, d'Oyly C. (2) a annoncé qu'il venait de trouver en Aus-
tralie, près de Melbourne, une Plumatelle qu'il n’a pu rapporter
aux espèces décrites par Allman et un autre genre de Bryo-
zoaire hippocrépien, qu'il n'a pu déterminer avec le même auteur,
mais qu'il croit nouveau; il n’en a donné aucune description, ce
qui est fort regrettable. C’est sans doute à la première que Mac
Gillivray a donné le nom de ?lumatella Aplini.
A) Partitt E., On two new species of Freshwater Polyzoa. Annals and Magazin
of Nat. Hist., (3), XVIIL, 1866, t. 18, pl. XI. P
(2) D'Oyly C. H. Aplin, Freswater (Polyzoa in Australia. Ann. and Magazin of
nat. Hist., (3), VI, 1860, p. 454.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE 137
En terminant l'histoire des Plumatellidées, je noterai quelques
observations anatomiques et physiologiques faites pendant mes
recherches.
19 « Le ganglion nerveux, nous dit van Beneden, fournit un collier
œæsophagien, on voit en outre d'autres filets qui se rendent aux muscles.»
Je n'ai vu aucun filet se rendre aux muscles, mais il m'est
arrivé, quatre ou cinq fois, de voir des polypides raccourcis, sur
lesquels on ne distinguait plus rien des anciens organes, jouir
encore de la rétractilité qui leur est propre pendant la vie; il ya
conservation de la rétractilité des muscles chargés de cet office,
après la mort posilive et le raccornissement partiel du polypide ;
j'ai vu de ces polypides informes et tout ridés, encore pourvus de
faisceaux musculaires rétracteurs, suivre au fond de leur zoœæcie
un polypide voisin intact, en exécutant les mêmes saccades que
pendant la vie du polypide. La cause directe de la contractilité
musculaire des muscles rétracteurs des Bryozoaires n’est donc
pas située dans le ganglion œsophagien, puisque cette rétractilité
persiste après la mort du ganglion.
2° La rentrée du polypide dans sa zoæcie ne s'effectue pas d’un seul
coup; la première contraction rentre le polypide entièrement, puis
le funicule se raidit, quoiqu’en dise Allman, et, comme Raspail
l’a très bien vu, attire par saccades l’estomac au fond de la zoœæcie.
Au moins cela est vrai pour les Plumatelles d'Europe. On voit
très bien ces contractions successives en ajoutant à l’eau qui
entoure les Bryozoaires un peu d’acide osmique, mais on les voit
aussi sans acide osmique.
3° Sion détache un. zoarium du corps qui le supporte, l'endocyste
appliqué contre l’ectocyste s'en sépare en enveloppant étroitement tout
son contenu.
J'ai vérifié ce fait sur les Plumatella repens et lucifuga, l'endo-
cyste prend dans la zoœæcie la forme d’un cône dont la région
basilaire entoure le polypide, tandis que le sommet reste fixé au
septum interzoæcial. Dans cette opération je n’ai pu voir par où
le contenu zoœæcial s’est échappé, ni par où le liquide environnant
a pénétré entre l’ectocyste et l’'endocyste. Après un certain temps,
l’endocyste s'applique de nouveau contre l’ectocyste et l'animal
ne se ressent de rien. On voit quelquefois le funicule s’insérer
tout à fait au fond de cet entonnoir, mais cette insertion est fort
délicate et ne dure point longtemps, elle se rompt et le funicule
]
s'attache sur le côté.
138 J. JULLIEN
4° Le testicule des PLUMATELLES n’a pas une place fixe sur le funi-
cule, par rapport aux statoblastes.
Le 27 juillet 1883, j'ai pêché dans l'étang de Saint-Hubert quel-
ques rameaux de ?lumatella lucifuga ; une zoϾcie dont le polypide
était passé à l’état de corps brun, possédait un testicule couvert
de spermatozoïdes en mouvement; ce testicule entourait le funi-
cule juste au-dessus du corps brun, l'extrémité inférieure du
funicule portait deux superbes statoblastes arrivés à un degré de
développement parfait.
Le 13 juillet 1884, j'ai pêché à Chaville, dans l'étang de Brise-
Miche, une colonie de cette espèce, sur laquelle une belle
zoæcie portait un testicule énorme en pleine activité, tout au bas
du funicule; tandis que de très fins granules statobiastiques
existaient au-dessus de lui. Ces jeunes statoblastes continuèrent
à grossir après l’atrophie de l'organe mâle, que je ne pus suivre
que pendant quelques jours. Il en est de même pour la Plumatella
repens.
5° Spasmes tentaculaires.
Sur plusieurs polypides de Plumatella repens du lac d'Enghien,
j'ai observé la contraction isochrone et spasmodique de tous les
tentacules externes, jusqu’à une petite distance de l’extrémité
des bras lophophoriens ; de telle façon que les 24 tentacules in-
ternes restaient immobiles pendant que tout le reste de la cou-
ronne s’abaissait régulièrement 150 à 180 fois par minute (8 juillet
1883).
6° Les tentacules ne sont pas sensibles sur toute leur longueur.
Le 4 septembre 1883 j'ai observé sur une Plumatella repens, que
si on touche,avec une aiguille à disséquer, l'extrémité ou le milieu
des tentacules, le polypide ne rentre pas dans sa loge, mais la
rentrée est instantanée si on s'approche de la base des tentacules ;
et il en est de même si on pique le lophophore, dans ce cas le
retrait du polypide est encore plus énergique.
7° Le ganglion nerveux sus-æsophagien est recourbé sur lui-même
dans la Plumatella repens.
Sous un grossissement d'environ 300 diamètres, j'ai observé
que le ganglion en question se replie surlui-même comme l'indique
la figure 76. Cela se voit très bien sur un polypide de profil, mais
je n'ai pu en distinguer le contenu.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 139
2° Famille LOPHOPUSIDÉES.
Zoæcies disposées irrégulièrement à la surface d'un zoarium
charnu, gélatinoïde et fortement tuberculé, dont chaque tubercule
contient une ou plusieurs zoæcies ; chacune de ces zoæcies peut
produire plusieurs sfatoblastes. Statoblastes épineux.
Dans cette famille, je comprends les genres : Lophopus Dumor-
tier: Pectinatella Leidy; Cristatella G. Cuvier.
Il est évident que ces trois genres ont de très grandes affinités,
si on ne tient compte que du zoarium; leur ectocyste est hyalin,
gélatinoïde et forme des masses plus ou moins régulières dans
lesquelles plongent les polypides. Il y a tant de rapports entre un
jeune Zophopus et une jeune Cristatella, que Dumortier et Van
Beneden les ont confondus sous le titre de Lophopus cristallinus,
et ont donné le statoblaste de la Cristacella mucedo pour celui du
Lophopus en question. Il n’est pas logique d'établir une famille
sur la forme d’un œuf ou plutôt d’un statoblaste, une pareille di-
vision doit s'appuyer sur un ensemble organique et non pas sur
un seul organe ni sur une seule propriété physiologique.
C’est pour cela que j'ai groupé ces trois superbes genres, remar-
quables par la grosseur de leurs polypides et de leurs colonies.
Allman n’a-t-il pas hésité lui-même à introduire dans le genre
Lophopus l'animal que Leidy nomma d’abord Cristatella magnifica
et qui forme aujourd’hui le type de son genre Pectinatella?
L'erreur de Dumortier et van Beneden et l'hésitation d’Allman
démontrent bien les affinités de ces groupes; je les réunis d’après
le caractèrele plus certain qui soit admis aujourd’hui, c'est-à-dire
d’après la forme zoæciale.
Genre LOPHOPUS Dumortier, 1835.
Zoæcies dispersées à la surface d’un zoariwm sacciforme, hyalin,
transparent, jouissant d’un mouvement des plus faibles constaté
par les uns, nié par les autres, se fixant aux corps immergés par
une base opaque chez les vieilles colonies, ou transparente comme
le reste du zoarium chez les jeunes; formant ordinairement des
masses épaisses qui deviennent ensuite lobées et même ramifiées ;
orifices dispersés; statoblastes elliptiques pourvus d’un anneau sur
le pourtour, anneau terminé en pointe aux extrémités du grand
diamètre.
i40
J. JULLIEN
Lophopus Trembleyi J. Jullien, 1884.
Fig. 180 à 195.
Mêmes caractères que pour le genre.
Cette espèce est la première des Bryozoaires d'eau douce qui
ait été connue.
Fig. 180,
Trembley en à publié la description, il y a
cent quarante ans, en 1744, avec une exactitude
si grande et avec tant de détails que je veux la
reproduire ici selon son propre texte :
« En cherchant des Polypes verts (Æydra
viridis Linn.) au mois d'Avril 1741, je découvris
les Polypes à panache. 11 y en avait plusieurs
sur les plantes aquatiques que j'avais rassem-
blées dans des verres pleins d’eau. Ils réveillèrent d’abord dans
mon esprit l’idée d’une fleur épanouie, et comme il y en avait
Fig. 181.
plusieurs ensemble, ils formaient une sorte de
bouquet. Leur corps a environ une ligne de lon-
gueur (2""256) sans compter le panache qui est
presque aussi long que le corps. Celui-ciest fort
mince, il est à peu près cylindrique, et sa peau
est parfaitement transparente. Le panache n'est
que la continuatoin de cette peau transparente ;
il est plus large à proportion du corps, et d’une
figure très remarquable. Sa base est faite en
forme de fer-à-cheval, et des bords de cette base
sortent les bras du Polype : ils sont tous recour-
bés en dehors. Le panache, qu'ils forment par
leur assemblage, a l’air d'une fleur monopétale
épanouie. Ces bras (tentacules) sont fort près
les uns des autres: j'en ai compté au-delà de
soixante (1) à un seul panache. On pourrait les
comparer, par rapport à leur transparence, à des
fils de verre très fins. La base du panache est
(1) Je ferai remarquer ici que le dessin de Trembley ne porte que 50 tentacules ;
que ceux de van Beneden en portent 51 et 54; enfin que celui d’Allman n’en a que
41. D'après van Beneden, Baker en indique seulement 40. Nous sommes donc encore
loin de 60.
Il en est peut-être du Lophopier comme de la Plumatelle rampante qu'on dit
avoir 60 tentacules que je n'ai jamais pu trouver. Le nombre de ces tentacules est
donc encore à vérifier sur un grand nombre de polypides. Il doit être certainement
très variable.
MONOGRAPIIIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 141
creusée en gouttière, elle tient au Polype par le milieu du fer-
à-cheval qu'elle forme, et c'est là qu'est une ouverture qui sert de
bouche à cet animal. Ses intestins se distinguent facilement à
travers la peau transparente du corps. Ils sont d’un brun assez
foncé dans les Polypes qui ont bien mangé.
Après avoir observé pendant quelque temps
les Polypes à panaches et être parvenu à les
voir manger, j'ai été en état de distinguer trois
parties principales dans leursintestins, savoir :
l’æœsophage, l'estomac et l'intestin droit.
Ces animaux sont voraces et même très vo-
races. À la vérité, ils ne peuvent manger que
des animalcules fort petits, mais en un jour
ils en dévorent un grand nombre. Le panache
des Polypes est pour ces petits animaux un
goufre dans lequel sont précipités La plupart
de ceux qui en approchent en nageant. Si on
observe attentivement à la loupe des Polypes
à panache, placés dans de l’eau bien peuplée
de fort petits insectes, il sera très facile de voir par quel moyen
ils attirent leur proie et la font tomber dans leur bouche : on
verra d’instant en instant un bras ou deux se recourber subite-
ment en dedans du panache et puis se remettre dans leur pre-
mière situation. Il arrive rarement
que le même bras se recourbe deux
fois de suite. Ces bras ne touchent
point la proie, mais ils occasionnent
dans l’eau par leur mouvement, une
sorte de tournant qui la conduit dans
le panache. Elle fait souvent des efforts
pour s'échapper, mais l’inflexion su-
bite d’un bras donne au torrent qui l’entraîne un nouveau degré
de rapidité qui la porte malgré elle jusqu’au fond du panache.
J'ai dit que la base du panache était creusée en gouttière. Les
petits insectes qui doivent servir de proie au Polype, tombent
dans cette gouttière, et ils coulent ensuite dans la bouche qui
est au milieu. Quand le polype se présente à l'œil, de côté, on
peut facilement lui voir avaler sa proie. On la voit passer de
l’æœsophage dans l’estomac, et si elle n’est pas extrêmement petite
on la distingue même dans cet estomac, parce que toutes lea
parties de ces Polypes sont transparentes. J'appelle æsophage,
Fig. 183.
142 J. JULLIEN
tomac au Polype. L'æœsophage finit un peu au-dessous de l’extré-
mité supérieure de l’estomac. Les aliments rendent cet estomac
très reconnaissable. Is sont ballotés dedans d'une manière très
sensible, et beaucoup plus vite que dans les Polypiers à bras en
forme de cornes. Ils sont successivement poussés de bas en haut
et de haut en bas. On peut facilement se tromper sur la véritable
longueur de l’estomac. On pourrait croire qu'il va jusqu’à la base
du panache. Mais pour prévenir cette erreur, il suffit de bien
remarquer jusqu'où sont portés les aliments, lorsqu'ils sont pous-
Fig. 181.
sés vers le haut de l'estomac. On s’apercevra qu'ils s'arrêtent
un peu au-dessus de l'endroit où l'œsophage rencontre l’esto-
-mac, et que c’est de là qu'ils partent pour retourner vers l’autre
extrémité.
Entre ce bout supérieur de l'estomac et la base du panache il
y a donc un espace occupé par un pelit sac, qui est très souvent
parfaitement rempli par une matière brune et plus foncée que
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 143
celle qui est dans l'estomac. Ce sac est l'intestin droit, et cette
matière brune est celle des excréments. Elle forme un grain un
peu oblong, très facile à remarquer, et qui occupe toute la capa-
cité de l'intestin droit. [l se vuide entièrement en une seule fois.
Ce grain de matière brune qui le remplit, en sort tout entier par
une ouverture qui est à la base ou à côté de la base du panache.
J'ai vu souvent des Polypes rendre leurs excréments, mais je n’ai
jamais pu découvrir précisément la situation de l'ouverture dont
ils sortaient. Après que le Polype a rendu ses excréments, l’in-
testin droit, qui est alors vuide, paraît d’un brun fort clair; il est
même assez transparent. Si cet animal est dans une eau bien
peuplée d’Insec-
tes rebtsilten
avale beaucoup,
comme cela ar-
rive ordinaire-
ment, de nou-
veaux excré-
ments passeront
bientôt de l’es-
tomac dans l'in-
testin droit; il
se remplira, (ei
reprendra sa
première cou-
leur et son opa-
cité.
Fig. 185.
Lorsqu'il est tombé dans le panache un animal trop grand
pour pouvoir être avalé, ou quelqu’autre corps, les Polypes s’en
débarrassent en ouvrant leur panache en tout ou en partie; ils
renversent beaucoup leurs bras en dehors et les remettent en-
suite dans leur attitude ordinaire; ces bras se renversent et se
remettent tous ensemble {1).
Les Polypes à panache sont incapables de contraction. L'attou-
chement, ou le mouvement qu'on leur fait éprouver, ne laisse
pas cependant de changer beaucoup leur attitude et leur situation ;
ce petit canal qui va de la .bouche jusqu'à un sac qui sert d’es-
(1) J'ai observé cela sur l’Alcyonidium hirsutum, les polypides se débarrassent
ainsi des bulles d'air qui se collent sur les tentacules, quand on remet dans l’eau
une colonie laissée à sec pendant quelques heures.
144 J. JULLIEN
ils disparaissent même alors très subitement; ils se retirent entiè-
rement dans une cellule qui est d’une matière semblable à celle
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Fig. 186.
des parties que j'ai déjà décrites, et dont le corps ces de animaux
est une production. On peut voir très distinctement, à travers les
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 145
parois transparentes de cette cellule, le Polype, lorsqu'il s’y est
retiré. Pour comprendre dans quelle situation est un Polype qui
est retiré dans la cellule, on doit savoir, que la peau du Polype
est attachée à l’orifice de la cellule, en sorte que quand il rentre
dedans, cette peau ne peut pas le suivre. Elle reste donc attachée
LE Z ©)
CZ An)
Fig. 187.
par son extrémité inférieure à l’orifice de la cellule, el elle y rentre
en se renversant. Le panache qui tient par sa base à l'extrémité
supérieure de cette peau rentre avec elle, et se trouve logé dans
le tuyau qu'élle forme lorsqu'elle est toute rentrée et toute
40
146 J. JULLIEN
renversée. Les intestins sont plus enfoncés dans la cellule
qu'aucune autre partie. Comme l'orifice de la cellule et le
tuyau que forme la peau sont beaucoup plus étroits que le pa-
nache, il est obligé de se fermer pour pouvoir y entrer : les bras
(tentacules) se rapprochent comme le feraient les barbes d’une
plume qu'on forcerait à eutrer dans un tuyau étroit. Après avoir
vu le Polype rentrer dans sa cellule, on l’en verra bientôt sortir,
si on le laisse tranquille. On voit d'abord paraître les bras qui
sont réunis en faisceau; mais quand ils sont environ sortis à
moitié, ils commencent à s'éloigner par leur extrémité ; enfin
le panache s'ouvre, il reparaît comme il était auparavant, et le
corps se montre en dehors de la cellule.
Si l’on observe avec attention un Polype qui sort de sa cellule,
on verra clairement que la peau se
retourne lorsqu'il y entre et qu'elle
renferme ensuite le panache. Quand
le panache commence à paraître
hors de la cellule, on remarque la
peau qui paraît avec lui, on voit le
panache se détacher de cette peau,
à mesure qu'elle se remet dans son
premier état, et les intestins entrer
dans le tuyau qu'elle ferme de nou-
veau en dehors.
J'ai vu distinctement, lorsque les
Polypes à panache étaient bien en
dehors de leur cellule, un fil (funi-
Fig. 188. cule) qui tenait d’un côté à l’extré-
mité inférieure de l'estomac, et de
l’autre au fond de la cellule, j'en ai vu d’autres qui m'ont paru
s'attacher par une extrémité près de la base du panache, et par
l'autre, aussi au fond de la cellule. Il est apparent que ces fils
servent à retirer le Polype dans la cellule.
On trouve rarement un Polype à panache seul, il y en à ordi-
nairement plusieurs ensemble; et ceux de l'espèce dont je parle
sont rangés à côté les uns des autres. Souvent il y en a plusieurs
qui sortent d’une même cellule, mais par des orifices différents.
Il faut avoir une idée bien nette de la figure du Polype à pa-
nache, et être déjà exercé à les observer pour voir distinctement
les jeunes lorsqu'ils commencent à pousser. Il se fait d’abord une
pelite élévation sur la superficie de la cellule d'un Polype déjà
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 147
formé, on découvre ensuite le corps et le panache, ou plutôt la
base du panache du jeune qui commence à pousser, et la pointe
des bras qui sortent des bords de cette base. Ces bras croissent à
mesure que le corps croît. Le jeune Polype est d'ordinaire en état
de manger au bout de quelques jours. Ses intestins,
qui étaient d’abord tout à fait transparents, deviennent
bruns, après qu'il a pris des aliments. Quand la nour-
riture est abondante dans l'eau où sont les Polypes à
panache, les jeunes poussent en grande quantité. J’en
ai souvent vu plus de cent qui étaient réunis ensemble,
et qui formaient un fort joli bouquet. Ils se séparent Fig. 189.
ensuite, mais non un à un. Le bouquet se partage en
deux ou trois parties qui ont plus ou moins de Polypes. Cette
séparation se fait fort insensiblement. D'abord la masse que for-
ment toutes les cellules ou pour mieux dire, la cellule commune,
se divise en deux ou trois branches, et puis ces branches se
séparent peu à peu entièrement les unes des autres. Pour obser-
ver immédiatement ce que je viens de décrire, j'ai fait en sorte
que des bouquets de Polypes à panache se
soient attachés contre les parois d’un pou-
drier. J'ai pu les observer avec une forte
loupe. Non seulement j'ai vu par ce moyen
multiplier ces animaux, et les différentes
branches des bouquets qu'ils forment se sé-
parer, mais encore j'ai remarqué que ces
branches s’éloignaient ensuite les unes des
autres. Leur mouvement progressif est si lent
qu'il est absolument imperceptible. Je n'ai
jamais observé de Polypiers peuplés de Poly-
pes, qui ait fait plus d'un demi pouce de che-
min en huit jours de temps. J’en ai aussi
observé plusieurs qui sont pendant longtemps restés au même
endroit.
J'ai dit ci-dessus que le corps des Polypes était une production
de la cellule dans laquelle il se rétrécit, afin qu'on ne crût pas
que ces cellules sont leur ouvrage comme les fourreaux des Tei-
gnes (Tipules) sont l'ouvrage des Teignes. Les cellules doivent
être regardées comme une parlie du corps des Polypes, elles
croissent avec lui, et comme lui, et sont composées de la même
matière, au moins celles des Polypes que j'ai vus.
Is multiplient non seulement par rejetons mais ils font aussi
148 J. JULLIEN
des œufs. C'est ce que nous apprend M. de Réaumur; il a observé
avec M. Bernard de Jussieu que les Polypes d'eau douce à panache
ont pondu des œufs bruns et un peu aplatis, et ils ont vu des
petits naiïtre de ces œufs. J'ai vu dans plusieurs Polypes à pana-
che, sur lesquels j'ai fait mes observations, de petits corps sphé-
riques de différentes grandeurs, blancs et transparents. J’ai seu-
lement soupçonné que ces petits corps étaient des
œufs, mais je n'ai pas eu occasion d'examiner si ce
soupçon était fondé ou non.
Ces petits corps, dont je parle, étaient très faciles
à distinguer à travers la peau transparente du Poiype
et celle de la cellule. Ils étaient dans un mouvement
continuel et comme ballotés d’un endroit à l’autre.
Je les voyais passer de la cellule dans le corps d'un
Polype, et monter entre la peau et les intestins, jusque
près de la racine du panache, et de là retourner ensuite
Fig.191. dans la cellule. Ce n’est pas tout : tous ceux qui sor-
taient du corps d'un Polype, et passaient dans la
cellule, n'étaient pas toujours poussés dans le corps du même
Polype, mais successivement dans celui de divers autres. Ce
fait prouve clairement que les cellules de différents Polypes com-
muniquent entre elles, ou plutôt que plusieurs de ces animaux
ont une cellule commune; et si ces corps sphériques, que j'ai
vu passer successivement dans le corps de différents Polypes,
sont des œufs, on pourrait dire que ces œufs
sont en commun à tous les Polypes, dont les
corps communiquent ensemble par leur cel-
lule. »
La clarté et l'exactitude de cette longue
description n’a pas empêché les naturalistes
de divaguer pendant de longues années sur
cet animal. Sa rareté l'a fait confondre avec
la Plumatella repens par tous les auteurs au
commencement de ce siècle. Baker en Angle-
terre et Dumortier en Belgique furent les
premiers à en parler d’une façon qui fixa la cer-
titude de son existence, dont on doutait tou-
jours, malgré Pallas; et c’est en 1836, c'est-à-dire 94 ans après
la découverte de Trembley, que Dumortier établit pour cet ani-
mal le genre Lophopus, dont la signification rappelie le nom donné
par Trembley. C'est surtout depuis le travail de Dumortier, ac-
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 149
compagné de fort bonnes planches, que l’on a su ce qu'était le
Polype à panache.
Bien que Trembley ait trouvé de superbes exemplaires de cette
espèce, il n’en a pas vu ni soupçonné les statoblastes, parce
qu'au mois d'avril ces statoblastes ne sont pas encore formés, on
ne les voit qu’en été et en automne.
Van Beneden ainsi que Dumortier, en 1848, ont pris les stato-
blastes de la Cristatella mucedo J. Cuv. pour ceux du Lophopus
cristallinus; leur planche 5 bis donne ce statoblaste très bien
dessiné, aux figures 22, 23 et 24, on ne peut s’y tromper, et on
peut dire que leur erreur est des plus grossières après les travaux
de Turpin et de P. Gervais, travaux qu’ils connaissaient cepen-
dant, ou du moins qu'ils devaient connaître.
Trembley affirme positivement qu'il existe un mouvement ex-
cessivement lent chez quelques colonies, il a
mesuré ce mouvement; et si quelques auteurs,
comme Allman, le nient, Bakeret van Beneden
le confirment. La conclusion qu’on peut en
tirer, est encore ici celle de Trembley, qui
constate que quelques colonies possèdent Ia
faculté de se mouvoir, tandis que d’autres en
sont dépourvues. Ne pourra-t-on pas un jour
expliquer cette différence par l'influence de
la captivité, captivité durant laquelle la co-
lonie manque de nourriture et perd, par ina-
nition ou autrement, une partie de ses pro-
priétés vitales.
Pour bien étudier les Bryozoaires, il faut avoir des sujets en
parfait état; je crois que, pour cela, il faudrait élever en cage ces
animaux qu'on laisserait toujours plongés dans l’eau où ils sont
nés, Où au moins dans une eau très riche en organismes micro-
scopiques. Leur énorme appétit détruisant rapidement tous les
Microzoaires et tous les Microphytes de l’eau dans laquelle on les
élève chez soi, ils ne tardent pas à s’y atrophier et à périr. J’ai
essayé bien des fois de rapporter, après mes pêches, des bouteil-
les de l’eau dans laquelle je les avais pêchés, mais cette eau s’al-
tère et ne peut être utilisée que très rapidement. Aussi l'éducation
des Bryozoaires en ville présente-t-elle de grandes difficultés
après quelques jours.
Trembley ni Dumortier n’ont pu voir les cils vibratils sur les
tentacules, et le premier a eu le tort de croire que le tourbillon
150 J. JULLIEN
tentaculaire était le résultat des secousses de ces tentacules,
quand il est le fait des cils vibratils qui existent sur les tenta-
cules de toutes les espèces de Bryozoaires tant d’eau douce que
marins.
Le même auteur s'est trompé en prenant pour des œufs les
corpuscules flottants de la cavité périgastrique dont il a parfaite-
ment décrit les allées et venues, sauf en ce qui concerne le corps
au Poiype; je ne sais trop ce qu’il appelle ainsi, je pense que ce
doit être l'estomac ou l'appareil digestif, dans lesquels il n'entre
rien par la paroi externe; le sens positif des mots corps du Polype
me parail présenter quelque obscurité.
Malgré ces quelques erreurs et lacunes, la note de Trembley
est fort remarquable pour l’époque où elle a paru, et ses torts
son! bien excusables quand on songe aux difficultés de ce genre
d’études.
C’est sur le Zophopus que Dumortier a découvert le système
nerveux des Bryozoaires, facile à voir sur les polypides
placés de profil; il consiste en un ou deux ganglions
placés contre le pharynx entre celui-ci et l'anus, ils
sont formés de cellules sphéroïdales très ténues divi-
sées par des tractus fibreux. Reinhard (1) en a donné
une coupe dans une brochure écrite en russe, il l'avait
pratiquée sur la Cristatelle, fig. 224.
Van Beneden et Dumortier ont commis une grosse
erreur, en décrivant le statoblaste de la Cristatella
mucedo, comme l'œuf d'une autre espèce de Zophopus,
alors que P. Gervais avait décrit le statoblaste depuis
Fig. 191. des années, comme appartenant à la Cristatelle de
Ræsel; les statoblastes de Lophopus n'ont pas d’autres
épines que celles qui terminent le grand diamètre.
Le Lophopus est une des plus grandes espèces de Bryozoaires,
et la transparence de l’ectocyste en fait un excellent sujet d'étude;
mais il ne faut pas en géntraliser les résultats à la Classe entière,
comme le veut Allman; les différents groupes n'étant pas tous
construits sur le même type.
Je propose de donner le nom de Trembley à cette ancienne
espèce, car elle lui appartient; Pallas aurait dû vraiment agir
ainsi, puisqu'il n'avait pas découvert ce Bryozoaire et qu'il n'en a
parlé que 22 ans après Trembley.
(1) Description, structure et développement des Bryozaires d'eau douce, par
Reinhard. Charkoff, 1882, avec 7 planches,
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 151
Synonyinie :
Polype à panache Trembley, Bæek.
Bell-flower animal Baker.
Gepluymden Polypus Baker.
Tubularia cristallina Pallas.
Tubularia reptans Gmelin.
Campanulate tubularia Shaw.
Plumatella cristata Lamarch, Schweig-
ger, Blainville.
Alcyonella, tertius evolutionis gradus
Raspail.
Plumatella campunalata P. Gervais.
Alcyonella stagnorum Johnston, Allman.
Plumatella crystallina P. Gervais.
Lophopus crystallinus Dumortier, van
Beneden, Allman.
Lophopus Bakeri van Beneden.
Naisa reptans Lamouroux,
champs.
Deslong-
Habitat. — Lamouroux l’a trouvée aux (?) environs de Caen en
1816; c'est sa Naisa reptans. Pour moi, je l'ai pêchée en juillet
1869, dans les fossés du Jardin d’Acclimatation au Bois de Bou-
logne, près Paris, elle était fixée sur une tige herbacée morte et
inondée, dans le courant du ruisseau des Palmipèdes, exposée
toute la journée en plein soleil. Le zoarium était
gros comme le bout du doigt, très ramifié et
transparent, il contenait une quantité de stato-
blates. Comme Trembley, c'est le premier Bryo-
zoaire vivant que j'ai vu, j'en fis à l’époque un
dessin très soigné, dont je fis présent à M. le
Professeur Deshayes ; il prit l'animal pour une
bête marine. Depuis cette époque je n'ai jamais
retrouvé de Lophopus. J'ai vu au Laboratoire
d'anatomie comparée du Muséum de Paris, des Fig. 195.
préparations microscopiques de cette espèce, dont les colonies
avaient été recueillies dans les bassins de l'École botanique:
toujours est-il que les Lophopiers sont des animaux très diffi-
ciles à se procurer, surtout à l'état de colonies ramifiées. L’irré-
gularité de station de cette espèce la rend difficile à trouver,
sa découverte étant toujours l'effet du hasard; aussi tous ceux
qui en ont parlé ne l’ont-ils pas indiquée comme une espèce
commune. Elle est cependant fort répandue, puisque les natura-
listes la signalent en Hollande, en Belgique, en Allemagne, en
Angleterre et en France. Jusqu'à présent elle n’a été trouvée que
dans les fossés et les étangs, je crois être le premier à la signaler
dans l’eau tout à fait courante et en plein soleil, sous la forme
d'une superbe colonie, dont je donne le dessin incomplet d'un
bourgeon.
152 J. JULLIEN
En 1859, le docteur Leidy (1) a déclaré qu'il a découvert un
Lophopus dans Schuylkill river, à Philadelphie, il n’a pu jusqu'à
présent en déterminer les caractères.
J. Mitchell (2), en 1862, dit avoir trouvé aux Grandes Indes,
sur des racines de Lemna dans le réservoir d’un petit jardin, une
espèce de Lophopus qu'il appelle Lophopia avec incertitude, il n’a
pas étudié suffisamment sa trouvaille qui reste inconnue.
Genre PECTINATELLA Leidy, 1851.
Zoœæcies dispersées irrégulièrement à la surface d’un zoarium
gélatinoïde, massif, hyalin, fixe ; orifices groupées en aréoles lobées,
irrégulières sur la surface libre; statoblastes lenticulaires avec un
anneau et des épines marginales.
Pectinatella magnifica Leidy, 1851.
Fig. 196 à 213.
Synonyme : Cristatella magnifica Leidy, 1851; Pectinatella magni-
fica Leidy, 1851, Allman, Hyatt.
Le Professeur Leidy (3) en
a donné la description suivante
que j'ai traduite en français :
« Polypidome massif, encroùû-
tant les corps, depuis quelques
pouces jusqu'à plusieurs pieds
de long, par des traînées de
cinq centimètres de diamètre ;
gélatinoïde, consistant, hyalin,
avec de nombreux Polypes sur
la surface libre disposée en
aréoles irrégulières serrées.
Les Polypes sont pourvus de
deux lobes réunis ensemble
en forme d'U, renfermant la
Fig. 196. bouche à la base et possédant
(1) Proceedings of the Acad. nat. sc. of Philadelphia, 1859 (séance du 2 nov.).
(2) Mitchell J., Notes from Madras (in Quart. Journ. microsc. science, 3° série,
t Il p.61).
(3) Leidy. Proceedings Acad. nat. Sc. of Philadelphia., Sept. 1851 and Nov. 1851.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 153
de 50 à 80 tentacules sigmoïdes, divergeant du bord, disposés au
sommet de la double ligne extérieure de l’U, avec les extrémités
des bras de la dernière inclinant vers chaque autre ;
la lèvre relevée (épistome) avec la base des lobes ED
tentaculaires et le quart inférieur du bord interne ‘8
des tentacules, dans le voisinage de la bouche, est
de couleur carminée ou rose-rouge sombre; l'œso-
phage est incolore; l'estomac plié longitudinalement est d’un brun
jaunâtre ; le rectum est dilatable, hyalin, son extrémité légèrement
saillante, mais rétractile. La longueur du fond de
l'estomac au sommet des tentacules étendus,
égale 3""384; le plus grand diamètre des tenta-
cules étendus (cloche tentaculaire) est de 1mm128
à 1°"3536. Les tentacules ont une longueur de
0"%635 et une largeur de 0""0254. L'œuf (stato- ge
blaste) est lenticulaire, brun, limité au bord par
un bourrelet cellulaire annulaire d’un blanc bru-
nâtre, ayant une largeur de 0""127 sur une face, Fig. 198.
et 0""254 sur l’autre, pourvu sur son bord externe
de 14 à 16 appendices d’une longueur de 0""127, terminés par un
grappin double et rarement triple. L’œuf (statoblaste), avec son
bourrelet mince, discoïdal, intact, a une largeur pe
de 0"m770, y compris ses appendices enveloppés
dans une masse hyaline albuminoïde; quand il
est mûr il peut flotter. La surface du polypier a
l'aspect d'une mucosité épaisse d'où sort une *
quantité de tentacules. Immédiatement sous elle,
existe un lit de couleur rose clair, coloration due Fig. 199.
à la teinte rouge du pourtour de la bouche des
Polypes; puis vient une autre couche de couleur jaune sale, due
à la coloration de l'estomac des animaux; au-dessous de celle-ci
apparaissent de nombreuses taches blanches,
jaunes et brunes qui sont des œufs à divers degrés
de développement; enfin la plus grande partie
de la masse consiste en une substance parfaite.
:menthyaline, consistanteet gélatinoïde. L'animal
n’est pas aussi irritableque celui des Plumatelles,
mais comme ce dernier, il est capable de se re-
tirer entièrement dans son tube, position dans la-
quelle l'estomac paraît replié transversalement. Quand les œufs se
détachent de la masse, ils viennent flotter à la surface de l’eau. »
Fig. 197
Fig. 200.
154 J. JULLIEN
Hyatt Alpheus (1) a complété cette description par de nouveaux
détails et par de superbes dessins. Voici la traduction de son
|
|
| À
ÿ Fee Rio
| K Fig. 202.
Fig. 201. Fig. 203.
texte : « Les polypides sont disposés sur les lobes, quelquefois
sur un seul rang, mais généralement sur deux, placés alternati-
vement. L'ectocyste est d'une grande épaisseur
D au centre et peut avoir de dix à vingt centimètres
#2 de profondeur; bras aussi longs que le tube éva-
1; AE For
ginable du polypide. Il y a de 60 à 84 tentacules,
Fig. 204. La partie inférieure de ceux-ci et la bouche sont
(1) Hvatt Alpheus, Observations on Polyzoa suborder Phylactolæmata. (In com-
munications Essex Institute, Vol. V, 1868, p. 227, fig. 20, et vol IV, pl. 9 figs. 4-13,
pl. 10, 11 et 12,
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 455
cramoisies. Les statoblastes varient de 0""800 en largeur sur 0mm900
en longueur. Les proportions en nombres égaux sont 24 sur 27, ou
26 sus En 27 sur.28, 28 sur 29, Si 30 et 30 sur 30. L'anneau varie
de 5 à — sur les côtés, et de À = à — aux extrémités. Les épines ont
environ | omn933 de long, en ee Share du bord
externe de l'anneau vers le dehors.
Les exemplaires trouvés dans Fresh Pond, Mas-
sachussetts, et ceux se rencontrant dans Pennis-
sewassee Pond, Maine, diffèrent par le nombre de Æ
tentacules et des épines. Les premiers ont de 60
à 75 tentacules et les statoblastes de 12 à 17 épines ; SE
tandis que les derniers ont de 72 à 84 tentacules Fig. 205.
et de 20 à 22 épines. Les variétés de forme dans
les masses sont entièrement dues au contour des surfaces sur
lesquelles elles se développent. Si ces surfaces sont aplalties, les
masses deviennent subconiques; si le développe-
ment se fait sur une tige, la masse est fusiforme; à She
l'extrémité d’une branche, la masse devient arron- Ô
die comme dans la pl. IX fig. 4. Quand l'ectocyste
vieillit, la plupart des colonies mourant ou flottant o
au loin, se fixent et vivent pendant quelque temps Pa
isolées, mais ne grandissent plus ; quelquefois ce-
pendant elles continuent à vivre plus ou moins Fig. 206.
largement séparées sur les restes de leur ectocyste,
mais en raison de l'enlèvement de la pression latérale, les colonies
nouvelles perdent leur forme hexagonale sub-anguleuse.
Pendant la résorption des polypides morts, les estomacs
disparaissent les premiers, puis les tentacules et enfin les
gemmes. La persistance de ces dernières est intéressante,
parce qu'elles disparaissent chez les Plumatelles et Fré-
déricelles bientôt après la saison de la reproduction qui
passe rapidement. La grande taille de l'enveloppe albu-
mineuse des bourgeons d'hiver gêne très sérieusement
la liberté des mouvements, dans les muscles des poly- Fig. 207.
pides vivants et abaisse les estomacs hors de leurs places.
Les statoblastes sont plus grands et plus serrés près du centre
où les premiers polypides sont morts; les circonstances impli-
quent que la couverture gélatineuse n’est pas seulement une
matrice pour les crochets, mais qu’elle sert encore (en partie du
moins) à faire périr les premières lignes des polypides. Cependant
il n’en est pas de même dans les colonies qui ont peu de stato-
156 J. JULLIEN
blastes, et où l’on voit comme quelques polypides morts inté-
rieurement parmi les autres. Cela paraît dépendre tout-à-fait de
l'âge des polypides. Les exemplaires peuvent être maniés assez
\ N
Fig. 208. Fig. 209. Fig. 210.
brutalement sans que les polypides se rétractent, même si on les
retire de l’eau on n'obtient pas d'effet, ils s'étendent aussitôt
quand on les y replace. Conservés ensuite
en captivité pendant quelques semaines, ils
deviennent plus peureux, et quand on les
inquiète ils restent plus longlemps rétractés,
ils paraissent même alarmés de se voir ainsi
contractés et semblent trouver nécessaire
d'étendre au-dehors leurs tentacules pour
les jaérer très vite, après la disparition de
leur ennui, quoiqu'il puisse ensuite se passer
une heure avant l’extension du reste du
< polypide. »
Habitat. — États-Unis, environs de Phila-
delphie; dans les étangs appelés Fresh Pond et Mystic Pond près
Cambridge (Massachussetts), et dans celui de Pennissewassee
Pond (Maine). Dans les fossés et eaux dormantes, encroûtant les
branches mortes et les pierres.
Le Docteur Leidy rapporte que le docteur Wm. Spillman, de
Columbus (Mississipi}, a pêché, dans les lacs des environs, des
masses de Pectinatella magnifica suspendues aux extrémités des
branches, et atteignant trente-huit centimètres de long sur trente
de large. Quelles colonies gigantesques!
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 157
Pectinatella Carteri (1) Hyatt, 1868.
Fig. 214 à 216.
Hyatt a donné ce nom à l'espèce dont Carter a décrit et figuré
le statoblaste qui ne ressemble
guère à celui de l'espèce améri-
caine. La Pectinatellu Carteri se
trouve dans les étangs des envi-
rons de Bombay sur Paludina Ben-
galensis, le statoblaste est ovale,
orné de 14 épines à chaque ex-
trémité,; chaque épine porte vers 24
son extrémité libre des barbelures en crochets recourbés vers le
corps du statoblaste.
Carter à fait un Zophopus de cette espèce.
Genre CRISTATELLA G. Cuvier, 1798.
Zoæcies à peine saillantes, disposées en plusieurs séries margi-
nales et concentriques sur la face supérieure d’un zoarium gélati-
noïde, aplati, rubané dont la face inférieure est susceptible d’une
locomotion très lente. Statoblastes orbiculaires avec un anneau
cellulaire marginal et des épines marginales sur les deux faces.
Ce genre a été formé pour le petit animal décrit par Rüsel (2),
sous le nom de « Der Kleinere Federsbusch Polyp mit dem ballen-
fürmigen Kôrper ».Cuvier l'a établi dans le Tableau élémentaire de
l’histoire naturelle des Animaux, publié l’an 6 ou en 1798, où il le
donne sous le titre suivant : « Des Cristatelles ou Polypes à plu-
mets (Cristatella), qui ont sur la bouche une espèce de plumet
formé par des tentacules portés sur une tige commune, et rangés
parallèlement ou en pinceau. Leurs mouvements servent à ame-
ner vers la bouche les corpuscules dont l’animal se nourrit. Les
Cristatelles habitent les eaux stagnantes, et leurs amas ne parais-
sent à l'œil nu que comme des taches de moisissure. » A la pl. 14
(1) Carter H.-J, On the identity in structure and composition of the so-called
Seed-like Body of Spongilla with the Winter-egg of the Bryozoa; and the présence
of Starch-granules in each. (In Annals and Magazine of Nat. Hist., 3e série vol.
Il, 1859, p. 338, pl. 8 fig. 8-15).
(2) Insecten Belustigung (1755). Der Kleinere Federbusch Polyp mit den ballen-
fürmigen Kürper, t. IE, p. 559, pl. xcr.
158 J. JULLIEN
il en donne les branchies (1); mais Cuvier ne le connaissait pas
autrement que par les dessins de l’auteur allemand. Dans la
deuxième édition de son Règne animal (2), il modifie sa descrip-
tion que voici : « Les Cristatelles ont sur la bouche une double rangée
de nombreux tentacules, courbée en demi-lune, faisant un panache de
cette figure et attirant, par leur mouvement régulier, les molécules nu-
tritives. Ces bouches sont portées sur des cols courts attachés à un corps
gélatineuz commun qui se transporte comme des Hydres, on trouve ces
animaux dans nos eaux dormantes. À l'œil nu ils ne paraissent que de
petites taches de moisissure. » On voit que, même en 1830, Cuvier
n'avait point vu la Cristatelle dont il faisait à juste titre un excel-
lent genre.
S'ilen a été du Xleinere Federbusch Polyp de Rôsel, comme du
Polype à panache de Trembley, c'est que la découverte de ces
deux animaux est accidentelle et difficile, et que les naturalistes
ne les retrouvant pas, ne purent croire à leur existence et con-
fondirent ces animaux avec la Plumatella repens dont toutes les
formes sont excessivement abondantes et faciles à se procurer.
Cristatella mucedo J. Cuvier, 1798.
Fig. 217 à 224.
Zoarium ovale, convexe en dessus, aplati en dessous, d'un
jaune terne ou terre de Sienne, dont les plus grands spécimens
atteignent cinquante millimètres de long sur treize de large,
Fig. 219.
d'autant plus mobile qu'il est plus jeune et pouvant atteindre une
vitesse de plusieurs pouces par jour; zoæcies formant trois séries
(1) Tableau élément. de l'Hist. naturelle des Animaux (an VI, 1798), p. 656, pl. xtv.
(2) Règne animal, > édit., 1830, JT, p. 296,
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 159
régulières concentriques, alternes et marginales, sur la face supé-
rieure; les Polypides portent de trente-deux à quatre-vingts tenta-
cules, ils ont la même couleur que le zoarium, sauf l'intestin qui
est d’un bleu-verdâtre pâle quand il est bien nourri. La face infé-
rieure porte en son milieu un disque ovale, contractile, de forme
très changeante qui sert de moyen de locomotion. Des bords du
disque S’élend extérieurement une surface aplatie, dépassant les
séries externes des orifices, sous la forme d'une marge; cette
marge est occupée intérieurement par une série de cellules ou
chambres tubuleuses, visibles à travers la peau transparente, qui
s'étendent en rayonnant de ce disque au dehors, mais ne possè-
dent aucune ouverture. Séatoblastes arrondis, lenticulaires, bordés
d’un anneau sur les bords duquel naissent de chaque côté des
épines cornées, dirigées vers le bord du statoblaste qu'elles sui-
vent jusqu’au bord libre, les pius longues se redressent brusque-
ment en dehors, elles se terminent toutes par des grappins simples
ou multiples ; il y a environ vingt-deux épines d’un côté et douze
de l’autre, elles sont plus longues du côté où elles abondent,; la
couleur des statoblastes mûrs et en liberté est d’un rouge brun
foncé. Ils ont environ 0""769 de diamètre.
Synonyme :
Der Kleiner Federbusch Polyp Rüsel. P. Gervais, Thompson, Allman, Van
La seconde sorte de Polypes à bouquets Beneden, Reinhard.
Ledermuller. Cristatella vagans Lamarck, Goldfuss,
Cristatella mucedo G. Cuvier, Turpin, de Blainville, Lamouroux, Schweiger.
à Cristatella mirabilis Dalyell.
Habitat. Elle habite les lacs, les étangs et les fossés d’eau lim-
pide, où elle rampe à la surface supérieure des pierres immergées
160 J. JULLIEN
et des tiges de plantes aquatiques, surtout au soleil. Elle paraît
être annuelle.
Localités : Cette Cristatelle est commune aux environs de Paris;
P. Gervais l’a trouvée adulte dans l'étang du Plessis-Piquet, il en
a découvert les statoblastes dans le canal de l’Ourcq en 1836, en
plein Paris; Allman l’a rencontrée à Fontainebleau dans le grand
étang ; moi je l’ai constatée à l'état de statoblastes dans les fossés
qui suivent l'étang du Perray près Rambouillet en Juillet 1884,
il y en avait d’éclos et d’entiers que j'ai mis tout de suite dans
l'alcool, j'en ai encore trouvé le même jour dans l'étang de Saint-
Quentin, près de l’École militaire de Saint-Cyr, mais malgré tout,
j'avoue n'avoir pu me procurer les colonies que je désirais.
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On la rencontre en Europe depuis la France et l'Angleterre
jusqu'aux environs de Karkow en Russie, dans les grands lacs de
la Suisse et dans tous les cours d’eau.
J.-G. Dalyell (1) est le premier observateur qui a vu la Cristatelle
() Report Brit. Assoc., 1834, p. 601; et Édimbourg, new Philosoph, Journ.,
vol. XVIII, p. 414.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 161
dans un complet développement; il la décrivit en 1834 et lui
donna le nom de Cristatella mirabilis, tant l'adulte diffère des
jeunes colonies dessinées par Rôsel et Turpin. C'est en Écosse
que Dalyell fit sa découverte. Les dessins qu'il en a publiés en
1848 (1), sont absolument mauvais et insuffisants; les tentacules
sont représentés par de simples traits disposés irrégulièrement ne
donnant aucune idée de ces animaux.
Les meilleurs dessins qu'on en connaisse sont ceux de Rôüsel et
de Turpin pour les jeunes colonies, et ceux d’Allman pour l'adulte,
Le nombre des tentacules paraît être aussi très variable; si on
compte leur nombre sur les dessins des auteurs, on trouve que
Rôsel en a dessiné 32, 33, 40 et 43 à ses Polypides ; P. Gervais en
donne 60, ainsi que Johnston et van Beneden. Allman les porte à
80 et Dalyell à une centaine. Mais je crois que ces auteurs ont eu
tort de ne pas compter ces organes sur un certain nombre de
colonies, ils auraient constaté certainement des différences,
comme cela m'est arrivé pour les Plumatelles.
C’est des statoblastes que lui avait donné P. Gervais, que Tur-
pin s’est procuré les animaux qu'il à dessinés, et dont l’image a
été reproduite dans quantités de livres élémentaires. Cependant
cette figure est très inexacte pour les lophophores.
Il est très facile de se procurer les statoblastes de cette espèce
à l’état isolé. Pour cela on agite un instant dans l’eau des fossés
ou des étangs un salabre en toile qu’on lave bien ensuite en le
retournant plusieurs fois, pour qu'il n’y reste rien, ni boue ni
corps étrangers, alors on aperçoit sur la toile de petits points
noirs arrondis ; ce sont les statoblastes en question qui sont restés
accrochés par leurs griffes, par leurs grappins et qu'on enlève
facilement avec une petite pince ou avec une épingle.
Cristatella Idæ Leidy, 1859.
Zoarium ovale, aplati, d'un jaune blanchàtre transparent, pas-
sant au jaune d’ambre, d'environ 25%" à 44" de long, sur 45 à
Gum35 de large, pouvant se déplacer de 25 à 26 millimètres par
jour. Zoæcies disposées sur trois rangs autour du zoarium ; Chaque
polypide portant soixante-douze tentacules environ sur le lopho-
phore. Sfatoblastes biconvexes, lenticulaires et arrondis, avec un
(A) Rare and Remarkable Animals of Scotland, 1848, vol, I, p. 87, pl. xxvnt
et XXVIIL.
11
162 J. JULLIEN
1
anneau marginal et discoïde un peu plus large d'un côté que de
l’autre. Des bords internes de l’anneau partent environ soixante-
dix appendices en forme d’ancre, dont cinquante d'un côté for-
mant deux séries géniculées sur le bord extérieur de l’anneau,
les vingt autres sont plus courts et divergent du côté opposé.
Le diamètre des statoblastes est de 1152 ou 1/2 ligne sans les
ancres.
Syn. Cristatella Idæ Leidy, Hyatt, Potts.
Habitat. Eaux dormantes des États-Unis.
Trouvée à Newport (Rhode-Island) et Philadelphie.
Voici ce qu’en a dit Leidy (1) à l’Académie des Sciences natu-
relle de Philadelphie :
« Le Docteur Leidy fait observer, que pendant les quelques
semaines qu'il a passées l'été dernier en compagnie de M. Bridge
chez M. Powel à Newport, Rhode-Island, ils ont examiné ensem-
ble les ruisseaux et les étangs d’eau douce des environs pour y
trouver des Bryozoaires. Ils ont eu la bonne fortune de découvrir
une nouvelle espèce de Cristatella; c’est la première espèce de ce
genre découverte en Amérique. La localité de ce Bryozoaire est
Lily-Pond (étang des Nénuphars), près Newport, dans lequel on
le trouve très abondamment, à la face inférieure des pierres qui
forment les bords de cet étang.
» Pendant le mois d'août, cette Cristatelle forme des masses
aplaties, elliptiques, d'environ 25""% de long sur 4""5 de large,
et sont d’un jaune blanchâtre transparent. Environ trois rangs de
Polypes entourent les masses. Chaque Polypide porte 72 tenta-
cules sur ses bras en fer à cheval (lophophore), tentacules réunis
à leur base par une membrane délicate festonnée et aréolée.
» Les colonies de Cristatella placées dans un vase d'eau, s'y
sont déplacées de 25 à 26 millimètres en vingt-quatre heures.
» Les œufs ou statoblastes étaient imparfaitement développés
pendant mon séjour à Newport. Dans le présent mois, M. Powel
m'a envoyé de beaux spécimens accompagnés d'une note où il
me dit : « J'ai fait une expédition à Lily-Pond, et je me suis pro-
curé un grand nombre de Cristatella avec des œufs. J'ai trouvé
sur une seule pierre cinquante-quatre colonies séparées, dont
une, de 4445 de long sur 635 de large, était d’une belle cou-
leur d’ambre, et contenait des œufs à différents ‘degrés de déve-
loppement. »
(1) Proceedings of the Academy of natural Sciences of Philadelphia, 2 nov. 1859,
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 163
» Ces œufs sont les plus grands que j'aie vu chez les Bryozoaires.
Ils sont biconvexes, lenticulaires et circulaires, avec un anneau
marginal et discoïdal un peu plus large d’un côté que de l’autré.
Des bords internes de l'anneau partent environ soixante-dix ap-
pendices en forme d’ancre dont cinquante d'un côté, formant
deux séries géniculées sur le bord extérieur de l'anneau; les vingt
qui restent sont plus courts et divergent du côté opposé. La lar-
geur du statoblaste est de 1""152 sans les ancres. Cette espèce
américaine de Cristatella est respectueusement dédiée à la sœur
de M. Powel sous le nom de Cristatella Idcæ.
» L'espèce américaine diffère de l'espèce européenne Cristatella
mucedo par son port aussi bien que par différents points d’organi-
sation. Le Professeur Allman, dans sa remarquable monographie
sur les Bryozoaires, dit : « Tandis que le plus grand nombre des
Bryozoaires d’eau douce se cachent sous les pierres ou dans des
endroits obscurs, la Cristatelle aime à s’exposer à la plus brillante
lumière et à la chaleur du soleil. »
» Le polype de la C. mucedo a environ quatre-vingts tentacules ;
et l'intestin est d’un bleu-verdâtre pâle. Celui de la C. Zdæ porte à
peu près 72 tentacules et l'intestin est jaunâtre. Les œufs ou sta-
toblastes de C. mucedo ont environ 0"%769 de diamètre; ceux de
C. Idæ atteignent à peu près 1""128. Les statoblastes de C. mucedo
figurés par Allman ont les ancres sigmoïdes; celles de la dernière
espèce ont un double crochet. »
Quelques années après, en 1879, Leidy retrouva à Philadelphie
même, son espèce de Rhode Island. Je traduis encore le texte des
Proceedings (1) : « Le Professeur Leidy raconte qu'il y a quelques
jours (30 septembre) en se promenant dans le parc avec sa petite-
fille, elle appela son attention sur ce qu’elle prenait pour un
grand nombre de chenilles au fond du ruisseau. Or ces chenilles
n'étaient autre chose qu’une accumulation extraordinaire de Cris-
tatella Idæ. Cette espèce de Bryozoaire ou de Polype cilié d’eau
douce, a été découverte à Newport, R. Is!., il y a vingt ans envi-
ron, et décrite dans les Proceedings de cette Académie (1858-59).
M. Leidy l’a cherchée bien des fois aux environs de Philadelphie
et ne l’avait pas encore rencontrée. »
Le développement de la Cristatelle dans la localité indiquée est
très remarquable et merveilleux par son étendue. Des milliers de
(1) On Cristatella Idæ. Proceedings of the Academy of Nat. Sc. of Philadelphia,
p. 203, 1879.
164 J. JULLIEN
groupes vermiculaires couvraient le fond du ruisseau sur environ
trente pieds (9"141) de longueur, avec une largeur d'un yard
(0914) et finissaient en se rétrécissant à une largeur d’un pied
(03048). Ils couvraient toutes les pierres et les plantes submer-
gées, et, si serrés qu'ils s’entrelaçaient les uns avec les autres,
laissant seulement d'étroits intervalles, sans espaces pour le
mouvement, si ce n’est par leur mutuel déplacement. Les groupes
étaient tous attachés à une membrane basilaire commune, de
laquelle cependant, ils étaient susceptibles de se séparer eux-
mêmes. Un grand lambeau de la membrane, couvert de groupes
de Cristatella ayant été placé dans un vase avec de l’eau, on vit
deux jours après que la plupart des groupes s'étaient répandus
vers le fond et sur les côtés du vase. La membrane basilaire est
de couleur ambrée homogène et obscurément granuleuse. Un lam-
beau de celle-ci de dix centimètres de long sur cinq de large,
entièrement couvert de groupes de ce Polype, conservé dans
l'alcool! est offert pour le Musée.
Ilest certain que pendant le développement et la croissance
des groupes de Cristatelle, ils se séparent de temps en temps en
plus petits groupes, ne conservant leur connexion que par la mem-
brane basilaire qui paraît avoir un caractère excrémentitiel.
La membrane basilaire de la Cristatelle était rendue encore
plus intéressante, par cette circonstance que dans les intervalles
séparant les groupes de Polypes, elle portait une multitude de
Difflugia corona.
Dans cette saison (fin septembre), les groupes de Cristatelle
sont remplis de statoblastes ou œufs d'hiver, à toutes les époques
de développement. Les statoblastes mûrs portant l'anneau, mais
sans les épines marginales en forme d’ancre, mesurent de 1725
à 4v295 de diamètre. Sur quinze spécimens, sept mesuraient
{mm9 de large. Le nombre des épines en forme d'ancre, varie de
60 à 70; mais dans quelques exemplaires on en trouve pour le
moins 53 et au plus 74. Par la taille, aussi bien que par le nombre
des épines, ils diffèrent considérablement de ceux des Cristatella
mucedo et ophidioïidea.
Les Polypides de la Cristatella Idæ, bien étendus, ont environ
gun de longueur, et leurs bras supportent à peu près quatre-vingts
tentacules. L’estomac est brun chocolat, quelquefois jaune pâle
ou brun-verdâtre. »
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 165
Cristatella ophidioidea Hyatt, 1868.
Fig. 225 à 236.
Zoarium arrondi dans le jeune âge, atteignant plus tard une
forme de ruban longue de vingt centimètres et large de quatre à
vingt-cinq millimètres avec une épaisseur de trois millimètres ;
un petit zoarium de vingt-cinq millimètres peut ramper de toute
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sa longueur en vingt-quatre heures. Zoæcies disposées sur quatre
à huit rangs concentriques, leurs Polypides ont environ quatre-
vingt-dix tentacules. Sfatoblastes peu abondants, orbiculaires, et
garnis sur les bords de l'anneau de cinquante-deux à cinquante-
neuf spinules dont trente-deux ou trente-sept longues et vingt à
vingt-deux courtes, leurs pointes sont ornées de petites dents
crochues, faisant de une à six pointes à chaque extrémité. Ils ont
de Omn800 à 0"n830 de diamètre.
166 J. JULLIEN
Syn. Cristatella ophidioïidea Hyatt, Leidy, Potts.
Habitat. Environs de Salem (États-Unis).
Fig. 228.
C'est en 1868 que Hyatt a publié la description et les figures
de cette magnifique espèce dont la taille atteint de surprenantes
dimensions. Voici la traduction
de son texte (1) : « Cœnœæcium
arrondis dans le jeune âge. mais
dans les colonies adultes, il at-
teint aisément environ vingt
centimètres de long sur quatre
à vingt-cinq millimètres de large; un exemplaire de cette taille
affecte toujours une forme sinueuse; les plus petits cϾnϾcia
ose
FhR \Y
\ À
A
RU’
Fig. 232.
sont quelquefois en ligne droite, et une colonie d’une longueur de
(1) Observations on Polyzoa suborder Phylactolæmata, Communications of the
Essex Institut, 1868, V, p. 229; fig. 21, vol. IV, pl. x et x1v.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 167
vingt-cinq millimètres rampera de sa propre longueur en vingt-
quatre heures.
» Les Polypides adultes sont sur deux rangs, les tentacules du
troisième rang ne sont pas bien développés à l'extrémité des bras,
et jusqu’au dehors, tous les âges de croissance sont représentés
par des lignes de bourgeons et de jeunes Polypides variant de
deux à cinq.
» Le lophophore est aussi long que le tube périgastrique, quand
il est bien étendu et porte quatre-vingt-dix tentacules.
» Les statoblastes sont orbiculaires et frangés de vingt à vingt-
Fig. 933. Fig. 234. Fig. 235. Fig. 236.
deux épines courtes et de trente-deux à trente-sept épines lon-
gues, aux pointes fourchues, déterminant de une à six pointes à
chaque extrémité. Les diamètres varient de Onms à Qmm83.
» Cette espèce a été trouvée sous la forme de nodosités et de
lames supportées par un extocyste commun comme dans la Pec-
tinatella magnifica. Elle forme une même feuille peut-être en
vastes établissements de trois millimètres d'épaisseur.
» Les statoblastes sont peu nombreux et diffèrent tout à fait de
ceux figurés par le professeur Allman pour la Cristatella mucedo.
Le bord externe de l'anneau est entier et non découpé comme
dans cette dernière, l'enveloppe brune du statoblaste est lisse
au lieu d’être recouverte de petites bosses comme dans la C. mu-
cedo ; le bord du statoblaste de notre espèce, vu de profil, est aussi
beaucoup moins symétrique.
» La Cristatella Idæ décrite par Leidy a seulement trente milli-
mètres de long, elle ne porte que soixante-douze tentacules, et le
statoblaste est chargé de soixante-dix épines. »
Cristatella lacustris Potts, 1884.
Fig. 237 et 238.
Zoæcies peu saillantes, éparses à la surface d'un zoarium vermi-
168 J. JULLIEN
forme, très peu adhérent, d'une longueur d'environ 152"m dans
les plus beaux exemplaires, plus ou moins sinueux ou en spirale,
les très jeunes zoaria ayant la forme d’un soulier où les zoæcies
occupent la partie la plus élevée. Polypides plus courts que les
tentacules du lophophore, ces derniers varient de 52 à 60, il y en
a ordinairement 54. Sratoblastes orbiculaires, rouge-brun, épais;
anneau marginal arrondi, entouré par une double série de grap-
pins; leur face la plus grande a une courbure régulière, tandis
que la plus petite a une convexilé plus marquée vers le centre.
Tabitat : Sur les bois morts, dans les lacs, à un ou deux pieds
de profondeur.
Localité : Lac d'Harvey, Luzerne, États-Unis d'Amérique.
Cette Cristatelle est en effet très remarquable par sa grande
taille et par la forme de ses statoblastes. Mais comme le profes-
seur Poits, je trouve que ce genre n’a pas encore été assez
étudié au point de vue de ses formes, pour qu’on puisse à présent
affirmer la solidité de ses différentes espèces. J'ai maintenu dans
cette monographie toutes les espèces décrites, et je garde à leur
égard la judicieuse réserve de Potts.
La description que cet auteur en donne étant pleine d’intéres-
santes remarques, en voici la traduction :
« Je (1) désire annoncer la découverte que je fis en Automne
(1) On a supposed species of Cristatella in Proceed. Acad. nat. Sc. of Philadelphia,
part I, May-Oclober 1884, p. 193, pl, IV, figs. 1-2. (Note communiquée le 8 Juillet.)
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 169
dernier, dans les eaux du lac d'Harvey, Luzerne, Co. Pa., de
grandes colonies, ou en langage technique, d’aggrégations de
colonies, d’une espèce de Cristatella, offrant plusieurs particula-
rités, lesquelles semblent la distinguer de la C. mucedo d'Europe,
et d’autres formes américaines connues.
» Le lac d'Harvey est une belle nappe d’eau située à une altitude
d'environ 1200 pieds (365"748) au-dessus du niveau de la mer,
parmi des collines partiellement boisées, de peu de hauteur. Il
affecte grossièrement la forme de la lettre T. Sa plus grande lon-
gueur est d'environ deux milles (3kil 218m), On dit sa profondeur
très considérable sur la plus grande partie de son étendue, elle
augmente rapidement à peu de distance du rivage.
» Les premiers groupes de cette superbe espèce ont été trouvés
sur un gros tronc d'arbre plongeant dans l’eau à un ou deux pieds
de la surface.
» Les colonies y apparaissent comme des masses vermiformes,
éparses, beaucoup plus longues que celle de Cristatella Idæ Leidy,
et rivalisent presque en longueur avec la Cristatella ophidioïdea
Hyait. Les plus longues ont environ six pouces (152""394). De
plus, bien qu’elles suivent parfois les lignes sinueuses, décrites
par ce dernier auteur, comme caractérisant son espèce, elles
suivent le plus souvent des lignes courbes, isolées, ou continues
çomme une portion de la lettre O ou d’un C irrégulier. Depuis,
en trois ou quatre circonstances, nous avons retrouvé cette
espèce dans de nouvelles localités.
» Les extrémités des arbres morts, ou des grandes branches,
gisant à 20 où 30 pieds (6 à 9") du rivage, et s'étendant sur un dia-
mètre de 10 à 12 pieds (3m à 3"65), sont couvertes par des cen-
taines ou des milliers de ces colonies, s’entrelaçant et entourant
chaque branche et chaque ramuscule, cependant elles adhèrent
si faiblement, qu’elles se détachent des rameaux par douzaines,
rien qu’en secouant ceux-ci dans l’eau. Quand elles pendent tem-
porairement par une extrémité, elles prennent une forme spirale,
étroitement resserrées sur elles-mêmes. Leur ectocyste gélatineux
commun à presqu'une ligne d'épaisseur (20m256), il couvre les
branches, autant que j'ai pu le voir. Sa persistance, sur les ra-
meaux que nous avons pêchés, est fort remarquable, puisque,
après sept mois d'immersion dans l’eau, il est encore facilement
reconnaissable. Sous le microscope, on le voit formé d'un plexus
de lignes délicates, comme un mycélium très fin qui peut bien
avoir maintenant remplacé la structure normale.
170 J. JULLIEN
» La loupe de l’auteur était d'un pouvoir trop faible pour ré-
véler aucun caractère distinctif chez les individus composant ces
colonies, et nous ne pouvons rien dire de leur être vivant étudié
au microscope; nous avons attendu le développement de quelques
statoblastes pour déterminer cette espèce. La mort d’un certain
nombre de colonies, dans la vase où elles avaient été placées,
rendit, pendant l'hiver dernier, plusieurs lavages nécessaires
pour enlever l'eau de macération et la matière corrompue.
Dans ces circonstances, les statoblastes ont été recueillis sur un
tamis.
» L'hiver passé, avril et mai arrivés, voyant que rien ne germait,
nous étions sur le point de tout jeter, quand nous avons heureu-
sement découvert plusieurs colonies embryonaires, attachées aux
parois latérales du vase. Elles consistaient en un où huit Poly-
pides et offraient une particularité constante.
» Le cæœnœcium vu latéralement peut être comparé à un soulier ;
les cellules cœnœæciales occupent seulement, plus ou moins, la
portion élevée; l’autre extrémité est toujours prolongée en ma-
nière de chaussure, depuis la forme actuelle jusqu’à celle que les
Chinois considèrent depuis des siècles comme le type de la
beauté. Cet aspect est très remarquable, mais comme nous
sommes dans l'impossibilité de comparer ces jeunes colonies avec
celles du même àge des autres espèces, j'hésite à les déclarer
d’une nouvelle espèce. Dans les dernières éclosions, cet aspect
était beaucoup moins saillant, et dans les stages les plus avancés
des colonies les mieux développées, la prolongation n’a plus
de physionomie particulière.
» Une fiole contenait une quantité de statoblastes que nous sup-
posions avoir perdu leur vitalité par suite de l'entassement. Nous
les avons lavés sur un tamis et placés dans un demi gallon d'eau
(25950). Environ, dix jours après, nous avons été récompensé en
les retrouvant germés par groupes, la surface de l’eau était tache-
tée par de pelits groupes flottants avec leurs disques placés supé-
rieurement, les têtes des Polypes et les beaux panaches tentacu-
laires pendant et étendus au-dessous.
» En examinant sous le microscope quelques statoblastes, soli-
dement tenus ensemble par leurs épines marginales, nous les
avons trouvés tous dans le premier état de leur développement;
cette conservation était due sans doute à leurs longues cellules
cornées qui ont probablement caché le principe conservateur à la
vie, sous l'enveloppe chitineuse de leurs valves, d’où il a été
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 171
chassé à droite et à gauche, amenant ainsi le jeune animal à la
nouvelle phase qu’il. doit traverser.
» Les statoblastes, comme dans les autres espèces de ce genre,
sont orbiculaires, d’une couleur rouge brune, relativement épais,
avec un anneau marginal arrondi, et une double série de crochets
rétenteurs.
» Les derniers s'étendent, d’une ligne membraneuse circulaire,
jusqu'auprès de la circonférence du corps chitineux, à l’un des
côtés ; ils sont réfléchis sur le bord, tandis que ceux qui appar-
tiennent à l’autre côté, se recourbant brusquement, entourent
une partie de l’anneau et rayonnent dans le plan équatorial; leur
surface est rugueuse, ou finement granuleuse. Il y a peu de diffé-
rence entre les diamètres, ou les degrés de convexité des faces
du statoblaste, si ce n'est que les crochets les plus longs sont
ordinairement fixés à la plus grande face, dont la courbure est
régulière, tandis que l’autre face a une convexité plus marquée
vers le centre. La portion chitineuse est composée de petites cel-
lules hexagones, dont les surfaces externes paraissent être con-
caves ou déprimées, mais leurs bords sont relevés ça et là vers
leurs angles en papilles épineuses, avec les sommets arrondis,
plus nombreux près de la circonférence du statoblaste.
» Quand le développement de l'embryon commence, les faces ou
valves sont forcées sur les bords où elles se séparent toujours à
la même place; la totalité de l’anneau restant fixée, comme il a
été dit, tandis que l’autre se détache en dessous comme une boîte
à pilule se détache de son couvercle. Ce fait forme un contraste
frappant avec la façon dont les valves se séparent chez la Pecti-
natella comme le montre le diagramme ci-joint, fig. 212-213.
» Le bord arrondi du cæœnœcium demi-transparent paraît main-
tenant, il sort lentement lui-même de telle sorte qu’en quelques
heures, le premier Polypide projette ses tentacules rudimentaires.
Au commencement, et pendant plusieurs jours, le cœnœcium est
presque rempli par des corpuscules de matière vitelline, opaques
à la lumière transmise, et jaunâtres à la lumière réfléchie; ils
sont fréquemment réunis en groupes sphériques, et on peut en
voir accidentellement un ou plusieurs dans le courant circula-
toire, ou, après une violente révolution, poussés probablement
par des cils vibratils à l’intérieur du cœnœæcium. Ces masses gra-
nuleuses adhèrent à l'estomac et aux autres organes internes,
obscurcissent leurs bords et rendent presqu'impossible la décou-
verte de l'apparition des Polypides secondaires; ceux-ci, cepen-
172 J. JULLIEN 4
dant, suivent plus rapidement le premier qu'on ne le croit, et plu-
sieurs têtes apparaissent avant la séparation des valves des
statoblastes.
» Les tentacules du premier Polypide sont généralement beau-
coup mieux développés que ceux des suivants, leur taille indique
un plus grand état de maturité. L'effet de l’action ciliaire est cer-
tainement évidente avant la maturité des tentacules, mais les cils
eux-mêmes sont petits et difficiles à définir. Les corps granuleux,
et les groupes qui obscurcissent le cæœnœæcium, sont résorbés gra-
duellement ou, en quelques cas, éliminés, restant en dernier lieu
dans la projection caudale d’où ils disparaissent enfin entière-
ment.
» Le cœnœcium entier devient alors d’une belle transparence,
qui ne permet cependant pas de voir clairement la structure des
Polypides, même quand ils sont rétractés, mais les contours
délicats des nombreux muscles rétracteurs peuvent être réelle-
ment tracés depuis leurs connexions avec l'estomac et les bran-
chies jusqu’à leur insertion sur le disque ou portion postérieure
de l’endocyste. Le fait que l'insertion de ces muscles à lieu pres-
qu’en ligne parallèles ou rayonnantes sur le disque du cœnœæ-
cium peut rendre compte du terme employé par les écrivains qui
parlent des cellules du cœnœcium; mais il n’y a pas ici de parois
cellulaires, et quand ils sont entièrement rétractés, les estomacs
des Polypides passent à travers les lignes des filaments muscu-
laires et reposent partout où ils peuvent trouver place. Cette
difficulté de trouver place pour leurs diverses personnalités est
souvent l’occasion d'une grande gêne pour eux, et d’un véritable
amusement pour l'observateur, lequel, quand une colonie est
troublée, verra les premiers Polypides se retirer avec l'apparence
d'une grande facilité, tandis que les derniers se débattent pour
se replier eux-mêmes, dans un lit où six ou huit sont déjà cou-
chés; les poussées, les secousses répétées sont nécessaires avant
qu'ils puissent finalement se cacher, comme ils paraissent le dé-
sirer en tirant ensemble la couverture transparente de l'endocyste,
au-dessus de leurs têtes.
» Les cellules de la couche externe de l’endocyste sont plus
grandes et plus profondes dans ce genre que les séries corres-
pondantes chez la Pectinatelle. Dans ces deux genres elles parais-
sent être du même caractère, sur toute la surface du cœnœæcium ;
il n'y a pas, sur la surface inférieure, la disposition de l'appareil
locomoteur, décrite par Allman, pour la Cristatella mucedo. Dans
* LU Lt:
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE 113
les deux genres aussi, avec un bon éclairage, et sous un fort
grossissement, on peut découvrir les lignes délicates du tissu
musculaire transversales et longitudinales, formant les troisième
et quatrième couches des séries du professeur Hyatt, elles sont
visibles aussi sous la plus mince couche cellulaire du Polype
évaginé.
» On admet généralement que l’ectocyste qui, chez la Pectina-
telle forme une masse de matières gélatinoïdes s’épaississant cons-
tamment, se trouve dans ce genre rejeté au-dehors, comme une
fugitive tunique, ou plus souvent comme une couche inerte qui
supporte les colonies, et sur laquelle leur locomotion s'effectue.
Lorsque dans mon aquarium les jeunes colonies se sont débar-
rassées des statoblastes flottants, elles restent, comme nous l'avons
déjà dit, avec leur disque à la surface de l’eau, une membrane
délicate et invisible s'étend sur cette surface, réunissant les co-
lonies voisines et formant une base de support, sur laquelle elle
ne paraissent pas se mouvoir volontairement. A l'état normal
dans un cours d’eau ou un étang, le vent, les courants les pous-
sent bientôt vers quelqu'objet solide sur lequel ils se fixent, et
qu'ils habitent. Nous l'avons déjà dit, aucune aptitude spéciale
n'existe pour faciliter la locomotion de ces colonies, et comme
sous ce rapport leur puissance est inappréciable, l’auteur hésite
à décider si elle est exercée volontairement et avec raisonnement,
ou bien si elle est le résultat accidentel des contractions et des
expensions fréquentes des muscles rétracteurs, troublant la posi-
tion des diverses parties du disque. Ceci nous paraît plus plau-
sible, n'ayant pu trouver chez cetle espèce aucune méthode de
préhension dans les colonies, mais seulement une cohésion géla-
tineuse ou visqueuse à l’ectocyste.
» À maturité, dans cette espèce, l’évagination du Polypide est
complète ; elle ne laisse non seulement aucun pli invaginé, mais
elle montre la totalité du système digestif du Polype à une cer-
taine distance au-delà de la surface du cœnœcium. La longueur
totale de l'appareil digestif est plutôt moindre que celle des bras
du lophophore, environ égale à celle des tentacules externes. Ces
derniers, moins nombreux que dans aucune espèce déjà décrite,
varient de 50 à 60. Dans la plus grande majorité des têtes de Po-
lypes examinés, le nombre des tentacules était de 54, moins fré-
quemment il y en avait 56, 58 et 60 ; je n'ai trouvé ce dernier
nombre qu'une seule fois. D'un autre côté les grappins des stato-
blastes sont plus nombreux que dans Cristatella ophidioïdea, à peu
174 J. JULLIEN
près les mêmes que dans les autres espèces. Jusqu'à présent, ce
genre comprend trois espèces, Cristatella mucedo G. Cuvier, Eu-
rope, Cristatella Idæ Leidy et Cristatella ophidioïdea Hyatt, qui sont
américaines. Les différences qui les séparent ne sont pas consi-
dérables et il est permis de se demander si toutes ne pourraient
pas être réunies sous le premier titre. Dans la situation actuelle
on peut voir que l'espèce nouvellement découverte est au moins
aussi nettement différente des anciennes, que celles-ci le sont
les unes des autres. C’est à cause de cela que je la nommeraï
provisoirement Cristatella lacustris. »
2e S.-class. BRYOZOAIRES INFUNDIBULÉS.
Bryozoaires dont la couronne branchiale forme une cloche ré-
gulière.
jre Fam. PALUDICELLIDÉES Allman, 1885.
Zoæcies cornées, lagéniformes, à orifice tubuleux se dressant à
angle droit sur la portion rampante; le Polypide possède deux
funicules gastriques dont le supérieur aboutit à l'ovaire et l'infé-
rieur au testicule.
Allman a donné cette famille sans la définir; elle ne renferme
encore qu’un seul genre.
Parmi les autres Bryozoaires infundibulés, cette famille doit se
placer à la suite de celle des Valkeridæ, dont elle diffère par son
double funicule, et par l'absence des soies à l'orifice.
Genre PALUDICELLA P. Gervais, 1836.
Zoæcies naissant bout à bout, et encore bourgeonnant latérale-
ment.
Synonyme :
Alcyonella Ehrenberg, Norman. Allman, Thompson, Johnston, Hancock.
Paludicella P. Gervais, Van Beneden, Leidy, Potts.
Paludicella Ehrenbergi Van Beneden 1848,
Fig. 239 à 243.
Zoæcies disposées bout à bout, avec un processus anastomo-
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 175
tique à la région inférieure de la grosse extrémité, séparées l’une
de l’autre par des cloisons complètes; orifice tubuleux situé en
avant de la portion renflée, et lais-
sant sortir un Polypide pourvu d'une
cloche régulière de seize tentacules ;
ces zoœcies forment des soaria li-
néaires, d’un brun plus ou moins
foncé, ramifiés, rampants et portant
des branches nombreuses disposées
en petits buissons. Reproduction par
œufs, statoblastes (?), bourgeonnement et hybernacles.
Synonymie :
Alcyonella articuluia Ehrenberg, 1831. | Paludicella Ehrenbergi Van Beneden
Alcyonella diaphan a Nordmann. Allman, Parfitt.
Paludicella articula P. Gervais, Allman, | Paludicella procumbens Hancock.
Thompson, Johnston. Paludicella elongata Leidy.
Localités : Sur les corps immergés et fixes, dans les eaux dor-
mantes ou d’un cours peu rapide, elle est lucifuge.
Européenne et Américaine, on la
trouve en France aux environs de
Paris ; P. Gervais l’a rencontrée dans
l'étang du Plessis-Piquet; je l’ai pê-
chée abondamment dans le lac d’En-
ghein en 1882 avec la Plumatella repens
et la Fredericella sultana, mais je ne
l’ai pas trouvée en Bourgogne dans
les montagnes du Charollais. Elle
existe encore en Angleterre, en Ir-
lande, en Écosse, en Prusse, en Bel-
gique, dans les grands lacs de la
Suisse et de l'Italie septentrionale, on
la trouve en Russie et Leidy l’a dé-
couverte aux États-Unis, où il l’a dé-
crite et figurée sous le nom de ?.
elongata.
Cette espèce a été découverte par Ehrenberg aux environs de
Berlin, en 1831, il en donna la description dans Symbolæ physicæ,
Dec. I, pol. fol. 4. Quelques années après d’autres naturalistes la
trouvèrent également sur différents points; mais P. Gervais en
176 J. JULLIEN
fit le genre Paludicella qui a été accepté depuis. Van Beneden a
observé qu'à la fin de l'automne, on voit se produire à la place où
1
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE, 177
se forment les bourgeons, c’est-à-dire de chaque côté de l’orifice,
un hybernacle qui conserve l'espèce pendant l'hiver. Les hyber-
nacles de Van Beneden se montrent au commencement de l'hiver,
ils sont semblables aux bourgeons mais pourvus tout autour d'une
membrane solide. Ils n’ont pas cette régularité dans le volume
et la forme que présentent les statoblastes des autres genres, ils
sont toujours fortement comprimés, leur contour varie et les
uns sont beaucoup plus allongés que les autres. L’extrémité est
toujours terminée en tubercule arrondi. Ils sont d’un noir grisâtre,
couleur qui contraste avec celle du zoarium. Ils se composent
d'une enveloppe assez solide, dans l’intérieur de laquelle on voit
des globules ou cellules semblables aux cellules du vitellus. Cette
enveloppe se divise au printemps en deux valves qui se séparent
sur le bord et qui forment le commencement du zoarium. On voit
poindre alors le Polypide au milieu, et souvent on trouve encore
en Été les débris de l’hybernacle, qui font connaître le point de
départ du pied polypiaire (1).
E. Parfitt (2) prétend avoir découvert les statoblastes de la
Paludicelle, il les décrit ainsi : « Le bord forme une ellipse très
allongée, la cellule est très petite si on la compare avec sa très
large bordure, plan-convexe; la cellule est rouge-brun, l'anneau
ou la bordure d’un pourpre-bleuâtre, superbement réticulée et
réfléchissant les couleurs du prisme. Il y en a trois dans chaque
cellule, disposés bout à bout ».
A ces différents moyens de reproduction, on doit ajouter les
œufs véritables. Ces œufs sont produits par l'ovaire. Ce dernier
organe termine le funicule supérieur de l'estomac, tandis que le
funicule inférieur aboutit au testicule. Le funicule ovaire a été
découvert par Allman; j'en ai parfaitement constaté l'existence
sur mes exemplaires du lac d’'Enghein.
Les touffes de Paludicelle ressemblent à un réseau de petites
racines rousses embrouillées.
Paludicella erecta Ed. Potts, 1884.
Zoæcies disposées pêle-mêle, plus ou moins soudées entre elles,
(1) Dumortier et Van Beneden, Histoire nat. des Polypes composés d'eau douce.
Mém. Acad. de Bruxelles, IX, 1850. Tirage à part, p. 51.
(2) E. Parfitt, On two new Species of Freshwater Polyzoa. Ann. and Magaz. of
nat. Hist., (3), XVIII, 1866, p. 171.
12
178 J. JULLIEN
portant leurs orifices à l'extrémité de longs tubes toujours libres,
dépassant 2"; elles forment des zoaria rampants, que les orifices
rendent hérissés comme la surface d’une coque de chàtaigne;
Polypides pourvus de 19 à 21 tentacules, mais plus souvent de
20. Reproduction par œufs et bourgeonnement.
Habitat. Rivières et ruisseaux des États-Unis, Amérique septen-
trionale, sur les pierres.
Localité. Tacony Creek, comté de Montgomery (Pensylvanie),
et dans les rivières Delaware et Schuylkill près de Philadelphie.
Voici la traduction de la note lue par Potts à l’Académie des
Sciences naturelles de Philadelphie :
« M. Edward Potts (1), fait une communication sur sa récente
decouverte d’une nouvelle espèce de Paludicelle, qu'il nomme
Paludicella erecta.
» Ce genre de Bryozoaires d’eau douce ne contient, jusqu'à
présent, que la Paludicella Ehrenbergi Van Beneden (Alcyonella
articulata Ehrenberg); les deux autres noms, P. procumbens et
P. elongata, donnés par Albany Hancock et le Prof. Leidy étant
considérés, par Allman, comme identiques au type original. La
forme présente est absolument différente de l'ancienne par le
nombre des tentacules ciliés et par les caractères des cellules
cænœæciales. Un certain doute a existé dans l'esprit de l’auteur
sur cette espèce, en raison de la détermination difficile des septa
caractéristiques entre les cellules, par le fait de leur absence
apparente, absence pour laquelle on ne doit pas établir un nou-
veau genre.
» Elle a été, d'abord, découverte à Tacony Creek, dans un ruis-
seau du comté de Montgomery (Pensylvanie), à environ cinquante
pieds au dessus de la basse mer (Tide water). Quelques jours
après, elle a été aussi recueillie aux limites des basses eaux, dans
les rivières Delaware et Schuylkill près de Philadelphie. A la pre-
mière localité, elle a été trouvée en abondance dans des cavités
parmi les rapides du courant, couvrant fréquemment la surface
des pierres, à une profondeur d'un pied au plus, sur une surface
de plusieurs pouces carrés. Les terminaisons verticales des cel-
lules cœnœæciales dans les parties serrées des colonies, ont envi-
ron une ligne de hauteur (2vm224), et, s'étendant très pressées,
) Ed. Potts, On Paludicellu erecta. Proceedings Acad. nat, Sc. Philadelphia,
p. 213, 5 august 1881. — Ibid,, in Ann. and Magaz, nat. Hist., (5), XIV, p. 437.
Décembre 1881. (Miscell).
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 179
peuvent se comparer à la surface d'une coque de châtaigne. Dans
les rivières, on la trouve pénétrant les masses des éponges en-
croûtantes, particulièrement de la Meyenia Leidyi.
» Ces petits tubes droits sont les prolongements chitineux de
cellules renflées très irrégulièrement, adhérant en désordre et
serrées au support de la colonie, s’entrecroisant et s'anastomosant
d'une façon incompréhensible, par des rhizomes enchevêtrés,
quelquefois d’une longueur relativement considérable.
» Ils sont le plus souvent simples et terminaux, parfois ramifiés ;
ils naissent fréquemment d'une partie latérale quelconque d'une
cellule. Les prolongations tubuleuses sont toujours isolées; le
polype invaginé se retirant dans la partie renflée de la cellule.
» Dans les rhizomes on rencontre quelquefois les septa près de
l’'anastomose des premiers avec la portion renflée des cellules.
Les extrémités supérieures des cellules qui paraissent avoir été
formées les dernières sont plus allongées que celles de leurs voi-
sines plus anciennes, subclaviformes ou fusiformes et arrondies
à l'orifice. Les autres sont cylindriques ou légèrement élargies en
bas, et plus courtes que les premières à cause de l’invagination
de la portion terminale de l’ectocyste. Il en résulte une apparence
anguleuse de l’orifice, ordinaire dans la plus vieille espèce; mais
tandis que celle-ci est généralement quadrangulaire, la nôtre
a fréquemment cinq pans ou plus. Les cellules les plus jeunes
sont ordinairement transparentes, elles brunisssent avec l’âge et
deviennent quelquefois encroûtées de particules adhérentes, amas-
sées par des parasites tels que Limnias, Pyxicola, etc.
» Les Polypides sont craintifs, mais ne redoutent pas la lumière;
quand on ne les trouble pas, ils restent longtemps étalés sous
une grande clarté, à l'éclairage microscopique. On voit alors, que
le lophophore est circulaire, sans épistome, supportant ordinai-
rement vingt tentacules, prenant la forme d’un verre à bon vin,
quand il est étalé. (J'ai compté avec doute dix-neufet vingt et un
tentacules, tandis que le nombre que j'ai indiqué est le plus fré-
quent; la P. Ehrenbergi est universellement considérée comme
n’en portant que seize). Une particularité des tentacules est la
présence, sur la ligne médiane externe de chacun d'eux, de séries
peu rapprochées de cils vibratils, contrastant énormément avec
les mouvements rapides des autres cils qui les environnent.
» La reproduction par œufs de ce Polype a été obtenue, et les
particularités de sa structure interne sont réservées pour une
étude prochaine. Si les résultats sont salisfaisants, nous les pu-
180 J. JULLIEN
blierons dans une autre note. L'observation simultanée de cette
espèce dans trois localités distinctes et son abondance dans cha-
cune, indique qu’elle est probablement commune; il est surpre-
nant qu'on ne l’ait pas encore étudiée. »
Je Fam. HiscopipéEs Mihi.
Zoæcies cornées, aplaties, plus ou moins arrondies sur leurs
bords ; paroi latérale épaisse entourant une area fermée d'une pel-
licule mince et cornée. Zoaria ramifiés ou lamelleux, mais tou-
jours rampants et fortement adhérents aux corps qui les suppor-
tent.
Cette famille renferme mon genre Norodonia (1) et le genre His-
lopia (2) de H.-J. Carter. C’est par erreur que j'avais, tout d'abord,
pris le genre Norodonia pour un Chéilostomien, l'orifice zoæcial de
mes exemplairés avait été déformé par la dessication du zoarium.
Cette famille est établie sur des espèces toutes Asiatiques jusqu'à
présent.
Genre NORODONIA J. Jullien, 1880.
Zoæcies cornées, rampantes, adhérant fortement aux corps
immergés, naissant les unes des autres au-dessous du sommet
pour former des séries linéaires; axe primitif du zoarium fournis-
sant rapidement des axes secondaires, tertiaires, etc., ils appa-
raissent au niveau du tiers supérieur de la zoæcie, tantôt d’un
seul côté, tantôt sur les deux; paroi latérale épaisse, soutenant
une area membraneuse délicate près du sommet de laquelle se
trouve l'orifice. Polypides inconnus.
J'ai dédié ce genre à S. M. Norodon I*', ex-roi du Cambodge, en
souvenir de sa généreuse assistance pendant ma mission de 1873
à 1874.
(1) Guide du Naturaliste, 2’ année, n° 5, p. 112, 15 mars 1880, Bull. Soc Zool. de
France, 1880, p. 77.
(2) Description of a lacustrine Bryozoon allied to Flustra, Ann. and Mag. of nat,
Hist., 1858, (3), I, p. 169.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 181
Norodonia Cambodgiensis J. Jullien (1).
Fig. 244 à 245.
Zoæcies cordiformes, trapues, pédonculées à la base, fond plus
large que le sommet, orifice subquadrangulaire, parois latérales
épaisses et continues sur tout le pourtour. Area lisse et unie, pé-
nétrant jusqu’à la cellule inférieure par le pédoncule qu’elle re-
couvre. Mesurées dans leurs grandes dimensions, les zoœcies ont
environ 060 de large sur 0""85 de long. Ces zoϾcies forment des
zoaria où colonies d’un brun foncé, rameux, dont l’area desséchée
brille comme la trace d’une limace sur un mur.
NZ
NA
1ë
Fig. 214-245.
J'ai trouvé cette espèce sur un morceau de bois fossile, au bord
du Mékong le 9 février 1874, à la pointe de l’île Co-Kaû. Cette île
est située à deux heures de barque au-dessus du village Péam-
Siam-Boc qui établit la limite du royaume du Cambodge et du
royaume de Siam sur la rive droite du Mékong. J’ai encore
recueilli cette espèce dans l’arroyo de Peam-Chelang (Cambodge),
où elle s'était fixée sur le processus aliforme qui surmonte la
charnière de l’Unio delphinus Lea. Jel’ai encore rencontrée dans la
collection de M. A. Bouvier sur la surface externe et antérieure
(1) Guide du Naturaliste, loc. cit., et Bull. Soc. Zool. de France, 1880; p. 77 et
FÉES JR 67
182 J. JULLIEN
d’une coquille d'eau douce de la Chine, la Symphinota bialata Lea
qui se trouve aux environs de Canton.
Norodonia Sinensis J. Jullien (1), 1880.
Fig. 246 à 247.
Zoæcies cordiformes, allongées, aplaties, ventrues au milieu,
pédonculées à la base, s’effilant aux deux extrémités, surtout au
sommet; orifice arrondi ou oblong; parois latérales épaisses deve-
nant très minces tout autour de l'orifice, continues dans toute la
région inférieure de la zoæcie; area lisse ne s'étendant pas jus-
qu'à la zoæcie inférieure, portant en son milieu une sorte de jetée
qui commence à l'ouverture dont elle forme la lèvre inférieure
pour se terminer en pointe aigue au niveau du quart postérieur du
diamètre longitudinal.
LIT
Fig. 216-247
Mesurées dans leurs grandes dimensions, les zoæcies ont envi-
ron 0®%55 de large sur 1"" de long. Ces zoæcies forment des z0a-
ria blonds et rameux.
J'ai découvert celte espèce dans la collection du Muséum de
Paris à l’intérieur d'une Anodonta securiformis Say, rapportée de
la province du Ngan-Houï, Chine, par le R. P. Eudes.
(1) Guide du Naturaliste, 2° année, n° 5, p. 102, 15 mars 1880 et Bull. Soc. Zool.
de France, 1880, p. 78 et 9, figs. 1, 2 et 3.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 183
Genre HISLOPIA J. Carter, 1858.
Zoæcies cornées, rampantes, aplaties, à paroi antérieure mince
et transparente, à parois latérales plus épaisses, percées de deux
à quatre trous stolonifères ; formant sur les surfaces lisses des
zoaria quelquefois linéaires, mais le plus souvent sans arrange-
ment défini. Orifice subquadrangulaire avec une épine assez forte
à chaque angle. Polypide pourvu d'environ seize tentacules, avec
un pharynx pyriforme et glanduleux, un gésier globuleux, un
estomac en cornemuse et un gros intestin glanduleux; ces orga-
nes sont alliés entre eux par de simples tubes qui constituent
l’æœsophage, reliant le pharynx au gésier, le pylore reliant l’esto-
mac au gros inteslin, et le rectum qui termine l’appareil digestif.
ITislopia lacustris H.-J. Carter 1858.
Fig. 248 à 250.
Mêmes caractères que ceux du genre.
Syn. Æislopia lacustris (1) H.-J. Carter.
Habitat : Mares d’eau douce ne se
desséchant jamais, sur Paludina
bengalensis, et surles tiges de plantes
aquatiques.
Localité : Nagpoor, Inde centrale.
Voici la traduction du texte de
Carter : « Ce qui suit est la descrip-
tion d'un Polypidome que m'a en-
voyé le pasteur Hislop ; il l’a trouvé
pour la première fois en Avril der-
nier, magnifiquement développé sur
la Paludina bengalensis et sur les
tiges de diverses plantes aquatiques
dans une mare d’eau douce près de
Nagpoor, Inde centrale. Cette forme Fig. 248.
me paraît appartenir à la classe des
Bryozoaires; étant encroûtante et dépourvue de substance cal-
caire dans le squelette, nous en ferons le type d'un nouveau
(1) H.-J. Carter, Description of « lacustrine Bryozoon allied to Flustra. Ann. and
Magaz. of nat. History, (3). I, p. 169, 1858, pl. vir.
184 J. JULLIEN
cenre pour lequel nous proposons le nom ZZislopia en l'honneur
du gentleman mentionné ci-dessus.
» Il diffère des Flustres par la forme et la disposition des cel-
lules, il n’est pas dressé; et des Membranipores et Lepralies en
n'étant point calcaire; mais il se rapproche des Flustres par ce
dernier caractère, et des Lepralia en étant rampant, surtout avec
la subdivision qui porte des épines orales sans autre appendice
externe.
» Heureusement les échantillons dans l'alcool, que j'ai reçus,
me sont arrivés dans un état de conservation suffisant pour me
permettre de les décrire non seulement avec le Polypier ou sque-
lette, mais encore avec l’animal.
» Hislopia lacustris n. sp., pl. VIT, figs. 1-3.
» Polypier corné-membraneux, dépourvu de matière calcaire.
Cellules irrégulièrement ovales,
aplaties, s'étendant en bourgeon-
nant sur des surfaces lisses, quel-
quefois linéairement, mais le plus
souvent sans arrangement défini.
Orifice subquadrangulaire, sup-
porté par un col circulaire fermé
par quatre valves triangulaires dont
les postérieures sont les plus gran-
des; surmontées par une bordure
cornée saillante, sur les angles de
laquelle se dressent quatre épines;
bord postérieur moins saillant que
le reste, ce qui permet une conti-
nuité presqu'ininterrompue entre
la grande valve ou lèvre et la por-
ion membraneuse de la cellule’
Bord de la cellule corné, percé de
Fig. 249. deux à quatre trous stolonifères.
En moyenne, la plus grande lar-
geur d'une cellule est de 0mw747 et la plus grande longueur 0""875.
» Habitat : Mares d'eau douce qui ne se dessèchent jamais, sur
Paludina bengalensis et sur les tiges de plantes aquatiques.
» Localité : Nagpoor, dans l'Inde centrale.
» Animal: Contenu dans un sac membraneux qui double la
cellule et qui communique avec deux ou quatre cellules voisines
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 185
par des stolons à travers les trous déjà mentionnés, savoir : pos--
térieurement avec la cellule mère, antérieurement et latéralement
avec des cellules filles. Bouche triangulaire, bordée par les valves
mentionnées, conduisant dans une gaîne buccale délicate et trans-
parente, plissée antérieurement, au fond de laquelle (quand elle
est retournée) se trouve l’orifice de lagorge surmonté par seize (?)
tentacules. Pharynx pyriforme, présentant une couche de cellules
ou de pellicules internes, s'étendant du commencement de l’œso-
phage, lequel est étroit, long et replié sur lui même. Après l’œso-
phage vient un corps globuleux et dilaté appelé le gésier, qui est
très épais, présente deux corps chitineux, linéaires, internes, et
s'ouvre par une large bouche dans la moitié pylorique d’un grand
estomac irrégulièrement ovoïde. Estomac entièrement doublé par
une couche de cellules hépatiques, et contracté près de son ex-
trémité pylorique où il se continue avec l’in-
testin grêle. Intestin grêle court, suivi par une
portion globuleuse, quelquefois elliptique et
dilatée (correspondant au gros intestin des
animaux supérieurs) (?), également doublée
par des cellules, mais différant en apparence
de celles de l'estomac; se terminant par une
portion rectale contractée qui s'ouvre dans
la gaîne buccale (quand elle est rentrée).
» Observations : Outre le muscle rétracteur, il y en a d’autres
qui vont de la membrane interne de la cellule, et probablement dé
la cellule elle-même, aux différents organes viscéraux ; mais leur
déchirure produite par l'esprit de vin, dans lequel je les ai reçu,
prévient contre ma description et contre mes dessins. La cavité
péritonéale aussi, dans plusieurs cas, renferme des groupes de
cellules de différentes tailles et des corps fusiformes qui peuvent
avoir été des éléments procréateurs; mais ne les ayant pas observé
à l’état vivant, je ne puis en parler. Je n’ai pu découvrir ni testi-
cule ni ovaire; pour la même raison, je n’ai pu établir sûrement
le nombre des tentacules. Enfin, cependant, avec leur gaîne buc-
cale délicate qui se trouve à différents états de sortie dans quel-
ques cellules, il a été facile de voir que la portion plissée précède
l'extension des tentacules, comme chez les autres Bryozoaires
d’eau douce, et dans le genre Bowerbankia avec lequel notre
espèce a beaucoup de rapports organologiques. »
Fig. 250.
156 J. JULLIEN
EXPLICATION DES FIGURES.
Fig. 1.— Plumatella repens. Zoarium corné, blond, très pâle, gaine à peu
près dépourvue de macules cornées ; tentacules au nombre d’une cinquantaine
environ. Un des polypides représentés, ici ne portant que 17 ou 48 tentacules,
offrait cette curieuse particularité d’avoir les deux branches du lophophore sou-
dées par leur bord interne. Cette anomalie avait entrainé l'arrêt de développe-
ment des tentacules internes, ils n’existaient plus que sous la forme de verrues
peu nombreuses sur le côté interne de l'espèce de crête de coq formée par les
branches du lophophore. Je n'ai pu découvrir l'épistome sur ce polypide
(Exemplaire de Saint-Christophe-en-Brionnais, mare de Fougères, 7 septembre
1883).
Fig. 2. — Plumatella repens. Polypide régulièrement développé ; vu de
profil, et grossi 15 fois et demi {Saint-Christophe-en-Brionnais, 7 septembre
1883).
Fig. 3. — Plumatella repens. Polypide avorté dont les deux bras du lopho-
phore ne sont pas soudés, mais sur lesquels les tentacules internes n'existent
qu’à l’état rudimentaire sous la forme de petites verrues. 14,5/1 (Saint-
Christophe-en-Brionnais, mare de Fougères, 7 septembre 1883).
Fig. 4. — Urnatella gracilis. Disposition du zoarium et des zoæcies, quand
on inquiète la colonie. 75/1. (D'après Leidy).
Fig. 5. — Urnal. gracilis. Extrémité d’une branche portant une zoæcie
étalée (dessin de Leidy, publié par Allman).
Fig. 6.— Urn. gracilis. Vieux zoarium sur lequel s’est développé une
zoæcie avec son pédicelle. Un bourgeon se développe sur ce dernier. 48/1.
(D'après Leidy).
Fig. 7. — Jeune Urnatelle ; chaque tige est formée d’un polypide et d'un
simple pédicelle. 55/1. (D'après Leidy).
Fig. 8. — Zoæcie d'Urnatella, montrant ses diverses parties. 120/1 (Leidy).
Fig. 9. — Plumatella repens. Embryon de grandeur naturelle. Les plus gros
très grossis sont représentés nageant. (D'après Allman).
Fig. 40. — Embryon de PI. repens, contenant deux polypides retirés à
l'intérieur. L’embryon est libre, il nage dans l’eau. (Allman).
Fig. 41. — Embryon de PI. repens plus avancé, les polypides ont pres-
qu'atteints leur entier développement. {Allman).
Fig. 42, — Embryon de PL, rep., dont les polvpides sortent presque tout à
fait de l’enveloppe. (Reinhard).
Fig. 43 et 14. —— Embryons de PI. rep., encore plus développés que les
précédents el montrant une sorte de prolongement caudal contenant sans doute
des granulations vitellines qui vont disparaitre, (D'après Reinhard).
Fig. 45. — Jeunes polypides d’un embryon de PI, repens, débarrassés de
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 487
l'enveloppe larvaire. J'ai trouvé ce rudiment de colonie sous une feuille de
Nymphea dans l’étang de Saint-Cucufa, près Saint-Cloud, 7 septembre 1884.—
Dessin d’après nature.
Fig. 46. — Alcyonella flabellum, Van Beneden. C’est une colonie de Pluma-
tella repens née d'une larve comme celle que représente la fig. 15, et dont les
zoæcies se sont soudées comme dans la variété alcyonelle ordinaire (d’après
Van Beneden).
Fig. 47 à 47. — Statoblastes libres de Plum. repens. Il y a là 37 formes
différentes représentant les principales variétés de ces objets ; j'ai laissé
pourrir dans l’eau des branches de fascines recueillies dans le lac d’Enghien
au mois de juillet, j’ai obtenu ainsi des milliers de statoblastes libres qui ont
servi à faire ces dessins. On peut voir que leur grande variabilité leur enlève
tout caractère spécifique.
Fig. 48 à 62. — Statoblastes adhérents de Plum. repens, recueillis sur les
fascines qui ont fourni ceux des fig. 47 à 47. Eux aussi sont excessivement
variables dans leur forme et dans leurs dimensions.
Fig. 63. — Jeune colonie de Plum. repens dont les zoæcies sont en partie
libres et en partie soudées. Van Beneden, auquel j'ai emprunté cette figure la
donne comme une Aleyonella flabellum. Une écaille de statoblaste se voit à
l'origine de la colonie.
Fig. 64. — Plumatella repens. Polypide étalé et vu de trois quarts. Ce bel
exemplaire a été dessiné à la chambre claire. Saint-Christophe-en-Brionnais,
septembre 1884. 29,4/1.
Fig. 65. — Plumatella repens, à forme jugale, développée sous une feuille
de Nymphæa alba, détachée avec une aiguille à disséquer et retournée sans
dessus dessous. Les polypides étalés ont été dessinés dans cette position qui
permet d’en compter facilement les tentacules. Exemplaire assez typique des
Nymphæa, recueilli dans l’étang de Brise-Miche, à Chaville, près Paris, le
46 juillet 1884. 2,33/1.
Fig. 66. — Federbusch-polyp Rœsel. Ce dessin, que j'ai emprunté à l'illustre
naturaliste Allemand, représente une colonie de Plumalella repens, développée
sur des lentilles d’eau (Lemna minor, ou plutôt gibba). Cette figure donnée en
4755, est la première représentation de cette espèce, elle est assez bien réussie
pour l’époque où elle parut ; on remarquera que l’auteur n'a pas distingué
l’appareil digestif et qu’il s’est attaché surtout à la reproduction des lopho-
phores. Les corpuscules dessinés autour des panaches représentent les infu-
soires et les algues microscopiques dont ces animaux font leur nourriture en
les attirant par leurs cils vibratils.
Fig. 67 et 68. — Jeunes colonies de Plum. repens, développées de stato-
blastes adhérents. Traitées par l'acide osmique faible, l’endocyste s’est coloré
en noir ; on voit à l'extrémité de chaque branche une masse grisâtre qui
188 3. JULLIEN
représente le polypide terminal vu par dessous; la colonie ayant été détachée,
avec précaution, de la branche qui la portait. Il m’a semblé que la forme
alcyonelloïde de cette Plumatelle naissait surtout de statoblastes adhérents, ces
derniers, plus volumineux que ceux restés libre, donnent certainement, au début
de la colonie, des polypides plus vigoureux que leurs congenères. Lac d'En-
ghien, 9 août 1883. 6,56/1.
Fig. 69. — Alcyonella fungosa Pallas. Cette forme représente le développe-
ment le plus énergique de la Plumat. repens. Ici tout le centre de la colonie
est formé de tubes soudés entre eux dans leur longueur, les branches à forme de
Plumatelle ne se voient que sur les bords, et les zoæcies y sont encore serrées.
Ce dessin exécuté d’après une superbe photographie ne donne pas les détails
infinis de cette dernière, la copie exacte étant presqu'impossible ; j'espère que
celle-ci en donnera une idée cependant assez nette. La colonie n’entoure pas
complètement le morceau de bois sur lequel elle s'est développée, elle s’amin-
cit sur ses bords, d'où partent quelques petites branches isolées, Lac d'Enghien,
8 juillet 4883. — Grandeur naturelle.
Fig. 70.— Plumatella jugalis Allman. Colonie de Plumalella repens, ayant
pour origine un statoblaste, dont les valves se voient encore sur la première
zoœæcie ; les crêtes anales existent comme dans l’espèce anglaise, mais Allman
n'ayant pas compris l’origine de sa colonie, en fit une espèce particulière,
comme Van Beneden a créé l’Alcyonella flabellum pour le même motif. On
remarquera dans cette colonie deux zoæcies beaucoup plus renflées que les
autres ; ces deux zoæcies représentent la Plumatella Dumortieri d’'Allman ;
cela fait deux espèces dans une même colonie ; sir Allman est trop généreux,
on ne peut accepter sa manière de voir. Exemplaire recueilli à Saint-Christophe-
en-Brionnais (mare de Fougères, 7 septembre 1883, sous une feuille de
Potamogéton). 5/1.
Fig. 74. Plumatella jugalis. — Exemplaire de Plumatella repens corres-
pondant parfaitement à la P. jugalis d'Allman, Il provient d’une larve à deux
embryons, telle que la représente les figs. 10-15. Toutes les zoœæcies portent la
crête anale, elles semblent en faire une véritable espèce, une étude d'ensemble des
diverses colonies de l’espèce, comme je la comprends, détruit cette manière de
voir. Cette forme bourgeonne abondamment ; ici on voit une zoœæcie mère qui
a produit quatre zoœæcies filles, cette énergie diminue progressivement, elle
tombe à trois, puis à deux, puis à une et enfin reste stérile, Les statoblastes y
sont très rares el très petits ; Allman n’en a jamais vu dans ses exemplaires ;
le mien n’en contient qu'un seul, bien que la colonie ait été recueillie au mois
de septembre, c’est-à-dire à une époque où les Plumatella repens sont toujours
remplies de statoblastes parfaitement mûrs. Il existe donc là une sorte d'arrêt
de développement, mais on voit que la forme en question peut naître aussi
bien d'an slatoblaste que d'une larve. Saint-Christophe-en-Brionnais, mare
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 1x9
de Fougères, 7 septembre 1883, sous une feuille de Potamogeton nalans ; dessin
exécuté à la chambre claire d’après le zoarium mort et débarrassé de ses
polypides par la putréfaction et le lavage. 5/1.
Fig. 72. — Plumatella repens var. furcifer nobis. Curieuse variété dans
laquelle la plupart des zoæcies possèdent une crête anale bifurquée sur le fond
zoæcial ; la première fois que je la vis, je crus avoir une nouvelle espèce de
Plumatelle ; mais il est certain qu’on se trouve encore là en face d’une simple
variété, car il y a dans la même colonie des zoæcies dont la crête anale est
simple, et des zoæcies dépourvues de crête anale. Je possède en outre d’autres
colonies de la même région, à forme d’Alcyonelle, où la plupart des zoæcies
ont la crête anale bifurquée. Ces dernières ont été trouvées dans le pré de
M. Polette, derrière les bains de Saint-Christophe-en-Brionnais, elles couvraient
la face inférieure des pierres d’une très grande mare, sur une surface plus
large que celle des deux mains. Je n’ai jamais rencontré cette forme aux envi-
rons de Paris.
La colonie dessinée ici est fixée sur une feuille de Potamogeton nalans, elle
vient encore de la mare de Fougères, près Saint-Christophe-en-Brionnais, où
je l’ai pêchée le 7 septembre 1883. Les polypides avaient 50 tentacules, et
l'estomac portait des lignes jaunes longitudinales. Les parois zoϾciales sont
couvertes de grains quartzeux hyalins agglutinés ; la crête anale, très vigou-
reuse, en est à peu près complètement dépourvue. 5/1.
Fig. 73. — Plumatella repens. Superbe colonie dont le milieu est tout à
fait Alcyonelle, tandis que les bords deviennent Plumatelle, en fournissant des
rameaux isolés excessivement nombreux. Toute cette colonie paraît provenir
d’un seul statoblaste ou d’une seule larve, car tous ses points rayonnent vers
l'extérieur, sauf au milieu, où il n’y a pas de distinction possible. Les zoœcies
portent presque toute la crête anale simple, elles sont très minces, et surpren-
nent par leur petitesse. Cette forme en son milieu représente l’Alcyonella
Benedeni d’Allman, mais elle redevient Plumatelle sur ses bords. Cetexemplaire,
des plus intéressants, s’est développé sous une planche de chêne servant à laver
le linge, restée immergée pendant toute l’année dans la mare du pré de
M. Meaudre, derrière les bains de Saint-Christophe, où je l'ai pêché le
& octobre 1884. 1/1.
Fig. 74. — Pl. repens. Extrémité zoœæciale dans laquelle on aperçoit les
tentacules d’un polypide au moment où l’animal va sortir de la zoœæcie. Au-
dessus de lui on voit l’orifice contracté et maintenu rentré par les muscles
monocellulaires pariéto-vaginaux postérieurs ou rétenteurs antérieurs, avec
leurs noyaux. Au-dessous des tentacules commence la crête anale quise dirige
en bas et à droile du lecteur.
Fig. 75, — PI. repens. Muscles rétracteurs du polypide ; vus de haut
en bas, on trouve d’abord les rétracteurs brachiaux, et au-dessous se voient
190 J. JULLIEN
les rétracteurs du lophophore. Observés sur un exemplaire de l'étang de Brise-
Miche.
Fig. 76.— Dessin schématique sur lequel on voit: la disposition tenta-
culaire ; la bouche et son épistome ; le tube digestif tout entier ; le ganglion
nerveux replié sur lui-même, près du sommet de l'œsophage ; les fibres mus-
culaires pariéto-vaginales antérieures ; les fibres musculaires pariéto-vaginales
postérieures ; et enfin l’endocyste transparent avec ses taches ovales de couleur
blanc-bleuâtre à l’état normal.
Dessiné d’après nature, sur un exemplaire de l’Étang de Saint-Cucufa,
forêt de Marly (près Paris), 7 septembre 1884.
Fig. 77. — Pl. repens. Calice des tentacules présentant une irrégularité
sur son trajet. Même localité que la fig. 76.
Fig. 78. — Pl. repens. Corps brun commençant à se former. On voit que
l'estomac est le premier à se rétracter, puis les tentacules se flétrissent et
enfin l'intestin. Le funicule relie le fond de l'estomac à l’endocyste pariétal,
et porte des germes de statoblastes. Même localité que pour la fig. 76.
Fig. 79. — PI, repens. Statoblaste venant d’éclore. Les écailles des stato-
blastes sont séparées sur chaque jeune zoarium dont l'un, a, a son polypide
étalé et l’autre, b, rétracté. (D'après Allman).
Fig. 80. — PI. repens. Estomac pendant la digestion; des contractions
vermiculaires énergiques renvoient alternativement les aliments de haut en bas,
puis de bas en haut, dans l’espace situé entre le fond de l’estomac et la val-
vule gastro-intestinale. Dans a, les aliments occupent le haut de cet espace,
dans b, ils en occupent le fond. 1, œsophage; 2, intestins; 3, amas de matières
fécales ; 4, bol alimentaire ; 5, estomac; 6, lignes jaunes longitudinales ; 7, funi-
cule; 8, cardia ; 9, pylore ; 40, gésier.
Fig. 84. — PI. repens. Végétaux des excréments d’une colonie à forme
d'Alcyonelle, recueillie dans le lac d'Enghien, le # août 1883. On ne trouve
là aucun débris d'animaux, ces derniers ayant été entièrement digérés. Plu-
sieurs de ces végétaux sont déformés, la Chlorophylle ayant été écrasée ou
déplacée dans les cellules. On y distingue des Oscillaires, des Diatomées, des
Palmelles et beaucoup de Desmidiées, L’eau du lac est tellement chargée de
ces plantes qu'elle en est tronble ; aussi les Bryozoaires trouvent-ils une nour-
riture surabondante, et les colonies ÿ sont superbes.
Fig. 82. — PI. repens. Le funicule est toujours latéral par rapport aux
statoblastes ; il se fixe à la paroi de l’ectocyste par une dispersion fbrillaire ;
il se contracte par saccades ; il s’allonge dans la sortie du polypide ; il reste
toujours tendu, Sur sa longueur la place des statoblastes et du testicule est
très variable, tantôt les statoblastes sont placés au-dessus du testicule, tantôt ils
sont placés au-dessous. (Allman, Monog. Fresh. waler Polyzoa, pl. I, fig. 47).
Dessiné d'après un exemplaire de l'étang de Saint-Cucufa, forêt de Marly,
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 191
7 septembre 1884. 1, fond de l'estomac ; 2, funicule ; 3, statoblastes ; 4, ovu-
les statoblastiques ; 5, testicule flétri; 6, terminaisons fibrillaires du funicule
adhérant à l’endocyste.
Fig. 83. — Pl. repens. Extrémité d'une zoœcie dont le polypide réduit
presque à l’état de corps brun, c’est-à-dire où le ganglion æsophagien est
aussi mort que tout le reste du polypide, est encore retiré au fond de la zoæcie
par les contractions répétées du funicule et par celles des rétracteurs du poly-
pide. Ces contractions successives et presqu'isochrones me paraissent être
dues surtout au funicule, c’est d’ailleurs ainsi qu'il agit à l’état normal, Il est
cependant à noter qu’il y a encore possibilité de mouvement dans les rétrac-
teurs du polypide et dans le funicule même après la disparition du ganglion
œsophagien; cela peut-il s'expliquer par la conservation de la vie dans des
branches nerveuses du ganglion, après la mort de ce dernier ? Nous ne le
pensons pas absolument, car chez les animaux on voit bien des organes sépa-
rés des centres nerveux agités par des sortes de convulsions; ainsi, par
exemple, la queue d’un Lézard, des lambeaux du manteau de certains Mol-
lusques, etc., mais ces convulsions n'ont pas l’apparence intelligente de ce
corps brun qui descend dans le fond de sa loge quand on agite le poly-
pide. Il y a donc non seulement conservation de la contractilité, mais
encore conservation de la sensibilité dans les parties charnues de la zoæcie
après la mort du polypide et de son ganglion. Le corps brun dessiné ici était
d’une couleur de miel jaune un peu foncée. Étang de Brise-Miche, près Cha-
sible, 24 août 1884. — Dessiné d’après nature.
Fig. 84. — PI. repens. Macules sclérodermiques disséminées à la surface
de l’ectocyste transparent qui termine les zoæcies. Elles sont plus ou moins
constantes et manquent souvent. Elles ont l’aspect chitineux de la zoæcie,
Étang de Saint-Christophe-en-Brionnais, 4 septembre 4883. 200/1.— Dessiné
à la chambre claire.
Fig. 85. — Plumatella lucifuga. Larve provenant d’un œuf et déjà déve-
loppée, d’après Allman. — Je n’ai jamais vu de larve de Plumatelle, mais si
la fig. d’Allman est exacte, je puis certifier qu’elle n’est point caractéristique
de son espèce, attenda que j'ai trouvé des colonies jugales (fig. 94), qui ne
pouvaient avoir eu d’autre origine qu’une larve à deux polypides comme celles
de la PI. repens.
Fig. 86. PI. Allmani Hancock. Forme rampante de Plumaltella lucifuga
du lac Bromley ; Hancock nous dit que ces colonies ne sont formées que de
quelques zoæcies, dépassant à peine le nombre six ou huit, et qu’elles pro-
viennent toujours d’un statoblaste dont la noire enveloppe reste adhérente.
Allman reproche à Hancock de ne pas parler de l’entaille, si caractéristique
selon lui, qui termine la crête anale en avant; Hancock donne bien son espèce
comme carénée, mais la carène ne se termine pas par un élargissement, comme
192 J. JULLIEN
dans les variétés de PL. repens qui la portent, elle disparait par amincissement ;
le reproche d’Allman n’a donc aucune portée, l'observation d'Hancock est bien
correcte. La disposition claviforme des zoæcies est caractéristique de cette espèce,
on peut s’en assurer sur mes dessins, mais elle est peut-être plus accentuée ici
que sur les exemplaires ramifiés, où on la retrouve toujours plus ou moins
nette, surtout postérieurement. La forme des statoblastes correspond encore à
celle des statoblastes de la lucifuga. Les polypides portent 42 tentacules. On
la trouve sous les pierres. — Exemplaire un peu grossi. (D’après Hancock).
Fig. 87. — Colonie prise sur la figure 86 et grossie davantage. Deux poly-
pides sont élalés ; mais celui qu'on voit de profil est dessiné ainsi par erreur,
la crête anale n’aboutissant pas à l’anus du polypide en question. La zoæcie
d’origine porte encore une des valves du statoblaste générateur. (D'après
Hancock).
Fig. 88. — Petite colonie ramifiée de Plumatella lucifuga, d’après Allman ;
cet auteur l'appelle PI. fruticasa. Exemplaire dessiné plus grand que nature,
Allman le donne cependant comme de grandeur naturelle.
Fig. 89. — PI. lucifuga. Colonie superbement ramifiée, recueillie en par-
fait état dans une petite mare derrière les bains de Saint-Christophe-en-Brion-
nais, le 30 septembre 1883. J'ai trouvé là plusieurs colonies de la même
forme ; quelques-unes pendaient au-dessous des pierres du mur immergé qui
retient les terres autour de cette mare ; mais sous une petite touffe d’aulne,
j'ai rencontré trois colonies contiguës, absolument verticales comme un arbre ;
étaient-elles soutenues ainsi par les statoblastes dont les zoæcies sont pleines?
C'est bien probable. — Dessiné d’après une photographie que j'ai tirée en
plein soleil ; l’exemplaire était placé dans une petite cuve en glace à faces
parallèles. Grandeur naturelle.
Fig. 90, — Branche du même zoarium, dans laquelle les zoœæcies sont re-
présentées avec les polypides en place, mais rentrés ; on distingue par trans-
parence une quantité de statoblastes soit adhérents au funicule, soit libres de
toute adhérence avec lui; les premiers polypides ont produit des chaines de
sept statoblastes; ce nombre diminue progressivement dans les zoϾcies sui-
vantes. On voit également des diaphragmes qui séparent les zoæcies ou les
groupes zoϾciaux. 9,6/1.
Fig. 91. — Plumatella fruticosa Allman. Petite branche de Plumatella luci-
fuga, montrant un polypide étalé vu de profil, Le zoarium est caréné, la carène
ou crête anale se terminant latéralement sur deux zoæcies. Quelques stato-
blastes sont disposés sans ordre à l’intérieur des tubes. (D'après Allman).
Fig. 92. — PI. lucifuga. Fragment de zoarium, portant cinq zoæcies à dif-
férents degrés de développement. Les polypides rentrés dans leurs zoæcies
sont ombrés pour montrer les détails de leur organisation ; chez les mieux
développés on remarquera la brièveté des tentacules, relativement à l'estomac
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 193
ou plutôt relativement à l'appareil digestif, ce dernier atteignant facilement
une longueur presque double. Je signalerai encore dans ce dessin la valvule
circulaire gastro-pharyngienne et la valvule en languette gastro-intestinale.
D'après un exemplaire de Saint-Christophe-en-Brionnais (mare du pré situé
derrière les bains), récolté le 30 septembre 1883. 14/1.
Fig. 93. — PI. lucifuga. Fragment du même zoarium que celui de la fig. 92,
portant sept zoaires à différents degrés de développement. — Dessiné en trait
pour mieux préciser les détails. 44/1.
Fig. 9%. — PI. lucifuga var. prolifera nobis. Curieuse variété où les zoæcies,
quelquefois aplaties, bourgeonnent successivement sur un de leurs bords, tandis
que la zoœæcie mère continue à se développer avec un superbe polypide, Cette
colonie est jugale, c’est-à-dire qu’elle provient d’une larve à deux bourgeons:
la fig. 85, que j'emprunte à Allman, n’est pas le moins du monde caractéristique
de son espèce, elle prouve seulement que les larves de Plumatelle peuvent
avoir un ou deux bourgeons à polypide.
J'ai rencontré cette colonie dans l’étang de Brise-Miche, près de Chaville,
le 24 août 1884, sur des feuilles de Potamogeton crispus. 6,97/1.— Dessinée à
la chambre claire.
Fig. 95. — PI. lucifuga. Colonie de la même variété que celle de la fig. 94,
mais non jugale. On remarquera que les zoæcies de ces colonies sont libres
sur une très grande étendue et fixes sur le reste ; ainsi, dans la fig. 94, une
des zoœæcies d'origine n’est adhérente que sur la cinquième partie de la lon-
gueur, tandis que sur diverses autres zoæcies l’adhérence se produit sur les
20 25%, sur les 18 43%, sur les 14 47%, sur les 45 5085 de longueur totale.
Exemplaire de la même localité que celui de la fig. 9%. 6,97/1. — Dessinée
à la chambre claire.
Fig. 96. — PI. lucifuga var. prohifera. Zoæcie magnifiquement dévelop-
pée, portant supérieurement une jeune zoœæcie alors que les onze qui l'ont
précédée sont tombées. Cette zoæcie nouvelle m’a paru entourée d’un ecto-
cyste corné des plus minces, comme hyalin, incolore, tandis que la zoœæcie
mère de ses douze filles était d’un jaune d’ocre ou de caramel assez foncé, sa
substance cornée était beaucoup plus épaisse, et en conséquence plus résis-
tante; c’est certainement à leur mollesse que les cellules filles doivent leur
destruction précoce. J'ai dessiné d’après nature cette intéressante zoœæcie. Elle
provient encore de l'étang de Brise-Miche, où je l’ai pêchée en même temps
que les exemplaires des fig. 94 et 9,5.
Fig. 97. — PI. lucifuga. Zoæcie dans laquelle le polypide est passé à l’état
de corps brun; au-dessous de lui, le funicule très épaissi, dont la vie est indé-
pendante de celle du polypide, porte un testicule en pleine activité; ce testi-
cule est couvert de zoospermes en mouvement et agités dans tous les sens; il y
en avait de libres dans la zoœæcie, nageant dans le liquide de la cavité péri-
13
194 J. JULLIEN
gastrique. Au-dessous du testicule se voient deux statoblastes parfaitement
développés, les cellules de l'anneau ont été dessinées à la chambre claire, elles
sont absolument exactes ; le statoblaste supérieur présente sa face plane ou
supérieure, le statoblaste inférieur présente sa face bombée ou inférieure, la
face supérieure a son area centrale toujours plus petite que celle de la face
inférieure. L’endocyste forme une véritable enveloppe autour de tous ces or-
ganes ; il se termine en bas par un filet assez mince d'endocyste qui pénètre
dans la zoæcie voisine, et par une volumineuse protubérance arrondie à centre
obscur qui résulte du raccornissement de l’endocyste postérieur après déchi-
rure. Ces déchirures, très fréquentes chez les Plumatelles et chez les Frédéri-
celles, sont le plus souvent dues à des larves de Chironomes et à diverses
espèces de Vers, qui trouvent dans une colonie de quoi vivre longtemps sans
se donner beaucoup de peine; ces animaux construisent des tubes soyeux côte
à côte avec les zoœæcies, mordillent constamment l’ectocyste des zoæcies voi-
sines, jusqu'à ce qu'un trou leur mette l’endocyste entre les mächoires, ils
agrandissent le trou, s’introduisent par la plaie dans la zoœcie et y dévorent
tout ce qu'ils trouvent; mais leur mouvement perpétuel les ramène bientôt au
dehors, où ils continuent ce manège selon leurs besoins. Je possède dans
l'alcool des Plumatelles dont quelques zoæcies contiennent encore des Chiro-
nomes et des Vers qui y sont restés prisonniers. — Étang de Saint-Hubert
{près Rambouillet), Seine-et-Oise, 29 juillet 1883. Sous les pierres éboulées
et immergées à la chaussée de Pourras. #4,5/1. Dessinée à la chambre claire
d'après l’animal vivant.
Fig. 98. — Cette zoæcie, tirée du même zoarium que celle de la figure 97,
a une très grande importance. Elle représente le polypide retiré dans sa zoœæcie
il a 48 tentacules dont une partie seulement à été dessinée, le lophophore était
hippocrépien dans toute la valeur de ce mot, c’est donc bien à une Plumatelle
que nous avons eu affaire. Or la chaine des statoblastes en porte deux encore
assez jeunes, qui sont réniformes et que, s’ils étaient isolés, tous les zoologistes
rapporteraient à une Frédéricelle. Le statoblaste réniforme ne peut donc pas
servir de caractère générique ; d’ailleurs, comme on le voit fig. 118 à 425, la
Frédéricelle d'Europe, connue sous le nom de Sultane, peut avoir des stato-
blastes se rapprochant bien plus de ceux de la Plumatelle lucifuge que des
formes indiquées par Van Beneden et par Allman. On peut voir par les dessins
que j'ai reproduits et les miens, comment la Plumatelle lucifuge passe à la
Frédéricelle.
Cette figure a été dessinée à la chambre claire d’après l'animal vivant à une
époque où je ne pensais guère à détruire le genre Frédéricelle de Paul Gervais;
cette idée ne m'est venue qu’au mois de septembre 1883, après les études que
j'ai faites en Bourgogne à cette époque. Dessiné à la chambre claire d'après
l'animal vivant, #4,5/1.
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 195
Fig. 99. — Schéma de PL, lucifuga, montrant la disposition de l'endocyste
et du funicule en place après le détachement du zoarium, s’il y avait adhérence
zoæciale à un corps étranger. Il m'est arrivé plusieurs fois de voir le funicule
fixé au diaphragme dont il bouche l’ouverture par un léger épanouissement de.
son extrémité inférieure ; cette disposition ne dure pas longtemps, bientôt il
se détache et se fixe latéralement à l’endocyste.
Fig. 100.— PI. lucifuga. Zoæcie contenant l'extrémité inférieure d’un esto-
mac; le funicule qui lui fait suite au lieu de porter le testicule en haut, comme
cela se passe dans la fig. 97, le porte tout en bas avant l'insertion ; de très
jeunes statoblastes sont fixés sur le funicule au-dessus du testicule ; on voit
nager dans le liquide périgastrique de nombreux zoospermes, ceux qui adhèrent
encore au testicule sont en pleine agitation.
Exemplaire recueilli le 13 juillet 1884 dans l’étang de Brise-Miche, près
Chaville, sous une feuille de Nénuphar. Dessiné d’après nature.
Fig. 101. — PI. lucifuga. Lophophore dessiné de profil pour montrer la
place du ganglion nerveux.
Fig. 102. — PI. lucifuga. Lophophore d’un polypide dans lequel les bras
ne sont pas soudés entre eux, mais les tentacules internes sont avortés et
l'épistome est absent. On y compte 37 tentacules, y compris les verrues inter-
nes. Étang de Brise-Miche, près Chaville, 17 juillet 188%. Dessiné d’après
nalure.
Fig. 103. — PI. lucifuga. Portion de la couronne tentaculaire avec une
partie du calice dont la forme est normale. Sur un autre polypide (fig. 104)
de la même colonie, le calice a chacune de ses valves terminées en pointe
dans leur milieu. Ces deux formes trouvées sur une même colonie n’enlèvent-
elles pas au calice la possibilité de servir de caractère spécifique ? Je n’ai vu
qu’une seule fois la forme de la figure 104, sur un polypide de la variété pro-
lifera trouvé à l'étang de Brise-Miche le 24 août 188%. — Vue prise de l’inté-
rieur de la cloche tentaculaire et dessinée d’après nature.
Fig. 405. — PI. lucifuga. Statoblaste vu de face. (D’après Allman).
Fig. 106. — PI, lucifuga. Statoblaste vu de profil, avec deux faces de
même forme, ce qui est absolument inexact. (D’après Allman).
Fig. 107. — Pl. lucifuga var Fredericella sullana. Zoarium de grandeur
naturelle. (D’après Allman). Les dimensions de ce dessin me paraissent un
peu exagérées, les exemplaires nombreux que je possède ne sont pas de cette
taille ; les zoæcies sont presque deux fois trop larges. Sept polypides sont éta-
lés au dehors. ;
Fg. 108. — PI. lucifuga var Freder. sull. Cette figure représente deux po-
lypides d’une Frédéricelle sultane de Bourgogne. Le zoarium formait une petite
touffe, une sorte de petit buisson au milieu de laquelle j'ai observé deux
branches de Plumatelle lucifuge. Ayant pris cette colonie pour une Plumatelle
196 J. JULLIEN
vraie, je n'ai point pris la précaution de la détacher entièrement pour suivre
la relation des parties rampantes avec les branches libres, ce n’est que l'obser-
vation directe des lophophores qui m'a tiré de l'erreur où j'étais. Cependant
il y a une telle ressemblance entre mon exemplaire et la Plumatelle type de
l'espèce, que j'ai voulu en conserver le souvenir et je l'ai dessiné immédiate-
ment. On voit en effet que le lophophore se projette à droite beaucoup plus
qu'à gauche et qu'il est extrèmement saillant au-dessus de la portion chitineuse
de l’ectocyste, quoiqu’en ait dit Van Beneden qui affirme que le polypide sort
à peine de la zoæcie. Le ganglion nerveux, facile à voir, se trouve à la place
indiquée par les auteurs. Sur le plus petit polypide on remarque très bien la
brièveté des tentacules qui surmontent l'anus, et dont parle Van Beneden. —
Recueillie sous les pierres au bord de la Reconce, près de Varenne-sur-Reconce
(Saône-et-Loire), 24 sept. 1883. — Dessiné à la chambre claire.
Fg. 109. — PI. lucifuga var Freder. sull. — Vortion de lophophore, de
son calice et de l'appareil digestif. Le calice est formé d'une membrane hya-
line, anhiste sur laquelle s'applique un délicat réseau de fibres musculaires
susceptible de resserrer le godet intertentaculaire selon le besoin. On voit le
ganglion à sa place ordinaire, très détaché de l'æsophage qu'il ne touche qu’à
sa partie inférieure. Dessiné à la chambre claire d’après un exemplaire pêché
dans la Reconce (Saone-et-Loire), près Varennes-sur-Reconce, le 24 septembre
1883.
Fig. 410. — PI. lucifuga var. Fred. sult. — Portion grossie d'un zoarium
d’après Allman, — (Je n’ai pas vu l'empâtement qui se trouve aux bifurca-
tions zoæciales, peut-être n'est-il qu'une faute de: dessin. J. J.). Dans les
polypides le lophophore paraît être tout à fait circulaire.
Fig. 144. — PI. lucifuga var. Freder. sull. — Dessin très grossi du poly-
pide et de la zoæcie, laissant voir les détails anatomiques. (D'après Allman)
Fig. 112. PL. lucifuga var. Fred. sult. — Extrémité d’une branche vue à un
fort grossissement, montrant deux polypides épanouis et vus de profil. A, C,
deux polypides épanouis. B un autre sur le point de s'épanouir ; b, couronne
tentaculaire; c, membrane intertentaculaire (ou calice) ; d, la bouche et la
lèvre ; e, cavité buccale: f, æœsophage; g, anus; h, fèces ; à, estomac; k, ovaire ;
l, muscle rétracteur de l'estomac; m», muscle long rétracteur ; x, peau (ou en-
docyste); , ganglions nerveux. (D’après Dumortier et Van Beneden).
Je prie le lecteur de remarquer la grande différence qui existe entre les
lophophores de cette figure et le plus grand de la fig. 108. Il est évident que
ces figures aussi bien que celles d’Allman sont exactes, nous avons donc là
trois belles variétés de polypides chez la Frédéricelle ; c’est la forme de la
fig. 408 qui se rapproche le plus de la Plumatelle vraie.
Fig. 143. — Statoblaste de Frédéricelle sultane vu de face. Il est réniforme.
(Dumortier el Van Beneden).
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 197
Fig. 114. — Statoblaste de Fréd. sultane vu de profil. (Dum. et v. Ben.).
Fig. 115. — Statoblaste de la même venant d’éclore. {Dum. et v. Ben.).
Fig. 116. — Statoblaste de la même vu de face. (Allman).
Fig. 147. — Statoblaste de la même vu de profil. (Allman).
Fig. 418 à 1923. — Statoblastes de Fredericella sultana de diverses formes,
trouvés desséchés sur une pierre. Ils sont tous dépourvus de l’anneau des Plu-
matelles, leur couleur est brune très foncée. La fig. 418 correspond bien au
statoblaste de la Plumatella lucifuga. Étang de Villeneuve, parc de Saint-
Cloud, près Paris.
Fig. 124-125. — Statoblastes de Fredericella sullana fixés au fond des tubes
rampants qui adhèrent aux corps étrangers. Ces quatre statoblastes ainsi que
ceux des fig. 118 à 423 sont de formes très différentes, et pas un n’a pris la
disposition réniforme, la seule qui ait été indiquée par les auteurs jusqu’à pré-
sent pour la Frédéricelle d'Europe. J'ai trouvé aussi à Enghien des statoblastes
réniformes.
Fig. 126. — Plumatella arethusa Hyatt. Vue générale d’une colonie, avec
beaucoup de polypides rétractés (Norway, Me.). Trois orifices au début du
tronc principal indiquent les premières positions de plusieurs polypides vi-
vants, ils montrent que celte colonie n’est qu’une portion d’une autre plus eon-
sidérable, dont elle a été séparée par la mort et la destruction de la portion
d’origine. (D’après Hyatt).
Fig. 1427. — PI. arethusa. — Polypide étalé avec un autre polypide plus
jeune invaginé dans la même zoæcie. D, ectocyste ; E, endocyste ; Y, bourgeon;
M, rétracteurs gastriques ; M’, rétracteurs du lophophore ; M” rétracteurs bra-
chiaux ; M, troncs des rétracteurs; F, collet brachial; V, funicule; W, stato-
blastes; W/”, enveloppe gélatineuse des statoblastes ; N, rétenteurs antérieurs;
A", orifice cæœnœæcial ; L, région du sphincter. (D'après Hyatt).
Fig. 128. — PI. arethusa. — Vue d’un polypide mort à moitié flétri, mon-
trant la constriction particulière de la zoæcie, déterminée par des bandes
musculaires annulaires. D, ectocyste ; E, endocyste ; H, tentacules ; 1”, bouche;
L, région de sphincter; K’, estomac ; M, tronc des rétracteurs. (D’après Hyatt),
— Ce que Hyatt appelle ici le tronc des rétracteurs me paraît être simplement
le funicule ; cet organe ne se soude jamais avec les rétracteurs du polypide, il
est cependant rétracteur lui même, ainsi que je l’ai constaté nombre de fois.
Fig. 429. — PI. arethusa. — Vue d’un diaphragme situé entre la zoœæcie
de la figure 127 et les polypides qui l’ont précédés; il est formé par une dila-
tation annulaire interne avec épaississement de l’endocyste. D, ectocyste; E,
endocyste. (D'après Hyatt).
Fig. 430-131 et 134 bis. — PL, arethusa. — Faces supérieure et inférieure
avec profil d’un statoblaste. W', enveloppe cornée; W", gaine annulaire ;
W”', enveloppe gélatineuse. (D'après Hyatt).
198 J. JULLIEN
Fig. 432-141. — PL. arelhusa. — Statoblastes de tailles et de formes dif-
férentes, vus de face et de profil. (D’après Hyatt).
Fig. 4142. — PI, arethusa? var. Fredericella regina Leidy. Mes. — Colonie
de grandeur naturelle avec toutes les branches rampantes et adhérentes, de
Jorham, Maine. Dessinée et offerte à Hyatt par M. Morse. (D’après Hyatt).
Fig.143.— Pl. areth. var. Freder. reg. — Deux branches d’une colonie : l’une
est adhérente et l’autre est libre. De Cambridge, Massachussetts. (D'après Hyatt).
Fig. 4844, — Fred. reg. — Branche adhérente d'une colonie. De Jorham
Maine. (D’après Hyatt).
Fig. 445, — Fred. regina. — Variété alcyonelloïde du ruisseau de Tom-
my, Jorham, Maine. L'aspect de la colonie se voit sur la gauche de la figure,
les branches ont toutes été rejetées en avant pour montrer leur disposition et
leur connexion avec la tige de bois sur laquelle elles se sont développées.
{D’après Hvatt).
Fig. 146. — Fred. regina. Vue grossie d’un zoïde adulte (Norway, Maine).
D, ectocyste; E, endocyste; V, funicule ; M, rétracteurs gastriques; M, ré-
tracteurs du lophophore; M" rétracteurs brachiaux; N, muscles rétenteurs an-
térieurs ; N’, rélenteurs postérieurs; F, collet brachial; G, calice; H, tenta-
cules, (D’après Hyatt).
Fig. 447. — Fred. regina. Cette figure représente un fragment d'étude
dont le dessin exécuté par le Prof. H.-J. Clarh a été mis gracieusement à ma
disposition par son auteur. C'est la section d’un jeune polypide, montrant sa
structure interne et le peu d’étendue du pli invaginé (Cambridge, Massach.).
D, ectocyste ; E, endocyste; B, pli invaginé ; Y, bourgeon; N, rétenteurs an-
térieurs ; K, œsophage ; H” cils vibratils; K”” cardia; K’, estomac; K””, py-
lore; K”, intestin ; K, anus; I, lophophore; 1”, épistome; l’, bouche; H, ten-
tacules ; F, collet brachial; S, ganglion nerveux. (D'après Hyatt).
Fig. 148. — Fred. regina. Lophophore vu d’en haut avec les tentacules
coupés, montrant les nerfs. C, calice; H, tentacules ; l’épistome; 1”, bouche ;
M, contracteur du lophophore; U, branches nerveuses du lophophore; U’,
branches nerveuses des tentacules. (D'après Hvatt).
Fig. 149-154. — Fred. regina. — Statoblastes de taille et de forme diffé-
rentes, vus de face et de profil. (D'après Hyatt).
— Ces figures indiquent qu'en Amérique comme en France la disposition
réniforme n’est point caractéristique des statoblastes de Frédéricelle, puisqu'ici
il v en a de réniformes, de plan-convexes, de biconcaves, et enfin de cireu-
laires; le vrai caractère des statoblastes de Frédéricelles est l'absence d’an-
neau marginal.
Fig. 455. — Plumatella diffusa Leidy. Vieille colonie de grandeur natu-
relle, mais ne portant que quelques polypides vivants. (Cambridge, Mass.)
(D'après Hyatt).
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 199
Fig. 456. — PI. diffusa. — Vue grossie d’une autre variété de cette espèce,
avec tous les polypides rétractés. (D'après Hyatt).
Fig, 457. — PI. diffusa. — Vue grossie du profil d’une branche prise chez
une jeune colonie, montrant différents degrés d'invagination. La première
zoœæcie sur la gauche a sa partie supérieure mobile retirée dans l’ectocyste ; la
seconde zoæcie est vacante, le polypide et les parties molles étant tout à fait
flétris ; les troisième, quatrième et sixième zoæcies montrent différents degrés
d’invagination. (D’après Hyatt).
Fig. 458. — PI. diffusa. — Face ventrale du lophophore épanoui d’un
polypide de la fig. 156. M', rétracteur du lophophore, M”, rétracteurs bra-
chiaux, (D'après Hyatt).
Fig. 459. — PI. diffusa ? var. Fredericella Walcotti Hyatt. Var. a de cette
variété ; de Georgetown, Massachussetts. (D’après Hyatt).
Fig. 460-164. — PI, diffusa. Statoblastes de tailles et de formes différentes,
vus de face et de profil. (D’après Hyatt).
— Si on compare ces cinq figures aux statoblastes des deux espèces Euro-
péennes, on voit que les figs. 460 à 462 se rapprochent des statoblastes de la
Plumatella lucifuga tandis que les fig. 163 et 164 ressemblent aux statoblastes
de la PI. repens.
Fig. 465. — Hyalinella vesicularis Leidy (sp.). — Colonie développée au
bout d’nne branche. (D’après Hyatt).
Fig. 166 à 172. — Hyal. vesic. Statoblastes de tailles et de formes diffé-
rentes vus de face et de profil. (D’après Hyatt).
Fig. 473. — Hyalinella vitrea Hyatt (sp.). — Colonie de grandeur natu-
relle avec quelques polypides épanouis. (D’après Hyatt).
Fig. 174, — Hyal. vitrea. — Vue grossie de cinq groupes étalés sur une
branche, pris au commencement et à gauche de la fig. 173. (Cambridge,
Mass.}. (D’après Hyatt).
Fig. 475. — Hyalinella vitrea. Cette figure montre la grande extension que
peut prendre le polypide évaginé. D, ectocyste; E, endocyste ; B, pli inva-
giné; K', estomac. (D’après Hyatt). |
Fig. 176. — Fredericella pulcherrima Hyatt. Colonie de grandeur natu-
relle (Lac Sebago, Maine). (D'après Hyatt).
J'ai rapproché cette colonie de la Hyalinella vitrea parce qu'elle possède des
zoæcies incolores, mais elle ressemble beaucoup à la Fred. regina, comme
Hyatt l'indique lui-même; peut-être n'est-elle qu’une simple variété incolore
de cette dernière Frédéricelle, car les zoæcies sont tubuleuses, isolées et très
minces, tandis que la Plumatella vitrea de Hyatt a les siennes plus renflées et
surtout beaucoup plus courtes : ce n’est très probablement qu’une variété locale
de Fred. regina, elle n’a été trouvée jusqu’à présent que dans le lac Sebago,
200 J. JULLIEN
c'est donc une variété à étudier, Comme toutes les Plumatelles Américaines
sur lesquelles il règne encore un peu d'incertitude.
Fig. 177 à 179. — Hyalinella vitrea. Slatoblaste vu de face et de profil.
(D'après Hyatt).
Fig. 180. — Lophopus Trembleyi. Zoarium fixé sur un morceau de bois par
la base du polypier, Cette base n'est qu'un amas de matière qui a servi de
cellules aux polypides, mais qui n’a plus cet usage depuis que le zoarium
s'est augmenté et allongé. On trouve souvent des zoaria qui n’ont point de
pareille base. On voit dans cette figure que le zoarium qu’elle représente a
commencé à se partager en trois branches, dont l’une est prête à se séparer
entièrement des deux autres. (D'après Trembley). — Cette figure copiée sur
Trembley a été réduite par le graveur; Trembley l'avait dessinée de grandeur
naturelle, mais ici elle ne représente que 0,625/1.
Trembley traite de jeunes polypides les plus petits de ces êtres, c'est une
erreur de sa part, chez les Bryozoaires le bourgeonnement n’est pas indéfini,
il est rapidement limité, et quelque soit la taille du zoarium, l’arrêt d'accrois-
sement de la colonie finit toujours par arriver; ces animaux subissent cette
terrible loi qui régit toutes les aggrégations humaines et animales, physiques
et morales, détruisant avec la même facilité les grands et les petits. Le bour-
geonnement diminue d'intensité, les polypides restent rabougris et stériles à
côté de leurs superbes anciens, non pas par manque de nourriture, mais par
manque de vitalité; l’ensemble des forces vitales dont la résultante constitue
l'énergie vitale a des limites infranchissables, où les nations périssent comme
une colonie de Bryozoaires; pour les premières les jours sont des siècles, pour
les dernières bien peu de temps. C'est à ce moment qu’on peut trouver des
polypides avortés, ou sinon d'un type beaucoup plus simple que celui des po-
lypides plus anciens; quelquefois même le polypide ne peut se développer,
l'endocyste sans vigueur ne peut plus rien produire, la colonie agonise de vieil-
lesse.
Fig. 481. — Loph. Trembleyi. — Exemplaires attachés aux racines de
Lemna polyrhiza. Grandeur naturelle. (D'après Allman).
Fig. 182. — Loph. Trembleyi. Trois polypes à panache d'eau douce, grossis
au microscope. L'un est en dehors de la zoœæcie, un autre s’est retiré à l’inté-
rieur, enfin un plus jeune se voit à gauche {voy. ce que j'ai dit pour la fig. 180).
Trembley distingue dans le premier polypide ce qu'il appelle lui-même l’œso-
phage, l’estomac et l'intestin droit Il distingue l’ectocyste qu’il nomme peau
du Polype. Cette figure remarquable a été donnée par Trembley en avril 4741.
Van Beneden prétend que cet auteur n’a point vu l'anus de son Polype à pa-
nache, el Trembley en dit autant, mais Trembley raconte qu'il a très bien vu
l'évacuation des matières fécales, s’il a vu cette évacuation, il a vu du même
coup par où elle s'effectuait, Raspail n’a pas vu autre chose pour connaître la
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 201
place de l'anus, et je trouve qu'en cette circonstance Trembley a été trop
facile à s’accuser.
Fig. 183. — Lophop. Trembleyi. — Vue d’un jeune zoarium. L’endocyste
général est enveloppé dans un ectocyste gélatinoïde qu’il exsude. Divers poly-
pides sont épanouis, d’autres sortent de leur étui, d’autres enfin sont rentrés
dans la masse commune. Quelques bourgeons naissants vont produire d’autres
polypides. Exemplaire grossi. (D’après Dumortier).
Fig. 184. — Loph. Trembleyi. — Lophopus dans lequel l’ectocyste gélati-
noïde du jeune âge diminuant d'épaisseur se colle à l’endocyste et auquel Du-
mortier et van Beneden ont donné le nom de Lophopus Backeri. Cette varia-
tion est produite par l’âge, et non point par un état maladif comme Allman
l’a pensé. Cette belle colonie a été trouvée au mois de janvier 1839 sur la
tige d’une Veronica beccabunga. Plusieurs polypides sont étalés dans différentes
positions. (D'après Dumortier et van Beneden).
Fig. 485. — Lophopus Trembleyi. — Jeune zoarium avec deux polypides.
L'ectocyste y est très développé. (D’après Allman). Très grossi.
Fig. 186. — Lophop. Trembleyi. — Jeune zoarium mieux développé, con-
tenant dix polypides. Exemplaire très grossi qu’Allman considère comme adulte.
Allman ajoute ici une erreur aux autres, sa colonie est encore très jeune, les
rares statoblastes qu’elle contient sont encore adhérents aux funicules, tandis
que beaucoup de ces corps sont tout à fait libres intérieurement dans les vieux
zoaria. J'en conclus qu’Allman, comme beaucoup d’autres naturalistes, n’a
jamais vu cette espèce adulte.
Fig. 187. — Loph. Trembleyi. — Fragment d’un zoarium que j'ai trouvé
au mois de septembre 4869 au Jardin d’Acclimatation de Paris; ce zoarium
était gros comme le bout du pouce et très ramifié, ils se rapprochait par son
organisation de celui de Trembley, fig. 180. C'était un exemplaire parfaitement
adulte, le seul que j'ai j'amais vu; le modeste dessin que j'en donne n’a pas
été terminé, il a été exécuté à la chambre claire, en conséquence ce qui est
représenté est absolument exact. On voit que la fig. 184 et la mienne ont
beaucoup de rapports en ce sens que l’ectocyste gélatinoïde a considérablement
diminué d'épaisseur, puisqu'il se confond avec l’endocyste, le zoarium était
cependant tout à fait transparent. Il v a de nombreux statoblastes dispersés
intérieurement et sans aucun rapport avec les polypides. 44/1.
Fig. 188: — Loph. Trembleyi. — Vue moitié schématique d’une partie du
lophophore et de la couronne tentaculaire d’un lophopus, montrant la bouche
et les parties voisines, avec la distribution des nerfs. Ses tentacules sont par-
tiellement coupés pour laisser voir la surface supérieure du lophophore.
(D’après Allman).
Fig. 489, — Loph. Trembleyi. — Très jeune statoblaste. (Dumort. et van
Bened.).
202 J. JULLIEN
Fig. 190. — Loph. Trembleyi. — Cul-de-sac de l'estomac avec un stato-
blaste presqu'entièrement développé. (Dum. et van Bened.). |
Fig. 491. — Loph. Trembleyi. — Statoblaste isolé et vu de profil. (Dum. et
van Bened.).
Fig. 492, — Loph. Trembleyi. — Statoblaste vu de face, — (Dumort. et
van Bened.).
Fig. 193, — Loph. Trembleyi. — Statoblaste grossi environ 50 fois vu de
face. (D'après Allman).
Fig. 194. — Loph. Trembleyi. — Slatoblaste vu de profil. (Allman).
Fig. 495. — Loph. Trembleyi. — Statoblaste de la colonie représentée en
partie dans la figure 487. Les cellules de l'anneau marginal ont été dessinées
presques toutes à la chambre claire, leur taille diminue de l'extérieur à l'inté-
rieur et leurs proportions sont exactes dans ce dessin. 34/1.
Fig, 196. Pectinatella magnifica. — Limites d'une colonie développée à
l'extrémité d'une branche morte. (Norway, Me.). La partie recouverte de cette
branche est limitée par nne ligne ponctuée. Cette figure montre l'aspect géné-
ral de la colonie, la grande épaisseur de l’ectocyste et la disposition des lobes.
(D'après Hyatt). Plus petite que grandeur naturelle.
Fig. 197 et 198. — Pect. magn. — Jeunes colonies. (D'après Hyatt).
Fig. 199. — Pect. magn. — Limites d’un lobe d’une grande colonie, des-
sinée de grandeur naturelle, ce lobe est lui-même divisé en lobes plus petits
rayonnants et tripartites. (D’après Hyatt).
Fig. 200.— Pect. magnifica. — Lobe représenté fig. 199, il a été traité par
l'alcool. Les polypides raccornis sont représentés par les petites lignes angu-
leuses disséminées les unes devant les autres ; on voit des statoblastes dans le
milieu du zoarium. (D’après Hyatt).
Fig. 201. — Pect. magn. — Vue grossie d’un polypide situé à l'extrémité
d’un lobe. (Norway, Maine). (D'après Hyatt).
Fig. 202. — Pect. magna. — Profil d'un polypide rétracté, montrant l’as-
pect de la quatrième membrane et la disposition des rétracteurs pendant l'in-
vaginalion. La quatrième membrane du canal alimentaire forme un arc exté-
rieur entre l'estomac et l'intestin, et un autre arc à concavité interne entre
l'estomac et l'extrémité inférieure de l'estomac et l'extrémité inférieure de
l'œsophage, (D'après Hyatt). — La quatrième membrane n'existe pas chez les
Plumatellidées.
Fig. 203. -— Pect. magn. — Vue ventrale d’un polypide tout à fait rétracté,
montrant les positions et relations des trois paires de rétracteurs. (Norway,
Maine). Au-dessous de l’orifice se voit la couronne des rétenteurs dont les
fibres musculaires rayonnent des parois de la gaine tentaculaire à la paroi
externe que forme l’endocyste; au-dessous se trouve le faisceau des tenta-
cules supporté par le lophophore ; enfin plus bas se trouve le fond de l’esto-
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 203
mac. En reprenant de haut en bas l’étude des muscles latéraux, on trouve les
rétracteurs brachiaux, les rétracteurs du lophophore et enfin les rétracteurs de
l'estomac. (D'après Hyatt).
Fig. 204. — Pect. magn. — Coupe transversale schématique du zoarium
de la fig. 199 avec les polypides étendus ; des statoblastes sont dispersés vers
le milieu et dans le bas. (D'après Hyatt).
Fig. 205. — Pect, magn. — Statoblaste vu par sa face supérieure,
Fig. 206. — Pect. magn. — Statoblaste vu par sa face inférieure.
Fig. 207. — Pect. magn. — Statoblaste vu de profil. Du centre de l’exté-
rieur on voit l'enveloppe cornée, l'anneau marginal, enfin les crochets. (Ces
trois dernières figures sont empruntées à Hyatt).
Fig. 208. — Pect. magn. — Ganglion nerveux œsophagien avec ses prin-
cipaux troncs nerveux. Le filament supérieur droit constitue le nerf de l’épis-
tome, les autres nerfs appartiennent au lophophore. (D’après Hyatt). Très
grossi (Hyatt n’indique pas ses grossissements).
Fig. 209. — Pect. magn. — Ganglion œsophagien très grossi, montrant
l'extrême variabilité des ganglions et des troncs nerveux. (D’après Hyatt).
Fig 210. — Pect. magn. — Même ganglion que celui de la fig. 209, mais
contracté, il porte les mêmes nerfs. Dans ces ganglions le gros nerf supérieur
bifurqué en bas représente le tronc nerveux lophophorique; le filet situé à
droite du ganglion est le nerf de l’épistome; des deux nerfs qui résultent de
la bifurcation inférieure du filet ganglionaire, le gauche est le nerf du polypide,
le droit est le nerf du bras du lophophore. (D'après Hyatt).
Fig. 244. — Pecl. magn. — Statoblaste coupé transversalement; cette
figure montre la disposition des cellules de l’anneau marginal. (D’après
Potts). — a,a, surface libre des valves; b, b, série unique des grappins; d, d,
sections de l'anneau marginal, divisé lui-même par la ligne e, e, le long de
laquelle s’opère la déhiscence des valves dans ce genre.
Dans les deux figures suivantes les lettres ont la même signification.
Fig, 212.— Pect. magn. — Statoblaste. Section transversale de l’anneau mar-
ginal de la valve supérieure montrant la forme prismatique des cellules vides ; à
l’aide de cette figure, on peut comprendre le mode de déhiscence du statoblaste.
Fig. 213, — Pect. magn. Section transversale de l'anneau marginal de la
valve inférieure du même statoblaste que celui de la fig. 213. D’après Potts.
Fig. 214. — Pectinatella Carteri Hyatt. — Un statoblaste vu de face.
Fig. 245. — Id., le même statoblaste coupé transversalement.
Fig. 216. — Id., épines barbelées marginales.
(Ces trois dernières figures sont empruntées à Carter).
Fig. 217. — Cristatella mucedo G. Cuvier. — Statoblaste en voie d’éclo-
sion vu de face. Sur la droite apparaissent les jeunes polypides qui en naissent
(D'après Dumortier et van Beneden).
204 J. JULLIEN
Fig. 218. — Crist. mucedo, Le mème statoblaste vu de profil. (Dum. et
van Ben.).
Fig. 249. — Crist. mucedo. — Jeune zoarium débarrassé des valves du sta-
toblaste. (Dum. et van Bened.).
Fig. 220 à 222. — Crist. mucedo. — Jeunes zoaria qui ont servi de types
à l'espèce. (Empruntés à Rœsel).
Fig. 223. — Crist. mucedo. — Zoarium adulte avec la plupart des poly-
pides épanouis. On voit les statoblastes dans le milieu de la colonie. (Allman).
Fig. 224. — Crist, mucedo. — Ganglion nerveux coupé transversalement,
on voit les cellules nerveuses centrales et les nerfs qui en partent. (Nous devons
cette coupe intéressante au professeur Reinhardt de Charkow (Russie).
Fig. 225. — Cristatella ophidioidea Hyatt, — Zoarium de grandeur ré-
duite, dans sa position normale. Les polypides sont figurés aux extrémités seu-
lement, le bord de la colonie entre elles est indiqué par des lignes ponctuées
(Norway, Maine). (D'après Hyatt).
Fig. 226. — Crist. ophid. — Vue grossie d’un polypide adulte daus sa
zoæcie. La zoœæcie est soutenue par un réseau musculaire à faisceaux énormes
limitant des espaces de grandeur très variable excessivement irréguliers, dont
l’ensemble est fort élégant. (D’après Hyatt).
Fig. 227. — Crist. ophid. — Vue d’un polypide du premier rang, entière-
ment invaginé. Elle a été prise par la face inférieure, avec l’endocyste tourné
de côté. Les rétracteurs gastriques et du lophophore n’ont pas été dessinés.
(D'après Hyatt).
Fig. 228. — Cris. ophid. — Vue grossie du côté postérieur de la moitié
d'une jeune colonie avec l’ectocyste et l’endocyste enlevés sur une portion de
la base, découvrant les estomacs des polypides et les bases des parois muscu-
laires. Sur le bord les bourgeons sont fixés à la face supérieure de l'endocyste
et au centre se trouve le cône renversé formé par le bord interne des parois
musculaires. Sur la gauche se voit la portion découverte, les lignes noires mon-
trent les positions des parois musculaires, mais sur la droite qui est encore
couverte, elles indiquent seulement les plis externes temporaires de l’endo-
cyste, causés par la contraction du cœnœæcium. Les relations et positions de
toutes ces parties sont plus faciles à comprendre dans une coupe idéale telle
que la représente la fig. 229. Dans cette dernière les lettres se traduisent
ainsi : E, endocyste; C, estomac des polypides entièrement rétractés; Q, pa-
rois musculaires ; Y, bourgeons; Y’, polypides jeunes susceptibles d'évagination
(voyez l'explication de la fig. 480); X, statoblastes fixes; A’, tronc cœnœcial.
(D'après Hyatt).
Fig. 230. — Crist. ophid. -— Lophophore vu d'en haut, les tentacules et le
calice ont été enlevés pour montrer la distribution des nerfs. L'area centrale,
formant une bande blanche dans chaque bras, est formée par un nerf lopho-
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 205
phorique, tandis que chacune des lignes noires qui en portent, et qui simulent
les limites des tentacules, n’est autre chose qu’un nerf tentaculaire. (D’après
Hyatt).
Fig. 231. — Crist. ophid. — Lophophore vu d'en haut, chez un jeune po-
lypide. Les bras sont encore soudés près des extrémités, et les tentacules ainsi
que le calice ne sont point développés le long de la ligne de jonction (Norway,
Maine). (D'après Hyatt).
Ce lophophore se rapproche beaucoup de celui de la fig. 4 ; je regrette que
Hyatt n'ait pas parlé de l’épistome de ce singulier et anormal lophophore, il
aurait été intéressant de le comparer avec les lophophores anormaux de Pluma-
telle. Je répète ici que ces anomalies ne sont pas des états de passage d’un
âge à un autre, mais bien des arrêts de développement par suite de décrépi-
tude sinon du zoarium entier au moins des polypides générateurs.
Fig. 232. — Crist. ophid. — Zoæcie du premier rang, son orifice est fermé
sur le polypide invaginé. On voit tout autour de cet orifice la couronne des
muscles rétenteurs antérieurs. (D'après Hyatt).
Fig. 233. — Crist. ophid. — Mème zoæcie que dans la fig. 232, vue de
profil. (D’après Hyatt).
Fig. 23%. — Crist. ophid. — Statoblaste, Face supérieure. |
Fig. 235. — — — Face inférieure. ? (D’après Hvatt).
Fig. 236. — = == Vue de profil.
Le dessinateur a mal copié le dessin de Hyatt; dans la figure type, les cro-
chets sont en dedans du bord interne de l’anneau marginal; le lecteur voudra
bien tenir compte de cette rectification.
Fig. 237. — Cristatella lacustris Potts. — Section transversale passant par
le centre d’un statoblaste de cette espèce ; a, a, surfaces chitineuses des valves;
b, b, leur portion réfléchie formant grappins; 6, e, les grappins rétenteurs pliés
et tordus ; d, d, section de l’anneau marginal ou bague de cellules aérifères
surmontant le corps chitineux du statoblaste ; e, e, partie du bord où les
valves se séparent au moment de l’éclosion, ainsi qu’on le voit dans la figure 238.
(D’après Potts).
Fig. 238. — Crist. lacust. — Cette figure représente l'extrémité de la sec-
tion d’un semblable statoblaste au moment de la séparation des valves. Les
parties indiquées par des lettres correspondent à celle de la figure 237, sauf
pour la lettre f qui indique une membrane délicate cachée sous la surface
interne de l’anneau marginal, et pour g,g, qui indiquent les différentes tailles
et la fréquence des papilles chitineuses sur les surfaces libres des valves. (D'après
Potts).
Fig. 239. — Paludicella Ehrenbergi van Beneden. — Zoarium fixé à une
pierre submergée. (D'après Allman). — La reproduction de ce dessin n'est pas
absolument exacte, le dessinateur a un peu grossi les zoæcies ; les deux zoœæcies
206 J. JULLIEN
placées au point 4 sont de grandeur naturelle, mais les autres me paraissent
bien grossi d’un tiers de la grandeur naturelle.
Fig. 240. Palud. Ehrenb. — Zoarium avec ses hybernacles. — (D’après
Dumortier et van Beneden).
Figs. 241 à 242. — Palud. Ehrenb. — L'hybernacle se sépare en deux
valves comme un Mollusque acéphale. On voit poindre successivemeut la zoæcie
et ses bourgeons. On voit quelquefois de ces valves encore attachées au poly-
pier vers le milieu de l'été. (D’après Dumortier et van Beneden).
Fig. 243. — Palud. Ehrenb. — Coupe d’une zoæcie avec son polypide
épanoui et montrant les détails anatomiques. L'ovaire et le testicule sont par-
faitement développés. — 4, endocyste; b, ectocyste ; b, diaphragme inter-
zoæcial; h, intestin; k', pylore; à, anus; k, lophophore; !, tentacules;
n, muscles rétracteurs du polypide; s, muscles pariétaux vaginaux postérieurs ;
», muscles pariétaux ; Ô, funicule testiculaire; 6", funicule ovarien, Él sperma-
tozoïdes ; x, testicule; Ÿ, ovaire. (D'après Allman). L
Ce dessin me fait l'effet d’un superbe schéma, il est très exact.
Fig. 244. — Norodonia cambodgiensis J. Jullien, — Rameau grossi 9 fois
et demi.
Fig, 245. — Norod. cambodg. — Zoœcie en bourgeonnement et bourgeon,
grossi 36 fois et 30 centièmes.
Fig. 246. — Norodomia sinensis J. Jullien. — Zoarium de grandeur natu-
relle.
Fig. 247. — Norod. sinensis. — Rameaux grossis 9 fois et demi.
Fig. 248, — Hislopia lacustris Carter. — Zoarium très grossi. La grandeur
naturelle des zoæcies est de 0®"875 de longueur. — D'après Carter,
Fig. 249. — Hislop. lacust. — Zoœcie avec l'animal, d'après un exem-
plaire conservé dans l'alcool et très grossi. D'après Carter.
Fig. 250, — Hislop. lacust. — Zoæcie avec l'animal en partie évaginé.
Dessin un peu moins grossi que celui de la figure 249. D’après Carter. —
a, a, a, a, bords de la zoæcie, b, tentacules; c, gaine buccale montrant la
portion plissée; f, pharynx; g, @sophage, h, gésier; i, estomac; k, intestin
grèle; !, rectum; », muscle rétracteur ainsi allongé pendant l'extension du po-
lypide.
Tous mes dessins, accompagnés d'un indice de grossissement, ont été exé-
cutés avec un microscope de Nachet, après examen de l’objet au microscope
binoculaire du même fabricant. Je regarde l'appareil binoculaire comme indis-
pensable pour ce genre d'études. Quant aux objectifs dont je me suis servi,
je n’en connais pas de supérieurs à ceux de Nachet. Je n'ai pas employé la
chambre claire du même constructeur pour le microscope vertical, à cause
de l'énorme déformation qu’elle produit dans sa projection lumineuse, d’où
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 207
résulte une impossibilité absolue de raccorder plusieurs esquisses en un
seul dessin. Dans sa nouvelle chambre claire, où le prisme est doré sur
une de ses faces, le ton bleu que prend la lumière est une gêne véri-
table pour le dessinateur qui ne voit plus les contours délicats de l’objet;
cette couleur bleue, loin d’être un avantage pour la chambre, n'est qu’un
défaut à ajouter aux autres. J’ai donc été obligé de faire mes dessins avec
une chambre claire parfaite pour les microscopes pouvant se renverser,
et que j'ai achetée en 1863 chez Mirand, fabricant à Paris, elle ne déforme pas
d'une façon sensible les objets qu’on dessine avec elle.
CON TELE LITTLON
A
L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF
Par le D' Gabriel FERRÉ
Chef des travaux histologiques à la Faculté de Médecine de Bordeaux.
INTRODUCTION
En 1882, en faisant des recherches sur l'oreille interne, recher-
ches qui ont servi de sujet à notre thèse de doctorat, « Contribu-
tion à l'étude de la crête auditive chez les Vertébrés », nous avions
recueilli quelques éléments nouveaux sur l'anatomie de cet organe,
au sujet duquel il existe encore beaucoup de controverses. Nous
nous étions promis de continuer ces recherches. Nous les avons
complétées dans un article publié dans les Annales d’otologie, en
collaboration avec notre maître, M. le professeur Coyne. Elles
avaient trait à l'existence de la cupule terminale et à son rôle
probable au point de vue physiologique. Cet organe avait été
trouvé chez tous les Vertébrés inférieurs à l'homme. Actuellement,
nous pouvons affirmer qu'il existe chez l'enfant, car nous l'avons
trouvé dans les rochers d'enfant que nous avons employés pour
notre travail actuel. Il possède chez l'enfant tous les caractères,
physiques, chimiques ou anatomiques que nous avons décrits.
Nous espérons pouvoir bientôt démontrer sa présence chez
l’homme adulte.
Mais l'oreille interne présente un large champ aux investi-
galions de l’anatomiste et du physiologiste ; ce dernier, du reste,
dans l’état actuel de la Science, doit céder la place au premier,
car c'est seulement par une connaissance approfondie des rap-
ports et des propriétés physiques et chimiques des diverses par-
CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 209
ties qui composent l'oreille que l’on arrivera à se faire une idée
complète de la perception auditive. L’expérimentation directe sur
les terminaisons nerveuses de cet organe et l'observation directe
de ces expériences sont en effet actuellement impossibles, du
moins chez les Vertébrés supérieurs. Il n'existe que quelques
expériences faites sur des animaux voisins des Crustacés.
L'étude des lésions de l'oreille interne n’a encore rien produit à
ce point de vue ; il est vrai qu'elle présente des difficultés presque
insurmontables.
Imbu des idées que nous venons d'émettre, nous aidant des
résultats déjà acquis par d’autres auteurs tels que MM. Boettcher,
Loewemberg, Kübn, Pritchard, Coyne, nous avons entrepris quel-
ques recherches sur le tronc du nerf auditif et ses branches,
laissant de côté, pour le moment, ses origines réelles. L'étude du
nerf auditif et de ses branches, au point de vue histologique, a
été faite surtout chez les Vertébrés inférieurs, « Batraciens, Rep-
tiles, Poissons, Oiseaux », et chez les Jeunes Mammifères, tels
que le Chien et le Chat naissants. Le peu de consistance et de vo-
lume qu'offrent les rochers de ces derniers animaux, se prêtent
très bien aux manipulations auxquelles on doit les soumettre
pour les étudier histologiquement. L'étude descriptive du nerf
auditif a été faite par d'illustres maîtres en anatomie, tels que
Valsalva et Scarpa. Il existe peu de recherches sur l'étude histo-
logique du même nerf chez les Vertébrés supérieurs. C’est chez
l'enfant et chez l'homme adulte que nous les avons entreprises.
Nous devons ici remercier M. le D' Levieux, administrateur des
hospices, et M. le D' Négrié, médecin à l'hôpital des enfants, de
l'obligeance qu'ils ont mise à nous laisser recueillir, sur des cada-
vres, les éléments de notre travail.
Notre sujet sera divisé en deux parlies : étude de la portion
intra-osseuse du nerf auditif; étude de sa portion extra-osseuse.
Ce nerf, à une distance d'environ 1 centimètre et 1/2 de son ori-
gine apparente, se bifurque pour donner lieu à deux branches :
la branche cochléaire et la branche vestibulaire. La première de
ces deux branches se rend au limaçon; la deuxième se rend,
après trifurcation, au saccule, à l'utricule et aux ampoules.
Comme portion extra-osseuse nous comprendrons tout le nerf
jusqu'au moment où il pénètre dans le tissu osseux, c’est-à-dire
dans le noyau du limaçon et les parois du vestibule; la portion
intra-osseuse sera la partie comprise dans l'os jusqu'aux termi-
uaisons nerveuses.
10 GABRIEL FERRÉ
Nous insisterons sur les généralités de structure que peuvent
offrir les terminaisons nerveuses de l'oreille, sur les ganglions
nerveux que l’on trouve sur les différentes branches de l’auditif,
laissant un peu de côté l'anatomie descriplive qui a été déjà faite
d'une facon magistrale, et depuis de longues années, par SCarpa.
Nous insisterons done sur la disposition, sur la structure de
ces différents ganglions et sur leur rôle physiologique probable.
Leur étude a été très peu faite. Nous trouvons comme auteurs
s'étant occupés de ce point, MM. Boettcher et Lüwemberg.
M. le professeur Coyne a traité de ces ganglions dans différents
passages de son article Oreille (Dictionnaire Encyclopédique). Ce
qu'il en a dit peut être regardé comme Île résumé des connais-
sances antérieures acquises à cet égard. Nous cilerons textuelle-
ment ces passages.
Celui qui a trait au ganglion de Scarpa est cité dans la partie
de notre travail affectée à l'étude de ce ganglion.
Nous reprenons ces citations (page 107) :
« Nerf cochléaire. Ce nerf arrivé à la base du limaçon, présen-
» terait d’après Boettcher, sur un de ces rameaux seulement, une
» intumescence ganglionnaire qu'il ne faut pas confondre avec
» le ganglion spiral, mais qui nous parait se rapporter au gan-
» glion de Scarpa que nous avons vu appartenir au nerf vestibu-
» laire; c’est ce que démontre, en effet, la distribution que lui
» assigne Boettcher. Car les fibres nerveuses qui partent de ce
» ganglion nouveau se rendent en partie à l'extrémité vestibulaire
» de la lame spirale du limaçon; l’autre portion va se terminer
» entre le saccule et l’utricule dans la cloison de séparation de
» ces deux cavités et par conséquent les filets nerveux qui pro-
» viennent de cette partie auditive rentrent dans la zone de dis-
» tribution du nerf vestibulaire.
» Mais à côté de ce ganglion nerveux décrit par Boettcher, à
» tort, selon nous, pour la branche cochléaire, il en existe un
» autre qui forme une intumescence ganglionnaire volumineuse
» et très apparente et facile à étudier sur certaines préparations.
» Cette formation se trouve sur le nerf auditif avant ses divisions
» en deux branches principales, mais presque immédiatement
» avant cette division qui se fait de telle façon que la branche
» vestibulaire se sépare à angle aigu du tronc même du nerf par
» sa face supérieure et postérieure. Avant cette bifurcalion sur
» la partie du tronc auditif qui correspond à sa face antérieure et
» inférieure, dans l'épaisseur même du tronc nerveux, on trouve
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 214
» une accumulation de cellules nerveuses arrondies ou ovoïdes
» englobées dans des espaces arrondis ou ovoïdes formés par la
» dissociation des tubes nerveux. Sur une coupe favorable et
» permettant de suivre le tronc du nerf dans toute son étendue
» on peut voir que cette intumescence ganglionnaire de forme
» ovoïde, allongée suivant le grand axe du nerf, correspond uni-
» quement à la partie du tronc nerveux qui va former le nerf
» cochléaire. Nous croyons donc devoir repousser l'existence du
» ganglion de Boettcher. Mais il faut en décrire un second plus
» volumineux, plus important et appartenant uniquement à toute
» la partie du nerf auditif qui se distribue à la cochlée. »
Comme on pourra le voir d'après nos recherches personnelles,
qui ont été faites chez l'enfant et chez l'adulte, l'existence du
ganglion de Boettcher doit être maintenue, le ganglion existe,
chez l’homme, sur la portion la plus externe de l'éventail formé
par le nerf cochléaire, à la hauteur du ganglion de Scarpa (PI. I,
fig. 4). Du reste, M. Coyne a étudié ces ganglions chez les jeunes
animaux. Nous n'avons pu trouver, chez l’homme toujours, le
ganglion situé immédiatement avant la bifurcation de l’auditif.
M. le professeur Goyne passe ensuite à l'étude du ganglion de
Rosenthal qu'il décrit de la façon suivante :
« Chacun des rameaux nerveux qui arrive dans le canal de
» Rosenthal, présente un renflement ganglionnaire. L'ensemble
» de ces renflements ganglionnaires, réunis les uns aux autres,
» donne naissance à un ganglion continu, spiroïde qui occupe
» toute la longueur du canal de Rosenthal; on l’a désigné sous
» le nom de ganglion spiral.
» Avant d'arriver au ganglion, les tubes nerveux présentent un
» double contour, puis à son entrée, chaque tube s’amineit,
» devient fibre pâle qui se colore en noir par l'acide osmique,
» de façon à donner naissance à un tube aplati, pour s'unir à une
» petite cellule de forme ovoïde, transparente, munie d’un noyau
» et d’une nucléole. Ces cellules sont bipolaires ; de leur extré-
» mité interne part un prolongement qui reprend le double con-
» tour que présentait le tube nerveux avant d'entrer dans la cel-
» lule. Sorties du ganglion, les fibres nerveuses se réunissent en
» faisceaux de volume variable qui pénètrent dans le système
» canaliculaire de la lame spirale et vont se terminer sur la lame
» basilaire.
» Toutes les fibres nerveuses ne suivraient pas un trajet trans-
» versal. On trouverait également des faisceaux à direction longi-
Ÿ
212 GABRIEL FERRÉ
» tudinale; Bocticher qui les a découverts aurait même observé
» des faisceaux déviés avant la formation du ganglion spiral.
» D'autres fibres naîtraient aussi du bord externe de la bandelette
» et se dirigeraient à droite et à gauche dans le sens longitudinal,
» croisant aussi les faisceaux à direction transversale.
» Sur des coupes soumises à l’action de l'acide osmique, on
» trouve, en effet, une distribution de tubes nerveux qui se
» rapporte à ces faisceaux de fibres qui sont perpendiculaires à
» la direction des fibres radiales. On reconnaît très bien cette
» disposition au sommet de la columelle. En effet, au-dessus de
» la partie terminale du ganglion spiral de Rosenthal, on voit des
» tractus nerveux qui vont en divergeant rejoindre le bord supé-
» rieur de la columelle et représentant les fibres radiales. Mais
» on en trouve d’autres moins abondantes directement transver-
» sales et qui sous-tendent la base de la face supérieure de cette
» même columelle.
» On ne sait pas comment ces fibres longitudinales vont se
» terminer. Leur existence, admise par quelques anatomistes
» (Lüwemberg, Max Schultze), est actuellement niée par celui
» même qui avait signalé leur présence. Mais nous venons de
» voir que leur réalité ne peut être mise en doute, sans que nous
» puissions mieux que les autres anatomistes, qui ont reconnu
» leur existence, faire connaître leur mode de terminaison. »
Jl nous a paru important de faire ces citalions, quoique un peu
longues, afin de présenter nettement l'état de la question, au
sujet de laquelle nous avons fait les présentes recherches. Le
lecteur pourra juger de cette manière quelle est la base de notre
travail et quels résultats nous avons acquis.
DÉTAILS DE TECHNIQUE.
Mais avant de commencer cette étude, il nous à paru bon de
dire quelques mots des procédés que nous avons employés. Nous
ne reviendrons pas sur ceux que nous avons indiqués chez les
jeunes Mammifères dans notre thèse inaugurale.
Voici, croyons-nous, le procédé le plus rapide pour isoler les
rochers : enlever la voûte crânienne comme pour l'extraction du
cerveau ; extraire ce dernier en ayant soin de détacher avec un
scalpel la partie de l'encéphale d’où naissent l'auditif et le facial,
CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF gts
parlie qui reste appendue à ces {troncs nerveux ; inciser la peau
de chaque côté et verticalement au niveau de l'extrémité anté-
rieure de l’apophyse zygomatique ; dénuder la partie postérieure
du crâne jusqu'à l'articulation occipito-atloïdienne ; donner un
trait de scie vertical passant par le milieu de la selle turcique et
le continuer jusqu'à la section des apophyses -zygomatiques ;
désarticuler le maxillaire inférieur; détacher les insertions supé-
rieures du pharynx; désarticuler l'articulation occipito-atloï-
dienne.
Saisir l’apophyse basilaire entre les deux mors d'un étau ; scier
complètement l'occipital en arrière du trou jusqu’à la protubé-
rance occipitale externe; donner enfin trois traits de scie, pas-
sant : le premier, par le bord inférieur du rocher ; le second, par
le bord latéral externe ; le troisième, par le sommet. On détache
ainsi le rocher complètement.
Chez le jeune enfant où le rocher n'est pas encore complète-
ment ossifié, après l’avoir détaché par le procédé précédent, on
va à la recherche de l'oreille moyenne; on pénètre par l’apophyse
mastoïde avec de forts ciseaux, on met à découvert la fenêtre
ovale ; on enlève l’étrier avec précaution et on injecte dans le
labyrinthe une solution d'acide osmique au 1/100. On laisse une
heure environ le rocher dans la solution osmique, et 24 heures
dans de l’alcool. On le fait ensuite décalcifier, soit au moyen de
l'acide picrique, auquel eas la décalcification est très lente et
peut même durer une année entière, soit par l’acide chlorhydrique
au 1/5; dans ce cas, la décalcification est complèle au bout de 4
ou 5 jours. Dans ce dernier cas, si l’on a eu la précaution d’in-
jecter, au préalable, de l’acide osmique, les éléments ne sont pas
altérés.
Chez l’homme adulte on doit procéder un peu différemment. Si
l'on veut obtenir simplement des préparations pour l'étude des-
criptive des branches du nerf auditif, étude préparatoire néces-
saire de l'étude histologique, on plonge le rocher détaché dans
l'acide chlorhydrique au 1/5. La décalcification est bientôt faite, et
on peut étudier les trajets nerveux en enlevant peu à peu la sub-
stance osseuse avec une rugine et mieux encore avec la pointe
d'un scalpel.
Pour l'étude histologique, voici comment on peut procéder :
comme on ne peut aller à la recherche de l'oreille moyenne, car
les coups de gouge ou de scie détériorent par ébranlement le
nerf auditif, surtout quand le sujet est mort depuis 24 heures, il
214 GABRIEL FERRÉ
faut scier le rocher au niveau de la caisse du tympan. Si on
tombe dans l'oreille moyenne, on fait son injection comme nous
l'avons indiqué plus haut; sinon, on donne un coup de scie qui
passe presqu'au niveau du limaçon; on donne ensuite un petit
coup de gouge pour ouvrir ce dernier. On fait une injection intra-
Jabyrinthique d'acide osmique à 2/100 et on laisse le rocher trem-
per pendant 12 heures dans cette solution osmique, puis 24 heures
dans l'alcool. Les nerfs rocheux sont durcis dans toutes leurs
parties et on peut aller ensuite à leur recherche à coups de gouge
et de marteau, c’est ainsi qu'on met à découvert la portion extra-
osseuse du nerf auditif ; si l’on veut avoir la portion intra-osseuse,
on fait décalcifier dans l'acide chlorhydrique au 1/5.
Dans tous les cas, quand la décalcification est produite, la
pièce est plongée pendant 24 heures dans une solution de gomme,
puis 24 heures dans l'alcool, montée dans le microtome et coupée.
Les tranches sont traitées par les procédés ordinaires de coio-
ration et de conservation.
PREMIÈRE PARTIE.
Portion intra-osseuse du nerf auditif.
Les filets nerveux destinés à porter au cerveau les sensalions
auditives naissent de deux sources cellulaires contenues : l'une
dans le vestibule, l’autre dans le limaçon.
Nous avons montré dans notre thèse quelles analogies on pou-
vait constater entre ces différentes cellules, et nous avions conclu
que les organes terminaux du limaçon et du vestibule étaient
construits sur le même plan au point de vue de la forme des élé-
ments cellulaires qui les composent, et que, seul, l’arrangement
différait, cet arrangement différent étant en rapport avec la difé-
rence du rôle physiologique. Dans le vestibule, nous trouvons,
en effet, des cellules à cils vibratiles, entourées de cellules fusi-
formes portant un prolongement supérieur, le poil auditif, qui va
se perdre dans un organe de substance cuticulaire, la cupule ter-
minale.
Dans le limaçon, la disposition topographique est bien diffé-
rente : les cellules terminales sont appuyées contre une série
d’ares, les piliers de Corti (voir fig. 4, e, i); elles sont disposées
en séries régulières ; les cellules de Corti (fig. 4, g.), analogues
CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 215
aux cellules à cils vibratiles du vestibule, forment des lignes,
parallèles au rebord de la lame spirale; les cellules de Deiters
(fig. 4, pl analogues aux cellules à poils auditifs, forment des
séries intercalaires. On trouve dans le limaçon d’autres éléments
cellulaires sur lesquels nous reviendrons plus tard.
De plus, les éléments cellulaires, dans le vestibule et dans le
limaçon, sont recouverts d’un organe d’accommodation (cupule
terminale, membrane de Corti, fig. 4, #), sur le rôle desquels
nous avons déjà insisté.
Considérons maintenant le trajet des filets nerveux dans le
limaçon et dans le vestibule. Des terminaisons vestibulaires par-
tent des nerfs centripètes, allant constituer le faisceau vestibu-
laire de l’auditif, ils naissent des prolongements inférieurs des
éléments cilés plus haut, ils trouvent immédiatement, à leur ori-
gine, une série de cellules arrondies entre lesquelles ils forment
des plexus, sans que ces cellules puissent être regardées comme
des cellules ganglionnaires; il n’y a, en effet, que des rapports
de contiguité entre ces cellules et les filets terminaux. Ce sont là
de véritables cellules de soutien. Dans les nœuds des plexus, il
n'existe pas de cellules ganglionnaires comme certains auteurs
l'ont prétendu.
Il n’y a donc pas dans le vestibule, ou plutôt dans la portion
intra-osseuse du nerf vestibulaire, de ganglion analogue à celui
que nous trouvons sur la terminaison cochléaire, c'est-à-dire un
ganglion spiral. Mais nous reviendrons sur ce point lorsque nous
traiterons des branches veslibulaires de la portion extra-osseuse
de l’auditif.
Des plexus, situés entre les cellules rondes dont nous venons
de parler, partent des filets à myéline qui traversent la substance
propre qui forme le substratum de la terminaison vestibulaire,
se couvrent d'une gaîne de Schwann dans les conduits osseux
qu'ils doivent traverser, et forment les faisceaux sacculaire, utri-
culaire, ampullaires, dont la réunion forme le nerf vestibulaire
proprement dit.
Considérons maintenant les filets cochléens. Ces filets naissent
uniquement des prolongements inférieurs des cellules de Corti et
de Deiters qui sont : les premières destinées à recueillir l'impres-
sion des ondes vibratoires de l’endolymphe ; les secondes, desti-
nées à réglementer les vibrations des cils vibratiles des cellules
de Corti, en faisant mouvoir au-dessus d'eux la membrane élas-
tique de Corti. Ce sont bien là les organes terminaux extrêmes
216 GABRIEL FERRÉ
du nerf auditif dans le limaçon. Les autres éléments cellulaires
que nous y rencontrons nous paraissent, en effet, avoir un rôle
physiologique moins direct : les piliers de l'organe de Corti, les
cellules de Claudius fig. À, t), les cellules contenues dans le
tunnel de Corti (fig. À, h), cellules dont l'existence est indéniable,
et qui paraissent être les analogues des cellules de soutien trou-
vées dans les terminaisons vestibulaires, sont simplement des
organes de soutien.
C’est ce que nous allons essayer de démontrer.
Fig. A.
Figure demi-schématique pour montrer la terminaison nerveuse de l’auditif dans
le limaçon.
a, bourrelet du ligament spiral externe; — b, ligament spiral externe; — ec,
portion striée de la lame basilaire; — d, filets nerveux issus des cellules de Corti q,
et des cellules de Deiters p; — e, pilier externe de l'organe de Corti; — f, portion
lisse de la lame basilaire; — h. cellules rondes contenues entre les deux piliers
de l'organe de Corti; — à, pilier interne de l'organe de Corti; — k, cellule du som-
met; — /, faisceau efférent du ganglion de Corti situé dans le canal de Rosenthal;
m, ganglion de Corti; — n, membrane de Corti; — 0, o, membrane réticulée: —
»p. cellules de Deiters; — q, cellules ciliées de Corti; — s, membrane de Reissner ;
— t, cellules externes de Clandius; — u, canal de Corti; — v, rampe lympanique ;
— zx, protubérance de Huschke; — y, rampe vestibulaire.
D'abord, les deux groupes des cellules de Deiters et de Corti
sont les seules d’où l’on voit partir des filets nerveux centripètes.
C'est ce que l’on peut conclure des recherches faites par Hasse,
Max Schullze, Hensen, Paul Meyer, Kuhn, chez les différents
groupes de Vertébrés ; par MM. Boettcher, Coyne et nous-même
chez les Mammifères.
Les piliers de l'organe de Corti auxquels, dans le principe, on
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 214
avait fait jouer un rôle capital dans la perception auditive, ne
doivent pas remplir un rôle tel, car, dans la série animale, chez
des animaux dont l'organe de l'audition doit être excessivement
perfectionné si, ce qui est vrai du reste, la faculté de phonation
est en rapport avec l'audition, chez les Oiseaux, les arcades de
Corti sont absentes. Il en est de même des Amphibiens dont
quelques-uns paraissent posséder un organe auditif assez per-
fectionné.
Ces mêmes organes, et les cellules de Claudius semblent se
rapporter à un rôle plutôt physique que physiologique, et voici
pourquoi :
Nous savons que l'organe de Corti peut être considéré comme
un instrument à cordes de longueur et de tension variables,
cordes représentées par les stries de la portion striée de la lame
basilaire (fig. À, c). Ces cordes sont accordées pour un son déter-
miné, et comme les sons perceptibles occupent une échelle de
6 octaves au moins dans l'audition normale, il faut que ce nombre
de cordes soit considérable, ce qui est vrai, du reste ; et, de plus,
comme l'oreille n’occupe qu'une partie restreinte du crâne, la
forme en limaçon est la plus propre à la disposition de cet appa-
reil. C'est une nécessité de disposition que nous constatons en
passant. Si donc ces cordes sont accordées pour un sou déter-
miné, il faut que les vibrations correspondant à ce son aillent se
produire en des points constants de la rampe tympanique, en des
points constants du ligament spiral pour que la même corde cor-
respondant à ce son soit toujours impressionnée ; il faut que les
cellules de Corti dont les cils sont destinés à percevoir ces mou-
vements ondulatoires, aient une direction constante. Cette direc-
tion leur est donnée : en dehors, par les cellules externes de
Claudius qui sont elles-mêmes maintenues par le prolongement
de la lame réticulée (fig. À, o) ; en dedans, par le pilier externe
de Corti, qui est lui-même maintenu par le pilier interne et par
les cellules internes de Claudius. Notons en même temps que les
piliers forment, par leur plateau supérieur, une surface qui sou-
tient la membrane de Corti, et qui ne lui permet de se mouvoir
que dans sa partie externe. Les cellules basilaires et la lame
basilaire maintiennent, en bas, l'organe de Corti.
Ces considérations étant données, laissons-ies de côté pour un
instant, et revenons à nos origines nerveuses du nerf auditif dans
le limaçon.
Les fibrilles nerveuses naissent donc des prolongements infé-
218 GABRIEL FERRÉ
rieurs des cellules de Deiters et des cellules de Corli. Elles nais-
sent aussi des cellules ciliées du sommet (fig. À, k), que, pour
cette raison, on peut rapprocher des cellules de Corti. Il existe,
par conséquent, deux sortes de fibres par rapport à la situation
de l’arcade de Corti : les fibres internes provenant des cellules
du sommet, et les fibres externes, plus nombreuses, provenant
des cellules de Corti et des cellules de Deiters. Les premières,
fibres pâles, sont assez volumineuses, présentant un diamètre de
2u environ; elles vontse jeter dans les canalicules nerveux creusés
à l'union de la lame basiliaire et de la lèvre tympanique du sillon
spiral interne ; là, elles rencontrent une couche mince de cellules
rondes que Waldeyer a appelée la couche granuleuse; ces der-
nières cellules peuvent être rapprochées de celles que nous avons
trouvées dans le tunnel de Corti, dans les terminaisons vestibu-
laires, et que l'on peut appeler, à juste tilre, comme nous l'avons
dit plus haut, les cellules de soutien.
Les fibres externes, plus longues que les précédentes, partent
des cellules de Corti et de Deiters, passent dans les interstices
compris entre les piliers externes, traversent le tunnel de Corti,
croisent les piliers internes et vont rejoindre, à leur tour, les
canalicules nerveux. Dans leur trajet à travers les arcades de
Corli, elles prennent la disposition des cordes d’une harpe. Il ne
faut pas confondre ces fibrilles avec les fibrilles striées de la lame
basilaire. Leur nature nerveuse a été du reste démontrée au
moyen de l’acide osmique. Elles présentent des petites varicosités
qui brunissent sous l'influence du même acide. Elles sont en rap-
port avec les fibrilles à myéline que l’on trouve dans les canali-
cules nerveux.
Nous avons dit qu'il ne fallait pas confondre les fibrilles ner-
veuses terminales avec les stries que l’on trouve sur la lame
basilaire. Nous savons que ce dernier organe, inséré par son
bord interne à la lèvre supérieure de la protubérance de Huschke,
par son bord externe au ligament spiral externe, peut être consi-
déré comme formé de deux parties : l’une interne, lisse ou à
peine striée; l’autre externe, en rapport avec les cellules de
Claudius et l’endolymphe, rayée de stries. Ces stries sont les
cordes destinées à être impressionnées par les éléments infini-
ment pelits des ondes vibratoires de l’endolymphe.
IL est intéressant d'examiner quels rapports il peut y avoir
entre les ondes vibratoires, d'une part, et, d'autre part, avec l'ap-
pareil récepteur formé par les cordes que représentent les stries
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 219
de la lame basilaire, les cellules de Corti et les filets nerveux ter-
minaux. C'est une question qui est absolument obscure, du moins
au point de vue physiologique.
Et d’abord, les stries de la lame basilaire ne sont pas des élé-
ments nerveux terminaux, comme ont paru le croire certains
physiologistes, car on n’a jamais vu de filet nerveux terminal de
l'auditif, allant se perdre dans ces organes. On objectera que ces
éléments prennent une teinte brune sous l'influence de l’acide
osmique. Cela est vrai, mais il en est de même de toute substance
protoplasmique mise en contact avec cet acide pendant un temps
assez prolongé. N’avons-nous pas vu bien d’autres organes tels
que la membrane de Corti, tels que la cupule terminale, prendre
une teinte d'or bruni sous l'influence de ce même acide ?
Du reste, ces stries nous paraissent se rapprocher, comme
structure, de celles de la cupule terminale. Même striation, même
composition d'aspect granuleux, même composition chimique,
puisque les réactions par l'acide osmique sont les mêmes. Si, du
reste, on tient compte des usages auxquels sont destinés ces dif-
férents organes : stries de la lame basilaire et cupule terminale,
on doit songer à ce rapprochement. Les premières, devant vibrer,
doivent être élastiques ; il en est de même de la seconde dont le
rôle réglementateur sous l'influence des poils auditifs a été déjà
indiqué. La membrane de Corti, cet organe réglementateur du
limaçon, doit être aussi rapproché de ces stries.
Ces dernières n’ont donc, à proprement parler, qu’un rôle de
transmission, et l'on comprend alors, d'une façon assez simple,
en tenant compte du rôle de la membrane de Corti, comment les
cellules de ce dernier savant peuvent jouer un rôle efficace dans
la perception auditive. Voici comment : un élément de la courbe
vibratoire, après des réflexions successives et toujours de direc-
tion identique contre les parois du labyrinthe, vient frapper la
strie basilaire correspondante. Elle la frappe avec une intensité
variable suivant l'intensité du son correspondant, et un nombre
de fois indiqué par le nombre de courbes de même nature qui se
succèderont au dernier point de réflexion, nombre de courbes
égal à celui du nombre de vibrations du son produit. L'intensité
et la hauteur du son émis seront donc reçues par les stries de la
lame basilaire. Les vibrations de ces siries vont se transmettre
au liquide compris entre la membrane de Corti et le bouquet cel-
lulaire terminal de l’auditif. Cette transmission se fera par l'in-
termédiaire des cellules externes de Claudius et des cellules basi-
220 GABRIEL FERRÉ
laires qui forment là une espèce de corps demi-solide éminemment
propre à la transmission des vibrations.
Ces vibrations se transmettent donc au liquide compris entre
la membrane de Corti et les cellules de Corti, et vont impression-
ner ces dernières cellules. Les cellules de Deiters, par une action
réflexe sur laquelle nous reviendrons plus tard, réglementent les
mouvements de la membrane de Corti, de façon que les cils de
Corti soient impressionnés le temps voulu, et avec une intensité
voulue.
Les sons peuvent donc être perçus avec leur intensité et leur
hauteur. Leur timbre sera perçu à la condition que le son fonda-
mental et ses harmoniques aillent impressionner les stries de la
lame basilaire accordées à cet effet. Il est à remarquer que, dans
ce dernier cas, l'impression subie par une oreille non exercée à
décomposer un son, est unique, et qu'il devra exister des fibres
nerveuses chargées de réunir les impressions produites sur les
cellules de Corti par les différents harmoniques.
Telle est, croyons-nous, la manière à la fois la plus simple et la
plus complète de se figurer le rôle que doit jouer chaque pièce
de l'organe de Corti. Elle repose sur la connaissance la plus
exacte possible de la disposition anatomique de cet organe et des
qualités physiques de ces parties. Il faut, en effet, tenir compte
de la différence de vitesse de transmission du son. C'est ainsi que
les vibrations de la lame basilaire striée se transmettent à l'es-
pace situé au-dessous de la membrane de Corti plus rapidement
par les cellules de Claudius que par le liquide endolymphatique
du canal de Corti.
Nous allons continuer maintenant l'étude de nos filets auditifs
terminaux qui, nous le savons d’après ce que nous venons d'expo-
*ser, ne peuvent se rendre qu'aux cellules de Corti et aux cellules
de Deiters, les deux sources directes de l'impression centrale
auditive.
Les filets que nous venons de décrire portent le nom de filets
radiaux, parce que leur direction est normale au bord de la lame
spirale. Il existe encore des fibres longitudinales appliquées,
comme les autres, sur la lame basilaire. On les a appelées fibres
spirales. Ces fibres, comme les précédentes, émergent des cana-
licules nerveux et prennent une direction longitudinale ou paral-
lèle au rebord interne de la lame spirale. Elles se mettraient en
rapport avec les cellules de Corti et formeraient, entre ces cel-
lules, une sorte d'appareil commissural. Ne serait-ce pas là une
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 221
des causes de la facilité avec laquelle nous percevons le timbre
du son? C’est Max Schulze qui les a découvertes et décrites. Elles
forment deux bandelettes : l'une interne, c’est-à-dire située en
dedans de l’arcade de Corti; l’autre externe, située en dehors de
l’arcade. La bandelette interne correspond à la ligne formée par
les cellules du sommet. La bandelette externe paraît être divisée
en autant de bandelettes qu'il existe de rangées de cellules de
Corti, nombre qui varie suivant les espèces animales. Il est très
probable que ces fibrilles sont de nature nerveuse. Certains ana-
tomistes, comme Max Schultze, Hensen, les admettent comme
telles, car ils y ont constaté la présence de petites varicosités
irrégulières. Ce serait pour eux une couche analogue à la couche
granuleuse ou intergranulaire de la rétine (Coyne). Il est très
probable que ce sont des fibrilles nerveuses destinées à réunir
les impressions subies en même temps par plusieurs cellules de
Corti, et à les porter aux ganglions nerveux de l’auditif.
De l'étude que nous venons de faire, soit des fibres radiales,
soit des fibres spirales, soit des rapports qu'affectent ces fibres
avec l'organe de Corti, il résulte ce fait, que nous ne trouvons
dans l'organe de Corti proprement dit, aucune cellule ganglion-
naire, fait important que nous pouvons rapprocher de celui que
nous avons constaté dans le vestibule. Nous pouvons dire que
les filets nerveux de l'auditif, avant d'arriver aux ganglions que
nous décrirons sur le trajet ultérieur des branches de l’auditif,
n’ont rencontré aucune cellule ganglionnaire.
Après avoir traversé les arcades de Corti, ces différentes
fibrilles, appuyées sur la partie lisse de la membrane basilaire,
vont se rendre, toutes, dans le ganglion nerveux occupant toute
la longueur du bord externe de la lame spirale (fig. À, »), après
avoir traversé de petits pertuis creusés dans l'os et nommés
canalicules nerveux.
Ces derniers sont des orifices ovoïdes situés à l'union de la
lame basilaire et de la lèvre tympanique du sillon spiral interne,
creusés dans la portion inférieure de la protubérance de Huschke.
Leur grand axe est dirigé de dehors en dedans. Ils donnent pas-
sage aux tubes nerveux qui vont du canal spiral à l'organe de
Corti; ils vont se terminer dans la rampe vestibulaire, car ils
perforent la lèvre tympanique de la lame basilaire et passent,
par conséquent, dans la rampe supérieure de cette membrane,
c'est-à-dire dans la rampe vestibulaire. [ls passent à travers cette
membrane d’une façon toute spéciale et qui mérite d'appeler l'at-
222 GABRIEL FERRÉ
tention. Ileule les avait considérées comme des fentes qui deve-
naient cylindriques à leur sommet. M. Loewemberg a donné la
véritable forme de ces points de passage, fait qui a été vérifié
par M. Coyne et par nous-même. Ces canalicules sont constitués
par deux cônes réunis par leur sommet : la paroi interne du cône
supérieur est presque verticale ; la paroi externe correspondant à
l'union de la lèvre tympanique avec la lame basilaire, est, au
contraire, très oblique. L’orifice supérieur est donc ovalaire, et
le grand axe de cet ovale est perpendiculaire à l'axe longitudinal
de la lame spirale. Le cône inférieur est beaucoup plus large. Au
lieu de s'arrêter à la lèvre tympanique il empièle en bas et en
avant sur le tissu qui recouvre le filet nerveux correspondant. Un
septum très mince et très obliquement dirigé ferme en bas le canal;
c’est àtravers celte cloison que passent les fibres nerveuses. Après
avoir traversé ce septum, les fibres nerveuses commencent à
prendre leur gaîne de myéline; de là, elles se rendent, en suivant
le canal spiral, dans le ganglion de Corti, dont nous ferons bientôt
une étude particulière et aussi complète que possible.
Mais avant d'entreprendre cette description, il est intéressant
d'examiner le trajet des filets nerveux dans le canal de la lame
spirale. Ces filets, après avoir traversé les canalicules nerveux,
entrent dans ce canal; à ce moment, on peut s’en assurer facile-
ment sur les préparations du labyrinthe traitées par l'acide osmi-
que, ils suivent une direction radiale et vont se jeter dans le
ganglion de Corti, dans la partie de ce ganglion située dans le
plan de section. Mais sur ces mêmes préparations on aperçoit
des faisceaux de filets nerveux, coupés dans une direction plus
ou moins longitudinale, plus ou moins oblique, même dans une
direction complètement perpendiculaire à leur axe, Ces segments
appartiennent à des faisceaux issus du ganglion de Corti et qui
pénètrent dans le canal de la lame spirale après un trajet assez
long, ou bien après avoir décril une spirale : autrement dit, il
existe des faisceaux issus du ganglion de Corti qui, avant de péné-
trer dans le canal de la lame spirale, décrivent une spire plus ou
moins longue. Ces faisceaux peuvent être remarqués sur les
figures B, C). C'est M. Boeltcher qui les a décrits le premier. Les
auteurs qui ont étudié l'oreille interne après lui, et notamment
M. Loewemberg, les ont décrits d'une manière analogue. Ils sont,
en effet, faciles à voir. Nous reviendrons d'une façon plus com-
plète sur leur description et sur certaines de leurs particularités,
dans l'étude du ganglion de Corti.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 7e
Ces faisceaux ne sont pas tous contigus ou adhérents les uns
aux autres dans le canal de la lame spirale : en effet, les deux
lamelles qui composent ce canal s'envoient des brides osseuses
qui séparent les faisceaux du nerf issu du ganglion spiral, de
telle sorte que, sur une coupe radiale, cette lame spirale paraît
percée, en avant, d’un canal à grand axe horizontal, et, en arrière,
de trous de forme variable, canal et trous remplis de fibrilles
noires, si le rocher a élé trailé au préalable par l'acide osmique
(fig. C).
En même temps que des traînées osseuses, les deux lames,
doublées par une très mince couche de périoste à leur face
interne, périoste accusé simplement par des cellules fusiformes
ou étoilées appliquées à leur surface interne, chez les jeunes
Mammifères, s’envoient des tractus conjonctifs qui séparent les
faisceaux nerveux. Il n’a pas été possible d'y rencontrer la
moindre couche de substance épithéliale. Le canal de la lame spi-
rale est ordinairement rempli, soit par les filets nerveux, soit par
un certain nombre de fibres et de fibres-cellules qui ne paraissent
pas d’origine nerveuse (Loewemberg). Nous pouvons affirmer que
se sont des fibres de tissu conjonctif provenant du périoste qui
double la face interne des deux lamelles. Il suffit d'examiner une
coupe mince de la lame spirale, avec un grossissement de 400
diamètres pour se rendre compte de ce fait.
On trouve, à la base de la lame spirale, de nombreux vaisseaux.
Is affectent une forme spiroïde. Cet aspect se montre surtout sur
les coupes faites longitudinalement sur la lame spirale.
: GANGLION SPIRAL.
Le ganglion spiral a été découvert par Corti. Comme il est con-
tenu dans le canal spiral qui porte le nom de canal de Rosenthal,
le ganglion est souvent aussi désigné sous le nom de ganglion de
Rosenthal.
Le canal spiral qui le contient est situé au niveau de l’union de
la lame des contours et de la columelle ou cône osseux autour
duquel vient s’enrouler la lame des contours. Il est cylindrique.
224 GABRIEL FERRÉ
Il suit le trajet de la lame spirale, mais un peu au-dessous ou
plutôt en arrière, de telle sorte que sa paroi interne et le canal
osseux qui le précèdent font saillie dans la rampe tympanique du
limaçon. Il est percé de deux séries de trous : l’une interne ou
inférieure donne lieu à l'entrée, dans le ganglion de Corti, des
filets qui ont traversé la columelle; l’autre, externe ou supéricure,
donne passage aux filets afférents du ganglion de Corti. Malgré
l'existence de ces pertuis, le canal est fermé complètement, car
des cloisons partant du périoste remplissent les interstices. Le
ganglion est compris dans ce cylindre. Il commence au niveau de
la lame spirale, et se termine à sa partie supérieure, par une sorte
de renflement qui est en rapport avec l'extrémité supérieure du
canal spiral, après avoir décrit un nombre de tours de spire varia-
ble suivant les espèces animales. Sa forme n’est cependant pas
régulièrement cylindrique, ainsi qu'on peut s’en rendre compte
sur des coupes ayant porté suivant l'axe longitudinal de ce gan-
glion, et dans une certaine étendue. Les bords de la coupe sont
légèrement festonnés, ce qui correspond à de légers étrangle-
ments sur le ganglion.
Nous avons à examiner dans ce ganglion, au point de vue de
sa structure : le stroma ganglionnaire, les cellules nerveuses
qui le composent, les fibres nerveuses qui aboutissent à ces
cellules.
I. — Le stroma du ganglion de Corti n'est pas très apparent
chez les tout jeunes animaux. Il faut un grossissement assez con-
sidérable pour voir les fibrilles conjonctives se détacher des parois
du canal spiral pour se ramifier et s’anastomoser entre les cellules
du ganglion. 11 existe assez apparemment chez l'enfant, ainsi
qu'on peut le voir sur la figure B, qui représente une coupe du
ganglion chez un enfant de deux mois. Le réseau conjonctif de ce
ganglion est, du reste, peu connu. M. Loewemberg en a parlé et
nous citons textuellement ce qu'il a dit : « J'y ai trouvé (dans le
« ganglion de Corti) non seulement des fibres et des cellules ner-
« veuses, mais en outre un tissu réticulé composé de fibres fines
« formant des mailles dont chacune renferme une cellule, » et
plus loin : «en cherchant des données sur ce tissu dans les tra-
« vaux de mes prédécesseurs, je n’en ai trouvé aucune mention,
« excepté une observation de M. Deiters qui parle de tractus du
« tissu conjonctif trouvé dans la zone ganglionnaire par M. Boett-
« cher. »
"
CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 225
Ganglion spiral (enfant). Coupe transversale. a, cellule nerveuse; — b, vaisseau
sanguin; — €, c, Stroma conjonctif;, — d, cloison du stroma avec noyau; — e,
coupe transversale d'un des faisceaux héliçoïdaux du ganglion de Corti; — f, fais-
ceaux nerveux afférents au ganglion, vivement colorés en noir par l'acide osmique
qui n’a pénétré complètement que le 1/3 externe du ganglion; — h, paroi inférieure
de la lame spirale.
Ces fibres indiquées, comme on le voit, d’une façon assez vague,
forment un réseau assez apparent, comme on peut le voir sur la
figure B dessinée d’après nature et aussi exactement que pos-
sible. Il est peu développé chez les animaux naissants, réduit qu'il
est, à ce moment, à une série de cellules simplement anastosmo-
sées ; les loges qu'ils forment à ce moment là ne sont pas complè-
tes. Ce réseau prend une teinte grisâtre sous l'influence de l'acide
osmique. Il se continue avec les gaînes des nerfs, et il faut un
examen assez attentif pour reconnaître que les fibres nerveuses
ne vont pas se jeter dans les cellules de ce siroma. Ce dernier,
comme on peut le voir sur la figure 2, dessinée d’après une de
nos préparations dont l'acide osmique n’a imprégné que la moitié,
présente une petite loge pour chaque cellule, et, dans chaque
nœud des mailles, se trouve une petite cellule conjonctive. On
trouve des noyaux sur les parois des mailles. Ce réseau est en
continuité avec la mince couche de tissu conjonctif qui tapisse
les parois du canal spiral (voir figure B).
M. Loewemberg parle de fibres plus volumineuses que les
fibrilles du stroma, qu'il a trouvées dans ce ganglion, et qui lui
paraissaient provenir d’une comprise dans cellule une maille du
réseau. Nous avons retrouvé ces mêmes fibres dans quelques-
unes de nos préparations, et nous y reviendrons lorsque nous
traiterons des éléments fibrillaires contenus dans le ganglion de
Corti.
15
23% GABRIEL FERRÉ
II. — Dans ce stroma sont contenues les cellules nerveuses. La
forme de ces cellules varie un peu suivant les espaces. Chez le
Chien, chez le Chat, elles ont une forme ovoïde assez régulière,
chez l'Homme elles sont plus arrondies(Pl. II, fig. 1 et fig.B , C, D).
Leur contour est assez tranché. Elles sont granuleuses. Elles pos-
sèdent un noyau sphérique très net et un ou deux nucléoles très
nets également (fig. B, C). Elles sont réputées bipolaires, présen-
tant par conséquent un prolongement afférent et un prolongement
efférent. Le prolongement afférent reçoit une fibre nerveuse qui
traverse la paroi inférieure du canal spiral. Ces fibres qui, dans le
canal cochléaire, possédaient encore leur double contour, en
perdent un en entrant dans le canal spiral, s'effilent et vont se
jeter dans une cellule du ganglion de Corti. Le deuxième contour
qui marquait l'existence d’une gaîne de Schwann, va se jeter dans
le stroma ganglionnaire. De la cellule nerveuse part le prolonge-
ment efférent qui, de simple, devient bientôt à double contour, et
va se jeter dans le canal de la lame spirale.
Ganglion spiral (Chat). Coupe transversale, 4, cellule nerveuse ; b, faisceaux ner-
veux afférents au ganglion; — +, c, faisceaux déviés ou hélicoïdaux; — e, fais-
ceaux efférents du ganglion; — f, cavité du canal de Rosenthal, — q, lame supé-
rieure du canal spiral. Cette lame montre sur son épaisseur les noyaux du périoste
qui la double dans l'intérieur du canal spiral.
Toutes les cellules du ganglion, el la chose est visible surtout
lorsqu'elles ont la forme ovalaire, n'ont pas une direction située
dans l'axe de la fibre afférente. Il en est qui forment des groupes
à section plus ou moins oblique, et d'où se détachent des fibres
efférentes que nous allons retrouver.
lil. — La question de l'étude des fibres qu’on trouve dans ce
ganglion est excessivement importante, surtout à cause des appli-
calions physiologiques qu'on en peut déduire.
On distingue dans ce ganglion trois sortes de fibres nerveuses :
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 220
les fibres afférentes aux cellules ganglionnaires, les fibres effé-
rentes, et des fibres entrecroisées qu'on a nommées fibres obli-
ques.
L'entrée des fibres afférentes peut se faire dans deux directions :
la première de ces directions est perpendiculaire à la direction de
la lame spirale; la seconde est oblique par rapport à cette der-
nière lame. Les unes et les autres peuvent se voir dans une de nos
préparations qui est représentée dans la PI. II, fig. 4. Nous devons
ajouter qu'il est rare de rencontrer d’une manière aussi heureuse
les divers faisceaux qui y sont représentés. Ces fibres obliques
ont été signalées par M. Boettcher ; M. Loewemberg les a décrites
après lui et cite son prédecesseur : « On trouve ces faisceaux
» déviés, dit-il, déjà avant la bandelette ganglionnaire ; cela pro-
» vient de ce que les fibres venant de l’axe ne vont pas toutes vers
» la périphérie pour entrer dans cette bandelette, mais qu'une
» partie d'elles, se recourbant en arc, cheminent dans une direc-
» tion parallèle à celle de la bandelette; des faisceaux sembla-
» bles, seulement plus larges la plupart du temps, naissent sur
» le bord externe de la bandelette, une partie des fibres se tour-
» nant de même à droite ct à gauche pour continuer en sens lon-
» gitudinal. La même chose se répète plus loin vers la périphérie,
» mais ici les faisceaux qui croisent les fibres droites de la ma-
» nière indiquée sont beaucoup plus étroits. Je répète qu'ils se
» trouvent ici non seulement placés au-dessus et au-dessous de
» Celles-ci, mais qu'ils sont véritablement entrelacés (intertexti)
» avec elles. Il ne me paraît pas invraisemblable que ces fibres
» spirales se retrouvent tôt ou tard vers le bord libre de la lame
» spirale osseuse pour entrer dans le canal cochléen à travers les
» ouvertures de la Æabenula perforata, de concert avec le reste des
» fibres nerveuses. IL s'en suivrait que les fibres n'iraient pas
» toutes à la lame spirale membraneuse, à la hauteur où elles
» ont quitté l'axe, mais qu'une partie d'entr’elles y arriveraient
» plus tard, loin du trou du limaçon où elles commencent à tendre
» vers la périphérie. »
Voilà quelles sont les idées de Boettcher cité par M. Loewem-
berg. Les recherches qu'a faites ce dernier anatomiste, à la suite
de Boeticher, l'ont amené au même résultat.Nous les citons encore
textuellement : « Les auteurs qui ont parlé de ces faisceaux après
» M. Boeltcher n'ont fait que répéter les données qu'a émises cet
» auteur. On trouve facilement, avant et après la zone ganglion-
» naire, des fibres qui deviennent et prennent une direction lon-
ÿ
228 GABRIEL FERRÉ
» gitudinale, mais personne n'a pu dire ce que deviennent finale-
» ment ces singulières fibres nerveuses à parcours longitudinal.
» Le hasard m'a fait trouver dans une préparation prise sur un
» Lapin âgé de six jours, près de la bandelette sillonnée,une ban-
» delette de fibres nerveuses laquelle arrivait vers la périphérie
» en sens longitudinal, par conséquent en croisant les autres
» faisceaux. Elle se recourbait ensuite à peu de distance de la
» lame spirale molle, de façon à entrer en sens radial entre deux
» autres bandes à parcours ordinaire. Les fibres se fusionnaient
» ensuite comme les autres fibres nerveuses, c’est-à-dire en per-
» çant la lame spirale molle pour entrer dans la rampe vestibu-
» laire. J'avoue que je n'ai pas pu suivre très loin vers l'axe le
» parcours de cette bandelette, la lame spirale osseuse ayant été
» brisée plus en dedans par la préparation; je ne communique
» donc cette observation que sous quelques réserves, me propo-
» sant de la contrôler par des recherches ultérieures. »
L'existence des fibres du ganglion de Corti paraissait donc être
certaine lorsque leur existence a été mise en doute par celui-là
même qui les avait découvertes (Coyne).
Il importe donc d'examiner avec grand soin la forme et la direc-
tion de ces faisceaux nerveux dont le point d'arrivée, notamment
pour les faisceaux héliçoïdaux, est encore inconnu (Coyne, Dict.
Encycl., art. Oreille.)
Nous avons fait à ce sujet de nombreuses préparations. La
constatation des faisceaux directs est assez facile. Il est plus dif-
ficile de trouver des faisceaux hélicoïdaux complets et d'autres
faisceaux que nous allons décrire, c'est-à-dire des faisceaux com-
missuraux. En effet, dans cette recherche, on se trouve en présence
des deux alternatives suivantes : comme ces faisceaux ne sont
pas situés dans un plan, le rasoir, sur des coupes, ne détache
qu'un arc insuffisamment étendu du faisceau; ou bien si l'on
veut avoir un faisceau entier, la coupe est trop épaisse. On n'ar-
rivera donc que rarement à avoir un faisceau complet.
L'existence de ces différents faisceaux ne doit pas être mise en
doute, et les préparalions que nous avons dessinées suffiront,
croyons-nous, pour convaincre de la réalité de ce fait. Ils exis-
tent, de plus, chez tous les Mammifères.
Voici comment on peut comprendre la disposition de ces
fibres :
Les faisceaux provenant de l’axe du limaçon, au moment où ils
entrent dans le canal spiral, suivent une direction radiale ou une
CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 229
direction oblique et spirale. Les faisceaux qui suivent une direc-
tion radiale vont se jeter dans le groupe de cellules ganglionnaires
le plus voisin et en sortent, soit dans une direction qui continue
celle qu'avait le faisceau afférent (PI. IT, fig. 1, a) soit dans une
direction déviée, car nous avons vu, sur beaucoup de nos prépara-
tions, des faisceaux aller se jeter dans un faisceau perpendiculaire
ou bien dans le faisceau radial voisin {fig. D, e, e). Il paraît même
exister des fibres arquées qui vont d’un amas ganglionnaire à un
autre, traversant les espaces osseux qui séparent les différents
îlots du ganglion. Nous savons en effet que ce dernier n’est pas
un cylindre parfait, mais qu'il est festonné, ses portions étant
séparées, sinon (otalement, du moins en partie, par des tractus
OSSeUXx.
Les faisceaux qui affectent la forme spiroïde entrent dans le
ganglion en lui formant une sorte d’enveloppe. Cette dernière est,
sur une coupe, la bandelette interne signalée par Boettcher et
que l’on retrouve sur nos figures 1 et D. Cette bandelette est inter-
rompue très souvent par places, et cela se comprend, car les fais-
ceaux d’où elle provient ne forment pas un étui complet au gan-
glion, puisqu'ils sortent isolément du limaçon. Sur notre figure 1
notamment, la bandelette interne n’occupe pas le bord tout entier
de la préparation. Ce faisceau interne qui est assez volumineux,
est perpendiculaire tout d’abord aux faisceaux radiaux. Il va se
jeter dans un groupe de cellules ganglionnaires plus ou moins
éloignées de son point d’origine ; mais il peut présenter certaines
particularités que nous n’avons pas trouvées signalées. Ainsi, sur
une de nos préparations (fig. D), représentant une coupe longitu-
dinale du ganglion de Rosenthal, un gros filet nerveux /bande-
lette interne, a), sort du canal cochléen, cotoie le bord interne du
ganglion, envoie trois faisceaux latéraux vers des ilots ganglion-
naires bien éloignés de son point de départ, et se bifurque à son
extrémité. On voit que, dans son trajet, il est croisé par trois fais-
ceaux directs ou radiaux. Ceci nous montre que ces filets hélicoï-
daux sont chargés lout au moins de réunir les impressions qui se
produisent dans des îlots différents du ganglion pour les trans-
porter, Soit au cerveau, soit à d’autres départements de ce même
ganglion, puisque ces différents groupes cellulaires sont réunis.
Ces faisceaux hélicoïdaux, à un moment donné de leur trajet,
plongent dans le ganglion et vont se perdre dans les cellules gan-
glionnaires. Le point d'entrée dans le ganglion ne se fait pas à la
même hauteur pour les filets. Is ne s'élèvent pas suivant des
230 GABRIEL FERRÉ
trajets héliçoïdaux parallèles, sans quoi, au lieu d’avoir une in-
trication de faisceaux nerveux, comme nous le voyons représenté
sur la figure 1, nous aurions une série de faisceaux parallèles. Le
fait de faisceaux parallèles se présente pourtant quelquefois
(voyez fig. 2, a, d). Il n’est donc pas étonnant que ces faisceaux,
qui ne peuvent pas être parallèles, se montrent légèrement entre-
croisés sur des coupes. Cette intrication des faisceaux est aug-
mentée encore par la déviation latérale que subissent les filets de
l’auditif en sortant du limaçon. Ces derniers, en effet, peuvent se
bifurquer à leur sortie et aller, l'un à droite, l’autre à gauche.
Fig. D.
Faisceaux nerveux pris sur une préparation représentant une coupe longitudi-
nale du ganglion spiral.
a. bandelette nerveuse interne du ganglion. envoyant des ramifications b, b, qui
vont se rendre à des îlots de cellules ganglionnaires non représentées sur la figure;
— c, faisceaux directs croisant la bandelette a, et issus du noyau du limaçon plus
bas que la bandelette u; — d, deux cellules paraissant anastomosées; — 6, €.
fibrilles efférentes entrant dans un faisceau héliçoïdal venant d'un autre ilot gan-
glionnaire; — f, f, portions de la bandelette externe.
Nous pouvons aussi noter, et nous revenons sur ce fait impor-
tant, que nous avons pu constater souvent, qu'il n'y a pas seule-
ment entrecroisement des faisceaux nerveux tout entiers, mais
encore entrecroisement des fibrilles nerveuses. Au voisinage des
ganglions on voit des fibres nerveuses passer d’un ilot ganglion-
naire à un îlot voisin, ou bien dans un filet héliçoidal perpendicu-
laire. Nous venons de voir quelles sont les diverses directions que
peuvent prendre les faisceaux afférents du ganglion de Corti.
Voyons ce que deviennent les faisceaux afférents. Nous enten-
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 231
drons par faisceaux efférents les faisceaux qui se dirigent du gan-
glion vers l'organe de Corti.
Les faisceaux efférents qui font suite à un faisceau afférent ra-
dial vont se jeter, la plupart du temps, radialement dans le canal
spiral. Mais il en est d’autres qui font suite aux faisceaux hélicoï-
daux, et dont la direction est différente. Ils forment, sur le bord
externe du ganglion, une bandelette qu’on pourrait appeler la
bandelette externe du ganglion de Corti, maïs qui n’est, en réa-
lité, que la section externe de l'enveloppe que forment les fais-
ceaux spiraux aux ganglions de Corti (voir fig. 1, e; fig. 5, f f);
ces faisceaux croisent aussi les faisceaux radiaux.
Nous avons été plus heureux que M. Loewemberg dans les re-
cherches que nous avons faites au sujet du point d'arrivée de ces
filets spiroïdes. Cet anatomiste avait trouvé un de ces faisceaux,
partant de la lame spirale molle et croisant deux faisceaux directs,
sans pouvoir le suivre plus loin. Sur une de nos préparations,
nous avons trouvé un de ces faisceaux externes aboutissant à la
lame spirale molle et croisant six faisceaux directs. Nous n'avons
pu, il est vrai, suivre ce faisceau jusqu'au ganglion. Nous avons
conservé cette préparation. Mais dans une autre préparation, bien
plus précieuse que la précédente, préparation que nous avons
dessinée (PI. IL, fig. 2, a, b), on voit un de ces faisceaux spiraux
sortir de la lame spirale molle {g), passer dans un amas
ganglionnaire (fig. 2, e) et aboutir au trou d'origine du limaçon
(he 2 A).
Ces faisceaux ainsi déviés, comme on peut le voir sur la prépa-
ration, ont donc un trajet assez long. Il est donc certain que ces
faisceaux spiraux, après avoir traversé le ganglion de Rosenthal,
continuent leur mouvement hélicoïdal et vont se jeter, comme les
faisceaux directs, dans le canal spiral. Seulement n'oublions pas
que ces faisceaux spiraux envoient des ramifications à plusieurs
départements, et, par conséquent, à leur entrée dans la columelle,
ils rapportent non seulement l'impression subie par leur prolon-
gement hélicoïdal dans la lame spirale, mais aussi l'impression
subie par les parties de l'organe de Corti qui vont impressionner
les îlots ganglionnaires dans lesquels ils sont allés se perdre.
Mais ce n’est pas tout : dans quelques-unes de nos prépara-
tions (voir PI. II, fig. 3), nous avons vu des faisceaux de fibres ner-
veuses allant directement d’un amas ganglionnaire à un autre.
Ce fait est important, car il établit l'existence de faisceaux
commissuraux entre les différents départements du ganglion.
232 GABRIEL FERRÉ
On voit donc quelles sont les différentes causes de l'intrication
des fibres nerveuses dans le ganglion de Corti.
On peut donc admettre qu'il existe dans ce ganglion des
faisceaux de passage direct, allant du nerf cochléaire à l'organe de
Corti, après avoir, bien entendu, traversé l'amas ganglionnaire,
et des faisceaux commissuraux allant de certains départements
_de ce ganglion à d’autres. Nous reviendrons sur ce fait lorsque
nous comparerons le rôle que doit jouer ce ganglion à celui que
doivent jouer d’autres ganglions que nous allons trouver sur la
portion extra-osseuse de l’auditif.
Après avoir quitté le ganglion de Rosenthal, les filets nerveux
pénètrent dans les canaux creusés dans la columelle. Is sont
entourés dans ces canaux par de fines enveloppes de tissu
conjonctif provenant du périoste du conduit auditif interne qui
se prolonge dans les trous de la base du limaçon. Is ont à ce
moment la structure de fibres nerveuses complètes avec leur
gaîne de myéline et leur gaîne de Schwann. Arrivés à la base du
noyau limacéen, ils passent à travers les trous de la lame criblée
spiroïde et émergent non en un cylindre parfait, mais en décri-
vant une surface dont la trace sur la base du limaçon serait un
cercle dont une partie de la circonférence serait déroulée. Une
petite portion qui provient du commencement de la lame spirale
forme un petit faisceau particulier. Nous allons retrouver la
continuité du nerf cochléaire dans la portion extra-osseuse.
DEUXIÈME PARTIE
Portion extra-osseuse de l'auditif.
Nous avons vu les branches de l’auditif émerger des parois du
vestibule, d’une part, et des parois du limaçon, d'autre part.
Les trois branches émergeant du vestibule viennent : la pre-
mière, supérieure et antérieure, de l'utricule, de l'ampoule
supérieure et de l’ampoule externe: la seconde, du saccule; la
troisième, de l'ampoule du canal demi-circulaire postérieur. Ces
trois nerfs se réunissent au niveau de la crête falciforme pour
donner lieu à la branche vestibulaire de l'auditif. Cette dernière
rapporte donc les impressions subies par les cellules contenues
dans les tâches acoustiques et dans les crêtes auditives.
CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 933
Ganglion de Scarpa.
A 4 ou 5 millimètres du point où ces nerfs viennent de
se réunir, par conséquent sur la branche veslibulaire, on trouve
un petit renflement qui passe presque inaperçu, découvert par
Scarpa, et qui porte le nom de cet illustre anatomiste. C'est ce
ganglion que nous allons étudier maintenant. Nous n'avons
trouvé que peu de renseignements sur la structure de ce
ganglion ; nous nous sommes donc mis à l’œuvre pour l’étudier
le plus complètement possible. Cette étude à été faite sur Île
rocher humain et les préparations que nous avons dessinées
proviennent des rochers d'un homme de 35 ans el d'un jeune
homme de 15 ans. Ce sont les deux sujets qui nous ont donné
les rochers les mieux conservés parmi ceux que nous avons
enlevés.
Nous avons, pour préparer ce ganglion, suivi le procédé
suivant :
Après avoir injecté le rocher avec de l’acide osmique au 1/200
et l'avoir laissé séjourner pendant 24 heures dans le même acide,
24 heures dans l'alcool, comme nous l'avons indiqué au début de
ce travail, nous avons détruit avec la gouge la paroi supérieure
du conduit auditif interne, pénétré jusqu'au fond de ce conduit,
séparé le facial de l’auditif; nous avons ensuite sectionné le nerf
vestibulaire au niveau de la crête falciforme, et le nerf cochléaire
au niveau de la lame criblée spiroïde. Nous avons ainsi détaché
tout le paquet nerveux qui entre dans le conduit auditif interne.
Comme le ganglion de Scarpa est peu apparent et ne détermine
presque pas de saillie, du moins c'est ce que nous avons constaté
dans tous les nerfs auditifs que nous avons traités par l'acide
osmique, il a fallu, pour le trouver, procéder à la dissociation du
nerf vestibulaire. Cependant, lorsqu'on a enlevé les filets super-
ficiels du nerf, la partie ganglionnaire et les parties voisines
forment un segment beaucoup plus clair qui tranche sur la teinte
noire qu'a prise le nerf sous l'influence de l'acide osmique.
Lorsqu'on a mis ce segment à découvert, on peut l'étudier par
coupes. C’est ce que nous avons fait également. Ce ganglion peu
aussi s’étudier sur les rochersdesjeunes Mammifères. Dans ce cas
on procède par coupes. Chez eux,ilest assez difficile de se rendre
bien compte de la situation de ce ganglion. On peut même le
confondre avec les ganglions du voisinage qui en sont assez
rapprochés. On a donc tout avantage à l’étudier chez l'homme.
234 GABRIEL FERRÉ
Son volume est à peu près celui d'un grain de chénevis. Il
englobe tout le trajet du nerf de telle façon que lorsqu'on procède
à la dissociation du haut en bas, par exemple, on arrive à une
espèce de nœud placé sur le trajet du nerf et qui n’est autre
chose que le ganglion de Scarpa {PI IL, fig. 4, a).
Nous étudierons dans ce nerf: le stroma, les cellules nerveuses,
et les éléments fibrillaires qu’on y rencontre.
I. — Le stroma du ganglion de Scarpa est formé par des
fibrilles et des cellules de tissu conjonctif exclusivement ténues.
Ce tissu conjonctif fait suile aux faisceaux interstitiels des fibres
nerveuses du nerf vestibulaire. Il forme des mailles auxquelles
viennent participer les gaînes des nerfs en venant se jeter sur
les parois de ces mailles. La myéline des tubes nerveux s'arrête
à une certaine distance du ganglion, et la partie que nous avons
dessinée PI. IT, fig. 5, en est dépourvue; cependant l'acideosmique
a pénétré dans le ganglion, car les cellules ont pris une teinte
brune caractéristique. Ce défaut de myéline explique la différence
de coloration que prend le nerf vestibulaire au niveau du
ganglion.
La nature conjonctive de ce réseau est donc évidente. On peut
voir sur la figure 5 le réseau conjonctif en beten c.
II. — Les cellules nerveuses du ganglion de Scarpa ont été
toujours réputées comme cellules bipolaires. M. Coyne, qui les a
étudiées et chez le Chien et chez le Chat, dit que : « le ganglion
» est formé de grosses cellules nerveuses ovoïdes qui, par leur
» forme, rappellent celles qui constituent le ganglion spiral de
» Rosenthal chez ces mêmes animaux; elles forment un amas
» ganglionnaire en forme de bande allongée qui apparaît le long
de la face supérieure et postérieure du nerf auditif, et qui se
prolonge le long de ce nerf dans toute l'étendue de la base
d'implantation de la branche vestibulaire. Chaque cellule est
entourée par une sorte de loge qui l’'englobe exactement et qui
se continue en arrière et en avant avec les tubes nerveux. »
Chez l'Homme, où nous l’avons surtout éludié, ce ganglion
nous à paru absolument limité et forme une petile grosseur du
volume d’un grain de chénevis. Nous l'avons constaté sur
plusieurs sujets. Nous avons conservé, du reste, des parties des
nerfs vestibulaires que nous avons dissociés.
Les cellules nerveuses sont en effet de grosses cellules. Leur
dimension est de 30,14 environ dans leur plus grand diamètre.
Comme toutes les cellules nerveuses, elles sont granuleuses.
A4
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M
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“
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a
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M
Ÿ
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 235
Elles possèdent un noyau à peu près sphérique nettement dessiné,
de 12y de diamètre, et un nucléole (voir fig. 10). Le nucléoleest
très net, très réfringent. Il est double, très souvent, chez les
jeunes animaux. Mais ces cellules, bien qu'ayant un axe longi-
tudinal plus long que l'axe transversal, ne sont pas absolument
ovoïdes. On peut les voir sur la figure 5, où les cellules sont
entières et non coupées, car cette figure a été dessinée sur une
préparalion obtenue par la dissociation. On remarque qu’elles
sont plutôt polyédriques et qu’elles sont loin de ressembler aux
cellules ovoïdes que l’on trouve dans les ganglions spiraux, chez
les Poissons, par exemple. Elles portent deux prolongements
assez longs qui sont en continuité avec les tubes nerveux afférents
et efférents (PL. IE, fig. 6, a, b; fig. 7, a, b). Sur ces deux figure son
peut voir ces prolongements, légèrement granuleux, se détacher
du protoplasme.
Mais ce ne sont pas les seuls prolongements que présentent ces
cellules. On voit se détacher du protoplasma de petits prolonge-
ments clairs, brillants (fig, 6, c,c,e,c). Nous nous sommes demandé,
en présence de l'existence de ces prolongements, si ce n'étaient
pas là des fibrilles provenant du réseau conjonctif; mais, après
des dissociations minutieuses qui nous ont permis d'isoler les
cellules, nous nous sommes convaincu, et nous avons convaincu
d’autres personnes que c'étaient bien là des prolongements
cellulaires (fig. 5; fig. D). Ils se dégagent de ia cellule à différents
niveaux. Quelques-uns de ces prolongements traversent la mem-
brane d'enveloppe et vont s’anastomoser avec ceux des cellules
voisines (fig. 9; fig. 10). Le fait nous paraissant assez extraordi-
naire, nous l’avons fait constater sur les préparations qui ont
servi à nos dessins. Ces anastomoses ont été constatés sur une
coupe très mince du ganglion de Scarpa. 11 nous a même paru
exister une série de fibrilles arrondies, très réfringentes, formant
entr'elles des anostomoses et des mailles en rapport avec des
petits prolongements cellulaires. Mais nous n'avons pas encore
de certitude à ce sujet.
Ainsi, ces cellules nerveuses peuvent être regardées comme
des ceilules multipolaires anastomosées. Deux des prolongements
l'emportent sur les autres. La constatation de l'existence de ces
derniers n’est pas toujours chose facile ; ils ne sont pas toujours
placés aux points que l’on est convenu d'appeler les deux pôles
d’une cellule, c’est-à-dire aux extrémités d’un même diamètre.
Dans le ganglion de Scarpa, les cellules sont donc non
236 GABRIEL FERRÉ
seulement en rapport de contiguité, comme on le pensait, mais
encore en rapport de continuité. On peut rapprocher ce fait de
celui que nous avons constaté dans le ganglion de Rosenthal, où
nous avons. vu exister des filets commissuraux.
III. — Les fibres nerveuses que l'on rencontre dans ce gan-
glion sont des fibres ordinaires, moins la gaîne de myéline qui
nous à paru faire défaut sur nos préparations. Elles sont entre-
croisées tout en conservant une direction générale dans le sens
du nerf.
Les fibres issues du vestibule vont donc aboutir à des cellules
nerveuses anastomosées et, de ces cellules, partent de nouvelles
fibres qui vont aboutir à l’encéphale. Il existe donc, sur le trajet
de ces fibres, un centre intermédiaire.
Le nerf cochléaire, comme nous l'avons vu, naît du limaçon
par une série de trous qui forment la lame criblée spiroïde. Les
faisceaux vont se réunir à environ 1 centimètre 1/2 de cette lame,
de telle façon que le nerf a la forme d’une surface gauche dont
un bord, correspondant au centre de la lame criblée, est cylin-
drique, tandis que l’autre est linéaire et s'étend obliquement
jusqu'au nerf vestibulaire, la surface comprise entre les deux
axes ayant le forme d’un éventail légèrement enroulé (voir fig. 8).
Tout à fait à l'extrémité du bord tranchant, il existe un faisceau
de fibres nerveuses qui aboutit au commencement de la lame
spirale et dans la cloison de séparation du saccule et de l’utri-
cule : par le fait, ce faisceau à une distribution plutôt vestibu-
laire que limacéenne. On trouve, sur cette portion qui mesure
chez l'Homme de 1/2 millimètre à 1 millimètre de largeur, un
petit renflement peu apparent, qu'on peut comparer à un
crain de millet comme volume, situé juste à la même hauteur
que le ganglion de Scarpa, qui est son voisin immédiat (voir
fig. 4). La séparation qui est indiquée sur la figure n'existe
presque pas à l’état normal. C’est une simple fente que nous
avons élargie pour les besoins de l'étude. Ce ganglion, dont
l'existence a été signalée par Boettcher, et niée par quelques
analomistes, existe cependant, et nous l'avons trouvé sur tous
les rochers que nous avons examinés. Il est absolument limité
en dedans, ainsi que nous le représentons sur la figure 4, où les
nerfs du tronc cochléaire et du nerf vestibulaire ont été dessinés
par leur face postérieure ; ils sont représentés relevés. Les
limites de cet amas ganglionnaire sont très nettes, car la disso-
ciation des filets du nerf cochléaire situés à sa gauche ne donnent
CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 244
rien au point de vue des cellules nerveuses. Par conséquent, ce
ganglion ne reçoit que des fibres venant du vestibule.
Ce ganglion, par sa situation, par sa forme, par sa consistance,
nous paraît être une dépendance de celui de Scarpa. Du reste, sa
structure est absolument identique. Nous avons trouvé, après
coupes et dissociation, la même forme du stroma, la même forme
des cellules nerveuses avec leurs prolongements tels que nous
les avons représeutés pour le ganglion de Scarpa. Nous ne revien-
drons pas davantage sur cette structure.
Nous pouvons conclure d'ores et déjà que nous trouvons sur les
filets nerveux, venant du vestibule, des cellules ganglionnaires,
absolument comme nous en avons trouvé sur les filets limacéens.
li est important de mettre ce fait en évidence, car c’est une ana-
logie de plus entre la terminaison vestibulaire du nerf auditif et
sa terminaison limacéenne.
C'est encore un fait important sur lequel nous reviendrons dans
nos conclusions, au point de vue de l’anatomie générale, car il
démontre sur le nerf auditif la présence de centres nerveux inter-
médiaires.
Après avoir traversé ces ganglions, les filets nerveux repren-
nent leur structure ordinaire et vont former, par leur réunion, le
tronc de l’auditif proprement dit.
Nous avons poursuivi l'étude de ce nerf jusqu’à environ
1/2 centimètre au-delà de la réunion des nerfs vestibulaire et
cochléaire : quoique, à ce niveau, il existe une légère tuméfaction
du nerf, malgré les dissociations les plus minutieuses faites sur
toute la largeur du tronc nerveux, nous n’avons pu trouver de
cellules ganglionnaires.
Nous avons arrêté à ce niveau l'étude histologique de l’auditif,
nous promettant de continuer cette étude que nous avons com-
mencée dans notre thèse, que nous avons continuée dans un
article publié dans les Annales d'otologie, intitulé « Contribution à
l'étude de la cupule terminaie », et que nous poursuivons dans le
présent travail jusqu'à 1/2 centimètre au-üessus de sa bifurcation,
en allant des extrémités vers le tronc.
Mais avant d'arriver aux conclusions que nous avons à tirer de
ce travail, il est intéressant de parler d’un fait que nous avons
constaté, et qui est celui-ci : Nous avons trouvé, en dissociant les
nerfs auditifs d’un vieillard, nerfs qui provenaient d’un rocher
uniquement traité par l'acide chlorydrique, de gros corpuscules
que nous avons représentés dans les figures 11 et 12, et qui ne
234 GABRIEL FERRÉ s
sont autre chose que des corps amyloïdes. À première vue et à un
faible grossissement, ils pouvaient passer pour des cellules gan-
glionnaires, mais, après un examen attentif, nous avons vu ces
corpuscules composés de couches concentriques réfringentes.
Traités par l’iode ils ont pris une couleur brun acajou, ce qui
n’est pas étonnant après leur séjour dans l'acide chlorydrique.
Nous croyons que c’est la première fois que l’on signale la pré-
sence de ces corps dans l'auditif. Ils ont été signalés par Lebert
dans le nerf optique, où ils ont été trouvés à l’état pathologique
et à l’état normal. Nous avons figuré deux préparations. — Dans
l'une (fig. 11), un de ces corpuscules est isolé et a été coloré par
l'iode ; dans l’autre (fig. 12), nous voyons trois de ces corpuscules
superposés, et deux plus petits au-dessous. Ils ont été teints par
la fuchsine dans cette seconde préparation.
CONCLUSIONS
Une première conclusion à tirer de l'étude que nous venons de
faire, c'est que les filets nerveux provenant des terminaisons du
labyrinthe passent par un ganglion : ces filets, venus du limaçon,
passent par le ganglion spiral et par la partie du ganglion de
Scarpa découverte par Boettcher; les filets venus du vestibule
passent par le ganglion de Scarpa. C’est là une analogie qui nous
paraît maintenant nettement établie entre l’auditif et les nerfs de
sensibilité spéciale tels que l'optique, qui possède des cellules
ganglionnaires dans la rétine, et tels que l’olfactif, qui en possède
aussi dans son bulbe. Il est, du reste, intéressant de remarquer
que trois nerfs, dont la modification directe de perception est la
vibration, vont passer directement, avant d'aboutir à des filets
encéphaliques, par des centres intermédiaires. Pour établir cette
analogie entre les ganglions de l’auditif, d’une part, et, d'autre
part, avec la couche ganglionnaire de la rétine et le bulbe olfactif,
nous avons fait remarquer que nous n'avons trouvé aucune cel-
lule ganglionnaire sur les terminaisons nerveuses de l'auditif,
soit dans le limaçon, soit dans le vestibule. Nous n’en trouvons
aucune dans la partie des filets terminaux comprise entre l’or-
gane de Corti, les crêtes auditives, les tâches acoustiques et les
ganglions de Scarpa ou de Corti.
Ce fait est identique à celui que l’on constate sur l'optique où
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 239
la couche multipolaire de la rétine est unique, sur l’olfactif où
il n’y a de cellules ganglionnaires que dans le bulbe de ce nerf.
De plus, on peut rapprocher les qualités de ces différentes cel-
lules. Comme les cellules de la rétine, les cellules du ganglion de
Scarpa offrent des anastomoses, les cellules du ganglion de Corti
sont commissurées sinon anastomosées, ce que nous nous promet-
tons de rechercher. Nous nous prometlons de rechercher aussi, si
les cellules du bulbe olfactif ne présentent pas des anastomoses ;
les propriétés physiques de ce bulbe rapprochées de celles des
ganglions auditifs le faisant soupçonner. Ce fait d'analogie ne
paraît pas très étonnant si l’on tient compte de l'identité d’origine
de ces trois nerfs. Ce ne sont en effet que des émanations céré-
brales développées dans le feuillet externe du blastoderme : la
rétine n'est en effet qu'une circonvolution cérébrale renversée ;
l'olfactif forme un vrai cerveau chez certains animaux ; la vési-
cule auditive naît aussi du feuillet externe du blastoderme qui
forme tout d'abord la fossette auditive. Nous n'insisterons pas
davantage sur ces analogies.
Considérons la question à un point de vue moins général, et
examinons de nouveau quelles relations existent entre les deux
groupes de terminaisons de l’auditif. Nous ne reviendrons pas
longuement sur les analogies que nous avons démontrées dans
nos précédents travaux, entre la terminaison limacéenne et la
terminaison vestibulaire.
La perception auditive se fait par des cellules ciliées : cellules
de Corti (fig. £, r), cellules de Deiters (fig. Æ, q), cellules en
brosse (A), et cellules à poil {g). Ces différentes cellules sont
maintenues dans une situation fixe, comme nôus l’avons indiqué
dans le présent travail, par différents organes de soutien, dans
une direction constante, par des cellules rondes de soutien dans
le vestibule, représentées dans la figure Æ par la lettre f, et dans
le limaçon, par les arcs de Corti, par les cellules de Claudius,
représentés dans la même figure par la lettre ».
Les cellules ciliées de Corti et les cellules en brosse perçoivent
les vibrationsde l’endolymphe comprises dans un petit espace qui
les surmonte et qui est situé entr’elles et l’organe de recouvre-
ment que nous avons appelé organe de réglementalion.
Comme nous l'avons déjà dit dans notre thèse, dans le vesti-
bule, les vibrations se transmettent par les parois jusqu’à ces
espaces. Dans le limaçon, comme nous l’avons déjà expliqué dans
ce présent travail, les vibrations après réflexions sur les parois
240 GABRIEL FERRÉ
du canal de Corti, vont faire vibrer les lames élastiques de la por-
tion striée de la membrane basilaire (fig. Æ, w), vont se trans-
mettre par le solide x jusqu’à l’espace p, et impressionnent de
cette façon les cils des cellules de Corti qui baignent dans l’en-
dolymphe comprise dans cet espace.
Fig. E.
Schéma pour montres les analogies des branches de l’auditif.
a, tronc de l'auditif;, — b, rameau cochléaire; — c. rameau vestibulaire ; —
d, ganglion de Scarpa et de Boettcher; — e, ganglion de Corti; — f, paroi du ves-
tibule ; — 4, cellule à poil auditif; — h, cellule en brosse; — à, espace intermé-
diaire aux cellules et à la cupule terminale ; — k, cupule terminale; — 1, parois
de la lame spirale; — m, membrane de Corti; — n, partie de l'organe de Corti,
solide, comprenant les cellules de Claudius, les ares de Corti et les cellules qu'ils
renferment; — 0, portion lisse de la lame basilaire ; — p, espace intermédiaire aux
cellules de Corti et à la membrane de Corti; — q, cellules de Deiters; — r, cel-
lule de Corti; — s, voyez n; — t, sens dans lequel sont transmises les vibrations
des stries de la portion striée de la lame basilaire uw; — x, incidence sur le liga-
ment spiral des vibrations de l’endolymphe; — y, réflexion de ces mêmes vibra-
tions sur la lame basilaire striée,
Mais l'impression ainsi reçue ne doit durer qu'un temps déter-
miné. À ce moment intervient l'organe réglementateur représenté
par la cupule terminale (fig. Æ, k), pour les crêtes auditives, par
CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 241
les otolithes pour les {âches acoustiques, et par la membrane de
Corti (nm) pour l'organe de Corti. Les cellules de Deiters et les cel-
lules à poil dont nous avons pu constater l’analogie de structure
dans ces nouvelles recherches, sont les organes actifs de cette
règlementation.
Mais sil existe des organes règclementateurs des mouvements
des cils des cellules de Corti ou des cellules en brosse, il doit en
exister d'autres destinés à être les agents primordiaux de cette
règlementation, c'est-à-dire il faut qu'il y ait des centres qui, par
action réflexe, tiennent sous leur dépendance les agents actifs de
la réglementation : les cellules à poil et les cellules de Deiters.
Nous croyons avoir trouvé ces centres en établissant la présence
de cellules ganglionnaires sur le trajet des fibres nerveuses
issues des terminaisons nerveuses. Ces centres seraient donc :
le ganglion spiral et le ganglion de Scarpa.
Nous voyons en effet des fibres nerveuses partir des cellules de
Corti ou des cellules en brosse, nous en voyons partir des cel-
lules de Deiters et des cellules à poil ; les unes et les autres abou-
tissent aux ganglions auditifs. Si nous considérons une fibre par-
tant d’une cellule de Corti, aboutissant aux ganglions, et une fibre
allant aux cellules de Deiters, l’ensemble de ce système forme une
chaîne nerveuse absolument disposée pour une action réflexe.
Les fibres venues des fibres de Corti sont des fibres d’aller pour
l'impression nerveuse; les filets se rendant aux cellules de Deiters
sont des fibres de retour pour la règlementation.
Les cellules des ganglions de l’auditif, par leur disposition
anastomotique, sont aussi des centres de centralisation des diffé-
rentes ondes vibratoires, et permettent de percevoir, non seule-
ment l'intensité et la hauteur du son, mais encore le timbre de
ce dernier, en nous faisant ressentir un son fondamental et ses
harmoniques. Les impressions modificatrices des cellules ner-
veuses sont ensuite portées aux centres encéphaliques par les
fibres partant de ces ganglions et formant le tronc de l’auditif.
Voilà donc les conclusions auxquelles nous a amené l'étude
des filets terminaux de l’auditif et des ganglions qu'ils traversent :
analogies entre ce nerf et les autres nerfs de sensibilité spéciale,
tels que l'optique et l’olfactif; présence des centres réflexes de
règlementation des vibrations ; présence d'organes centralisateurs
des impressions vibratoires reçues par les éléments terminaux
ciliés de l'oreille.
16
242 GABRIEL FERRÉ
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
Scarpa, Anatomicæ de audilu el olfactu. Ticini, 4789.
F. Rosenthal, Ueber den Bau der Spindel im menschlichen Ohr. Meckel's
deutsches Archiv für die Physiologie, VIIT, 1833.
Boettcher, Archiv für Ohrenheilkunde, IX.
Id., Ueber Entwickelung und Bau des Gehürlabyrinths nach Untersuchungen
nach Séugethieren. Dorpat, 1869.
Id., Weitere Beitrige zur Anatomie der Schnecke. Wirchow’s Archiv, XVI,
1859.
Id., Ueber den Aqueductus veslibuli bei Katzen und Menschen. Reichert und
du Bois-Reymond's Archiv, 1869.
Id., Krilische Bemerkungen und neue Beiträge zur Lileralur des Ohrlaby-
rinths. Dorpat, 1872.
Lôwemberg, Etudes sur les membranes et canaux du limaçon. Gaz. hebd,
n° 42, 1864.
Id., La lame spirale du limacon de l'oreille de l'Homme et des Mammiféres.
Paris, Baillière, 4867-1868; et Journal de l’Anatomie et de la Physiologie,
1866 et 1868.
Id., La lame spirale du limacon et l'organe de Corti. 1870.
Index bibliographique de notre thèse : Contribution à l'étude de la crête
auditive chez les Vertébrés. Thèse de Doctorat, Bordeaux, 1882.
P. Coyne, Ouie. Dict, encyclopédique, 1883.
P. Coyne et G. Ferré, Contribution à l’élude de la cupule terminale. Annales
des maladies de l'oreille et du larynx. Paris, 4884. Fascicule 1. Voir l'Index
bibliographique.
EXPLICATION DE LA PLANCHE II.
Fig. 1. — Coupe longitudinale du ganglion spiral. On y voit les différents fais-
ceaux nerveux imprégnés par l'acide osmique.
a, ilot de cellules ganglionnaires avec les faisceaux nerveux afférents à gauche de
\Ja figure, efférents à droite; — b, faisceau traversant un ilot ganglionnaire ; — e, d,
faisceaux héliçoïdaux entrecroisés ; — e, bandelette nerveuse externe du ganglion;
— f, faisceau héliçoïdal isolé parallèle aux bandelettes interne et externe du gan-
glion ; — 4, bandelette nerveuse interne.
Fig. 2. — Coupe ayant porté sur un faisceau héliçoïdal complet.
a, partie de ce faisceau afférente au ganglion c; — b, partie efférente du méme
faisceau aboutissant à la lame spirale g; — e, ganglion spiral avec faisceaux affé-
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 243
rents ; — f, faisceaux afférents coupés transversalement; — d, faisceaux héliçoï-
daux afférents; — h, insertion de la membrane de Corti; — 1, membrane de Reiss-
ner; — k, origine du faisceau a, dans le noyau du limaçon.
Fig. 3. — Portion d’une coupe longitudinale du ganglion spiral,
b, faisceau de fibres nerveuses, allant d’un ilot a à un ilot c de cellules ganglion-
paires; — d, bandelette nerveuse interne du ganglion.
Fig. 4. — Nerf auditif, tronc, branches cochléaire et vestibulaire. Les nerfs sont
relevés d’arrière en avant.
a, ganglion de Scarpa sur la branche vestibulaire c; — g, branche cochléaire
sur laquelle on remarque le filet k, destiné au commencement de la lame spirale et
à une certaine portion du vestibule. Cette portion comprend le petit ganglion b,
découvert par Boettcher ; — f, limaçon sectionné; — à, conduit auditif interne; —
d, nerf facial.
Fig. 5. — Portion du ganglion de Scarpa. Adulte 35 ans.
a, cellule nerveuse; — b, cellule nerveuse dans son alvéole; c, alvéole vide; —
d, faisceaux nerveux.
Fig. 6. — Cellule nerveuse isolée du ganglion de Scarpa.
a, prolongement afférent; — b, prolongement efférent sectionné; — ec, €, €, c,
prolongemen ts.
Fig. 7. — Cellule nerveuse du même ganglion.
a, prolongement afférent ; — b, prolongement efférent; — c, membrane d’enve-
loppe avec noyaux.
Fig. 8. — Cellule nerveuse du même ganghon comprise dans une maille du
stroma ganglionnaire.
Fig. 9. — Deux cellules nerveuses contenues dans les mailles du stroma.
a, cellule supérieure; — ce, cellule inférieure ; — b, cloison de la maille intermé-
diaire; — d, prolongements cellulaires anastomosés.
Fig. 10. — Deux cellules nerveuses avec prolongements 4, &, anastomosés.
Fig. 11. — Corps amyloïdes du nerf auditif, coloré par l’iode. Vieillard 62 ans.
Fig. 12. — Trois corps amyloïdes du nerf auditif superposés colorés par la fuch-
sine, au-dessous se voient deux grains amyloïdes beaucoup moins volumineux.
INSEE
SUR LES
SAR COSPORLDIES
ET SUR UN
ESSAI DE CLASSIFICATION DE CES SPOROZOATRES
Par le D' Raphaël BLANCHARD
HISTORIQUE
En 1843, F. Miescher (1), professeur à Bâle, eût l’occasion de
pratiquer l’autopsie d’une Souris qui avait été capturée dans son
appartement. La peau enlevée, les muscles attirèrent son atten-
tion par un aspect strié tout spécial : ils étaient un peu plus pâles
que d'habitude. L'examen microscopique permit d'y reconnaître,
allongés dans le sens des fibres musculaires, des sortes de tubes
dont l'épaisseur était environ quatre à six fois plus considérable
que celle des faisceaux primitifs du muscle : leur diamètre trans-
versal variait en effet de 44 à 208% (1/32 à 1/11 de ligne, mesure
de Paris); ces tubes avaient pour paroi une simple membrane
anhiste.
Les formations en question se rencontraient également dans
tous les muscles du tronc, des extrémités, du cou et de la face,
dans ceux des yeux aussi bien que dans le diaphragme. Au con-
traire, les muscles de la langue, ainsi que ceux du pharynx et du
larynx et tous les muscles involontaires (cœur, œsophage, intes-
tin) étaient demeurés normaux.
() F. Miescher, Ueber eigenthümliche Schläuche in den Muskeln einer Hausmaus.
Berichte über die Verhandl. der naturforsch. Gesellschaft in Basel, V, p. 198-202,
1813,
NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 245
Le contenu des tubes était constitué par des grains fortement
serrés et comme agglutinés entre eux. Ces grains, pour la plupart
allongés et réniformes, étaient longs de 9 à 144 et larges de 3,7 à
6,4. D’autres, en nombre égal, étaient sphériques et tous à peu
près d’égales dimensions : leur diamètre variait entre 7 et
8,3 u (1).
Miescher pensa que la membrane des tubes était identique au
sarcolemme, mais ne sut se prononcer sur la véritable nature des
corpuscules qui se trouvaient accumulés à son intérieur. Il passe
en revue deux opinions : ou bien il s'agissait là d’un état patho-
logique particulier de la fibre musculaire, ces corpuscules s’étant
accumulés à la place des fibrilles à l’intérieur du sarcolemme ; ou
bien les corpuscules étaient de nature parasitaire, et alors des
recherches ultérieures sont nécessaires pour décider si le parasite
est animal ou végétal. Nous le répétons, Miescher ne se prononce
pas ; il trouve pourtant que la seconde opinion est la plus vrai-
semblable.
La même année, von Siebold (2) résume l’observation de Meis-
cher et, comme lui, reste dans le doute quant à la nature des
tubes.
Ces mêmes formations furent retrouvées encore par Herbst (3)
dans les muscles du Porc. Suivant cet auteur, elles y seraient
même extrêmement abondantes, puisqu'on les y rencoutre environ
dans 50 pour 100 de cas. Semblable proportion a été indiquée
également par Rupprecht (4).
Déjà en 1846, Th. von Hessling avait rencontré dans les muscles
du poitrail d’un Chevreuil, cachés à l’intérieur des faisceaux pri-
(1) Il est vraisemblable que les mesures indiquées par Miescher dans cette partie
de son mémoire ont été mal prises ou plutôt mal notées. La comparaison avec ce
qui va suivre nous montre qu'elles sont environ 10 fois trop faibles. Nous pensons
donc qu'il y a eu erreur dans la place attribuée aux virgules, en écrivant les
fractions décimales. Aussi, en convertissant les lignes en millimètres, croyons-nous
devoir multiplier par 10 les chiffres obtenus.
(2) C. Th. von Sicbold. Bericht über die Leistungen im Gebiete der Anatomie und
Physiologie der wirbellosen Thiere in dem Jahre 1842. Müller’s Archiv, 18143. —
Voir page Lx.
(3: Herbst. Nachrichten von der G. A. Universität und der k. Gesellschaft der
Wissenschaften zu Gôttingen, n° 19, 1851.
(4) Rupprecht, Die Trichinenkrankheït im Spiegel der Hettstedter Endemie be-
trachtet. 1861.
246 RAPHAËL BLANCHARD
milifs, des corps granuleux et allongés dont la signification lui
échappa tout à fait. Par la suile, il vit encore ces corpuscules
dans les tibres de Purkinje et dans les fibres musculaires du cœur
du Bœuf, puis dans le cœur du Veau et particulièrement dans
celui du Mouton (1); il reconnut alors leur analogie avec ceux
qu'avait décrits Meischer.
Ces corpuscules peuvent être aisément isolés de leur gaîne
musculaire : on leur reconnaît alors une membrane d’enveloppe
et un contenu. La membrane est anhiste, transparente, très élas-
tique, épaisse de 1 w 25 à 6 4 35 (0,0006 à 0,003 de ligne). Le con-
tenu varie d'aspect suivant les tubes dans lesquels on l’examine :
dans ceux que von Hessling considère comme les plus jeunes, il
est libre à l’intérieur de la membrane d'enveloppe; dans les
tubes plus âgés, on le voit au contraire se condenser en amas qui
s'aplatissent réciproquement et dont le nombre augmente avec
l'âge; ces amas ont un diamètre de 31 4 70 à 38 w 70 (0,015 à 0,018
de ligne) et sont séparés les uns des autres par une enveloppe
dont l'épaisseur est à peine appréciable.
La taille de ces tubes est variable : le plus grand diamètre des
corpuscules arrondis est de Omm25:; ceux qui étaient oblongs
avaient au maximum 0%"315 à 0"%420 de long sur 0""105 à Omm167
de large. Les corpuscules qu'ils renferment sont arrondis ou plus
fréquemment ovales, un peu incurvés, rémiformes ou même en
croissant avec leurs extrémités effilées. Les dimensions des cor-
puscules ovales sont de 10 à 124 pour la longueur, de 4 4 25 à
6435 pour la largeur; celles des corpuscules arrondis sont de
8 u A0.
A la suite du mémoire de von Hessling, C. Th. von Siebold (2)
publia une courte notice dans laquelle il fit ressortir la ressem-
blance parfaite des observations de von Hessling avec celles de
Miescher. Il ajoute que, depuis longtemps, Miescher lui a envoyé
un dessin (fis. 4) représentant les tubes qu'il a rencontrés dans
les muscles de la Souris. Depuis lors, ces tubes ont été retrouvés
à Erlangen, par Siebold lui-même, dans les muscles obliques de
l'abdomen de la Souris et du Rat; Bischoff, de Giessen, les a aussi
observés en 1845 dans tous les muscles d'un Rat.
@) Th. von Hessling, Histologische Mittheilungen. Zeitschrift für wissenschaftliche
Zoologie, V, p. 189, 1854. — Voir p. 196.
(2) C. Th. von Sicbold, Zeitschrift für wiss, Zoologie, V, p. 199, 1851. — Planche
X, fig. 10 et 11.
NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES- 247
Siebold ne pense pas qu'il s'agisse d’un état pathologique du
muscle; il est de l'avis de Bischoff, qui a reconnu que ces tubes
étaient renfermés à l'intérieur de la
gaîne de sarcolemme. Enfin, il se pro-
nonce nettement pour leur nature pa-
rasitaire : Miescher n'avait su dire si
c'élaient des animaux ou des plantes;
quant à lui, considérant que ni le tube
ni son contenu n’accomplissent jamais
le moindre mouvement, il les range
parmi les Mucorinées.
Quelques anzées plus tard, Rainey (1)
étudia le développement du Cysticercus
cellulosæ dans les muscles du Porc. Il
rencontra en grand nombre les tubes
de Miescher et en donna une série de
figures, mais, par une erreur singulière,
illes considéra comme représentant les
premières phases du développement du
Cyslicerque. Miescher décrivait la paroi
du tube comme anhiste; pour Rainey,
elle est au contraire couverte de fibres
courtes, qui deviennent plus grandes et
plus distinctes à mesure que « lanimal-
cule » s'accroît. « Ces fibres, dit-il, sont
particulières; je ne connais rien qui
leur soit analogue. Elles n'ont pas le
contour net et bien défini des vrais cils,
elles ne sont pas pointues comme des
soies, ni ondulées comme des cirrhes..
Re
peu près 12 u.»
Le professeur Leuckart (2) retrouva
formations signalées par Rainey; leur
Fig. 1. — Tubes observés
par Miescher dans les muscles
de la Souris.
… Leur longueur est d’à
bientôt chez le Porc les
structure était celle que
celui-ci leur avait assignée : c’étaient des tubes longs en moyenne
de 1mnm et large de 80 (fig. 2). Le revêtement de fins bâtonnets se
(1) G. Rainey, On the structure and development of the Cysticercus cellulosæ, as
found in the muscles of the pig. Philosophical Transactions, CXLVII, p. 111-127,
1858. — Voir aussi PI. X, fig. 8 à 16.
) R. Leuckart, Die Parasiten des Menschen. 1.
Auflage, 1863. — Voir p. 238.
248 RAPHAËL BLANCHARD
pouvait observer à la surface, du moins sur la plupart des exem-
plaires; chez les autres, la membrane d’enveloppe était simple-
" B ment traversée de
fins canalicules po-
reux. Leuckart con- -
sidère le premier de
ces états comme dé-
rivant du second,
par suite d’une sorte
de désagrégation de
la cuticule, comme
cela se voit d’ailleurs
pour le plateau des
cellules de l’épithé-
hum intestinal. Il
observe les tubes de
Rainey chez 5 Porcs
sur 18; il les rencon-
tre aussi chez le
Mouton, 2 fois sur 4.
Fig. 2. — Psorospermies des muscles du Porc, d'a- Cette dernière obser-
près Leuckart, — À, grossies 40 fois. — B, fibre mus-
culaire contenant un tube psorospermique, grossie
100 fois.— C, corpuscules réniformes isolés.
vation démontre que
ces productions
n'ont rien à voir avec
le développement des Cysticerques ; ce sont plutôt des organismes
analogues aux tubes qu'ont décrits Miescher et von Hessling.
Dans un autre ouvrage, Leuckart (1) revient encore sur ces pa-
rasites. Il ne lui semble pas impossible que les corpuscules réni-
formes se développent en de nouveaux lubes, après avoir passé
par un état amiboïde qui leur aurait permis de sortir de l'intestin
pour pénétrer jusque dans les muscles. Celte opinion repose du
reste sur l'expérience suivante : À un Porc, dont les muscles,
examinés au moyen du harpon, se sont montrés dépourvus de
tubes psorospermiques, on fait ingérer une certaine quantité de
viande qui en est au contraire infesiée. L'animal est sacrifié six
semaines après le dernier repas et environ dix semaines après le
premier : les muscles sont alors farcis d'un très grand nombre de
tubes dont la taille est très peu considérabie.
(1) R. Leuckart, Untersuchungen über Trichina spiralis. Leipzig, 1866. — Voir
pe
NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 249
Krause (1) à souvent observé les tubes psorospermiques dans
les muscles de l’œil chez le Bœuf, le Veau, le Porc, le Mouton, le
Chien, le Chat, il ne les a jamais rencontrés chez l'Homme. Ces
tubes, en tout conformes à la description qu'en a donnée von
Hessling, étaient emprisonnés à l’intérieur des fibres musculaires.
Waldeyer (2) les a vus encore chez le Porc. Il les décrit comme
des productions ovales ou fusiformes, situées à l’intérieur du sar-
colemme et tranchant par leur coloration blanche sur la teinte
rouge du muscle. Les tubes sont limités par une membrane déli-
cate et anhiste ; ils sont longs de 0,4", de 0,8"" et même de 1"",
larges de 0,2 à 0,5"*, Leur contenu est conslitué par les corpus-
cules ordinaires, arrondis ou fusiformes, ces üerniers étant de
beaucoup les plus nombreux et s'incurvant même en croissant.
Les dimensions des corpuscules sont de 6 à 9 g pour la longueur,
de 3 à 4,5 pour la largeur. Chacun d'eux se compose d'une mem-
brane d’enveloppe délicate et homogène et d’un protoplasma infil-
tré de granulations sombres et dans lequel on peut distinguer de
deux à quatre zones plus claires et arrondies.
Notre auteur à constaté que le tissu musculaire demeure tou-
jours parfaitement sain au voisinage des kystes. Mais ce qui est
bien plus intéressant, c’est l'observation qu'il a pu faire de mou-
vements exécutés par les Psorospermies. Ues mouvements seraient
de deux sortes : la rotation autour du grand axe, puis la contrac-
tion du corpuscule sur lui-même ; ils peuvent durer deux heures
dans des véhicules liquides tels que l'humeur vitrée et la solution
d'acide chromique à 0,01 pour 100.
Virchow (3), au cours de ses recherches sur la Trichine, a ren-
contré fréquemment les tubes de Miescher : il note qu'ils ne
provoquent jamais aucune altération du tissu muscula're. Cet
observateur n’a jamais pu se convaincre de l'existence de cils ou
de soies à la surface des tubes et il pense que cet aspect, dans les
cas où il a été signalé, était dû à ce que des parcelles de substance
A) W. Krause, Ueber die Endigung der Muskelnerven. Zeitschrift für rationnelle
Medicin, (3,, XVIII, p. 136, 1863. — Voir p. 156.
(2) W. Waldeyer, Ueber Psorospermiencysten in den Muskeln des Schweines. Cen-
tralblatt für die med. Wissenschaften, I, p. 849, 1863.
(3) R. Virchow, Darstellung der Lehre von den Trichinen. Berlin, 1864. Voir
p. 20 et suiv. — Id., Zur Trichinen-Lehre. Virchow's Archiv, XXXII, p. 332, 1869.
Voir p. 356 ef suiv.
250 RAPHAËL BLANCHARD
musculaire étaient restées adhérentes à la membrane. Il rapporte
d'autre part l'opinion de l’archidiacre Schmidt, d'Aschersleben,
duquel il avait reçu les premiers échantillons de viande infestée,
et qui lui écrivait à la date du 24 novembre 1863 : « Même sur de
grands tubes et même aux deux extrémités de ceux-ci, le revête-
ment ciliaire est fréquemment de très petites dimensions; sur les
petits tubes, au contraire, il se prolonge en arrière sous forme de
longues villosités. Les cils se réunissent souvent en une mem-
brane large et striée : il se forme alors une membrane d'épaisseur
très régulière, nettement striée, et qui ne montre plus trace de
cils. » Virchow a cherché encore à déterminer les phases de l'évo-
lution du parasite : il a nourri des Chats et des Lapins avec de la
viande de Porc renfermant de grandes quantités de Psorospermies,
mais ces expériences demeurèrent sans résultat. Il conclut sim-
plement que l'ingestion de viandes ainsi infestées est inoffensive.
C’est encore chez le Porc que Ripping (1) a rencontré les tubes
de Miescher. Dans les muscles de l'œil, ils mesurent 1,5" de
long sur 0,11"" de large; leur enveloppe est anhiste et couverte
de soies ou poils raides, immobiles, longs de 13 «, épais de 1,2k ;
leur contenu consiste en corpuscules sans nombre, arrondis ou
réniformes, mesurant 10 y.
Jusque-là, rien qui ne nous soit déjà connu; aussi n'est-ce point
dans ce que nous venons de dire que réside l'intérêt de la note
de Rippinug, mais bien dans l'opinion que se fait cet auteur de la
nature des tubes : avec Lieberkühn (2), il les range parmi les
Grégarines, manière de voir qu'ont confirmée les travaux les
plus récents. « Les corpuscules réniformes, ajoute-t-il, doivent
être considérés comme des germes qui deviennent libres dès que
les muscles qui renferment les tubes sont digérés dans l'estomac
d'un autre animal. 11 est présumable que les tubes proviennent de
ceux-ci, après migration dans les muscles du nouvel hôte. »
Moins bien inspiré a été le professeur Kübn (3), de l'Institut
(1) L. H. Ripping, Beiträge sur Lehre von den pflanzslichen Parasiten beim Men-
schen. Zeitschrift für rationnelle Medicin, (3), XXII, p. 133, 1865. — Voir p. 139,
Ueber die Miescher'schen Schläuche.
(2) Lieberkühn. Sitzungsberichte der Gesellschaft naturforschender Freunde zu
Berlin, 16 Februar 1864.
(3) Jul. Kübhn, Untersuchungen über die Trichinen-Krankheit der Schweine. Be-
richt an den Minister der geistlichen, Unterrichts- und Medicinalangelegenheiten.
Mittheilungen des Jlandwirthschaftlichen Instlitutes der Universität Halle, 1865.
NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 954
agronomique de Halle, qui a lui-même fréquemment observé les
tubes de Miescher et qui crut devoir les considérer comme des
parasites végétaux du groupe des Chytridinées; il les rangea dans
le genre Synchytrium de Bary et les désigna sous le nom de
S. mischerianum. Il les a vus chez le Porc dans 89,5 pour 100 des
cas et les a rencontrés aussi assez souvent chez le Rat, mais une
fois seulement chez la Souris. Ajoutons encore que ce même
auteur signala le premier ces productions chez la Poule, tous les
faits précédents se rapportant exclusivement aux Mammifères.
Une description plus complète que celle de Ripping, quoique
plus défectueuse à certains égards, est due à Leisering et Win-
kler (1). Le vétérinaire départemental Winkler, de Marienwerder.
avait vu, dans le courant de l’année 1864, un grand nombre de
Moutons mourir subitement : l’autopsie lui révélait l'existence, sur
tout le trajet de l'œsophage, de kystes particuliers, dont la nature
lui était inconnue. Winkler fit part de son observation à Leisering
et lui adressa des préparations à l'appui; celles-ci, communiquées
à Gurlt, furent reconnues comme renfermant des tubes psoro-
spermiques. Leisering put d’ailleurs examiner lui-même un æ@so-
phage qui présentait sur toute sa longueur de nombreux nodules
d'aspect jaunâtre, de la grosseur d’un pois à celle d’une noisette ;
ils étaient renfermés dans la couche musculeuse de l’æsophage
et faisaient saillie extérieurement, dans le tissu conjonctif am-
biant ; ils ressemblaient à des petits abcès pleins de pus. Sion
les ouvrait, on voyait s'écouler de quelques-uns d’entre eux un
liquide lacto-purulent, au sein duquel le microscope laissait voir
en nombre immense les petits corpuscules réuiformes qui forment
le contenu des tubes psorospermiques. Après l'écoulement du
liquide, il restait dans les nodules une masse plus cohérente,
transparente, tremblotante, qui, en outre des corpuscules réni-
formes dont il vient d’être question, se composait de tissu con-
jonctif et de tubes de Rainey complets.
D'autres nodules ne laissaient rien écouler à la suite de la
piqûre. Leur contenu consistait en une masse un peu plus cohé-
rente, que l'on pouvait extraire en totalité avec une pince. Cette
masse se montrait alors composée en grande partie de tubes pso-
(1) Leisering und Winkler, Psorospermienkrankheit beim Schuafe. Bericht über
das Veterinärwesen im Künigreiche Sachsen, 1865. — Virchow’s Archiv für pathol.
Anatomie, XXXVII, p. 431. 1665.
252 RAPHAËL BLANCIIARD
rospermiques intacts et serrés les uns contre les autres. Dans ces
nodules, Leisering n'a pu trouver nulle part la moindre fibre mus-
culaire bien conservée : ils étaient constitués uniquement par des
corpuscules de Rainey, leur contenu et du tissu conjonctif.
La forme et la structure des tubes ne permettait pas de douter
qu'il ne s’agît là de tubes de Miescher ou de Rainey. Il était par-
ticulièrement intéressant de les voir accumulés en si grandes
masses dans des espaces si restreints et de les voir détruire toutes
les fibres musculaires atteintes par eux. Les parties de l’œsophage
qui semblaient être saines ne renfermaient aucun de ces tubes.
Pagenstecher (1) a rencontré aussi les tubes de Miescher chez
la Souris et chez un Sus {Potamochærus) larvatus provenant d'une
ménagerie. Chez ce dernier, les tubes étaient beaucoup plus petits
que chez le Rat et la Souris et avaient à peine une longueur de
4"%. L'enveloppe était hyaline, nettement cannelée de lignes sail-
lantes; son bord semblait dentelé. Le contenu consistait en pseudo-
navicelles réniformes ou en croissant, mesurant 154 en moyenne.
Ces parasites seraient du groupe des Champignons.
Cobbold (2) a observé ces mêmes productions dans les muscles
du Bœuf et du Mouton. Chez le Bœuf, les tubes étaient longs de
Qnm21 à 2""11; chez le Mouton, ils mesuraient 0109 à Omm31. Ils
sont segments en des sortes de cellules, dont le contenu est
formé de pseudo-navicelles de taille assez uniforme et mesurant
environ 12; quelques-unes sont arrondies, d’autres ovales, plu-
sieurs en pointe mousse à leurs extrémités, d'autres encore sont
incurvées el fusiformes, mais la plupart sont réniformes. Cobbold
estime qu'il y a environ 1000 tubes par once de cœur de Mouton ;
il y en à encore plus dans le cœur du Bœuf. Pour montrer la par-
faite innocuité de la viande qui les renferme, il fait deux repas,
dans lesquels il absorbe environ 18000 tubes.
Sur ces entrefailes, un professeur de médecine vétérinaire à
l'académie de Proskau, Carl Dammann (3), eût également l’occa-
sion d'observer, chez une Brebis âgée de neuf ans, des tubes pso-
(1) H.-AL. Pagenstecher, Die Trichinen. 2. Auflage. Leipzig, 1866. Voir p. 97-99.
(2) T. Sp. Cobbold, Remarks on spurions Entozoa in diseased and healthy
Cattle. The Lancet, I, p. 88, 1866.
(3) C. Dammann, Ein Fall von « Psorospermienkrankheit » beim Schafe. Vir
chow's Archiv, XLI, p. 283, 1867.
NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 259
rospermiques qui avaient déterminé Ja mort de l'animal. L'obser-
vation est très analogue à la précédente : les tubes sont également
amassés en nodules qui siègent le long de l'æœsophage, mais qu'on
retrouve aussi à la base de la langue et sur toute l'étendue du
pharynx; c'est toujours dans l'épaisseur de la couche musculaire
qu'on les rencontre ; la muqueuse en est complètement dépour-
vue, mais présente à de certains endroits des lésions secondaires,
comme de l'infiitration et de la rougeur.
En outre, en examinant au microscope les fibres musculaires
de l’æsophage et du pharynx, on trouve partout dans leur inté-
rieur des tubes psorospermiques : il est très rare qu’on fasse une
préparation de muscles provenant de ces organes sans en rencon-
trer, ne fût-ce qu'un seul. En maint endroit, notamment au voi-
sinage immédiat des nodules, on voit en outre les tubes psoros-
permiques se juxtaposer au nombre de deux ou trois et se loger
dans l'interstice des fibres musculaires. On trouve également ces
tubes en assez grand nombre dans les muscles de l'abdomen, du
thorax et du cou, et en cela l’observation de Dammann diffère de
celle de Leisering et Winkler.
Dammann explique la mort de sa Brebis par l’œdème de la
glotte qui s’est développé à la suite de l'inflammation du pharynx ;
cette inflammation était elle-même la conséquence de la pré-
sence des nodules parasitaires, qui étaient surtout nombreux
dans le voile du palais. [1 pense que la mort subite que Winkler
avait constatée chez ses Moutons et qu'il ne savait à quelle cause
rapporter, était arrivée de cette même façon.
Les tubes psorospermiques ont été encore étudiés par le pro-
fesseur W. Manz, de Fribourg (1). Cet auteur les a vus dans le
crémaster du Taureau, chez le Rat, la Souris, le Chevreuil, le
Lapin et surtout chez le Porc. C’est toujours dans les muscles
striés qu'il les a rencontrés; jamais il n'a pu en observer dans
d’autres organes, quelque actives qu'aient été ses investigations
à cet égard. Dans les cas où ces tubes étaient peu nombreux, leur
siège de prédilection semblait être le diaphragme et les couches
sous-péritonéales des muscles abdominaux.
La membrane des tubes les plus grands est une fine pellicule
homogène, qui enserre d'assez près son contenu. Les plus petits
1) W. Manz, Beiträge zur Kenntniss der Miescher schen Schläuche. Archiv für
mikr. Anatomie, IT, p. 345, 1867.
254 RAPHAËL BLANCHARD
tubes sont effilés à leurs deux extrémités el souvent à une seule;
en cet endroit, la membrane semble s'être écartée légèrement de
son contenu, de manière à laisser de part et d'autre un espace
conique dans lequel on ne trouve pas de corpuscules réniformes,
mais seulement des granules brillants.
Rainey, on se le rappelle, a décrit et représenté la membrane
comme couverte de fins prolongemente analogues à des cils.
Manz a vérifié le fait : ces prolongements ne s'observeraient que
sur les tubes les plus petits. Ce revêtement peut aisément passer
inaperçu, en raison de sa grande délicatesse; en séparant par
dissocialion les tubes des fibres musculaires, il est très facile de
le détruire. Il se présente sous l'aspect d'une zone délicate qui
recouvre toute la surface du tube, mais qui est beaucoup plus
large aux extrémités de celui-ci qu'à sa partie moyenne, où il
mesure en moyenne 9x d'épaisseur (fig. 3). Il donne plutôt l’im-
pression d’une cuticule striée que
d'un revêtement ciliaire, ainsi que
Leuckart le remarquaitdéjà ; Manz
ne l’a jamais vu accomplir aucun
mouvement.
Le contenu des tubes est formé
d’une substance fondamentale ho-
mogène, transparente, gélati-
neuse, dans laquelle sont plongés
les corpuscules réniformes. Mais
l'aspect de ces corpuscules est
sujet à certaines variations : quel-
ques-uns sont arrondis, semi-
lunaires ou droits, formes qui re-
présentent les premiers états de
développement des précédents.
Ces corpuscules ne sont jamais
mobiles spontanément. La sub-
Fig. 3. — Tube psorospermique du stance fondamentale dans laquelle
diaphragme du Porc, d'après Manz. j]é Sont noyés se fractionne en
L'enveloppe s’est rompue. À droite, R 3
on voit quelques corpuscules réni- Mas Qui, SCTres fortement les
formes isolés ups contre les autres, s'aplatissent
réciproquement et prennent une
forme polygonale, mais qui, isolés les uns des autres, pren-
nent une forme sphérique, ainsi que cela se voit au niveau de la
déchirure qui a été pratiquée dans la membrane d’enveloppe.
NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 2H
Quant à la manière dont ces productions parasitaires s’intro -
duisent dans l'organisme, Manz n'a pu arriver à aucun resultat
précis. Des essais d'infection tentés sur des Cochons d’Inde, des
Rats et des Souris blanches, n’ont pas eu de suite : en tuant ces
animaux quelques heures après l’ingestion de viande remplie de
tubes psorospermiques, on trouvait bien les débris de ceux-ci dans
l'intestin, mais on ne pouvait observer rien d’anormal dans les
parois intestinales, non plus que dans tout autre organe. Manz
doute que l'infection se fasse par les voies digestives.
On doit encore à Ratzel (1) une observation de tubes psoro-
spermiques. Cet auteur les à rencontrés chez un Magot mort dans
une ménagerie : ils étaient interposés entre les faisceaux muscu-
laires primitifs et avaient l'aspect de corps fusiformes, allongés,
dont la longueur était de 2,1 à 3"" et dont la largeur ne dépassait
pas 0,22.
L’enveloppe du tube est anhiste et partout recouverte de fins
piquants qui, aux deux pôles du grand axe, se dirigent en sens
opposé; ils sont si serrés en cet endroit qu'ils semblent accolés
les uns aux autres, mais, sur tout le reste de l'étendue du tube,
leurs pointes s'écartent fortement; ces pigments forment par leur
ensemble un ornement composé de lignes qui s’entrecroisent
obliquement.
Les corpuscules renfermés dans les tubes varient de la forme
arrondie à la forme ovale; leurs dimensions oscillent entre 4 et
6. Le carbonate de soude leur fait prendre une forme allongée,
en saucisse. Ils se réunissent en boules qui, d’abord rondes,
deviennent polygonales par pression réciproque et dont le dia-
mètre varie de 40 à 504; ces boules sont parfois entourées d’une
membrane anhiste.
Les tubes psorospermiques étaient répartis également dans
toutes les parties du système musculaire qui ont été étudiées; on
trouvait en moyenne un tube par centimètre carré de muscle : les
muscles en étaient donc littéralement farcis. Dans les muscles du
bassin et dans ceux du siège (2), ils étaient encore plus abondants
et il est vraisemblable que la paralysie dont le Singe était atteint
(1) Fr. Ratzel, Beschreibung einiger neuen Parasiten. Archiv fur Naturgeschichte,
I, p. 150, 1868. — Voir 4. Psorospermien in Affenmuskeln, p. 154.
(2 Le texte allemand dit: des Gefässes. La phrase n'est compréhensible qu’autant
qu'on admet une faute d'impression et qu'on lit : des Gesässes.
290 RAPHAÏËL BLANCHARD
depuis plusieurs semaines, au dire de ses gardiens, reconnaissait
pour cause ces productions parasitaires.
Il est particulièrement intéressant de rapprocher du fait de
Ratzel, relatif au Singe, l'observation rapportée par Lindemann (1).
Cet auteur a vu chez l'Homme des « Grégarines », que nous
croyons être des tubes de Miescher, déterminer une hydropisie
générale. Les parasites s'étaient développés dans les valvules du
cœur et formaient des amas longs de 3%", larves de 1,5" et
ayant l'aspect de noyaux brunâtres. Par suite de leur multiplica-
tion (?), ils avaient envahi peu à peu le tissu conjonctif des val-
vules et en avaient altéré la structure. L’élasticité des valvules
diminuant, celles-ci se trouvèrent incapables de supporter la
pression sanguine : de là des déchirures, des stases consécutives
dans la circulation et finalement une hydropisie générale. Dans
un autre cas, Lindemann a trouvé ces mêmes parasites dans le
tissu même du muscle cardiaque.
Le travail de Lindemann ne nous est connu que par le compte-
rendu qu'en a publié M. Beaunis. En l’absence du texte original
ou de tout dessin représentant les productions qu'a rencontrées
notre auteur, il serait téméraire d'affirmer sans restriction qu'il
s’agit là de tubes de Miescher. Mais, si nous ne pouvons donner
de ce fait une démonstration péremptoire, de sérieuses considé-
rations le rendent du moins très probable.
Les tubes de Miescher ont été signalés chez des Mammifères
assez variés d'espèce et de régime pour qu'on puisse affirmer
que l'Homme n'est point à l'abri de leur atteinte : s’il est vrai,
comme tout autorise à le croire, que ces parasites arrivent dans
l'organisme par la voie du tube digestif, leur plus grande rareté
chez l'Homme s'explique par les préparations culinaires que
celui-ci fait subir à ses aliments. A un autre point de vue, la
fréquence avec laquelle ces tubes se rencontrent dans le myo-
carde, chez les animaux, indique suffisamment qu’il en peut être
de même chez l'Homme. On ne saurait objecter que Lindemann
les a rencontrés aussi dans le tissu des valvules du cœur, puisque
von Hessling les a décrits et figurés lui-même en dehors du
muscle cardiaque, à savoir dans les fibres de Purkinje.
(1) K. Lindemann, Die Gregarinen und Psorospermien als Parasiten des Mens-
chen. Bulletin de la Soc. imp. des naturalistes de Moscou, XXXVI, p. 425, 1863. —
Id., Ueber die hygienische Bedeutung der Gregarinen. Deutsche Zeitschrift für
Staalsarzneikunde, 1868. Analyse par Beaunis in Gazette méd, de Paris, p. 86, 1870.
NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 251
Le professeur Perroncito, de Turin, dont on connaît les belles
études d'helminthologie, a eu, lui aussi, l’occasion d'observer les
tubes de Rainey chez le Porc (1); il a constaté sur des jambons
que ces productions pouvaient devenir le siège d'un dépôt cal-
caire : sur une section de ces derniers, on pouvait reconnaître à
la surface, disséminées çà et là, des ponctuations ou concrétions
de forme irrégulière, arrondies ou allongées, blanches, dures,
friables, criant sous le couteau; leur taille variait de celle d’une
tête d'épingle fine à celle d’un grain de mil ou un peu plus.
Le même auteur (2) a pu encore observer une Vache qui, depuis
quelque temps, présentait une faiblesse insolite. Tous les soins
ayant été inutiles, l'animal fut abattu. A l’autopsie, on trouva tous
les viscères complètement sains, à l'exception du cœur: les fibres
musculaires de ce dernier organe présentaient un très grand
nombre de petits points blanc-jaunâtres, qui n'étaient autre chose
que des tubes psorospermiques.
Siedamgrotzky (3), professeur à l'École vétérinaire de Dresde,
constata chez un Cheval d'anatomie une atrophie et une päleur
anormales de certains muscles des membres. Ces muscles présen-
taient, surtout dans les couches superficielles, des stries blan-
châtres ayant la direction des fibres et correspondant à des tu-
bes de Miescher longs de 3 à 4%"; ceux-ci étaient logés au sein
des fibres musculaires et se terminaient en pointe mousse à cha-
cune de leurs extrémités. A leur intérieur se trouvaient des cor-
puscules réniformes ou semi-lunaires terminés en pointe, ainsi
que quelques corpuscules arrondis. Ces corpuscules mesuraient
8 à 16 de long sur 4 y de large ; tous étaient pourvus d'un noyau,
quelquefois double, mesurant 2,5 à 3,3 de diamètre.
Ces parasites déterminent par leur présence une altération par-
ticulière du muscle. Les noyaux du sarcolemme se multiplient,
non seulement dans les fibres atteintes, mais encore dans les fibres
(1) Ed. Perroneito, Poche parole intorno ai corpuscoli di Rainey, ecc. Medico
veterinario. Torino, 1869. — Id., Concrezioni nei presciutti provenienti del Parmi-
giano. Ibidem,
(2) Id., Prelezione al corso di anatomia patologica e di patologia generale.
Torino, 1874. — Id., 1 parassiti dell’ uomo e degli animali utili. Milano, 1882
Voir p. 100.
(3) 0. Siedamgrotzky, Psorospermienschläuche in der Mskulatur der Pferde. Wo-
chenschrift für Thierheilkunde und Viebzucht, XVI, p. 97-101, 1872. Analyse par
Zundel dans le Recueil de médecine vétérinaire, (5), IX, p. 460, 1872.
17
258 RAPHAËL BLANCHARD
voisines; ces noyaux forment comme des chapelets accolés au
sarcolemme. De plus, le tissu conjonctif intermusculaire prolifère
et la compression qui s'ensuit peut déterminer une atrophie
simple de la fibre contractile. Enfin, à la longue, les utricules
psorospermiques peuvent subir la dégénérescence calcaire et
s'incruster de carbonate, mais surtout de phosphate de chaux.
Le même auteur a fréquemment observé les mêmes altéralions
des muscles sur des Chevaux d'anatomie, ainsi que sur des Che-
vaux morts à l’infirmerie de l'École vétérinaire. Il a retrouvé les
tubes de Miescher notamment dans la conche musculeuse de
l'æsophage, où ils se présentaient toujours dans les fibres trans-
versales, sous forme de stries blanchätres assez faciles à distin-
euer à l’œil nu ; ces mêmes productions se rencontraient encore
dans les muscles du pharynx, dans les muscles cervicaux infé-
rieurs et dans le diaphragme. C’est, en somme, dans les muscles
des premières voies digestives, ou à l'environ de celles-ci, que les
tubes psorospermiques se présentent chez le Cheval : ce fait
indique sans doute que les Psorospermies pénètrent dans l'écono-
mie avec les aliments solides ou liquides.
Quant à leur nature, Siedamgrotzky se demande si ce sont des
parasites ou bien des éléments pathologiques spéciaux à certaines
affections des muscles. La première opinion lui semble toutefois
la plus admissible. Les tentatives de reproduction qu'il à entre-
prises n’ont pas eu de succès.
Von Niederhäusern et Zürn ont rapporté des observations très
analogues à celles de Leisering et de Dammann. Le premier de
ces auteurs (1) a vu la mort survenir, à la suite d’une gêne consi-
dérable de la respiration, chez une Chèvre dont les muscles du
larynx étaient remplis de Psorospermies. Zürn (2) a vu plusieurs
Moutons être pris d'accès épileptiformes, puis mourir; des tubes
psorospermiques, dont la taille variait de celle d’un grain de mil
à celle d'une fève, se présentaient en grand nombre dans la langue,
dans les muscles du pharynx, du larynx, des joues, du cou, ainsi
que dans les muscles de la mastication, des lombes, du ventre et
même de la cuisse.
A) Von Niederbäusern. Zeitschrift für praktische Veterinärwissenschaften, I, p. 79,
1873,
(@ F. A.Zürn, Die Schmarotzer auf und in dem Kôrper unserer Haussäugethiere,
IL : Die pflanslichen Parasiten. Weimar, 1874, — Voir p. 453.
NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 259
A l'exemple de Kühn, dont nous avons rapporté déjà l'opinion,
Zürn considère ces Psorospermies comme des végétaux et les
croit très voisines des Chytridinées. Une manière de voir analogue
a été émise par Rivolta (1), qui les tient également pour des pa-
rasites végétaux.
C'est encore chez le Bœuf et le Mouton que Beale (2) a observé
les tubes de Miescher; il les trouve parfois chez des animaux
bien portants, mais le plus souvent dans les cas de peste bovine ;
ils sont alors en nombre immense. Leur longueur varie entre
OmwO84 et 6""34. « On peut, dit-il, les rapporter aux Grégarines,
mais ils diffèrent remarquablement des Psorospermies, parmi
lesquelles on les range généralement. » Beale donne un grand
nombre de figures de ces productions et les représente, suivant
les cas, avec une membrane striée ou couverte de prolongements
piliformes (3).
Dans la seconde édition de son ouvrage classique sur les para-
sites de l'Homme, Leuckart (4) s'occupe aussi des tubes de
Miescher. Il fait ressortir leur ressemblance avec les Coccidies ou
Psorospermies oviformes, mais hésite pourtant à les ranger à
côté de celles-ci parmi les Sporozoaires, groupe nouveau dont
font également partie les Grégarines. Il n’ajoute rien d’essentiel
à ce qu'avaient fait connaître les observateurs précédents, si ce
n'est que l'enveloppe des tubes, surtout des tubes jeunes, est
traversée de fins canalicules poreux.
Leuckart croit que les boules entourées d'une délicate mem-
brane et remplies de corps réniformes sont de véritables spores,
analogues aux spores où pseudo-navicelles des Coccidies; les
corpuscules réniformes correspondraient eux-mêmes aux corpus-
cules falciformes.
A part l'observation de Kühn chez le Poulet et celle de Linde-
(1) Seb. Rivolta, Dei parassiti vegetali. Torino, l* edizione, 1873; ® edizione,
1884. Voir p. 398. — Cet auteur estropie l'orthographe du nom de Rainey, qu'il
écrit Renay.
(2) L. Beale, The microscope in medecine. 4* edition. London, 1878. Voir p. 485,
Entozoon-like bodies in muscles.
(3) PI. zxxix et Lxxx, p. 486 et 488. La striation de la membrane est représentée
sur la fig. 7 de La pl. zxxix et sur les fig. 8 et 18 de la pl. Lxxx: les prolonge-
ments piliformes se voient sur les fig. 9, 10 et 11 de la pl. Lxxx.
(4) R. Leuckart, Die Parasiten des Menschen. 2, Auflage, I, p. 251, 1879.
260 RAPHAËL BLANCIARD
mann chez l'Homme, les tubes de Miescher ou de Rainey n'avaient
été rencontrés, jusqu'alors, que chez des herbivores (Chevreuil,
Bœuf, Mouton, Chèvre, Lapin), des frugivores (Singe) ou des om-
nivores {Porc, Rat, Souris, Sanglier (1)]. C’est au Dr Huet (2) que
revient le mérite de les avoir pour la première fois signalés chez
un Carnivore.
Une Otarie étant morte au Jardin des Plantes de Paris, M. Huet
en pratiqua l’autopsie. Les muscles attirèrent son attention par
leur couleur foncée : ils étaient farcis de corps cylindriques, très
allongés, mousses à leurs extrémités, situés toujours dans l’inté-
rieur d’une fibre musculaire. Huet rapprocha avec raison ces
productions des tubes de Miescher, pour lesquelles Davaine (3)
avait créé le nom de Psorospermies utriculaires.
Quelquefois, dit Huet, les tubes psorospermiques « touchent au
sarcolemme ou sont même appliqués contre lui; plus souvent ils
occupent le centre même de l'élément. Leur longueur varie entre
0,3% et 1, 2,3 et même 4"". Leur diamètre moyen est de 20 à 30 4.
Ils sont formés d’une membrane amorphe, renfermant des gra-
nulations qui, vues avec un fort grossissement, ont la forme de
croissants; on n'y voit pas de noyau. Ces granulations elles-
mêmes sont formées d'une enveloppe renfermant, outre une subs-
tance hyaline, un amas granuleux.
» Elles mesurent 5 2 sur 4. Les fibres musculaires au voisinage
de ces corps ne sont pas altérées, elles se sont simplement écar-
tées pour leur faire place, limitant ainsi un espace fusiforme. Le
vide qui existe entre les pointes de ces fuseaux et l'extrémité
mousse du parasite est comblé par des cellules du tissu con-
jonctif. »
Sur de la viande de Pore, saisie à l’abattoir de Nice, M. le pro-
fesseur Laulanié (4), de l'École vétérinaire de Toulouse, a trouvé
des tubes de Miescher extrêmement nombreux : ils étaient même
\
visibles à l'œil nu, longs de 2 à 3mm, larges de Omm12 à Omm]5. Ils
étaient situés à l'intérieur du faisceau musculaire primitif et
(1) Les tubes de Miescher, au dire de Bütschli, ont été vus chez le Sanglier par
Cohnheim,.
(2) L. Huet, Note sur des parasites trouvés dans les poumons et dans les muscles
de l'Otaria californiana. Compte-rendu de la Soc. de Biologie, p. 321, 1882.
(3) C. Davaine, Traité des Entozoaires. Paris, 2° édition, 1877. Voir p. XXI.
(4) F. Laulanié, Sur les utricules psorospermiques des muscles du Porc et les
altérations qu'ils déterminent. Toulouse, in-8° de 16 p., IS84.
NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 261
même il n’était pas rare de voir deux sacs psorospermiques juxta-
posés dans le même faisceau.
M. Laulanié a vu l'enveloppe du sac se condenser aux extré-
mités sous forme de deux pointes aiguës, comme le montre la
fie. 4 de la pl. III, figure que nous reproduisons d’après son mé-
moire. Kühn (1) avait déjà donné une image très analogue des
tubes psorospermiques du Porc et avait décrit sous le nom de
«prolongement en forme de bec » (schnabelartiger Fortsatz) ce
même appendice que M. Laulanié décrit et figure. On peut encore
le comparer, dans une certaine mesure, à la zone polaire qui se
voit sur la fig. 3, empruntée à Manz, zone dépourvue de sphérules
à corpuscules réniformes.
Dans le cas de Kühn, la membrane d’enveloppe était mince et
anhiste ; dans le cas de Laulanié, elle avait au contraire sa sur-
face couverte de cils. « Cette membrane d’enveloppe envoie à
l'intérieur des cloisons anastomosées qui circonserivent des cavi-
tés remplies de petits corps analogues à des pseudo-navicelles. »
Ces corpuscules (PI. IIL, fig. 5) sont semi-lunaires et pourvus de
deux points clairs que M. Laulanié considère comme des vacuoles.
Ce même observateur croit que les tubes de Miescher représen-
tent une phase de l’évolution d’une Grégarine.
La plupart des auteurs dont nous avons jusqu’à présent passé
les travaux en revue s'accordent à considérer les tubes de Mies-
cher comme des parasites inoffensifs, ne déterminant aucune
lésion du muscle qui les héberge. Chez le Porc observé par M. Lau-
lanié, ils avaient au contraire déterminé des altérations assez
graves pour qu'on en prononçât la saisie. Le tissu musculaire.
était criblé de granulations fusiformes, jaunâtres, grosses comme
une tête d’épingle et disposées souvent en séries de deux ou trois
dans le sens des fibres musculaires. L'examen microscopique a
permis de constater que le muscle était partout frappé de myosite
interstitielle diffuse. Mais cette myosite (que Laulanié a pu voir
également chez le Cheval, dans un cas du même genre) se con-
centroit en certains points et revêtait la forme nodulaire, de
manière à simuler des granulations tuberculeuses. Au fur et à
mesure qu'elles grossissent, ces granulations empiètent sur le
tissu musculaire, dont elles engiobent et détruisent progressive-
ment les fibres. Le fait que ce processus pathologique tient à la
présence des tubes de Miescher se trouve démontré par l'examen
(Je Pocrotr., here
262 RAPHAËL BLANCHARD
-
de préparations sur lesquelles on voit des granulations à leur
début, qui possèdent en leur centre un sac psorospermique.
Tel était l’état de la question quand celle-ci fut reprise, en 1883,
par M. le professeur Balbiani : on ignorait alors complètement
l'évolution de ces productions parasitaires, que l’on désignait
indifféremment sous les noms de Psorospermies utriculiformes ou
utriculaires, tubes psorospermiques, tubes où utricules de Miescher ou
de Rainey ; on était loin de s'entendre sur leur véritable significa-
tion, les uns, comme von Siebold, Kühn et Rivolta, les rapportant
aux plantes, les autres, comme Lieberkühn, Ripping, Davaine,
Cobbold (1), Leuckart et Perroncito, les rangeant parmi les Pro-
tozoaires, d’autres enfin s'abstenant d'émettre aucune opinion sur
leur nature. Zürn qui, en 1874, les considérait comme des végé-
taux est revenu plus tard sur cette erreur : «en tout cas, dit-il,
ce sont des Grégarines enkystées (2). »
Il était réservé à M. Balbiani de donner à ces productions la
place qui leur revient dans le cadre zoologique. Tandis que Leuc-
kart les place avec hésitation dans le groupe des Sporozoaires,
le savant professeur du Collège de France (3) montre leurs affi-
nités avec ceux-ci et les range définitivement à côté des Gréga-
rines el des Coccidies ; on se rappelle que semblable opinion avait
été émise autrefois par Lieberkühn et Ripping, dont les publica-
tions à cet évard étaient demeurées dans l'oubli. Avec Leuckart,
M. Balbiani fait remarquer que leur siège exclusif est le tissu
musculaire strié et, en raison de cet habitat, il propose de leur
donner le nom de Sarcosporidies, sous lequel il convient de les
désigner désormais et sous lequel Bütschli les a décrites égale-
ment (4).
Sur des fragments de muscles provenant de l’Otarie qu'avait
disséquée le Dr Huet, M. Balbiani a pu en outre étudier la struc-
ture intime du parasite (lig. 4). Il confirme en général les don-
nées de ses devanciers, mais aussi les complète ou les rectitie
() Sp. Cobbold, Parasites ; a treatise of the Entozou of man and animals. Lon-
don, 1879.
1 Küchenmeister und Zürn, Die Parasiten des Menschen. 2. Auflage. Leipzig,
1881. Voir p. 15.
(3) G. Balbiani, Les Sporozoaires. Journal de micrographie, VII. 1882, — Id.,
Leçons sur les Sporozoaires. Paris, in-8°, 1883.
(4) O0. Bütschli, Xlassen und Ordnungen der Thierreichs. — L, Protozoa. Leipzig,
1882. — Surcosporidia, p. 601-616.
NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 263
sur plus d'un point. L'histoire des Sarcosporidies, qui jusque-là
avait été entourée d’obscurités, s’éclaircit dès lors ; ce n’est pas à
dire pourtant que 241 2
cette histoire ne
présente encore
quelques lacunes.
Celles-ci sont
nombreuses, au
contraire; mais un
point capital est dé-
sormais acquis, à
savoir la place que
doiventoccuper les
Sarcosporidies
dans l'échelle des
êtres. Quant aures-
te,onignoreencore
comment elles se
transmettent. Elles
siègent de préfé-
rence dansles mus-
cles du pharynx,
de l’æsophage ou
dans ceux qui avoi-
GA
sinent le tube di-
gestif (psoas, dia- Fig. dre Sarcosporidies des muscles
de l’Otarie, d’après Balbiani. — 1, frag-
phragme, langue, ment de muscle strié montrant les Sarcos-
œil) : il est donc poridies dans les faisceaux primitifs du
probable que le muscle. — 2, faisceau primitif plus grossi.
tube digestif est le — 3. groupe de spores. — 4, corpuscules
point de départ de réniformes isolés; a, non mürs; b, mûrs.
l'infection, mais le fait n’a point encore été démontré expérimen-
talement ; on se rappelle que Manz a fait sans succès des tenta-
tives dans ce sens.
Nous n'insisterons pas sur leur importance pathogénique : il
suffit de se reporter aux observations de Leisering, de Dammann,
de Ratzel, de Lindemann, de Perroncito et de Laulanié pour se
convaincre de leur influence néfaste.
AVE
nr.
CZ
ASSA
SN
2
264 RAPHAËL BLANCHARD
D'UN NOUVEAU TYPE DE SARCOSPORIDIES
Nous avons tenu à présenter l'histoire détaillée des Sarcospo-
ridies, de manière à fixer l’état de nos connaissances sur ces pa-
rasites. Il ressort de tout ce qui précède que, jusqu’à présent,
elles n’ont jamais été trouvées que dans le tissu musculaire strié :
Leuckart et M. Balbiani ont pu même proclamer que ce tissu
était leur siège exclusif. Or, nous avons eu récemment l’occasion
d'observer un grand nombre de kystes de Sarcosporidies, qui
tous siégeaient en dehors du tissu musculaire.
Le 27 décembre 1884, on nous apporte du Jardin d’acclimata-
tion le cadavre d’un Macropus (Petrogale) penicillatus ®, mort
depuis quatre à cinq jours. Après lavage du gros intestin, dont
l'épithélium est en grande partie desquamé, on trouve çà et là,
sauf dans le cæcum, des petits points blancs, de la taille d'un
grain de millet, qui font saillie à la surface. Une dissection
rapide faite sous le microscope, à l’aide d'un prisme redres-
seur, permet de reconnaître des kystes renfermés dans l'épais-
seur de la couche conjonctive sous-muqueuse et qu’il est possible
d'énucléer. Chacun d’eux est limité par une délicate membrane,
dont la rupture laisse échapper un nombre prodigieux de corpus-
cules réniformes tout à fait semblables à ceux que les divers
auteurs, notamment Manz, ont représentés pour les Psorosper-
mies des muscles.
Une étude plus détaillée a fait voir que, là encore, il s'agissait
bien réellement de Sarcosporidies, mais on sera frappé du siège
qu'elles occupent : les kystes, au nombre de plus de cinquante,
que nous avons enlevés, occupaient tous la couche sous-muqueuse
(PI. IE, fig. 1); aucun d'eux n'empiétait d’une façon quelconque
sur la couche musculaire du gros intestin etles investigations aux-
quelles nous nous sommes livré, à la recherche des tubes de Mies-
cher dans les divers points du système musculaire strié, sont
demeurées vaines : nulle part les muscles ne renfermaient de
Psorospermies, partout ils présentaient un aspect normal.
Rivolta (1) décrit chez le Poulet une entérite psorospermique,
dont il dit ce qui suit : « Sur les parois de l'intestin se voient des
(1) Seb, Rivolla, Dei parassiti vegetali. 2* edizione. Torino, 1884, Voir p. 397 et
398.
NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 265
muqueuse. Ces points blanchâtres ne sont pas formés de colonies
de psorospermies, mais bien d’utricules de Miescher ou de Rainey
points blanchâtres, épars çà et là et situés dans la couche sous-
pleines de navicelles. »
A ne s'en tenir qu’à cette description sommaire, on ne manque-
rait pas de dire que Rivolta avait rencontré déjà des Sarcospori-
dies dans le chorion muqueux de l'intestin. Mais on arrive à une
tout autre conclusion, quand on se reporte aux figures que cet
auteur donne des prétendus tubes de Miescher qu'il a observés
(PI. II, fig. 52). Le kyste qu’il représente ressemble tout à fait à
celui d’une Coccidie monosporée, telle qu'Æimeria falciformis : il
est limité par une mince membrane, à l’intérieur de laquelle sont
renfermés en nombre assez considérable, non pas des navicelles,
comme il le croit, mais bien des corpuscules falciformes, ainsi
qu'il est aisé de s’en convaincre en examinant sa figure 74. De
plus, le kyste qu'il représente à un grossissement de 550 dia-
mètres mesure 22 millimètres sur 15, ce qui fait une dimension
réelle de 404 sur 274. Or, une semblable taille est habituelle
pour les Coccidies, mais serait bien au-dessous de l'ordinaire pour
une Sarcosporidie.
Ces considérations nous amènent donc à conclure que l'obser-
vation de Rivolta est relative à une Coccidie, conclusion d’autant
plus rationnelle qu’on connaît actuellement des Sporozoaires de
cet ordre qui peuvent évoluer en tout autre point qu’à l’intérieur
des cellules épithéliales (1).
Les kystes que nous avons rencontrés chez le Kanguroo des
rochers étaient peut-être encore plus remarquables par leur struc-
ture que par leur siège. Comme on va voir, ces kystes appartien-
nent bien à une Sarcosporidie, mais celle-ci est d'un type
jusqu'alors inconnu (2).
Le kyste est situé au milieu même de la couche conjonctive
sous-muqueuse : celle-ci l’enserre de toutes parts et s'est con-
densée à son voisinage. Contrairement aux tubes de Miescher,
qui sont d'ordinaire notablement plus longs que larges, ses deux
diamètres ne sont pas très différents l’un de l’autre et il présente
) Voir à ce propos notre Traité de Zoologie médicale, qui sera prochainement
publié.
(2) M. le professeur Balbiani a bien voulu examiner nos préparations et nous
avons eu la satisfaction de le voir confirmer notre diagnostic.
266 RAPHAËL BLANCHARD
assez volontiers une forme subsphérique. Voici du reste quelles
sont ses dimensions, sur des préparations de quatre kystes diffé-
rents :
1° longueur : 1,15": 1larseur: 0,747;
20 longueur : 1,23""; largeur : 0,93";
3° longueur : 0,93"; largeur : 0""56 ;
4 longueur : 0,71"; largeur : 0,65"n.
Les dimensions extrêmes sont donc de Q,71%® à 1,23"" pour la
longueur et de 0,56%® à 0,93mm pour la largeur. Il va sans dire
que ces mesures ont été relevées sur des coupes diamétrales.
Il convient sans doute de ne pas attacher trop d'importance
aux différences que présentent entre eux les deux diamètres du
kyste, suivant qu’on examine des Sarcosporidies des muscles ou
la Sarcosporidie sous-muqueuse du Kanguroo. Si la première est
beaucoup plus longue que large, si la seconde se rapproche de la
forme sphérique, cela tient, pensons-nous, à une sorte d'adapta-
tion au milieu. Dans le muscle, le sens de la moindre résistance
coïncide avec la direction des fibres musculaires : de là l'étire-
ment considérable des tubes psorospermiques; dans la muqueuse
de l'intestin, le tissu se laisse refouler au contraire à peu près
aussi facilement dans tous les sens : de là la forme plus condensée
du kyste.
La paroi du kyste est d’une minceur extrême : elle mesure au
plus 0,7 u d'épaisseur. Elle se colore fortement en rouge par le
carmin et, de cette manière, se différencie aisément du tissu con-
jonctif condensé qui se trouve à son contact; elle est parfaite-
ment anhiste, partout d'égale épaisseur et ne présente nulle part
ui revêtement de cirrhes ni canalicules poreux.
Par l’état anhiste de sa membrane, notre Sarcosporidie s'éloigne
de celles qui ont été décrites dans les muscles du Porc par Rai-
ney, Leuckart, Ripping, Manz et Laulanié, dans les muscles du
Singe par Ratzel; elle se rapproche, au contraire, à ce même point
de vue de celles qui ont été décrites par Miescher chez la Souris,
par von Hessling chez le Mouton, par Waldeyer chez le Porc;
mais, d'autre part, elle diffère de celles-ci par l’'extrème minceur
de son enveloppe. Ni Huet ni Balbiani n'indiquent l'épaisseur de la
membrane de la Sarcosporidie de l'Otarie, mais, sur de belles pré-
parations que je tiens du Dr Huet, j'ai pu constater que celte
membrane est peut-être encore plus mince que celle de Lx Sar-
cosporidie du Kanguroo,
NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 267
Divers auteurs, dont nous avons rapporté l'opinion, admettent
que le revêtement ciliaire, ou plutôt la striation de la membrane
ne s'observe que sur les kystes encore jeunes : on la verrait aller
en s’atténuant, pour finir par disparaître tout à fait, à mesure que
le kyste augmenterait de volume. Nous ne voulons pas dire qu’il
n’en puisse être ainsi, bien que la chose nous semble peu admis-
sible en elle-même ; nous pensons plutôt que la striation de l’en-
veloppe, due ou non à des canalicules poreux, est caractéristique
de certaines formes de Sarcosporidies, tandis que la membrane
anhiste en caractérise d’autres. Qu'on se reporte au tableau sy-
noptique que nous donnons plus loin, on sera frappé de voir que,
des 6 observations où la membrane kystique était striée, 5 sont
relatives aux tubes psorospermiques des muscles du Porc et la
sixième à ceux du Singe; que, à part le cas de Waldeyer, les
observations de membrane anhiste ont été faites chez la Souris,
le Mouton, l’'Otarie, le Kanguroo, mais non chez le Porc. Siedam-
grotzky ne dit rien de la membrane des kystes quil a rencontrés
chez le Cheval, mais ce silence nous donne à penser qu'elle était
anbiste. Quoi qu'il en soit, il reste acquis que les tubes à enve-
loppe canaliculée s'observent plus particulièrement chez le Porc,
tandis que les kystes à membrane homogène caractérisent les
autres animaux. Cela est bien en rapport avec les différences spé-
cifiques que nous supposions tout à l'heure.
Le contenu du kyste se présente sous un curieux aspect : il est
formé d’un réticulum dont les mailles sont de taille très inégale,
suivant le point où on les examine; très petites au centre, elles
deviennent d'autant plus larges qu'on se rapproche davantage de
la périphérie. La transition ne se fait du reste pas d’une façon
insensible, mais plus ou moins brusquement; à côté des mailles
les plus petites, on en trouve dont les dimensions sont notable-
ment plus grandes, puis celles-ci se rattachent par des mailles
encore plus larges aux mailles périphériques, qui sont les plus
vastes de toutes.
La forme de ces mailles est irrégulière : parmi les plus petites,
les unes sont arrondies et ont un diamètre de 20 g, les autres sont
oblongues, à grand axe dirigé dans le sens du rayon, et mesurent
28u sur 424; d'autres mesurent 28 4 sur 55 w, d'autres 30 4 sur
65 y, d'autres encore 25 à 28 4 sur 80 . Si on s'éloigne du centre,
on rencontre des mailles plus larges encore et finalement on
trouve à la périphérie des loges dont les chiffres suivants feront
268 RAPHAËL BLANCHARD
connaître les dimensions : 45y sur 170 2, 56 u sur 165x, 70 p sur
185 2, 85 4 sur 310 w, 108 g sur 240 &. Il est malaisé de donner de
ce réseau une description qui s'applique à tous les kystes ; l’exa-
men de la figure 2 de la planche III, dessinée à la chambre claire,
donnera une idée exacte de sa disposition générale.
Au premier abord, il semble que l’intérieur du kyste soit divisé
par des cloisons anastomosées entre elles et continues les unes
avec les autres. Mais une étude plus attentive permet de cons-
tater qu'il n’en est pas ainsi. On doit imaginer que la cavité kys-
tique est remplie de vésicules de taille très inégale, fortement
déprimées par pression réciproque et limitées chacune par une
membrane anhiste et délicate, que le carmin colore en rouge.
Les membranes des diverses vésicules s’agelutinent entre elles
sur toute l'étendue de leur contact, à tel point qu'elles semblent
ne former qu'une cloison homogène, mais, dans les angles et là
où plusieurs vésicules viennent à se rencontrer, il n'est pas très
rare de les voir se séparer légèrement et laisser entre elles un
méat de très petites dimensions. En tout cas, l’adhérence réci-
proque de ces membranes est toujours si intime que, même
lorsque la paroi du kyste a été dilacérée, les vésicules sont inca-
pables de se séparer les unes des autres, comme c'est le cas pour
la Sarcosporidie des muscles du Porc, d’après les dessins de
Manz.
Est-il possible, dans l’état actuel de nos connaissances, de don-
ner une interprétation rationnelle de la structure que nous venons
de rencontrer? Si on s'en tenait aux seules Sarcosporidies, il
serait difficile assurément de voir clair dans cette curieuse dispo-
sition, mais la comparaison avec d’autres Sporozoaires, notam-
ment avec les Grégarines et les Coccidies, va nous être d’un grand
secours.
Les kystes que nous avons étudiés se trouvent à l’état de repro-
duction, c'est-à-dire qu’ils sont parvenus à la période ultime de
leur évolution, comme le montre la présence des corpuscules
réniformes. Mais, pour en arriver là, la Sarcosporidie a dù passer
par une phase végétative ou d'accroissement, durant laquelle elle
était constituée simplement par une masse protoplasmique, sans
doute munie d’un noyau. Sa croissance achevée, l'organisme
s'est entouré d’une membrane kystique et s’est segmenté à l’in-
térieur de celle-ci, en un nombre plus ou moins considérable de
vésicules ou de spores, entourées chacune d'une enveloppe indé-
NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 269
pendante de l'enveloppe générale du kyste. Par pression réci-
proque, les spores se sont déformées les unes les autres et se
sont agglutinées entre elles, de manière à être désormais insé-
parables.
Bütschli croit que la formation des corpuscules réniformes est,
en quelque sorte, continue : les plus petits kystes, dit-il, renfer-
ment déjà des corpuscules et le nombre de ceux-ci augmente à
mesure que le kyste s'accroît. Nous ne saurions accepter cette
manière de voir. L'exemple des Grégarines et des Coccidies nous
amène à penser que la Sarcosporidie n’augmente plus de taille, à
partir du moment où son contenu se fragmente en spores qui
vont donner naissance aux corpuscules réniformes. On peut dire
néanmoins que la formation de ces derniers est progressive, et
non continue, gràce à un processus que nous devons étudier
maintenant.
On ne saurait dire si toutes les spores étaient au début à peu
près d’égale taille, comme dans les Sarcosporidies étudiées par
Manz et par Ratzel, ou si elles étaient inégales, ainsi que cela
semble ressortir de nos préparations, les plus petites étant au cen-
tre, les plus grandes étant à la périphérie. Quoi qu'il en paraisse,
nous ne nous arrêterons pas à cette dernière opinion, la première
nous semblant la plus admissible. En effet, les loges périphériques
sont toujours, dans nos préparations, notablement plus mûres
que les loges centrales : tandis que, sur la plupart de nos kystes,
celles-ci sont encore remplies d’une masse granuleuse dans
laquelle on ne distingue ni corpuscules arrondis ni corpuscules
réniformes, celles-là renferment au contraire exclusivement des
corpuscules réniformes et sont limitées par des cloisons plus
minces. Il est certain que la production des corpuscules réni-
formes, organismes reproducteurs, débute par la périphérie et
s'étend peu à peu vers le centre : en même temps, les vésicules
crèvent les uns dans les autres, par suite de la résorption de leurs
parois, et c’est ainsi qu’on doit expliquer l'existence de vastes
loges à la périphérie, alors que la région centrale est encore occu-
pée par des spores intactes et de petites dimensions. Ce processus
se poursuivant, on arrive à un état dans lequel le tube psorosper-
mique est représenté par un simple sac bourré de corpuscules
réniformes, et dans l’intérieur duquel on ne trouve plus de réti-
culum ou de vésicules d'aucune sorte. On doit considérer cet
état comme la fin de l'évolution du Sporozoaire : il a été observé
270 RAPHAËL BLANCHARD
sans nul doute par plus d’un auteur, car il en est, comme Wal-
deyer et Siedamgrotzky, qui donnent une description exacte des
corpuscules réniformes, mais qui ne les ont jamais vus renfermés
par groupes dans une membrane d'enveloppe.
Nous ajouterons que la figure donnée par M. Balbiani pour la
Sarcosporidie de l’Otarie, figure que nous avons reproduite plus
haut (fig. 4), ne représente qu'une phase de l’évolution. Sur les
préparations que nous tenons de l'amabilité de M. le D' Huet et
sur celles que nous avons pu faire nous-même avec des muscles
de l'Otarie qu'avait étudiée cet observateur, muscles que nous
nous sommes procurés au laboratoire d'anatomie comparée, nous
avons pu reconnaître deux états différents de celui qu'a figuré
M. Balbiani. Dans un premier état, plus jeune, le sac était entiè-
rement rempli de spores arrondies et contenant elles-mêmes un
certain nombre de corpuscules réniformes; dans un second état,
plus avancé, tous les corpuscules réniformes étaient libres à
l'intérieur du kyste et on ne trouvait plus trace des vésicules qui
les enveloppaient précédemment. Il est évident que le stade qu'a
figuré M, Balbiani, et que nous avons rencontré nous-mêmes chez
l'Otarie, est intermédiaire aux deux états que nous venons de dé-
crire; ce stade est caractérisé par une réduction considérable du
nombre des spores, qui ne s'observent plus qu’à la partie moyenne
du tube de Miescher : les deux extrémités de celui-ci ne présen-
tent plus de spores, mais simplement des corpuscules réniformes
dépourvus d’enveloppe et serrés pêle-mêle les uns contre les
autres.
Cela revient à dire que, pour la Sarcosporidie de l’Otarie, la
désagrégation des spores, par suite de la résorption de leur mem-
brane d’enveloppe, marche de la périphérie au centre. Or, c'est là
précisément ce que nous avons observé nous-même sur les
kystes du Kanguroo. Un dernier fait qui vient à l'appui de cette
manière de voir, et que nous devons encore mentionner ici, c’est
que les loges périphériques sont parfois traversées par des cloi-
sons d'une minceur extrème, notablement plus grêles que les
autres, et qui vont en s'atténuant jusqu'à ce qu'on les perde de
vue : comme si elles subissaient une sorte de fonte ou de régres-
sion.
Le processus que nous exposons ici est encore démontré par
ce fait que, sur certaines de nos préparations, les diverses loges
du kyste sont à des états très inégaux de développement : en
NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 271
allant du centre vers la périphérie, on assiste au développement
graduel des corpuscules réniformes et l’on peut se convaincre
une fois de plus que leur formation est centripèle.
Les spores centrales (PI. III, fig. 2, a) sont remplies d’une
masse protoplasmique surchargée de granulations et à l'intérieur
de laquelle l'existence d’un noyau n’est pas certaine. Dans des
spores plus rapprochées de la surface externe, b, on trouve encore
une masse protoplasmique granuleuse, mais celle-ci présente
déjà une certaine différenciation : on y peut reconnaître en effet
des corpuscules réniformes mesurant 9,8 à 124 de long sur 4 à 5,54
de large. Ces derniers (PI. IT, fig. 3) sont granuleux et présentent
fréquemment à leurs extrémités un point brillant, mais on ne
trouve point de noyau à leur intérieur, comme pourraient le
faire croire les figures données par Manz. Les points brillants
ne sont autre chose que des vacuoles, qui correspondent sans
doute aux points réfringents des corpuscules falciformes de cer-
taines Coccidies. Leuckart pense que les vacuoles n'existent
point sur les corpuscules frais et qu'elles ne se forment que plus
tard.
Certains auteurs ont décrit encore des corpuscules arrondis :
nous les avons rencontrés aussi, mais en nombre extrêmement
restreint. Nous avons passé en revue bien des spores sans en ren-
contrer à leur intérieur et le plus souvent la spore n’en renfermait
qu'un seul: leurs dimensions étaient sensiblement égales au dia-
mètre transversal des corpuscules réniformes. Il convient peut-
être de les considérer comme des nucléus de reliquat; il est du
moins certain qu'ils ne renferment point le noyau que Manz
aurait observé à leur intérieur.
Dans les loges les plus périphériques, c, la transformation du
protoplasma en corpuscules réniformes est enfin achevée. On
ne trouve plus qu'un amas compact de corpuscules serrés les
uns contre les autres et remplissant la loge à eux seuls. On cons-
tate aisément l'absence de corpuscules arrondis, mais on remarque
aussi que quelques-uns sont plutôt rectilignes qu'incurvés en
croissant ; d’autres encore sont effilés à leurs extrémités, mais ce
sont là des exceptions sans importance (PI. III, fig. 3).
Dans le but de rendre évidents les faits dont nous avons parlé
dans les pages qui précèdent et pour faciliter la comparaison des
diverses Sarcosporidies étudiées jusqu'à présent, nous résumons
leurs caractères dans un tableau synoptique.
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NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 213
Il est hors de doute que les corpuscules réniformes des Sarco-
sporidies sont les équivalents des corpuscules falciformes des Coc-
cidies. Comme ceux-ci, ils représentent donc l'organisme repro-
ducteur. Mis en liberté par destruction du kyste qui les renferme,
ils passent à l'état amiboïde, rampent à la surface de la muqueuse
intestinale, puis traversent l’épithélium pour s’enfoncer jusque
dans le chorion. Pour les Coccidies, on sait que cette évolution
peut se faire chez un seul et même hôte, par exemple chez la
Souris pour Æimeria falciformis; pour les Sarcosporidies, le fait
n’est pas encore démontré et il se peut que le passage chez un
autre animal soit indispensable : ainsi s'expliquerait la dégéné-
rescence calcaire que Siedamgrotzky a vu envahir les tubes pso-
rospermiques des muscles du Cheval.
Quoi qu’il en soit, la possibilité pour les corpuscules réniformes
de devenir amiboïdes est actuellement indiscutable : Waldeyer
l’a observée et a vu les corpuscules rester en cet état pendant
deux heures; placés sur le terrain qui leur convenait, c'est-à-dire
sur la muqueuse digestive, nul doute qu’ils y fussent restés plus
longtemps encore. Virchow a pu constater aussi les mouvements
amiboïdes des corpuscules réniformes : ces corpuscules, dit-il,
«se meuvent d’abord dans le liquide et changent de forme, par
suite de la formation de saillies et d’excroissances.» Pagenstecher
dit les avoir vus lui-même accomplir de lents changements de
forme.
Arrivés dans le lieu de l'organisme qui est propice à leur déve-
loppement, ces petits corps amiboïdes s'arrêtent, s'entourent
d'une membrane d’enveloppe, et grossissent considérablement
avant de pouvoir se fractionner, comme nous l’avons déjà dit plus
haut. À partir du moment où le fractionnement commence, on
assiste à la répétition des phénomènes que nous avons décrits.
ESSAI D'UNE CLASSIFICATION DES SARCOSPORIDIES
Il est sans doute prématuré de tenter actuellement une classi-
cation des Sarcosporidies, en raison des connaissances incom-
plètes que nous avons de ces Sporozoaires. On ne peut manquer
pourtant d’attacher une importance capitale au siège qu'occupent
ces organismes parasitaires et on se voit conduit de la sorte à
attribuer à ce caractère une valeur prépondérante, d'autant plus
qu'il coïncide, comme nous l'avons vu plus haut, avec des diffé-
E
274 RAPITAËL BLANCHARD
rences dans les dimensions des kystes, ainsi que dans la structure
intime de leur membrane d’enveloppe et de leur contenu.
On ne saurait se dissimuler que nous ne savons encore que fort
peu de chose de l'histoire des Sarcosporidies ; les phases de leur
évolution, notamment, nous sont encore complètement inconnues
et l'avenir réserve sans doute une ample moisson d’observalions
nouvelles et intéressantes aux naturalistes qui s'attacheront à
cette étude. Quoi qu’il en soit, il nous a semblé qu'il était avan-
tageux de distinguer dès maintenant l’une de l’autre les deux
formes de Sarcosporidies qui sont actuellement connues, à savoir
celles des muscles striés et celles du tissu conjonctif, plus parti-
culièrement du tissu sous-muqueux intestinal. Ces deux formes
répondent à deux groupes naturels, que l’on peut provisoirement
ériger en familles. Nous proposons de donner à la première de
ces familles le nom de Miescher, qui a signalé pour la première
fois les Sarcosporidies, réservant à la seconde le nom de M. le
professeur Balbiani, dont les travaux ont fait faire un pas si déci-
sif à l’histoire de ces organismes. La famille des Balbianidæ ne
comprend que le seul genre Balbiania, constitué par la Sarcospo-
ridie que nous avons observée chez le Kanguroo des rochers.
La famille des Miescheridæ est plus complexe et se laisse nette-
ment diviser en deux genres, suivant que la membrane d’enve-
loppe est mince et anhiste (Miescheria) ou est au contraire épaissie
et traversée de fins canalicules poreux (Sarcocystis) (4).
La division provisoire que nous proposons d'établir parmi les
Sarcosporidies peut donc se résumer ainsi :
CLASSE DES SPOROZOAIRES
Ordre des Sarcosporidies
| mi | ienus Mi
D mince et anhisle, ,. 4. Genus Miescheria.
I. Fam, MiescuERIDÆ. Siégeant 1
dans les muscles striés. Mem-
brane d’enveloppe......... épaissie et traversée
de fins canalicules. 2, Genus Sarcocystis,
IL. Fam. BazsrAninÆ, Siégeant dans le tissu conjonctif.
Membrane d'enveloppe mince et anhiste, ...... 4. Genus Balbiania.
(1) La Sarcosporidie des muscles du Porc a été désignée sous le nom de Sarco-
eystis Miescheri par E. Ray Lankester {On Drepanidium ranarum the cell-parasite
of the frog's blood and spleen. Quarterly Journal of micr, science, (2), XXII, p. 53-
65, 1882).
NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 275
La classification qui précède repose sur l'étude des Sascospo-
ridies à l'état de reproduction ; les caractères qu’elle invoque nous
semblent assez tranchés pour la rendre acceptable. Quant à la
division des genres en espèces, nous pensons qu'il est impossibie
de l'entreprendre actuellement et qu'elle ne peut être tentée que
lorsqu'on connaîtra complètement l'évolution des Sarcosporidies.
M. Balbiani range encore parmi les Sarcosporidies les Orga-
nismes que Cienkowski a fait connaître, en 1861, comme vivant
en parasites sur les pattes et les branchies des larves d’Insectes
aquatiques et de certains Crustacés et qu'il a décrits sous le nom
d'Amœæbidium parasiticum. Aucune place ne leur est attribuée
dans le tableau précédent, car il ne nous semble pas absolument
certain que ce soient des Sarcosporidies, ni même des Sporo-
zoaires. Si pourtant l'opinion émise par M. Balbiani vient à se
confirmer, il sera facile de constituer pour eux une troisième
famille dans l’ordre des Sarcosporidies.
Les affinités naturelles des Sarcosporidies sont des plus mani-
festes. Ces Sporozoaires se relient intimement aux Coccidies, plus
particulièrement aux Polysporées (Xlossia — Benedenia), dont elles
ne diffèrent que par des détails secondaires, tels que la taille et
l'habitat. Les Alossia, en effet, sont des Coccidies, en ce qu'elles
se développent à l'intérieur de cellules épithéliales et en ce
qu'elles sont d'assez petite taille pour se loger dans l’une de ces
cellules; mais on pourrait avec tout autant de raison les rattacher
aux Sarcosporidies, en considérant que leur spore est arrondie,
de grandes dimensions et non naviculaire et qu’à son intérieur se
forment un grand nombre de corpuscules réniformes, dont l’as-.
pect est identique à celui des corpuscules des Sarcosporidies,
mais diffère notablement des corpuscules falciformes des Cocci-
dies vraies, par exemple de Coccidiumn oviforme.
Dans cette opinion, on ne saurait être surpris de voir une Sar-
cosporidie se développer au sein des cellules épithéliales. La loca-
lisation absolue des Coccidies et des Sarcosporidies n'existe point,
quoi qu'on en ait dit : si les premières se logent le plus ordinai-
rement dans les épithéliums, il n’est pourtant point rare de les
trouver aussi dans le chorion des muqueuses; et si les secondes
sont parasites des fibres musculaires striées, on peul parfois les
rencoutrer également dans l'épaisseur des muqueuses; il ne serait
pas surprenant d'observer encore des formes de petite taille,
276 RAPHAËL BLANCHARD
vivant dans les cellules épithéliales. C’est ainsi que, par l'inter-
médiaire des Ælossia, les Sarcosporidies se rattachent étroitement
aux Coccidies.
EXPLICATION DE LA PLANCHE IT
Fig. 1. — Coupe longitudinale du côlon de Macropus penicillatus. a, couche
glandulaire. — b, chorion muqueux. — c, couche musculaire interne, à fibres cir-
culaires. — d, couche musculaire externe, à fibres longitudinales. — e, couche
péritonéale. — f, Sarcosporidie du genre Balbiania enkystée dans l'épaisseur du
chorion : celui-ci s'est condensé à son voisinage.
Fig. 2 — Kyste de la Sarcosporidie isolé et plus grossi. Ce dessin est pris à la
chambre claire et, pour la disposition des loges, est la reproduction exacte d'une
de nos préparations. a, loges centrales à contenu protoplasmique granuleux. —
b, loges excentriques dans la masse protoplasmique desquelles commencent à
prendre naissance des corpuscules réniformes. — c, loges periphériques occupées
exclusivement par des corpuscules réniformes. — d, cloisons partielles d’une
extrême minceur, qui divisent incomplètement les loges.
Le contenu n’a été représenté que dans un petit nombre de loges: il est aisé de
se figurer que les autres ont la même structure.
Fig. 3. — Corpuscules réniformes.
Fig. 4. — Extrémité grossie d’un utricule psorospermique du Porc, d'après
Laulanié. a, prolongement aigu de la membrane d'enveloppe. — b, cloisons visibles
à leur insertion sur la membrane d’'enveloppe.
Fig. 5. — Corpuscules réniformes provenant des Sarcosporidies du Porc, d'après
Laulanié,
SUR
UN INFUSOIRE PÉRITRICHE, ECTOPARASITE
DES POISSONS D'EAU DOUCE
Par le Dr Raphaël BLANCHARD
Au mois de mars 1883, nous nous trouvions à la Station mari-
time du Hâvre. En examinant les Poissons qui peuplaient les
aquariums d’eau douce, notre attention fut attirée par un enduit
blanchâtre, qui était surtout abondant sur le corps des Carpes.
Cet enduit était à peu près répandu sur toute la surface du corps
du Poisson, mais était pourtant plus dense sur les ouïes et de
chaque côté de la nageoïire dorsale. En prélevant une petite quan-
tité de cet enduit et en l’examinant au microscope, nous l'avons
trouvé constitué par des productions parasitaires, au nombre
desquelles se rencontraient en grande abondance un Infusoire
que nous croyons nouveau pour la science et qui nous semble
devoir être rangé dans un genre nouveau. Nous le décrirons sous
le nom d’Apiosoma piscicola.
Ainsi que son nom l'indique (1), l’Apiosome a le corps pyri-
forme (PI. III, fig. 6 à 9). Il s'attache à la surface de l'épiderme du
Poisson par une sorte de pédoncule non contractile, p, qui s'étale
légèrement à sa base d'implantation et qui, d'autre part, va en
s’élargissant graduellement, pour se continuer avec le corps de
l'animalcule.
L’Apiosome présente sur toute sa surface une striation trans-
versale des plus nettes : les stries sont écartées les unes des
autres d’à peu près 1,5 # et sont, pour ainsi dire, autant de cercles
qui enserrent l’Infusoire ; il en résulte que le contour de celui-ci,
au lieu d’être accusé par une ligne droite, est constitué au con-
(1) éresy, poire; coLæ, corps.
278 RAPHAËL BLANCHARD
traire par une ligne onduleuse, la couche tégumentaire se renflant
légèrement dans l'intervalle des deux stries consécutives.
A peu près à l'union des deux tiers postérieurs avec le tiers
antérieur, se voit une délicate couronne de cils, ce, dont la lon-
gueur ne dépasse pas 1,54. Les cils qui la composent passent tout
d’abord inaperçus ; mais, en examinant l’animalcule vivant, l’atten-
tion est bientôt attirée par eux : ils ne présentent pas le mouve-
ment d'ondulation habituel aux productions de ce genre, mais
s’agitent d’une façon intermittente et par brusques saccades.
Enfin, à l'extrémité antérieure se voit un pinceau de cils
longs de 8 à 104, cb, et disposés en demi-cercle autour d’un
orifice, b, qui reste béant et qui représente le péristome. Cette
excavation n’est pas exactement terminale : elle est plutôt pro-
duite aux dépens de l’une des faces de l’Apiosome, face que
nous appellerons ventrale ou antérieure, fig. 8. On constate
encore que cette excavation est bordée d'une sorte de bourrelet
fig. 7 et 8, à la surface duquel ne s’observe plus la striation trans-
versale dont nous parlions tout à l'heure, et qui donne insertion
par son bord interne à la demi-couronne de cils adoraux. Ceux-ci
ne s’attachent en effet que sur la moilié dorsale ou postérieure de
l'infundibulum oral.
Les dimensions de l’Apiosome sont variables selon les indivi-
dus, comme le montre le tableau suivant, où elles se trouvent
évaluées en millièmes de millimètres :
N°1 | N°2 | N°3] No4
ES UE SENS EON PER EME 86,4 | 73 67,5 | 62
Distance de la base d'insertion à la couronne de cils.| 59 48,5 | 44,5 | 48
Éarsehr OU DETOnCHIRE. . 22h NA CHERE 6,8 5,4 5,5 D,#
Largeur du corps au niveau de la couronne de cils.| 27,5 | 16,2 | 48,5 | 18,9
Largeur au niveau du péristome..,,.,.,..,.... 27 21,6 | 21,6 | 24,6
Lonsueurides CIS AGOTAUR: . . LL: 10 9,51 8,21 8,1
Les n° 1 et 4 représentent en quelque sorte les deux extrêmes
que nous ayons observés : la grande majorité des Apiosomes ont
des dimensious dont les chiffres que nous avons indiqués pour
les n% 2et 3 donnent une idée exacte.
A l'intérieur du corps de l'Infusoire, on voit, au voisinage de la
bouche et sur le côté, une vésicule claire et réfringente (Fig 6, v),
qui est sans doute une vacuole contractile : sur l'animal vivant,
nous n'avons pu y observer aucun mouvement de contraction;
parfois, celle vésicule est double (Fig. 8).
SUR UN INFUSOIRE PARASITE D'UN POISSON 279
De plus, un gros noyau triangulaire, #, occupe la partie
moyenne du corps : son sommet est toujours dirigé vers le pédon-
cule. Ses dimensions sont en moyenne de 15 dans le sens de la
longueur sur 10 à 11 dans le sens de la largeur, celle-ci étant
mesurée au point où elle atteint son maximum, c’est-à-dire du
côté de la bouche. Le noyau fixe énergiquement le carmin. Il
renferme, suivant les cas et indifféremment, un ou plusieurs nu-
cléoles qui se colorent avec plus d'énergie encore. Quand le nu-
cléole est unique, il est lui-même triangulaire (Fig. 6, 7, 9, nu);
quand il est multiple, il est au contraire représenté par trois à
cinq corpuscules arrondis, disséminés dans la substance nucléaire
(Fig. 8, nu). Il est à remarquer que le noyau est toujours croisé
par la couronne de cils courts dont nous avons signalé l'existence
vers le tiers de la longueur du corps.
En arrière et sur les côtés du noyau, la substance du corps est
homogène et uniformément infiltrée de petites granulations ; en
avant, elle renferme au contraire un nombre variable de corpus-
cules plus ou moins arrondis, a, qui changent d'aspect et de situa-
tion d'un animal à l’autre et qu’on doit considérer comme des
corpuscules alimentaires. Il nous a été impossible de reconnaître
un anus, soit permanent soit transitoire, en sorte qu’il faut pen-
ser que l’entonnoir buccal sert tout à la fois à la pénétration des
aliments et au rejet du résidu de la digestion.
A côté des individus dont nous venons de donner la description,
il n’est pas rare d'en rencontrer d’autres, remarquables déjà par
leur grande taille et chez lesquels un examen plus attentif fait
reconnaître d’intéressantes modifications (Fig. 9). La cuticule
présente encore la striation transversale, le noyau est encore
bien apparent à l’intérieur du corps, mais on ne voit plus à la
surface ni les cils de petite taille disposés en couronne autour du
corps, ni le demi-cercle de longs cils entourant le péristome.
Celui-ci a même disparu et l'excavalion qui lui correspondait
s'est comblée. De plus, l’Apiosome s’est séparé de sa cuticule,
tout au moins à sa région antérieure, et sa substance s'est rem-
plie d’un nombre considérable de globules clairs, tous à peu près
d’égale taille et mesurant de 2? à 3. Cet état d'enkystement est
sans doute en rapport avec un mode de reproduction, que nous
n'avons malheureusement pu suivre.
Comme transition entre l’état adulte, que nous avons décrit
plus haut, et cet état de reproduction, on peut rencontrer encore
un petit nombre d'individus chez lesquels la couronne de petits
280 RAPHAËL BLANCHARD
cils fait complètement défaut. On en trouve aussi quelques-uns
dont les cils adoraux sont tombés, mais qui, à part l'absence
totale de cils, ne se distinguent en rien de la forme adulte.
L'Apiosome piscicole, en raison de l'existence à sa surface de
deux sortes de cils, doit prendre place parmi les Infusoires pé-
ritriches. Il est fixé pendant toute son existence.
EXPLICATION DE LA PLANCHE HI
a, corpuscules alimentaires. ñn, noyau.
b, péristome, nu, nucléole.
ce, couronne de cils. p. pédoncule.
cd, cils adoraux. v, vacuole contractile.
Fig. 6, 7. — Apiosoma piscicolu, vu par la facç dorsale ou postérieure.
Fig. 8. — Le même, vu par la face ventrale ou antérieure.
Fig. 9. — Le même, enkysté.
CRUSTACÉS PARASITES
DES
PEAR SUR POPIOUPTE SM
Par Carl W. S. AURIVILLIUS
D' Phil. (Upsal).
Parmi les Tuniciers ramenés par les dragages effectués dans
la Mer glaciale, pendant l'expédition de la Véga, quelques espèces,
parmi lesquelles il faut nommer spécialement Chelyosoma Macley-
anum Sow. et Brod., Cynthia echinata L. et Molqula ampulloïdes
van Ben., ont été soumises à un examen détaillé, pour recon-
naître si des Crustacés parasites se trouvaient à l’intérieur de leur
sac branchial. Un petit nombre de Tuniciers des expéditions sué-
doises précédentes au Spitzberg et au Groënland et sur la côte
norvégienne de Finmark ont été examinés aussi dans le même
but. Bien que la distribution géographique de ces parasites dans
les mers tropicales et tempérées soit encore peu connue et qu'il
ne soit pas possible de décider si les parasites des Ascidies arcti-
ques appartiennent seulement à la mer où celles-ci sont trouvées,
le compte-rendu que nous donnons ici montre que les parasites
déjà connus habitent les Ascidies, où on les a déjà rencontrés,
tandis que les parasites nouveaux, plus nombreux, sont trouvés
dans des espèces d’Ascidies, qui n'avaient pas été examinées
jusqu'à présent à cet égard. Ainsi l'observation déjà faite dans
plusieurs cas se confirme, qu'un parasite se maintient de préfé-
rence chez un certain genre ou même une certaine espèce
d'hôtes.
Les Crustacés rencontrés chez les Ascidies examinées appar-
tenaient aux ordres des Amphipodes et des Copépodes. Parmi les
{l) Note communiquée par M. le professeur A.-E. Nordenskiôld.
282 CARL W. S. AURIVILLIUS
Amphipodes, deux espèces, Andania pectinata G. 0. Sars et Aris-
tias tumidus Kr., ont été trouvées en parasites, mais seulement au
Spitzhberg et au Groënland. Andania pectinata n'avait pas encore
été trouvée à l’intérieur d’Ascidies : une description détaillée en a
été donnée, spécialement quant à l'armature buccale, qui diffère
un peu de celle du genre Andania À. Boeck.
Des neuf Copépodes trouvés, trois espèces seulement sont déjà
connues. Parmi celles-ci, il faut d’abord nommer /dya furcata
Baird, l'espèce commune, appartenant à la famille des Zarpacti-
cidæ et qu'on trouve aussi souvent à l’état libre que dans les Asci-
dies. Les deux autres formes, connues de la côte occidentale de
Suède, ont été rencontrées dans des Ascidies de Finmark de
Norvège: ce sont Notodelphys agilis Thor. et Buprorus Lovéni Thor.
Des six autres Copépodes, deux seulement appartiennent à une
famille déjà connue, celle des Notodelphyides. Hs se rapportent au
genre Doropyqus Thor.; l’une des deux espèces, D. dermnissus n. sp.,
se trouvait dans le sac branchial de Cynthia echinata L.., l’autre,
D. articus n. sp., dans Chelyosoma Macleyanum Sow. et Brod.;
toutes les deux ont été prises au nord du port d'hiver de la
Véga.
Le reste des parasiles, quatre espèces, a été rangé, à cause de
l’armature buccale, en deux familles nouvelles, dont l’une se
rapproche peut-être le plus de la famille des ÆZrgasilidæ à cet
égard ; l’autre, qui possède des mandibules destinées à mâcher,
rappelle les Nofodelphyides. Les trois espèces appartenant à la
première de ces familles, ou famille des Ænteropsidæ n. fam., se
trouvaient toutes au-dedans du sac branchial de Molgqula ampul-
loïdes ; dans le genre Ænteropsis n. gen., les pieds sont simples et
le corps est vermiforme; le genre ÆZaligryps n. gen., a bien les
pieds birameux, mais armés seulement de pointes, et dépourvus
de poils nageurs.
La seconde famille, celle des Schizoproctidæ n. fam., se distin-
gue par deux duplicatures sacciformes, parfaitement séparées à
la base, sur la partie postérieure du thorax, qui est très haut et
comprimé, Landis que l’abdomen est cylindrique. Bien que l’exté-
rieur du corps ressemble ainsi un peu à celui du genre Doropyqus
Thor., la structure de certaines parties de la bouche et des anten-
nes s'oppose à ce qu'on la range dans la famille des Notodelphyides.
Elle fut trouvée à l'intérieur d'une Phallusia sp. du Spitzherg.
SUR
LA SERUCTURE DU TÜBEL DIGESTIF
DE QUELQUES POISSONS DE MER
Par M. Alexandre PILLIET.
J’ai entrepris, en 1883, au Laboratoire de MM. Robin et Pouchet,
à Concarneau, d'examiner le tube digestif des Poissons de cette
côte, au point de vue histologique.
J'ai surtout employé, dans ce travail, les coupes longitudinales
et transversales. Il m'a paru avantageux de faire porter les pre-
mières sur deux parties consécutives du tube digestif, l’æœsophage
et l'estomac, l'estomac et l'intestin par exemple; on saisit ainsi des
transitions intéressantes.Les coupes étaient colorées par le picro-
carmin ou l’hématoxyline et montées dans la glycérine ; les disso-
ciations étaient faites sur des pièces traitées par l'acide osmique
et le picrocarmin. Les Poissons que j'ai trouvés sur la côte de
Bretagne au mois d'août 1833, étaient, pour les Sélaciens :
Lamna cornubica, Raja torpedo,
Squatina angelus, Seyllium catulus.
Ce groupe, au point de vue du tube digestif, est très tranché, et
fort différent des Poissons qui suivent. J’énumérerai les Poissons
Téléostéens, dans un ordre arbitraire, fondé sur les ressemblances
que présente chez eux le canal intestinal. Ainsi les Poissons qui
suivent ont des glandes gastriques très développées, un intestin
assez court à muqueuse peu épaisse :
Conger vulgaris, Gadus pollachius,
Mullus surmuletus, Gadus luscus,
Chrysophrys aurata, Engranlis encrassicholus.
Pagellus Bograveo, Caranx trachurus,
Trachinus draco, Motella tricirrata,
Muqil capito, Scomber scomber.
284 ALEXANDRE PILLIET
Viennent ensuile :
Rhombus maximus, Cottus scorpius,
Rhombus norvegicus, Gobius niger.
Solea vulgaris,
Ceux-ci présentent des groupes de glandes gastriques, déjà
réduites, peu volumineuses, isolées dans le chorion de la mu-
queuse. Il n’y en a plus du tout chez les suivants :
Callionymus lyra, Blennius pholys,
Syngnathus acus, Lepadogaster bimaculatus.
Labrus bergylta,
Les noms sont donnés d’après l'histoire des Poissons de la
Grande-Bretagne de Yarrel, et surtout, l’histoire des Poissons de
MM. RP. Boulart et H. Gervais (1).
Nous commencerons par l'étude de l’œsophage, que nous pren-
drons immédiatement au-dessous des dents pharyngiennes, pour
l'arrêter au point où finit l’épithélium pavimenteux stratifié qui
le recouvre. Il a la forme d’un canal évasé en entonnoir, plus ou
moins long, sillonné de rides longitudinales. Souvent, les glandes
gastriques commencent presque derrière le pharynx (Turbot,
Sole, etc.); il n'y a pas, à proprement parler, d'æœsophage ; pour-
tant nous conserverons ce nom à la muqueuse dermo-papillaire
qui précède l'estomac, qu'elle soit prolongée en un tube œsopha-
gien véritable, où qu’elle soit seulement la limite inférieure du
pharynx ; car la longueur de ce segment intermédiaire est si va-
riable, qu'elle est difficile à préciser, même pour chaque espèce.
Il présente de dehors en dedans un revêtement séreux, puis une
tunique annulaire de muscles striés, constante, très épaisse, qui
peut descendre jusque sur les premières glandes stomacales ;
c'est même le cas le plus fréquent. Cette disposition se trouve
portée à son plus haut degré chez la Vive (Trachinus draco). I]
existe aussi souvent une éouche de fibres striées longitudinales,
interne à la couche annulaire (Motella tricirrata, Cottus scorpius).
La disposition de ces deux plans est donc, dans l’œsophage, inverse
de ce qu'elle est dans l'intestin. Chez le Squatina angelus, une
couche très régulière de muscles striés, de provenance œsopha-
sienne, recouvre ainsi les trois quarts de l'estomac. Immédiate-
1) R. Boulart et H, Gervais, Histoire des Poissons de mer. Paris, 1874.
SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 285
ment en dedans de la tunique musculaire, se rencontre un chorion
très épais, qui peut avoir exactement la structure de l'aponévrose
sous-dermique des Poissons, c’est-à-dire des faisceaux de fibres
égaux, parallèles entre eux et à la surface de la muqueuse légére-
ment ondulés, et réunis entre eux par d’autres faisceaux suturaux
plus minces, également espacés, perpendiculaires aux premiers.
Entre ces faisceaux sont disposées des cellules fixes étalées, et le
nombre de leurs prolongements peut être très grand, de facon à
leur donner un aspect radié comme celui des Ostéoplastes. Le
Congre est un bon exemple de cette disposition. Quant il n’en est
pas ainsi, les faisceaux conjonctifs sont généralement dirigés
parallèlement à la surface libre de la muqueuse, les éléments
cellulaires, sphériques et fusiformes, sont assez abondants, le
réseau élastique n'est pas très développé. Immédiatement en
dedans de cette couche vient l’épithélium, qui s'insère sur le cho-
rion, non sur un seul et même plan horizontal, mais plus ou
moins profondément, suivant les endroits, ce qui fait que, sur
une coupe perpendiculaire à toutes ces parties, la ligne d’inser-
tion apparaît festonnée et dessine une série de petites élevures du
chorion, rappelant des papilles tout à fait rudimentaires.
Cet épithélium ressemble exactement au corps de Malpighi, de
la peau d’un Poisson sans écaille. Il est formé de plusieurs cou-
ches de cellules, les plus profondes étroites, allongées, à noyau
oblong, volumineux, nucléolé, implantées perpendiculairement
sur le chorion, sans membrane basale bien nette. Au-dessus, avec
toutes les formes de transition, les cellules deviennent polygo-
nales, puis aplaties parallèlement au chorion. Leur striation sca-
lariforme est évidente chez le Zamna cornubica. Leur noyau est
volumineux, sphérique et nucléolé. Au milieu de ces éléments,
se voient de grandes vacuoles claires, répondant à des cellules
caliciformes.
On les voit à divers degrés de développement dans tous les
étages de la couche épithéliale, et l’on peut constater que ce sont
des cellules de la couche profonde qui prennent le caractère vési-
culeux. Une gouttelette claire apparaît dans l’intérieur du cyto-
plasma, grandit, la cellule se gonfle peu à peu ; le noyau refoulé
subit un mouvement de bascule, et vient s’accoler à la face pro-
fonde de l'élément, où il reste accolé, sous la forme d'un mince
croissant, quand il est vu de profil; d’une masse oblongue, sans
nucléole, se colorant faiblement par les réactifs, quand il est vu
de face. L'élément toujours gonflé devient alors absolument sphé-
286 ALEXANDRE PILLIET
rique et repousse les cellules pavimenteuses qui l'entourent, et
sur lesquelles on voit son empreinte en déformations circulaires.
Il arrive ainsi par la desquamation normale des éléments, à la
surface libre de la muqueuse, se perce d'une ouverture parfaite-
ment circulaire, dont les dimensions variables déterminent sa
forme ampullaire, caliciforme, etc. Ces transformations se voient
surtout nettement dans l’œsophage et l’anus des Sélaciens, où les
cellules sont très volumineuses.
Les cellules ainsi faites ne sont pas plus nombreuses au com-
mencement de l’æœsophage, que dans la peau même des Poissons,
où leur nombre est variable, suivant les espèces, et où elles contri-
buent à former l'enduit visqueux qui recouvre ces animaux. Elles
se multiplient au niveau du cardia, et finissent par former toute
la surface muqueuse; mais elles reposent toujours sur une strati-
fication de cellules pavimenteuses ; et sont toujours semblables
entre elles. La seule différence que l’on puisse voir est celle-ci :
distendues toutes également par le mucus, elles se compriment
mutuellement. Quand elles sont nombreuses, elles deviennent
allongées, perdent très simplement Ja forme sphérique qui les
caractérise, dans un revêtement où elles sont mélées à d’autres
cellules.
La partie claire de ces éléments, le mucigène, ne se colore ni
par le carmin, ni par l'hématoxyline, ni par l'acide osmique. Pour
le nombre de ces éléments, il y a toutes les transitions entre
l'æsophage du Callionymus lyra et celui du Zepadogaster, par
exemple, où ils sont très abondants.
Mais leur disposition s’est toujours montrée la même, ainsi que
leur structure, chez tous les Poissons que j'ai examinés. Chez le
Congre, seulement,on trouve avec les éléments normaux, des cel-
lules en forme de raquettes, très longues, très réfringentes, dont
le corps ceilulaire se colore en jaune par le picrocarmin.
La couche épithéliale dont je viens de parler a généralement de 30
à 60 y d'épaisseur, et les cellules claires 12 y dans leur pius grand
diamètre, La muqueuse peut être creusée de plis profonds et rami-
fiés, donnant sur les coupes l'aspect de véritables glandes muci-
pares, car l'élément caliciforme y prédomine. Ceci se voit surtout
chez le Congre et la Motelle. Mais ce ne sont pas de vraies glandes,
car les cellules sont identiques au fond des cryptes, à leur col, et
à la surface libre de la muqueuse. Chez un Squale, le Lamma
cornubica, l'œsophage possède de véritables papilles, hautes et
nombreuses, recouvertes d'un épithélium dont les cellules sont
SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 287
caliciformes dans presque toute la hauteur du revêtement, et en-
tassées les unes sur les autres, sans pour cela prendre une forme
polyédrique.
L'œsophage est la partie du tube digestif qui présente l'organi-
sation la plus constante chez tous les lypes que nous avons vus.
Sa structure est toujours celle des muqueuses dermo-papillaires,
rudimentaire, mais très reconnaissable (1).
La transition entre l’œsophage et l'estomac est brusque. Les
cellules ovoïdes claires font place au revêtement de Ia surface
stomacale, dont les éléments sont cylindriques, allongés et dis-
posés sur une seule couche. Ces cellules sont intéressantes, parce
qu'elles offrent, quand on les compare chezles différents animaux
que nous avons énumérés, toutes les transitions entre l’épithé-
lium prismatique et l’epithélium califorme. Le premier est com-
posé de cellules longues, en forme d'Y, effilées à leur insertion,
allongées à leur sommet, mais dépourvues de mucigène ; le second
dont les cellules différent de celles que l’on trouve plus haut
dans l’œsophage, parce qu'elles ne subissent la transformation
muqueuse que dans une partie plus ou moins étendue de leur hau-
teur, et que leur corps cytoplasmique reste toujours distinct.
Ainsi, chez le Pagel (Pagellus bograveo), l'épithélium est formé
de cellules allongées, sans cuticule, montrant à peine à leur sur-
face libre une légère dépression cupuliforme ; colorées fortement
par les réactifs, brunies par l'acide osmique. Chez le Congre, le
Maquereau, la Motelle, etc., ia cellule est toujours allongée, mais
sa partie supérieure s'est écrasée, remplie de mucus, et l'élément
est bien franchement caliciforme. Pourtant son noyau est tou-
jours sphérique et n’est jamais refoulé par l'accumulation du
mucus. Chez les Sélaciens, où ces éléments atteignent 9) et 100 w
de long, le tiers supérieur seulement se creuse en cupule. Ce qui
donne à ces derniers étéments leur grande taille, c’est la disposi-
tion du corps cellulaire, prolongé et effilé, qui leur permet de se
grouper en bouquets sur les courtes villosités qui séparent les”
entonnoirs glandulaires. Les éléments qui occupent la surface
de l’estomac sont toujours les plus volumineux, ceux qui s’enfon-
(1) Robin, Muqueuse. Dict. encyclopédique des Sciences médicales.
P. Reynier, Développement de la portion sus-diaphragmatique du tube digestif,
Thèse d'agrégation, Paris, 1383.
288 ALEXANDRE PILLIET
cent dans le col des glandes se rapprochent de la forme prisma-
tique.
Chez tous les Poissons que j'ai vus, l'épithélium est le même
dans les deux portions de l'estomac, celle qui répond aux glandes
dites cardiaques des Vertébrés supérieurs, et celle qui répond aux
glandes pyloriques. Dans cette dernière portion il tapisse jusqu'au
fond les glandes, qui parfois ne sont que de simples dépressions,
et paraissent être des glandes purement muqueuses. Quand il est
composé de cellules prismatiques, allongées, qui n’ont pas le
caractère caliciforme, elles se comportent sous l’action des réac-
tifs, comme les cellules de la portion post-stomacale du tube
digestif, dont elles ne diffèrent que par leur taille et par l'absence
de la mince couche hyaline, fibrillaire, qui forme une cuticule sur
la face libre de ces dernières.
En résumé, l’épithélium gastrique n’est pas un; il peut être
composé de cellules prismatiques simples, ou de cellules prisma-
tiques se chargeant de mucigène, mais en général dans des pro-
portions assez limitées. Je n’ai trouvé que des différences insigni-
fiantes entre les cellules de la surface, chez les animaux repus ou
à jeun. Je dis de suite que pour les cellules des glandes le résultat
a été le même.
Les glandes de l'estomac offrent une morphologie particulière,
comme on a pu le pressentir d’après la division en groupes, éta-
blie au début de ce travail. Voyons d’abord leur caractères com-
muns.
Elles commencent généralement un peu plus bas que l’épithé-
lium gastrique; ce sont des glandes en tubes simples, souvent
plus longues que chez les Batraciens, d'une longueur moyenne
de 200 y, d'une largeur de 40 y, remplies de cellules polyédriques,
granuleuses, de 8 à 10 y de diamètre. |
Il n’y à dans ces glandes qu'une seule espèce de cellules. Ces
dernières sont remplies d’un granulé opaque, que le picrocarmin
colore en jaune, l’hématoxyline en gris de lin, l'acide osmique en
brun. Ce granulé peut être très fin, laisser voir le noyau ou pré-
senter de gros grains qui le masquent tout à fait, suivant les
espèces. Les éléments répondent, par leur situation, aux cellules
principales des Vertébrés supérieurs, par leurs principales réac-
tions, au contraire, et surtout l'abondance des granulations, elles
se rapprocheraient des cellules bordantes. Les glandes du même
animal ne contiennent jamais, nous l'avons dit, qu'une seule
espèce de cellules, comme cela à lieu chez les Oiseaux, les Batra-
SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 289
ciens et les Reptiles. Si l'élément est constant, la forme de la
glande, et surtout sa disposition dans le chorion, sont très varia-
bles. Chez les Sélaciens, elles sont pressées les unes contre es
autres et très hautes ; leur disposition générale rappelle beaucoup
celle qu'on voit chez les animaux supérieurs. Les glandes débu-
tent au voisinage du cardia par des culs-de-sac assez courts,
s’abouchant dans des canaux excréteurs aussi longs qu'eux; ce
qui fait que le picro-carmin colorant la muqueuse stomacale y
détermine deux bandes parallèles, une jaune profonde, une rouge
superficielle. Sur tous les Squales que nous avons vus, cette dis-
position est identique, la dimension seule des glandes variant
avec la taille des animaux. Chez le Lamna cornubica, les culs-de-
sac s’enfonçant dans un chorion assez développé et très lâche,
présentant des faisceaux connectifs parallèles à la surface de l'es-
tomac, et qui doivent jouer un rôle actif dans l’excrétion des
glandes, vu l’absence de musculaire muqueuse. La portion jaune
répond à des cellules polyédriques, ou plutôt cubiques, dispo-
sées sur un seul rang contre la paroi glandulaire, et ne laissant à
peu près pas de lumière au centre du tube. Dissociées, elles sont
arrondies ou légèrement ovales, avec un noyau volumineux, res-
semblant à des cellules hépatiques. Les plus grandes ont de 10 à
12 y de diamètre. Elles sont remplies d'un granulé jaune, abon-
dant ; leur noyau est distinct, sphérique, nucléolé. Elles cessent
brusquement au niveau du col de la glande, et sont remplacées
par des cellules prismatiques, petites, abondantes, à noyau volu-
mineux, occupant la majeure partie de la cellule. Cet épithélium
tapisse le col des glandes, et se continue peu à peu avec des cel-
lules cylindriques claires; et des éléments caliciformes, qui s’in-
sèrent en bouquets sur le sommet de la charpente connective de
la muqueuse, dessinant ainsi de très courtes villosités, tapissées
d'éléments mucipares. Beaucoup sont coudées par leur pression
réciproque, et leur portion claire, chargée de mucigène, fait un
angle avec le corps de la cellule, adhérant à la villosité. Au pylore,
les cellules granuleuses disparaissent, et les glandes ne sont plus
remplies que par l’épithélium cylindrique.
La Torpille offre la même disposition; les glandes sont plus
courtes ; il existe quelques faisceaux de fibres musculaires longi-
tudinales sous la muqueuse.
Le Squatina angelus présente en dehors de la tunique extérieure
des fibres striées, qui dépendent de l’æsophage, une couche de
cellules granuleuses, très grosses et assez claires, qu'on ne re-
19
290 ALEXANDRE PILLIET
trouve pas chez les autres Sélaciens. Il est à remarquer qu'il n’y
a qu'une seule sorte de cellules granuleuses, chez les Sélaciens,
analogues aux cellules bordantes. On connaît l'opinion de Hei-
denhain, qui attribuait à ces cellules la secrétion de l'acide chlo-
rhydrique chez les Mammifères, les cellules principales secrétan:
la pepsine ; nous ne voudrions pas préjuger cette question, mais
nous ferons remarquer l’extrème richesse en acide chlorhydrique
du suc gastrique des Sélaciens, qui en contient jusqu’à 15 gram-
mes par litre (1).
Le Congre laisse voir dans les deux tiers antérieurs de son
estomac une muqueuse épaisse, d'une coloration grise, qui s'arrête
brusquement à une ligne circulaire nette. Au-delà, la muqueuse
est d’un blanc nacré, c'est la portion pylorique de l'estomac. La
portion cardiaque a les deux couches musculaires normales, un
chorion peu épais, limitant des glandes très régulières qui, sur une
coupe longitudinale, se montrent remplies de cellules semblables,
assez grosses, remplies d’un granulégris-jaunâtre. Sur une coupe
perpendiculaire à leur longueur, elles sont comme des espaces
pentagones limités par un réseau conjonctif, épais de 3 à 4u; cha-
cune estoccupée par 6 à 8 cellules granuleuses, accolées à la paroi
par une base large, et laissant au centre de la glande une lumière
régulièrement ronde. L'estomac de l’Anguille est à peu près sem-
blable. L’estomac du Maquereau offre un cul-de-sac assez profond
et un pylore latéral, disposition fréquente d’ailleurs.
Les glandes, courtes et serrées, se réunissent à plusieurs dans
le même canal excréteur; l’épithélium stomacal forme au-dessus
d'elles des plis nombreux assez élevés. La structure de ces
glandes est semblable à celle que nous venons de décrire chez le
Congre, et nous n’y reviendrons pas pour ne pas refaire le même
tableau sans utilité ni intérêt.
L'’estomac cardiaque du Mugil capito est tout à fait distinct de
l'estomac pylorique, comme nous le verrons, les glandes y
forment une couche épaisse, elles se touchent toutes et débouchent
dans des canaux courts, tapissés de cellules longues, calici-
formes. Leurs cellules sont d'une seule sorte, volumineuses,
opaques et granuleuses, polygonales, et d'un diamètre qui varie
de 6 à 10.
L'estomac de la Daurade (Chrysophrys aurata) est volumineux,
(1) Charles Richet, La digestion chez les Poissons. Archives de Physiologie, 1882,
p. 996.
SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 291
sillonné de nombreux plis mamelonnés. L'épithélium superficiel
est composé de cellules allongées, caliciformes, semblables à
celles qui tapissent les glandes muqueuses de la Grenouille.
Elles ont 30% de longueur. Les glandes sous-jacentes à cet
épithélium se touchent toutes; elles occupent une situation
superficielle. Elles sont courtes au voisinage de l’œsophage, très
allongées au milieu de l'estomac. Elles sont remplies de cellules
nombreuses, polyédriques, sans régularité.
Chez le Mullus surmuletus, une couche de celiules prismatiques
sur un seul rang fait suite à l'æœsophage. Le chorion se creuse
de dépressions qui s’accroissent à mesure que l’on descend
vers l’estomac. Les cellules du fond de ces dépressions prennent
le caractère caliciforme ; on a donc de vraies glandes muqueuses
précédant les glandes gasiriques proprement dites. Puis appa-
raissent au fond de ces glandes des îlots arrondis, formés de
quelques cellules à ferment que l'hématoxyline différencie très
nettement, soit en les colorant en gris de lin, soit en les laissant
colorées en jaune ; les acinis débouchent donc dans des enton-
noirs profonds. Ils croissent peu à peu, forment des glandes
isolées par des travées conjonctives minces, mais très distinctes.
Elles débouchent à plusieurs dans un même canal. Leurs cellules
sont polygonales, de taille assez inégale, à noyau petit et dis-
tinct. Les glandes gastriques du Pilono {Pagellus bograveo),
sont semées, enchassées dans une forte charpente conjonctive.
Les cellules de l'épithélium stomacal sont de deux sortes, les
unes simplement prismatiques, les autres offrant un léger évase-
ment de leur face libre, ces dernières plus nombreuses au voisi-
nage du pylore. Les premières glandes qui apparaissent après
l'æsophage, chez la Vive (Trachinus draco), sont absolument
isolées, noyées dans le tissu conjonctif, s'ouvrant chacune par un
canal spécial, très large, en entonnoir, tapissé de cellules cylin-
driques évasées. Plus bas, elles s’abouchent à plusieurs dans le
même canal, mais toujours par groupes distincts.
Nous allons voir cette tendance au groupement des glandes
stomacales, en îlots séparés, s’accuser de plus en plus sur les
poissons qui suivent. Chez l’Anchois, les cellules de la surface
stomacale sont cylindriques, étroites, granuleuses ; les glandes
stomacales affectent dans leurs rapports avec le chorion des
dispositions spéciales. Elles ne sont séparées de la couche muscu-
laire que par une mince couche conjonctive dont l'épaisseur ne
dépasse pas 20%, remarquable par l'abondance d'un pigment
292 ALEXANDRE PILLIET
noir, en traînées minces, granuleuses et irrégulières, qui s'étend
également à l'æœsophage et aux culs-de-sac pyloriques.
Elles sont tassées et forment des tubes larges et flexueux,
séparés par des travées qui vont s'épaississant sur la surface libre
de l'estomac, en sorte que les glandes sont comprises entre la
couche pigmentée et une zone conjonctive superficielle, d'une
épaisseur au moins égale, percée de conduits glandulaires et
recouverte par l'épithélium gastrique. Les glandes stomacales
contiennent de grandes cellules peu foncées; celles de la base
sont pressées, très granuleuses, opaques; on ne distingue bien
ni leurs noyaux, ni leur contour. Plus près de la surface elles
sont moins granuleuses, leur noyau est fort petit, sphérique.
Ces éléments se continuent insensiblement par de légers change-
ments de forme avec ceux des canaux excréteurs, qui sont petits,
granuleux et prismatiques ; avec un noyau volumineux possédant
deux ou trois nucléoles punctiformes. Le Sprat (Clupea spraltus),
la Sardine, présentent des types assez semblables à celui-ci.
Chez le Gadus pollachius, les glandes sont aussi noyées par
groupes épars dans le chorion, et séparées de l’épithélium gas-
trique, qui est caliciforme, par une zone de faisceaux conjonctifs.
Il existe une faible musculaire muqueuse,
Chez le Caranx trachurus, le revêtement gastrique est calici-
forme; il tapisse des cryptes en entonnoir au fond de chacune
desquelles s'abouchent quatre ou cinq glandes courtes, groupées
comme des sacs de blé, posés les uns contre les autres. Chacun
de ces groupes est isolé. Les cellules glandulaires sont les mêmes
que nous connaissons.
L'aspect des glandes varie chez la Motelle, selon le point de
l'estomac qu'on examine. Près de l'œsophage le chorion est très
épais, très vasculaire; les glandes à pepsine y sont isolées par
groupes de trois à huit. Elles sont longues et étroites, appendues
à des canaux excréteurs communs, tapissés de cellules calici-
formes allongées qui contiennent dans leur partie claire des
granulations jaunâtres, très peu réfringentes, assez diffuses. Au
milieu de l'estomac, les glandes sont beaucoup plus longues et se
touchent ; en approchant du pylore, leurs amas s'éclaircissent de
nouveau.
Surun Turbot jeune, l'œsophage très court fait rapidement
place à des cellules prismatiques très longues que brunit l'acide
osmique. L'estomac offre à l'œil nu un aspect mamelonné. Les
premières glandes gastriques sont d'abord extrêmement espacées,
SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 293
noyées dans un chorion d’une grande épaisseur. Elles sont toutes
situées à peu près sur le même plan : très courtes, la plupart sont
irrégulièrement arrondies, quelques-unes allongées. Elles ne
contiennent qu'un petit nombre de cellules polyédriques à gros
noyau, fortement granuleuses, colorées en brun par l’osmium.
Leur canal excréteur est très long, vu la distance qui sépare les
glandes de la surface libre, sa paroi est recouverte d’une seule
couche de cellules allongées, granuleuses, assez semblables à
celles mêmes qui remplissent les culs-de-sac, ce qui fait qu’on
pourrait le regarder comme une émanation directe de la glande.
Au milieu de l'estomac, les glandes sont toujours allongées,
isolées, très petites, par groupes piriformes ; mais elles sont plus
nombreuses et viennent presque au contact. Il existe quelques
faisceaux de fibres lisses sous la muqueuse.
Le tube digestif du Rhombus norvegicus ressemble beaucoup à
celui du Turbot. La dermo-muqueuse fait place très vite à un
épithélium cylindrique sur une seule couche, qui conserve encore
quelque temps dans ses rangs des éléments caliciformes ; puis
ceux-ci disparaissent au niveau des premières glandes. L'épithé-
lium cylindrique est d’une hauteur de 50u; vus de champ les
éléments ont une largeur de 5; ils offrent une surface claire
polygonale, au centre de laquelle on distingue un noyau qui se
colore peu. Ces cellules ont leur partie libre un peu évasée,
terminée par une surface concave. Elles sont assez claires, mais
se colorent par l'acide osmique et l’hématoxyline; le picro-
carmin les teint en jaune orangé, mais plus légèrement que ces
deux réactifs. La muqueuse gastrique se creuse de dépressions
à la hauteur du canal de chaque glande; ces dépressions s’enfon-
cent au-devant de ces canaux en formant des infundibula très
courts qui collectent chacun plusieurs groupes. Les glandes pré-
sentent comme celles du Turbot un corps et un col allongé, tapissé
d’une seule couche de cellules aplaties, granuleuses comme celles
des glandes, avec un noyau sphérique distinct. Le corps, sur une
coupe perpendiculaire à l'axe de la glande, se montre comme une
figure irrégulièrement ronde ; les cellules qui le remplissent sont
polyédriques, très granuleuses. Chaque cul-de-sac glandulaire a
1204 delong sur A0 de large; en moyenne, le col à une lar-
geur de 5 à 8x, sa longueur, très variable, peut aller à 50. En
descendant dans l'estomac, on voit ces glandes se serrer de plus
en plus et arriver à se toucher en gardant toujours leurs canaux,
qui traversent une couche conjonctive épaisse de 20z à peu près,
294 ALEXANDRE PILLIET
pour aller se jeter dans les dépressions en doigt de gant de la
muqueuse stomacale. Puis elles cessent tout à coup, et l’épithé-
lium superficiel se continue en décrivant exactement les mêmes
sinuosités, comblant les mêmes dépressions que dans la portion
sus-glandulaire. C’est la portion pylorique, du reste assez courte.
Nous y retrouvons l'épaississement de la musculaire interne, qui
est très marqué, puis l’étranglement pylorique.
Chez la Sole, les glandes sont groupées en lobules irréguliers
immédiatement sous l’épithélium ; elles n’ont pas cette portion
allongée, ce col qui existe chez les deux poissons précédents.
Pour le reste, elles sont semblables. Les cellules du revêtement
stomacal sont aussi prismatiques et granuleuses, tellement sem-
blables aux cellules prismatiques de l'intestin, qu'on ne peut
saisir de transition sur une coupe comprenant la région pylo-
rique.
L’estomac du Gobius niger est sillonné de plis épais et nom-
breux, creusé de dépressions au fond desquelles s'ouvrent les
glandes. Les cellules superficielles sont prismatiques et bru-
nissent par l'acide osmique, avec un volumineux noyau ovoïde,
groupées en bouquet sur toutes les saillies de l'intestin. Les
glandes, isolées et peu nombreuses, sont tout à fait sous l’épi-
thélium ; leurs culs-de-sac sont si courts qu'ils ont la forme
de petits acinis simples; ce qui complète la ressemblance, c’est
qu'elles sont remplies de cellules pyramidales dont la base est
accolée à la paroi. Les granulations qui les remplissent sont
très fines ; aussi ne sont-elles pas opaques et fixent-elles assez
peu les réactifs. Leur noyau est petit, sphérique et refoulé vers la
base de la cellule. La lumière centrale de la glande est très
étroite. Chaque cul-de-sac très court ne contient pas plus de 6 à
8 de ces cellules dans toute sa hauteur. Les glandes cessent au
pylore, marqué par un épaississement de la couche annulaire
interne de fibres lisses.
Le Cottus scorpius a des glandesrudimentaires fort semblables.
Elles se composent d’acinis mesurant de 20 à 40% de diamètre,
remplis de grosses cellules polyédriques, granuleuses ; les acinis
sont disposés par amas épais, irréguliers, très espacés dans le
Lissu conjonctif sous-muqueux. De chaque groupe partent plu-
sieurs canaux allant à la surface gastrique. Les culs-de-sac
s'allongent un peu vers le centre de l'estomac ; ils cessent à un
bourrelet conjonctif, circulaire, épais, situé un peu en avant du
pylore. De ce repli au pylore on trouve la muqueuse stomacale
SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 295
creusée de dépressions assez profondes, au fond desquelles des-
cendent les cellules de l’épithélium superficiel.
Chez les Lophobranches, on remarque un tube digestif d'un
diamètre à peu près constant, sans renflement stomacal, sans plis
mamelonnés. L'æœsophage du Syngnathe, assez long et riche en
cellules caliciformes, fait place à une couche très serrée de
cellules cylindriques sur un seul rang, laissant voir de loin une
rare cellule caliciforme et s'étendant sur un seul plan, sans pli
ni dépression, l’espace de trois centimètres environ, après quoi se
forment des plis espacés et anastomosés, circonscrivant des
dépressions peu profondes, mais larges, plis qui appartiennent à
l'intestin. Cette couche uniforme de cellules cylindriques repré-
sente le revêlement de la muqueuse gastrique ; mais les glandes
déjà rares chez le Gobius niger ont totalement disparu. Toute
cette région est recouverte des fibres striées qui se prolongent de
l’æœsophage. Le tube digestif du Callionymus lyra est aussi droit
et court, sans renflement stomacal, sans étranglement car-
diaque ou pylorique. A la fin de l’œsophage, sans transition,
les cellules se réduisent à une seule couche, dont quelques plis
peu élevés multiplient la surface. Ces cellules prismatiques
sont longues, très étroites, assez granuleuses et fixent fortement
les réactifs ; elles ne sont pas mêlées de cellules caliciformes et
sont surmontées d’une cuticule striée comme les cellules de
l'intestin.
L'estomac du Lepadogaster bimaculatus est construit sur le
même plan, la surface gastrique est seulement plus réduite,
relativement à la longueur totale de l'intestin et chargée de
cellules caliciformes. Enfin chez la Vieille de Mer (Labrus bergylta)
et chez le Blennius pholis, cette couche même n'existe plus, et
immédiatement après la muqueuse dermo-papillaire commencent
les plis élevés d’une muqueuse intestinale très développée.
Les Pleuronectes, les Lophobranches offrent tous à l'œil nu
un canal intestinal tellement semblable à celui des animaux que
je viens de citer, que les glandes stomacales y font aussi pro-
bablement défaut. En effet, chez tous ces animaux, le tube
digestif est court, droit, sans renflement stomacal; il est seule-
ment un peu infundibuliforme à son entrée.
L'absence des glandes stomacales chez les Poissons a d’abord
été signalée par Leydig (1) chez le Petromyzon, la Myxine ct le
(1j Leydig, Traité d'Histologie comparée, traduct, Lahillonne, 1866.
296 ALEXANDRE PILLIET
Cobitis fossilis. D'après Ch. Richet (1), Luchau l'aurait indiqué en
1877 chez le Cyprinus tinca et le Cyprinus carpio. Ludwig
Edinger (2) qui a étudié les poissons de Rostock et du golfe de
Naples, a montré que ces glaudes se développent tard et que
leur existence n’est pas constante. Ce fait me paraît beaucoup
plus fréqueut qu'on ne l’admet d'après ces cas isolés restés
jusqu'ici à l’état d'exception, et il suit de ce que je viens de
dire que cette notion doit être étendue à un certain nombre
d'espèces, puisque un cinquième des poissons que j'ai examinés
sans choix ne présentaient pas d'estomac. Stannius a signalé
aussi ce fait pour la Chimère et l'Orthagoriseus mola.
Ces animaux n'’offrent rien de particulier dans leurs mœurs;
ce sont généralement des Poissons de fond.
Les glandes répondant à la portion pylorique de l'estomac des
Vertébrés supérieurs n'existent pas chez les animaux à estomac
rudimentaire qui forment le second groupe des Téléostéens que
nous avons indiqués en commençant. Chez les Sélaciens, les
glandes à cellules granuleuses s'avancent jusqu'au pylore et l'on
a regardé comme l'estomac pylorique le boyau qui relie l’esto-
mac à la lame spirale. Milne-Edwards (3) le nomme étranglement
pylorique. Le professeur Cleland (4), de Glascow, l'a même com-
paré à la portion pylorique intestiniforme de l'estomac des Céto-
dontes. Ce détroit est sillonné par quatre ou cinq grands plis
longitudinaux couverts de glandes en tubes, remplies de cel-
lules cylindriques à noyaux volumineux, qui se transforment en
cellules caliciformes à mesure qu'on se rapproche du col de la
glande. Sur une coupe perpendiculaire à l’axe des glandes, elles
apparaissent arrondies, tapissées par 7 à 8 cellules caliciformes
dont les noyaux ronds, très gros, sont accolés à la paroi, la
partie chargée de mucigène s'évasant subitement en forme de
verre à pied. Leur contour est clair, très peu grarulé. Elles lais-
sent au centre du tube une lumière étroite, les glandes sont très
serrées entre elles, montrent une mince charpente conjonctive
portant les vaisseaux. Il n’y a pas de villosités. Rien dans cette.
structure ne contredit l'opinion de Cleland.
(1) Ch. Richet, Du Suc gastrique. Journal de l'Anatomie. XIV, 1878, p. 181.
(2 L. Edinger, Sur le développement et la structure du canal intestinal des
Poissons. Arch. f. mikr. Anat., 1876.
3, Milne-Edwards, Anatomie et Physiologie comparées, VI, 1859,
1) 3, Cleland, Viscera of the Porpoise, ete. Journal of Anatomy and physiology,
XVIII, p. 327, 1881,
SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 297
La portion pylorique de l'estomac du Congre est séparée du
reste par une ligne nette, nous l'avons dit. A cette limite, le
chorion fait un pli assez marqué et n’a plus ensuite que des
ondulations irrégulières, des plis mamelonnés, délimitant des
cryptes peu profondes. Le tout est tapissé d'un seul rang de
cellules caliciformes très longues, un peu élargies à leur extré-
mité libre. Le noyau, situé près du point d'attache de la cellule, est
gros, arrondi, nucléolé. Toutes ces cellules sont à contour clair,
et à peu près circulaires vues de champ.
Chez le Mullus surmuletus, en approchant de la ligne pylorique,
les cellules granuleuses des glandes diminuent peu à peu, les
glandes disparaissent. Il ne reste plus que les infundibula pro-
fonds où elles venaient s’aboucher. On comprend qu'ils aient
l'aspect de glandes très larges, très peu profondes, se bifurquant
parfois à leur base et présentant sur une coupe perpendiculaire à
leur grand axe une figure irrégulièrement arrondie. Le fond de
ces glandes pyloriques est entièrement tapissé par un épithélium
à petites cellules cubiques qui s’allongent à mesure que l’on
monte vers la surface, prennent le caractère caliciforme et
arrivent, vers les deux tiers de la hauteur de la glande, à être
tout à fait semblables aux cellules superficielles de l'estomac.
Le Maquereau à les mêmes glandes profondes, en entonnoir,
mais plus serrées. Beaucoup des cellules caliciformes ont de
fines traînées noires, protoplasmiques, parallèles, striant en long
la cellule, arrivant jusqu'à la surface libre, où chacune de ces
lignes détermine un froncement qui donne à cette face un aspect
denticulé. Cet aspect se retrouve chez le Rouget et la Motelle.
Les glandes pyloriques de la Daurade appartiennent encore au
même type ; il semble que les cellules granuleuses disparaissent,
les cellules de revêtement viennent prendre leur place au coldes
glandes, en sorte que les loges glanduleuses conservant leur pro-
fondeur n’ont plus qu'un petit nombre de cellules granuleuses
au fond d’un entonnoir peu évasé. Ces derniers groupes dispa-
raissent eux-mêmes dans la région tout à fait pylorique, et l’on a
des glandes semblables à celles que nous avons décrites. La
couche musculaire annulaire qui s'était épaissie graduellement,
de facon à être considérable au pylore, cesse brusquement à ce
niveau, après avoir envoyé un prolongement dans le bourrelet
conjoncetif qui forme la ligne pylorique;, c’est un fait constant,
nous l'avons vu.
L’estomac pylorique du Mugil capito est une exception très
298 ALEXANDRE PILLIET
remarquable au milieu de ces types ne différant que par des sim-
plifications insensibles dont nous venons de parler. Il a été sou-
vent comparé par les anatomistes à un gésier (1), et l'examen
histologique confirme pleinement cette donnée. Au niveau de la
portion pylorique, la couche musculaire interne prend subitement
une épaisseur considérable de plus d'un centimètre, et se trouve
coupée, à intervalles égaux, par des cloisons conjonctives que par-
courent les vaisseaux ; la couche musculaire externe, longitudi-
nale, ne change pas. On ne voit plus dans l'estomac que des
glandes en entonnoir, très évasées, que tapissent des cellules
petites, étroites et serrées. Celles du fond des glandes sont
cubiques ; elles se transforment peu à peu en éléments calici-
formes assez grèles, de 154 de long, dont le contenu se confond
avec une couche de mucus consistant, qui les recouvre, et dont la
hauteur égale celle de la muqueuse elle-même, soit 2/10 m.-m.
Le mucus de consistance quasi-cornée, dont l'existence est
constante, est sillonné de bandes fibrillaires amorphes, colorées
par les réactifs, et de trainées granuleuses continuant la direction
des glandes, et répondant à des cellules mortes, desquamées et
fixées dans cette gangue. On peut juger par leur peu d’abondance
que la desquamation des éléments sécréteurs des glandes n’est
pas très active et qu'elle ne concourt pas efficacement à
augmenter la sécrétion glandulaire.
Cette couche résistante s'enlève par lambeaux blanchâtres sur
l'animal frais; elle est moins épaisse que la couche de consis-
tance cornée, secrétée par les glandes pyloriques des Oiseaux ;
mais l'identité générale est complète entre ces deux sortes d'or-
ganes.
Nous avons vu les glandes à pepsine s'espacer chez la Mo-
telle; au voisinage du pylore, elles finissent par disparaître en
totalité et les glandes pyloriques les remplacent, comme dans
les autres estomacs que nous venons de voir. En même temps,
les plis du chorion s'élèvent et se chargent de cellules calici-
formes, ce qui donne à celle région de l'estomac un aspect vil-
leux très prononcé. Vues de camp, les glandes pyloriques sont
très espacées ; leur ouverture es£ circulaire.
Chez les autres Poissons, dont nous nous occupons, l'estomac
pylorique n'existe pas ou est très rudimentaire. Les glandes
cessaut avant le pylore, on n’a plus que la muqueuse gastrique
(1) Milne-Edwards, Anatomie et Physiologie comparées, VI, 1859,
SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 299
avec ses dépressions qui sont plutôt descryptes que de véritables
glandes.
L’estomac possède sous la séreuse péritonéale, dont l’épithé-
lium est composé de cellules cubiques chez beaucoup de Séla-
ciens, une couche externe longitudinale de fibres lisses, une
interne annulaire dont nous avons parlé à propos de chaque
animal. On voit d’abord apparaître des faisceaux de fibres lisses
parmi les faisceaux striés de la tunique annulaire œsophagienne,
qui descend généralement fort bas. C’est le premier indice de la
couche annulaire interne. La couche longitudinale interne de
l’æœsophage se prolonge plus ou moins bas, sur les glandes gas-
triques et s’épuise définitivement. En même temps se montre,
sous la séreuse péritonéale, la couche de fibres lisses longitudi-
nales. Nous avons vu que la musculaire muqueuse n'était pas
constante. Le plus souvent elle est réduite à quelques grêles
faisceaux longitudinaux disposés dans le chorion. Au pylore la
couche annulaire interne peut se quintupler, comme cela a lieu
chez la Motelle. Le Mugil Capito présente une épaississement
extrême quiest comme l’exagération de cette disposition géné-
rale. Quelques faisceaux de cette couche interne entrent dans la
composition du repli pylorique et assurent sa contractibilité.
Chez un Invertébré, l'Octopus vulgaris, qui à été bien étudié au
point de vue histologique, par M. Ch. Livon, de Marseille (1),
nous trouvons quelques points de ressemblance avec ce qui
nous est donné d'observer chez les poissons. La portion du tube
digestif appelée estomac est aussi un gésier, dont les fibres lisses
présentent une striation oblique spéciale que l’on retrouve chez
quelques Annelés, la striation losangique ; seulement on n’y voit
pas de glandes, mais un seul rang de cellules caliciformes sous
une épaisse couche hyaline dont les ondulations fibrillaires
sont parallèles au plan de la muqueuse, et dont la consistance
est très dure. L’Octopus n’a pas non plus de glandes stomacales
dans tout son tube digestif, où l’on ne voit qu'une couche unique
d'éléments cylindriques caliciformes. Les glandes œsophagiennes,
qui forment quatre masses volumineuses, doivent en tenir lieu.
Nous voici au bout de cette étude sur l'estomac, que, malgré
le petit nombre de poissons pris au hasard, qui en étaient l’objet,
nous avons pu suivre des formes les plus compliquées aux
(1) Charles Livon, Structure des viscères des Céphalopodes. Journal de l’Anatomie,
1881.
300 ALEXANDRE PILLIET
formes les plus rudimentaires, jusqu'à l'absence même de l’or-
gnne en suivant une échelle décroissante dont les transitions
élaient fort simples. Ainsi se justifie le groupement arbitraire
que nous avons adopté au début. L'étude de l'intestin est plus
simple et plus courte.
L'intestin, au-delà du pylore, est généralement très court;
souvent il ne dépasse pas la longueur totale du poisson. Il peut
être rectiligne ou présenter une anse, de manière à figurer un N
plus ou moins allongé. Cette anse peut se multiplier, rarement.
Il peut exister des appendices pyloriques plus où moins nom-
breux. Un peu avant l'anus on trouve un rétrécissement exté-
rieur correspondant à une saillie interne, souvent bien marquée,
sous la forme d'un pli dirigé en bas, valvulaire par conséquent.
De cette ligne à l’anus, l'intestin est dilaté en ampoule.
L'intestin des Sélaciens est rempli par la lame spirale, dont la
disposition a frappé depuis longtemps les observateurs. On le
comprendra très facilement si on la compare à une valvule
connivente très développée et descendant en spire d’un bout à
l'autre de l'intestin. Comme sur une valvule connivente nous
y trouvons des villosités et des glandes. Les villosités sont
courtes, très vasculaires ; elles contiennent des fibres lisses lon-
gitudinales; elles sont couchées comme comme des épis par le
vent dans le sens longitudinal de la lame.
Les landes en tubes sont assez profondes. Le tout est recou-
vert de cellules cylindriques très longues, surmontées d'une
production cuticulaire, épaisse et striée en long, qui présente au
premier coup d'œil l'aspect d’une couronne de cils vibratiles
agglulinés. Il n'y a pas de cellules caliciformes. Quand on dis-
socié ces éléments, on voit que leur noyau très gros, ovalaire, est
situé entre deux étranglements, vers la surface libre, le corps
cyloplasmique s'élargit en forme de massue allongée; vers la
base, il se dilate en une sorte de gâteau qui fixe la cellule. Le
noyau est situé entre ces deux masses; lrelié à chacune par un
pédicule. On trouve aussi en grande abondance des éléments
cylindriques n'offrant que des traces de différencialion et des
cellules de remplacement à gros noyau, à corps cellulaire très
peu développé. La charpente conjonelive de la lame spirale est
renforcée par deux bandes de muscles lisses qui s'étendent du
bord adhérent au bord libre, répondant chacune à une des
deux muqueuses adossées ; c'est de là que partent les fibres des
SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 01
villosités. La lame spirale se termine brusquement en trois ou
quatre tours de spire de plus en plus petits dans la vaste dilata-
tion cloaquale qui précède l'anus, chez les Sélaciens, et où
s'ouvre aussi la glande superanale. Cette poche est sillonnée de
plis longitudinaux s'étendant jusqu'à l'anus ; c'est une muqueuse
dermo-papillaire qui la revêt. Ces plis sont hérissés de papilles
longues et coniques, émanant d’un chorion épais et noyées dans
une couche d’épithélium pavimenteux stratifié dont beaucoup de
cellules subissent la même transformation caliciforme que nous
avons déjà vue dans l’æœsophage et la peau des poissons osseux.
Seulement elle est beaucoup plus facile à suivre ici à cause
de la dimension, chez les Sélaciens, de ces éléments qui rap-
pellent ceux de la Grenouille et du Triton. Les cellules ba-
sales sont allongées ; beaucoup sont exactement semblables à
celles du tissu conjonctif des papilles. Elles se dégagent peu à
peu et, vers le milieu de la hauteur de l'épithélium, un grand
nombre subissent la transformation vésiculeuse qui se continue
jusqu'à ce que cet élément soit complètement sphérique, comme
une cellule adipeuse; le cytoplasma refoulé formant un mince
prolongement situé au pôle opposé à l'ouverture qui perfore la
membrane d'enveloppe de la cellule. Quand celle-ci arrive à la
surface les cellules pavimenteuses sont d'autant plus nom-
breuses qu'on se rapproche davantage de l'anus où elles se
confondent avec celles de la peau. Leur évolution est facile à
comprendre, les éléments de la couche profonde s'accroissent
sans se charger de mucigène, deviennent polyédriques, puis pa-
vimenteux, déformés par les cellules muqueuses sphériques qui
les entourent et sur la convexité desquelles ils se moulent ; ils
ne sont jamais réduits à l'état de lamelles minces, car ce sont
surtout les ceilules caliciformes qui couvrent la surface libre.
La glande superanale s'ouvre à la partie supérieure de l’ampoule
anale par un canal court, revêtu intérieurement d’un épithélium
caliciforme ; sa forme est olivaire.
Sa paroi est formée par l'épithélium cylindrique du péritoine, et
une large couche conjonctive dans laquelle s’enfonce des culs-
de-sac arrondis, rappelant tout-à-fait ceux des glandes de Lie-
berkühn, et répondant chacun à une glande en tube très étroite
et très longue, puisqu'elle s’avance presque jusqu'au centre de
la glande. Les cellules qui tapissent chaque glande, sur un seul
rang, sans cellules de remplacement à leur base, sont cubiques,
ce qui donne à l’ensemble un aspect comparable à celui des
302 ALEXANDRE PILLIET
tubuli du rein. Leur bord libre n'a pas de plateau ; il présente
souvent un double contour; leurs bords contigus sont peu
distincts. Le noyau est central, gros, avec trois ou qnatre nu-
cléoles. Le cytoplasma est chargé de granulations grises, assez
fines, mais très abondantes et qui paraissent disposées en séries
longitudinales sous l’action de l'hématoxyline. Ce n’est donc
donc point simplement une glande à mucus, et la physiologie
nous avait déjà éclairés sur ce point. M. R. Blanchard (1), qui a
le premier reconnu la vraie structure de cette glande, à trouvé
que, sans action sur les matières albuminoïdes, elle possédait un
ferment diastasique et un ferment émulsif d'une assez grande
énergie. La charpente des glandes est composée de très minces
traînées connectives, riches en cellules fusiformes. Au centre de
la glande, ce tissu conjonctif prend un très grand développement
et forme des espèces de villosités dilatées en massues, remplies
de vaisseaux sanguins. Elles sont recouvertes de cellules calici-
formes qui descendent très peu profondément dans le col des
glandes. Le contenu de chaque glande en tube vient donc se
déverser dans une cavité centrale, occupée par un grand nombre
de saillies villeuses, émanées du stroma des glandes et non dans
un canal à parois propres. Tel qu'il est, cet organe n’a que peu
d'équivalents dans toute la série des glandes des Vertébrés. Chez
le Squatina angelus les glandes en tubes sont cloisonnées en une
quinzaine de groupes par des travées conjonctives qui n'existent
pas chez le Lamma cornubica; mais malgré de légères diffé-
rences, les Sélaciens forment un groupe tellement uni, au point
de vue du tube digestif, qu’il suffit d'en décrire un quelconque
pour donner une idée exacte des autres.
Si nous passons maintenant aux Téléostéens, nous n’aurons
guère à signaler que les particularités relatives aux appendices
pyloriques et à l'ampoule anale.
L'intestin du Maquereau, étalé, est parcouru d'un bout à
l'autre par de longs plis flottants, à peine ondulés, comme les
ciels de théâtre. On ne voit pas de glandes dans leurs inter-
valles ; dans les culs-de-sac pyloriques, on retrouve exactement
les mêmes plis longitudinaux. 11 y a identité complète entre ces
(1) Raphaël Blanchard, Recherches sur la structure et le développement de la
alande superanale des Poissons cartilagineux. Journal de l’Anatomie, 1878.
Id., Sur Les fonctions de la glande superanale des Sélaciens. Bulletin de la So-
ciété Zoologique, VIT, 1882.
SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 303
deux organes, même au point de vue de la tunique musculaire.
L'épithélium prismatique est serré, les cellules étroites et longues
s'insèrent sur le chorion par un prolongement grêle.
Le Congre n'a pas d'appendices pyloriques. La disposition de :
l'épithélium est la même ; il existe une cuticule striée.
La partie post-stomacale de l'intestin du Rouget montre des
enfoncements égaux, cryptes plutôt que glandes, à base large,
partout occupés par des éléments prismatiques petits, sans cel-
lules caliciformes. En se rapprochant de l'anus, même chose;
les cellules sont seulement un peu plus longues. La ligne qui
précède l'ampoule anale est marquée par un pli dirigé en bas,
dans la constitution duquel entrent quelques faisceaux de la
couche musculaire interne. Dans cet ampoule les plis villeux du
chorion triplent subitement de hauteur, en sorte que la muqueuse
est beaucoup plus haute que dans la partie précédente. L'intestin
de la Daurade est remarquable par l'extrême épaisseur des
couches conjonctives du chorion et l'étendue de l’ampoule anale.
Dans la portion qui suit le pylore, le tissu sous-muqueux, très
épais, constitue des saillies abondantes et hautes. Les cellules
sont assez courtes, étroites, cuticulées; les cellules caliciformes
y sont rares; les culs-de-sac pyloriques ont à peu près le même
aspect. Les deux couches de muscles lisses y sont nettes, l’ex-
terne mesurant 504, l’interne 80. Le tissu conjonctif, toujours
extrêmement abondant, y enserre des replis tapissés d'une
couche épithéliale de 404 de hauteur. Dans toute la longueur
de l'intestin le chorion pousse d’épais prolongements déterminant
des cavités irrégulières que remplit l’épithélium. A l’ampoule
anale les couches musculaires prennent soudain un grand
développement. L’interne, quadruplée, fournit un bourrelet mus-
culaire épais à la ligne pré-anale. Dans toute l’ampoule anale,
les cellules caliciformes sont abondantes.
L'intestin du Pagel est couvert aussi de nombreux plis qui ne
sont, à proprement parler, ni des villosités ni des glandes en
tubes, mais rappellent un intestin de fœtus d'un Vertébré supé-
rieur au moment où sa surface commence à se couvrir de saillies.
Les cellules prismatiques sont petites, nombreuses et serrées,
avec un large plateau. De temps en temps une cellule caliciforme
apparaît dans le rang. Sur une dissociation, on voit en grande
abondance des cellules longues, colorées en jaune par le picro-
carmin, à noyau rond, petit, suivi d’un long prolongement
cyloplasmique, effilé, puis d'autres cellules allongées, caliciformes
304 ALEXANDRE PILLIET
par leur partie supérieure, comme celles qu'on trouve daus l'es-
tomac du même animal; enfin des cellules ayant le même noyau,
la même coloration par l'acide picrique que les précédentes, mais
à corps cellulaire irrégulier, qui sont les cellules de remplace-
ment. À l’ampoule anale, la muqueuse double subitement de
hauteur, les cellules sont les mêmes que dans l'intestin propre-
ment dit.
L'intestin du Mugil Capito, étalé et regardé par sa face interne,
est couvert de villosités coniques, longues de 3/11"",en moyenne,
larges de 2/10", Elles sont assez espacées. On en compte de
quatre à cinq dans le champ de l'objectif n° 3 de Vérick, qui
mesure 8/10"" de diamètre. Elles ne se touchent pas par leur
base, on ne voit entre elles aucun orifice de glande. Les culs-
de-sac pyloriques ont le même aspect; les villosités qui les
couvrent sont seulement plus larges; on les distingue à l'œil nu,
isolées comme les saillies d’une ràpe. Elles ont une longueur de
4/10 à 6/10", une largeur variable ; on ne voit pas non plus
d'orifilces glandulaires entre elles. L'épithélium est prismatique,
avec des cellules caliciformes rares.
Quand on étale de la même façon l'intestin de la Motelle, ce ne
sont plus des villosités qu'on a sous les yeux, mais des glandes
en tubes auxquelles le chorion forme un large anneau réfringent.
Elles sont losangiques, allongées dans le sens de l'intestin, toutes
sont de même longueur ; quelques-unes sont bilobées à leur base.
Elles se continuent avec une parfaite régularité jusqu’à l'ampoule
anale. Là, leur diamètre est réduit au 1/3; elles sont donc beau-
coup plus petites. Dans les culs-de-sac pyloriques, elles sont
semblables à celles de l'intestin. Les cellules sont serrées, assez
variables de dimension, granuleuses et recouvertes même au
fond des glandes d’une forte cuticule striée.
L'intestin du Turbot est assez court, couvert de plis très hauts,
anastamosés et déterminant entre eux de longs culs-de-sac. Le
tout est tapissé de cellules cylindriques étroites, à cuticule
striée, très semblables à celles qui recouvrent l'estomac. Les
cellules caliciformes y sont nombreuses, ovoïdes. Il existe une
zone de cellules de remplacement à la limite du chorion qui est
assez mince. L'épithélium a une hauteur de 40 à 50u. Tout le
long de l'intestin la structure reste la même, les plis vont seule-
meut en s'abaissant jusqu'à l’ampoule anale. Celle-ci est mar-
quée, au contraire, par un épaississement de toutes les couches
de l'intestin, Dans la muqueuse les cellules caliciformes sont
SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 305
encore plus nombreuses que dans la région précédente; on les
trouve à tous les états de développement, étagées entre les
cellules prismatiques ; beaucoup ne sont pas arrivées à la surface
libre et sont encore closes. Dans les plus petites, le noyau est
encore médian, surmonté d’une vacuole claire. La cuticule
striée n'existe pas à leur niveau.
Le Rhombus norvegicus et la Sole ont des dispositions iden-
tiques. Nous arrivons maintenant aux poissons dont les glandes
gastriques sont rudimentaires ou nulles. Chez tous, la muqueuse
intestinale est très épaisse, surtout après l'œsophage ; ces plis
sont beaucoup plus compliqués que chez les autres poissons.
Nous avons vu que le tube digestif était aussi plus court.
Le sphincter annulaire de fibres lisses qui forme le pylore du
Gobius niger est relativement épais. A u-delà, l'intestin est
hérissé de villosités coniques assez courtes et groupées par leur
base en bouquets irréguliers. Ces groupes laissent entre eux des
cryptes profondes, divisées elles-mêmes par des plis secondaires
peu accusés. Les cellules prismatiques sont très allongées,
toutes d’une hauteur à peu près égales; mais on voit sur les
dissociations que leur largeur varie beaucoup, et, sur les cellules
plus larges, le noyau volumineux fixe beaucoup moins bien les
réactifs. Elles ont 304 de longueur en moyenne; leur largeur
varie de ÿ à 84. Elles sont un peu granuleuses. La cuticule qui
les recouvre est épaisse et ne paraît pas striée, même à un fort
grossissement (obj. 8, Vérick). De distance en distance, on aper-
çoit dans le rang un vide clair, de forme losangique, qui répond
à une cellule caliciforme. Celles-ci ont une portion évasée,
courte, suivie d’un long corps cellulaire qui va en s’effilant, et
contient le noyau. Elles sont d'autant plus nombreuses qu’on se
rapproche davantage de l'anus. Il existe des cellules de remplace-
ment formantune couche ou deux, suivant les endroits; quelques-
unes subissent déjà la transformation vésiculeuse qui en fera des
éléments caliciformes. Le reste de l'intestin n’a rien de parti-
culier.
L'intestin du Cottus scorpius ne diffère de celui du Gobius niger
que par la présence de quatre cæœcums pyloriques, très courts, en
doigts de gant. Chez le Syngnathe, les plis de la muqueuse sont
multipliés dans la première portion du tube digestif; au-delà ils
sont très simples et peu accusés. L’épithélium a des cellules très
étroites, très longues, circulaires vues de champ, couvertes d’un
plateau peu épais qui ne paraît pas strié. Le noyau est situé à la
20
306 ALEXANDRE PILLIET
moitié de la hauteur de l'élément. Il y a un petit nombre de
cellules caliciformes assez également espacées sur toute la surface
muqueuse. La ligne pré-anale est formée par un pli dirigé en
bas ; ce pli qui est fort accusé contient une mince lame de fibres
lisses, émanée de la couche annulaire. Toute la tunique muscu-
laire augmente beaucoup d'épaisseur à ce niveau jusqu'à l'anus.
L'ampoule anale est sillonnée de plis longitudinaux ; les cellules
caliciformes y sont abondantes, l’épithélium y est le même que
plus haut.
Pour le Callionyme, nous ne voyons à signaler que l'extrême
rareté des éléments caliciformes et l'épaisseur de la cuticule
striée ; le reste serait la répétition de ce qui précède.
La muqueuse intestinale du Blennius pholis, couverte de gros
plis enchevètrés, est tout à fait semblable à celle du Synguathe.
L'intestin proprement dit du Labrus bergylla, commence aux
dents pharyngiennes. Il est un peu infundibuliforme, à ce niveau
la muqueuse est très haute. Il se continue jusqu’à l'anus, sans
autre ligne de démarcation qu'un mince bourrelet, formant la
limite supérieure de l'ampoule anale. Il n’y a pas d'œsophage ni
de couche musculaire striée, mais seulement les deux couches
ordinaires de fibres lisses, l’interne annulaire, l’externe longitu-
dinale, assez minces, d'égale épaisseur, séparées par des gan-
glions nerveux et des vaisseaux. Par places, ces muscles parais-
sent vaguement striés en travers comme ceux de l’Octopus. La
charpente conjonctive est très épaisse, riche en cellules fixes.
Elle dessine des villosités composées, très longues, en forme de
Chou-fleur dans la première partie de l'intestin, plus simples dans
le reste, délimitant des cavités assez larges, tapissées du reste par
le même épithélium qui a tous les caractères de l’épithélium intes-
tinal. IL est recouvert d'une cuticule sans stries, bordée d’une
couche épaisse de mucus, où se voient des cellules desquamées.
Notons ici un fait qu'on rencontre assez souvent sur les coupes :
c'est sur la cuticule que se fixent les polystomes si fréquents dans
le tube digestif des Poissons, et il n’est pas rare d’avoir une coupe
comprenant cette cuticule et la ventouse du parasite. Les cellu-
les prismatiques longues et étroites s'évasent à leur extrémité
supérieure; elles sont granuleuses, leur noyau est ovoïde; elles
reposent sur une couche de nombreux noyaux sphériques, petits
et vivements colorés, appartenant à des cellules de remplace-
ment. Beaucoup de ces éléments s'avancent entre les cellules
cylindriques. On en voit entourés d’une zone claire de dimen-
SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 307
sions variables, qui sont de jeunes cellules caliciformes s'indivi-
dualisant déjà dans les couches profondes de l’épithélium. A côté
d'elles, des cellules caliciformes, ovoïdes, parfaitement dévelop-
pées, s'ouvrent au dehors. Vue de champ, la muqueuse présente
un champ de cellules polygonales de très petit diamètre, avec les
nombreux cercles clairs des cellules caliciformes.
La ligne pré-anale et l'ampoule anale ont la structure que nous
connaissons. La muqueuse y est très épaisse, et forme des cryptes
si hautes et si régulièrement semblables qu’on peut les assimiler
à des glandes; il n’y a pas de villosités. En approchant de la fente
linéaire qui forme l'anus, les cellules de remplacement de la
couche profonde se multiplient, et forment quatre à cinq rangs
qui se continuent avec les rangs de l'épithélium pavimenteux
stratifié de la peau, les cellules cylindriques cessent et sont rem-
placées par des cellules caliciformes dermiques, que couvrent de
longues papilles, entourant l’orifice anal.
Les types que nous avons examinés dans le cours de ce travail
sont assez nombreux et assez variés pour qu'on puisse se faire
d'après eux une idée générale, suffisamment juste, du tube diges-
tif des Poissons de mer. Voilà pourquoi nous les avons décrits
chacun à part, bien qu'un certain nombre de faits que nous indi-
quons aient été déjà signalés isolément. La synthèse s'impose
ainsi avec plus de force, disposant d’un plus grand nombre de
faits, et les conclusions se tirent toutes seules.
En résumé (1) :
L'œsophage, quand il existe, a la structure des muqueuses
dermo-papillaires; un corps de Malpighi stratifié, avec un grand
nombre de cellules caliciformes à la surface libre. L'épithélium
de l'estomac est formé souvent de cellules caliciformes allongées ;
mais dans quelques cas leur portion muqueuse est très réduite
ou n'existe pas; le revêtement est alors prismatique.
Les glandes répondant à l'estomac du fond des Vertébrés supé-
rieurs ne contiennent jamais qu'une seule sorte de cellules gra-
nuleuses. Les glandes répondant à l'estomac pylorique peuvent
exister très nettes comme chez le Congre, ou manquer absolu-
ment. Chez le Labrus bergylta, le Blennius pholis, le Lepadogaster
bimaculatus, le Syngnathus acus, le Callionymus lyra, il n’y a pas
(1) Ces conclusions ont fait l'objet d'une note à la Société de Biologie, Octobre
1884,
308 ALEXANDRE PILLIET
trace de glandes stomacales. Le Syngnathe, le Callionyme, le
Lepadogaster ont, entre le revêtement stratifié de l’œsophage et
les plis de l'intestin, une surface recouverte d'un épithélium for-
mé d'un seul rang de cellules, cylindriques ou caliciformes alion-
gées, répondant au revêtement stomacal des autres Poissons; mais
il n'y a pas de glandes au-dessous.
Chez le Gobius niger, le Cottus scorpius, on voit des culs-de-
sac glandulaires peu nombreux se montrer sous ce revêtement.
Les appendices pyloriques, quand ils existent, ont la structure de
la portion d'intestin sur laquelle ils s’insèrent. Krukenberg et
W. Stirling ont trouvé de la trypsine dans les appendices pylo-
riques du Hareng, de la Sardine, de la Morue et de quelques au-
tres Poissons (1). L'intestin présente des plis, simples ou compo-
sés, analogues à ceux qu'on voit chez le fœtus de Mammifères,
ce qui domine ce sont les plis à direction longitudinale, qui peu-
vent exister seuls, comme chez le Scomber, ou être réunis par des
anastomoses transversales.
Il peut être aussi composé uniquement de glandes cylindriques
comme chez la Motelle, ou uniquement de villosités comme chez
le Mugil Capito. Les éléments en sont prismatiques, mêlés de cel-
lules caliciformes en quantité variable.
Avant l'anus, l'intestin se dilate, chez presque tous les Poissons
que nous avons vus, et forme une petite ampoule, séparée du
reste par un sphincter tout à fait net, formé par la tunique interne
des fibres lisses de l'intestin. La muqueuse de cette ampoule est
plus épaisse que celle de l'intestin qui la précède, elle n'en
diffère pas sensiblement dans ses éléments.
(1) W. Stirling, On the ferments or enzymes of the digestive tract in Fishes.
Journal of Anatomy, XVIII, p. 426, 1881.
DUMONTIA OPHELIARUM
TYPE NOUVEAU DE LA SOUS-CLASSE DES SARCODINES
Par J. KUNSTLER
Maitre de Conférences à la Faculté des Sciences de Bordeaux
Dans une note publiée dans les Comptes-rendus de l'Académie des
Sciences de Paris du 18 août 1884 (1), j'ai indiqué les particulari-
tés de structure et de développement qui caractérisent un Proto-
zoaire de la sous-classe des Sarcodines, habitant la cavité péri-
viscérale des Ophélies que l’on trouve sur la plage d'Arcachon.
Avant moi, divers auteurs avaient vu cet organisme, mais ils
n’en ont pas reconnu la qualité d’être autonome, ni fait connaître
suffisamment la structure et l’évolution.
Costa en fait mention pour la première fois; il le trouve chez
l’'Ophelia radiata Clap. et il le prend pour une sorte de globule
sanguin cheminant dans les vaisseaux conducteurs du sang (2).
Il est difficile de comprendre pourquoi cet auteur le place dans
des conduits où il ne se trouve jamais. Même, il croit avoir vu des
accumulations de cet être, formant des caillots noirs, dans le
cœur (qui, pour lui, est distinct du vaisseau dorsal).
Plus récemment un des plus éminents naturalistes russes
Kowaleswky a consacré une brève mention à cet organisme (3).
Jl a bien vu que son habitat était la cavité périviscérale; mais il
l'a pris pour un élément normal, pour un globule lymphatique
et il pense avoir constaté l'existence de stades intermédiaires
entre le corpuscule lymphatique ordinaire et l’état caractéris-
tique de cet être. Pour lui, celui-ci n’est autre chose qu’un amas
(1) Sur un Rhizopode.
(2) G. Costa. Annali dell’ Acad. d. Aspiranti nat., II, fasc. 3, p. 84 Napoli, 1843.
(3) A. Kowaleswkvy, Enhoickelungsgeschichte der Rippenquallen, Mém. acad
imp. de Saint-Pétersbourg, (7), X. Introduction, page vi, 1867.
310 J. KUNSTLER
de globules lymphatiques. Il ne semble d'ailleurs pas avoir connu
la découverte de Costa.
En 1870, Claparède en a donné une étude nouvelle, plus appro-
fondie, accompagnée de figures, sans mieux se rendre compte
que ses prédécesseurs de sa véritable nature. Il est porté à les
prendre pour des produits d’excrétion (1).
La description qui suit montre que nous n'avons affaire ici, ni
à un simple corpuscule lymphatique, ni à un produit d'excrétion
ainsi que le pensaient les savants illustres que je viens de citer;
mais que c’est là un organisme dont les caractères morphologi-
ques et évolutifs présentent le plus haut intérêt et comprennent
des processus aussi singuliers que remarquables.
L'organisme dont il est question ici se trouv: en abondance
dans la cavité périviscérale de l’Ophelia bicornis 12) de la plage
d'Arcachon. Rarement il fait défaut chez son hôte ordinaire ;
cependant j'ai constaté son absence complète chez plusieurs indi-
vidus. Je l’appellerai Dumontia Opheliarum.
Cet organisme se distingue facilement des autres corpuscules
flottant dans le liquide plasmatique par la présence d’un axe vive-
ment coloré en brun foncé, quelquefois même complètement
uoir. Sur les deux côiés de cet axe se voit le corps protoplas-
mique, divisé en deux lobes latéraux, ordinairement inégaux et
portant à leur région médiane externe des pseudopodes rayon-
nants. Les dimensions de ces corps sont fort diverses et varient
entre une trentaine de millièmes de millimètre jusqu’à un demi
millimètre. Leur forme générale est définie; ce fait se voit chez
beaucoup de Radiolaires, et même de Rhizopodes qui tendent à
ne présenter qu'un seul axe. La structure générale du Dumontia
est monaxone, son corps n'étant réellement symétrique que par
rapport à un seul axe. Cet axe est perpendiculaire au bâtonnet
foncé qui se voit au centre du corps; un plan passant par l'axe
(1) Ed. Claparède, Les Annélides chétopodes du golfe de Naples. Mém. de la Soc.
de physique et d'hist. nat. de Genève, 2° partie, p. 28; pl. 29, fig. L (A, B et C).
(2) M. de Quatrefages, qui a étudié cette Ophélie à Arcachon, la prend pour l'O.
bicornis de Savigny (La Rochelle). Notes sur quelques animaux invertébrés du bassin
d Arcachon. (Compte-rendu de l'Association française pour l'avancement des sciences.
Session de Bordeaux, 1872, p. 653-656). Pour J. V. Carus, l'O. radiata Clpde et
l'O. bicornis D. Ch. ne sont qu'un seul et même être (Prodromus Fauna Mediter-
ranea, p. 260,. Il me semble aussi que les deux dénominations sont synonymes.
Mais est-ce que la priorité n'appartient pas au nom imposé par Savigny et n'est-ce
pas ce motif qui a déterminé M. de Quatrefages dans son choix ?
DUMONTIA OPHELIARUM 311
longitudinal de ce bàtonnet ne diviserait pas le corps en deux
parties symétriques, car sa forme est ordinairement coudée, et,
du côté de la courbure, le lobe protoplasmique est plus grand, à
pseudopodes plus abondants, que du côté opposé. Pour les natu-
ralistes, et c'est la presque totalité, qui pensent qu'il puisse
exister des êtres possédant la valeur morphologique d'une cellule,
des êtres wnicellulaires, le Dumontia est unicellulaire.
AXE CHITINEUX.
Cet axe brun présente ordinairement la forme d’un bâtonnet
allongé, rarement bien rectiligne, mais présentant le plus souvent
un coude dans sa région médiane. Pour cette raison, l’axe longi-
tudinal de cette baguette n’est pas un axe de symétrie, et celle-ci
ne peut être divisée en deux parties symétriques que par un
plan médian transversal. Les deux extrémités sont renflées, et
présentent une coloration d'autant moins intense qu’on considère
un point plus rapproché du bout; là, la teinte devient très claire,
souvent presque nulle. Aplati de haut en bas, il présente sou-
vent des dimensions assez considérables pour arriver à être
visible à l'œil nu. J’ai vu plusieurs exemplaires de quatre
dixièmes de millimètre.
Les deux extrémités ne se renflent pas d’une façon bien régu-
lière ; elles présentent, dans la règle, deux ou trois renflements
séparés par des étranglements transversaux; je donnerai la signi-
fication de ce fait plus loin. Le bout est souvent arrondi; d’autres
fois il est plus irrégulier; il peut avoir l'apparence d’un faisceau
d’axes secondaires (PI. IV, fig. 2).
En examinant cet axe à l’aide d'objectifs fortement grossissants,
on voit que sa structure n’est pas homogène, et cette structure se
voit particulièrement bien après l’action de certains acides, tel que
l'acide sulfurique, par exemple, qui en éclairceit la teinte. L'aspect
de sa substance rappelle beaucoup les lignes concentriques qui
se voient chez les grains d’amidon, mais ici il est plus net. Des
lignes parallèles sillonnent transversalement l’axe (fig. 1) aux
deux régions terminales; elles sont courbes et semblent se
rabattre sur les bords pour devenir parallèles aux faces latérales.
C’est principalement aux extrémités renflées que ces lignes se
voient; dans la région médiane, et même jusqu’au niveau des
deux tiers de la longueur de chaque bout au centre, la coloration
foncée empêche de voir cette structure. La décoloration par
912 J. KUNSTLER
l'acide sulfurique permet de la suivre à peu près partout où elle
existe.
Un point de structure qui se remarque aussitôt qu'on voit l’axe
lui-même et avec les plus faibles grossissements est que ce bâ-
tonnet paraît formé de deux zones emboîtées, de teintes diffé-
rentes. La zone externe est mince et claire; son diamètre est
environ de 1 à 2; la zone interne forme la grande masse de
l'axe. La couche externe semble se confondre insensiblement
avec les extrémités claires. Si, aux faibles grossissements, il
paraît y avoir deux couches distincles, cet aspect se modifie
quand on étudie cet être à des grossissements considérables. La
zone externe, incolore, présente une striation longitudinale, d'une
extrème délicatesse et plus difficile à constater que celle qui se
voit à la surface des grains d’amidon. Elle semble donc formée
de couches concentriques de densité différente, alternativement
sombres et claires, emboîtées. Ainsi que je le dirai plus loin, le
rôle de cette zone claire paraît considérable dans la reproduction
du Dumontia ; elle entoure de toutes parts l'axe.
Ces couches fines et claires passent insensiblement aux cou-
ches longitudinales plus nettes de la partie brune interne et l’on
ne voit plus la distinction nette entre les deux zones claire et
sombre, qui semanifeste aux faibles grossissements. Cependant
sous le rapport de la coloration, on peut à peu près distinguer, à
ces forts grossissements, trois assises principales : une externe,
incolore, une deuxième moyenne, brune, et une dernière pro-
foude, de couleur foncée et de beaucoup la plus épaisse.
Les rapports des couches transversales et longitudinales sont
difficiles à établir et une étude approfondie est nécessaire pour
bien les saisir. J'ai dit que la zone périphérique incolore se con-
fond avec la substance claire qui se trouve aux bouts renflés.
Cette zone latérale est formée de couches longitudinales ; les bouts
à la constitution desquels elle prend une si grande part, présen-
tent des couches transversales. En suivant attentivement au
microscope chaque sirie longitudinale, on voit que, près de sa
fin, elle se divise en un certain nombre d’autres lignes analogues,
mais transversales. Cette disposition est représentée schémati-
quement dans la figure 40. On voit qu'à chaque couche longitu-
dinaie correspondent plusieurs couches transversales, disposition
qui explique pourquoi l'axe, formé de couches l’entourant de
toutes parts, n'est pas homaxone, mais allongé dans le sens de
ces couches multiples.
DUMONTIA OPHELIARUM 313
Il arrive, quelquefois même que dans les préparations, ces
couches, soit isolées, mais ordinairement réunies au nombre de
deux ou trois, se séparent des couches voisines et laissent entre
elles un intervalle appréciable. Ce fait semble montrer qu’elles
conslituent de véritables membranes. L'étude microscopique
approfondie conduit à un résultat analogue. Aïnsi les couches
transversales sont bien nettes et se montrent avec l'aspect de mem-
branes solides et résistantes, plus ou moins ondulées, séparées les
unes des autres par d’étroites fentes paraissant remplies de
liquide, et reliées entre elles par des trabécules de substance
analogue (fig. 39). Les diverses couches délimitent donc des va-
cuoles irrégulières qui les séparent entre elles et probablement
remplies de liquide. Cet aspect, aux très forts grossissements, est
nettement distinct de celui des couches des grains d'amidon.
Celles-ci sont l'indice de différences dans la richesse en eau; ici,
au contraire, existent de véritables couches.
Dans le courant du développement, le nombre des couches est
fort variable ; les nouvelles couches se forment par dédouble-
ment de celles qui existent d’abord, au fur et à mesure que le
nombre augmente. Aux bouts, où chaque couche longitudinale
aboutit à plusieurs couches transversales, cette couche primitive
se dédouble progressivement en un certain nombre de couches
secondaires qui coiffent l'extrémité et ce procédé est le grand
facteur de l'allongement de l'axe. Une couche qui se prépare à se
dédoubler devient plus épaisse, puis il apparaît à son milieu une
ligne plus claire qui finit par se transformer en la série de va-
cuoles irrégulières qui séparent ordinairement les diverses cou-
ches entre elles.
En résumé, il existe des couches longitudinales, d'autant plus
colorées qu'elles sont situées plus à l’intérieur, les externes
étant à peu près incolores et les internes d’un brun noir ; la colo-
ration est graduelle de manière que les diverses couches passent
insensiblement de l’une à l’autre; cependant on peut distinguer
.trois zones principales, l’une externe, claire, l'autre moyenne,
brune, et la troisième interne, noire. Ces couches, à leurs deux
extrémités se dédoublent en un certain nombre de couches secon-
daires transversales qui unissent celles qui sont longitudinales,
et qui ne sont plus intimement juxtaposées comme celles-ci,
mais séparées les unes des autres par une série de vacuoles le
plus ordinairement rectangulaires.
Le centre de l'axe est plus clair; il semble qu'il y existe une
314 J. KUNSTLER
cavité interne, centrale, allongée, probablement remplie de
liquide. La longueur de cet espace plus clair est d'environ un
quart de celle de la totalité du bâtonnet. Elle détermine la lon-
sueur des couches les plus internes, qui sont les plus courtes.
Quant à la nature chimique de l'axe, l'aspect rappelle celui de
la chitine, et il est, en effet, probable que ce n’est là qu’une sub-
stance de nature chitinoïde, analogue à celle de la capsule cen-
trale des Radiolaires et de la coque d’un grand nombre de Rhizo-
podes. Cependant il doit plus se rapprocher de la substance
protoplasmique, car le vert de méthyle lui communique une colo-
ration intense.
Claparède en fait un produit d’excrétion. J'ai pensé à vérifier si
cette baguette ne présentait pas les réactions de la murexide ou
de la guanine. Elle est insoluble dans la potasse caustique, dans
l'eau chaude, dans une dissolution de nitrate de plomb. La mu-
rexide et la guanine sont insolubles dans l’eau, l'alcool et l’éther
(la murexide est soluble dans l’eau chaude) ; mais elles se dissol-
vent dans les acides et dans la potasse. L’axe du Dumontia ne peut
donc pas être confondu avec ces substances. Sa substance ne
possède jamais aucune des colorations que certains réactifs font
acquérir àces matières d’excrétion.
La chitine est une substance azotée qui offre les plus grandes
résistances à l’action des réactifs, et ce caractère lui est commun
avec la substance de cet axe. Celui-ci résiste à l’action des acides
étendus et à celle des alcalis, même chauds. Il peut être dissous,
mais toujours les dissolvants l’altèrent. La chitine est dissoute
par les acides minéraux concentrés, tels que l’acide sulfurique,
l'acide chlorhydrique et l'acide azotique. La même action est
exercée sur lui, avec cette différence qu'elle est plus lente, et
que l’action de l'acide azotique est difficilement appréciable.
La valeur morphologique de cet axe paraît bien obscure, et il
semble difficile de trouver dans le règne animal un exemple d'une
pareille disposition.
Son aspect général rappelle celui de la capsule centrale noire ,
de certains Radiolaires.
La capsule centrale des Radiolaires est morphologiquement
très comparable à la coque des Rhizopodes. Chez ceux-ci, l'en-
veloppe, même si elleest calcaire, est primilivement chitineuse.
La forme fondamentale de la capsule centrale est sphérique, et
son allongement est un phénomène postérieur. Chez les jeunes
êtres, elle est ronde. Mais elle s'accroît, par les progrès du déve-
DUMONTIA OPHELIARUM 315
loppement, dans certaines directions, chez un grand nombre de
formes, et d'’homaxone elle devient monaxone, à pôles à peu près
semblables. Dans l’ordre des Monopylea se trouve ainsi une cap-
sule centrale allongée, dont le protoplasma interne ne se trouve
plus en relation avec le protoplasma périphérique que par l’un
des pôles. Il existe des ouvertures analogues à la surface de toute
la capsule chez d’autres espèces (Peripylaria). Chez les Monopylea,
la capsule est monaxone à pôles dissemblables. Ainsi il est des
capsules sphériques; mais cette forme est assez rare. Plus sou-
vent la configuration est ellipsoïdale ou allongée en cylindre;
elle peut être allongée et lobée. La membrane de la capsule cen-
trale est souvent simple ; dans certains cas {Phæodaria), elle est
double, formée de deux lamelles, et percée de peu d'ouvertures,
le plus ordinairement trois. Sa nature chimique tient aussi de
celle de ces produits de différenciation, sortes de productions cu-
ticulaires de nature azotée, qui forment des organes résistants, et
qui se groupent autour de la chitine. On remarque, en effet, sa
grande résistance à l’action des réactifs, acides et bases. La cap-
sule centrale, comme l’axe du Dumontia, ne recouvre pas la sur-
face du corps; elle est placée au sein du protoplasma. Elle a donc
des relations étroites avec le corps mou; mais morphologique-
ment c’est une enveloppe. La capsule centrale manque chez beau-
coup de Rædiolaires. Dans le jeune âge, elle est centrale; mais,
par la suite du développement, il arrive souvent que, comme
chez le Dumontia le protoplasma s’accroît plus d’un côté que de
l’autre, et elle semble repoussée ainsi, de manière à devenir
excentrique.
L’axe brun du Dumontia présente une analogie très lointaine
avec une capsule centrale profondément transformée et devenue
un axe de soutien. Cette baguette est aplalie, comme chez beau-
coup de Radiolaires; mais ses parois sont épaisses et elle a la
forme générale d’un bâtonnet allongé renflé en massue à ses deux
bouts. Chez les Radiolaires la capsule centrale contient l’ento-
plasme et le noyau. Ici l’entoplasme et ce corpuscule sont situés
en dehors de sa cavité qui est plus ou moins obturée et ne pré-
sente aucune espèce de conduit permettant la communication
avec la substance périphérique. En effet, si sa paroi, surtout
après l’action de l’acide sulfurique, se montre finement ponctuée
et présente un aspect assez voisin de ce qui se remarque chez
les Peripylaria, cet aspect, d’après mes observations, ne doit
pas être attribué à l'existence de pores fins, faisant communi-
316 J. KUNSTLER
quer le centre de la capsule avec le protoplasma périphérique.
Cette apparence est en relation avec la structure en couches
transversales distinctes et séparées, réunies simplement par des
trabécules ; une foule d’alvéoles sont ainsi délimitées et ce sont
elles que l'on voit. En baissant le point du microscope, de ma-
nière à voir l'axe en coupe optique, l'on n’aperçoit jamais de siries
radiaires, comme cela se remarque chez les Radiolaires à pores,
et les vacuoles ou ponctuations sont disposées en demi-cercles,
parallèles au contour. D'après cela, ce ne sont pas là des canali-
cules perforants. Ce manque de conduits de communication
pourrait être dù à ce que tout le protoplasma interne à évacué
la cavité centrale. La baguette centrale du Dumontia est donc un
simple axe de soutien interne; il paraît difficile d'en faire un
simple résultat de transformation en rapport avec le genre de vie
parasite qu’il mène. Il est vrai cependant que dans la cavité péri-
viscérale qu'il habite, plongé au milieu du fluide cavitaire, une
coque protectrice lui est inutile, et qu'une baguette rigide, le
maintenant étalé, semble devoir lui être de la plus grande utilité
pour le défendre contre des plissements et des entortillements
dont la production paraît toute naturelle dans ce milieu mobile,
soumis à des fluctuations et à des compressions perpétuelles. I]
pourrait donc être permis peut-être de croire à une adaptation de
la capsule centrale à l’état d’axe, si complète que le mode de for-
mation de la chitine est lui-même modifié. C’est la partie la plus
rapprochée de l'axe de la baguette qui est le plus cornée, et, au
fur et à mesure que l’on considère une couche plus rapprochée
de la périphérie, la transformation chitinoïde est moins considé-
rable, pour finir par ne plus guère posséder que les propriétés du
protoplasma ordinaire, mais tout en étant plus dense.
La capsule centrale des Radiolaires, en général, étant l'ana-
logue de l'enveloppe chitineuse des Rhizopodes, on doit s'attendre
à trouver, soit chez les larves, soit chez certaines formes actuelles
des dispositions de la capsule centrale montrant bien sa nature
d'enveloppe périphérique primitive. En effet, quelques Monopy-
laria ne montrent guère de protoplasma extérieur à la capsule
que dans la région du pore (Cystidium, Plagiacantha). Nous savons
qu'autre part ce protoplasma s'étend tout autour; mais, en géné-
ral, c'est aux points où la communication entre les protoplasmas
interne et externe se fait que celui-ci est le plus abondant. Le
Dumontia présente une disposition extrême absolument opposée
à celle qui caractérise les Monopylaria cilés. Si done l'axe de cet
DUMONTIA OPHELIARUM Ji
être était morphologiquement équivalent à la capsule centrale,
nous aurions ici un cas de transformation d’une enveloppe qui
va en se rapetissant pour ne plus former qu’un simple bâtonnet,
mais dont les parois sont épaissies, surtout aux pôles et à struc-
ture spéciale. Il arrive d’ailleurs même déjà chez les Rhizopodes
que, lorsque la coque devient épaisse, peu pliable, le corps s'en
retire plus ou moins. Seulement les coques des Rhizopodes sont
ordinairement homogènes, transparentes, sans structure, généra-
lement incolores, mais quelquefois jaunâtres ou brunes. Elles
peuvent présenter une structure alvéolaire (Arcella). Les jeunes
coques des Rhizopodes sont toujours incolores ; l’axe du Dumontia
est coloré dès le plus jeune âge. Mais l'assimilation entre ces
divers organes protecteurs est loin d’être évidente, et, pour le mo-
ment, le mieux semble être d'indiquer simplement la question
et de réserver tout jugement définitif. Une autre différence existe
entre l’axe du Dumontia et la capsule centrale des Radiolaires et
la coque des Rhizopodes. Chez ces deux groupes d'êtres, ces or-
ganes protecteurs n'existent pas chez l'embryon; ils se dévelop-
pent ultérieurement ou même peuvent ne jamais se produire. A
tous les moments du développement, l’axe est présent chez le
Dumontia, soit à l’état de sphère seulement, soit à l’état de ba-
guette ; à aucun moment de l'existence, la cavité interne de cet
organe ne semble communiquer par une ouverture quelconque
avec le protoplasma qui l'entoure; dès le début, elle est absolu-
ment interne. Ces faits semblent devoir exclure toute interpréta-
tion tendant à faire de cet organisme une forme ancestrale de
Radiolaire : il ne pourrait, tout au plus, qu’en être dérivé.
Le squelette périphérique, si remarquablement développé chez
la plupart des Radiolaires manque ici complètement, et comme
les Rhizopodes, le Dumontia ne possède que son squelette chiti-
neux. Les formes ancestrales des Radiolaires paraissent avoir été
dépourvues de ce squelette, actuellement encore un grand
nombre d'espèces ne le possèdent pas. Il peut être de nature or-
ganique; mais le plus souvent, il est siliceux. C'est là un carac-
tère de nouvelle acquisition.
CORPS PROTOPLASMIQUE.
Le corps protoplasmique a la forme d’une lamelle aplatie de
haut en bas et divisée en deux lobes inégaux par l'axe qui le tra-
318 J. KUNSTLER
verse transversalement, ces lobes sont ordinairement inégaux et
dissemblables, celui qui se trouve placé du côté de la concavité
de l'axe étant plus grand. Cette baguette ne divise donc pas l'être
en deux moitiés symétriques, et, comme je l'ai dit, le seul plan
qui divise symétriquement le corps est perpendiculaire sur le
milieu de l'axe.
Dans le jeune âge, cet axe se trouve toujours plongé tout entier,
entouré de toutes parts par le protoplasma du corps. Lorsqu'il
s’allonge, il entraîne le protoplasma de chaque côté el donne au
corps une configuration fusiforme ; ses bouts finissent même sou-
vent par percer le protoplasma qui les entourait; mais le plus
généralement cette substance s'étend jusqu'aux extrémités où
elle forme une mince couche. A partir de ces points, elle s’épaissit
progressivement, s'étale à mesure qu'on s'approche de la région
médiane, où elle forme une expansion membraneuse et large, de
chaque côté. La figure 40 montre schématiquement le bout d’un
axe qui perce son enveloppe protoplasmique; celle-ci présente,
au niveau de la région où elle est traversée, une disposition an-
nulaire.
Le protoplasma, à première vue, présente une structure spé-
ciale. Il se montre constitué par la réunion d’une foule d’aréoles,
délimitées par une substance dense, remplies d’un liquide clair.
Il semble en être complètement formé dans sa région externe,
et se montre donc sous l’aspect d’un réseau. La substance proto-
plasmique dense ne forme plus guère que de minces cloisons de
séparation, délimitant de petites cavités; les vacuoles externes
sont un peu bombées à leur face extérieure; les autres sont poly-
sonales par pression réciproque. I ne semble pas y avoir de vési-
cules contractiles. Les parois de ces grosses vacuoles sont pro-
bablement un peu rigides puisqu'elles conservent à l'être une
forme fixe, et cette consistance du protoplasma ne permet jamais
l'existence de courants internes, analogues à ceux qui se voient
chez beaucoup d’autres Sarcodines. Ces vacuoles sont disposées
en plusieurs couches superposées.
Déjà certains Rhizopodes présentent de grosses vacuoles dans
tout leur corps, et la structure écumeuse de leur protoplasma a
fait souvent croire que cette substance était composée d'un ré-
seau de fibres. Chez quelques Héliozoaires, la richesse en vacuoles
est tellement considérable qu'une partie du corps (Actinophrys),
ou sa totalité (Actinosphærium) paraît formée complètement par
ces sortes de bulles.
DUMONTIA OPHELIARUM 319
Le protoplasma de l'être dont il s'agit ici présente une teinte
jaunâtre ne différant pas sensiblement de l'aspect normal de
beaucoup de protoplasmas.
En général, les dimensions de ces vacuoles ne sont pas iden-
tiques dans toute l'étendue du corps. À mesure qu'on se rap-
proche de la région centrale, elles deviennent de plus en plus
petites, pour arriver à être d’une excessive finesse près de l’axe
et ne plus constituer que de petits points dans le protoplasma ;
celui-ci y est alors finement pointillé. Le plus ordinairement, il
semble qu’il éxiste une transition absolument progressive entre la
région périphérique à grosses vacuoles et la partie centrale plus
compacte. Mais il m'est arrivé de voir dans quelques cas (fig. 32,
33, 34 et 36), une limite nette existant entre la zone interne à
fine structure et la zone externe écumeuse.
Les Radiolaires présentent deux régions analogues du corps;
l'externe est l’ectoplasme, l'interne, l’entoplasme. Même chez
l'Actinosphærium, Héliozoaire dont toute la substance est vacuo-
laire, les vacuoles de l’entoplasme sont plus petites, plus nom-
breuses que celles de l’ectoplasme; elles sont moins réguliè-
rement rangées, les parois qui les séparent sont un peu plus
épaisses et elles sont aplaties, de manière à prendre une configu-
ration polygonale par pression réciproque. Ici il n’y a pas de
capsule centrale. Chez les Radiolaires, l’entoplasme est contenu
dans la capsule et l’ectoplasme se trouve au-dehors. Il existe
donc chez eux une limite nette qu’on ne voit nulle autre part
d'une manière aussi tranchée. Les Rhizopodes ont aussi un ento-
plasme et un ectoplasme ; mais il est peut-être peu juste d’assi-
miler ces formations. Chez eux, l’ectoplasme est une couche péri-
phérique, plus dense, dans laquelle les facultés motrices sont
localisées, et le protoplasma interne est plus ou moins complète-
ment fluide. Il n’existe aucune limite précise entre ces deux
couches qui passent insensiblement l’une à l’autre. De plus, ici
c'est l’ectoplasme qui est dense et l’entoplasme fluide, tandis que,
chez chez les premiers organismes, la disposition est toute op-
posée. Chez le Dumontia, l'ectoplasme est aussi, comme chez les
Héliozoaires et les Radiolaires, moins compacte que l’entoplasme.
Le plus souvent, il ne semble pas y avoir de limite déterminable
entre ces deux régions; mais, ainsi que je l’ai dit, il est des cas,
rares d’ailleurs, où une limite est visible et semblerait presque
être membraneuse. Cette sorte d'entoplasme, finement vacuo-
laire, forme, le plus souvent, une masse centrale fusiforme, allon-
320 J. KUNSTLER
gée transversalement, entourée de toutes parts par l'ectoplasme et
traversée par l'axe chitineux. Il présente une grande différence
avec la partie analogue des Radiolaires ordinaires. Chez ceux-ci
l'entoplasme est située au sein de la capsule centrale; ici, au
contraire, il enveloppe l’axe. Dans l'hypothèse où celui-ci ne
serait que cette coque transformée en baguette pleine, il faudrait
admettre que, au fur et à mesure que cette métamorphose s’est
opérée, l’'entoplasme a émigré de sa cavité interne primitive pour
s'établir tout autour.
Les jeunes individus sont constitués tout entiers par du proto-
plasma ayant la structure de l’entoplasme. Son aspect est fine-
ment pointillé; de très petites vacuoles sont entourées de couches
protoplasmiques relativement épaisses. Par les progrès du déve-
loppement, les vacuoles périphériques deviennent de plus en plus
grandes et leurs parois plus minces, mais aussi plus nettes. Cette
transformation se continue pendant toute l'existence, et, même,
lorsque le développement est absolument complet, les petites
vacuoles n’occupent plus qu’un espace fort restreint (fig. 2 et 3).
L’entoplasme présente fréquemment un certain nombre de gra-
nulations situées surtout près de l'axe. Ce sont des corpuscules
très réfringents, et de dimensions variant depuis les limites ex-
trêmes de la vision jusqu’à une taille de 4 à 5u. Leurs contours
sont nets, et ils ont l’aspect de concrétions à teinte généralement
un peu sombre, tirant sur le brun-jaunàâtre. Leurs formes sont
variées, irrégulières, ou en tablettes se rapprochant de la forme
cristalline rhombique. Les acides concentrés les dissolvent ; mais
les acides faibles et l'alcool sont sans action. L’hématoxyline,
additionnée d’un peu d'acide chromique, leur fait acquérir ure
teinte bleu-foncé. Ce ne sont pas là des matières grasses, et, en
général, les globules d'apparence graisseuse paraissent manquer.
Ces granulations sont probablement des produits excrétoires, ana-
logues à ceux que l’on trouve chez d'autres Sarcodines. Certains
Infusoires présentent des cristallicules analogues, disposés en
touffes, à la manière de l'acide oxalique; ce ne sont donc proba-
blement que des oxalates. C’est l'opinion de Bütschli; Entz croit
que, chez les Rhizopodes d’eau douce, ces granules sont de
urates. Leur siège paraît être l'entoplasme, et l'ectoplasme sem-
ble en être toujours dépourvu.
Chez un certain nombre de jeunes individus (fig. 12, 17 et 27) se
voit, au sein de l'entoplasme, une petite vésicule claire, le noyau.
Ce corpuscule possède une couche périphérique d'aspect mem-
DUMONTIA OPHELIARUM 321
braneux, qui entoure un espace rempli d'une substance claire,
probablement liquide, et contenant un corpuscuie, sorte de nu-
cléole paraissant compacte. Chez l’adulle, ce noyau est plus
difficile à déceler; cependant l’action prolongée des réactifs colo-
rants finit par le montrer chez tous; c’est l’opacité de l’ento-
plasme qui constitue le plus grand obstacle à son apparition. Son
siège ne paraît pas bien déterminé; il est placé dans l’ento-
plasme, du côté de la concavité du squelette, et là il peut se trou-
ver dans des situations diverses. En général, il touche à la zone
claire de l’axe. Le noyau des Radiolaires est à peu près exclusi-
vement situé à l’intérieur de la capsule centrale. Chez le Dumontia,
comme l’entoplasme, il est situé au-dehors.
Le noyau des jeunes est ordinairement une simple vésicule
arrondie; chez les adultes, il semble présenter de fins prolonge-
ments rayonnants de-sa périphérie. Il est unique chez les indi-
vidus qui ne sont pas en voie de reproduction; dans d’autres cas
même, il est multiple et il existe souvent deux, trois, quatre ou
plusieurs Corpuscules analogues ; mais ces nouveaux noyaux
sont plus petits que le corpuscule unique. Ils paraissent résulter
de la division de celui-ci qui s’allonge et s'étrangle par le milieu.
Des phénomènes de division nucléaire multiple analogues ont été
vus chez d’autres Sarcodines (Actinophrys, Actinosphærium, ete.).
La périphérie du corps des Radiolaires et des Héliozoaires est
souvent entourée d’une couche de matière gélatineuse à travers
laquelle l’ectoplasme envoie ses pseudopodes. Cette enveloppe
gélatineuse peut être plus ou moins épaisse; elle arrive quelque-
fois à être mince, membraneuse. Le Dumontia est entièrement
revêtu d’une cuticule fine, dont l’existence est d'une constatation
exceptionnellement difficile et pratiquable seulement dans des
conditions spéciales et favorables. La figure 40 représente sché-
matiquement la disposition de cette enveloppe aux bouts de la
baguette chitineuse. On la voit coiffant le bout et retombant de
chaque côté en formant des plis longitudinaux, pour aller s’appli-
quer sur le protoplasma du corps, avec lequel elle se confond si
intimement qu'il est ordinairement impossible de la voir, — Il
me semble peu probable que cette enveloppe cuticulaire puisse
correspondre à l’ectoplasme dense des Rhizopodes.
Les Sarcodines, en général, se nourrissent en introduisant, par
des procédés divers, des particules nutritives au sein de la sub-
stance de leur corps, où elles se trouvent dans des vacuoles spé-
ciales. Le Dumontia ne montre jamais aucune vacuole nutritive
21
922 J. KUNSTLER
analogue, tirant son origine de matières ingérées; jamais on ne
voit de corps étrangers dans son protoplasma. La nutrilion semble
se faire par endosmose aux dépens du liquide de la cavité géné-
rale, qui va probablement s’accumuler dans les vacuoles. Ici,
comme chez les Radiolaires, en général, c'est l'ectoplasme qui
remplit les fonctions digestives; chez la plupart des autres Proto-
zoaires, la digestion s'opère dans l’entoplasme.
PSEUDOPODES.
Le bord externe des deux lobes protoplasmiques qui constituent
le corps de cet organisme, présente, dans une certaine partie de
son étendue des pseudopodes rayonnants, assez épais et longs,
pouvant atteindre souvent deux fois la longueur du corps. Pour
bien voir ces organes, il est absolument indispensable, non seu-
lementd'examiner des individus bien frais, non altérés, c’est-à-dire
aussi vite que possible après leur extraction du corps de l'Ophé-
lie, mais encore de les prendre Gans des Ophélies bien vivantes
et bien fraîches elles-mêmes, car ils s'altèrent très rapidement
avec la santé de leur hôle.
Ces pseudopodes ont la forme de lanières obtuses à leur extré-
mité, allongées et aplaties de haut en bas, quelquefois cylin-
driques. Leur nombre est rariable, souvent considérable ; dans
certains cas, j'en ai compté pius de soixante. Ils ne rayonnent
pas de toute la surface ; ils sont disposés en deux faisceaux laté-
raux comprenant environ les deux quarts médians de chaque lobe
protoplasmique; ceux qui couvrent le lobe protoplasmique le
plus considérable sont plus grands et plus nombreux. Le reste
du corps en est dépourvu. Beaucoup de Radiolaires présentent
de semblables irrégularités de disposition. Ainsi les Monopylaria
montrent un abondant faisceau de pseudopodes en face de l'ou-
verture de la capsule.
La structure de ces prolongements est assez semblable à celle
du protoplasma du corps. On y voit des vacuoles pleines d'un
liquide clair, entourées de parties protoplasmiques denses. Mais,
ici, ces parois vacuolaires sont plus épaisses que dans le corps el
les cavités qu'elles délimitent plus restreintes. Ces pseudopodes
ne présentent pas de squelette axial de soutien analogue à celui
de certains Héliozoaires et Radiolaires. Cet axe n'a d’ailleurs été
bien vu que chez les Acanthométrides parmi les Radiolaires, de
manière qu'il semble probable que beaucoup de ces organismes
DUMONTIA OPIELIARUM 923
en manquent comme le Dumontia. Les pseudopodes de celui-ci
ne présentent Jamais de courants granuleux analogues à ceux
qui caractérisent les organes analogues de la plupart des Hélio-
zoaires et Radiolaires. Chez les premiers, les pseudopodes sont
toujours simples, tandis que, chez les seconds, ils sont souvent
ramifiés. Ces organes, chez les Radiolaires, sont fréquemment
filiformes, raides, à ramifications et anastomoses rares; cette
disposition se voit principalement chez les formes à pseudopodes
rayonnants de toutes parts (Peripylaria). Chez d'autres, au con-
traire {Monopylaria, Phæœvdaria), il existe une tendance à la for-
mation de réseaux. Les pseudopodes du Dumontia ne sont pas
absolument droits et fins, en rayons; ils forment un passage à
ceux qui présentent les caractères ordinaires, tels que ceux des
Rhizopodes, par exemple. Leur bout est oblus et leur diamètre
assez considérable ; de plus, ils paraissent présenter une certaine
rigidité, en rapport avec la consistance du protoplasma du corps.
Cependant, en règle générale, plus un protoplasma est consistant,
plus les pseudopodes qu'il produit sont longs et fins. Ici, cette
règle est un peu en défaut, car ces pseudopodes présentent une
épaisseur très appréciable. Ils ne sont pas toujours simples; fré-
quemment on les voit bifurqués ou même irifurqués. Quelquefois
aussi ils présentent des anastomoses à leur base.
L'insertion de ces pseudopodes paraît le plus ordinairement
directe sur le corps avec la substance duquel ils semblent alors
en continuité absolue. La cuticule se prolonge probablement à
leur surface pour leur former une envelopppe. Cette continuité
n'est pas le cas absolument général. J'ai vu dans plusieurs pré-
parations des individus dont les pseudopodes partaient d’une
zone à aspect particulier. À la limite du corps constitué par de
grosses aréoles (fig. 1) se voit une région finement pointillée qui
passe progressivement à du protoplasma à vacuoles plus grosses
et portant les pseudopodes qui sont en continuité directe avec
lui. Souvent même cette zone fine est séparée, ainsi que cela se
voit dans la figure 1, du corps par une ligne claire, sorte de dé-
chirure, due probablement à des contractions énergiques, et ce
cas se voit assez souvent pour permettre d’écarter l’idée d’acci-
dents tout à fait exceptionnels. Cette zone à pseudopodes est
principalement développée du côté de la concavité de l’axe, et elle
présente une tendance assez marquée à se séparer du reste du
corps. Elle doit peut-être être considérée comme due à la coales-
cence des pseudopodes à leur base, et, en effet, ainsi que le
324 J. KUNSTLER
montre la figure 2, elle paraît souvent ne pas être autre chose.
Les pseudopodes paraissent plus ou moins rigides: ils ne se
forment pas en un point pour rentrer plus ou moins facilement
comme chez les Rhizopodes, et pousser de nouveau en d’autres.
Ce sont des organes à peu près définis. Chez beaucoup de Rhizo-
podes déjà, la rétraction des pseudopodes est lente. Le Dumontia
présente aussi des contractions lentes de ses pseudopodes; mais
elles n’aboutissent pas à leur rétraction. Ils se raccourcissent,
s'épaississent et prennent un aspect piriforme (fig. 1); leur forme
varie entre l’état de longues et minces lanières, jusqu'à celle des
masses piriformes, courtes et compactes.
Ce mouvement de rétraction n’est pas le seul qu'ils possèdent.
Ils présentent, à l’état d'extension, un mouvement un peu trem-
blotant d'un côté à l’autre, surtout à l'extrémité, et cette sorte de
mouvement pendulaire se produit, à peu près, simultanément chez
tous, de manière que la totalité du faisceau oscille dans le même
sens. Ce mouvement ne s'exécute pas toujours dans le même
plan, et les pseudopodes peuvent décrire un cône. Les Radio-
laires présentent souvent aussi un lent mouvement analogue; il
en est même dont certains pseudopodes présentent d’énergiques
nodulations flagellantes (Æuchitonia, Spongocycla). Ces ondula-
tions des pseudopodes du Dumontia sont surtout accusées à l’ex-
trémité libre; ils aboutissent à un déplacement vacillant du corps,
locomotion qui se fait dans la direction du côté qui porte les
grands pseudopodes, el ce sont ces dernière qui paraissent pos-
séder la mobilité au degré le plus considérable et même presque
exclusivement. Cette locomotion semble d’ailleurs très peu déve-
loppée et peu utile dans la cavité périviscérale.
On voit aussi s'effectuer quelquelois le long des pseudopodes
des contractions péristaltiques lentes.
Ainsi que je l’ai dit, la nutrition de ces organismes s'opère par
imbibition. Les pseudopodes ont donc perdu leur rôle d'organes
préhensiles, et ils ne servent guère qu'à la locomotion.
Ces organes sont très délicats; ils se détruisent et disparaissent
fréquemment, avec une très grande rapidité dans les préparations,
et, le plus souvent, lorsqu'on les observe, ils sont plus ou moins
profondément altérés. Cette destruction est souvent précédée d'une
rétraction qui rend les pseudopodes piriformes; puis leur sub-
stance devient granuleuse, et elle finit par se fondre et dispa-
raitre. Dans quelques cas, la rétraction n'a pas lieu et les pseu-
dopodes altérés s'élargissent en vastes expansions membra-
DUMONTIA OPHELIARUM 325
neuses, paraissant dépourvues totalement de structure (fig. 3).
Le nombre des pseudopodes est variable suivant l’âge des indi-
vidus que l’on considère. Chez les jeunes, ils sont peu nombreux
(fig. 22) et leur structure est identique à celle du protoplasma du
corps. Ils sont constitués par un protoplasma compact et fine-
ment pointillé. Au fur et à mesure que l'être avance en âge, de
nouveaux appendices poussent. En même temps, le protoplasma
du corps devient plus vacuolaire, sans que, chez eux, la transfor-
mation soit aussi considérable. Les individus âgés ont toujours
de longs pseudopodes vacuolaires, tandis que chez les jeunes,
ces prolongements sont courts, peu nombreux, finement granu-
leux et paraissent pouvoir être rétractés dans le corps.
REPRODUCTION.
Le Dumontia ne s'est jamais présenté à moi en voie de division
simple. Ceci est un fait assez général chez les Radiolaires sur
la division desquels règne une certaine incertitude. Mais il existe
chez cet organisme un mode de reproduction remarquable.
Ainsi, principalement en été, la surface de l’axe présente de
petits mamelons bruns, en nombre variable, entourés d’une zone
claire. Ces protubérances n'existent pas toujours; d’autres fois,
elles sont nombreuses. Elles s'allongent peu à peu sous forme de
bourgeons; leur base, par laquelle ils sont fixés sur l’axe, se
rétrécit, s’étrangle, s'étire en pédicule, et ils finissent par se
détacher et devenir libres dans le protoplasma ambiant. Ce sont
alors des corpuscules d’un brun très foncé, à peu près noir,
d’autres fois presque incolores, entourés d’une zone qui devient
progressivement de l’intérieur vers l'extérieur, plus claire; la
couche incolore périphérique est d’une épaisseur très appré-
ciable. Ces bourgeons se développent primitivement aux dépens
de l’une des couches longitudinales de l'axe; c’est ordinairement
l’une des couches brunâtres intermédiaires entre celles qui sont
tout à fait noires et les plus claires qui présentent ce phénomène.
Elles s’épaississent en un point, se renflent là, et la substance
qui constitue le renflement devient finement granuleuse (fig. 41);
puis, le phénomène continuant à progresser, la saillie s’accuse, le
centre s’assombrit et le tout s'entoure des couches claires plus
externes, comme d'une coiffe, pour finir par se détacher. — Ces
épaississements de couches se produisent quelquefois sur une
326 J. KUNSTLER
longue étendue sans aboutir immédiatement à la formation de
bourgeons, de manière à figurer des sortes de gaines enveloppant
l'axe.
Les bourgeons ainsi formés, ne sont pas toujours simples,
comme je l'ai implicitement supposé jusqu'ici. Au contraire, ils
se montrent presque toujours fort complexes, constitués par la
réunion d’un certain nombre de corpuscules analogues. Les bour-
seons, simples d’abord, ne tardent pas à se subdiviser en deux ou
plusieurs lobes (fig. 3,4 et6) qui finissent par se séparer et devenir
des corpuscules analogues à ceux dont j'ai parlé plus haut. Cette
fragmentation peut même arriver à produire un nombre remar-
quable de ces petits corps, et elle peut s'effectuer, soit avant la
rupture du pédicule qui réunit la masse à l’axe et pendant qu'elle
s'accroît encore par la base par ce pédicule unique, soit après
que celui-ci s'est détaché. En continuant ainsi, il peut se produire
un nombre fort considérable de ces granulations (fig. 5) de taille
variable souvent fort petites.
Suivant la couche qui les a produits, ces corpuscules présentent
des teintes diverses; ils peuvent être presque incolores, ou beau-
coup plus souvent présenter une teinte foncée. Mais finalement,
ils s’assombrissent tous plus ou moins.
Ils émigrent à travers le corps protoplasmique, s'entourent
d’une couche de protoplasma dense, et finissent par sortir du
corps de l'être souche en perforant sa substance, pour devenir
libre dans le liquide sanguin ambiant et former un nouvel être.
Ils présentent alors un noyau. Ce corpuscule est peut-être dù à
la division du noyau de l'individu mère. À partir de ce moment,
leur enveloppe proltoplasmique se développe fort rapidement et
prend cet aspect finement granuleux dont j'ai parlé plus haut: ce
protoplasma pousse des pseudopodes peu nombreux, à structure
analogue. Le jeune être est alors formé d'un corpuscule central,
foncé et globuleux, entouré d'une couche proltoplasmique poin-
tillée avec un nombre restreint de pseudopodes à structure ana-
logue.
La transformation en être adulle se fait par un bourgeonne-
ment remarquable, rappelant une sorte de germination.
En un point du corpuscule central se forme une saillie qui se
développe en bourgeon et s'allonge peu à peu, de manière à for-
mer un axe (fig. 13) qui acquiert un bout renflé clair. Un peu
plus tard, où souvent en même temps, apparaît un autre bour-
geon analogue situé quelquefois à un point diamètralement op-
DUMONTIA OPHELIARUM did
posé, mais le plus souvent placé de manière à ne pas se trouver
sur le prolongement direct du premier bourgeon,; cette nouvelle
branche formera la deuxième moilié de l’axe avec son extrémité
renflée. On voit ainsi souvent de jeunes individus qui présentent
un corpuscule central avec deux bourgeons formant un coude et
inégalement développés (fig. 14, 15, 16, 17 et 18). D’après certaines
observations, j'ai lieu de croire que l’axe nouveau est ordinaire-
ment perpendiculaire à celui de l'être souche.
Cette sorte de germination se voit sur les individus jeunes pos-
sédant les dimensions les plus diverses, et il ne semble pas que
la taille soit soumise à une loi quelconque dans cette reproduc-
tion, cette taille variant depuis des limites d’une exiguité extrême
jusqu’à des dimensions relativement considérables.
Les Foraminifères, aussi bien les Perforés que les Imperforés,
présentent un processus de développement de leur squelette qui
semble pouvoir être comparé à ce bourgeonnement d’un axe par
une sphère initiale, et dont nous devons la connaissance à
MM. Munier-Chalmas et Schlumberger (1). Il ressort de leurs
recherches que ces organismes débutent par l'existence d’une
loge initiale, ordinairement sphérique, et que, par le progrès du
développement, il s'établit sur celles-ci de nouvelles loges de
forme différente et d'abord plus petites, qui s’enroulent autour
d'elle suivant des modes variés et produisent une nouvelle co-
quille très différente d'aspect et de constitution de la première.
Il arrive quelquefois que pendant que l’axe bourgeonne le cor-
puscule sphérique central n'a pas encore perdu la faculté de se
diviser, et, en même temps que l'allongement de l’axe s'opère, il
se divise; l’on a alors au centre de l'être deux ou trois corpus-
cules arrondis (fig. 19, 20 et 21). D’autres fois, au contraire, la
rapidité avec laquelle l'axe se produit est telle que sa formation
peut être fort avancée avant que le bourgeon ne soit même encore
détaché de son point d’origine (fig. 9). On rencontre quelquefois
des amas parallèles de baguettes qui doivent peut-être leur ori-
gine à un procédé analogue (fig. 10); une foule de bourgeons ger-
meraient sur place. En général, le développement des bourgeons
axiaux semble suspendre la propriété qu'ont les corpuscules pri-
mitifs de se diviser, quelles que soient leurs dimensions, qu'ils
soient grands ou petits. Ces globules examinés aux forts grossis-
(1) Munier-Chalmas et Schlumberger, Nouvelles observations sur le dimorphisme
des Foraminifères. Compt.-rend. Acad. sc., 26.mars et 28 mai 1883.
328 J. KUNSTLER
sements montrent, lorsqu'ils ne sont pas très colorés, une sub-
stance non homogène. 11s semblent constitués par la réunion d'un
certain nombre de corpuscules plus petits. C’est peut-être cette
constitution qui est la raison d’être des divisions souvent si fré-
quentes que l’on observe quelquefois; chaque petite sphère se
décomposerait en groupes de semblables corpuscules et même en
corpuscules isolés. Lors du bourgeonnement, cet aspect disparait,
et il apparaît des couches concentriques. Pendant ces phéno-
mènes de germination, le protoplasma du jeune être se déve-
loppe d'une manière concomittante et fort rapidement. Il est
finement pointillé d’abord et ne présente que peu de pseudo-
podes ; par les progrès de son accroissement, sa zone périphérique
acquiert des vacuoles nombreuses et ses pseudopodes se multi-
plient et se modifient de manière à prendre les caractères de
ceux de l'adulte.
Quant à leur structure, les corpuscules qui se trouvent au
centre des jeunes individus sont formés de couches concentriques
parallèles, sans interposition de vacuoles. Ces couches forment
trois assises principales, l’une externe claire, la deuxième brune
et encore transparente, la troisième, enfin, interne et noire. Au
centre de celle-ci on perçoit l'existence d’une sorte de cavité
moins foncée (fig. 38). En un point apparaît le premier bourgeon.
Celui-ci forme une saillie qui, d’abord, paraît aussi homogène.
Mais peu à peu, à mesure que le bourgeon s’allonge, ses couches
se séparent les unes des autres et il s’interpose entre elles des
séries de vacuoles très petites, de manière à rappeler la structure
écumeuse du protoplasma. Chaque couche primitive de la sphé-
rule correspond à un certain nombre de ces couches terminales
qui en sont issus par des dédoublements successifs. Sur un autre
point de ce petit corps, le même processus se renouvellera, et,
comme je l'ai dif, ordinairement en un point non diamétralement
opposé; c’est là la raison pour laquelle les axes des adultes sont
généralement coudés, quoique cependant cette courbure tende à
se redresser par les progrès du développement. De même, les
bourgeons n’occupent pas, chacun, la moilié de la petite sphère
qui les produit; aussi existe-t-il le plus souvent un renflement
au point où se fait la courbure du coude, et ce renflement persiste
même à l'état adulte; quoique, tout comme la courbure elle-
même, il tende à disparaitre avec l’âge.
Les corps reproducteurs dont il a été question jusqu'ici ne se
sont produits qu'avec des bourgeons latéraux de l'axe. J'ai dit
DUMONTIA OPIIELIARUM 929
que cette tige élait renflée à ses deux bouts et que ce renflement
n'était pas simple. Il est constitué par deux ou trois nodosités
disposées bout à bout (fig. 1, 3, 4 et 26), de telle sorte qu'il paraît
presque formé par plusieurs grosses sphères soudées et alignées
en file. Ces nodosités sont les origines de corpuscules analogues
à ceux qui se voient au centre des jeunes individus précédemment
étudiés, mais ordinairement plus clairs. Et, en général, le bour-
geonnement latéral fournit des corpuscules noirs, quoiqu'il puisse
y en avoir qui soient clairs, et les bouts des corpuscules plus
clairs. C’est la dernière nodosité qui se détache d’abord et l’avant-
dernière devient terminale; elle est rejetée à son tour pour être
remplacée par la suivante, et, pendant ce temps, de nouvelles
nodosités se forment, qui seront évacuées à leur tour de la même
manière.
Ces bouts ne se détachent pas toujours purement et simplement;
le plus souvent, surtout quand ils sont gros, avant de se détacher,
ils se divisent longitudinalement en fragments secondaires, qui
se détachent dans un ordre quelconque (fig. 5, 6, 7 et 2), tandis
que concurremment derrière eux des parties analogues se refor-
ment. Le processus s'opère en même temps que les bourgeons
latéraux se forment et ces deux phénomènes sont concomittants.
Pendant que les phénomènes précédents se produisent, le
Dumontia vit normalement, sans paraître se préparer aucunement
à une fin plus ou moins prochaine. Une troisième modification
de ces phénomènes, au contraire, paraît intimement liée à la fin
de l'individu; elle se remarque plus fréquemment en automne
et en hiver. C'est une sorte de bourgeonnement terminal modifié.
L'un des bouts renflés de l’axe se sépare peu à peu, comme
‘ila été dit plus haut, et devient libre; mais les extrémités de rem-
placement ne se forment pas comme de coutume et alors com-
mence un processus spécial, qui peut débuter pendant qu'à
l'autre bout le phénomène ordinaire se continue.
L'extrémité laissée à nu par le bout détaché ne forme plus
d'autre partie semblable; elle se renfle et bourgeonne d'une
manière multiple (fig. 27, 28, 29. 31 et 32). Il s’en détache pro-
gressivement des corpuscules et la région de l’axe qu'ils consti-
tuaient ne se reforme plus. Ce processus se continue peu à peu
vers le centre et tend à transformer tout le bâtonnet et à le décom-
poser en sphères noires qui se multiplient plus ou moins encore
par la formation de bourgeons secondaires naissant à leur sur-
face.
330 J. KUNSTLER
Bientôt l’autre extrémité se détache aussi pour ne plus se repro-
duire, et le même phénomène se présente là. Le terme ultime de
ce processus est que l'axe entier se transforme en une sorte de
morule (fig. 33, 34 et 35), dont la plupart des corpuscules devien-
nent libres et sont les centres de nouveaux individus. Ce proces-
sus amène donc une sorte de fragmentalion de l'axe en portions
plus petites correspondant à de nouveaux êtres qui tirent leur
origine de la division de l'être souche. Même, au sein de la sub-
stance de celui-ci, ce phénomène peut encore aller plus loin
et l'axe primitif peut véritablement se pulvériser. Les derniers
vestiges de cette baguette ne sont plus alors que de fines
granules plus claires (fig. 36) qui deviennent peu à peu libres.
On rencontre quelquefois dans les préparalions des individus
petits (fig. 37), contenant des granulalions de ce genre, que l’on
pourrait prendre pour des jeunes si leurs pseudopodes n'avaient
les caractères de ceux des adultes. Ces individus condensent peu
à peu leur protoplasma et finissent par se transformer en jeunes
êtres qui pourront recommencer le même cycle.
Pendant que cette transformation de la baguette chilineuse en
un amas de corpuscules se fait, le corps proloplasmique subit
des modifications particulières. En général, ainsi que je l'ai dit
plus haut, les pseudopodes forment deux faisceaux portés par
deux régions latérales limitées. Lorsqu'une extrémité est déta-
chée et qu'elle ne se renouvelle plus, les deux zones se rappro-
chent près de ce pôle et finissent par s'y confondre (fig. 27,
28, 29, 31, 32 el 33). L'’être est alors complètement entouré de
pseudopodes, excepté au niveau de l’autre extrémité de l'axe qui
n'est pas encore détaché. Lorsque celle-ci est enlevée, le même
phénomène se répète et l'être s'entoure d'une zone continue de*
pseudopodes, de manière à présenter un aspect très différent de
celui des individus ordinaires (fig. 34, 35, 36 et 37). En même
temps la masse du protoplasma diminue, parce que chaque jeune
en emporte une certaine quantité et avec la diminution du proto-
plasma le nombre des pseudopodes devient plus faible. Finale-
ment il ne persiste plus que quelques-uns de ces appendices.
D'un autre côté, à mesure que se font ces transformations, le
protoplasma du corps se condense et ne présente plus guère les
grandes vacuoles qui le caractérisent à l'élat ordinaire.
Il est des bourgeons qui sont plus ou moins clairs, mais le plus
souvent ils sont noirs, et, lant qu'ils sont ronds, ils conservent
celle teinte, plus principalement les gros. Les peliles granula-
DUMONTIA OPHEZLIARUM 331
tions, résultat de la fragmentation ultime, sont généralement
assez claires. Les axes qui bourgeonnent de sphères jeunes sont
aussi plus clairs en général que celles-ci, et au fur et à mesure
que le bourgeonnement se fait, les sphères centrales s’éclaircis-
sent elles-mêmes un peu.
Voilà donc une reproduction accompagnée de singuliers phéno-
mènes de bourgeonnement, d'autant plus remarquables que l'axe
lui-même y prend une part plus considérable et qu'il en est
même le point de départ. Dans le cas où l’on voudrait admettre
que cet organe serait un squelelte externe métamorphosé, sa
transformation serait donc poussée bien loin; non seulement il
n’est plus une simple enveloppe superficielle, se produisant après
la naissance pour protéger l'être, mais c'est là un squelette in-
terne de soutien faisant absolument partie intégrante du corps et
tellement identifié avec celui-ci qu'il ne manque à aucun moment
de l'existence et qu'il paraît presque aussi vivant que ce corps
lui-même.
Quelques Sarcodines présentent une reproduction par bour-
geonnement qui rappelle ce que nous avons vu chez le Dumontia.
La reproduction des Rhizopodes marins est assez peu connue
pour qu'il n'y ait pas lieu de chercher chez eux des points de
comparaison. Mais les Rhizopodes d’eau douce se reproduisent
quelquefois par bourgeonnement.
Ainsi les Arcelles se perpétuent par de jèunes individus ainsi
formés; mais la coquille ne prend aucune part à ce phénomène.
Sous la coque, à la périphérie des corps se forment des appendices
protoplasmiques discoïdes renflés, qui sont dus à un phénomène
de bourgeonnement. Bientôt ces corpuscules se détachent, se
meuvent et rampent hors de la coquille, sous la forme de petites
Amibes.
Chez l’Acanthocystis spinifera, il se forme un gros bourgeon, dont
le contenu se divise en six corpuscules qui seront chacun un
jeune et deviendront libres, et il se forme un nouveau bourgeon.
Les Rotalines laissent souvent échapper de leur corps de nom-
breux petits. Il existe d’autres exemples analogues.
Les Radiolaires se reproduisent à l’aide de petits corps mobiles,
infusiformes, provenant de la division du protoplasma contenu
dans la capsule centrale, c’est-à-dire de l’entoplasme, et dont la
formation est précédée d'une abondante division nucléaire. Cha-
que embryon est pourvu de l’un des jeunes noyaux.
332 J. KUNSTLER
RÉSUMÉ.
Le Dumontia Opheliarum est une Sarcodine. Ses dimensions
sont très variables; il peut être visible à l'œil nu, ou bien être
d’une taille fort exiguë.
Il possède un squelette axial, interne, un corps protoplasmique
aréolaire constitué par deux lobes ordinairement asymétriques et
portant sur une portion de leur surface un faisceau de pseudo-
podes.
L'axe possède une valeur morphologique douteuse; est-il équi-
valent à la capsule centrale des Radiolaires et à la coque des
Rhizopodes? Ce serait là une transformation bien remarquable
que celle d’une enveloppe cuticulaire constituant, au début,
presque un produit d’excrétion et évoluant de manière à devenir
interne pour finir par se transformer en cette singulière baguette
simple à vitalité si développée. Celle-ci semble, en effet, intime-
ment liée au protoplasma qu’elle n’abandonne jamais, et la colo-
ration intense que lui communique le vert de méthyie semble
bien mettre en évidence sa nature protoplasmique. Cette union
est tellement complète que ce sont les couches profondes qui
sont les plus chitinifères et les couches externes dont la com-
position rappelle le plus le protoplasma ordinaire. Ce serait là
une adaptation complète à ce rôle de squelette de soutien interne,
ne servant aucunement à la protection contre les agents exté-
rieurs, transformation qui aurait eu pour résultat cette remar-
quable émigration du noyau et de l’entoplasme au-dehors.
Cette baguette fait partie tellement intégrante du corps qu'elle
partage la propriété du protoplasma de bourgeonner, et qu'à
aucun moment de l'existence elle n’est absente. Dans l'hypothèse
de son rattachement au squelette chitineux des Sarcodines, nous
assistons ici à la transformation d’un produit cuticulaire primitif
en un organe essentiellement vivant. Nulle part, chez les autres
Sarcodines, le squelette n'est point le départ des phénomènes
reproducteurs.
La reproduction prend chez le Dumontia un caractère propre.
Pendant toute l'existence, il se détache de l'être des corps repro-
ducteurs, et, finalement, l'individu finit par se décomposer en
une foule de fragments, dont chacun est pourvu d’un bourgeon de
l'axe. Chaque fragment forme un nouvel individu quirecommence
le même cycie.
DUMONTIA OPHELIARUM 339
Le corps protoplasmique rappelle, par sa structure aréolaire,
celui de beaucoup de Sarcodines, notamment des Héliozoaires,
tels que l’Actinosphærium. FH se divise en une partie périphérique
écumeuse et en une partie interne plus compacte. Il est remar-
quable en ce que, sans le secours d'aucun squelette périphérique,
il possède une forme définie. Les pseudopodes qui le recouvrent
ne sont pas tout à fait fins, comme ceux de la plupart des Radio-
laires, et ils ne sont pas non plus obtus comme ceux de beaucoup
de Rhizopodes. Leur structure est intermédiaire ; ils possèdent
un bout obtus et sont assez gros ; mais ils sont à peu près recti-
lignes et leur diamètre, comparé à la longueur, est faible. Ils sont
localisés en deux régions restreintes du corps. Ces êtres ne se
nourrissent que par endosmose, fait qui est probablement en rap-
port avec leur genre de vie parasilaire.
Quelle doit être la position systématique du Dumontia? C’est
une masse protoplasmique nue qui prend certainement place dans
la sous-classe des Sarcodines.
Est-il rapproché des Radiolaires par l'existence d’un axe central
qui pourrait dériver d’une capsule centrale par l'expulsion de
l’entoplasme? Celui-ci présente les mêmes caractères que chez
les Radiolaires, c’est-à-dire qu'il occupe une région interne et
qu'il est plus dense que l’ectoplasme.
Serait-ce là un Radiolaire profondément transformé, probable-
ment grâce à son mode d'existence spécial? Remarquons d’ailleurs
qu'un certain nombre de caractères fort importants l'éloignent
des Radiolaires.
I serait aussi possible que ce fût là un Rhizopode, dont la coque
serait devenue cet axe central et qui, partant de ce groupe, aurait
suivi une évolution parallèle à celle des Radiolaires. On ne voit,
en effet, dans son corps aucune trace du squelette périphérique
qui caractérise les Radiolaires. La reproduction par bourgeonne-
ment lé rapproche de certaines espèces de Rhizopodes, qui, elles
aussi, ont une coque chitinoïde brune.
Peut-être aussi l'axe de cet organisme n’a-t-il aucune relation,
ni avec la coque des Rhizopodes, ni avec la capsule centrale des
Radiolaires. Il possède, en cffet, des caractères absolument par-
ticuliers et propres.
En résumé, le Dumontia Opheliarum présente des caractères
tels qu'il semble devoir occuper une position à part dans le
groupe des Sarcodines, dans le voisinage des deux grands ordres
des Radiolaires et des Rhizopodes.
331 J. KUNSTLER
EXPLICATION DE LA PLANCHE IV.
Les figures contenues dans cette planche sont dessinées à l'aide de l'objectif F de
Zeiss et de la chambre claire de Doyère et Milne-Edwards, modifiée par Vérick;
elles représentent des individus grossis environ 150 fois en diamètre. J'en excepte
les figures 39, 39, 40 et 41, qui sont très grossies.
Fig. 1. — Dumontia Opheliarum adulte. Au milieu du corps se trouve l'axe em-
tinoïde /a) présentant ses trois zones principales, l'externe incolore, la moyenne
brune et l’interne noire; sa structure stratifiée apparaît principalement aux deux
bouts ; les renflements terminaux ne sont pas simples; ainsi, le bout supérieur se
montre constitué par trois renflements disposés en file. L'entoplasme /en) entoure
immédiatement cet axe; on y remarque des granulations qui sont probablement des
produits d’excrétion. L'ectoplasme /ec) présente de grosses vacuoles polygonales.
D'un côté, on voit parfaitement la zone à pseudopodes /z). Les pseudopodes {p}
sont longs, plus ou moins entortillés, ou courts, rétractés, pyriformes /pr/. Du côté
gauche, la zone à pseudopodes est nettement séparée de l’ectoplasme par une ligne
claire qui semble due à une déchirure. — Dans toutes les autres figures, les lettres
ont la même signification.
Fig. 2, — Grand individu dont l'axe présente un bourgeon /b/ en voie de déve-
loppement; ses extrémités ressemblent à un faisceau d’axes secondaires. Le lobe
protoplasmique inférieur, porteur de pseudopodes, est plus réduit, à pseudopodes
moins développés que le supérieur. Les deux lobes montrent un corpuscule détaché
de l'axe, en voie de migration vers l'extérieur.
Fig. 5. — Individu en voie de reproduction. On voit un bourgeon complexe sur
l'axe, et des corpuscules détachés se divisant encore et émigrant à lextérieur,
Fig. 4.— Individu en pleine voie de reproduction, dont l'axe se couvre de bour-
geons, et dont les bouts se séparent aussi. La ligne pointillée, à rayons divergents
(co) indique les contours du corps avec les pseudopodes qui en partent. Les bour-
geons présentent des degrés de coloration variés.
Fig. 5. — Les bourgeons sont très nombreux; de plus les extrémités ne se déta-
chent pas purement et simplement, mais elles se divisent d’abord longitudinalement
en plusieurs parties.
Fig. 6. — Individu montrant le processus de la formation de corpuscules repro-
ducteurs aux dépens des bouts. On voit que ceux-ci s'élargissent d'abord ici, puis
se divisent longitudinalement pour finir par se détacher.
Fig. 7. — Aspect d'un individu dont les bouts viennent de se détacher ®
Fig. 8. — La division d’un bout s'étend jusqu'au milieu de l'axe.
Fig. 9. — Individu dont un bourgeon a germé avant d'être détaché de l'axe
souche, de manière à former un nouvel axe parallèle au premier.
Fig. 10. — Amas d'axes et de corpuscules à tous les stades. Ces amas se ren-
contrent quelquefois, Sont-ils le résultat de la prolifération de l'axe d'un seul indi-
dividu primitif?
Fig. 11. — Jeune indivivu dont l'axe est à l'état de simple corpuscule (peut-être
n'est-ce là qu'un résultat ultime de la transformation d'un individu adulte). Son
protoplasma {p) présente une structure finement pointillée.
Fig. 12. — Autre jeune individu un peu plus avancé; le corpuscule central à
déjà poussé un petit bourgeon, irrégulier ici, ce qui lui donne une forme en vir-
DUMONTIA OPIELIARUM 93
gule. On remarque un noyau fn. A propos de l'âge, on peut faire la méme remarque
que pour le précédent.
Fig. 15. — Cette figure, ainsi que plusieurs de celles qui suivent, est destinée à
mettre en évidence la manière dont l'axe se produit aux dépens du corpuseule
primilif. Ce corpuscule est, ici, très petit, et n'a encore produit qu'un seul bour-
geon destiné à former une ne de l'axe définitif. Avant de former ce bourgeon, 1l
a préalablement produit encore un autre corpuscule, et l’on voit celui-ci dans
son protoplasma. Les pseudopodes entourent encore complètement l'être d’un
côté.
Fig. 14. — Les deux bourgeons, quoique inégaux, existent et les pseudopodes
sont disposés en deux zones latéarles.
Fig. 15. — Le bourgeonnement à donné naissance à deux branches tordues. de
telle sorte que l'angle de l'axe se trouve du côté opposé à celui où le siege des
bourgeons le plaçait.
Lig. 16. — Autre modilication de ce phénomène de bourgeonnement, L'un des
bourgeons s’allongent énormément.
Fig. 17. — Le corpuscule qui germe est ici fort gros. Les dimensions de ces
petites sphères sont d’ailleurs fort variables. Le noyau se voit /n}.
Fig. 18. — Le corpuscule, quoique déjà petit, en formant l'axe, tend encore à se
diviser, et l’on voit au centre de la baguette deux de ces petits corps adjacents.
Fig. 19. — Phénomène analogue, mais poussé beaucoup plus loin.
Fiy. 20. — La division a donni naissance ici à un troisieme corpuscule.
Fig. 21. — Phénomène du même genre. on voit le noyau /n).
Fig. 22, — Très jeune individu, dont l'axe est déjà formé. Protoplasma finement
granuleux ; pseudopodes peu abondants,
Fig. 25. — Jeune individu dont les zones à pseudopodes sont très développées /z}.
Fig. 24. — Degré plus avancé du développement; les bouts de l’axe commence
à se séparer nettement du corps protoplasmique.
Fig. 25. — Le processus est encore plus accentué. Mais on voit nettement les
bouts coiffés par de la substance protoplasmique.
Fig. 26. — Individu adulte se présentant au premier stade de ce procédé de
bourgeonnement d’après lequel l'axe tout entier se transforme en un amas de cor-
puscules. Une extrémité est en voie de se détacher et ne sera plus remplacée .
l'autre présente trois renflements qui subiront le même sort.
Fig. 27. — Le bout détaché n’est pas remplacé et l'axe commence à se renfler à
cette extrémité.
Fig. 28. — Autre individu, dont le renflement commence deja à montrer une
tendance à à une division en sphérules.
Fig. 29. — Stade plus avancé; en même temps que s’est opéré la division en
boules, l’axe s’est fendu longitudinalement (ce dernier fait n'est pas fréquent).
Fig. 30. — La fragmentation de l'axe en corpuscules commence méme avant que
le bout ne soit détaché.
Fig. 51. — La décomposition de l'axe tout entier s'accentue,
Fig. 52. L'être ressemble déjà à un corps müriforme, par la généralisation et
la multiplication des lobes qui formeront des sphères.
Fig. 55. — Les deux bouts sont enlevés et l'axe tout entier ne forme plus qu'une
masse irrégulière. L'entoplasme et l'ectoplasme sont nettement distincts chez cet
individu; de plus, la zone à pseudopodes entoure à peu près complètement le
corps.
Fig. 54. — Tout l'axe se (ransforme en sphéres; la limite entre l'entoplasme et
336 J. KUNSTLER
l'ectoplasme est nettement visible chez cet individu. La zone à pseudopodes entoure
tout le corps.
Fig. 55. — Il n'existe plus que des sphères, et l'axe est entiéremènt transformé.
Fig. 56. — Les dernières sphères restées au sein du corps se sont divisées en
corpuscules plus petits.
Fig. 57. — Terme ultime de la transformation de ces êtres, après qu'ils ont
produit une foule de jeunes.
Fig. 58. — Sphère issue d'un bourgeon tres grossie. On voit la zone externe
claire, la zone moyenne brune et la zone interne foncée. Au centre se trouve l'es-
pace clair constituant probablement une cavité remplie de matière fluide.
Fig. 59. — Fragment d’axe très grossi destiné à montrer la disposition des
couches transversales.
Fig. 40. — Figure schématique montrant la disposition des extrémités. Le corps
protoplasmique /p) est percé par l'axe {/a) et l'entoure comme un anneau. L'extré-
mité de celui-ci est coiffé par l'enveloppe cuticulaire /e) qui va s'étendre sur le corps
en formant des plis /pl/. Les couches transversales sont marquées par des lignes
pointillées. Les traits pleins montrent théoriquement les relations des transversales
avec les couches longitudinales ; ils embrassent entre eux les couches transversales
correspondant à chaque couche longitudinale. L'on voit donc qu’à chaque couche
longitudinale correspondent plusieurs couches transversales.
Fig. 41. — Figure montrant les couches longitudinales de l’axe très grossies. On
voit en certains points des épaississements lenticulaires granuleux qui sont les
origines de bourgeons.
SUR
QUELQUES GLANDES CONGLOMERÉES
DU TÉGUMENT EXTERNE
Par MM. Alexandre PILLIET et Raoul BOULART
Les glandes conglomérées du tégument externe, dans la série
des Mammifères, sont, à part la mamelle dont nous n'avons pas
l'intention de parler, constituées par des amas de glandes sudori-
pares et de glandes sébacées. Généralement à ces masses, s'ajoute
un réservoir, une poche spéciale, contractile, destinée à recevoir
le produit secrété. C’est ainsi que sont constituées la plupart des
glandes anales et des glandes à parfum dont nous allons parler.
I. — Les glandes anales, qu’on observe chez un grand nombre
de Carnassiers, forment deux poches, s'ouvrant sur les côtés de
la ligne ano-rectale, et dont la paroi est tapissée d'une couche de
glandules de nature variable, suivant les animaux qu’on exa-
mine.
Nous avons pu les étudier sur des animaux de ménagerie,
fournis par le laboratoire d'Anatomie comparée du Muséum. Nous
en remercions ici M. le Professeur Pouchet. La première étude
d'ensemble de ces organes à été faite en 1874 par M. J. Chatir (1),
dans sa remarquable thèse de doctorat ès-sciences, où nous ren-
voyons pour tous les renseignements d'ordre zoologique.
L'appareil musculaire de ces poches varie beaucoup. Il existe
généralement une coque circulaire de fibres musculaires striées,
bien décrite par M. J. Chatin, et qui dépend du sphincter de
l'anus.
(1) J. Chatin, Glandes de la région anale des Mammifères. Bibliothèque de
l'École des Hautes-Etudes, 1874.
338 ALEXANDRE PILLIET ET RAOUL BOULART
Nous avons reconnu qu'un faisceau médian peut partir de cette
couche contractile, et aller se confondre avec le bulbo-caver-
neux, c’est la disposition que présente le Paradoxure type. Chez
la Hyène, les choses sont un peu moins simples : à ce faisceau
s’en ajoutent deux autres latéraux, qui, sous forme de deux ban-
delettes, minces et larges, émanées du constricteur propre de la
glande, vont s’insérer aux parties latérales du bassin, de chaque
côté de la région sacrée. Enfin les deux releveurs de l'anus, dont
les fibres les plus inférieures viennent se perdre au-dessous du
sphincter anal, paraissent avoir aussi quelque action sur les
glandes.
Chez le Chien nouveau-né, les glandes anales se composent
d’une poche de 1 centimètre environ de diamètre, dont les parois
sont revêtues d’un épithélium pavimenteux stratifié. Elle a la
structure des muqueuses dermo-papillaires, la couche de cellules
qui la recouvre est très peu épaisse, le sératum granulosum fait
défaut, ainsi que la couche cornée, et les cellules les plus super-
ficielles se desquament sans subir de véritable kératinisation, au
contraire de ce qu'on observe dans la peau. Elle repose sur un
tissu conjonctif épais, sans papilles, formé de larges bandes de
fibres lamineuses, avec une forte charpente élastique, dans
laquelle on ne trouve que des glomérules sudoripares assez
espacés. Ces glomérules ont été décrits par M. Gustave Herr-
mann (1) qui les a comparés justement aux grosses glandes sudo-
ripares de l’aisselle de l'Homme. Ajoutons que la peau, au pour-
tour de l’anus, présente des glandes sudoripares semblables et
des glandes sébacées volumineuses.
Chez le Chat nouveau-né, la paroi de la poche anale, identique
comme structure, est peu épaisse, les glandes sudoripares y sont
très abondantes, sans toutefois présenter le long canal excréteur
contourné des glandes cutanées. Sur quelques tubes, à lumière
large, distendus par la sécrétion, on voit les cellules sudoripares,
aplaties, cubiques, avec leur noyau à la base. Dans des culs-de-
sac voisins, le corps des cellules, allongé, très renflé en massue
à son extrémité libre, ne laisse qu'une lumière étroite au centre
du tube.
Ces modifications tiennent, on le sait, à la secrétion, et indi-
quent que les différentes parties de la glande fonctionnent tour à
(1) G. Herrmann, Glandes anales du Chien. Soc. de Biologie. 27 déc, 1879.
Id, Muqueuse anale, Thèse de doctorat, Paris, 1880,
QUELQUES GLANDES CONGLOMÉRÉES DU TÉGUMENT EXTERNE 339
tour. Les éléments épithéliaux ne sont jamais disposés que sur
un seul rang, comme dans les glandes sudoripares ordinaires. Au
milieu de ces follicules sudoripares, on trouve un amas volumi-
neux, nettement circonscrit, de glandes sébacées serrées, s’abou-
chant dans la poche par un canal très court et très large, que
tapisse un revêtement de cellules pavimenteuses stratifiées. Leurs
cellules polygonales sont infiltrées, dans toute leur masse, de
très fines gouttelettes de graisse, dans celles du centre, cette
graisse n’est pas encore collectée en gros globules, ce qui tient
au jeune âge de l'animal, ces glandes n’ont pas encore fonctionné,
et leurs cellules n’en sont qu’au stade qui précède l'élimination.
Au milieu des acini, elles sont agminées et offrent une certaine
ressemblance avec les globes épidermiques des cancroïdes. Dans
la peau du voisinage de la poche, les glandes sébacées et sudori-
pares sont mêlées et nombreuses comme chez le Chien. La seule
différence entre ces organes, chez les deux animaux dont nous
parlons, consiste donc dans la présence chez le Chat, de ces
acinis sébacés. s'’ouvrant dans la poche anale.
Chez la Genetle (G. Schlegeli), les glandes anales rappellent
celles du Chien. Les glandes sudoripares sont très peu nom-
breuses, peu développées, et leurs tubes, à peine glomérulés,
s’allongent parallèlement à la paroi épidermique de la poche. Ils
se coudent donc pour s’y aboucher. On y voit de plus quelques
amas, dont la forme acineuse est très peu tranchée, de cellules
sébacées chargées de graisse. Du reste le cytoplasma des cellules
sudoripares, même dans les organes dont nous parlons, estrempli
de granulations graisseuses.
Chez la Civette {Viverra civelta), la paroi de la poche anale est
soulevée çà et là par des plaques saillantes, de forme pustu-
leuse, qui répondent à des acinis sébacés. L’épiderme qui la
revêt ne mérite pas de description spéciale. Comme chez le Chat,
il se prolonge dans les canaux excréteurs. Entre ces masses sail-
lantes, de nombreux glomérules sudoripares, qui tapissent tout
ce que les glandes sébacées laissent libre du champ de la poche
anale ; ce type est donc à rapprocher de celui du Chat, seulement
l’amas sébacé unique de la poche anale de ce dernier animal est
fragmenté chez la Civette.
Chez le Blaireau (Meles taæus), on distingue les glandes anales
et la glande sous-caudale, nous décrirons ici cette dernière, car
sa structure la rapproche des glandes que nous venons de passer
en revue. Elle est composée d’un amas de tubes à peine contour-
340 ALEXANDRE PILLIET ET RAOUL BOULART
nés, très courts, qui, sur des coupes, ont presque l'aspect acineux
d'une glande salivaire. Les cellules y sont cylindriques sur un
seul rang, laissant une lumière assez large au centre des tubes,
et elles contiennent beaucoup de fines gouttelettes graisseuses.
Les canaux excréteurs ne se reconnaissent qu’à leur largeur plus
grande. La rareté des pièces ne nous a pas permis de faire les
injections nécessaires pour déterminer complètement la morpho-
logie de cette glande, qui nous a paru une glande sudoripare
composée, comme les glandes à parfum dont nous allons parler
sont des glandes sébacées composées.
En résumé, les glandes anales sont constituées par des folli-
cules sudoripares seulement (Chien) ou par des glandes sudori-
pares et sébacées, mélangées en proportions variables suivant les
espèces. Les glomérules sudoripares présentent tous les intermé-
diaires entre les tubes simples à peine glomérulés qu'on peut
observer chez différents animaux, et les follicules axillaires de
l'Homme, ceux de l’aine des Ruminants. A part la glande sous-
caudale du Blaireau, aucune de ces formes ne s'éloigne des types
déjà décrits chez les Mammifères (1), mais nous avons un certain
nombre d'états transitoires entre le glomérule isolé dans la peau,
et l'organe relativement volumineux que forme la glande conglo-
mérée.
II. — Les glandes à parfum sont des organes très répandus, il
suffit de citer la Civette, la Mouffette, le Porte-Musc, le Castor,
pour montrer qu'elles peuvent exister dans les classes d'animaux
les plus différentes. Nous aurons à examiner à quelle sorte de
glandes nous pouvons les rattacher morphologiquement, et à
rechercher si les odeurs émanées de l'Homme et d’un grand
nombre de Mammifères sont dues ou non à des organes corres-
pondants aux glandes à parfum véritables.
Chez les Carnassiers (Civette, Genette, Mouffette) seuls animaux
que nous avons pu nous procurer, ces glandes sont placées entre
la vulve et l'anus chez la femelle, entre le testicule et l’anus chez
le mâle. Elles sont recouvertes comme les glandes anales d’une
couche de fibres musculaires striées, mince chez la Genette,
épaisse chez la Civette. Ces fibres présentent deux directions. Les
premières longitudinales partent de l'ischion, viennent se pro-
longer au-dessus de chaque glande, de façon à constituer un petit
Q; Ficatier, Glandes sudoripares, Thèse de Paris, 1881, n° 113,
QUELQUES GLANDES CONGLOMÉRÉES DU TÉGUMENT EXTERNE 341
faisceau, qui gagne la ligne médiane, et va se perdre sous la
peau de la région pubienne, entrecroisant ses insertions, avec
son congénères du côté opposé et formant ainsi une véritable
sangle musculaire. Quant aux fibres circulaires qui constituent
surtout le muscle compresseur de chaque glande, elles s'unissent
supéricurement de façon à constituer une arcade musculaire, au-
dessus de la portion moyenne de la verge.
Sur la Civette et la Genette, on voit entre les deux glandes à
parfum une poche qui. chez le dernier de ces Carnassiers, est très
réduite et tapissée de poils serrés. On aperçoit sur les parois de
cette poche les nombreux orifices de canaux profonds. Sur la
coupe, ces canaux sont rectilignes, sans anastomoses, et plongent
verticalement dans un tissu conjonctif des plus épais. Leur revê-
tement épithélial est pavimenteux stratifié. Tout le long de leur
parcours, ils reçoivent l'embouchure de culs-de-sac courts,
renflés, lageniformes dont l’axe longitudinal est perpendiculaire
au leur. Ces acini noyés dans le tissu conjonctif sont assez
éloignés les uns des autres; ils sont remplis de cellules sébacées
polygonales. Le tissu qui les englobe contient de riches plexus
nerveux, composés de fibres pâles, qui se distribuent autour des
glandes. Nous avons donc affaire à des glandes sébacées franches.
M. J. Chatin les compare aux glandes de Meibomius. Le revête-
ment musculaire qui entoure l'organe envoie des prolongements
entre chacun des ïilôts répondant à un canal excréteur, qui
forme ainsi un tout complet, un véritable lobule sébacé. Ces
lobules juxtaposés constituent toute la glande. Il n’y a pas trace
de glandes sudoripares. Les glandes à parfum de la Civette sont
construites sur le même plan : on y voit les mêmes faisceaux
musculaires striés, s’insinuant entre les lobules, M. J. Chatin ne
les admet que chez la Genette, ils sont plus grêles chez la Civette,
mais leur existence n’en est pas moins réelle.
Enfin les glandes, dites anales, du Blaireau sont aussi des
glandes sébacées, avec une cavité centrale à revêtement épider-
mique. Les faisceaux musculaires inter-acineux y sont très forts.
Ni dans cette glande du Blaireau ni dans celles de la Civette on
ne voit de glomérules sudoripares.
Nous voyons donc que les glandes à parfum des Carnassiers
ne contiennent que des acini sébacés, secrétant une masse méli-
cérique odorante, mais elles sont organisées en masses relative-
ment considérables, et nous pourrons faire sur leur anatomie
quelques remarques applicables à la secrétion sébacée en général.
342 ALEXANDRE PILLIET ET RAOUL BOULART
Elles diffèrent des glandes sébacées ordinaires en quelques points.
Nous voyons, en considérant isolément chacun des lobules que
nous avons indiqués, un long tube excréteur, tapissé de cellules
pavimenteuses stratifiées qui concourent pour une assez forte part
par leur desquamation à la sécrétion générale. Dans les glandes
isolées des autres Mammifères, le tube est, au contraire, court et
collecte un certain nombre d’acinis accolés, que séparent des
travées conjonctives, travées dont les cellules contiennent de
l'éléidine, ainsi que l’ont montré les professeurs J. Renaut et
Ranvier (1) dans certains cas pathologiques. Ici chaque cul-de-
sac est isolé, non cloisonné, et la plupart ont sensiblement le
même diamètre.
Comme structure, il n’y a pas de différence sensible: la mem-
brane limitante mince est la même; les cellules sont polygonales,
par pression réciproque leur cytoplasma forme un réticulum qui
englobe les gouttelettes huileuses. Ce sont les cellules les plus
centrales des culs-de-sac qui se chargent d’abord de graisse col-
lectée en vraies gouttes; comme on l’observe chez le fœtus dans
le développement de ces organes. Alors la graisse ne pouvant
diffuser à travers le corps cellulaire, comme le fait le produit col-
loïde des secrétions des glandes muqueuses ou séreuses, entraîne
fatalement l'élimination de la cellule qu'elle tue. C’est par ce pro-
cessus de sécrétion, de fonte cellulaire, très bien indiqué par le
professeur Ch. Robin (2) que les glandes sébacées diffèrent des
autres glandes. Nous voyons, daus les préparations, de ces culs-
de-sac parvenus à leur plus grand développement, dont les cel-
lules centrales sont éliminées et laissent un vide; les cellules qui
adhèrent encore à la paroi, complètement transformées, sont dis-
tendues par l'huile, leur noyau est petit, sans nucléole, se colore
mal et contraste avec celui des cellules des culs-de-sac voisins
moins développés. Quand tout le contenu de l’îlot a été expulsé,
les bandes épaisses de tissu conjonctif, plastique, qui l'entourent se
moulent sur lui sous la pression énergique et constante des fibres
élastiques de la poche, bien plus que sous la pression intermittente
du muscle compresseur. Elles finissent par accoler les parois du
cul-de-sac, et l'oblitérer complètement, sans laisser même de traces
de sa cicatrice, pendant que des îlots voisins se développent, qui,
(1) Ranvier, Distribution de l'éléidine. Archives de Physiologie, p. 125-139, 1883.
(2) Ch. Robin, Sébacées {glandes}. Dictionnaire encyclopédique des sciences médi-
cales, (3), VII, 1880, p. 317 et suiv.
QUELQUES GLANDES CONGLOMÉRÉES DU TÉGUMENT EXTERNE 343
arrivés à un certain volume, subissent les mêmes transformations.
Ce processus dont on suit aisément tous les stades est réglé par
l'apport du sang. En effet, c’est quand le cul-de-sac rempli d’élé-
ments est devenu assez grand pour que les cellules centrales
échappent à l’action des capillaires de la paroi, que la transfor-
mation graisseuse commence, et s'accomplit dès lors fatalement.
Ceci explique que tous les îlots développés aient à peu près le
même diamètre.
Dans la peau normale de l'Homme, il en est de même. Si, à
l'exemple de Ranvier (1), on traite par l'acide osmique des coupes
minces de peau, on voit l’'épiderme décomposé en un certain
nombre de couches de la façon suivante : d’abord de dedans en
dehors, une zone colorée en gris brun, festonnée, qui coiffe les
papilles, c’est la couche génératrice du corps de Malpighi. Au-
dessus d’elle s'étend une large bande noire, absolument foncée,
le stratum granulosum, et c'est l'éléidine formée dans les cellules
du corps granuleux qui a fixé l’osmium et déterminé cette colo-
ration. La couche de cellules située immédiatement au-dessus
forme une mince bande qui reste claire, d’où son nom de séra-
tum lucidum. Enfin au-dessus d'elle, nous trouvons encore une
large zone fortement noircie, dont les parties supérieures forment
la couche cornée, en voie de desquamation. Ces cellules noires
contiennent une grande quantité de graisse, qui a fixé l'acide
osmique, elles forment le revêtement imperméable de l’épiderme
et toutes les glandes sébacées ne sont que des annexes, des déve-
loppements de cette disposition première. Ces cellules ne se char-
gent de graisse et ne se desquament consécutivement que parce
qu’elles sont les plus éloignées des capillaires du derme. Supposez
une inclusion quelconque empêchant la desquamation pulvéru-
lente à l’air libre, et la faisant s’opérer en vase clos, ces cellules
graisseuses vous donneront un magma sébacé. Ainsi, c’est par
le même processus, caractérisé par l'éloignement des vaisseaux,
que se forme la substance sébacée qui suinte à la surface du
corps, qu'elle vienne de la peau ou des glandes.
Regardons un instant les tissus graisseux, dits de réserve; le
pannicule adipeux sous-cutané, les franges épiploïques, etc.
Nous y trouverons au contraire un réseau capillaire extrêmement
riche, dont les mailles serrées entourent chaque cellule adipeuse
ainsi en contact presque immédiat avec le sang. Dans ces condi-
(1) Ranvier, Traité technique d'histologie, p. 885.
344 ALEXANDRE PILLIET ET RAOUL BOULART
tions, les échanges chimiques qui permettent la transformation
et la résorption des graisses ne sont entravés en rien. Il y a une
différence fondamentale anatomique qui confirme la distinction
physiologique.
Mais, les organes que nous étudions ne sont pas seulement
destinés à secréter des graisses, leurs propriétés odorantes sont
au contraire celles qui ont le plus vivement frappé les zoologistes.
Or nous avons vu que l'anatomie ne fournit aucun renseignement
sur ce point. Les principaux réactifs employés ne permettent pas
de saisir sous une forme figurée, dans l’intérieur des cellules, le
principe volatil que l’odorat révèle. Il est probablement dissous
dans la graisse à mesure qu'il se forme dans les éléments. La
plupart des Mammifères et l'Homme exhalent aussi des odeurs
très fortes, dont le siège se localise dans certaines régions riches
en poils, comme le creux de l’aisselle, etc. Ces odeurs sont pro-
duites par des glandes sébacées ordinaires, et non par des
glandes sudoripares, c'est une fonction analogue à celles que
nous étudions, mais moins développée. Ainsi la sécrétion sébacée
est généralement celle qui sert de véhicule aux odeurs. M. le pro-
fesseur Robin (loc. cit.) n’admet pas que les follicules sébacés
aient les caractères physiologiques de véritables glandes, parce
qu'une glande fabrique de toutes pièces les principes qu'elle
secrète, qui n'existent pas ailleurs dans l’économie, tandis que la
graisse est un produit préexistant dans les tissus. Mais les prin-
cipes odorants du musc et de la civette n'existent pas dans le
sang; ils sont donc fabriqués par les glandes. Il est probable que
les autres glandes salivaires, intestinales, etc., n'étaient douées
à leur origine que de propriétés sécrétoires communes à toute
cellule, à peine différentes d’une simple filtration, et qu'elles se
sont différenciées peu à peu, comme nous voyons se différencier
les glandes sébacées dont l’évolution est moins avancée et le
rôle physiologique moins complexe.
En résumé, comme pour les glandes sudoripares, nous trouvons
tous les degrés, entre le follicule sébacé, annexé à un poil follet,
et ces masses glandulaires très différenciées, dont les propriétés
sont utilisées, soit dans un but d'attraction sexuel, soit même
dans un but défensif, comme chez la Mouffette. On ne peut donc
avoir de l'importance du système sébacé et de ses transformations
une idée juste, quand on ne l’envisage que chez l'Homme. D'autre
part, les glandes à parfum nous aident à comprendre les follicules
odorants dispersés dans le tégument humain.
QUELQUES GLANDES CONGLOMÉRÉES DU TÉGUMENT EXTERNE 345
III. — Il nous reste maintenant à jeter un coup d'œil rapide sur
les rares glandes conglomérées qui existent chez les autres Ver-
tébrés. Nous avons trouvé aux glandes sébacées une forme aci-
neuse, bien nette chez tous les Mammifères. Il n’en est plus de
même chez les Oiseaux. La glande adipeuse de la région sacrée
se montre surtout chez le Milan et le Moineau-franc, composée
de longs tubes non ramifiés, tapissés de grosses cellules ovoïdes,
sur un seul rang, infiltrées totalement d’une masse jaune, méli-
célique, homogène. Les cloisons qui circonscrivent ces tubes
donnent à la glande un aspect qui se rapproche assez de celui du
ventricule succenturié, où les glandes de l'estomac cardiaque se
groupent aussi, comme on le sait, d'une façon toute spéciale aux
Oiseaux. C’est un type tout à fait à part, qui rentre dans le sys-
tème général des glandes des Oiseaux, lesquelles affectent surtout
la forme tubulée. Chez les autres animaux, les glandes sébacées
deviennent très rares, ou disparaissent à cause des modifications
du tégument externe qui les rendent inutiles, elles sont rempla-
cées par des écailles fines ou par des glandes muqueuses, suivant
les espèces.
Pourtant les Serpents nous offrent deux glandes sébacées volu-
mineuses dites préputiales, qui secrètent un liquide visqueux
d’une couleur et d’une consistance analogues à celles du mastic,
d’une odeur fétide et très pénétrante. Elles sont formées chacune
par une poche allongée dont le volume varie suivant les espèces.
‘ette poche est fixée en arrière, à la colonne vertébrale par un
faisceau de fibres striées qui coiffe son extrémité postérieure;
en avant elle s’abouche au prépuce par un étroit canal.
Sa structure est simple, on y distingue deux couches; l'externe
épaisse formée de faisceaux conjonctifs et de fibres élastiques en
grand nombre ; l’interne recouverte d'une couche pavimenteuse
de cellules plates stratifiées sur quatre à six rangs, dont les plus
superficielles se chargent de fines gouttelettes graisseuses et se
desquament par plaques. Il n’y a pas trace de glandules, ou
même de dépressions folliculaires en aucun point de la poche,
dont la paroi interne est lisse. Le fluide excrété est donc unique-
ment formé par cette desquamation. Telle est la disposition,
qu'avait signalée Leydig (1) chez la Coluber natrix et que nous
avons retrouvée chez le Python molurus, la Coronella canna et
l'Eunectes murinus où Boa mangeur de Rails.
() Franz Leydig, Lehrbuch der Histologie, p. 506, 1857.
346 ALEXANDRE PILLIET KT RAOUL BOULART
Cette glande paraît d'abord plus différente de celles des Mam-
mifères que la glande multitubulée des Oiseaux. Il n’en est rien.
Supposons un pli accidentel de la peau humaine, une involution
qui empêche les produits desquamés d’être emportés par les con-
tacts incessants, nous aurons, comme nous l'avons vu plus haut,
une poche dont la sécrétion sera sébacée, et dont la structure
sera identique à celle de notre glande préputiale. Et ceci n’est
pas une vue de l'esprit, les kystes dermoïdes réalisent cette con-
dition rêvée. Ceux de la queue, du sourcil, par exemple, laissent
voir les cellules les plus internes de leur revêtement stratifié,
formant par leur désintégration le magma à l'aspect de mastic
qui remplit toujours la poche.
Les glandes sébacées qui existent dans la paroi sont trop peu
nombreuses pour concourir efficacement à former ce produit.
D'ailleurs il y a d’autres cas pathologiques où les glandes séba-
cées n'existent pas et sont hors de cause.
Les loupes du cuir chevelu, que tout le monde connaît, sont
regardées, précisément à cause de leur contenu, comme formées
aux dépens des glandes sébacées, ce sont des kystes par réten-
tion, il en est pourtant une variété, l’atherome, qui est souvent
formée par la distention d’un follicule pileux, sans glandes dans
la paroi.
Ce fait est indiqué par M. le prof. Ch. Robin (loc. cit). Sur un
de ces kystes en voie de développement que nous avons examiné,
on voyait très nettement le chorion formé de fibres conjonctives
et élastiques, sur lequel s’implantait une rangée de cellules per-
pendiculaires au plan du derme, et répondant à la couche généra-
trice de l’épiderme. Au-dessus, un champ de cellules aplaties,
perpendiculaires aux premières et contenant des granulations
colorées en rouge vif, par le carmin, ayant les propriétés optiques
et les réactions des granulations d’éléidine, enfin la couche de
cellules mortifiées, qui, soudées entre elles, formaient un mur
épais, conservant d’abord leurs contours assez distincts, mais de
plus en plus minces et aplaties, jusqu’à former une membrane
fibrillaire, dont les parties les plus internes se désagrégeaient
pour constituer le contenu fluide du kyste. La présence de la
couche génératrice, du sératum granulosum et d'une couche super-
ficielle analogue à celle que l'acide osmique teint en noir dans la
peau normale, permettent d'affirmer qu’il s’agit là d'une inclusion
épidermique et non d’un kyste par rétention. Or nous avons là la
structure même de nos glandes préputiales, et leurs sécrétions,
QUELQUES GLANDES CONGLOMÉRÉES DU TÉGUMENT EXTERNE 947
seulement chez ces dernières, l’éléidine n’existe pas, ce serait
inutile puisqu'il n’y a pas de processus de kératinisation.
On voit que la structure des glandes préputiales des Serpents
s'explique sans peine par les considérations qui précèdent. C’est
une forme simple, rudimentaire, c’est, si l’on veut, le canal excré-
teur du lobule sébacé d’une glande à parfum, avec son revête-
ment cellulaire pavimenteux, sur lequel nous avons insisté, seu-
lement les acini ne se sont pas développés autour de cet axe.
Ainsi nous avons des formes de glandes sébacées plus rudimen-
taires, que celles que nous observons chez l'Homme, et que
divers cas pathologiques nous permettent de rattacher à ces der-
nières. Même à cet état elles ont déjà la propriété de sécréter des
odeurs très fortes (1).
Nous avons des formes de glandes agminées beaucoup plus
complexes que les acini isolés de l'espèce humaine, ce sont les
glandes à parfum.
D'autre part, chez les Oiseaux, nous trouvons une forme tout à
fait aberrante, qui doit se rattacher à celles que nous venons de
voir par des transitions encore inconnues.
(1) La sécrélion du spermaceti peut étre rapprochée des faits dont nous parlons.
MM. Pouchet et Beauregard ont montré qu'il n’y avait aucune trace de glandes
dans la poche à spermaceti, tapissée par un revêtement cellulaire pavimenteux et
stratifié. (Société de Biologie, 30 mai 1885).
NOTE
SUR
LES SACS AÉRIENS CERVICAUX DU TANTALE
Par M. Raoul BOULART.
J'ai indiqué, en 1879, dans le Bulletin de la Société Philomathique,
la présence chez le Marabout (Leptoptilus cruminiferus) de deux
sacs aériens particuliers, sans communication avec la trachée.
Ces sacs, qui occupent toute la région cervicale, débouchent au
moyen d'un canal membraneux grêle, passant sur la face supé-
rieure du ptérygoïdien, dans le sinus sous-oculaire et communi-
quent, au moyen de celui-ci, avec les fosses nasales.
J'ai depuis lors recherché ces sacs chez un assez grand nombre
d'espèces appartenant aux différents ordres qui constituent la
classe des Oiseaux. Je ne les ai rencontrés que chez la Cigogne
blanche, la Cigogne épiscopale, le Jabiru où ils sont très petits,
le Fou de Bassan (1) et le Calao. Je rappellerai que chez ce der-
nier Oiseau, on peut insufler ces sacs cervicaux soit par les fosses
nasales soit par la trachée.
Je viens signaler aujourd’hui la présence de réservoirs aériens
sans communication avec la trachée chez le Tantale, Échassier
appartenant également au groupe des Ciconidés.
Ce fait offre, je crois, un certain intérêt; en ce que les sacs en
question sont, chez cette espèce, très développés, et occupent les
deux tiers de la longueur du cou. Il y aurait donc chez les Cico-
nidés trois types bien nets : le Marabout avec des poches
énormes, le Tantale avec des sacs aériens moins développés et
enfin les Cigognes proprement dites avec des réservoirs cervicaux
presque rudimentaires.
1) Journal de l’Anatomie et de la Physiologie, 1883.
SUR
LA GLANDE DE HARDER DU CHAMEAU
Par M. Alexandre PILLIET.
Sur un Chameau que nous avons eu l'occasion d'examiner au
laboratoire de M. le professeur Pouchet, nous avons trouvé une
glande de Harder volumineuse, aplatie, à coupe transverse ovoïde,
avec un prolongement s’effilant sous la paupière supérieure. Sa
forme générale et son volume rappellent ceux d’une Amande
munie de sa coque verte. Elle est exactement cloisonnée en son
milieu par un cartilage semblable à celui qu'a décrit le Dr Mac
Leod dans la glande de Harder du Mouton. Ce cartilage est natu-
rellement beaucoup plus grand chez le Chameau. Voici quelle est
sa disposition : la nictitante présente, à l’angle interne de l'œil,
un bord libre, concave, falciforme qui regarde en dehors. De cha-
cune des extrémités supérieure et inférieure de ce croissant on
voit partir une bandelette jaunàtre large de 1°" au plus. Ces deux
bandes se réunissent en un chef unique qui s’élargit dans la
glande sous la forme d’une plaquette mince, gondolée, semblable
à une petite auricule mesurant 3 cent. de haut sur deux de large.
Elle envoie à l'enveloppe épaisse de la glande un certain nombre
de prolongements fibro-cartilagineux, qui se continuent avec le
tissu fibreux de cette enveloppe. Cette dernière forme une véri-
table coque, très épaisse, riche en fibres élastiques bien déve-
loppées et doublée extérieurement d’une forte couche graisseuse.
Au microscope, les cellules du cartilage sont très volumineuses,
leur noyau est irrégulièrement globuleux après l’action des réac-
tifs usuels. Elles sont entourées d’un réseau de substance élas-
tique jaune, dont une partie est à l’état de fibres homogènes,
mais la plus grande masse à l'état de gros grains jaunes, disposés
en séries linéaires.
30 ALEXANDRE PILLIET
On retrouve de ces grains de substance élastique disséminés
dans le cytoplasma d’un certain nombre de chondroplastes, ce
qui est un fait assez curieux.
La glande elle-même, dont les acini sont disposés sur les deux
faces de la lamelle cartilagineuse, est composée de culs-de-sac
arrondis, très petits, dont les cellules cubiques sont assez forte-
ment chargées de fines granulations. Le noyau, sphérique, n’est
pas masqué par ces granulations, il est situé vers la base d’inser-
tion de l'élément, mais il n’est pas refoulé contre la paroi comme
dans les glandes muqueuses à sécrétion abondante. Les canali-
cules excréteurs sont semblables à ceux des glandes salivaires
acineuses, leurs cellules, disposées sur un seul rang, ont un cyto-
plasma à bâtonnets, comme celles des canaux excréteurs de ces
dernières glandes.
Toute la portion de conjonctive qui occupe l’angle interne de
l'œil présente un champ de grosses glandes sébacées, du fond
desquelles naissent quelques poils follets et qui remplacent évi-
demment les glandes de Meibomius qu'on ne trouve pas à leur
place dans le bord libre de la paupière inférieure.
On voit d’après la description histologique que nous venons
d'en donner que la glande de Harder du Chameau est une glande
séreuse, ou à ferment. Il faudrait vérifier expérimentalement cette
donnée en étudiant son liquide au point de vue physiologique,
après macération dans la glycérine par exemple, mais l'examen
des cellules peut suffire pour faire admettre que le liquide secrété
est doué de propriétés différentes de celles du simple mucus.
D'ailleurs les glandes séreuses ne sont pas rares dans l'orbite.
La glande lacrymale l’est souvent chez les Mammifères, et même
chez les Reptiles, comme la Tortue. Les glandules sous-conjonc-
tivales de la paupière inférieure du Chien offrent les cellules les
plus chargées de granulations opaques, quaternaires, que l'on
puisse voir. Nous croirions volontiers que la secrétion d’un
liquide aussi actif au point de vue chimique doit surtout avoir
pour but de détruire les éléments épithéliaux qui se desquament
sans cesse à la surface des téguments vivants. Ainsi seraient
assurées la sensibilité de la conjonctive et la transparence de la
cornée.
SUR LE ROLE PATHOGENIQUE
DE CERTAINES
PSORO)SPALBELNT ESS
Par M. P. MÉGNIN
I1 est un groupe de parasites microscopiques qui n’ont encore
œuère été étudiés en France que par M. Balbiani et M. Aimé
Schneider, et qui pourtant jouent quelquefois un rôle important
en pathologie; je veux parler des Psorospermies, groupe d'êtres
qui font partie de l’'embranchement des Protozoaires, voisins des
Grégarines selon les uns, ou devant être confondues avec elles
selon les autres. C’est à ce groupe qu'appartiennent les Coccidies
ou corpuseules oviformes du Lapin ou du Mouton {Coccidium ovi-
forme) et les Myxosporidies des Poissons.
M. Balbiani, dans ses intéressantes leçons de l’année dernière
sur les Psorospermies, professées au Collèce de France, avait
émis l'opinion que ces parasites devaient être fréquemment une
cause de maladie ou même de mort souvent ignorée, et de fait,
les jeunes Lapins meurent très fréquemment d’une tuberculose
du foie, dont j'ai constaté maintes fois le pouvoir contagieux : à
l'autopsie, on trouve le foie farci de tubercules dont la matière
pultacée blanche, qui les constitue, est entièrement formée par
des myriades de Coccidies.
Un de mes amis qui habite les bords de la Meurthe vient de me
fournir l’occasion d'étudier chez un Poisson une maladie, qui
vient encore à l'appui de l'opinion émise par M. Balbiani sur la
puissance nocive des Psorospermies.
Les Barbeaux de la Meurthe, aux environs de Nancy, sont en
proie, depuis quelque temps, à une maladie qui les décime. Cette
maladie est caractérisée par le développement à la surface du
corps de tumeurs hémisphériques, qui ont de un et demi à deux
centimètres de diamètre; sur ces points, les écailles finissent par
392 P. MÉGNIN
se détacher et la tumeur prend l'aspect d'un ulcère à fond blan-
châtre bordé de brun. Je présente à la Société, conservé dans de
l'alcool, un jeune Barbeau atteint de cette maladie et qui présente
sept de ces tumeurs : cinq sur le côté gauche et deux sur le côté
droit. Quand on examine la matière de ces tumeurs, on voit
qu'elle est composée de matière fibrineuse englobant des myriades
de Psorospermies analogues, et probablement de la même espèce
que celles que M. Robin d’abord, M. Balbiani ensuite avaient
déjà observées sur la Tanche et la Carpe, où elles constituent
la matière des kystes qu'on rencontre particulièrement à l'inter-
section des deux vésicules de la vessie natatoire, ou à la surface
de la plus petite de ces vésicules. Chez le Barbeau que je pré-
sente, ni M. Balbiani, ni moi, n'avons trouvé de Psorospermies
sur la vessie natatoire, ni dans les organes internes, rate ou rein,
où ils se rencontrent aussi très souvent sur la Tanche. Ces Psoro -
spermies sont lenticulaires, un peu ovales, composées de deux
valves renfermant du proto-
plasma et, vers une extrémité,
. deux corps en forme de pépins
## dont les pointes convergent
{ vers une petite ouverture située
à l'extrémité du grand diamètre
du parasite, et par laquelle chacun des corps pépiniformes pro-
jette un long cil, quand on traite la Psorospermie par une solution
de potasse. M. Balbiani a constaté que les Psorospermies des Pois-
sons (Myxospores de Bütschli) se multiplient de la manière sui-
vante : le protoplasma s'échappe d’entre les valves de la Psoro-
spermie, rampe comme une Amibe, augmente considérablement
de volume et se remplit de corpuscules ressemblant d’abord à des
noyaux, qui tous deviennent des Psorospermies.
On comprend maintenant comment les Poissons s’infectent :
les Psorospermies qui s'échappent des ulcères sont ingérées avec
l’eau que les Poissons ingurgitent ou respirent, puis sous forme
amiboïde elles pénètrent dans le torrent circulatoire et arrivent
dans le tissu cellulaire sous-cutané, qui paraît être leur lieu
d'élection chez le Barbeau, et y subissent leur dernière métamor-
phose en provoquant la formation de tumeurs.
Comment arrêter maintenant l'épidémie? Je ne vois d'autre
moyen que de pêcher le plus possible de Poissons malades et les
détruire par le feu, le parasite sera ainsi radicalement atteint.
MOLLUSQUES TERRESTRES & FLUVIATILES
DU ROYAUME DE PÉRAK
ET DES PAYS VOISINS
CÉRESQUAIELE, MA L'ADS"F,)
Par J. DE MORGAN
PREMIÈRE PARTIE
GÉNÉRALITÉS
Géographie physique
Les pays qu'il m'a été permis d'explorer en 1884 au point de
vue malacologique, sont situés sur le versant occidental de la
presqu'île Malaise; ce sont : Poulao Pinang, la province Wel-
lesley, le royaume de Pérak et le district de Khaman dans le
royaume de Patani.
Le royaume de Pérak s'étend de 3°45° à 5°45' lat. nord, et de
400030" à 101935’ long. est de Greenwich. Ses limites sont : au
nord, la province Wellesley, le royaume de Kédah et celui de
Patani, tous deux tributaires de Siam; à l’ouest, le détroit de
Malacca et sur une très petite longueur la colonie anglaise des
Dingdings; au sud le royaume de Selangore, et à l’est les
royaumes indigènes de Kélanton et de Pehang.
Au point de vue physique le royaume de Pérak se divise en
deux bassins principaux, celui de la côte où coulent les rivières
Koulin, Kourao, Krian et Larout, et le bassin du fleuve de
Pérak; ce dernier est particulièrement intéressant pour ce tra-
voail, attendu que c’est dans le bassin de ce fleuve que j'ai cons-
centré mes recherches pendant près de dix mois.
23
357 J. DE MORGAN
Le fleuve Pérak prend sa source dans les grandes montagnes
qui séparent le royaume de Patani de celui de Kélantan et de
Pérak. Il court du nord au sud en faisant un nombre considé-
rable de détours ; ses affluents principaux sont :
Le Sougni (rivière) Teumangno dont le cours est inconnu; il
prend sa source au dire des indigènes dans les contreforts du
Gonnong (mont) Yang-Yop.
Le Sougni Piah, jadis inconnu même de nom et dont j'ai ré-
levé le cours sur un assez long parcours; il coule de l’est à
l’ouest et, comme le précédent, prend sa source dans le massif
du Gonnong Yang-Yop.
Le S. Kinnering, affluent de droite, qui descend des mêmes
montagnes que la rivière Krian (du bassin côtier), mais coule
en sens inverse.
Le S. Pluss avec ses deux affluents principaux, le S. Tchiah
et le S. Kerbou, rivières dont j'ai relevé le cours tout entier.
Le S. Pluss prend sa source dans le G. Yang-Yop, tandis que le
S. Kerbou descend du Gounong du même nom.
Le $S. Kinta, le plus important de tous les affluents du S. Pé-
rak coule parallèlement au grand fleuve. Il prend sa source
dans le massif du G. Seumaoua, pic voisin du G. Kerbou.
Le $S. Kinta reçoit de nombreux affluents, les S. Pari, Raya,
Tédja, Tchanderiang, etc.
Le principal est le $S. Raya; je l’ai suivi et relevé depuis son
embouchure (Kouala) jusqu'auprès de sa source près du
G. Tchabang, au moment où je faisais l'ascension de cette der-
nière montagne.
Après le S. Kinta, le S. Pérak reçoit encore les S. Bidor et
Batang-Padang qui se réunissent avant d’atteindre le grand
fleuve.
La plupart de ces rivières ont une grande importance, elles
reçoivent un nombre considérable de petits affluents qui gros-
sissent pendant la saison des pluies et inondent les basses
vallées.
Le S. Pérak est, dans la partie haute de son bassin, coupé de
rapides et de cascades, tandis qu'aux environs de son embou-
chure, il coule lentement et prend une largeur considérable.
Le système montagneux du pays est assez compliqué; une pre-
mière grande chaîne, celle du partage des eaux de la péninsule
ferme le bassin du fleuve de Pérak vers lorient, tandis qu'une
chaîne secondaire, parallèle à la première, longe le fleuve et le
rés
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MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 394
sépare du bassin côtier ; une série de rameaux montagneux sé-
pare les divers affluents du fleuve Pérak les uns des autres.
Les principaux sommets de la grande chaîne atteignent des
hauteurs considérables, G. Tchabang 1677", G. Kerbou 2354m,
G. Djeliñam 2500? etc... Ces montagnes sont de beaucoup les
plus importantes de la région ; j'ai gravi les plus élevées, de leur
sommet je pouvais découvrir d’un seul coup d'œil tout le royaume
de Pérak, de Kélantan. J’ai pu même m'assurer de ce fait que
toute la péninsule est recouverte d'un tapis de verdure.
CLIMAT.
Le royaume de Pérak est en même temps humide et chaud,
aussi s’y développe-t-il une végétation extrêmement abondante.
La saison des pluies, qui commence en octobre et dure deux mois
et demi environ, amène des abaissements considérables dans la
température. Dans la saison sèche, grâce au voisinage de la mer,
il pleut assez souvent ; il est rare qu’une semaine se passe en-
tière sans qu'il soit tombé de la pluie. A une altitude de 0 à 200"
la température moyenne de l’année peut être considérée comme
étant de 200 à 22° centigrades, le maximum à l’ombre à midi pou-
vant atteindre 50° et le minimum 120; mais les nuits sont toujours
fraîches, de sorte que la moyenne se trouve considérablement
abaissée.
Sur le sommet du G. Kerbou j'ai vu le thermomètre descendre
à 7° au-dessus de zéro (altitude de 2354).
Comme on le voit, la température dans la presqu'île Malaise est
très favorable au développement des Mollusques, malheureuse-
ment il n’en est pas de même de la constitution géologique du
pays qui n'offre pas aux coquilles le carbonate de chaux dont
elles ont besoin.
Distribution des Mollusques suivant la nature géologique des pays où
ils vivent.
Il est intéressant de remarquer combien sont variables la nature
et l'abondance des Mollusques, suivant les milieux dans lesquels
on les rencontre, soit au point de vue de la végétation, soit à celui
de l'orientation des coteaux; mais, surtout au point de vue géolo-
398 J. DE MORGAN
gique, ces milieux influent sur l'existence des Mollusques, sur
leur reproduction et leur développement.
Dans les contrées que j'ai visitées j'ai rencontré les roches sui-
vantes, que je place suivant l’ordre géologique sous toutes ré-
serves cependant, car les conditions particulièrement défavorables
dans lesquelles se trouve la géologie au milieu des forêts tropi-
cales ne m'ont pas permis de déterminer d’une façon absolue les
superpositions des roches dans plusieurs cas.
Granite éruptif.
1. Gneiss.
2. Talcschistes et micaschistes.
3. Schistes grossiers bruns (sans fossiles, appartenant probablement à la base
du Silurien ou du Cambrien).
Schistes ardoisiers bleus (sans fossiles).
5. Calcaires stratifiés (M. Cameron, l'explorateur de Pahang m'a communiqué
un brachiopode fossile provenant de ces calcaires. Ce Platystrophia ratta-
che ces assises au Silurien supérieur.
6. Grès et Quartzites stratifiés.
Les calcaires sont très peu abondants dans le pays, deux ou
trois massifs de collines se dressent au milieu de la vallée de
Kinta et montrent leurs flancs de marbre blanc tandis que tout
le reste du pays est formé de Granites et de Schistes.
7. Alluvions modernes renfermant des espèces qui vivent encore dans le pays.
[Hybocystis elephas, Cyclophorus malayanus, C. semisulcatus, Amphidro-
mus perversus, Melania (?) episcopalis.]
MOLLUSQUES TERRESTRES
| |
Granites, Gneiss, Schistes, Quartzites. — Les Mollusques sont
très rares dans les parties granitiques du pays. Je suis cependant
arrivé, après de très longues recherches, à me procurer quelques
espèces dont je ne possède en général qu'un ou deux exemplaires.
Helicarion Lowi de Morgan, un exemplaire.
Xesta Malaouyi de Morgan, deux exemplaires.
Hemiplecta Leechi de Morgan, assez abondant.
Oxytes Sakaya de Morgan, très rare.
Ariophanta Kintana de Morgan, rare.
—- Lahatensis de Morgan, quatre exemplaires,
Amphidromus perversus Linné, assez abondant.
— Chloris Reeve, rare,
Gacotis Douvillei de Morgan, un seul exemplaire.
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 359
Opisthoporus Penangensis Stolizcka, extrêmement rare.
Hybocystis elephas de Morgan, très rare.
Cyclophorus Malayanus Benson, assez abondant.
— semisulcatus Sowerby, très rare.
Sauf quelques espèces, la faune des montagnes dont la roche
est siliceuse est composée d’helicéens dont le test extrêmement
fragile présente une coloration généralement brune cornée ; ces
auimaux vivent isolément à l'ombre, sous les grands arbres, et
recherchent les lieux humides aux environs des sources.
Marbre et filons de carbonate de chaux. — Ces formations sont
très favorables au développement des Mollusques, aussi ai-je
rencontré, sur tous les points où le calcaire affleurait, de très
grandes quantités de coquilles, mais, fait très curieux, les espèces
varient à l'infini avec le changement de localité. Dans des milieux
semblables réunissant toutes ces conditions désirables pour le
développement des ZZelicidæ et des Cyclophoridæ j'ai été surpris
par la grande variabilité dans les espèces. Les listes suivantes qui
contiennent le résultat de mes recherches dans trois localités dif-
férentes, prouvent combien est grande cette variété et combien il
serait intéressant d'explorer l’une après l’autre toutes les collines
calcaires du pays.
Sur le G. Tchéhèl, dans la vailée de la rivière Pluss, sur l’affleu-
rement d’un filon de calcite j'ai rencontré :
Streptaxis plussensis de Morgan, deux exemplaires.
Stenogyra Tchehelensis de Morgan, extrêmement abondant.
Megalomastoma anostoma Benson, rare.
Pupina Tchehelensis de Morgan, rare.
Les Stenogyra y sont d'une abondance extrême : quelques heures
suffiraient pour en ramasser des milliers, ils se tiennent sur les
blocs de calcite et ne s’éloignent que très peu du filon ; d’ailleurs
les autres espèces sont aussi cantonnées dans un espace irès
restreint.
Sur le G. Lano (vallée du S. Raya), montagne composée unique-
ment de marbres blancs stratifiés, j'ai rencontré :
Pseudonenia Kapayanensis de Morgan, abondant.
Opisthoporus solutus Stoliczka, peu commun.
Alycœus Thieroti de Morgan, deux exemplaires.
— Kapayensis de Morgan, une douzaine d'exemplaires.
— Jousseaumei de Morgan, abondant.
Aulopoma Lowi de Morgan, abondant.
360 J. DE MORGAN
Au G. Tchüra (près Ipoh, vallée du $S. Kinta), sur les rochers
calcaires, j'ai recueilli :
Hapalus Jousseaumei de Morgan, quatre exemplaires.
Macrochlamys Bartoni de Morgan, un exemplaire mort.
Getasia Bouryi de Morgan, deux exemplaires morts.
Stenogyra Swettenhami de Morgan, assez rare.
Rhodina Perakensis de Morgan, un exemplaire seulement.
Cyclotus Dautzenbergi de Morgan, rare.
Opisthoporus solutus Stoliczka, abondant.
Alycœus gibbosulus Stoliczka, assez abondant.
Megalomastoma anostoma Benson, assez abondant.
Pupina aureola Stoliczka, rare.
Au G. Lano, comme au F.Tchôüra, la faune est presqu’essentiel-
ment composée de Mollusques operculés ; mais ces deux localités
ne présentent pas d'espèces communes. L’impossibilité dans
laquelle je me trouvais d'atteindre le sommet du G. Tchôra m'a
réduit à chercher au milieu des blocs calcaires tombésdes falaises,
aussi n'ai-je obtenu que des Mollusques descendus avec les dé-
tritus végétaux et presque toujours morts.
Alluvions récentes. — Les alluvions qui se trouvent toujours
dans les parties basses du pays se composent de sables fins et de
boues produites par la destruction de toutes les roches de la
montagne ; elles renferment donc, mélangés, tous les éléments
des granites, des schistes et des marbres, et les Mollusques y
trouvent la quantité de calcaire nécessaire à la construction de
leur coquille.
C’est sur les terrains d’alluvions de la basse vallée de Kinta
que j'ai rencontré le plus de Mollusques à test solide et très
épais. Il faut dire que ces alluvions sont placées bien au-des-
sous des grandes collines calcaires du haut bassin de la même
rivière.
Ces espèces qui vivent sur les terrains d’alluvions sont les sui-
vantes :
_ Pataniensis de Morgan. Philina Hardouini de Morgan.
— Häâtchongi de Morgan. Geotrochus Perakensis Crosse.
— Tousoufi de Morgan. PrRnur omus perversus Linné.
Hemiplecta Leechi de Morgan. Chloris Reeve.
Ariophanta Lahatensis de Morgan. Stenogyra gracilis Hulton.
Macrochlamys stephoides Stoliczka. | Fruticola similaris Férussac.
Fruticola Penangensis Stoliczka | o Opisthoporus Penangensis Stoliczka.
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 361
Rhiostoma Jousseaumei de Morgan, Cyclophorus Semisulcasus Sowerby.
Pterocyclus Regelspergeri de Morgan. — Malayanus Benson.
Hybocystis elephas de Morgan. Lagochilus Townsendi Crosse.
— Jousseaumer de Morgan. — Swettenhami de Morgan.
Cyclophorus Borneensis Metcalfe. Pupina artata Benson.
— Lahatensis de Morgan
MOLLUSQUES FLUVIATILES.
Ce que j'ai dit pour les alluvions est vrai non seulement pour
les terrestres mais aussi pour les fluviatiles qui ne se trouvent en
abondance dans les cours d’eau que lorsque ces rivières ont
franchi des assises calcaires. Au-dessus, dans les pays grani-
tiques ou schisteux, les Mélanies (genre généralement abondant
dans la plaine) disparaissent presqu'absolument, et dans les petits
lacs que forment les ruisseaux dans la grande chaîne de monta-
gnes entre 1200 et 2000" d'altitude, je n’ai jamais rencontré de
Coquilles.
DISTRIBUTION HYPSOMÉTRIQUE DES MOLLUSQUES.
De même que les espèces varient suivant la nature géologique
du sol sur lequel elles vivent, de même les différences d'altitude
font éprouver à la faune malacologique d'un pays des transfor-
mations considérables. Je n'ai malheureusement pas pu rester
assez longtemps en Malaisie pour étudier complètement ces
transformations, mais je crois utile de donner ici une liste des
espèces que j'ai recueillies, en indiquant approximativement l’al-
titude à laquelle elles vivaient.
Ce tableau ne comprend que‘ies Mollusques terrestres attendu
que, comme je l'ai dit plus haut, les Mollusques fluviatiles ne
vivent pas au-dessus de 200 d'altitude à cause du manque de
carbonate de chaux.
362
J. DE MORGAN
ALITITUDES
mess leleile 23/12
NOMS SPÉCIFIQUES 218|<|812|2|21=/$
je S Le le | | QG l-æ l@ |-&
AÉÉÉÉEEE
Philomycus picius. 0 |2SIeNE ;
Veronicella Hasselli, . ..... le cle le cles
— birmanica. . ...|, MPCOE RAR EEE
Stenothyra Hardouini. .....1,1..|.. ; : ;
Assiminea rubella..,......|. les li
Omphalotropis carinatus. ...|4|..|..1.. ta LE
Streptaxis plussensis. ......1..|, |, |. ee 5
Hapalus Jousseaumei.......|..|,|?1|.. : :
Hatrinanucleala.r. 4..." let :
Helicarion permollis. ...... 224 EAURE k ;
— {LITRES solo.loelee .
Macrocystis palmicola. .....|..|..|..|.. Foie
Melua Malaouyi..i.s.... 10 Aie lo ae le
Macrochlamys malaccana, .. ee ho
— siephoides "| lé | 7010. 5
— pataniensis. . |. x |: Si ie
— Hätchongr.. . .| EE AE
— Tousoufi.. ....|% |..|.. NCA E 4:
— Barlonts 9.1 CHA lAPIEE ;
Holularia bijuga...::.....1..l% lle sale :e
Hemiplecta humphreysi... See ; 1
= 'ÉTUTNSENMERRNES Er 4 | RAA ;
Oxyles cymatium...... Ne xlelælælæl.l.l
NOÉ ue RES). AC
Ariophanta kintana........|4 |, A PE LR lo
— laRQENSIs. Es he Poe
— Lindstetli. .....|.. LA : Je
Trochomorpha limorensis. .. ‘410 : à
— casira, ... JAMBE GIE SE AE
PRG BOUTIN... uso elle. 1. NA à
Sitala carenifera...... sh APR EM NS >
Frulicicola penangensis. .... x lxlx A ..
— —… similaris, ,...... ARE
Philina Hardouini. ....... ce À sie
Planispiru breviseta, ..,... re |: :
Geotrochus perakensis. , .... PAT LES RAA
Amphidromus perversus. . e EEE Due Due Latlote
chloris
RC SE
.…[(Stoliczka).
.[(Stoliczka).
.[Birmanie.
.[Très rare.
.[Habite toute la péninsule
.[Côte occidentale de la pé
.[Très rare.
.[Très rare.
[Un seul exemplaire mort.
.[(Stoliczka) (Townsend).
.[(Stoliczka).
.|[Deux exemplaires.
.[Relativement abondante,
.[Assez rare.
.[Très abondante.
OBSERVATIONS
malaise.
ninsule malaise, Siam,
(Stoliczka).
(Stoliczka).
Un seul exemplaire.
Rare.
..|Rare.
.[Assez abondante.
.[Un seul exemplaire.
.. [Deux exemplaires morts.
[Très rare (Stoliczka).
.[Très abondante.
.[(D' E. Townsend).
..[Abondante.
.[Siam, Cochinchine, Poulo
Condor, Birmanie, Java,
Iles molluques.
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 363
ALTITUDE
———
NOMS SPÉCIFIQUES OBSERVATIONS
800 à 1000
100 à 200
200 à 400
400 à 600
600 à 800
1000 à 1200
| 1600 à 1800
| 1800 à 2000
| 2000 à 2200
| 2200 à 2400 |
.
.
.
.
.
-
.
.
Amphidromus inversus.....
— melanomma. .
— Lindstetii. ...
Gaeotis Douvillei..........
Stenogyra tchehelensis. .....
Siam, Cambodge.
..|..1..lUn seul exemplaire. .
|... [Espèce extrêmement abon-
dante.
A M res Tare.
Abondant. Siam.
..|..{(Stoliczka).
— Swetlenhami. ....
ATOS LA Se
Rhodina perakensis. .......
Scopelophila palmira. ......
Pupisoma orcella........ HE
Phœdusa filicostata. .......|..|,
— penangensis. .....
Pseudonenia capayanensis. . .
Succinec Tayler ee Ste
Melampus singaporensis. ... 24
Sidula mustelina..........
UT IS TES RE
..|..l..[Très abondante.
.|..[.. [Niveau des marées.
..|..[Niveau des marées.
|... [Niveau des marées. Siam,
Birmanie, Sumatra.
..|..|..[Niveau des marées.
..l..l..[Peu commune.
..|..l..[Très abondante.
.|..|..[A quelques mètres seule-
ment au dessus du ni-
veau de la mer.
.:1..1..1Borneo, Java:
Ellobium semiplicatum. . ...
= \ aUTIS MIE |...
— auris judæ...... ne
Scarabus inflatus...,.....
— PBorneensis neue
Cyclotus Lindstelhi,. ......
x . L . . L] LI
— Dautzenbergi. ....1..|,1? ler
Opisthoporus costellatus.,.. " à HA BAIÈE
= solulus. ..... e : SRE
ns penangensis... ele ile ..|..1..1..[Très abondante.
Rhiostoma Jousseaumei. ... " , ae EN A RATE
Pterocyclus Blandine 00 ; 1 Let DNA RE
— Regelspergeri, . " ..|..1..1..l4ssez abondante.
Alycœus gibbosulus. .......|..|., \ ..|..[..1..lAssez abondante.
— FETE Me RER IA) ITÉSATAaMes
— capayanensis. ....,|..|x |%x NI AlIRaTe;
— perakensis..... . ; ; > NOTES Townsend).
— Jousseaumei. .... ..|..l..lAssez abondante.
Hybocystis elephas........
— Jousseaumei., ..
Opisthostoma Paulucciæ....
.. [Très rare.
..|(Dr E. Townsend).
NOMS SPÉCIFIQUES
pe
Aulopoma lowi. ..........
Cyclophorus borneensis. .
LIU RSR NA
Preufers. ©.
aquila, ....
perdir.…, ...
cantori. ....
lahatensis. . .
semisulcatus.
malayanus. .
Lagochilus Townsendi...
— trochoides....
— Sweltenhami.
— striolatus. ...,
Leptopoma aspirans. .,..
100 à 200
J. DE MORGAN
ALTITUDE
‘OBSERVATIONS
2200 à 2400
.|Assez commune.
.{Borneo. Assez rare.
.|Sumatra,
.|Chine, Siam, Birmanie.
.Hava (Mousson), Côte Es
de la baie de Bengal
(Reeve), Sumatra.
.|Assez rare.
.|Assez abondante.
.|Très abondante — Indes,
Siam.
.|Rare.
.|Assez rare.
(Rare.
Pégon, Tenasserim.
Megalomastoma seclilabre.
— anosloma.
Raphaulus Lorraini. ,...
Pupina arula. ...... k | Birmanie.
arlata..... 2. ire: : .[..|..lAva, Moulmein, Birmanie.
Lowis ts. salpileleels ec ; .|Rare.
aureola......
tchehelensis. . .
.|Birmanie Anglaise.
Assez rare.
ca |
Assez rare.
On voit, en résumé, que les Mollusques qui atteignent les plus
grandes allitudes appartiennent aux genres Æélicarion, Xesta,
Amphidromus et Gaeotis, tandis que les Clausilia, Stenogyra et
Alycœus, qui sont des Coquilles de montagnes, se tiennent dans
une Zone qui ne dépasse jamais 600 mètres environ au-dessus du
niveau de la mer.
Les Macrochlamys, Hemiplecta, Fruticola, Cyclophorus et Pupina,
bien qu'atteignant la même altitude de 5 à 600" descendent beau-
coup plus bas dans la plaine et vont parfois jusqu'auprès de la
plage. C'est ainsi que j'ai trouvé dans la province Wellesley, à
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 9300
quelques pas seulement du rivage un Cyclophorus Malayanus, ha-
bité par un crustacé, alors que cette espèce vivait dans les
champs voisins.
Quant aux ÆEllobium, Scarabus et Melampus. Je ne les ai compris
dans ce tableau que pour qu’il soit aisé d’embrasser d’un coup
d'œil toute la population malacologique du pays. Ces genres
vivent à l’air et dans l’eau saumâtre. Il en est cependant, comme
le Scarabus borneensis, qui s’éloignent beaucoup des lieux humides.
A Telok Anson (Kinta), j'ai rencontré deux individus de cette
espèce à environ 2 kilomètres du ruisseau, sur les rives duquel
elle se tient en abondance.
MOLLUSQUES DES BAKAOS
Les Bakaos sont les terrains voisins de la côte et qui à marée
haute sont couverts d’eau saumâtre ou d’eau de mer et à marée
basse restent à sec. Certaines parties de ces terrains ne sont
jamais recouvertes, elles forment une série de petits îlots boueux
sur lesquels vivent des Mollusques terrestres spéciaux. J’ai ex-
ploré les Bakaos de l'embouchure du fleuve de Pérak, ceux de la
province Wellesley et quelques-uns de ceux qui couvrent tout le
littoral de Poulao Pinang sur la côte occidentale. J’ai rencontré
les espèces suivantes :
1. Purpura gradata Jon. Très abondante dans les bakaos de la province Wel-
lesley.
2. Cicoreum capucinum Lamk. P. Tikous (P. Pinang), sur les racines décou-
vertes à marée basse.
3. Volema pugilina Born. Sur les branches d'arbres et les racines à Boukit
Tamboun (Prov. Wellesley), comme sur tout le littoral de l’Indo-Chine.
4. Columbella Duclosi Sow. Boukit Tamboun (P. Pinang), prov. Wellesley, Lit-
toral de l’océan Indien.
5. Tympanotonos fluviatilis Pot. et M. Poulo Tikous (P. Pinang), prov. Welleslev.
Littoral de l’océan Indien.
6. Tympanotonos micropterus Kien. Embouchure de la rivière Pérak, P. Tikous
(P. Pinang), Boukit Tamboun (Prov. Wellesley. Littoral de l’océan Indien.
Sumatra.
7. Liltorina scabra Glin. B. Tamboun (Prov. Wellesley), P. Tikous (P. Pinangj.
8. Aphanystilus Charbonieri Petit. Embouchure de la rivière Pérak, I. Sumatra,
I. Java, I. Borneo, Siam, Cochinchine.
9. Cerithidea obtusa Lamk. Embouchure de la rivière Pérak, de la rivière Krian,
Poulao Tikous (P. Pinang), Boukit Tamboun (Prov. Wellesley), I. Java, I. Su-
matra, I. Borneo, Siam, Cochinchine.
366 J. DE MORGAN
10. Assiminea rubella Blaf. P. Tikous, P. Pinang.
11. Omphalotropis carinata Lea. Telok Anson, P. Pinang.
12. Nerita lineata Chemn. Telok Anson (Kinta), Boukit Tamboun (Prov. Wellesley),
P. Tikous (P. Pinang), Golfe du Bengale, archipel Malais, mer de Chine.
13. Nerita atropurpurea Recl. Nouvelle Calédonie, Philippines, Bakaos de la Pro-
vince Wellesley.
14. Neritina melanostoma Trosch. Telok Anson (Kinta), Boukit Tamboun (Prov.
Wellesley), côtes de l’Indo-Chine et archipel Malais.
15. Neritina crepidularia Lamk. Telok Anson (Kinta), Bakaos de toute la côte de
Pérak, Indo-Chine, Iles Malaises.
16. Sidula mustelina Desh. Bakaos de toute la côte occidentale de la pres-
qu'ile Malaise.
17. Sidula auris-felis Brug. Telok Anson (Péraki, Boukit Tamboun (Prov. Wel-
lesley), P. Tikous (Poulao Pinang), côtes de l’Indo-Chine et de l'archipel
Malais.
18. Ellobium auris-midæ Linné. Embouchure de la rivière Krian, Iles Malaises,
Philippines, Australie.
19. Ellobium auris-Judæ Linné. Boukit Tamboun (Prov. Wellesley), I. Sumatra,
I. Java, Siam, Birmanie.
20. Ellobium semisculptum Adams. Poulo Tikous, (P. Pinang).
21. Eliobium Pinangense de Morgan. P. Tikous, (P. Pinang).
22 Scarabus borncensis Adams. Telok Anson (Pérak).
23. Scarabus inflatus Pfeiff. P. Tikous (P. Pinang).
21. Solecurtus abbreviatus Gdl, P. Tikous (P. Pinang). toute la côte occidentale
de la péninsule, Siam, Birmanie.
25. Machæra subelliptica Dkr. P. Tikous (P. Pinang\, Singapore.
26. Elizia orbiculata Wood. P. Tikous (P. Pinang), Boukit Tamboun (Prov. Wel-
lesley), Singapore, Siam, I. Sumatra.
27. Cyrena sumatrensis Sow. Bakaos de Boukit Tamboun (Prov. Wellesley), riv.
Krian (Pérak).
98. Arca granosa Linné. Embouchure de la rivière de Larout dans les parties dé-
couvertes à marée basse.
29, Arca corbiculata Gmél. P. Tikous (P. Pinang).
30. Glauconome Jayana Prime. P. Tikous (P. Pinang), Singapore.
Les bakaos renferment donc à la fois des espèces terrestres,
marines, et d'eau saumâtre ; seuls les Mollusques d'eau douce
manquent totalement.
Il n’est pas surprenant de voir que les Bakaos de Pérak renfer-
ment les mêmes espèces que ceux de la Cochinchine, de Siam,
du Cambodge et des îles Malaises, car les conditions sont les
mêmes sur les côtes de ces divers pays en ce qui concerne le cli-
mat, les vents régnants et la nature de la végétation. Quelques
espèces étendent même leur habitat à des régions bien plus loin-
taines; c’est ainsi que l’Zllobium auris-Judæ vit sur les côtes d’Aus-
tralie,et que les Tympanotonos se trouvent sur tout le pourtour du
solfe du Bengale. Ces espèces marines où pseudo-marines appar-
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MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 367
tiennent à la faune de la grande province indo-pacifique, et le
fait qu'elles passent environ la moitié de leur vie dans l’eau de
mer ou dans les eaux saumâtres est suffisant pour expliquer com-
ment elles se sont rapidement propagées sur les côtes où elles
trouvent des conditions favorables à leur vie.
Emplois des Mollusques. — Les indigènes Malais et Négritos
mangent certaines espèces de Mollusques d’eau douce; mais,
d’après ce qu'ils m'ont dit, les Coquilles terrestres ne sont pas co-
mestibles.
Les espècesfluviales comestibles sont : la Melania (?) episcopalis,
l'Ampullaria sumatrensis et la Cerithidea obtusa,
Les Négritos ornent leurs colliers d’ÆZybocsytis (elephas et Jous-
seaumei) et de Bulimes (Amphidromus) qu'ils pendent par un trou
fait dans le péristome et qu'ils remplissent de parfums. Ils em-
ploient aussi pour l'ornementation toutes les coquilles marines
qu'ils peuvent se procurer, mais ne portent jamais d’AZelix ou de
Cyclophorus, bien que ces derniers se trouvent dans leur pays en
plus grande abondance que les Æybocystis et les Bulimes.
Malais et Négritos emploient les coquilles des Melania (?) pour
fabriquer la chaux qui leur est nécessaire pour la mastication du
bétel.
Enfin les coquilles de l'Ampullaria sumatrensis sont employées,
quand elles sont de grande taille, pour renfermer l’eau dans les
cages des oiseaux. (Voir ci-contre le Tableau comparatif.)
Si nous étudions en détail la faune de la péninsule et si nous
la divisons en districts, nous voyons que la faune est très peu
constante suivant les localités que l’on considère.
La faune totale telle qu’elle est connue aujourd’hui, c’est-à-dire
composée de 145 espèces, est répartie comme suit dans les divers
districts qu'il m'a été donné de parcourir et pour lesquels j'ai des
observations certaines.
Haute vallée de Kinta (Pérak), faune totale 49 sp. dent 15 sp. spéciales.
Basse vallée de Kinta — __— 41 2 —
Haute vallée du S.Pluss — — 24 6 —
Basse vallée du S. Pluss — ee 19 (Ù —
Larout (bassin côtier) — — 33 2 —
Rhaman (Patani) — — 13 1 —
Poulo Pinang —— —— 53 19 —
En comparant entre elles les faunes de ces divers districts nous
voyons que :
308 J, DE MORGAN
La haute vallée de Kinta et la basse vallée de Kinta renferment 30 sp. communes.
— — lahaute vallée du’S. Pluss — 17 sp. —
— — la basse vallée du S.Pluss — 15 sp. —
— — Larout — 18 sp. —
_ — Rhaman — 12 sp. —
— — Poulo Pinang — 14 sp. —
La basse vallée de Kinta et la basse vallée du S.Pluss — 19 sp. —
— — la haute vallée du S.Pluss — 17 sp. —
— — Larout — 18 sp. --
— — Rhaman = 12 sp. ——
= — Poulo Pinang — 12 sp. —
La haute vallée du S.Pluss et la basse vallée du S.Pluss — 13 sp. —
—- — Larout — 12 sp. —
— _ Rhaman — 12 sp. —
._ Poulo Pinang — 9 sp. —
La basse vallée du S. Plusset Larout — 14 sp. —
— — Rhaman — 12 sp. —
— — Poulo Pinang — 8 sp. —
Larout et Rhaman (Patani) — 1L2Sp: —
— Poulo Pinang — 14 sp. —
Rhaman (Patani) et Poulo Pinang _ 7 sp. —
Si nous étendons ces comparaisons, non plus aux diverses divi-
sions de la péninsule mais aux régions dont la faune présente
quelqu'analogie avec celle de la péninsule, nous voyons qu'un
assez grand nombre d'espèces sont communes à la presqu'ile et
aux pays voisins.
Péninsule Malaise et Siam.......... ATOS 28 sp. communes.
— — SUMATAM ARE EE EERe 26 sp. —
— — JAVA Re es ie 18 sp —
— — BOTNÉD eee Tree 15 sp —
— — Hindoustan.:.......,.0. 12 sp ——
— — BIFMANIC ANR Pre 11 sp -
—— — Molluques. "7e" 7 sp _—
— — Cambodoe etre 6 sp —
— — Pégou:. ans Pace 5 ap: —
= — Australe es ere 5 sp. —
— — Cochinchine 3 sp —
— -— Seychelles... 3 Sp —
_ — Chine 72028. 3 Sp —
— — AMAR, 1 sp —
— — LaOS. =, PF rnenerree 0 sp —
Il est utile de faire remarquer que la Birmanie et le Laos ont
été fort peu étudiés.
Si, au lieu de considérer uniquement les espèces communes,
nous faisons une liste des genres en affectant à chacun d'eux un
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 369
coefficient égal au nombre des espèces par lequelil est représenté
dans chacune des régions considérées, nous obtenons des résul-
tats bien plus certains, car la plupart des régions extrême-orien-
tales n'ayant été explorées que d'une façon très sommaire, il est
certain que bien des espèces communes dans certain centre et
rares dans tel autre n’ont pas encore été rencontrées dans le pays
où elles sont mal représentéee.
En procédant comme je viens de le dire, on obtient une liste
de pays, qui si nous les rangeons suivant les coefficients des
genres communs en tenant compte de ceux qui manquent, se
présente comme suit :
Presqu'ile de Malacca.
Siam.
Sumatra.
Java.
Bornéo.
Birmanie, Tenasserim, Pégou, Nicobar, Andaman.
Cambodge, Philippines, Moluques, Ceylan.
Cochinchine, Annam, Laos, Poulo Condor.
Assam, Katchar, Hindoustan, Arakan.
Chine méridionale, Australie.
La péninsule Malaise renferme donc une faune très remar-
quable et formant pour ainsi dire le trait d'union entre celles de
l'Indo-Chine et des îles Malaises. Bien que la majeure partie des
espèces renfermées dans la liste soient spéciales à la presqu'ile,
toutes les formes trouvent leurs analogues dans les contrées voi-
sines.
Par les Amphidromus la faune de la presqu'île se rattache aussi
bien à celles du Cambodge et de la Cochinchine qu’à celle de
Sumatra et à celle de Ceylan.
Les Clausilies sont surtout abondantes dans l’Indo-Chine et la
Chine et sont représentées par des Phædusa et les Pseudonenia,
groupes essentiellement extrême-orientaux.
Les Stenogyra sont très répandus en Asie et sur la côte orien-
tale d'Afrique, tandis que les Alycacus sont surtout abondants sur
le continent asiatique.
Par les Æybocystis la faune de Pérak se rapproche de celle du
Laos et en général de l’Indo-Chine orientale, tandis que les Cyclo-
phorus sont d'une forme très commune dans les îles Malaises.
Quant aux Hélicéens qui sont très nombreux, ils appartiennent
aux groupes des divers pays voisins et peuvent être comparés
24
370 J. DE MORGAN
soit aux formes du Bengale soit à celles de Cochinchine ou de
l'archipel Malais.
Le tableau qui précède et qui renferme la liste des espèces de
la presqu'île Malaise communes aux pays voisins renferme aussi
la répartition des Mollusques de la péninsule suivant les diverses
localités où je les ai rencontrés.
L'examen de ce tableau montre que les formes sont très va-
riables (sauf pour quelques espèces qui vivent partout) dans les
divers bassins du royaume de Pérak et de celui de Patani. Il
montre aussi qu'au point de vue malacologique la presqu'île
Malaise forme le point de jonction entre les faunes continentales
et celles des îles de la Sonde, de telle sorte qu’en rangeant les
diverses contrées suivant leurs affinités malacologiques, tant au
point de vue des espèces communes qu'à celui des genres com-
muns, on obtiendrait une liste dont chaque nom occupe, par rap-
port aux autres, la situation géographique de la contrée qu'il
représente.
Hindoustan.
Arakan.
Assam, Katchar. Chine méridionale
Pégou. Annam, Laos.
Tenasserim. Cochinchine.
Birmanie. Cambodge.
: RSS: 3
Siam.
ïi. Nicobar. Presqu'ile Malaise.
I. Andaman. Sumatra. P. Condor.
I. Ceylan. Java, Bornéo.
Philippines.
Les petites îles, se trouvant dans des conditions différentes,
présentent des caractères malacologiques beaucoup plus spéciaux
que les grandes terres; cependant elles renferment, comme la pé-
ninsule, plusieurs espèces d’Amphidromus, ce qui permettrait de
donner à la région, dont la presqu'île Malaise est le centre, le nom
de Région des Amphidromus. Ce genre étant représenté dans
Siam, le Cambodge, la Cochinchine, la Birmanie, la péninsule
Malaise, Sumatra, Java, Bornéo, les iles Andaman et Nicobar, les
Philippines, les Célèbes et Ceylan.
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 371
DEUXIÈME PARTIE
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE LA PÉNINSULE MALAISE.
— LISTE GÉNÉRALE. — DESCRIPTION DES ESPÈCES NOUVELLES.
I. Genre PHILOMYCUS Rafinesque.
1. Philomycus pictus Stoliczka.
Philomycus pictus Stol. Journ. Soc. As. Bengal, vol. XLII, partIT,
n° 1,p-30. pl-our, fe.9-14 1873:
Habitat. — Poulo Pinang (Stoliczka).
IT. Genre VERONICELLA de Blainville.
2. Veronicella Hasselti Martens.
Veronicella Hasselti Mart. Preuss. Exp. Ost-Asien, 1867.
Habitat. — Poulo Pinang (Stoliczka).
3. Veronicella birmanica Théobald.
Vaginulus birmanicus Théob.Journ. As. Soc. Bengal, vol. XXXIII,
p. 243, 1864.
Habitat. — Poulo Pinang (Stoliczka). Rangoun, Pégou, Thaiet-
Mio, etc. (Théob.).
IT. Genre STREPTAXIS Gray.
4. Streptaxis plussensis de Morgan.
PEN Ur
Streptaxis testa heliciforme optime convoluta, alba, translucida,
conospirali ad planum reducto, basi ventricoso nitida fulgenteque,
facie superiori striis ornata paralleliter lineis ætatis, ampliter
umbilicata ila ut facies inferior omnium anfractuum apparens sit :
apertura triangulari, maxime irregulari, ante ultimo anfractu
dente munito prope labrum externum incisa.
Coquille. — Héliciforme, régulièrement enroulée, cône spiral
très aplati, base ventrue, polie, face supérieure ornée de stries
372 J. DE MORGAN
paralléles aux lignes d’accroissement ; ombilic très large laissant
voir la partie inférieure de tous les tours de spire ; ouverture trian-
gulaire placée dans un plan légèrement oblique à l'axe, très
irrégulière, portant une dent sur l’avant-dernier tour et une
échancrure profonde à l’union du bord extrême avec le tour pré-
cédent, cette échancrure se prolonge en gouttière dans l’intérieur
de l'ouverture, spires au nombre de six, suture linéaire.
Dimensions. — Hauteur, 3°"; largeur maxima, 7°": longueur de
l'ouverture, 2"; largeur de l'ouverture, 1""1/4.
Couleur. — Blanchâtre.
Habitat. — J'ai rencontré cette petite coquille sur le mont
Tchéhèl dans la vallée de la rivière Pluss (royaume de Pérak).
IV. Genre ENNEA H. et A. Adams.
5. Ennea bicolor Hutton.
Pupa bicolor Hutton, II, 352.
—— — Kuster, t. XIII, fig. 9 et 10.
Ennea bicolor Stoliczka. Journ. Soc. As. Bengal.
Habitat. — Indes, Seychelles, P. Pinang.
V. Genre HAPALUS Albers.
6. Hapalus Jousseaumei de Morgan.
PA EN, ne
Hapalus testa turriculata, tenui, fragili, translucida, alba, imper-
forata, lævigata, lineis tenuissimis ætatis ornata, 5-6 anfractibus
composita,optime convoluta, apertura recta, elliptica, ante ultimo
anfractu largiter incisa, peristomate recto et acuto, labro lævi-
ter reflexo.
Coquille. — Turriculée, mince, fragile, transparente, imperforée,
lisse, ornée de stries d'accroissement extrêmement fines, formée
de 5 à 6 tours de spire très régulièrement enroulés, ouverture
droite, elliptique, largement échancrée par l'avant-dernier tour,
péristome droit et tranchant, bord columellaire légèrement ré-
fléchi comme dans les Spiraæis, bord extrême formant au milieu
une partie arrondie et saillante.
Dimensions. — Longueur, 7"; épaisseur maxima, 3"”"; longueur
de l'ouverture, 21/2,
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK de
Couleur. — Inconnue.
Habitat. — Dans les fentes des roches calcaires du G. Tcheura,
près Ipoh (Kinta).
Observations. — Je n'ai rencontré de cette espèce que quatre
exemplaires morts.
VI. Genre VITRINA Draparnaud.
7. Vitrina nucleata Stoliczka.
Vitrina nucleata Stol. Journ. Soc. As. Bengal, 1873, vol. XLII,
part. In 41) p. 23: pl.1, 6e.12and' plan, fe 7Æ6
Habitat. — Poulo Pinang.
VII. Genre HELICARION de Férussac.
8. Helicarion permolle Stoliczka.
Helicarion permolle Stol. Journ. As. Soc. Bengal, 1873, vol. XLII,
part. Il,-p. 18, pl. 1, fig. 11, pl. 1, 21-23.
Habitat. — Collines de P. Pinang, à environ 200 mètres d’alti-
tude, au milieu des détritus végétaux, très rare (Stoliczka).
9. Helicarion Lowi de Morgan.
PINS TES:
Helicarion testa dextrorsa, tenui, fragilissimi, translucida,
cϾrulea, subglobulosa, 4 anfractibus composita, ornata striis
tenuissimis paralleliter lineis ætatis et lineis parvulis muricatim
retortis, paulum umbilicata: apertura lata, elliptica, ante ultimo
anfracta largiter incisa, peristomate recto, labro columellari
reflexo ad umbilicum.
Coquille. — Dextre, mince, très fragile et transparente, subglo-
buleuse, composée de 4 tours de spire, ornée de stries très con-
fuses suivant l’enroulement de la coquille; ombilic très étroit ;
ouverture très grande, elliptique, largement échancrée par l’avant-
dernier tour, péristome droit, très columellaire, réfléchi vers
l'ombilic.
Dimensions. — Hauteur, 16"" ; largeur maxima, 32%m: longueur
de l’ouverture, 22"; largeur de l’ouverture, 18",
374 J. DE MORGAN
Couleur. — Cette coquille est parfaitement transparente, sa co-
loration est d’un beau vert jaune.
Habitat. — Je n'ai rencontré qu'un seul exemplaire de cette
superbe espèce près du sommet du mont Kerbou, vers 2200 mètres
d'altitude au-dessus du niveau de la mer.
Observations. — Je dédie cette espèce à sir Hugh Low, le savant
botaniste qui est aujourd’hui résident du gouvernement anglais
dans le royaume de Pérak.
Par sa grande taille cette espèce ne peut être confondue avec
aucune autre.
VIII. Genre PARYPHANTA Albers.
10. Paryphanta Ophiria Pfeiffer.
Vitrina heliciformis Pfr. Proc. Zool. Soc. Lond., 1854, p, 296.
Helix Ophiria Pfr. Proc. Zool. Soc. Lond., 1856, p. 326.
Habitat. — Mont-Ophir (presqu'île Malaise).
IX. Genre MICROCYSTIS Beck.
11. Microcystis palmicola Stoliczka.
Heliæ (Microcystis) palmicola Stoliczka. Journ. Soc. As. Bengal,
vol. XD part 2/n°%p. 18/pl 1466101873;
Habitat. — Poulo Pinang.
X. Genre XESTA Albers.
12. Xesta Malaouyi de Morgan
PINS
Xesta testa læviter complanata, modice umbilicata, lineis or-
nata paralleliter striis ætatis, 5-6 anfractibus composita, haud
carinata etiam in prima ætate, sutura lineata ; cœrulea, crocea
facia ornala, apertura obliqua, elliptica, ante ullimo anfractu lar-
giler incisa; peristoma reclo, tenui et acuto, labro columellari
angusto.
Coquille. — Senestre légèrement aplatie, très médiocrement o1n-
biliquée, ornée de siries parallèles aux lignes de croissance assez
fortement accusées, spires formée de 5 à 6 tours arrondis sans
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 375
trace de carène, même chez l'individu très jeune. Suture linéaire,
accompagnée d’un sillon très peu profond ; ouverture oblique,
elliptique, largement échancrée par l’avant-dernier tour de spire;
péristome droit, mince et tranchant; bord columellaire très court.
Dimensions. — Largeur, 42"; hauteur du cône spiral 13"; hau-
teur totale, 24"; longueur del’ouverture, 21": largeur de l’ouver-
ture HO
Couleur. — Cette coquille pos:ède vers le sommet une teinte
brune-rouge qui passe insensiblement au vert foncé quand on
arrive aux derniers tours de spire. Ces tours sont eux-mêmes or-
nés à la périphérie d’une large bande jaune d’or, la surface infé-
rieure de la coquille est verdâtre, tandis que l’ombilic est vert
olive; la surface interne est blanche ou bleuâtre. Cette coquille
est couverte d’un épiderme très mince, un peu luisant et ver-
dâtre.
Habitat. — Je ne connais que deux exemplaires de cette belle
espèce, ils viennent tous deux des contreforts du Mont Kerbou, à
1800 mètres environ d’aîttitude.
Observations. — Je nomme cette espèce Hélice de Malaouy, en
souvenir de mon secrétaire malais Malaouy qui a trouvé le pre-
mier exemplaire de cette espèce.
X. Genre MACROCHLAMYS Reeve.
13. Macrochlamys malaccana Pfeiffer.
Helix malaccana Pfr. Proc. Zool. Soc., 1854, p. 147.
— — Reeve. Conch. ic., n° 1373, t. GVC.
Nanina malaccana (Xesta) Pfr., Monog. Helic. vol. IV, p. 45.
Habitat. — Kédah (Siam), Malacca.
14. Macrochlamys Stephoides Stoliczka.
Helix (Macrochlamys) stephoides Stol. Journ. As. Soc. Bengal,
vol. XLII, part. IL, p. 17, pl. 1, fig. 9; pl. n, fig. 19-20, 1873.
Habitat. — Poulo Pinang (Stoliczka). J'ai rencontré cette es-
pèce dans la partie supérieure de la vallée de Kinta, elle vit dans
les grandes herbes dans les lieux humides.
376 J. DE MORGAN
15. Macrochlamys pataniensis de Morgan.
PEN Ge:
Macrochlamys testa dextrorsa, complanata translucida, cornea,
vix umbilicata, læviter striata, carinata usque ad aperturam, 5 an-
fractibus composita, parte superiori anfractibus complanatis et
parte inferiori rotundatis; sutura lineata, facile apparenti, aper-
tura obliqua, elliptica, ante ultimo anfractu largiter incisa, labro
recto et tenui.
Coquille. — Dextre, aplatie, très peu ombiliquée, très finement
striée suivant des parallèles aux lignes de croissance, carénée,
carène se prolongeant jusqu’à l'ouverture, spire formée de 5 tours
aplatis à la partie supérieure et renflés à la base. Suture des
tours linéaire, bien nettement marquée; ouverture oblique, ovale,
très fortement échancrée par l’avant-dernier tour; péristome
droit et aminci.
Dimensions. — Largeur, 13"; hauteur du cône spiral au-dessus
de la carène, 2m; hauteur totale, 7°"; longueur de l’ouver-
ture, DPnD.
Couleur. — Cette coquille est translucide, d’un blond corné
régulièrement réparti sur tout le test.
Habitat. — Je n'ai rencontré qu’un seul exemplaire de cette
espèce, il vivait au pied d’un arbre, parmi les feuilles mortes, sur
le versant méridional de la colline Naxa dans le district de Rha-
man, royaume de Patani.
Rapports et différences. — Cette espèce est par sa forme très voi-
sine de l'A. Sakaya, mais elle s’en distingue par sa taille, par sa
grande fragilité et sa coloration. L'ouverture dans l'A. pataniensis
est presqu'aussi longue que large, tandis que celle de l'Æ. Sakaya
est beaucoup plus longue. L’ÆZ. Pataniensis présente un péris-
tome droit, tandis que l'Z. Sukaya en possède un légèrement ré-
fléchi et garni d'un léger bourrelet.
16. Macrochlamys Hätchongi de Morgan.
PL VE
Macrochlamys testa dextrorsa, globulosa albida, lævigata ful-
genteque, translucida, et fragilissima, 5 anfractibus composita;
oplime convoluta, ultimo anfractu largiori quam pæne ultimum,
minulissima, perforata; apertura recta, elliptica, anle ultimo an-
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK STE
fractu largiter incisa; peristomate recto et tenui, labro columel-
lari ad perforationem reflexo.
Coquille. — Dextre, globuleuse, lisse, brillante, transparente et
très fragile, composée de 5 tours de spire à enroulement très ré-
gulier, dernier tour de spire beaucoup plus développé que l’avant-
dernier; stries d’accroissement très fines, suture des tours linéaire,
perforation très petite; ouverture droite, elliptique, largement
échancrée par l'avant-dernier tour de spire,; péristome droit et
tranchant, bord columellaire réfléchi vers la perforation.
Dimensions. — Largeur, 10""; hauteur totale, 7%: hauteur du
cône spiral, 1°" ; largeur de l'ouverture, 5""; longueur de l’ouver-
lure None:
Couleur. — Blonde cornée.
Habitat. — Dans la jungle basse, entre Lahat et Ipoh (Kinta).
Observations. — Cette espèce a été trouvée pour la première
fois par mon domestique chinois Hä-Tchong.
17. Machrochlamys lousoufi de Morgan.
PNA OT
Macrochlamys testa dextrorsa, semiglobulosa, cornea, lævigata
fulgenteque, translucida, fragili, perforata, 6 anfractibus compo-
sita; cono spirali ad planum fere reducto, suiura lineata, optime
convoluta; apertura læviter obliqua, elliptica, ante ultimo an-
fractu largiter incisa; peristomate recto et acuto.
Coquille. — Dextre, semi-globuleuse, lisse et brillante, trans-
lucide, fragile, perforée, composée de 5 tours de spire, cone spi-
ral très aplati, suture des tours linéaire bien marquée, enroule-
ment très régulier, ouverture légèrement oblique, elliptique,
largement échancrée par l’avant-dernier tour de spire, péristome
droit et coupant.
Dimensions. — Largeur, 9": hauteur du cône spiral, 0,5""; hau-
teur totale, 5": longueur de l'ouverture, 4,5""; longueur de l’ou-
verture, 4,952,
Couleur. — Blonde cornée.
Habitat. — J'ai rencontré cette espèce dans les jardins malais
des environs d'Ipoh (Kinta).
Observations. — Je dédie cette espèce au Radjah Ilousouf
d'Ipob.
378 J. DE MORGAN
18. Macrochlamys Bartoni de Morgan.
PIAV, °fip:rs:
Macrochlamys testa dextrorsa, alba cornea, semiglobulosa,
perforata, lævigata, 5 anfractibus composita; cono spirali ad pla-
num fere reducto; sutura lineata, apertura recta, semicirculari,
ante ultimo anfractu largissime incisa ; peristomate recto et acuto.
Coquille. — Dextre, semi globuleuse, composée de 5 tours de
spire, perforée, lisse; cone spiral très aplati, suture des tours
linéaire, ouverture droite demi circulaire largement échancrée par
l’avant-dernier tour de spire, péristome droit et tranchant.
Dimensions. — Largeur, 5,5%"; hauteur, 4m,
Couleur. — Coquille brune, transparente.
Habitat. — Je n'ai rencontré qu’un seul exemplaire de cette
espèce au milieu des roches du mont Tchüra (Kinta).
XI. Genre ROTULARIA Môrch.
19. Rotularia bijuga Stoliczka.
Rotula bjuga Stol. Journ. As. Soc. Beng., vol. XLII, part. 2,
p. 14, pl. 1, fig. 4-7 et pl. n, fig. 16-18, 1873.
Habitat. — Boukit Pondong (Pérak), d’après le D' E. Townsend,
Poulo Pinang d’après Stoliczka.
Observations. — Espèce voisine du AN. anceps de Birmanie et
des N. éndica et N. Shiplayi de l'Inde (Crosse).
XII. Genre HEMIPLECTA Albers.
20. Hemiplecta Humphreysi Lea.
Helix humphreysiana Lea. I, 43, Chemn., t. XXXi, fig. 34.
Habitat. — Pondichery, Sumatra, Singapore.
21. Æemiplecta Chevalieri Souleyet.
Helix Chevalieri Soul. I, 120. V. Bonite, t. XX VIII, fig. 24-26.
ITabitat. — Singapore (Pfr.).
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 379
22. Hemiplecta Leechi de Morgan.
dEite ARTE
Hemiplecta testa dextrorsa cornea, translucida, ad aperturam
albida, subglobulosa, vix umbilicata 5-6 anfractibus composita,
paralleliter lineis ætatis ornata eostis lævissimis in extremis
anfractibus et crassioribus in primis; sutura lineata, apertura
obliqua, elliptica, ante ultimo anfractu largiter incisa; peristo-
mate recto; labro columellari læviter ad umbilicum reflexo.
Coquille. — Dextre, subglobuleuse, à peine ombiliquée, compo-
sée de 5 à 6 tours de spire, ornée parallèlement aux lignes
d’accroissement de stries très fines, plus fortes à la partie supé-
rieure des tours qu'à la base; suture linéaire très marquée ; ou-
verture ovale oblique, largement échancrée par l’avant-dernier
tour de spire; péristome légèrement réfléchi vers l’ombilic. Dans
son jeune âge cette coquille est assez fortement carénée, mais
elle cesse de l'être à l’état adulte.
Dimensions. — Largeur, 26"; hauteur du conespiral, 8m"; hau-
teur totale, 16nn; longueur de l’ouverture, 13""; largeur de l’ou-
verture, 11m,
Couleur. — Cette coquille est d’un brun corné à la partie supé-
rieure, blanche à la base et principalement à l’ombilic et jaune
aux environs du bord externe. Elle est translucide et souvent
même très transparente. Son ouverture est de couleur variable,
blanche chez quelques individus, elle devient rose ou violette
chez d’autres.
Habitat. — Cette espèce est très abondante dans tout le royaume
de Pérak.
Observations. — Je dédie cette espèce à M. Leech, magistrat à
Kota Bahrou (Kinta), en remerciement de l'assistance qu'il a bien
voulu me donner lors de mon voyage dans l’intérieur de la pénin-
sule.
Rapports et différences. — Cette espèce est l’intermédiaire entre
l'A, Crossei (Pfr.) et l'A. Weinkauffi (Grosse), peut-être même ces
trois espèces seront-elles réunies plus tard quand on aura re-
cueilli les matériaux suffisants pour former une série bien com-
plète. Ces trois formes ne seraient alors que des variétés élevées
ou aplaties de la même espèce.
380 J. DE MORGAN
XII. Genre OXYTES Pfeiffer.
23. Oxytes cymatium Benson.
Helix cymatium Bens. IV, 109, Pfr. Novit. conch., I, t. XVII,
fig. 1-2.
Habitat. — Malacca, Poulo Pinang.
24. Oxytes amphidroma Martens.
Helix amphidromus Mart. Ost. t. IT, fig. 2-5.
Habitat. — Java, Sumatra, presqu'île Malaise (Pfr).
25. Oxytes Sakaya de Morgan.
PLUNT ie. te
Oxytes testa dextrorsa, complanala, rutilanti, parum ombili-
cata, maxime carinata, 5-6 anfractibus composita, parte supe-
riori anfractibus complanatis et parte inferiori rotundatis ; carena
usque ad aperturam prolata, tenuissimis lineis paralleliter striis
ætatis et parvulis costis spiraliter positis ornata; apertura obli-
qua, elliptica, ante ultimo anfractu largiter incisa, ad umbilicum
depressa; peristomate recto; labro columellari ad umbilicum
reflexo.
Coquille. — Aplatie, dextre, ombiliquée, fortement carénée,
composée de 5 à 6 tours de spire aplatis à la partie supérieure, et
renflés à la partie inférieure. Carène se prolongeant jusqu’à l'ou-
verture, tours de spires ornés de lignes très fines parallèles à
l'accroissement de la coquille et de stries longitudinales qui vien-
nent couper normalement les lignes d'accroissement. Ce double
système d’ornementalion n'existe que sur la partie supérieure des
tours, la base n'étant plus ornée que parallèlement aux lignes
d'accroissement. Ouverture oblique, située dans un plan gauche,
elliptique, largement échancrée par l’avant-dernier tour de spire,
déprimée vers l’ombilic, péristome droit, bord columellaire ré-
fléchi vers l'ombilic.
Dimensions. — Largeur, 38nm; hauteur du cone spiral, 10°";
hauteur totale, 27mm; longueur de l'ouverture, 18mm; largeur de
l'ouverture, 13mn,
Couleur, — Cette coquille est brune à sa partie supérieure et
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 381
aux environs de la carène, elle est blanche vers l’ombilic et est
sur toute sa surface recouverte d'un épiderme jaune, son péris-
tome est blanc et sa surface interne possède une teinte violacée.
Coquille translucide.
Habitat. — J'ai rencontré cette belle espèce au pied d’un arbre
au milieu des feuilles mortes, sur le contrefort du mont Kerbou,
à 1200 mètres environ d'altitude.
Observations. — J'ai donné à cette espèce le nom d'Hélice Sa-
kaye en souvenir des peuples sauvages (Négritos) qui habitent
l'intérieur de la péninsule Malaise et plus spécialement les vallées
du massif du mont Kerbou (royaume de Pérak).
Rapports et différences. — Cette espèce est voisine de l'A. Kin-
tana (v. à la description de cette espèce le paragraphe Rapports et
différences), elle ressemble aussi beaucoup à l'A. Cimatium, mais
elle présente un cône spiral moins haut et son ombilic bien plus
petit ne laisse pas voir la face inférieure des tours de spire.
XIV. Genre ARIOPHANTA Desmarest.
26. Ariophanta Kintana de Morgan.
PLANETE
Ariophanta testa sinistrorsa, translucida, rutilanti, complanata,
perforata, læviter striata, maxime carinata usque ad aperturam ;
6-8 anfractibus composita, parte superiori anfractibus compla-
natis parte inferiori rotundatis; sutura lineata; apertura obliqua,
elliptica ante ultimo anfractu, largiter incisa; peristomate læviter
reflexo, labro columellari ad perforationem reflexo
Coquille. — Senestre, aplatie, perforée, finement striée, très
fortement carénée, carène se prolongeant jusqu’à l'ouverture,
spire formée de 6 à 8 tours aplatis à la partie supérieure et très
renflés à la partie inférieure, suture linéaire bien marquée. Ou-
verture oblique, ovale, largement écchancrée par l’avant-dernier
tour de spire. Péristome légèrement évasé orné d'un petit bour-
relet saillant en dehors, bord columellaire réfléchi vers le centre.
Dimensions. — Largeur, 30mn; hauteur du cone spiral, 5"m; hau-
teur totale, 14": longueur de l'ouverture, 15""; largeur de l’ou-
verture, 11m,
Couleur. — Cette coquille est d'un brun corné rougeâtre, elle
est translucide dans toutes ses parties, le bord columellaire est
opaque et blanc.
382 J. DE MORGAN
Habitat. — Cette espèce est abondante dans la péninsule Ma-
laise, je l'ai rencontrée dans les vallées des rivières Kinta, Pluss
et Piah. Mais elle semble plus commune dans les environs d’Ipoh
que partout ailleurs. Elle vit sur les feuilles mortes dans la forêt
et dans les herbes aux environs des villages malais.
Observations. — Étymologie, Kinta district du royaume de
Pérak.
Rapports et différences. — Cette espèce est très voisine de l'A.
Janus et de l'A. Lindstedti, elle s’en distingue par sa forme beau-
coup plus écrasée et par la nature de sa suture.
27. Ariophanta Lahatensis de Morgan.
PV nent
Ariophanta testa sinistrorsa, complanata translucida, cornea
læviter umbilicata, parum striata, maxime carinata, usque ad
aperturam, 4-5 anfractibus composita parte superiori anfractibus
complanatis et parte inferiori rotundatis; sutura lineata vix appa-
renti; apertura maxima, obliqua, pene rotundata, ante ultimo
anfractu largiter incisa; peristomate recto et tenui; labro colu-
mellari læviter ad umbilicum reflexo.
Coquille. — Senestre, aplatie, très légèrement ombiliquée, fine-
ment striée, très fortement carénée, carène se prolongeant jus-
qu'à l'ouverture. Tours de spire au nombre de 4 à 5 très aplatis
à la partie supérieure et renflés à la partie inférieure, suture
peu marquée, cone spiral très aplati, ouverture très grande,
oblique presque ronde, très largement échancrée par l'avant-
dernier tour, péristome droit et aminci, bord columellaire légè-
rement réfléchi vers l’ombilic.
Dimensions. — Largeur, 25%: hauteur totale, 14%; hauteur du
cone spiral au-dessus de la carène, 10"; diamètre de l'ouverture,
Age
Couleur. — Cette espèce est entièrement blonde, transparente
et vitreuse.
Habitat. — J'ai rencontré cette coquille au milieu des feuilles
mortes au pied d’un arbre dans la forêt située entre Lahat et Ipoh.
Les trois spécimens que je possède proviennent de la même loca-
lité, cette espèce semble être rare.
Observations. — Lahat, nom de localité, petite mine d’étain de
la vallée de Kinta, royaume de Pérak.
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 383
Cette espèce appartient à un groupe d'Hélicéens qui se rencontre
principalement dans le nord de l'Hindoustan.
28. Ariophanta Lindstedti Pfeiffer.
Helix Lindstedti Pfr. Proc. Zool. Soc., 1856, p. 387.
Habitat. — Malacca.
XV. Genre TROCHOMORPHA Albers.
29. Trochomorpha Timorensis Martens.
Trochomorpha Timorensis Martens. Preuss. Ost. Asiat. Expéd.,
1867, II, p. 248.
Trochomorpha Timorensis Stol. Journ. As. Soc. Bengal, 1873,
MOREL D 22 pl rte 11 pln fie. 10-19:
Habitat. — Poulo Pinang (Stoliczka).
Je n'ai rencontré qu'un seul exemplaire de cette espèce dans
la fente d’un rocher au G. Tchôra, près Ipoh (Kinta).
30. Trochomorpha castra Benson.
IHelix castra Benson. Ann. and Mag., 2 ser., X, 1852.
Habitat. — P. Pinang (Stoliczka), Dardjiling, Himalaya (Benson).
XVI. Genre PETASIA Beck.
31. Petasia Bouryi de Morgan.
PEN HS
Petasia testa dextrorsa, alba, parvula, turbinata, lævigata, pau-
lulum umbilicata ; 5-6 anfractibus composita; sutura lineata ap-
parenti; basi læviter complanata; apertura elliptica, ante ultimo
anfractu largiter incisa; peristomate leviter reflexo; labro colu-
mellari ad umbilicum inflexo.
Coquille. — Dextre, très petite, conique, lisse, ombilic très
petit, spire formée de cinq à six tours arrondis, sans carène ; su-
ture des tours linéaire très distincte, base légèrement aplatie,
ouverture elliptique, très largement échancrée par l’avant-der-
nier tour de spire, péristome légèrement évasé, bord columellaire
réfléchi vers l’ombilic.
Dimensions. — Hauteur, 3"; largeur, 3",
Couleur. — Inconnue. Les deux individus que je possède ayant
334 J. DE MORGAN
été recueillis mort, l’un d'eux présente une coloration légèrement
brunâtre.
Habitat. — Je n'ai rencontré que deux exemplaires morts de
cette curieuse petite espèce, ils étaient dans une fente de rocher
au mont Tchôüra (Kinta).
XVII. Genre SITALA H. et À. Adams.
32. Sitala carinifera Stoliczka.
Sitala carinifera Stol. Journ. As. Soc. Bengal, 1873, vol. XLII,
part. 2 D. 16, Die, 118.10.
Habitat. — Espèce très rare. Un seul exemplaire a été ren-
contré par Stoliczka à P. Pinang sur les feuilles d’un Coffea ara-
bica sur la montagne.
XVIII. Genre FRUTICICOLA Heldr.
33. Fruticicola penangensis Stoliczka.
Trachia jenangensis Stol.Journ. As. Soc. Bengal, 1873, vol.
XLII, pl. m1, fig. 1, and 18-20.
Habitat. — Poulo Pinang (Stoliczka).
Cette espèce est très abondante dans tout le royaume de Pérak.
Je l’ai rencontrée en grand nombre dans la province Wellesley,
la vallée de Kinta, elle vit dans les broussailles et les rizières
sèches.
34. Fruticicola similaris de Férussac.
Helix similaris Fer. Tab. XLVII, m. 262, t. XXV, B, fig. 1-4,
HRNIL JA io A0:
Habitat. — J'ai rencontré cette espèce à Poulo Pinang et à Sin-
gapore où elle est d’ailleurs peu commune. I. Rodriquez (Pætel).
Java (Mousson).
XIX. Genre PHILIDORA de Morgan (l).
35. Philidora Wrayi de Morgan.
P1. VL' ous.
Philidora testa dextrorsa, complanata, albo cærulea, paulum um-
(1) Je suis obligé de changer le nom générique Philina d'Albers à cause de la
préexistence du genre Philine Ascanius, 1762,
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 38)
bilicata, striata, maxime carinata, 5 anfractibus composita; costis
parallelis striis ætatis ornata, parte superiori anfractuum compla-
nala, inferiori rotundata; sutura lineata, maxime distincta; aper-
tura obliqua, elliptica, irregulari, ante ultimo anfractu incisa ;
peristomalte reflexo.
Coquille. — Dextre, aplatie, munie d’un ombilic assez petit, très
carénée, ornée de fortes côtes parallèles aux lignes d’accroisse-
ment, composée de 5 tours de spire, très aplatis à la partie supé-
rieure et renflés à la partie inférieure. Cone spiral très aplati, ou-
verture oblique ovale irrégulière, échancrée par l’avant-dernier
tour de spire, péristome réfléchi.
Dimensions. — Hauteur, 6"; largeur, 15"; longueur de l’ouver-
ture, ann.
Habitat. — Lahat, Ipoh, haute vallée de la riv. Kinta (Pérak).
Cette espèce est assez rare.
Rapports et différences. — Par sa forme écrasée, la petitesse de
son ombilic, l’importance de ses côtes et la forme allongée de son
ouverture, cette espèce se sépare facilement de la précédente.
36. Philidora Hardouini de Morgan.
PLAN euro
Philidoratesta dextrorsa,complanata translucida, cornea, ampli-
ter umbilicata ita ut facies inferior omnium anfractuum apparens
sit, parum striata, maxime carinata usque ad aperturam: 5-6 an-
fractibus composita, parte superiori anfractibus complanatis et
parte inferiori rotundatis ; sutura lineata parum distincta; aper-
tura obliqua, elliptica, irregulari, ante ultimo anfractu parum
incisa; peristomate reflexo.
Coquille. — Dextre, aplatie, fortement ombiliquée, ce qui permet
de voir dans l’ombilic la partie inférieure de tous les tours de
spire, finement striée et très fortement carénée. Carène se pro-
longeant jusqu’à l'ouverture. Tours de spire au nombre de 5 à 6,
très aplatis à la partie supérieure, renflés à la partie inférieure,
suture des tours de spire à peine distincte; ouverture oblique,
ovale, irrégulière, légèrement échancrée par l’avant-dernier tour
de spire, péristome évasé.
Dimensions. — Largeur, 179%; hauteur totale, 8; hauteur du
cone spiral au-dessus de la carène, 0mm5; longueur de l'ouverture,
&nn: largeur de l’ouverture, 5mm,
386 J. DE MORGAN
Couleur. — Cette coquille est d’un brun corné, l'ouverture étant
un peu plus claire que le reste du test.
Habitat. — Assez commune dans la forêt, dans les parties hu-
mides, cette coquille se rencontre dans la vallée de Kinta, entre
Lahat et Ipoh.
Considérations. — Je dédie cette espèce à mon camarade de voyage
et ami M. Émile Hardouin.
XX. Genre PLANISPIRA Beck.
37. Planispira breviseta Pfeiffer.
Helix breviseta Pfr. Monog. Hel., vol. VII, p. 144, 1876.
Planispira breviseta Cross. Journ. Conch., 3° sér., t. XIX, n° 4,
p. 336, 1876.
Habitat. — Boukit-Poudong (Pérak), d'après le D' Townsend;
Siam (Crosse).
XXI. Genre GEOTROCHUS Martens.
38. Geotrochus perakensis Crosse.
Geotrochus perakensis Grosse. Journ. Conch., vol. XXVII, p. 199,
pl. vu, fig. 4, 1879.
Habitat. — J'ai rencontré cette espèce dans toute la vallée de
Kinta, mais principalement aux environs de Penkalan-Pégou et
de Gôping elle est très abondante. Crosse la cite de Pérak dans le
Journal de Conchyliologie.
XXII. Genre AMPHIDROMUS Albers.
39. Amphidromus perversus Linné.
Helix perversa Linné. Syst. nat., Ed. X, p. 772, n° 601.
(Bulimus) Amphidromus perversus Crosse. Journ. Conch., 3° sér.,
t. XIX, n° 4, p. 337.
Habitat. — Pérak (D° Townsend), Siam (Bo de Richtofen), Co-
chinchine française, Saïgon, Poulo Condor (Michau), Singapore
(J. Irwing); Birmanie, Java, Moluques (Crosse), Sumatra.
J'ai rencontré celle espèce sur toute l'étendue des terriloires
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 387
de Pérak et de Patani. Elle habite la plaine comme la montagne,
mais semble cesser à une altitude de 1500 mètres.
Observations. — Cette coquille est tantôt dextre, tantôt senestre,
elle est très souvent blanche, tandis que fréquemment aussi j'ai
rencontré la variété jaune (A. perv., var. citrinus).
40. Amphidromus melanomma Pfeiffer.
Amphidromus melanomma Pfr. Monogr. Hel. viv., III, 310, 1853.
Habitat. — Singapore, Bornéo (Pfr.). J'ai rencontré cette espèce
au Gounong Tchôüra et au G. Tchéhèl (Pérak).
41. Amphidromus Chloris Reeve.
Bulimus Chloris Reeve. Conch. icon., n° 233.
Habitat. — Cette espèce se rencontre en assez grande abon-
dance dans la plaine de Larout et dans la vallée de Kinta, elle vit
sur les mousses dans la petite jungle.
Iles de l'Est (Reeve).
42. Amphidromus Lindstedti Pfeiffer.
Bulimus Lindstedti Pfr. Proc. zool. Soc., 1856, p. 388.
Habitat. — Malacca.
43. Amphidromus mundus Pfeiffer.
Bulimus mundus Pfr. Zeitschr. f. Malak., 1853, p. 57.
Habitat. — Singapore (Grüner), Bornéo (Cuming).
44. Amphidromus polymorphus Tap. Canefri.
Bulimus polymorphus Tap. Can. Malæ viaggio Mag.,t. I, fig. 4
à 6.
Habitat. Singapore.
45. Amphidromus inversus Müller.
Helix inversa Müll. III, 318; IV, 317; VI, 24; VIII, 39.
Helix inversa Chemn., t. VI, fig. 1 et 2.
Habitat. — Malacca, Singapore, Siam, Cambodge.
388 J. DE MORGAN
XXIII. Genre GAEOTIS Shuttleworth.
46. Gaeotis Douvillei de Morgan.
PLMIIT, Sy, 9.
Gaeotis testa unguliformi, complanata, translucida, cornea,
fragilissima, 2 hemi-anfractibus composita, ultimo anfractu
maxime extenso, lineis ætatis tenuissimis ornata.
Animal. — Limaciforme allongé, d’un brun clair, orné de chaque
côté de deux bandes longitudinales noires.
Coquille. — Unguiliforme, aplatie, fragile, très mince, transpa-
rente, composée de deux demi-tours de spire, la partie inférieure
manquant, le dernier est très grand, stries d'accroissement très
fines.
Dimensions. — Longueur. 9"; largeur, 5""5.
Couleur. — Vert-jaune très clair.
Habitat. — J'ai rencontré un individu de cette espèce sur le
sommet du mont Tchabang, au milieu des Rhododendrons à
1677" d'altitude.
XXIV. Genre STENOGYRA Shuttleworth.
47. Stenogyra Tchehelensis de Morgan.
PLWE Ge. 7;
Stenogyra testa fragili, translucida, elongata, paulum obesa,
fusiformi, imperforata, ad acutum obtusa; 8-10 anfractibus com-
posita, striis tenuissimis paralleliter lineis ætatis ornata, anfrac-
tibus regulariter convolutis, sed largioribus in media testa quam
in ultimis anfractibus; sutura lineata ; apertura obliqua, elliptica ;
peristomate recto et acuto.
Coquille. — Fragile, transparente, allongée. un peu obèse, fu-
siforme. imperforée, obtuse au sommet, composée de 8 à 10 tours
de spire ornée de stries très fines parallèles aux stries d'accrois-
sement; tours de spire assez régulièrement enrolés mais beaucoup
plus large vers le milieu de la coquille qu'aux environs de l'ou-
verture, suture linéaire très marquèe, ouverture oblique, ovale,
péristome simple et tranchant.
Dimensions. — Longueur, 23""; épaisseur maxima, ÿ""; Jon-
ueur de l'ouverture, 6nm; largeur de l'ouverture, 3mn,
«r
gl
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 389
Couleur. — Cette coquille est d’un brun corné, uniforme.
Habitat.— J'ai rencontré cette espèce en très grande abondance
sur le G. Tchéhèl (vallée de la riv. Pluss); elle vit sur les feuilles
mortes et dans la mousse à une altitude d’environ 300 mètres; son
développement est particulièrement favorisé dans cette localité
par l’affleurement d’un filon de calcite très puissant, sur lequel
elle trouve le carbonate de chaux nécessaire à la formation de sa
coquille.
48. Stenogyra Swettenhami de Morgan.
PI. VI, fig. 6.
Stenogyra testa subulata, elongata, fusca, cornea, ad acutum
obtusa ; 12-14 anfractibus composita, optime convoluta, tenuissi-
mis lineis paralleliter striis ætatis ornata; sutura lineata, apertura
obliqua, elliptica; peristomate recto et acuto, labro columellari
reflexo.
Coquille. — Subulée, allongée, obtuse au sommet, composée de
12 à 13 tours de spire très régulièrement enroulés et ornés de
petites stries parallèles aux lignes de croissance, suture des tours
linéaire et très marquée, la suture recouvre une carène très
peu saillante du tour précédent; ouverture ovale, oblique par
rapport à l’axe, péristome droit et tranchant, bord columellaire
réfléchi.
Dimensions. — Longueur, 29%"; épaisseur maxima, 5""; lon-
gueur de l'ouverture, 6"; largeur de l'ouverture, 3",
Couleur, — Inconnue.
Œuf? — Sphérique, calcaire, de 1/2"" de diamètre.
Habitat. — Dans les fentes des rochers au G. Tchôra, près
d’Ipoh (Kinta).
Observations. — Je n'ai jamais rencontré que des individus
morts de cette belle espèce et c’est en les nettoyant que j'ai trouvé
les œufs, bien qu'il n’y ait pas certitude que ces œufs appartien-
nent à cette espèce, je crois intéressant de les citer.
Rapports et différences. — Cette espèce se distingue du Séenogyra
Tchehelensis par sa forme cylindrique et par l'existence d’une
carène à la partie inférieure du tour de spire.
49. Stenogyra gracilis Hutton.
Bulimus gracilis Hutton. Journ. As. Soc. Beng., III, p. 84.
390 J. DE MORGAN
Stenogira gracilis Stoliczka. Journ. As. Soc. Bengal, 1873,
v. XLIIL.
Habitat. — Hindoustan, Seychelles, Sumatra, Java, Siam, Bir-
manie. Pégou. J’ai rencontré cette espèce à P. Pinang sous les
Cocotiers, partout elle est très abondante.
XXV. Genre RHODINA de Morgan.
Genus Rhodina, testa dextrorsa, cylindracea, striata, plurimis
anfractibus, acuto obtusa, ultimo anfractu largissimo; apertura
triangulata; labro columellari spirali, reflexo eminentissimo;
peristomate continuo.
Coquille. — Dextre, cylindracée, striée, tours de spire nom-
breux; sommet obtus; dernier tour subcaréné, plus grand que
l’avant-dernier; ouverture triangulaire; bord columellaire des
spires réfléchi et très saillant; péristome continu.
Rapports et différences. — Ce genre voisin du genre Rhodea s’en
distingue par la nature de son ouverture qui est disposée en
cornet et par le manque de carène saillante sur les tours de spire.
50. Rhodina Perakensis de Morgan.
PIN ASE
Rhodina testa cylindracea, subulata, fragili, fusca, cornea,
10 anfractibus composita, regulariter convoluta, striis ætatis irre-
gulariter positis et maxime apparentibus ornata; sutura lineata
et manifeste; apertura triangulata, obliqua; peristomate recto et
acuto ; labro columellari reflexo.
Coquille. — Cylindracée, subulée, fragile, composée de 10 tours
de spire dont la largeur croît avec une grande régularité; stries
d’accroissement très marquées et irrégulières; suture des tours
de spire linéaire et très fortement marquée: ouverture triangu-
laire occupant un plan oblique à l’axe et formant avec ce dernier
un angle d'environ 30°; péristome droit et mince; bord columel-
laire très réfléchi.
Dimensions. — Longueur, 25%"; diamètre moyen, 3""5; diamètre
du dernier tour, 45 ; longueur de l'ouverture, 5"; largeur, 3".
Couleur. Jaune corné.
Habitat. — J'ai rencontré cette espèce dans les feuilles mortes
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 391
amassées entre les blocs calcaires au mont Tchôüra, près d’Ipoh
(Kinta). !
Observation. — Un seul exemplaire.
XXVI. Genre SCOPELOPHILA Albers.
51. Scopelophila palmira Stoliczka.
Pupa (Scopelophila) palmira Stol. Journ. As. Soc. Bengal, vol.
XL parti onv 4 Den He
Habitat. — Poulo Pinang et la Province Wellesley.
XXVII. Genre PUPISOMA Stoliczka.
52. Pupisoma orcella Stoliczka.
Pupa (Pupisoma) orcella Stol. Journ. As. Soc. Bengal, vol, XLII,
part I, n° 1, p. 33, pl. n, fig. 2, 1873.
Habitat. — Poulo Pinang.
XXVIII. Genre PHÆDUSA H. et A. Adams.
53. Phædusa filicostata Stoliczka.
Clausilia (Phœdusa) filicostata Stol. Journ. As. Soc. Bengal, vol.
XLII, part IL, p. 28, pl. m1, fig. 7-8, 1873.
Var. 8 tenuicostata G. Neville, Jand-list of Mollusca, p. 183, 1878.
Habitat. — P. Pinang (Stoliczka), Boukit Pondong (Pérak),
(Dr E. Townsend), Singapore.
54. Phæœdusa penangensis Stoliczka.
Clausilia (Phœdusa) penangensis Stoliczka. Journ. As. Soc. Ben-
gal, vol. XLII, part Il, p. 27, pl. n, fig. 4-6 and 15-17, 1875.
Habitat. — P. Pinang (D° Stoliczka).
XXIX. Genre PSEUDONENIA Büttiger.
55. Pseudonenia Kapayanensis de Morgan.
PLEINS He:
Pseudonenia testa sinistrali, fusca, apertura alba, fusiformi,
392 J. DE MORGAN
cylindricea, tenui, angusta, tenuiter striata, fusca, cornea, 13 vel
14 infractibus parum rotundatis, convexiusculis, obliquisque
composita, ultimo anfractu coarctato, prope aperturam oblique
birugato ; sutura lineata ; apertura magna, subtriangulata, den-
tibus 3 ad labrum columellarem ornata ; labro reflexo albidoque.
Clausilium tenue, mediocriter apertum et inferne acutissimum.
Coquille. — Senestre, fragile, fusiforme, cylindroïde, très aiguë
au sommet, finement stricte parallèlement aux lignes d’'accroisse-
ment; spire composée de 13 à 14 tours légèrement arrondis, le
dernier étant contracté un peu au-dessous de l'ouverture, et for-
tement plissé, ouverture grande, droite, subtriangulaire ; péris-
tome réfléchi, mince, garni de deux forts plis du côté du bord
columellaire, et d’une petite dent très peu marquée au-dessus de
ces deux plis.
Clausilium mince et très fragile, très allongé, non denté, ter-
miné à sa partie externe par un élargissement triangulaire.
Dimensions. — Longueur, 22"; épaisseur, 3""1/2;: longueur de
l'ouverture, 4"m,
Habitat. — Cette espèce est assez abondante sur le G. Lano,
près Campong Kapayau, elle vit sur les troncs d'arbres et au
milieu des détritus végétaux avec les Alycaeus et les Aulopoma,
le G. Lano est d’ailleurs la seule localité où je l’aie rencontrée.
Rapports et différences. — Cette coquille ressemble, à première
vue, à la CT. filicostata et à la CI. penangensis, mais elle se sépare
aisément de ces deux espèces par sa forme générale presque
cylindrique, par la position de son ouverture qui esl très peu
déjetée, ainsi que par l'existence d’une troisième dent au sommet
du bord columellaire.
XXX. Genre SUCCINEA Draparnaud.
56. Succinea Taylori Pfeifferr.
Succinea Taylori Pfr. Proc. Zool. Soc., 1851.
Habitat. — Singapore.
XXXI. Genre MELAMPUS Denys de Montfort,
97. Melampus pulchellus Petit.
Auricula pulchella Petit. Proc. Zool. Soc., 1842, p. 202.
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 393
Melampus pulchellus H. et A. Adams. Proc. Zool. Soc., 1854,
p.145 n°929;
Habitat. — Iles Zébou, Singapore (Pfr.).
58. XXXII. Melampus singaporensis Pfeiffer.
Melampus singaporensis Pfr. In Malak. BL., 1855, p. 8.
— — H. et A. Adams. Gen. rec. Moll., II, p. 243.
—— _ PirNovit: cOnch.4, n° 81,/D. 46, 1. XI
fig. 15-16.
Habitat. — Singapore (J. S. Bacon).
59. Melampus Crossei de Morgan.
PLVNIN; f5:10.
Melampus testa imperforata, subfusiformi, ovata, solidula, al-
bida, sublævigata, alba, optime convoluta, 6 anfractibus compo-
sita; sutura lineari; apertura verticali, angusta ; basi effusa, haud
dilatata; dentibus 6 vel 7 parietibus et 2 labro columellari ornata ;
peristoma acuto haud reflexo.
Coquille. — Dextre, ovale, globuleuse, lisse, composée de 6 à 7
tours de spire, très régulièrement enroulés, cône spiral très aplati,
suture linéaire très distincte, ouverture très longue, beaucoup
plus large vers la columelle que vers la suture, bord colmellaire
orné de deux forts plis, bord externe portant six à sept plis de
taille variable et terminés un peu avant l'ouverture; péristome
linéaire droit.
Dimensions. — Longueur, 9""1/2; largeur, 6""; longueur de
l'ouverture, 8m; largeur de l’ouverture près de la columelle, 2mn.
Couleur. — Blanche.
Habitat. — J'ai rencontré cette espèce à l'embouchure d’un
ruisseau près de P. Tihous (P. Pinang).
XXXIII Genre SIDULA Gray.
60. Sidula mustelina Deshayes.
Auricula mustelina Desh. Encycl. méth., Il, p. 92, n° 14.
— — Küst. Auric., p. 28, t. IV, fig. 3-4.
394 J. DE MORGAN
Auricula rhodostoma Hoinbr. et Jacq. Voy. Pol. Sud. Zool., Y,
p. 33, t. IX, fig. 1-3.
Cassidulus mustelæ Beck. Ind. p. 105, n° 3.
Cassidula mustelina H. et A. Adams. Proc. Zool. Soc., 1854, p. 31,
n° 4, Gen. rec. Moll., II, p. 238.
— — Pfr. Syn. Auric., n° 119.
Habitat. — Nouvelle-Zélande (Pfr.) Singapore, P. Pinang (Ba-
con et Cantor). J'ai rencontré cette espèce dans les bakaos de
P. Pinang et de la prov. Wellesley.
61. Sidula auris-felis Bruguière.
Bulimus auris-felis Brug. Encycl. meth., I, p. 343, n°0 77.
Ellobium inflammatum Bolt. Mus., p. 106, n° 1352, Ed. alt., p. 74,
11925.
Auricula auris-felis Blainv. Dict.sc. nat., III, Suppl., p. 132.
Cassidula felis Gray. Proc. Zool. Soc., 1847, p. 179.
Rhodostoma coffea Swains. Malac., p. 344.
Habitat. — Manille (H. Cuming). Singapore (Benson). Cette
espèce est très abondante dans les bakaos sur toute la côte Est
du golfe du Bengale, je l'ai rencontrée à P. Tikous (P. Pinang), à
Boukit Tamboun (Prov. Wellesley) et à l'embouchure du fleuve
de Pérak.
62. Sidula Sowerbyi Pfeifrer.
Auricula sowerbyana (Sidula) Pfeiffer. Zeitsch. f, Malak., 1853,
pr 12.
Habitat. — Singapore, Mareton-Bay, Australie (Pfr.).
63. Sidula Bensoni Pfeiffer.
Auricula Bensoni Pfeiffer. Malak., 1855, p. 7.
Habitat. — Singapore (Pfr.).
64. Sidula nucleus Martens.
Limaæ nucleus Mart. Conch., II, t. LXVII, fig. ex Ed. Chenu.,
AXIV, 672,
IHeliz nucleus Gmelin. Syst., p. 3651, n° 255.
Auricula nucleus Fer. Prodr. p. 105, n° 26.
Cassidulus nucleus Beck. Ind., p. 105, n° 4.
nl
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 395
Rhodostoma nucleus Swains. Malac., p. 334.
Cassidula nucleus Môrch. Cat. Yold., p. 38, n° 776.
Habitat. — Manille, Singapore (Pfr.).
XXXIV. Genre PLECOTREMA H. et À. Adams.
65. Plecotrema typica H. et À. Adams.
Plecotrema typica H. et À. Adams. Proc. Zool. Soc., 1853, p. 120.
Habitat. — Poulo Pinang, I. Tachoban, I. Pilippines (Pfr.).
66. Plecotrema punctatostriata H. et A. Adams.
Plecotrema punctatostriata H. et A. Adams. Proc. Zool. Soc.,
1830 ALT
Habitat. — Borneo, Singapore (Pfr.).
XXXV. Genre ELLOBIUM Bolten.
67. Ellobium auris-Judæ Linné.
Bulla auris-Judæ Linné. Syst., ed. X, p. 728, n° 345.
Voluta auris-Judæ Linné. Syst., ed. XII, p. 1187, n° 393.
Heliæ auris-Judæ Müller. Hist. verm., I, p. 109, n° 310.
Bulimus auris-Judæ Brug. Encycl. méthod., I, p. 344, n° 78.
Ellobium auris-Judæ H. et À. Adams. Proc. Zool. Soc., 1854, p. 7.
Gen. rec., Moll.:Tf,:p- 237-
Auricula Judæ Lam. Æist. VI, 2, p. 137, n° 2, Ed. Desh., VIII,
p. 224.
Habitat. — Moluques, Philippines et Australie (Pfeiffer). Cette
espèce est assez abondante dans les bakaos de la province Wel-
lesley; je l’ai rencontrée sur les îlots boueux, découverts à ma-
rée basse, auprès de Boukit Tamboun, je ne l'ai pas rencontré
dans d'autres localités.
68. Ellobium auris-Midæ Linné.
Bulla auris-Midæ Linné. Syst, ed. X, p. 728, n° 344.
Voluta auris-Midæ Linné. Syst., ed. XIT, p. 1186, n° 392.
Helix auris-Midæ Müller. ist. verm., II, p. 110, n° 311.
Bulimus auris-Midæ Brug. Encycl. méth. 1, p. 342, n° 46.
Eilobium auris-Midæ H. et A. Adams. Proc. Zool. Soc., 1854,
pit:
396 J. DE MORGAN
Auricula Midæ Lam. Æist., VI, 2, p. 137, n° 1. Ed. Desh. VIII,
p. 323.
Habitat. — Moluques, Céram, N. Guinée (Lesson). Malacca
(H. Cuming). Cette espèce se rencontre dans les bakaos de la
rivière Krian (royaume de Pérak). J'en possède un seul exem-
plaire qui m'a été donné par le R. P. J. Wood qui l’a ramassé à
3 ou 4 kilomètres du littoral sur un îlot découvert à marée basse.
69. Ellobium semisculptum H. et A. Adams.
Ellobium semisculptum H. et A. Adams. Proc. Zool. Soc. 1854.,
D, 07419,
Auricula semisculpta Pfr. Syn. auric., n° 139.
Habitat. — T. Gambier (Pfr.). J'ai rencontré à P. Tikous (P. Pi-
nang) plusieurs exemplaires morts de cette espèce.
70. Ellobium Chaperi de Morgan (1).
Auricula stagnalis d'Orb. Syn., p. 23, n° 3, in Guér. Mag., 1835.
Habitat. — Guayaquil, I. Tumaco, Panama (d'Orb.), Malacca
(Pire).
71. Ællobium semiplicatum H. et À. Adams.
Ellobium semiplicatum . et A. Adams. Proc. Zool. Soc., 1854,
p.56, n° 15%, Gen.rec. Moll:, II, p. 237.
Auricula semiplicata Pfr. Syn. Auric., n° 144.
Habitat. — Singapore (Pfr.).
72. Ellobium penangense de Morgan.
PLANTE Ame
Ellobium testa ovata, globosa, solida, fusca, alba ad aperturam
6 vel 7 anfractibus composita, 3 vel 4 truncatis, ultimo anfractu
convexo, ingentiori quam primis; pellicula crassa tecta, spiraliter
tenuissime striata, lineis ætatis ornata; apertura oblonga; peris-
tomate intus calloso; labro columellari dupliciter maximeque
plicato, ante ultimo anfractu dente munito; sutura lineata, vix
apparenti linea caligimosa ornata.
(1) Cette espèce ne peut porter le nom de stagnalis, puisque ce nom appartient
dans le vrai genre Auricula (Klein) à l'Helix stagnalis Linné.
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK a
Coquille. — Dextre, globuleuse, ovale, solide, composée d’envi-
ron 6 à 7 tours de spire convexes; les trois ou quatre premiers
étant tronqués ou fortement et fortement altérés, le dernier étant
beaucoup plus grand que le reste de la coquille; coquille recou-
verte d'un épiderme assez épais orné de stries longitudinales très
fines et très régulières et de lignes d’accroissement beaucoup
moins régulièrement formées ; couverture oblongue, ornée de
deux forts plis sur le bord columellaire et d’une petite dent entre
le bord columellaire et la suture; péristome formant intérieu-
rement un bourrelet coupant, légèrement échancré dans la partie
voisine de la suture qui est très peu marquée, linéaire et ornée
d’une ligne foncée très brillante.
Dimensions. — Longueur, 12""1/2; largeur, 8°"; longueur de
l'ouverture, 8"; largeur de l'ouverture, 3m",
Couleur. — Cette coquille est d’un blanc mat et est recouverte
d’un épiderme brun-rougeûtre.
Habitat. — J'ai rencontré un seul exemplaire de cette espèce
dans les bakaos de P. Tikous (P. Pinang).
XXXVI. Genre SCARABUS Denys de Montfort.
73. Scarabus inflatus Pfeiffer.
Pythia inflata Pfr. Zeitschrift fur Malak., 1853, p. 192.
Habitat. — J'ai rencontré cette espèce à P. Tikous (P. Pinang),
où elle semble être assez rare.
Observations. — Les deux exemplaires adultes que je possède
sont moins gros que celui figuré par Reeve; cependant ils présen-
tent absolument les mêmes caractères.
74. Scarabus borneensis Adams.
Pithia borneensis Adams. Proc. Zool. Soc., 1850, p. 152.
Habitat. — J'ai rencontré cette espèce en assez grande abon-
dance aux environs de Telok-Anson (Kinta) dans les marécages
laissés à découvert à marée basse près de l'embouchure d’un
ruisseau. Je l’ai trouvée aussi aussi à Boukit Tamboun (Prov.
Wellesley) dans les mêmes conditions d'habitat ; mais dans cette
dernière localité elle est très rare. — Cette coquille est abondante
à Bornéo.
398 J. DE MORGAN
XXXVII Genre LIMNOPHYSA Fitzinger.
75. Lymnophysa singaporina Küster.
Limnœus singaporinus Kus. T. I, part. XVII, p. 35, n° 50, tab. 6,
fig. 17.
Habitat. — Singapore.
XXXVIII. Genre CERATITES Tournefort.
76. Ceratites exustus Desh.
Planorbis eœustus Desh. Bél. Zool., p. 417, t. I, fig. 11-13, 1834.
Habitat. — Cette espèce vit en grande abondance dans les fos-
sés de la province Wellesley, elle existe en Chine et dans presque
toute l’Asie centrale.
XXXIX. Genre CYCLOTUS Gldg.
77. Cyclotus Lindstedti Pfeiffer.
Cyclotoma Lindstedti Pfr. Proc. Zool. Soc., 1856, p. 391.
Habitat. — Mont Ophir, presqu'île Malaise (F. W. Lindstedt).
78. Cyclotus Dautzenbergi de Morgan.
PL: VIT Gone
Cyclotus testa, complanata, translucida cærulea ad aperturam
albida, perampliter patentissimeque umbilicata, anfractibus 4-5
composita, optime convoluta, lineis ætatis ornata; cono spirali
ad planum reducto, ante ultimo anfractu ab aliis separato, aper-
tura obliqua, subcirculari, peristomate recto; operculo corneo,
circulari.
Coquille. — Aplatie, très largement ombiliquée, ornée de stries
d'accroissement très peu marquées, composée de 4 à 5 tours de
spire enroulés très régulièrement, cone spiral très aplati, dernier
tour de spire décollé un peu avant l'ouverture, qui est très légère-
ment oblique à l'axe, circulaire, muni vers la partie voisine de
la suture d'un sinus très étroit, péristome droit à la partie interne,
réfléchi à la partie externe.
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 399
Dimensions. — Hauteur, 5"; largeur maxima, 14"; diamètre de
l'ouverture, 5m,
Couleur. — Cette coquille est transparente et d’un beau vert
olive, son opercule est grisàtre et garnien son milieu d’un nucléus
noir.
Habitat. — G. Tchôra près Ipoh (Kinta).
XL. Genre OPISTHOPORUS Benson.
79. Opisthoporus rostellatus Pfeiffer.
Cyclostoma rostellatum Pfr. In Chemn., ed. nov., p.289,t.XXX VIII,
fig. 30 à 34.
Opisthoporus rostellatus Pfr. Monog. Pseum., p. 26, n°3.
Habitat. — Presqu'ile Malaise.
80. Opisthoporus solutus Stoliczka.
Opisthoporus solutus Stol. Journ. As. Soc. Bengal, vol. XLI, part
2, p. 266, pl. x, fig. 8-10, 1872.
Habitat. — P. Pinang. Sous les feuilles mortes et eu milieu des
détritus végétaux dans la grande forêt. Assez rare (Stoliczka).
J'ai rencontré cette coquille dans la vallée de Kinta au G.
Tchôra et au G. Lano; sur la montagne elle semble être moins
rare que dans le bas des vallées.
81. Opisthoporus penangensis Stoliczka.
Opisthoporus penangensis Stoliczka. Journ. As. Soc. Bengal, vol.
XLE part 2; D'2002DL X, 6 71072:
Pterocyclus (Opisthoporus) penangensis Grosse. Journ. Conch.,
3° sé. 4 XX, n°4 D 398; 1814
Habitat. — Boukit Poudong, Pérak (Dr E. Townsend), P. Pinang
(D: Stoliczka).
J'ai rencontré cette espèce dans tout le royaume de Pérak, dans
celui de Patani; dans la province Wellesley et à Poulo Pinang elle
est abondante.
400 J. DE MORGAN
XLII. Genre RHIOSTOMA Benson.
82. Rhiostoma Jousseaumei de Morgan.
PL. VIT, fig. 2:
Rhiostoma testa cæruleo fusca, subampliter perspective umbili-
cata, complanata, discoidea, anfractibus quinque composita,
crassa, olivacea, tenuis lineis ætatis ornata, anfractibus rotun-
datis, juxta suturas canalicula depressis; sutura lineata, ante
ultimo anfractu ab aliis separato; apertura, oblique subcirculari ;
labro incrassato haud reflexo ; juxta aperturam tubulo parte supe-
riori aperto; operculo corneo circulari.
Coquille. — Aplatie, très fortement ombiliquée, formée de 5 tours
de spire, ornée de lignes très fines d'accroissement et recouverte
de cils microscopiques qui lui donnent un aspect velouté. Suture
des tours linéaire, le dernier tour se séparant de l’avant-dernier ;
ouverture oblique à l’axe, circulaire ; péristome droit, au-dessus
de l'ouverture vers le bord interne est un tube long de 4 à 5 milli-
mètres et ouvert à son extrémité.
Opercule corné, épais, circulaire, formé d’une série de petites
lames juxtaposées.
Dimensions. — Hauteur, 6%"; largeur maxima, 19"; diamètre de
l'ouverture, D",
Couleur. — Brune.
Habitat. — Cette espèce est très rare, je l'ai rencontrée dans la
haute vallée de Kinta (Pérak) où elle vit sur les feuilles mortes
dans la jungle basse.
XLIII. Genre PTEROCYCLOS Benson.
83. Pterocyclos Blandi Benson.
Pterocyclos Blandi Benson. Ann. and Mag., VIII, 1851, aug., t. V,
fig. 1.
Habitat. — Poulo Sousson, île voisine de P. Pinang (Bland).
84. Pterocyclos Regelspergeri de Morgan.
PL. VIIT, 085.
Plerocyclos testa depressa, perampliter patentissime umbili-
MOLLUSQUES TERRESTRES "ÉPÉPLUVIATILES DE PÉRAK 401
cata, fusca, maculis nigris regulariter ornata, apertura alba an-
fractibus quinque composita, lineis parallelis striis ætatis ornata,
anfractibus rotundalis, juxta suturas canaliculo depressis; aper-
tura obliqua, circulari; labro subcaloso, parum reflexo ; operculo
circulari et corneo.
Coquille. — Très déprimée, très largement ombiliquée, compo-
sée de cinq tours de spire, ornés de stries très fines parallèles aux
lignes d’accroissement ; suture des tours linéaire, au-dessous de
laquelle se trouve un sillon profond recouvert par son bord exté-
rieur qui, formant un canal suivant toute la ligne de suture,
devient plus large en approchant de l'ouverture et se termine par
une carène qui recouvre entièrement le canal et forme un tube de
4 à 5"* de longueur. Ouverture occupant un plan oblique par
rapport à l'axe, presque circulaire, à bords légèrement évasés,
échancrée vers la suture par le sillon, coupée à angle droit. Le
test de cette coquille, tel qu’on peut le voir à l'ouverture est com-
posé de deux parties d'égale épaisseur et collées l’une à l’autre,
la partie interne est lisse, compacte et très brillante, tandis que
la partie externe est plus poreuse.
Opercule circulaire, corné, la face interne présentant une dé-
pression sphérique ornée en son milieu d’un nucléus brillant, la
face externe formée d’une hélice analogue à celle de l’opercule
du C. semisulcatus, mais garnie de lamelles membraneuses très
minces destinées à rendre la fermeture de l’opercule plus hermé-
tique.
Dimensions. — Hauteur, Sun; largeur maxima, 25%; diamètre de
l'ouverture, 8"n.
Couleur. — Cette coquille est d’un jaune corné à la partie supé-
rieure et brune à la base, elle est ornée d’une bande noire sur la
partie extérieure des spires, tandis que la partie supérieure est
ornée de taches brunes très foncées, régulièrement espacées et
qui donnent à la coquille l'aspect d’un serpent enroulé.
Habitat. — Cette coquille est relativement abondante dans la
haute vallée de Kinta (royaume de Pérak), on la rencontre dans
la jungle basse au pied des arbres.
Rapports et différences. — Cette espèce est voisine du C. annu-
latus (Troschel) de Ceylan, mais elle s’en distingue par le peu de
hauteur de son cone spiral et par l’existence d’un tube au-dessus
de son ouverture et ses couleurs d’ailleurs sont très différentes
dans leur distribution.
402 J. DE MORGAN
XLIITL. Genre ALYCÆUS Gray.
85. Alycœus gibbosulus Stoliczka.
Alycœus gibbosulus Stoliczka. Journ. As. Soc. Bengal, vol. XLI,
part 2, p. 268, pl. x, fig. 14, 1872.
Habitat. — Boukit Pondong, Pérak (D' Townsend), P. Pinang
(Dr Stoliczka).
Je n’ai rencontré cette espèce qu’au Gounong Tchüra près Ipoh
(Kinta) sur les rochers calcaires et les troncs d'arbres.
86. Alycœus Perakensis Grosse.
Alycœus perakensis Crosse. Journ. Conch., vol. XXVII, p. 206,
pl. xni, fig. 7, 1879.
Habitat. — Boukit Pondong, Pérak (Dr E. Townsend).
87. Alycœus Jousseaumei de Morgan.
PI VIIL Php
Alycæus testa alba depressa, perforata, 4 anfractibus convexis
composita ; sutura lineata, ante ultimo anfractu prope aperturam
maxime contracto, anfractibus striis ornatis paralleliter lineis
ætatis ; apertura fere circulari; peristomate duplici et reflexo.
Coquille. — Déprimée, perforée, composée de 4 tours de spire,
tours convexes, suture linéaire, dernier tour très ventru et se
contractant fortement un peu au-dessus de l'ouverture, tours de
spire ornés de stries très fines parallèles aux lignes d’accroisse-
ment. Un peu au-dessus de l’étranglement de la dernière spire est
un bourrelet qui recouvre la suture sur une longueur variant
avec l’âge de l'animal. Ouverture presque circulaire, péristome
double et réfléchi présentant la forme d’un fer à cheval dont la
partie concave est tournée vers l'ombilic.
Opercule corné, multispiré, circulaire, concave en dehors,
muni d'un nucléus central saillant à la partie interne.
Dimensions. — Hauteur, 6"%; largeur maxima, de 11 à 15m; dia-
mètre de l'ouverture, 4"m,
Couleur. — D'un blanc laiteux.
Habitat. — Gette espèce vit sur le mont Lano, près de Campong
Kapayan, où elle est assez abondante. Je ne l'ai jamais rencontrée
autre part dans le royaume de Pérak.
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 403
88. Alycœus Kapayanensis de Morgan.
PLAIT, 5.40:
Alycæus testa cornea conica, perforata, 5 anfractibus convexis
composita, anfractibus ornatis striis parallelis lineis ætatis, ante
ultimo anfractu ventricoso, prope aperturam maxime contracto;
sutura lineata; apertura obliqua; peristoma reflexo; operculo
corneo discoideo ad faciem externam concavo et internam con-
vexo.
Coquille. — Conique, perforée, composée de 5 tours de spire
convexes, ornée de côtes très fines parallèles aux lignes d’accrois-
sement. Le dernier tour est ventru et se contracte très fortement
un peu au-dessus de l'ouverture, suture des tours linéaire, ou-
verture oblique, péristome réfléchi; opercule corné, circulaire,
convexe et lisse en dedans et concave en dehors.
Dimensions. — Hauteur, 41/2; largeur maxima, 4"; diamètre
de l'ouverture, 22",
Couleur. — Cette coquille est d’un beau jaune citron, son péris-
tome est blanc.
Habitat. — J'ai rencontré cette espèce sur les rochers calcaires
du G. Lano avec l’Alycœus Jousseaumei.
Rapports et différences. — Cette espèces se rapproche de l'A.
gibbosulus par sa forme générale, mais elle en diffère par sa taille,
par sa coloration jaune et par la forme de son péristome qui est
simple, tandis que chez l’AL. gibbosulus il est double.
89. Alycœus Thieroti de Morgan.
Alycæus testa, lutea, heliciformi, conica, globulosa, perforata,
5 anfractibus convexis composita lineis parallelis striis ælatis
ornata, in ultimo anfractu fere lævigata ; ultimo anfractu maxime
ventricoso et contracto ante aperturam ; apertura circulari; peris-
tomate maxime reflexo,; sutura lineata; operculo corneo et cir-
culari.
Coquille. — Héliciforme, conique, globuleuse, perforée, compo-
sée de cinq tours de spire convexes, ornée de côtes très fines
parallèles aux stries d’accroissement, dans le dernier tour ces
ornements s’atténuent et donnent à la coquille un aspect presque
lisse. Le dernier tour est très ventru et se contracte fortement
au-dessus de l'ouverture. Péristome très évasé et en forme de fer
404 J. DE MORGAN
à cheval comme dans l'Alycœus Jousseaumei, suture des tours de
spire linéaire, opercule corné.
Dimensions. — Hauteur, 4"; largeur maxima, ""; diamètre de
l'ouverture, 27".
Couleur. — Jaune rouge.
Habitat. — J'ai rencontré cette espèce sur le G. Lano où elle
semble être très rare.
Rapports et différences. — Cette espèce est très voisine des Al.
gibbosulus et Al. perakensis, elle diffère de l’Alycœus gibbosulus par
sa taille, sa couleur et la forme de son péristome, de l'A. pera-
kensis par sa forme globuleuse et la nature de son ornementation,
les stries dans l'A. perakensis étant beaucoup plus accentuées
que dans l'A. Thieroti; elle en diffère aussi par sa couleur jaune
rouge.
XLIV. Genre HYBOCYSTIS Benson.
90. ZZybocystis elephas de Morgan.
PL'VILS EME
Hybocystis testa crocea, ovoidea, deformata, solida, 7 anfrac-
tibus composita, primis anfractibus optime convolutis, striis
ætatis læviter ornatis; ultimo anfractu ad basem contracto, facie
inferiori frictu alterata, minutis striis et alveis ornata; apertura
circulari; labro haud reflexo in primis anfractibus et maxime
reflexo in adulta ætate ; operculo calceoso, circulari.
Coquille. — Ovoïde, déformée, solide, composée de 7 tours de
spire ; les premiers ornés de stries d’accroissement peu saillantes,
fortement usées, à développement assez régulier, le dernier tour
se contractant a la base, il forme un bourrelet mousse qui entoure
un ombilic assez étroit à face inférieure usé par le frottement, et
à face supérieure fortement incrustée de petites alvéoles et de
petits sillons irrégulièrement disséminés à la surface, suture des
tours de spire linéaire, nettement accentuée, au-dessous de laquelle
les derniers tours sont accompagnés d’un sillon assez profond qui
s'accentue de plus en plus avec les progrès des tours de la spire.
Ouverture presque circulaire occupant un plan parallèle à l'axe,
à bords mousses et non déjetés chez les individus très âgés,
déjetés au contraire lorsque la coquille arrive seulement à l'état
adulte, à cette période l'ouverture à la partie externe forme près
de la suture un angle nettement accusé.
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 405
Opercule calcaire, assez épais, circulaire, à face inférieure pres-
que plane, formée d’un demi-tour de spire séparé par une suture
d’un blanc laiteux, qui s’élargit en faisant environ 45° vers le
bord externe, elle est recouverte d’une mince pellicule cornée
noirâtre au commencement de la spire et brun marron sur la
moitié du dernier tour.
La surface extérieure est formée par des lamelles saïllantes se
développant en hélice, recouverte d’une membrane cornée et
foliacée dépassant sur les bords la partie calcaire. Cette hélice
présente 7 enroulements correspondant aux 7 tours de spire de
la coquille.
Œuf elliptique, aplati, corné, rougeûtre.
Dimensions. — Longueur, 50 à 57"; largeur, 24 à 27": épais-
seur, 22 à 24%: diamètre de l'ouverture, 17 à 20",
Couleur. — D'un jaune orangé, plus foncé au sommet qu’au der-
nier tour.
Habitat. — J'ai rencontré cette espèce dans tout le bassin du
fleuve Pérak et de ses affluents, dans les lieux humides sur la
mousse et les feuilles mortes.
Rapports et différences. — Cette espèce par sa grande taille ne
peut être comparée à aucune autre, sauf à l'espèce suivante,
l'A. Jousseaumei, à propos de laquelle je donnerai les caractères
distinctifs des deux espèces.
91. Æybocystis Jousseaumei de Morgan.
PNA RE 2:
Hybocystis testa albida, ovata, deformata, solida, vix umbili-
cata, 6 1/2 anfractibus composita, optime convoluta, 3 primis
anfractibus lævigatis, ultimis lineis ætatis ornatis; ultimo anfractu
complanato, major quam cæteros, facie inferiori frictu alterata,
minutis alveis ornata; apertura fere circulari, peristomate haud
reflexo in primis anfractibus et maxime in adulta ætate; sutura
lineata; operculo calceo, circulari.
Coquille. — Ovoïde, déformée, solide, à peine ombiliquée, com-
posée de 6 tours et demi de spire très régulièrement enroulés,
les 3 premiers lisses, les suivants ornés de stries d’accroissement,
usés, excepté près de la suture; le dernier tour, aplati et usé à la
face inférieure, constitue à lui seul la moitié du volume de la
coquille, la face inférieure est incrustée d’alvéoles profonds et
irréguliers dont les plus longs sont divisés par des lamelles;
406 J. DE MORGAN
suture linéaire très nettement accusée et accompagnée d'un
bourrelet strié; ouverture presque circulaire, occupant un plan
légèrement oblique par rapport à l'axe, bord mousse et légère-
ment déjeté formant chez les animaux très âgés un large bourre-
let qui ne mesure pas moins de 7°" de largeur dans la partie
antérieure ; opercule calcaire.
Dimensions. — Longueur, 44%: largeur, 22%": épaisseur, 20";
diamètre de l'ouverture, 15",
Couleur. — Blanchâtre, péristome teinté en jaunâtre.
Habitat. — Cette espèce est beaucoup plus rare que l’ZZ. elephas
et vit avec lui. Je l’ai rencontrée dans la haute vallée de Kinta et
dans celle du $. Pluss.
Rapports et différences. — Cette espèce diffère de la précédente
par la petitesse de sa taille, par sa coloration blanche, par la taille
plus grande du dernier tour à sa naissance, l'avant-dernier tour
formant sur le côté droit une gibbosité assez saillante, par un
aplatissement plus considérable de la face inférieure du dernier
tour. Le sillon qui couronne les tours de spire et accompagne la
suture est beaucoup plus profond dans cette espèce que dans la
précédente, l’ombilic est beaucoup plus étroit et l’ouverture
moins déjetée sur le côté droit. L’opercule présente en son milieu,
à la face inférieure, une petite cupule au centre de laquelle est un
petit nucléus et, à la face externe, il est plus bombé que dans
l'espèce précédente.
Observations. — Cette coquille est employée par les Sakayes
comme un ornement qu'ils pendent à leurs colliers.
XLV. Genre OPISTHOSTOMA W. Blanford.
92. Opisthostoma Paulluciæ Grosse et Nevill.
Opiothostoma Paulluciæ Crosse et Nevill. Journ. Conch., vol.
XX VII, p, 205, pl. vin, fig. 1, 1879.
Habitat. — Boukit Pondong, Pérak (Dr E,. Townsend).
XLVI. Genre PALAINA O. Semper.
93. Palaina Nevillei Crosse.
Palaina Nevillei Crosse. Journ. Conch., vol. XXVII, p. 203,
pl. vin, fig. 1, 1879;
Habitat. — Pérak (D' Townsend).
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 407
XLVII. Genre PAXILLUS H. et A. Adams.
94. Paxillus adversus H. et À. Adams.
Diplommatina adversa H. et A. Adams. Proc. Zool. Soc., 1852,
p. 93.
— — Pfr. Helic., II, p. 586.
Paæxillus adversus Pfr. Monog. Pseumon., p. 14, n° 1.
Habitat. — Poulo Pinang.
XLVIII. Genre AULOPOMA Troschel.
95. Aulopoma Lowi de Morgan.
Pl: VII, fig. 6.
Aulopoma testa, fusca, parvula, depressa, ampliter subexca-
vata, umbilicata, 4 anfractibus rotundatis composita, optime con-
voluta, ante ultimis anfractu ab aliis læviter separato; apertura
obliqua, circulari; peristomate recto et acuto; operculo corneo,
circulari, paulum largiore quam aperturam!; testa semper pluri-
bus linei coriis densis loricata ita ut anfractus latentes sint.
Coquille. — Petite, déprimée, très fortement ombiliquée, de
telle sorte que l’ombilic laisse voir la face inférieure de tous les
tours de spire, formée de 4 tours enroulés, très réguiièrement
encroûtée d’une pâte terreuse qui couvre toute la coquille et
laisss à peine distinguer les tours de spire. Cet encroûtement
forme à la base une carène très saillante et remplit l'ombilic qu’il
transforme en une simple perforation.
Débarrassée de son encroûtement, cette coquille présente un
enroulement très régulier de tours de spire ronds, ornés de lignes
très fines d’accroissement. Le dernier tour se décolle légèrement
de la spire un peu avant l'ouverture qui est oblique et circulaire;
péristone droit; opercule corné circulaire, légèrement convexe à
sa face interne et concave au-dehors. Il est un peu plus grand
que l'ouverture.
Dimensions. — Hauteur, 3"*; largeur maxima, 8""; diamètre de
l'ouverture; -22%
Couleur. — Couverte de son encroûtement, cette coquille est
brune, elle devient verdâtre quand elle est bien nettoyée.
408 J. DE MORGAN
Habitat. — J'ai rencontré cette espèce sur le G. Lano, où elle
vit en assez grande abondance.
Observations. — Cette coquille présente un aspect si singulier
que j'ai pris pour une larve d’Insecte le premier exemplaire que
j'ai rencontré.
XLIX. Genre CYCLOPHORUS Denys de Montfort.
96. Cyclophorus Borneensis Metcalfe.
Cyclostoma borneense Metcalfe. Proc. Zool. Soc., 1851, p. 71.
Habitat. — Bornéo (Metcalfe, Reeve). Cette espèce vit dans la
vallée de Kinta dans les parties humides. Je l’ai rencontrée à
Lahat, Pappan, Batou Gadja et Goping, elle est assez rare.
Observations. — Gette espèce est extrêmement variable dans sa
taille et peut être divisée en deux variétés bien distinctes par
lenr différence considérable de grandeur, mais qui, présentant des
caractères identiques, ne peuvent être séparées l’une de l’autre.
Les dimensions extrêmes de cette espèce sont les suivantes :
V. major : Diamètre maximum, 32m; hauteur, 20m; longueur
de l'ouverture, 14m%; largeur de l’ouverture, 12"n,
V. minor : Diamètre maximum, 209; hauteur, 15%"; longueur
de l'ouverture, 10m; largeur de l'ouverture, 8mn,
97. Cyclophorus tuba Sowerby.
Cyclostoma tuba Sowerby. Proc. Zool. Soc., 1843, p. 83.
Cyclophorus tuba Pfeifr.
Cyclophorus sumatrensis Pieifr.
Cyclophorus tuba Reeve. Sp., 9, pl. 111,
Habitat. — Reeve cite cette espèce de Malacca et de Sumatra,
je ne l'ai jamais rencontrée dans le royaume de Pérak.
98. Cyclophorus Pfeifferi Reeve et Sow.
Cyclophorus Pfefferi Reeve et Sowerby. Sp. Il, pl. 111.
Habitat. — Citée par Reeve comme vivant à Poulo Pinang. Je
ne l'y ai pas rencontrée.
99. Cyclophorus aquilus SOw.
Cyclostoma aquilum Sowerby. Proc. Zool. Soc., 1843, p. 61.
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 409
Cyclostoma subtrochiforme Souleyet.
Cyclophorus aquilus Pfeiffer.
Cyclophorus aquilus Reeve. Conch. sp. 45, pl. xI.
Habitat, — Reeve cite cette espèce comme vivant à Singapore
et en Chine. Je ne l’ai jamais rencontrée.
100. Cyclophorus Garreli Souleyet.
Cyclostoma Garreli Souleyet. Voy. Bonite. Zool., II, p. 538, t. XXX,
fig. 33-37.
Leptopoma Garreli Bens. Ann. and Mag., sér. I, t. XIV, p. 416.
Habitat. — Poulo Pinang (Pfr.).
101. Cyclophorus perdix Broderip et Sowerby.
Cyclostoma perdix .Broderip et Sowerby. Zool. Journ., vol. V,
p. 50.
Cyclostoma variegatum Valenciennes.
Cyclophorus perdix Pfeiffer.
Cyclostoma Zollingeri Mousson.
Cyclophorus Zollingeri Pfeifter.
Cyclostoma porphyriticum Benson,
Cyclophorus porphyriticus Pfeifrer.
Cyclophorus perdix Reeve. PI. v, sp. 21.
Habitat. — Cette espèce est citée par Mousson comme habitant
Java. Reeve la cite de la côte Est de la baie du Bengale de Poulao
Pinang. Je ne l’ai jamais rencontrée dans le royaume de Pérak.
10 2. Cyclophorus Cantori Benson.
Cyclosioma Cantori Benson. Ann. and Mag. Nat. hist., 1851,
vol. VII, p. 186.
Cyclophorus Cantori Pfeiffer.
Cyclophorus Cantori Reeve. Conch., sp. 54., pl. xt.
Habitat. — Cette espèce est citée par Reeve d’après le D' Cantor
comme vivant à Poulo Pinang. Je ne l’ai jamais rencontrée.
103. Cyclophorus Lahatensis de Morgan.
Pi VIA ENT.
Cyclophorus, testa fusca, complanata, perampliter umbilicata,
410 J. DE MORGAN
depressa, turbinata, lineis parallelis striis ætatis ornata, epiderme
tenui fuscente induta, anfractibus rotundatis 4-5 composita;
sutura lineata; apertura obliqua, circulari; peristomate recto et
acuto.
Coquille. — Aplatie, très largement ombiliquée, formée de 4 à 5
tours de spire ornés de lignes parallèles aux stries d’accroisse-
ment, recouverte d’un épiderme très mince, tours de spire ronds,
suture linéaire; ouverture oblique circulaire, péristome tranchant
chez les individus jeunes comme chez les adultes.
Dimensions. — Hauteur, 5"; largeur maxima,11"": diamètre de
l'ouverture, 4mm,
Couleur. — Brune claire, les deux premiers tours de la coquille
sont presque noirs.
Habitat. — J'ai rencontré cette espèce dans toute la haute vallée
de Kinta, à Lahat, Pappan, Ipoh, Gôping, etc. Elle vit dans la
jungle basse sur les feuilles mortes au pied des arbres.
Rapports et différences. — Très voisine du C. Penangensis de
Stoliczka. Cette espèce s’en distingue par la hauteur de son cone
spiral, par la profondeur de son ombilic, par l’obliquité du plan
de son ouverture et par sa coloration brune claire.
104. Cyclophorus semisulcatus Sowerby.
Cyclostoma semisulcatum Sow. Proc. Zool. Soc. London, p. 62,
1843.
Cyclophorus semisulcatus Crosse.Journ. Conch., 3° série, vol. XIX,
n° 4, p. 398.
Habitat. — Pérak (D' E. Townsend), Malacca (Pfr.). J'ai rencontré
celte espèce dans toute la péninsule.
Observations. — Les exemplaires que je me suis procuré dans le
royaume de Pérak sont beaucoup plus grands que celui figuré
par Reeve et donné comme provenant de Malacca, quelques-uns
de mes spécimens atteignent jusqu'à 53" de largeur. Quant à la
coloration, elle semble être assez constante dans cette espèce.
105. Cyclophorus Malayanus Benson.
Cyclophorus malayanus Benson. Ann. and Mag. Nat. hist., sér. 2,
vol. X, p. 269,.1852.
Habitat. — Boukit Pondong, Pérak (Dr E. Townsend), P. Pinang
(Dr Stoliczka), Inde, Siam (Crosse).
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK AT
J'ai rencontré cette espèce dans toute la péninsule Malaise, elle
est d’ailleurs très abondante si l’on en juge par le grand nombre
de spécimens morts que l’on rencontre dans les plantations ma-
laises de Pérak et de Patani.
Observations. — Cette espèce est très variable de coloration et
de forme. Il en existe une variété très petite présentant les mêmes
caractères que la grande et qui ne peut en être séparée.
Les dimensions maxima et minima de cette espèce, telle que je
l'ai trouvée moi-même dans la péninsule, sont les suivantes :
Variété «. — Diamètre, 55"; hauteur, 35"; diamètre de l’ouver-
UE 2020
Variété 8. — Diamètre, 42mm; hauteur, 27""; diamètre de l'ouver-
ture, 18m.
Quand elle est jeune, cette coquille présente un péristome sim-
ple et tranchant, tandis que dès qu'elle arrive à l’état adulte elle
refléchit le bord de son ouverture qui s'épaissit avec le temps ef
finit par se transformer en un bourrelet très épais sur lequel les
lignes d’accroissement sont fortement marquées.
L. Genre LAGQCHILUS Theobald.
106. Lagochilus Townsendi Crosse.
Lagocheilus Townsendi Crosse. Journ. Conch., vol. XXVII, p. 208,
pl. vin, fig. 3, 1879.
Habitat. — Pérak (D' E. Townsend) Crosse.
J'ai rencontré cette petite espèce en grande abondance dans les
environs de Lahat et de Gôping (Kinta). Elle existe d’ailleurs dans
presque toute la péninsule et vit dans les broussailles qui ont
remplacé les anciennes cultures malaises.
107. Lagochilus trochoides Stoliczka.
Lagocheilus Trochoides Stol. Journ. As. Soc. Bengal, vol. XLI,
part. 2, p. 270, pl. x, fig. 15, 1872.
Habitat. — Sur les rochers etau milieu des détritus végétaux
sur les montagnes, à une altitude variant entre 100 et 400 mètres,
P. Pinang. Espèce rare (Stoliczka).
108. Lagochilus striolatus Stoliczka.
Lagocheilus striolatus Stoliczka. Journ. Soc. As. Bengal, vol. XLI,
part..2, p.271, pl, 5e 16-18
412 J. DE MORGAN
Habitat. — Poulo Pinang au milieu des détritus végétaux, au
pied des montagnes; espèce rare (Stoliczka).
109. Lagochilus Swettenhami de Morgan.
PLV ñe8;:
Lag ocheilus testa fusca dextrorsa, trochoidea, vix umbilicata,
6 anfractibus rotundatis composita, striis tenuissimis ætaltis or-
nata, sutura profunde impressa; cono spirali acuto; apertura
obliqua, rotundata, intus albida ; peristomate reflexo, labro colu-
mellari depresso, operculo corneo.
Coquille. — Dextre, trochoïde, munie d’un ombilic très petit,
spire composée de six tours arrondis, marqués de stries très
fines d’accroisse ment, suture profonde, cône spiral très élevé,
aigu au sommet, ouverture oblique, grande, circulaire, péristome
réfiéchi, bord columellaire déprimé. Opercule corné.
Dimensions. — Hauteur, 7°"; largeur maxima, 5"*; diamètre de
l'ouverture, 2,5".
Couleur. — D'un blanc jaunàtre sous une mince pellicule brune
ornée de raies d’un brun plus foncé.
Habitat. — J'ai rencontré cette espèce aux environs de Lahat
(Kinta) et dans les rizières de C. Lassa (S. Pluss), elle semble être
assez rare.
Rapports et différences. — Cette coquille est assez voisine du
L. Townsendi Crosse, elle en diffère par la petitesse de son ombi-
lie, par la grandeur de son ouverture et par sa coloration brune,
tigrée.
LI. Genre LEPTOPOMA Pfeiffer.
110. Leptopoma aspirans Benson.
Leptopoma aspirans Benson. Ann. and Mag. Nat. hist, sér. 2,
vol. XVII, p. 229, 1856.
Habitat, — Boukit Pondong, Pérak (D' E. Townsend), Pégou
(D: Stoliczka), Tenasserim (Théobald).
LI. Genre MEGALOMASTOMA Gould.
A1. Megalomastoma sectilabrum Gould.
Cyclostoma sectilabrum Gould. Proceed. Boston. Soc. Nat. hist.,
p. 459, 1843.
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 413
Megalostoma sectilabrum Grosse. Journ. Conch., 3 série, t. XIX,
n°4, 1879, p399.
Habitat. — Pérak (D' E. Townsend) P. Pinaug (Dr A
Tavoy, Birmanie anglaise (Reeve, Francis Mason).
112. Megalomastoma Anostoma Benson.
Megalomastoma anostoma Benson. Thesa : Conch. de Sowerby,
vol. Il pl-cecxnr, Ge 20:
Habitat. J'ai rencontré cette espèce à l’état vivant sur le G. Tché-
hèl (vallée du $. Pluss) et à l’état mort dans les fentes des rochers
au pied du G. Tchüra, près Ipoh. Elle semble d’ailleurs être assez
rare partout. Indes (Sow.).
LIII. Genre RHAPHAULUS Pfeiffer.
113. Rhaphaulus Lorraini Pfeiffer.
Anaulus Lorraini Pfr. Proc. Zool. Soc., 1856, p. 36.
Rhaphaulus Lorraini Pfr. Novit. CC : L'D070, 1120 EX
fig. 21-22.
Habitat. — P. Pinang (D' Lorrain).
LIV. Genre PUPINA Vign.
114. Pupina arula Benson.
Pupina arula Bens. Ann. and. Mag. Nat. hist., sér. 2, vol. XVII,
p. 230, 1856.
Habitat. Boukit Pondong, Pérak (D' E. Townsend), Birmanie
(Crosse). Je n'ai pas rencontré cette espèce.
115. Pupina artata Benson.
Pupina artata Bens. Ann. and Mag. Nat. hist., sér. 2, vol. XVII,
p. 230, 1856.
Habitat. Boukit Pondong, Pérak (D' E. Townsend), Java (H. T.
Blanford), Moulmein (Dr Stoliczka).
J'ai rencontré cette espèce dans la jungle basse aux environs de
Lahat, Ipoh, Gôping, etc. (Kinta), elle vit sur les détritus végétaux
et est assez rare.
414 J. DE MORGAN
116. Pupina aureola Stoliczka.
Pupina aureola Stoliczka. Journ. As. Soc. Bengal, p. 2, t. XLII,
p. 267, pl. x, fig. 11-12, 1873.
Habitat. — Poulo Pinang (Stoliczka). J'ai rencontré cette espèce
dans les fentes des rochers calcaires au mont Tchôra, près d’'Ipoh
(Kinta), elle vit sur les feuilles mortes.
117. Pupina Lowi de Morgan.
PL VHrGe. 8:
Pupina testa albida ovata, globulosa, translucida et fragili, læ-
vigata fulgenteque, 6 anfractibus composita, ultimis anfractibus
ventricosis, acumine obtuso; sutura lineata vix manifesta; aper-
tura recta, circulari, ultimaque parli aperturæ sunt duo sinus
lateribus incrassali, unus ad suturam, alter ad extremitatem labri
columellaris positus; peristomate reflexo, proeminente, operculo
corneo.
Coquille. — Ovale, globuleuse, translucide et fragile, lisse et
brillante, composée de 6 tours de spire dont les deux derniers
sont très ventrus, le dernier étant énorme par rapport au reste
de la coquille, suture linéaire très peu visible, ouverture droite,
circulaire, garnie de deux sillons placés l’un au sommet du bord
columellaire, l’autre près de la suture. Péristome réfléchi, proémi-
nent à la partie externe de la spire. Opercule corné.
Dimensions. — Hauteur, 7%"; largeur, 5"":; diamétre de l’ouver-
ture, 20/2.
Couleur. — Brune cornée.
Habitat. — J'ai rencontré plusieurs individus de cette espèce
dans les lieux humides auprès de Lahat (Kinta),
Rapports et différences. — Beaucoup plus grosse que la P. Tche-
helensis, cette espèce s’en distingue par la forme de ses tours qui
sont beaucoup plus aplatis. Elle diffère aussi de la P. arula el de
la P, artata par la forme de son ouverture, la position du sinus
columellaire et par la forme de ses spires.
118. Pupina Tchehelensis de Morgan.
P1, VITE
Pupina testa albida ovata, globulosa, vix, densa, lranslucida,
lævigata fulgenteque; anfractibus quinque composila, ultimis
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 415
anfractibus ventricosis, acumine obtuso, sutura lineata vix ma-
nifesta apertura recta, circulari, contracta; labro incrassato ; non
longe a sutura ultimeque parti labri sunt duo «sinus lateribus
incrassati; operculo corneo, discoideo.
Coquille. — Ovale, globuleuse, peu épaisse, transparente, lisse
et brillante, composée de 5 tours de spire, dont les deux derniers
sont très ventrus, le dernier étant aussi gros que le reste de la
coquille; sommet obtus; suture des tours de spire linéaire, très
peu visible; ouverture droite, circulaire, rétrécie ; péristome garni
d’un petit bourrelet saillant. Près de la suture est un sillon bordé
d’un bourrelet très fin; à l'extrémité du bord columellaire est un
autre sillon ou sinus également bordé par un bourrelet. Opercule
corné, circulaire.
Dimensions. — Hauteur, 5""; épaisseur, 3""1/2; diamètre de
l'ouverture 12212
Couleur. — Blanchâtre.
Habitat. — J'ai rencontré cette espèce sur le mont Tchéhèl, elle
vit au milieu des détritus végétaux.
Rapports et différences. — Beaucoup plus petite que le P. au-
reolata Stol. Cette espèce s’en distingue par la hauteur à laquelle
se trouve le sillon du bord columellaire, de plus ce bord qui est
légèrement détaché dans le P. aureolata ne l'est pas dans l'espèce
qui nous occupe.
LV. Genre VIVIPARA Cuvier.
119. Vivipara Ingallsi Lea.
Paludina ingallsiana Lea. Proc. Acad. Nat. Sc. Phil., juin 1856.
Habitat. — Péninsule Malaise.
120. Vivipara sumatrensis Dunker.
Paludina sumatrensis Dunker. Malako zoologische Blätter,
p:428%1852;
— Polygramma Martens. Proc. Zool. Soc. London, 1860,
D'19.
_ lineoluta KFranenfeld. Ver. Zool. bot. Ges. Wien, 1865,
PO.
— filosa Hanley. In Reeve Concb. Ic., pl. vi, fig. 31.
_— sumatrensis Morelet. Journ. Conch., t. XVII, p. 199.
Habitat. — Cette espèce est assez abondante dans les rivières
de Pérak et dans la province Wellesley.
416 J. DE MORGAN
LVI. Genre BITHINIA Leach.
121. Bithinia khintana de Morgan.
12 PETITE
Bithinia testa cæruleo-fusca ovata, elongata, imperforata, lævi-
gata, translucida, fere acuta, tenuissimis lineis ætatis ornata,
quinque anfractibus composita, regulariter convoluta, sæpe ad
acutum truncata; sutura lineata, profunda, ultimo anfractu ven-
tricoso; apertura obliqua, ovata, ad suturam angulata ; peristo-
mate continuo, acuto; operculo calceo, lævigato , paulumque
convexo ad internam faciem et concavo ad externam.
Coquille. — Ovale, allongée, imperforée, lisse et transparente,
marquée de stries d’accroissement très fines, presqu aiguë au
sommet, composée de 5 tours de spire régulièrement enroulés,
fréquemment tronquée; tours séparés par une suture profonde,
linéaire, dernier tour ventru ; ouverture oblique, ovale, anguleuse,
à la partie voisine de la suture; péristome continu simple et tran-
chant ; opercule calcaire ovale, subpiriforme, affleurant au bord
du péristome, lisse et légèrement convexe à sa partie interne,
composé à sa partie externe de 5 à 6 tours de spire autour d'un
nucléus central.
Dimensions. — Longueur, 8mn; épaisseur, 5""; longueur de l’ou-
verture, 4""1/4; largeur de l'ouverture, 2mm1]7/2.
Couleur. — Blonde cornée.
Habitat. — J'ai rencontré cette espèce dans le S. Bertam, affluent
du $. Kinta, à Batou-Gadja et dans un-ruisseau près de Penkalan-
Bahrou (Kinta).
LVIIL. Genre STENOTHYRA Benson.
122. Stenothyra polita Sowerby.
Nematura polita Sowerby. Proc. Zool. Soc. Lond., 1851, p. 226.
Habitat. — Singapore.
123. Stenothyra Hardouini de Morgan.
PL. , VIII, 6e: 15.
Stenothyra testa ovala, albo-fusca elongata, ad summum acuta
lævigata, tenuissimis lineis Spiraliter ornata, 6 anfractibus com-
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 417
posita, ante ultimo anfractu largiori quam cæteros, anfractibus
ventricosis, sutura lineata, profunda; apertura minima, con-
tracta, obliqua, ab ante ultimo anfractu læviter decollata, ovata,
parum ad suturam angulosa; peristomate recto et acuto.
Coquille. — Ovale, allongée, aiguë au sommet, lisse, ornée de
petites stries très fines et très éloignées, disposées suivant l’en-
roulement de la coquille; composée de 6 tours de spire, l’avant-
dernier étant beaucoup plus grand que les autres, tours de spire
ventrus, suture profonde, ouverture petite, contractée, oblique
par rapport à l’axe, légèrement détachée de l’avant-dernier tour
de spire, ovale, légèrement anguleuse, à la partie voisine de la
suture, péristome droit et tranchant.
Dimensions. — Longueur, 5""; épaisseur, 3"; longueur de l'ou-
verture, 2"; largeur de l'ouverture 1""1/4.
Couleur. — Blonde cornée.
Habitat.— Je n'ai rencontré qu’un seul exemplaire de cette
petite espèce, il était mort et se trouvait dans la vase d’un ruis-
seau, à quelques centaines de mètres de la mer à Poulo Tikous
(P. Pinang).
Rapports et différences. — Cette espèce diffère de la précédente
par la forme de son ouverture et par ses ornements très fins dis-
posés suivant l'enroulement de la coquille.
LVIII. Genre ASSIMINEA Leach.
124. Assiminea rubella Blanford.
Habitat. — J'ai rencontré cette espèce en assez grande abon-
dance à l'embouchure d’un ruisseau à P. Tikous (P. Pinang). Elle
est répandue sur toute la péninsule indo-chinoise.
LVIX. Genre OMPHALOTROPIS Pfeiffer.
125. Omphalotropis carinata Lea.
Assiminea carinata Lea. Proc. Ac. Nat. Sc. Phil., VIII, p. 114,
1856.
Hydrocena fasciolata Morlt. Rev. Zool., p. 478, 1862.
Habitat. — J'ai rencontré cette espèce à Telok Anson (Kinta),
dans les parties marécageuses de la forêt, elle vit près des ruis-
DA |
AS J. DE MORGAN
seaux, elle vit aussi au milieu des détritus végétaux. Celte espèce
est répandue dans toute la péninsule indo-chinoise.
LX. Genre AMPULLARIA Lamk.
126. Ampullaria sumatrensis Pillippi.
Ampullaria sumatrensis Phil. Syst. Conch. Mart. et Chemn.,
p. 59, n° 81, Taf. 19, fig. 1-2.
Ampullaria celebensis Mousson. Land und Süsswasser Moll. V.
Java, p. 59.
Habitat. — Cette espèce et très abondante dans toutes les
rivières de la péninsule Malaise; elle est comestible.
127. Ampullaria compacta Reeve.
Ampullaria compacta Reeve. Conch. iconica, n° 62.
Habitat. — Malacca (Reeve).
128. Ampullaria perakensis de Morgan.
Ampullaria testa dextrorsa, globosa, cærulea, multis croceis
faciis ornata perforata lævigata fulsenteque, costis tenuissimus
ornata, 5-6 anfractibus gibbosis composita, optime convoluta ;
sutura lineata profundaque; apertura verticali, ovata, ad sutu-
ram angulosa; peristomate acuto; labro columellari ad umbili-
cum reflexo ; operculo calceo.
Coquille. — Dextre globuleuse, perforée, lisse, brillante, ornée
de côtes très fines parallèles aux lignes d’accroissement, spire
composée de 5-6 tours très convexes, très régulièrement enroulés;
le dernier étant beaucoup plus grand que le reste de la coquille.
Suture linéaire très profonde, ouverture droite, ovale, terminée
en pointe vers la suture ; péristome droit, coupant, bord columel-
laire refléchi vers l'ombilic; opercule calcaire, oval, terminé en
pointe vers la partie voisine de la suture, à la partie interne lisse
et brillant, orné de stries fines radiantes, à l'extérieur couvert de
lignes d’accroissement.
Dimensions. — Longueur, 34mm ; largeur maxima, 27"; longueur
de l'ouverture, 24"; largeur de l'ouverture, 13mn,
Couleur. — Cette coquille est d’un beau vert olive, elle présente
vers la partie inférieure des spires une série de lignes brunes
séparées entre elles par des lignes jaunes, vers la suture elle est
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 419
beaucoup plus claire et très translucide; bord columellaire blond
roux, opercule nacré et rose à la face interne, vert olive à la face
externe.
Habitat. — Cette espèce est abondante dans le royaume de
Pérak, elle vit avec l’'Ampullaria sumatrensis.
Rapports et différences. — Cette espèce diffère de l'A. compacta
par la convexité de ses spires, la profondeur de sa suture et la
forme générale de son ouverture.
129. Ampullaria wellesleyensis de Morgan.
Ampullaria testa cæruleo fusca dextrorsa, imperforata, lævi-
gata, fulgenteque, costis tenuissimis ornata, semper truncata,
optime convoluta, 5 vel 6 anfractibus composita, apertura recta,
dilatata , ad suturam acuta; peristomate recto et acuto, ad colu-
mellam paulum reflexo; sutura lineata, parum profunda ; oper-
culo calceo.
Coquille. — Dextre, imperforée, lisse et brillante, ornée de côtes
très fines parallèles aux lignes d’accroissement, spire toujours
tronquée au sommet, composée d'environ 5 à 6 tours peu con-
vexes, très régulièrement enroulés, le dernier étant de beaucoup
plus gros que le reste de la coquille, suture linéaire profonde,
ouverture droite, ovale, très évasée, terminée en pointe vers sa
suture; péristome droit, coupant; bord columellaire épaissi, oper-
cule calcaire.
Dimensions. — Longueur, 23mn; Jargeur, 30%"; longueur de
l'ouverture, 269; largeur de l'ouverture, 17m,
Couleur. — Cette coquille est d’un brun foncé, elle est translu-
cide et ornée de bandes fauves plus colorées vers la partie exté-
rieure des tours de spire que vers la suture ou le bord columel-
laire; ouverture blanchâtre, laissant voir à une assez grande
distance du péristome les bandes fauves de la coquille, bord co-
lumellaire rougeâtre, opercule gris de plomb à la partie interne,
brun foncé à la partie externe.
Habitat. — Cette espèce est abondante dans les ruisseaux de
la province Wellesley, je l’ai rencontrée aux environs de Boukit
Tamboun.
Rapports et différences. — Cette espèce se sépare aisément de la
précédente par son manque de perforation, la forme générale de
son ouverture, qui est très évasée, et par l’aplalissement de ses
tours de spire.
420 J. DE MORGAN
LXI. Genre SERMYLA H. et A. Adams.
130. Sermyla episcopalis Lea.
Melania episcopalis Lea. Proc. Zool. Soc., 1850.
Habitat. — Cette espèce est très abondante dans tous les cours
d'eau du royaume de Pérak, elle présente de nombreuses va-
riétés.
Observations. — Cette espèce est comestible, les Malais la
nomme « Sipout galtong ».
131. Sermyla Chaperi de Morgan.
Sermyla testa, cærulea 2 faciis fuscis ornata, turriculata, elon-
gata, lævigata fulgenteque, 9 vel 10 anfractibus carinatis compo-
sita, prioribus anfractibus nodulis rotundatis ornata, ultimis
elongatis ; sutura lineata, profunda; apertura ovata ad suturam,
angulosa; labro externo eminenti; peristomate recto et acuto;
labro columellari reflexo; operculo corneo.
Coquille. — Dextre, turriculée, allongée, lisse et brillante, com-
posée de 9 à 10 tours de spire, chacun des tours étant orné d'une
carène assez forte, qui est recouverte par la suture du tour sui-
vant, la partie comprise entre cette carène et la columelle est
ornée de 5 à 6 côtes longitudinales, les premiers tours sont cou-
verts de tubercules ronds, tandis que, dans ces derniers, ces tuber-
cules qui prennent une forme allongée sont doubles et infléchis
vers la droite, le dernier tour présente environ 7 à 8 tubercules
beaucoup plus élevés vers la partie voisine de la suture du tour
précédent que vers la columelle; suture linéaire peu profonde ;
ouverture ovale, anguleuse vers la suture, bord externe proémi-
minent; péristome droit et coupant, lésèrement refléchi vers
l'extrémité columellaire; opercule corné, formé de plusieurs
spires enroulées autour d’un nucléus central, brillant à la face
interne, mat à la face externe.
Dimensions. — Longueur, 47"; épaisseur, 20m"1/2 ; longueur de
l'ouverture, 19""; largeur de l'ouverture, 11"".
Couleur. — Dans son jeune âge cette coquille est transparente
et d'un beau vert olive, elle est ornée de deux bandes fauves, dont
l'une correspond à la carène, à l’état adulte elle devient plus
foncée et perd la coloration de ses taches, son ouverture devient
blanche ou bleuâtre ; opercule brun, presque noir chez les adultes.
MOLLUSQUES TÉRRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 421
Habitat. — Cette espèce vit dans les rivières de Pérak ou je l'ai
fréquemment rencontrée, elle est comestible et comme la S. epis-
copalis est appelée par les Malais « Sipout Gatong ».
Rapports et différences. — Cette espèce appartient au groupe de
la S. episcopalis, mais elle se distingue de cette espèce par des
caractères spéciaux qui existent même dans le jeune âge, la
S. Chaperi est dès ses premiers tours ornée de tubercules, et
dans les derniers, elle est assez fortement carénée et ornée de
deux bandes fauves; ce qui n'existe pas dans la S. episcopalis,
la base des tubercules forme dans la S. Chaperi une sorte de ca-
rène très accentuée située au-dessus de la suture qui, par le fait,
se trouve placée dans un enfoncement très marqué, tandis que
la suture de la S. episcopalis est beaucoup moins profonde.
133. Sermyla perakensis de Morgan.
Melania infracostata Reeve. Conch. Ic., fig. 14, 1859.
Observations. — Mousson (Moll. Java, p. 65, t. X, fig. 3), fit
pour un Mollusque de Java l'espèce M. infracostata, nom que
Reeve employa plus tard pour désigner une autre espèce de Ma-
lacca du groupe de la S. episcopalis. L'espèce de Reeve qui est très
différente de celle de Mousson reste par conséquent sans nom, je
propose de la nommer S. kintanensis en souvenir de la vallée de
Kinta, localité où elle se trouve en grande abondance.
LXII. Genre MELANOIDES Olivier.
133. Melanoides tuberculatus Müller.
Melanoides tuberculatus Müll. Verm. n° 378.
Habitat. — Toute la péninsule. J’ai rencontré cette espèce dans
la province Wellesley. Côte est d'Afrique, Madagascar, Maurice,
Inde, Ceylan, Syrie, Perse, Arabie, Siam, Java, Malte (Mart. et
Chemn.).
134. Melanoides truncatulus LK.
Melania truncatula Lamk. Hist. nat. An. s. vert., 1838, t. VII,
p. 433.
Habitat. — Timor, Sumatra. J'ai rencontré cette espèce en
crande abondance dans les ruisseaux de la province Wellesley.
422 J. DE MORGAN
135. Melanoides fontinalis Philippi.
Melania fontinalis Phillippi. Mart. et Chemn. Ed. Küster, p. 253,
t. XXVI, fig. 9, 94:
Habitat. — P. Pinang (Paetel). (Mart. et Chemn.).
136. Melanoides lyratus Benson.
Melania lyrata Bens. Glean. of Sc., 1830, II, Journ. As. Soc.
Bengal, 1836, V, 782.
Habitat. — J'ai rencontré cette coquille dans le Sougni Bertam,
affluent de la rivière Kinta, près de Batou Gadja. Elle est comme
dans toutes les iles Malaises et dans les Indes.
Observations. — Cette espèce présente plusieurs variétés de
taille, elle est très constante dans sa forme.
137. Melanoides malayanus Issel.
Moll. Boreensis, p. 100. (Ann. Mus. civic. Genova, VI, 1874,
p.463).
Melania malayana Mart. et Chemn. P. 253, tab. 26, fig. d-5a.
Habitat. — Abondant dans tous les ruisseaux de la péninsule.
LXIII. Genre PIRENA de Lamarck.
138. Pirena Cantori Reeve.
Pirena Cantori Reeve, Conch. Ic., fig. 2.
Faunus Cantori Mart. et Chemn., p. 414, t. XLIV, fig. 6-6a.
Habitat. — P. Pinang (Reeve), Chine (Cuming?).
LXIV. Genre CLEA H. et À. Adams.
139. Clea Nigricans À. Adams.
Clea nigricans. Proc. Zool. Soc. Lond., 1855, p. 119.
Habitat, — Bornéo (Paetel), Malacca.
LXV. Genre PSEUDODUS Gould.
140. Pseudodus Cumingii Lea.
À nodonta Cumingii Lea. Proc. Zool. Soc. Lond., 1850, p. 99.
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 423
Monocondylæa Cumingii Lea.Journ. Ac. Nat. Sc. Phil., IV, p. 235.
Habitat. — J'ai rencontré cette espèce dans le S. Batam, affluent
du S. Kinta, près de Batou Gadja; elle est assez abondante. Lea la
cite de la péninsule Malaise et Morelet de Java, Bornéo, Siam et
du Cambodge.
141. Pseudodus Chaperi de Morgan.
PL IE M0
Pseudodon testa, ovata, inæquilaterali, inflata, subcrassa; epi-
derme nitida, in adultis castanea, margine anteriori rotundato,
sub rostrato, posteriori paulum acuto, basali regulariter arenato,
dorsali ad alam compresso; umbonibus tumidis; area lata, cari-
mis duabus circumscripta ; lunula profunde excavata; dente car-
dinali parvulo compresso, crenulato; margarita albo plumbea sub
ombonibus rutilante.
Coquille. — Gvale, inégale, renflée, épaisse, recouverte d’un
épiderme épais brun très foncé, ornée de fortes stries d’accrois-
sement, et de deux côtes très distinctes à la partie postérieure;
bord antérieur arrondi, bord postérieur légèrement anguleux,
base régulièrement arquée, dos comprimé, charnière munie d’une
forte dent très proéminente, triangulaire, lamelles très allongées,
à peine distinctes à l’intérieur et au dessous du crochet se trouve
une ligne de 6 perforations profondes qui existent chez les indi-
vidus jeunes comme chez les adultes. Impressions musculaires
antérieures très fortement marquées, impressions postérieures à
peine visibles.
Dimensions. — Longueur, 84"; largeur, 48""; épaisseur, 38m,
Couleur. — La nacre de cette coquille est d’un blanc grisâtre,
qui passe au rose fauve quand on la considère au-dessous des
crochets. F
Habitat. — J'ai rencontré cette espèce dans tous les affluents de
la rivière Kinta, elle est assez comestible, les Malais la mangent.
Observations. — Cette espèce est très variable de forme, mais
toutes ces variétés peuvent être rangées dans deux types bien
distincts :
Variété à. Allongée, ovale, lisse.
Variété 6. Partie postérieure très large et ornée de petites stries
irrégulières qui vont d’une côte à l’autre. La surface antérieure
ne porte jamais de stries.
—
LE
=
J. DE MORGAN
LXVI. Genre UNIO Retz.
142. Unio delphinus Grun.
Unio delphinus Grun. In Wiegm. Arch., p. 276, t. XI, fig. 1,1841.
Habitat. — Singapore, Cochinchine, Cambodge (Morelet).
143. Unio perakensis de Morgan.
PI. IX, fig. 3-4.
Unio testa elongata, inæquilaterali, solida, olivacea vel fus-
centi, tenuiter lamelloso striata, costis tenuissimis radiantibus
ornata antice rotundata, postice maxime elongata, angulosa, mar-
gine dorsali elongato, dilatato; dente cardinali tenui, lamelliformi,
in valva dextra duplicato, in altera simplice; lamella unica in
valva dextra, in sinistra duplice; margarita albo-plumbea, ad
umbonem rutilanti iridescenti.
Coquille. — Très allongée, épaisse, elliptique, couverte de lignes
de croissance très marquées et ornée de côtes radiantes très fines,
recouverte d’un épiderme épais et brillant, arrondie à la partie
antérieure, pointue à la partie postérieure, de ce côté la coquille
porte deux côtes dont l’une, très saillante, rend la surface angu-
leuse, tandis que l’autre est à peine visible ; dent cardinale fine,
lamelliforme, double dans la valve droite, simple dans l’autre,
lamelle unique dans la valve droite et double dans la gauche.
Dimensions. — Longueur, 80"; largeur, 30%"; épaisseur, 22mn,
Couleur. — Cette coquille est d’un blanc bleuté, elle est rose
chaire dans la partie voisine des crochets.
Habitat. — Cette espèce vit dans le $. Kinta (Pérak), elle est
assez rare.
Observations. — Ce Mollusque est comestible.
LXVII. Genre CORBICULA Megerle von Mühlfedt.
144. Corbicula Rhomboidea Prime.
Habitat. — Malacca (Pætel).
145. Corbicula malaccensis Desh.
Corbicula malaccensis Desh. Proc. Zool. Soc. Lond., 1854, p. 343.
Habitat. — Malacca (Desh.). Abondante dans les ruisseaux du
district de Kinta (Pérak).
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK
LISTE PAR ORDRE ALPHABÉTHIQUE
DES
425
ESPÈCES QUI COMPOSENT LA FAUNE DE LA PRESQU'ILE MALAISE
AlyjcæustqubousalusStoliezka Tin eee ence
— Jousseaumei de Morgan
— kapayanensis de Morgan
it NelURENSS I UTOSSE Res LS NN bete
— hero mde MOTS AN ee SE ee.
Am phidromus Chloris Reeve.. .......:...........
— inversus Müller
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— DÉTOCTS USA LINNES OP Ne ER AE
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Ampullaria compacta Reeve........,............
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— sumatrensts PRUIppE Se SE RE
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— lahatensistde Morgan. ca mien. 27
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Ceratties Crustus DéShayes Mr CRT. 1. 76
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Corbicula malaccensis Deshayes.. ....,.:...,....... 145
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Cycepne UAUUUS SONErDYS.. 1: Tite eee. 99
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— CAPTEASDNIENE DE ENS AS SE ANNET.. 100
— lalatensiside Morgan, 77122... 103
— PRIT BENSON 2 e » à 105
— perdix Broderip et Sowerby. .......... 101
— Pfeifferi Reeve et Sowerby....,....... 98
— * semisulcalus Sowerby................. 104
— DURS NETEL ES" RARE LEA 97
Cyclolus Lindsiédti Pfeiffer. ....,...,....,....... 41
Nos | Pages.
402
402
402
402
402
387
387
387
387
387
386
387
417
417
417
419
381
382
383
417
407
416
398
422
424
42%
408
408
409
409
409
410
409
408
410
408
398
VIII
426 DE MORGAN
Nos |Pages.| PI. | Fig.
— | | ————— | —
Cyclotus Daulzenbergi de Morgan ........ ons SUR ANS| 298)
Ellobium auris-JudæLinné . ...........,.1. HRe7 |. 39h
——, ours Me Nb ES aa s'aclese cvthlee 68| 395
=== Chaperi deMOrean 2... 45600 ce ..1 70] 396] VIII | 41
—) penangense de Morgan, .......1...,....0%% 72| 396
— semisculplum H. et À. Adamé.......... 10691396
— semiplicatum H. et À. Adams............ 1711306
ÆEnnea bicolar Hulton... .. LE DRE 51372
Frulticicola penangensis Stoliczka.......,.......... 33| 384
— SMAIAT ISO CTUSS AC RE E E RRIE 34] 384
GϾotis Douvillei de Morgan........ ..... PR Er 16| 388| VIII 9
Geotrachus perakensis (CrOsBe 4.000... MAUR 38| 386
Hapalus Jousseaumei de Morgan..,...... Not 61 372) 2
Helicarion Low de Morgan... ......:....... EU 91 :373| YŸ 3
— Dermole SIONEzkKa EEE Lee CN SRE TE 8| 373
Hemiplecta Chevalieri Souleyet....,.......,...,..... 91| 378
— humphreystiRErE. 0.00. 0e sn, IN e0eS Te
— Leecht deyMoreane tee. 200 3 PRO ON A AO) ENV 9
Hybocystis elephas de Morgan. . ................. 90! 404| VII À
— 0" Jousscaumeiide Morsani er CRI CL 91! 405| VII 2
Lagochilus striolatus Stoliczka. ................... 108| 414
— Srwetlenhami de Morgan... .......... ....1109! 419] VHI 8
— TOURSENACTOSS RU MR ER CCC CES 106| 4414
— trochoules SIONCAE A RL ER NE E 407| 411
Leplopoma asptrans Benson. .......,............. .1110| #12
Limnophysa singaporiea Küster..,..,........ RTS) 08
Macrochlamys Bartoni de Morgan. .....,.,......,.. 48 37810 8
= Hatchongi de Morgan... ............ 16| 376| V 6
— Tousoufi de Morgan... ...... RAR Re ARS TT 7
—— MAlALCANPIONTET MT EU D 131 375
— pataniensis de Morgan ........,..... 451, 376|. V 5
—— slephoidesSloliczKa...,r. ut 200 410375
Megalomastoma anostoma Benson.,.......,......... 1121 413
— seclilabrum Gould............... 111| 419
Melampus Crossei de Morgän..............:.... ..| 891393) VII 10
—: pulls Pet... RER EEE CR 57| 392
— singaporensis Pfeiffer .,.....,...... HP LiIn bel
Melanoides fontinalis Philippi.................,... 135! 429
—— INGUS DENON... RD semis 136| 422
— MAIQUANUS ASE... OR or «et 137| 429
— truncalulus de Lamark..,,..... TRE 134] 4921
— tuberculafusMuIIen CRETE, 0 133| 421
Microcystis palmicola Stoliczka. .,.,............... 11| 374
Omphalotropis carmalaEBAis 4, 52 0e men. sus 125] 417
Opisthoporus penangensis Sloliczka, .,,.,......,... 84! 399
MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK
Opisthoporus rostellatus Pfeiffer
— SALUE SONIA RAR ER Dire e date à
Opisthostoma paulluciæ Crosse et Neville, .,...,....
Oxytes amphidroma Martens. ................,.,,.
— .cymabiune Benson. ...::.,.,..:024 Mresos c
— sakaya de Morgan
Palaina: NebileuCrosse.....:,.,,2.,4%5,.:beta0t
Paryphanta ophiria Pfeiffer... ........,...,...,..
Paxillus adversus H. et A. Adams
Pelasue BouraacaMOrean. Le .e. .. ee. ce atoa Dm ee
PhedusmnhicaslaiaiStoNczka... :,..,,..10 4eme
= Ben ANUenNSE SIONCZKA. Se te 0 see
Philidora Hardouini de Morgan
— Wrayi de Morgan
Philomycus pictus Stoliczka
PirendiCantont ONE. In e nee eefie aile te pirate
Plamispira bretiselaiPIOlOr. tn... alterne
Plecotrema punclalostriala H. et A. Adams
— typica H. et A. Adams
Pseudodus Chaperi de Morgan
— (DELLA UE ÉRANSRARNNN PPT STSNT ARTS TES
Pseudonenia kapayanensis de Morgan ,,.,...........
Pteracyclos Blandi'Bensôn: 14.70.2045.
— Regelspergert.de Morgan. ..:...11.1.4
Pupina. arlala Benson. .….........,.........3.
nt CT MIO DENSONE F2 sielele g sitete sie see eisie
= OUrEOISIONCZEL. 4.0... trees
et put de MONS ARS 28 are ae cietehe eretie » dayeie | VII
d'dioleotriate, (san dieltisrehetelele es ele
ee 5 9 e à nv" ee ° etes
DCACICL ONCE EON EC CET CE Te TEL
DRDICRON CINE PCR EC SONORE
eo) gel le sie se ets a eue 5 eee plie
PA IX
VI
….....
— chehelensis de Morgan. ........... ....... VIT
PupisomaoneelaStoliczka RS am eee
Raphautus Fortran biedier. Cu at nee aus +
Rhiostoma Jousseaumei de Morgan .....,.......... 2 VIII
Rhodina perakensis de Morgan, .., 4.4... 1... JUL VI
Rotule brie Stolezk A... MA lee «à
Scarabus borneensis Adams
OO IC GC SPP PES C0 SOPDPR
Scopelophila palmira Stoliczka. .............,.. ... ‘
Sermyla Chapervde Morgan, ...........:...,... é 20! VIII
CI NERO PRET PU CUPPILE
—. perakennsde Morgan: . .....:.-000......
Sidula auris-felhs Bruguière. .,.............,....
— | Benson EEE Re ee ee
—,, Musielina DOBNAVEs, 25... 1e esse ve
— MUC Manon 0... nero sue ele
— Sowerbyri Pfeiffer
Sols, © ose à «1612 9-9 ts eue » 0 à e
MM OUS Ip ee c'e + ele ait ele alale ete o ele
427
10
5
428 J. DE MORGAN
Sitala carinifera Stoliczka, .,
Slenoyyra gracilis Hutton. .
— Swetlenhami de Morgan
—) tchehelensis ide Morgan’, : :::2:5520., 0200
Slenothyra Hardouini de Morgan. ............ :
— polita Sowerby
Streplaxis plussensis de Morgan
Succmen Talon PIETET. . Re one lees
Trochomorpha castra Benson
ee
— limorensis Stoliczka, .... RD GAS
Unio delphinus Grün......, SAIT RIDE DOS à
nn Der ukEnsis AB MOTSAREE CE ARE D RER 143
Veronicella birmanica Théobald. ...........,..,.. 3
= HusselHIMAr ENS ee RS ere nl ea
Vitrine nuclear SiDiCzkA SN ER Re 7
Pinipara Tngallsu enr inner ite ...|119
— LL sumatrensis Dunkeri.L. 5422521522 MINT 120
Xesta Malaouyi de Morgan..........,... RES DR 12
IX | 3-4
LA 4
MÉTAMORPHOSES D'UNE CORYDALIS
Par le Dr Alfred DUGÈS
(A Guanajuato, Mexique)
Lors de mon voyage en France en 1868, je donnai à mon
regretté ami Jules Verreaux une note sur les transformations,
encore inconnues, de la Corydale : cette note fut remise à M. Gué-
rin, mais je ne crois pas qu'elle ait été publiée et, dans le doute,
j'ai profité d'une trouvaille faite par mon frère, le D" Eugène
Dugès, pour étudier de nouveau le sujet.
La larve, a été trouvée dans le ruisseau del Sauz, ferme de
Tupätaro, état de Guanajuato, Mexique; prise le 10 mai, cette
larve s’est transformée en nymphe le 11 mai et a passé à l’état
Fig. 1. Fig. 2. Fig. 3.
Larve un peu plus petite Dessous de la tête; an- Labre et ocelles,
que nature. —«, mâchoire. tenne et palpe labial. au nombre de trois
b, griffes. à six.
parfait le 18 du même mois. Je crois me rappeler que la première
430 ALFRED DUGÈS
que j'avais observée avait mis plus de temps entre ses métamor-
phoses : lorsque les houppes branchiales commencèrent à s’atro-
phier, je la plaçai sur la terre mouillée, où elle se creusa un abri
rond, pour se changer en nymphe; une huitaine de jours après, si
j'ai bonne mémoire, nous trouvàmes la Corydale sortie pendant
la nuit et déjà apte à voler.
Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de décrire l’Insecte dont il
s’agit maintenant; les figures très exactes quiaccompagnent cette
note sont suffisantes pour le faire bien connaître.
Malgré la difficulté inhérente à la détermination spécifique des
Corydales, je considère celle-ci comme Corydalis lutea Hagen.
La larve (fig. 1, 2, 3) est d’un brun foncé, avec le dessus de la
tête et du prothorax jaunâtres vermiculés de brun : les pattes et
les mandibules sont d’un brun noir. Sur ie milieu de la tête, il
y à trois points clairs et sur les bords une tache; le pronotum
présente à peu près les mêmes maculatures que j'ai indiquées sur
l’Insecte parfait (1).
La nympbhe (fig. 4, 5, 6) est d’un jaune brunâtre peu foncé, sur
le pronotum on distingue le même dessin que celui de la larve :
Fig. 5.
Bouche vue en des-
sous. — «, labre. b, mà-
choire. ce, mandibule.
Fig. 4.
Nymphe grossie envi-
; ron deux fois.
Fig. 6.
«&, ocelles.
les mandibules sont d’un brun foncé. Au milieu du front, un peu
en arrière de la ligne qui joindrait les bases des antennes, il y a
trois stemmates. Sur le bord des anneaux de l'abdomen, des
tubercules un peu velus indiquent les branchies disparues; il
n'y a plus de crochets post-abdominaux. Les mâchoires sont
(, Ce qu'il y a de singulier, c'est que généralement le nombre des yeux d'un
côté est différent de celui de l’autre; la différence va de 3 à G: ils ont la forme
d'yeux simples bien séparés, mais formant un groupe défini.
MÉTAMORPHOSES D'UNE CORYDALIS 431
terminées par un palpe de 5 articles et deux appendices égaux.
Les tibias sont fortement arqués. Les griffes sont épaisses et
courtes.
L’Insecte parfait dont je donne les parties antérieures varie de
grandeur, de 6 à 7 centimètres jusqu'à 8. Il est très rare à Guana-
juato et je ne sais comment m'expliquer ce fait, car
les larves sont assez communes dans les petits
cours d’eau ou les flaques laissées par les pluies ;
je n’ai donc pas pu étudier ses mœurs. La larve ,
est carnassière et mord cruellement, mais, lors- #
qu'on la saisit hors de l'eau elle fait la morte et ne {
remue que sion la comprime; j'en ai mis une en Fig. 7.
alcool et l'ayant retirée plus de deux heures après Tête d'un de
pour l’étudier, je l’ai mise dans l’eau où elle est Un peu plus petite
très vite revenue à elle. GESRGInES
Qu'il s'agisse bien de Corydalis lutea Hag. ou d'une espèce voi-
sine, les métamorphoses doivent toujours être comme je les indique
ici et montrent qu'elles sont tout à fait analogues à celles déjà
connues des Névroptères de ce genre.
DES CR PETER
D'UN
NOM ELA CPR TE
(ALOPHUS ANTONII)
Par le Dr Alfred DUGÈS
A Guanajuato (Mexique)
Je publie sous ce nom un petit Acarien de la famille des Trom-
bididés, qui présente des caractères suffisants pour le séparer des
Rhyncholophus Ant. Dugès, auxquels il ressemble beaucoup ; et le
nom que j'ai choisi servira à exprimer sa parenté avec eux. Je le
dédie à la mémoire de mon père.
Les palpes sont rapaces (c'est-à-dire à dernier article obtus,
Fig. 1.
Extrémité antérieure d'Alophus
Antonii. a, œil. b, stigmate.
l’avant-dernier pourvu d’une griffe,
et le second plus grand que les au-
tres) ; ils sont entièrement libres et
insérés sur le rostre (fig. 1). Le bec
ne porte pas de panaches comme
celui des Rhyncholophes : c’est ce
qu'indique le nom d’Alophus (000).
Les mandibules sont longues et en-
siformes (fig. 2). Le corps est d’une
seule pièce, mais on y remarque un
sillon transversal profond, qui sé-
pare du reste du corps une espèce
d'avant-train portant la bouche et
les quatre premières pattes; un au-
tre sillon longitudinal partage en
deux moitiés latérales cette même
partie; sur la région dorsale, on
peut aussi voir deux ou trois lignes transversales enfoncées,
DESCRIPTION D'UN NOUVEL ACARIEN 433
qui rappellent ce qu'on observe chez les Trombidium. Les hanches
sont séparées en quatre groupes : les deux antérieurs rapprochés
a
Fig, 2. Fig. 3. Fig. 4.
Màchoire en gout- À, hanches des premières Alophus Antonii Q.
tière. a, soie im- pattes. B, hanches des der-
paire ? nières pattes. a, trochanters.
par leur base, les deux postérieurs très éloignés entre eux et des
premiers (fig. 3]. Les pieds sont palpeurs (dernier article ovoïde,
plus gros que celui qui précède) et munis de deux griffes. La der-
nière paire de pattes est la plus longue, et la se-
conde La plus courte. En arrière des hanches an-
térieures, mais à la face dorsale du corps, on
observe deux yeux rouges, en dedans et en arrière
desquels il y a deux stigmates. Comme on le voit,
avec des caractères de Rhyncholophus, le genre ;
Alophus en offre d’autres qui permettent de l'en Fig. 5.
séparer. a, poil des
; ne : : membres. b,
Alophus Antonii varie beaucoup pour la taille:en if du ue
général il a de 0®"5 à 1"n5 de long; le corps, de
forme oblongue, est un peu déprimé; sa hauteur est égale à envi-
ron deux tiers de sa largeur (fig. 4). Cet Acarien est blanc d’ar-
gent en dessus: une tache triangulaire à la base de l’avant-train,
une autre longitudinale très petite à l'extrémité du corps et deux
bandes irrégulières longitudinales, plus larges en avant, où elles
se continuent sur l’avant-train, sont d’un rouge cerise; de cette
même couleur sont le bec, les pattes et le dessus du corps, dont
la teinte remonte un peu sur les flancs. Les deux yeux sont d'un
28
434 ALFRED DUGÉS
rouge brillant. Tout l'animal est couvert de poils plumeux, mais
les membres portent des poils en général simples (fig. 5).
En avant du corps, on voit un bec fornié d’une partie basilaire
assez large qui supporte les palpes ei une autre
portion triangulaire, à l'extrémité de laquelle
on voit souvent saillir les mâchoires. Les palpes
sont grands, à second article plus grand que les
autres; le dernier article, obtus, porte quelques
épines à son extrémité ; l’avant-dernier est muni
d'une forte griffe dentée qui, avec l’autre, forme
probablement pince (1)..
Les deux hanches antérieures sont un peu plus
petites que les postérieures; elles sont ovales
en dehors et atténuées en dedans; on remarque
que dans chaque groupe une des hanches fait
plus saillie que l’autre, de sorte que la première
et la quatrième ressortent davantage que la
deuxième et la troisième.
Les pattes de la première paire sont un peu
,| Plus courtes que celles de la quatrième, qui
Fig. 6. sont les plus longues de toutes; les deuxièmes
Schéma représen- Sont courtes. Par ordre de longueur, on a les
tant la longueur pro- . 6
portionnelle des pat- numéros 2, 3, 1, 4 (fig. 6). Chaque patte a un tro-
tes. chanter et un trochantin petits, trois articles
allongés dont le dernier est le plus grêle, et un
tarse gros et ellipsoïdal. Cette dernière pièce, en outre de ses poils
ordinaires, porte en dessous une brosse de poils serrés, entremêlés
Fig, 1. =
Dernier article d'une D =
patte : griffes rétrac- Fig. 8.
tiles. Patte de la quatrième paire.
(1) Les deux mâchoires sont très longues, creusées en gouttière, grêles en avant
et élargies à leur base; des muscles puissants les rétractent dans le rostre. Il m'a
semblé, dans une préparauon, voir un stylet impair très aigu et transparent qui
serait alors la languette, mais je n'ai pu le retrouver dans d'autres dissections.
DESCRIPTION D'UN NOUVEL ACARIEN 435
d'épines, et son extrémité est pourvue de deux griffes rétractiles
à fort talon (fig. 7 et 8).
Alophus Antonii se trouve à Guanajuato (Mexique) pendant toute
la saison chaude ; je l'ai observé surtout sur les feuilles du ?hila-
delphus mexicanus, courant avec célérité et cherchant à se cacher
dès que je voulais le saisir; pour ne pas l’écraser, je le prenais
au bout de mon doigt mouillé de salive. Il ne m'a pas été possible
de trouver les nymphes et les œufs.
MATE lR TA UE
POUR SERVIR A LA
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE
Par E. SIMON
III ()
A RAICELNIDES
RECUEILLIS EN 1884 DANS LA PRESQU'ILE DE MALACCA
Par M. J. DE MORGAN
Les Arachnides énumérés dans ce travail font partie des inté-
ressantes collections d'histoire naturelle recueillies en 1884 par
M. J. de Morgan dans l’intérieur de la presqu'île de Malacca et
notamment dans la haute vallée du fleuve Kinta (royaume de
Pérak) (2).
Le nombre des espèces est malheureusement peu considérable,
ce qu'il faut attribuer à la difficulté des recherches zoologiques
dans un pays encore inexploré, où le voyageur, presque toujours
à pied, est constamment forcé de se frayer un chemin au milieu
de forêts inextricables.
Cette petite collection renferme néanmoins onze espèces nou-
velles et quelques types génériques très curieux.
Jusqu'ici, en effet, la presqu'île Malaise n'avait été explorée que
sur quelques points de son littoral occidental, tandis que les
espèces que nous décrivons proviennent presque toutes des
hautes montagnes du royaume de Pérak qui en forment l'arête
(Li Pour les n° I et IL, cf. Bulletin dela Société Zoologique de France, 1885, p. 1.
(2) La relation succincte de ce voyage a été publiée dans le Bulletin de la Société
normande de Géographie, 1884, p. 493.
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 437
principale et dont plusieurs dépassent 2000 mètres d'altitude.
Les observations faites par M. de Morgan au sommet de ces
montagnes prouvent au reste qu'il s’y est trouvé en présence d’une
nature véritablement alpine inconnue avant lui; à propos du
Gounoug-Krbou (2354 mètres au-dessus du niveau de la mer), il
dit en effet « voici à peu près l’ordre dans lequel se présentent
les végétaux quand on gravit ces sommets : au pied des montagnes
et jusqu’à 200 ou 300 mètres, les grands Bambous, les Fougères
arborescentes ; jusqu’à 500 ou 600 mètres, la jungle est plus claire,
mais les arbres sont encore énormes ; à 1000 mètres commencent
les Rotanes Krtas dont les épais fourrés sont généralement très
difficiles à traverser; puis viennent les Boulo-ignas, petits Bam-
bous très longs qui poussent jusqu’au sommet; enfin les Conifères
et de grandes Fougères ».
1. Hyzzus MoRrGANI Sp. nov.
d long. 7%"8. — Cephalothorax crassus nitidus niger fulvo-pu-
bescens, parte thoracica vitta lata rufescente longe albo-pilosa
arcum magnum in medio formante notata. Area oculorum paulo
latior postice quam antice, tuberculis ocularibus parum expressis.
Oculi antici in linea parum arcuata, laterales a mediis bene sejuncti.
Pili oculorum fulvo-aurantii, pili clypei pauci longi albidi. Abdo-
men ovatum nigrum obscure fulvo-pubescens, vittis duabus albo-
pilosis antice fere confluentibus postice paululum divaricatis
apicem haud attingentibus supra notatum, infra in lateribus albo-
pubescens in medio vitta lata obscuriore fulvo-pilosa notatum.
Chelæ parum longæ robustæ haud porrectæ nec attenuatæ ad
apicem parum oblique truncatæ cum angulo interiore obtuso et
paululum prominulo, nigro-æneæ, transversim dense et subtiliter
striolatæ, margine inferiore dente maximo compresso et lanceo-
lato, margine superiore dentibus binis, 1° robustiore, armatis,
ungue robusto simplici. Sternum nigrum nitidum longe albido
pilosum. Pedes nigri postici paululum rufescenti tincti, meta-
tarsis tarsisque dilutioribus et rufescentibus, nigro setosi, parce
albo fulvoque pilosi. Tibiæ I et IT aculeis inferioribus atque acu-
leis lateralibus binis utrinque armatæ sed aculeo dorsali carentes.
Tibiæ IIL et IV aculeo dorsali subbasilari munitæ. Pedes-maxil-
lares nigri nigro-setosi parce fulvo-pilosi, longi et graciilimi,
femore arcuato versus basin compresso, patella circiter dimidio
438 EUGÈNE SIMON
longiore quam latiore parallela, tibia patella haud breviore nec
angustiore parallela extus ad apicem apophysa brevi et uncata
armata, tarso minuto tibia cum patella breviore et haud latiore,
bulbo anguste elongato ad basin rotundato ad apicem longe atte-
nuato atque acuto.
Cette espèce doit être assez voisine de 7. (Plexippus) validus
Thorell {Rag. Mal., 1, p. 610) des Célèbes, mais la coloration du
céphalothorax est différente (1).
Genus THIANIA C. Koch, Ar., XIIT, 1848 (ad part. pulcherrima);
Hyllus C. Koch, 1. c. (ad part. alternans); Plexippus C. Koch, 1. c.
(ad part. vitéatus).
Generi Zpicalo (2) (Ephippo Thorell) affinis sed cephalothorax
angustior fere parallelus, parte cephalica plana tuberculis ocu la-
ribus carente. Oculi antici conferti valde inæquales in linea recta.
Area oculorum dorsalium longior, postice cephalothorace vix
angustior. Oculi ser. 2e fere in medio inter oculos laterales anticos
et oculos posticos siti. Clypeus angustior. Chelæ, saltem in d/,
divaricatæinterdum longissimæ (alternans), margine inferiore dente
parvo.remoto armato, ungue longo ad basin parum incrassato.
Laminæ,saltem in g', ad angulum exteriorem in tuberculum pau-
lulum retroductum productæ. Pedes minus inæquales, antici reli-
quis haud robustiores, IT vix longiores quam IV, aculei minus
numerosi et debiliores, metatarsi T'et IT (saltem in 7. suavi) tantum
ad basin biaculeati.
Le genre Thiania a pour type 7. pulcherrima C. Koch, de Pulo-
l0Z (3), il renferme aussi ZZyllus alternans C. Koch et Plexippus
viltatus qui n’est peut-être que la femelle ou le jeune du précé-
dent.
@) H. validus doit lui-même se rapprocher de H. {Plexippus) janthinus C. Koch
de Java. Il nous parait appartenir au genre Hyllus, l'auteur dit cependant « area
oculorum parum latior antice. quam postice », mais nous retrouvons la même
phrase dans la description de IT. giganteus (L. ec. p. 599), donc l'aire oculaire est
très évidemment plus large en arrière qu’en avant conformément à la caractéris-
tique du genre Hyllus.
(2) Le nom d'Ephippus ayant été employé antérieurement par Cuvier pour un
genre de Poissons, nous proposons de le remplacer par celui d'Epicalus (nom
propre latin).
(3) T. sumptuosa (Perty) C. Koch, s'en éloigne beaucoup et appartient à un
groupe tout différent de la famille des Attidæ.
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 439
Ce genre, qui se rapproche surtout des Æphippus Th. et un
peu des Suitis E. Sim., est totalement différent du genre Thiania
Th., (Rag. Mal., etc.). Ce dernier correspond au genre Amycus
L. Koch (non C. Koch) et doit être réuni au genre Mœvia.
2. THIANIA SUAVIS SP. noOY.
d long. 4". — Cephalothorax niger, parte cephalica squamulis
læte viridi-micantibus omnino obtecta, parte thoracica vitta lata
transversa utrinque attenuata et vitta marginali lata postice inter-
rupta squamulis similibus compositis formose decorala. Pili ocu-
lorum pauci sordide albidi. Clypeus oculorum mediorum saltem
triplo angustior viridi-metallico-squamulatus. Oculi antici conferti
in linea fere recta. Abdomen breviter ovatum squamulis viridi-
micantibus nitidissimis obtectum et vittis transversis latis duabus
nieris fulvo-pilosis notatum, infra parce albido-squamulatum
et pilosum. Sternum nigrum parce albido-pilosum et prope
marginem squamulis viridibus paucis ornatum. Chelæ sat longæ,
paululum divaricatæ nigræ prope basin squamulis viridibus paucis
ornatæ, margine inferiore sulci carinato dente parvo longe remoto
armato. Pedes obscure fusci vel nigricantes squamulis pallide
violaceo-micantibus vestiti, metatarsis tarsisque cunctis COxa
femoreque IV ad basin pallide flavis. Pedes-maxillares breves
nigri nigro-pilosi, patella convexa vix longiore quam latiore, tibia
multo breviore extus prope basin apophysa brevissima rotundata
et divaricata armata, tarso sat longe ovato, bulbo elongato ad
basin sensim attenuato et leviter arcuato.
Paraît voisin de T. alternans C. Koch, mais en diffère certaine-
ment par les chélicères beaucoup plus courtes et par le cépha-
lothorax pourvu d’une bande marginale.
3. MOGRUS ORNATUS SP. NOV.
© long. 7%", — Cephalothorax crassus niger, parte cephalica
pilis brevibus læte micantibus setis nigris longissimis parce inter-
mixtis vestita posticelinea fulva brevi et longitudinali notata, parte
thoracica obscure rufulo-pubescente, vitta marginali vittisque
dorsalibus duabus latis postice valde convergentibus fulvo-pilosis
ornata. Oculi antici in linea arcuata, laterales a mediis sal late
440 EUGÈNE SIMON
remoti. Pili oculorum flavo-aurantii, pili clypei densi et longi
pallide-flavi. Abdomen breviter ovatum nigrum nigro-velutinum,
in parte prima vitta pallide flavo-rufescenti cinctum, dein macu-
lis mediis binis minutis et postice maculis albis obliquis et
sinuosis biseriatim dispositis (3-3), 24 reliquis majore, ornatum,
infra fulvo-pubescens vitta media nigricanti postice attenuata
notatum. Chelæ robustæ fusco-rufulæ transversim striolatæ parce
et longe albido-pilosæ. Sternum obscure fuscum longe albido-pilo-
sum. Pedes parum longi robusti fulvi fulvo-rufescenti-pubes-
centes et longe nigro-setosi, femoribus supra prope apicem nigro
maculaltis, tibiis metatarsisque anticis aculeis lateralibus biseria-
tim dispositis armatis, patellis cunctis biaculeatis, tibiis posticis
aculeis inferio:ibus lateralibus atque aculeo dorsali armatis, meta-
tarsis posticis valde aculealtis. Pedes-maxillares fusco-rufescentes
fulvo-pilosi. Vulvæ fovea oblonga longitudinalis postice anguste
transversim marginata notata.
Genus HARMOCHIRUS nov. gen.
Cephalothorax brevis altissimus postice fere abrupte declivis
inæqualiter rnomboidalis, antice longe postice brevius attenuatus.
Oculi antici valde inæquales contigui in linea subrecta. Area ocu-
lorum supra fere plana, postice latior quam antice et paulo latior
quam longior. Clypeus dimidio diametro oculorum anticorum
haud angustior. Chelæ in g et $ breves et parallelæ, margine
inferiore dente unico valido, superiore dentibus binis, 1° altero
validiore, armatis. Pedes breves, 1,4,2,3. Femur 1 compressum
valde dilatatum et claviforme. Tibia I valde dilatata disciformis
vel subglobosa et supra et infra validissime ciliata. Metatarsus
et tarsus I graciles. Reliqui pedes graciles, III et IV mutici.
Tibiæ metatarsique I et II infra biseriatim aculeati. Metatarsus
cum tarso IV haud brevior quam patella cum tibia. Tegumenta
coriacea in parte squamosa.
Ce nouveau genre est voisin des Rhombonotus L. Koch, mais
chez ceux-ci la première ligne des yeux est fortement courbée et
les tibias antérieurs, beaucoup moins élargis, n'offrent qu’en
dessous une crête ciliée.
Il se rapproche aussi du genre Chirotæcia Tacz., mais chez
celui-ci le céphalothorax est très bas et incliné graduellement en
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE A44A
arrière, les tibias antérieurs, également dilatés, n’offrent qu'en
dessous une crête ciliée.
Le Rhombonotus similis Van Hasselt, de Sumatra, appartient au
genre Æarmochirus.
4. HARMOCHIRUS MALACCENSIS SP. NOV.
d long. 2. — Cephalothorax niger, parte cephalica latiore pos-
tice quam longiore, supra valde clathrato-rugosa el sat dense
fulvo-squamulata. Oculi seriei 2® ab oculis lateralibus anticis
paulo longius quam ab oculis posticis remoti. Clypeus fere gla-
ber parcissime cinereo-setosus. Abdomen fere rotundum, scuto
nigerrimo et nitidissimo supra obtectum, infra squamulis læte
micantibus ornatum. Pedes I nigro-æneimetatarsis tarsisque paulo
dilutioribus. Pedum reliquorum coxæ tarsique testacei, femora
nigricantia supra albo-lineata, tibiæ metatarsique obscure fulvi
postici nigro-lineati. Femur I latissime clavatum. Tibia I sub-
globosa et supra et infra longissime et regulariter nigro-ciliata.
Chelæ nigro-æneæ antice rugosæ. Pedes-maxillares minuti nigro-
rufescentes, tibia tarsoque longe et parce albo-pilosis haud squa-
mulatis, tibia apophysa apicali recta sat valida et subacuta
extus armata, tarso ovato attenuato, bulbo simplici.
5. Oxyopes LINEATIPES C. Koch, Ar., XV, 1848, p. 55, f. 1455.
Trouvé en grand nombre par M. de Morgan, nous le possédions
déjà de Singapore. — La coloration est assez variable, le céphalo-
thorax est tantôt entièrement fauve et garni, surtout en arrière,
de poils brunâtres, tantôt il est marqué de deux fines lignes
médianes n’atteignant pas les extrémités et de plusieurs lignes laté-
rales divergentes d’un brun-rouge clair, l'abdomen, qui a été figuré
concolore par GC. Koch, offre le plus souvent une bordure noire
divisée en arrière en plusieurs lignes obliques, en dessous il est
marqué d’une bande noirâtre longitudinale atténuée en arrière;
les fémurs présentent en dessous deux fines lignes noires paral-
lèles et les tibias une ligne dorsale semblable. La patte-mâchoire
du mâle rappelle beaucoup celle d’O. attenuatus L. Koch (Ar.
Austr., pl. Lxxxvui, fig. 6 a), le tibia, aussi long que la patella et
un peu plus large, offre au côté externe une apophyse grêle,
longue, très légèrement élargie et obtuse à l'extrémité et en des-
442 EUGÈNE SIMON
sous une forte apophyse caréniforme, tronquée presque carré-
ment, avec le bord épaissi et pourvu de deux saillies coniques au
côté externe, le tarse est volumineux mais obtus à la base, ni
anguleux, ni prolongé, il se termine en pointe grêle relativement
courte.
Il faudra peut-être rapporter à cette espèce les O. lepidus Blackw.
(Ann. Mag. nat. hist, 1864, p. 2) et O. similaris Stoliczka (Journ.
Asiat. Soc. Beng., XXXVIII, 1869, p. 222); les descriptions beau-
coup trop succinctes indiquent cependant quelques difiérences,
au moins dans la coloration.
6. Oxyopes STRIATUS Dolesch., Tweede Bijdr. etc., 1859, p. 440,
PLV, HS 19;
Quelques individus mêlés à ceux de l'espèce précédente.
Nous le possédions déjà de Singapore et de Sumatra.
7. PARDOSA SEMICANA Sp. nov.
$ long. 7%, — Cephalothorax brevis fulvo-olivaceus vel rufes-
cens, area oCulari nigra, vittis duabus dorsalibus latissimis paulu-
lum dentatis, linea marginali exili, linea submarginali ex maculis
parvis inordinatis composita et prope vittas dorsales maculis simi-
libus paucis fuscis notatus, partibus fulvis albido-cinereo pilosis,
facie inter oculos fulvo-aurantiaco pilosa. Clypeus latus oculorum
series anlicas duas fere æquans verticalis planus rufescens, vittis
fuscis duabus in medio ornatus. Oculi antici appropinquati fere
æquidistantes, in linea paululum procurva, medii lateralibus
parum majores. Oculi serier 2® maximi spatio diametro oculi
haud vel vix angustiore sejuncti. Abdomen breviter ovatum fus-
co-olivaceum nigricanti-variatum fulvo-pubescens et præsertim
in lateribus punctis albis pilosis et inordinalis sat dense obtectum,
in parte prima vitta longitudinali nigricante lanceolata utrinque
prope medium, breviler angulosa notatum, infra omnino albo sat
dense pubescens. Sternum fulvo-olivaceum vita longitudinali
integra nigricante sectum. Pars labialis nigricans. Laminæ fulvæ.
Chelæ sat longæ et parallelæ, fulvæ, antice longitudinaliter fusco
vittalæ, margine inferiore sulci dentibus tribus, 3° reliquis minore
margine superiore dentibus binis, 20 allero minore,armalis. Pedes
longi sat robusti sed metalarsis, præsertim posticis, gracillimis,
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 443
fulvo-olivacei breviter pilosi, femoribus fusco variatis et parum
regulariler triannulalis, tibiis poslicis infuscatis. Tibia cum
patella IV cephalothorace multo longior. Metatarsus IV paulo lon-
gior quam patella cum tibia. Tibiæ anticæ infra 2-2 longe et ad
apicem 1-1 brevius aculeatæ atque aculeis lateralibus munitæ,.
Metatarsi antici infra 2-2 longe aculeati ad apicem aculeo medio
minore et utrinque aculeis binis instructi. Plaga vulvæ nigra,
antice transversim striolata, postice paulum convexa, utrinque
rotunda et prope angulos impressa, in medio fovea profunda lon-
giore quam latiore antice acute attenuata carina angusta fere
acuta sed ad marginem poslicum paululum triangulariter incras-
sata secta. Mamillæ superiores fulvæ albo-pilosæ inferiores fuscæ.
Se distingue des autres espèces asiatiques du même genre par
son bandeau très haut égalant presque les deux premières lignes
oculaires et marqué de deux bandes noirâtres se prolongeant sur
les chélicères, par son sternum coupé d’une bande noirâtre lon-
gitudinale comme chez Æippasa Greenalliæ BI.
8. HETEROPODA VENATORIA L.
Pour la synonymie cf. E. Sim., Rév. Sparass., 1880, p. 48.
Genus CETUMA nov. gen.
Generi Diææ affinis. Cephalothorax magis depressus circiter
æque latus ac longus utrinque ample rotundatus antice breviter
sed valde attenuatus, fronte sat angusta truncata haud carinata.
Oculi postici in linea parum recurva fere æquidistantes medii
lateralibus paulo minores. Oculi antici in linea recta breviore
quam linea secunda, approximati, medii lateralibus plus quadru-
plo minores. Oculi medii aream multo longiorem quam latiorem
et antice quam postice multo angustiorem occupantes, antici
posticis minores. Oculi laterales in tuberibus humilibus, posticis
anticis majoribus, singulariter impositi. Clypeus verticalis vix
latior quam oculi laterales antici. Sternum late cordiforme sed
longius quam latius. Pedes valde inæquales, 1 et 2 posticis multo
longiores et robustiores, metatarsis tibiis brevioribus et paululum
curvalis. Tibiæ metatarsique antici infra validissime biseriatim
aculeati. Pedes postici parve et parce aculeati.
444 EUGÈNE SIMON
Très voisin du genre Diæa, dont il diffère principalement par
son céphalothorax déprimé, ses yeux antérieurs excessivement
inégaux et en ligne droite, son bandeau très étroit, ses métatarses
antérieurs plus courts que les tibias. — Il diffère du genre Thar-
rhalea L. Koch (1) par la première ligne des yeux visiblement
plus étroite que la seconde et les yeux de la seconde presque
équidistants, tandis que chez Tharrhalea les médians sont beau-
coup plus resserrés que les latéraux.
9. CETUMA MORGANI Sp. nov.
$ long. 3m. — Cephalothorax subtiliter coriaceus obcure
fulvus parte cephalica postice lineis fuscis duabus abbreviatis
antice divaricatis notata parte thoracica utrinque delete infus-
cata et subvittata. Abdomen breviter ovatum depressum antice
rotundatum postice paululum incrassatum et rotundatum supra
nigricans parcissime et breviter fulvo-pilosum obscure et inordi-
nate testaceo-striolatum, in parte prima vitta longitudinali utrin-
que valde laciniosa, in parte secunda lineis transversis abbreviatis
3 vel 4 obscure testaceis ornatum, infra testaceum albido sat
longe pubescens. Sternum fulvo-testaceum albido parce pilosum
nitidum. Chelæ fulvte. Pedes valide inæquales testaceo-luridi,
femoribus I et II præsertim infra valde et inordinate nigro-pune-
tatis, tibiis metatarsisque valde infuscalis, pedes postici reliquis
multo breviores pallide flavi parcissime nigro-punctati. Tibiæ
anticæ aculeis validis et longis paululum elevatis 5-5, metatarsi
aculeis similibus 3-3, infra armali. Plaga vulvæ minuta, antice
fovea angusta transversa, postice margine nigra transversim
subtiliter striolato, notata.
Genus STRIGOPLUS nov. gen.
Cephalothorax brevissimus latior quam longior, in medio valde
convexus, poslice fere abrupte antice longius declivis. Oculi pos-
tici in linea sat valde recurva fere æquidistantes medii lateralibus
fere triplo minores. Oculi antici in linea levissime recurva medii
lateralibus mullo minores et inter se multo latius quam a latera-
(1) Le genre Cerinius Thorell (1877 nous paraît synonyme du genre Tharrhalea
L. Koch (1875).
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 445
libus remoti. Area mediorum paulo latior quam longior et antice
quam postice paulo latior. Tubercula oculorum lateralium valida
rotundata inter se disjuncta. Clÿpeus area oculorum mediorum
fere æque latus, ad basin sub oculis constrictus et depressus,
dein incrassatus et paululum porrectus, ad marginem anticum
late emarginatus. Area oculorum mediorum et margo clypei
lineis transversis aculeorum muniti. Chelæ parum longæ, in parte
basilari muticæ foveolatæ et marginatæ, in parte apicali valde
aculeatæ. Pars labialis et laminæ-maxillares valde aculeatæ.
Pars labialis multo longior quam latior pauliulum lanceolata
obtusa apicem laminarum haud attingens. Pedes mediocres omnes
aculeati, 1 et 2 reliquis robustiores et longiores, ungues infra
fasciculis scopularum muniti.
Ce genre remarquable à quelques rapports avec les genres
Tmarus E. Sim. et Pherecydes Cambr., mais il s'en distingue faci-
lement par les yeux medians antérieurs beaucoup plus séparés
l'un de l’autre que des latéraux, par le groupe des yeux médians
plus large en avant qu’en arrière, enfin par l’armature du front, du
bandeau, des chélicères et des pièces buccales.
Il se rapproche aussi du genre Strophius Keyserling (1), mais
s’en distingue par sa pièce labiale obtuse, ses yeux postérieurs
équidistants, ses tibias et métatarses antérieurs cylindriques et
pourvus en dessous de séries d’épines.
(1) Cf. Keyserling, Spinn. Amer. Luter., 1880, p. 73. — Les genres Strophius Key-
serl. et Cerarachne Keyserl., ont les plus grands rapports avec les genres Bucra-
nium Cambr. et Aphantochilus Cambr., et établissent le passage entre ces types
anormaux et les Thomisidæ ordinaires.
La sous-famille des Aphantochilini se composerait ainsi de quatre genres dont
le tableau suivant résume les caractères :
1. Frons bicornuta. Pedes I, IT et IV subæquales. ............. 8 2
Frons mutica. Pedes IIT et IV reliquis pedibus breviores .... Strophius.
2. Laminæ-maxillares planæ ad apicem breviter acuminalæ chelas
haud attingentes. Pars labialis angustissima et careniformis. 3
Laminæ paululum depressæ ad apicem longissime productæ
et chelas attingentes. Pars labialis ad basin paulo latior ad
ACER SEULS SRE 7 OU een men Se os ones eje oe close Cerarachne.
3. Cephalothorax parte thoracica postice parum attenuata et trun-
cata supra convexa tuberculis spiniferis minutis instructa.
Oculi antici et postici inter se fere æquidistantes........ Bucranium.
Cephalothorax parte thoracica postice validissime attenuata
supra in medio tuberculo urico longissimo armata. Oculi
medii antici et postici inter se multo latius quam a latera-
ROUSSEAU REPARER HR RER: Aphantochilus.
446 EUGÈNE SIMON
10. STRIGOPLUS ALBOSTRIATUS SP. NOV.
d long. 4%m5, — Cephalothorax obscure fuscus supra in medio
et antice paulo dilutior, area oculorum transversim obscure tes-
tacea, dense coriaceus et tuberculis longissime spinigeris parce
armatus, area oculorum mediorum linea transversa breviter spi-
nulosa (ex spinulis 8-12 composita) notata. Clypeus ad marginem
anticum spinulis robustis 12-16, mediis lateralibus minoribus,
armatus. Chelæ fuscæ, parum longæ, in parte basilari depressæ
subfoveolatæ extus etantice carinatæ, in parte secunda præsertim
prope foveam basilarem validissime et fere inordinate aculeatæ.
Abdomen evidenter longius quam latius antice rotundatum pos-
tice sensim incrassatum sed ad apicem breviter acuminatum supra
subtilissime coriaceum et tuberculis longe setigeris conspersum
obscure fuscum in medio plus minus dilutius et testaceo varia-
tum, lineis exillimis 3-4 in medio sæpe interruptis albo-opacis
transversim sectum, infra fusco-testaceum antice utrinque linea
brevi arcuata et postice prope mamillas puncetis ducbus albo-opacis
notatum. Sternum nigrum læve nitidum. Pedum I et Il coxæ et
femora fere nigra, reliqui articuli fusco-rufescentes, pedes pos-
tici fulvo-olivacei femoribus dilutioribus sed ad apicem pallide
fusco-annulatis, aculeis femorum et aculeis pedum posticorum
longis et gracilibus sed aculeis inferioribus tibiarum et metatar-
sorum anticorum brevibus. Pedes-maxillares breves fusci, femore
brevi recto, patella fere quadrata, tibia patella breviore extus
apophysa longa antice directa et fere tereti ad apicem oblique
truncata cum angulo inferiore paululum producto et sinuoso,
infra apophysa multo breviore graciliore et simplici armata, tarso
breviter ovato, bulbo disciformi convexo simplici apophysa
carente.
$ long. 64, — Cephalothorax paulo latior, supra et antice
lurido-testaceus leviter fusco-variatus, utrinque fusco-rufescens
valde et fere inordinate testaceo maculatus striolatus et mar-
ginatus, postice in declivitate niger. Area oculorum clypeus
chelæque ut in mare sed robustius aculeati. Abdomen magnum,
obtusissime triquetrum haud longius quam latius fulvo-rufescens
utrinque prope medium fusco-maculatum, postice pallide lurido
testaceum sed ad apicem fusco-marginatum, supra plus minus
albido variatum et lineis exilibus albidis transversim sectum,
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 447
infra in medio fuscum in lateribus albido-testaceum dense puncta-
tum et postice prope mamillas punclis albidis duobus notatum.
Mamillæ rufescentes. Pedes I et II obscure fusci, femoribus supra
valde testaceo variatis, tibiis metatarsis tarsisque annulo medio
albido ornatis. Pedes postici luridi, femoribus tibiis metatarsisque
ad apicem patellis totis fusco-rufescentibus sed articulationibus
angustissime albido-cinctis. Pedes-maxillares breves et robusti
valde aculeati fusco-rufescentes, femore ad apicem et patella dilu-
tioribus. Area vulvæ plana nigra postice fovea minutissima fere
quadrata et longitudinaliter carinata notata.
Genus ALCIMOCHTHES nov. gen.
Cephalothorax brevis et altissimus fere æque longus latus et
altus, postice abrupte antice leviter declivis, fronte haud atte-
nuata latissima et obtusa haud carinata. Oculi postici in linea sat
valde recurva fere æque distantes (medii a lateralibus vix latius
quam inter se remoti) laterales mediis paulo majores. Oculi
antici in linea breviore multo minus recurva fere recta, medi
lateralhibus saltem duplo minores et a sese paulo longius quam a
lateralibus remoti. Oculi medii trapezium latius quam longius et
antice quam postice parum angustius occupantes. Oculi laterales
in tuberibus rotundatis sat validis singulariter elevali. Clypeus
area oculorum latior, planus paululum porrectus. Sternum sat
angustum multo longius quam latius. Abdomen longius quam
latius altum, antice fere abrupte elevatum, in parte secunda plus
minus incrassatum sed ad apicem acuminatum. Chelæ longæ sat
angustæ parallelæ paululum porrectæ. Pars labialis angusta plus
duplo longior quam latior apicem versus attenuata. Laminæ longæ
angustæ fere parallelæ apice rotundatæ. Pedes breves, 2,1,4,3,
1 et 2 reliquis non multo longiores nec robustiores et inter se fere
æquales, omnes graciliter et parce aculeati, femora antica supra
aculeata sed intus mutica.
Le genre Alcimochthes n'a d'analogue dans la famille des 7'homi-
sidæ que le genre Amycle Cambridge (1) (Proceed. Zool. Soc. Lond.,
1873, p. 122) ; il en diffère par les yeux postérieurs en ligne beau-
{) Le nom Amycle ayant été employé par Stôl pour un genre d'Hémipteres,
nous proposons de le remplacer par celui de Amyciæu.
448 EUGÈNE SIMON
coup moins courbée et presque équidistants, les yeux antérieurs
en ligne un peu courbée en avant, les chélicères plus longues,
les pattes au contraire beaucoup plus courtes et plus robustes.
11. ALCIMOCHTHES LIMBATUS SP. NOV.
g long. 4%, — Cephalothorax altissimus et crassissimus niger,
parte thoracica utrinque paulo dilutiore et rufescente, tuberculis
oculorum lateralium testaceis, subtiliter coriaceus parce et bre-
viter pilosus. Clypeus area oculorum haud angustior planus pau-
lulum porrectus. Abdomen longius quam latius altum antice
rotundatum in parte secunda utrinque paululum dilatatum sed
ad apicem valde attenuatum et acuminatum, fusco-violaceum, in
parte prima albido-marginatum, in parte secunda sensim dilutius
et transversim fusco-striatum , infra fuscum. Chelæ longæ et
angustæ antice fere planæ extus carinatæ obscure fuscæ coriaceæ.
Sternum fuscum postice ad apicem paulo dilutius. Pedes parum
longi pallide flavi subpellucentes, breviter pilosi, omnes graciliter
aculeati, tibiis metatarsisque anticis aculeis inferioribus atque
aculeis lateralibus plurimis instructis. Pedes-maxillares minuti
albo-testacei bulbo fusco, femore robusto brevi fere recto, patella
vix longiore quam laiiore parallela, tibia multo breviore trans-
versa, apophysa exteriore mediocri ad apicem tuberculis minutis
nigris duobus notata atque apophysa inferiore longiore et tereti
armata, tarso ovato minuto, bulbo disciformi antice late emargi-
nato stylo libero omnino circumdato.
@ long. 5mm, — Cephalothorax chelæque ut in mare sed fulvo-
olivacei et læviores, abdomen postice magis incrassatum fusco-
violaceum, in parte prima vitta marginali alba latissima, in parte
secunda macula magna fulva obtuse triangulari lineis exillimis
albis quinque transversim secta, ornatum. Pedes ut in mare sed
tibiis metatarsisque anticis aculeis lateralibus carentibus. Pedes
postici vix aculeati.
42. Pozrys ILLEPIDUS C. Koch, Ar., X, 1843, p. 87, f. 821
Pleuromma moluccum Dolesch., Tiweede Bijdr., etc., 1859, p. 45,
pl. vu, fig. 3.
Poltys moluccum Thorell, Rag. Mal., etc., 11, 1878, p. 28.
Cette espèce, découverte à Bintang, a été retrouvée depuis à
FAUNE ARACIHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 449
Amboine, à Java (d'après Van Hasselt) et en Nouvelle-Guinée
(sec. Thorell).
Les genres Cyphagogus Günther (Ann. Mag. nat. hist., 1862),
Mastigosoma Ausserer (Verh. z. b. Ges. Wien, 1871, p. 815) et Rhyn-
charachne Bradley (Proceed. Linn. Soc. N.-S. Wales, 1876) parais-
sent synonymes de Poltys; mais le genre Gerrosoma Bradley (4. e.,
p. 222) en est distinct, il en diffère en effet par le tubercule ocu-
laire plus haut et resserré à la base, les yeux latéraux antérieurs
très rapprochés des médians, placés un peu au-dessous sur le
tubercule oculaire et non à sa base comme chez les Poltys.
13. CÆROSTRIS PARADOXA Dolesch., Tweede Bijdr., etc. 1859, p. 37.
pl. 1x, fig. 11 et pl. x, fig. 8 (sub Æpeira).
Répandu en Malaisie et dans l’Indo-Chine.
14. ARGIOPE CATENULATA Dolesch.
(cf. E. Sim... Bull. Soc. zool., Fr., 1885, p. 18).
15. NEPHILA MACULATA Fabr., Ent. Syst., Il, 1793, p. 425 (Aranea).
Nephila fuscipes C. Koch, Ar., VI, 1839, p. 136, fig. 528.
(pour la synonymie cf. Thorell, Rag. Mal., etc., III, p. 145).
16. META STELLIMICANS Sp. nov.
$ long. 4%5, — Cephalothorax obscure luridus, parte cepha-
lica lineis binis fuscis appropinquatis oculos haud attingentibus,
parte thoracica vitta media olivacea, notatis. Oculi postici in linea
fere recta, sat magni fere æqui et fere æquidistantes, spatiis diame-
tro oculi haud latioribus sejuncti. Oculi antici in linea recta, fere
æquidistantes et parum remoti, medii lateralibus majores. Oculi
medii aream vix longiorem quam latiorem et vix angustiorem
antice quam postice occupantes. Clypeus area oculorum mediorum
parum angustior. Abdomen breve et altissimum, antice abrupte ele-
vatum, postice valde declive, ad apicem tuberculis binis obtusissi.
mis et geminatis notatum,fulvo-rufescens maculis minutis vel punc-
tis numerosis argenteis antice fere inordinatis postice in declivitate
series parum regulares numerosas formantibus et maculis argen-
teis paulo majoribus 6 vel 8 lineam arcuatam apice cinctam
formantibus læte decoratum, infra obscure fulvum parcissime
29
450 EUGÈNE SIMON
testaceo-punctatum. Sternum pallide fusco-rufescens. Pars labia-
lis fusca apice crasse testaceo-marginata. Laminæ convexæ ad
apicem trancalæ et extus obtuse dilatatæ fulvæ versus basin pau-
lulum infuscatæ. Chelæ sat robustæ et longæ fulvæ. Pedes luridi,
femoribus tibiisque ad apicem angustissime fusco-cinctis, meta-
tarsis tarsisque versus extremitates paululum infuscatis, validis-
sime inæquales antici reliquis multo longiores, metatarsis longis-
simis, aculeis nigris gracilibus et longis paucis armati, metatarsis
anticis, aculeis binis subbasilaribus exceptis, muticis. Plaga vulvæ
nigra plana latior quam longior postice recte truncata antice et
utrinque rotundata et tenuiter marginata.
Cette espèce est excessivement voisine de M. striata Th. (Rag.
Mal., etc., I, 1877, p. 427) des Célèbes, d'Amboine et de Nouvelle-
Guinée, elle s’en rapproche complètement par la forme et la colo-
ration de son abdomen et de ses pattes, mais en diffère par ses
yeux beaucoup plus resserrés, ceux des deux lignes étant équi-
distants et par les yeux médians antérieurs plus gros que les
latéraux.
Le Dr Thorell cite (2. e., IT, p.131), mais avec doute, Meta striata
de Sumatra d’après une communication de Van Hasselt, cette
citation s'applique peut-être à M. stellimicans.
M. gemmea de Sumatra, décrit depuis par Van Hasselt, s’en rap-
proche aussi beaucoup, mais l'abdomen est simplement arrondi el
proéminent en avant, nullement bituberculé (cf. Zxæped. Sum., Ar.
p. 26, pl. 11, fig. 4).
17. MerA cELEBESIANA Walck., Apt., II, 1841, p. 222
(sub Tetragnatha).
Tetragnatha decorata Blackw., Ann. Mag. nat. hist., 1864, p. 44.
as — Cambr., Linn.Soc. Journ. Zool., 1869, p. 389,
pl. x, fig. 61-68.
Meta celebesiana Thorell., Rag. Mal., etc., I, 1877, p. 422.
Répandu dans toute la Malaisie et l'Asie méridionale; déjà indi-
qué de Singapore.
18. Eucra Isinrs E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1880, Bull., p. XCvII
et Ar. Fr. V, 1881, p. 7.
Cette espèce n'était connue jusqu'ici que de la Basse Égypte.
FAUNE ARACINOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 451
L'individu trouvé par M. de Morgan dans la presqu'île Malaise est
remarquable par sa grande taille; son abdomen très étroit et
cylindrique mesure 20m de longueur, dont les huit derniers pour
le tubercule post-mamillaire.
19. THERIDION PERPUSILLUM SP. nov.
d long. 1mm2, — Cephalothorax parum altus brevis paulo latior
quam longior utrinque amplissime rotundatus, pallide luridus
nitidus et parcissime setosus. Oculipostici mediocres in linea lata
recta, inter se late remoti, medii lateralibus paulo minores etintus
obtuse truncati. Oculi antici multo magis approximati in linea
leviter procurva, medii lateralibus majores. Oculi medii aream
quadratam seu paulo latiorem quam longiorem oCCupantes.
Clypeus area oculorum latior, sub oculis paululum depressus.
Abdomen subglobosum cinereo-testaceum parce et longe setosum,
infra in parte epigasteri nigrum paululum convexum et coria-
ceum. Sternum testaceum nitidum saltem æque latum ac longum
convexum postice late truncatum. Coxæ posticæ subglobosæ
inter se latissime remotæ. Chelæ parvæ et debiles marginem lami-
narum haud attingentes. Pedes longissimi et gracillimi valde inæ-
quales antici posticis multo longiores, sat longe et fere æqualiter
setulosi, fulvo-olivacei patellis dilutioribus. Pedes-maxillares bre-
ves fulvi tarso bulboque fuscis, patella paulo longiore quam
latiore leviter geniculata, tibia brevissima et transversa supra
vix distincta, tarso magno late ovato longiore quam jemore,
bulbo convexo parum complicato.
Petite espèce du groupe des 7! pallens BI. et T. musivum KE. Sim.
20. MEZENTIA (1) MACILENTA sp. nov.
d Ceph. th. long., 6""2; Ilarg., 3"8. — Abd. long., 7%"5: larg.
gnm5, — Pedes I, 67mm,
Cephalothorax pallide fusco-rufescens in parte oculari obscu-
rior fulvo-pubescens et parce setosus. Oculi postici fere æqui in
linea fere recta, medii a lateralibus latius quam inter se remoti.
(1) Pour le genre Mezentia Cf. Thorell Rag. Mal., etc., IIT, 1881, p. 203 ; l'auteur
ne décrit qu'une espèce M. angusta de Ternate, nous pensons que Tegenaria
ochracea Dolesch. d'Amboine, appartient aussi au genre Mezentia.
452 EUGÈNE SIMON
Oculi antici approximati, medii lateralibus plus duplo majores.
Clypeus area oculorum haud vel vix angustior verticalis sub
oculis mediis parve bituberculatus. Abdomen longum fere cylin-
dratum obscure fulvum fulvo dense pubescens et setosum, infra
vitta media infuscata notatum. Sternum fuscum fulvo-pilosum.
Chelæ longæ fere parallele nigræ coriaceæ antice longissime et
densissime fulvo-hirsutæ, margine inferiore sulci dentibus minu-
tissimis quatuor remotis, margine superiore ad angulum dente ma-
jore instructis, ungue robusto et compresso. Pedes longissimi et
gracillimi valde inæquales, antici corpore plus quadruplo longio-
res, fulvi apice tibiarum et femorum anguste infuscato, longissime
et tenuiter setosi et parce nigro aculeati. Pedes-maxillares fulvi
articulis ultimis paululum infuscatis et rufescentibus, femore gra-
cili paululum curvato, patella plus duplo longiore quam latiore
infra apophysa magna crassa et oblusa extus ad apicem tubercu-
lis nigris minoribus tribus, 1° minutissimo rotundo, 2° (superiore)
careniformi, 3 (inferiore) conico et paulum curvato instructla,
tibia patella breviore ad basin paulo angustiore versus apicem
leviter incrassata, extus carina subacuta basin haud attingente
antice in apophysas duas geminatas obtuse producta munita,
tarso vix longiore quam tibia cum patella sed latiore longe atte-
nuato, bulbo maximo complicato stylo circumdato.
21. THELYPHONUS ASSAMENSIS Stoliczka, Journ. Ac. Soc. Beng.,
XXXNVIIL, part 1001, 1869, p2205 pl xx 1841:
sspèce répandue dans l’Indo-Chine.
APPENDICE
DESCRIPTIONS DE QUELQUES ATTIDÆ DE SINGAPORE
1. PSEUDICIUS DECEMNOTATUS Sp. n0v. — 9 long. 6"m2, —_ Cepha-
lothorax elongatus fere parallelus subtilissime coriaceus, antice
niger postice sensim dilutior et rufescens, pilis simplicibus albis
‘aurantiisque intermixtis omnino obtectus. Oculi antici magni
valde inæquales in linea recta, fere conferti. Pili faciei crassi
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 453
omnino albi. Abdomen longe oblongum albo-testaceum, supra
macularum magnarum fere quadratarum nigrarum quinque serie-
bus duabus ornatum, partibus albis antice et in lateribus pilis
simplicibus albis postice in medio pilis squamiformibus læte viridi
et rufo-micantibus vestitis, infra parce albo-pilosum. Sternum
fulvum parce et longe albo-pilosum. Pedes flavo-testacei, antici
reliquis multo robustiores et paululum rufulo tincti. Tibia 1 intus
in parte secunda aculeis binis minutis armata. Tibia II mutica.
Metatarsi I et IT 2-2 breviter aculeati. Area vulvæ fulva plana
parum distincta, utrinque fovea minuta et oblonga oblique
impressa. — Singapore (coll. E. Sim...
2. MÆVIA QUADRICINCTA Sp. nov. — $ long. 5m, — Cephalo-
thorax niger, squamulis obscure flavo-æneis in parte thoracica
squamulis albidis majoribus et squamulis micantibus parce inter-
mixtis omnino obtectus. Oculi antici in linea fere recta, parum
disjuncti, pilis flavis brevibus cincti. Clypeus diametro oculorum
circa 1/3 brevior parce flavo-barbatus. Abdomen elongatum
nisrum, antice linea transversa alba, dein vittis transversis latis
ex squamulis læte aureis ei albis compositis, formose decoratum,
infra nigrum utrinque maculis duabus angulatis et postice prope
mamillas linea transversa albo-niveis ornatum. Chelæ fuscæ fere
glabræ, vix distincte striatæ. Sternum nigrum, squamulis viridi-
aureis et pilis albis ornatum. Pedes-maxillares albo-testacei, albo-
squamulati et pilosi. Pedes longi flavi squamulis albis et mican-
tibus parce ornati, tibiis I et Il infra 3-2 metatarsis 2-2 graciliter
aculeatis, metatarsis IT et IV ad basin in medio atque ad apicem
aculeatis. Area vulvæ fusca semicircularis, fovea media magna
postice latiore carina angusta sed postice propre marginem
abrupte transversim dilatata longitudinaliter secta. — Singapore
(coll. E. Sim.).
Mæviæ viridifasciatæ Dolesch. valde affinis sed pictura abdomi-
nis differt.
3. SALTICUS LURIDUS Sp. n0v.— d' long. 12%%.—Cephalothorax obs-
cure fulvo-rufescens, parte cephalica supra lucidiore antice nigro-
marginata postice macula oculari nigra utrinque notata. Pili ocu-
lorum pauci et longi supra flavi in medio et infra albidi. Petiolum
abdominale longissimum. Abdomen longum postice valde incras-
satum etconvexum ante medium valde constrictum, fulvo-nitidum
parce albo-setosum, mamillæ testaceæ. Chelæ cephalothorace
454 EUGÈNE SIMON
vix breviores fulvo-rufescentes, intus nigro-carinatæ, subtilissime
coriaceæ et parce albido-pilosæ, in parte prima angustæ et paral-
lelæ, in parte secunda ovato-dilatatæ, ad apicem truncatæ cum
angulo interiore paululum producto, ungue longissimo simplici.
Pedes flavo-rufescentes, metatarso primo infuscato, trochantere IV
et tarsis cunctis dilutioribus. Tibia I infra 4-4, tibia II infra 2-2,
metatarsi I et II 2-2 breviter et gracillime aculeati. Pedes-maxil-
lares graciles chelis breviores, tibia patella multo longiore versus
extremitatem sensim incrassata extus ad apicem apophysa
minuta nigra simplici et acuta armata, tarso parvo angusto tibia
haud longiore et vix crassiore. — Singapore (coll. E. Sim.). —
Espèce du groupe de S. plataloides Cambr. (Ann. Mag. nat. hist.,
1869, p. 17).
4. SIMÆTHA AHENEOLA Sp. n0V.— %$ long. 7%, — Cephalotho-
rax multo latior quam longior, supra fere planus, utrinque, præser-
tim in parte prima, amplissime dilatatus et rotundatus, fusco-rufes-
cens maculis ocularbus nigris notatus, uniformiter coriaceus,
supra squamulis pallide aureis in lateribus squamulis sordide-
flavescenti-albidis et prope marginem pilis albidis longis dense
vestitus. Oculi antici in linea evidenter recurva, medii subconti-
gui, laterales a mediis latissime remoti (intervallum diametro
lateralium plus dimidio latius). Oculi dorsales longe pone
medium siti. Pili oculorum breves supra aurantii in medio et infra
sordide-albidi, pili clypei longissimi albidi. Abdomen oblon-
œum, antice rotundatum, supra planum, punctis impressis sex
posticis reliquis majoribus et elongatis supra notatum, obs-
cure fulvo-rufescens postice infuscatum, supra squamulis pallide-
flavescentibus squamulis aureis præsertim antice intermixlis
vestitum, in parte prima vitta longitudinali, in medio punctis
duobus, postice maculis duabus fusco-marginatis albido-squa-
mulatis ornatum, infra pallide-testaceum. Sternum obscure
fuscum longe albido-pilosum. Chelæ robustissimæ parum lon-
giores quam latiores, paululum divaricatæ, fusco-rufescentes
antice validissime coriaceæ, extus acute carinatæ, prope medium
costa obliqua obsoleta notatæ, margine sulci inferiore dente valido
careniformi profunde et æqualiter bifido armato. Pedes antici
robustissimi, femore clavato nigro, articulis reliquis, tarso fulvo
excepto, obscure fusco-rufescentibus, tibia paululum depressa ver-
sus apicem leviter angustiore infra fere plana et in parte secunda
aculeis robustis sed brevibus binis armata, metatarso tibia multo
FAUNE ARACINOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 455
breviore et graciliore aculeis robustis et longis 2-2 armato. Reli-
qui pedes fere mutici, fulvo-rufescentes, femoribus (præsertim IT)
et apice tibiarum infuscatis. Pedes cuncti squamulis et pilis fla-
vescenti-albidis vestiti. Pedes-maxillares fusco-rufescentes,
patella tibiaque valde depressis, supra squamulis micantibus
utrinque pilislongis albidis longe hirsuti. Vulvæ fovea minuta
transversa, antice fusco-rufescente limitata, notata. — Singa-
pore (coll. E. Sim.).
Voisin de S. pœtula Keyserl., d'Australie, en diffère surtout
par les tibias antérieurs pourvus de deux épines seulement, le
céphalothorax sans tache frontale blanche, l'abdomen sans bande
noire ventrale.
Nota. Le genre Simætha Thorell (Rag. Mal. etc., III, 1881,
p. 520) est probablement synonyme du genre Æulabes Keyserl.
(in L. Koch, Ar. Austr., 1882, p. 1387), il est même possible que
S. thoracica Th. soit synonyme de Æ. fissidens Keyserl., tous deux
du Cap York. Les Simætha décrits jusqu’à ce jour sont tous
particuliers à l'Australie (1).
9. HOLOPLATYS PLANISSIMA L. Koch, Ar. Austr., 1879, p. 1100,
pl. xovi, fig. 4-5 (sub Marptusa).
Singapore (coll. E. Sim.). — Très répandu en Australie et dans
les îles de la Polynésie ; n'avait pas encore été signalé en
Malaisie (2).
(1) I paraît cependant probable que le Ballus angulosus Karsch /Zeitschr.f. ges.
Naturw., LIT, p. 553) de Ceylan, et le Salticus latidens Dolesch. (Tweed. Bijdr. etc.,
1859, p. 21, pl. x, fig. 6) de Java, appartiennent au genre Simætha.
(2) Pour le genre Holoplathys, cf. E. Simon, Ann. Soc. ent. Belg., C.-r. sept. 1885.
456 EUGENE SIMON
,
IV
ARACHNIDES
RECUEILLIS A COLLEGAL, DISTRICT DE COIMBATOORE
Par M. A. THEOBALD G,. R. |(l).
1. MENEMERUS BALTEATUS C. Koch (voy. Bull. Soc. Zool. Fr.,
1885, p. 7).
2. Hasarius ADANSONI Aud. in Sav., (1. c., p. 30).
3. ÆLURILLUS TIGRINUS SP. NOV.
Q long. Ywm, — Cephalothorax elongatus convexus postice
sensim dilatatus, niger, parte cephalica pilis albido-rufescentibus
setis nigris parce intermixtis dense vestita, parte thoracica albido
sat longe pilosa et vitlis duabus obscure fulvis longitudinaliter
notata. Pili oculorum et clypei sordide albidi. Oculi antici in linea
sat recurva, medii inter,se anguste sejuncti ,spatio inter medios
et laterales dimidio diametro lateralium latius. Clypeus latus et
obliquus. Abdomen longe oblongum, albo-cinereo longe pubes-
cens, vittis latissimis duabus fuscis fusco-rufescenti pubescentibus
supra ornatum, infra dense albido-pilosum. Sternum obscure
fulvum longe albo-pilosum. Chelæ crassæ, fulvæ, longe albo
setosæ læves sed prope apicem infuscatæ et paululum rugosæ,
margine sulci inferiore mutico, ungue brevissimo ad basin crasso.
Pedes obscure fulvi albido-pilosi, femoribus tibiisque paululum et
inordinate fusco-variatis. Pedes I et II crassi, femoribus tibiis-
que dilatatis, tarsis metatarsis longioribus. Tibia 1 3-3, tibia II
3-2, metatarsi 1 et IL 2-2 infra aculeati atque aculeis lateralibus
instructi. Area vulvæ fusca, antice plaga transversa semicircu-
lari ad marginem posticum paululum producta et utrinque nigro-
marginata, postice fovea regulariter plicala, notalta.
Très voisin de Æ. Redii Aud. in Sav. (2), de Syrie, en diffère
() Les Arachnides qui font l'objet de ce mémoire font partie de la Collection de
M. E. Pougnet, de Landroff (Lorraine).
@ = $. fasciatus Cambr., Proceed, Zool. Soc. Lond., 1872 (non Hahn) +5. inter-
ceptor Cambr., L c., 1876, p. 616. — C'est à tort que nous avons rapporté cetle
espèce au genre Phlegra in Ar. Fr., HI, p. 127 (note),
FAUNE ARACGHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 457
par la première ligne des yeux un peu moins courbée, par les épi-
nes des métatarses antérieurs plus courtes et par la structure de
l'épigyne : chez Æ. Redi en effet la plaque antérieure est beau-
coup plus courte et tronquée droit en arrière, la fossette posté-
rieure est par contre beaucoup plus grande, divisée par une carène
longitudinale et également marquée de plis concentriques.
Les Æ. Redii et tigrinus forment dans le genre Ælurillus un
groupe très net caractérisé par la marge inférieure des chélicères
mutique, le céphalothorax plus allongé rappelant celui des
Phlegra et par les pattes de la quatrième paire presque aussi
longues que celles de la troisième.
4. CYRBA MICANS SP. nov.
d long. 47, — Cephalothorax niger, parte cephalica pilis bre-
vibus smaragdineo rufoque micantibus obtecta, parte thoracica
obscure cinereo-pubescente postice late albido-marginata, linea
media interrupta, utrinque prope oculos linea transversa abbre-
viata, dein punctis linearibus obliquis coccineo-pilosis, ornata.
Pili oculorum pauci et longi sordide albidi. Abdomen nigrum seri-
ceo paululum micante pubescens, antice albido-marginatum,supra
maculis minutis coccineis triseriatim dispositis et postice supra
mamillas macula albida structe decoratum, infra squamulis albi-
dis conspersum et læte albo-niveo marginatum. Sternum nigrum
albo-squamulatum. Pedes nigricantes annulis albo-pilosis ornati,
metatarsi antici graciles tibiis vix breviores. Pedes-maxillares
nigri, femore supra crasse albo-piloso, tibia brevi transversa
infra in conum producta, extus tuberculo humili obliquo ovato
impresso ad apicem oblique truncato cum angulo anteriore bre-
vissine acuto armata, tarso magno depresso ample disciformi,
bulbo simplici.
5. HippAsA GREENALLIÆ Blackw. (1. c., p. 31).
En grand nombre.
6. Lycosa INDAGATRIX Walck. (1. c., p. 8).
7. LYCOSA CATULA Sp. nov.
® Ceph.th. long. 8mw, Abd. long. 10", — Zycosæ indagatrici affi-
458 EUGÈNE SIMON
nis. Cephalothorax fusco-rufescens fulvo-cinereo versus marginem
albidiore pabescens, vitta media lata dilutiore albido-fulvo-pilosa
in parte {horacica paululum ovata et prope marginem posticum
abrupte angustiore et nigricante limitata notatus, partibus late-
ralibus lineis obscurioribus parum expressis marginem haud
attingentibus oblique sectis. Oculi ut in L. indagatrici. Abdomen
late oblongum supra fulvo nitido dense pubescens et setosum, vitta
media lata medium superante paululum obscuriore utrinque
tenuiter fusco-marginata postice incrassata et truncata notatum,
partibus lateralibus et posticis parcissime fusco-punctatis, infra
nigerrimum punctis albis inordinatis vel series longitudinales
parum regulares designantibus in medio parce in lateribus den-
sius ornatum. Chelæ nigræ nitidæ ad basin et extus rufo-coccineo
pilosæ præterea parce nigro-setosæ. Pedes-maxillares, apice tarso
fusco excepto, omnino rufo-coccineo pubescentes. Pedes ut in
L. indagatrici sed annulo albo tibiarum cunctorum haud latiore
quam partibus nigris. Sternum coxæque nigra. Vulvæ fovea paulo
longior quam latior antice attenuata et obtusa postice sat late
nigro-marginata et striolata, carina media acutissima longitudi-
naliter secta.
Nora. Les L. indagatrix, L. Chaperi, L. nigrotibialis et L. catula
représentent dans l'Inde le 3° groupe du genre Lycosa (type L.
radiata) (1).
Le tableau suivant résume leurs caractères :
4. — Sternum fulvo-olivaceum, pedes omnino fulvi. Fovea
vulvæ postice plaga magna transversim trapeziformi
BCE PPAPEME TS ARTS LS ARE AC TU A AUS Chaperi.
Sternum nigrum, tibiæ (saltem posticæ) infra in
medio albæ ad basin atque ad apicem nigræ. Fovea
vulvæ carina longitudinali secta....,.., ARTE ont
2. — Tibiæ anticæ infra omnino cinereo-nigricantes, posticæ
in medio albo-annulatæ. Chelæ et pedes-maxillares
flavo-pilosi. Area vulvæ longior quam latior, carina
rufula postice transversim abrupte dilatata secta, .... nigrolibialis.
Tibiæ cunetæ infra annulo medio albo munitæ, pili
chelarum et pedum-maxillarium læte rufo-coccinei.
Fovea vulvæ parum longior quam latior, Carina nigra
19
A) Cf. E. Simon, Étude sur les Arachnides de Tunisie, 1885, p. 9.
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 459
3. — Chelæ ad basin et ad marginem exteriorem rufo-pilosæ,
venter niger albo-punctatus, annulus medius tibiarum
cunctorum partibus nigris haud latior. Carina vulvæ
acutissima . .... À ETS CO RSR AN CRE ESC EE catula.
Chelæ usque ad apicem rufo-pilosæ, venter omnino
niger, annulus medius tibiarum posticarum partibus
nigris latior. Carina vuivæ angusta sed supra plana, indagatrix.
8. Orros Lamarcri Latr., Gen. Crust. etc., I, p. 113 (sub Thomisus).
Pour la synonymie cf. E. Sim., Rév. Sparass., 1880, p. 81.
Nous le possédons aussi de Pondichéry où il paraît commun.
Comme beaucoup d'espèces de la famille des Sparassidæ, Olios
Lamarcki a un habitat très étendu, il se trouve à Madagascar, à
l'île de la Réunion, sur toutes les côtes orientales d'Afrique et
dans l'Hindoustan.
9. OxyPTiLA THEOBALDI NOV. SP.
d long. 4"m2.—Cephalothorax latior quam lonsior. antice valde
attenuatus fronte obtusa, niger, area interoculari obscure testa-
cea, valde coriaceus et parce granulosus aculeis clavatis fulvis
parce vestitus, setis frontalibus sat brevibus anguste claviformi-
bus, antice ad marginem elypei setis simplicibus septem munitus.
Sternum coriaceum nigrum maculis magnis obliquis obscure
rufo-testaceis notatum. Abdomen breve,latius quamlongius, antice
obtuse truncatum, postice sensim dilatatum et obtusum, supra
planum, obscure fuscum antice et in lateribus inordinate testa-
ceo-marginatum, aculeis claviformibus supra minutis et fulvis
postice paulo longioribus et nigris sparsum. Pedes robusti sat
longi, antici nigricantes metatarsis tarsisque obscure fulvis, pos-
tici fulvo-testacei femoribus tibiisque late nigro-maculatis et
punctatis. Femur I antice aculeis tribus acutis. femora TI et IV
supra prope medium aculeo unico armata. Tibiæ I et Il infra acu-
leis acutis 2-3 supra setis validis et obtusis (haud claviformibus),
metatarsi infra 3-3 et utrinque aculeo unico armati. Pedes-maxil-
lares fusci, patella convexa paulo latiore quam longiore, tibia
patella paulo breviore ad basin angustiore extus apophysa api-
cali brevi depressa antice directa sed ad apicem abrupte
angustiore breviter aciculata et divaricata, infra apophysa magna
460 EUGÈNE SIMON
robustissima obtusa et valde arcuata setis rigidis munita insigne
instructa, tarso mediocri ovato et disciformi, bulbo simplici fusco
late testaceo-foveolato.
10. DIÆA PouGNETI sp. nov.
Q@ (pullus) long. 4mm, — Cephalothorax paulo longior quam
latior et longior quam tibia antica, antice sensim attenuatus et
truncatus, pallide lurido-testaceus, subtilissime coriaceus et parce
setosus, tuberibus ocularibus albido-opacis. Oculi postici æqui,
medii inter se paulo latius quam a lateralibus remoti. Oculi
antici fere æque distantes, medii lateralibus fere 1/3 minores.
Area mediorum paulo longior quam latior et antice quam postice
multo angustior. Clypeus verticalis planus, area oculorum medio-
rum paulo angustior. Abdomen breve,:vix longius quam latius,
antice rotundatum postice incrassatum et rotundatum, albido-
testaceum, antice punctis binis, prope medium maculis nigris
binis majoribus elongatis valde sinuosis et acute bi-angulosis
notatum, infra antice testaceum postice prope mamillas nigrum.
Mamillæ nigræ. Sternum chelæ et partes oris pallide testacea.
Pedes parum robusti sat longi flavo-testacei, tibiis I et IT ad
basin atque ad apicem anguste rufulo-annulatis, femore antico
antice 4 supra 3 tenuiter aculeato, tibia I infra 3-2, melatarso 5-5
et utrinque 2 vel 3 aculeatis. Pedes IIT et IV valde aculeati.
11. STANNEOCLAVIS CANNINGENSIS Stoliczka, Journ. As. Soc. Bengl.,
XXX VIII, 1869, p. 248, pl. xvin, fig. 1.
Très voisin de S. brevispina Dolesch., s’en distingue par le
céphalothorax, le sternum et les chélicères entièrement noirs, les
pattes beaucoup plus obscures, les yeux médians antérieurs rela-
tivement plus resserrés, les épines abdominales un peu plus lon-
guement atténuées, moins brusquement rétrécies à la pointe, les
quatre ocelles médians de l'abdomen égaux, les antérieurs presque
arrondis, les postérieurs un peu ovales transverses (chez S. brevis-
pina les postérieurs sont plus gros que les antérieurs, un peu réni-
formes el toujours un peu échancrés en avant), les focelles laté-
raux, situés entre les épines, beaucoup plus allongés et nullement
dilatés extérieurement, les neuf ocelles de la série postérieure
FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE AG1
plus petits, plus espacés et moins inégaux. — Cette espèce à été
découverte par F. Stoliczka à Port-Canning (S.-E. de Calcutta).
12. THERIDION RuFIPES Lucas, Expl. Alg., Ar., p. 263, pl. xvi, fig. 5.
T. borbonicum Vinson, Aran. Réun. etc., 1864, p. 28, pl.xiv, fig. 6.
T. luteipes Cambr., Linn.S. J. Zool., X, 1870, p. 382, pl. xn,
fig. 46-51.
T. bajulans L. Koch, Æg. u. Abyss. Ar., 1875, p. 21.
T. flavoaurantiacum E. Sim., Ann. Soc.ent. Belg. G.-r., nov. 1880.
Cette espèce paraît répandue dans presque toutes les régions
chaudes de l’ancien monde ; elle est connue d'Algérie (Lucas), de
Sicile, d'Égypte (L. Koch}, de Syrie, de Ceylan (Cambr.), de l’île
de la Réunion (Vinson), de Nouvelle-Calédonie (E. Sim.), nous la
possédons en outre d'Akyab, du Sénégal et du Congo.
13. ARTEMA MAURICIA Wailck. (voy. Bull. Soc. Zool. Fr., 1885, p. 19).
EXPLICATION DES FIGURES DE LA PLANCHE X.
Fig. 1. Thyene semicuprea E. Sim. (Wagra-Karoor). — Patte-mâchoire du mâle en
Fig. 2. Pseudicius modestus E. Sim. (Ramnad). — Épigyne.
3, Lycosa Chaperi E. Sim. (Wagra-Karoor). — Épigyne.
4. Lycosa catula E. Sim. (Gollegal). — Épigyne.
. 5. Pardosa partita E. Sim. (Wagra-Karoor). — Épigyne.
Fig. 6. Hippasa Greenalliæ B1. (Ramnad). — Patte-mâchoire du mâle, de profil.
Fig. 7 — _ Epigyne.
Fig. 8. Ælurillus Redii Sav. (Syrie). — Épigyne.
Fig. 9. Ælurillus tigrinus E. Sim. (Collegal). — Épigyne.
Fig. 10. Heteropoda Fabrei E. Sim. (Ramnad). — Tibia de la patte-mâchoire du
mâle, de profil.
Fig. 11. Heteropoda sexpunctata E. Sim. (Wagra-Karoor). — Tibia de la patte-
mâchoire du mâle, de profil.
Fig. 12. — — Épigyne.
Fig. 13. Apsectromerus duriusculus E. Sim. (Wagra-Karoor). — Tibia de la patte-
mâchoire du mâle, de profil.
Fig. 14. — — Une patte de la première paire.
Fig. 15. Oxyptila Theobaldi E. Sim. (Collegal). — Tibia de la patte-mâchoire en
dessous.
Fig. 16. Alcimochthes albolimbatus E. Sim. (P.-I. Malaise). — Céphalothorax et
abdomen, de profil.
A62 EUGÈNE SIMON
Fig. 17. Mexentia macilenta E. Sim. (P.-I. Malaise). — Patella et tibia de la patte-
mâchoire du mâle, de profil.
Fig. 18. Hersilia Savignyi Luc. (Wagra-Karoor). — Patte-mâchoire du mâle, de
profil. |
Fig. 19% + — Patella et tibia de la patte-mâchoire en dessus.
Fig. 20. Prosthesima pexa E. Sim. (Wagra-Karoor). — Tibia et tarse de la patte-
mâchoire du mâle, de profil.
Fig. 21. Echemus Chaperi E. Sim. (Wagra-Karovr). — Épigyne.
Fig. 22. Mulicymnis bicolor E. Sim. (Wagra-Karoor). — Front et yeux en dessus.
Fig. 23. Biantes longimanus E. Sim. (Wagra-Karoor), — Céphalothorax en dessus.
Fig. 24. — — Patte-mâchoire.
LISTE DES OISEAUX
REÇUS RÉCEMMENT
DU SUD-OUEST DU PAYS OUSSOURIEN
Par L. TACGZANO WSKI
Les Oiseaux que le Musée de Varsovie vient d'obtenir de ce
pays ont été recueillis par M. Jankowski, connu dans l’'Ornitho-
logie par ses explorations de l’îlot Ascold et par M. Kalinowski,
compagnon du Docteur Dybowski pendant son séjour au Kamts-
chatka, et auquel ce savant explorateur, tont dévoué à la science,
a confié la mission de compléter les matériaux pour la faune orni-
thologique de cette contrée, qu'il n'avait pas suffisamment explo-
rée. La majeure partie de ces Oiseaux a été recueillie au bord de
la rivière Sidemi, voisine de la frontière entre les possessions
russes et la Corée, au 43% (latitude nord) et au bord de la rivière
Soungatscha, située entre le lac Chanka et le fleuve Oussouri,
entre le 45 et le 46° latit., à l'exception d’un petit nombre d'espèces
recueillies aux environs de Wladiwostok.
Quelques espèces de cette collection paraissent pour la pre-
mière fois dans la faune de la vaste région à l'exploration de
laquelle le D' Dybowski a consacré de longues années. D’autres
sujets fournissent de riches matériaux pour délerminer les livrées
qui nous étaient inconnues, ou pour constater sur des séries beau-
coup plus nombreuses la constance des caractères locaux des
races, pris antérieurement sur des individus uniques ou en nom-
bre insuffisant. Quelques-unes des espèces du nord procurent
l’occasion de reculer vers le sud la limite de leur distribution
géographique; enfin plusieurs autres qui jusqu'alors n'avaient
été signalées dans ce pays que sur la côte même de la mer du
Japon, et sur les îlots voisins, et qui pouvaient être considérées
464 L. TACZANOWSKI
comme de passage, ont été retrouvées plus au centre du pays à
l'époque de la nidification.
Ces raisons m'ont décidé à donner une liste complète des
Oiseaux de cet envoi pour servir à compléter la faune de la con-
trée et continuer la série des listes précédentes de l'exploration
du Dr Dybowski et de ses compagnons dans les différentes loca-
lités du nord de l'Extrême Orient, publiées dans le Bulletin de
la Société.
Les espèces introduites pour la première fois dans la faune de
la Sibérie orientale sont marquées par un astérisque.
#4, Vultur monachus Lin.
Unique exemplaire capturé aux environs de Wladiwostok,
identique aux Oiseaux d'Europe, seulement les plumes du sommet
de la tête, des joues, de la gorge et du devant du cou sont d’un
brun presque noir.
9. Archibuteo hemilasius Temm. et Schl.
Un Oiseau de Sidemi.
3. Archibuteo lagopus, ferrugineus Lich.
Une paire de Sidemi, identique aux Oiseaux de Kamtschatka et
du Baïkal méridional; la femelle de Sidemi n’a cependant pas de
roux sur les rectrices et les sus-caudales.
4. Milous melanotis Temm. et Schl.
Trois oiseaux de Sidemi et de Soungatscha.
D. Falco subbuteo Lin.
Plusieurs adultes et jeunes de Sidemi et de Soungatscha.
6. Dendrofalco æsalon Gmel.
Deux femelles et un jeune mâle de Sidemi et de Troitzkoi.
7. Erythropus amurensis Radde.
Deux paires de Sidemi et de Soungatscha.
8. Cerchneis tinnunculus Lin.
Deux mâles de Sidemi et de Soungatscha, parfaitement iden-
tiques aux Oiseaux d'Europe.
9. Astur palumbarius Lin.
Femelle adulte tuée à Troitzkoi le 15 mars, d'une taille presque
OISEAUX DU SUD-OUEST DU PAYS OUSSOURIEN 465
aussi forte que les plus grandes femelles d'Europe, (aile 380mw.
queue 272%), et comme tous les Autours de la Sibérie orientale,
claire en dessus, à raies moins larges en dessous que dans les
sujets d'Europe.
10. Accipiter nisus Linn.
Une femelle de Soungatscha.
11. Accipiter virgatus Temm.
Une paire de Sidemi.
12. Circus melanolus Kaup.
Un Oiseau de Sidemi.
13. Strigiceps melanoleucus Korst.
Trois exemplaire de Sidemi et de Soungatscha.
14. Syrnium uralense, fucescens Temm. et Schl.
Une paire de Sidemi identique à l'Oiseau d’Ascold et à l’'Oiseau
du Japon de l'exposition de Paris de 1878.
15. Nino hirsuta, japonica Temm. et Schl.
Quatre exemplaires des deux sexes de Sidemi et de Soungats-
cha, tués en octobre et en juin ; une femelle a les plumes du
ventre très usées par l'incubation, ce qui prouve que l'oiseau
niche dans la contrée. Tous ces individus sont d’une taille aussi
forte que l'Oiseau d’Ascold. (Bulletin de 1879, p. 134). M. Sharpe
dans le Catalogue du Musée britannique (1875) à réuni cette forme
à la N. scutulata Rafil. Des nombreux exemplaires provenant de
différents pays de l’Asie méridionale dont il a donné les dimen-
sions, le plus grand de l'Inde orientale avait l'aile de 8,75 pouces
anglais, tandis que tous nos exemplaires l’ont de 9,7 pouces. Les
dimensions fournies par l'abbé David sont aussi moins fortes.
16. Otus vulgaris Flem.
Une paire de la rivière Soungatscha.
17. Otus accipitrinus Pall.
Une paire de Sidemi et de Soungatscha.
18. Chæœtura eaudacuta Lath.
Trois exemplaires de Sidemi et de Soungatscha.
466 L. TACZANOWSKI
19. Cypselus pacificus Lath.
Quatre exemplaires de Sidemi et de Wladiwostok.
20. Hirundo rustica, qutturalis Scop.
Une paire de Sidemi et de Soungatscha.
*91. Cotyle riparia, sinensis Gr. et Hardw.
Un mâle et deux femelles de Sidemi, recueillis à la fin de mai
1884, conformes en tout à la description de MM. David et Oustalet
mais présentant des dimensions un peu plus fortes. Outre les
caractères différentiels indiqués par ces auteurs et par M. Sharpe,
nos Oiseaux se distinguent aussi de la C. riparia (L.) par la cou-
leur noirâtre des lores, formant une tache obscure au devant de
l'œil, parfaitement distincte de la couleur environnante. L'abbé
David n’a observé cette Hirondelle que dans la moitié méridionale
de la Chine, les exemplaires de M. Iankowski prouvent qu’elle va
beaucoup plus au nord.
22, Alcedo ispida, bengalensis Brlss.
Une paire de Sidemi.
23. Upupa epops Linn.
Trois exemplaires de Sidemi et de Soungatscha.
24. Certhia familiaris Lin.
Un Oiseau de Sidemi, d’un blanc aussi pur en dessous que les
oiseaux du Baïcal méridional.
25. Sitta amurensis Swinh.
Cinq Oiseaux des deux sexes de Sidemi. Ils diffèrent légèrement
de ceux de l’Amour et des environs de l'embouchure de l’'Oussouri
par la teinte ocreuse du dessous un peu plus intense et plus uni-
forme, la raie sourcilière prolongée jusqu’à la base du bec, le
devant du front blanc pur et les tectrices nasales plus noires.
Leur bec est un peu plus fort et plus court que chez les précé-
dents, d'une forme plus rapprochée de celle des Sittelles euro-
péennes par l’arête plus courbe.
26. Cinclus Pallasii Temm.
Sept exemplaires des deux sexes de Sidemi et d’Alamanowka.
27. Troglodytes dauricus Dyb. et Tacz., Bull. Soc. Zoôl. 1884.
Une paire de Sidemi. Ces Oiseaux présentent une légère diffé-
OISEAUX DU SUD-OUEST DU PAYS OUSSOURIEN 467
rence avec ceux de la Daourie par le brun roussâtre plus foncé
des parties supérieures du corps, plus roussâtre au croupion,
à raies foncées commençant sur le devant du dos; toute la gorge
et ie haut du devant du cou sans taches ni raies ; c’est seulement
sur la région jugulaire que commencent les raies foncées, com-
posées de petites gouttes noirâtres, éloignées entre elles et sui-
vies de macules blanchâtres ; sur l’abdomen les taches deviennent
graduellement plus grosses, mais sans se réunir en raies conti-
nues, et ce n’est que sur le bas ventre qu’elles sont complètes ; la
queue n’a qu'une dizaine de raies foncées. Bec aussi fort que
chez les Oiseaux de la Daourie et aussi foncé en dessous. Ils pré-
sentent en général une transition entre le 7. dauricus vrai et le
T. fumigatus; mais beaucoup plus voisins du premier. A juger sur
la description de MM. David et Oustalet les Oiseaux de la Chine
sont identiques au T. fumigatus vrai.
28. Arundinax acdon Pall.
Trois exemplaires de Sidemi.
29. Calamoherpe orientalis Temm. et Schl.
Une paire de Soungatscha.
30. Calamoherpe Maackii Schr.
Dix exemplaires des deux sexes de Sidemi et de Soungatscha.
31. Calamodyta certhiola Pall.
Un exemplaire de Sidemi.
32. Cettia canturiens Swinh.
Trois exemplaires de Sidemi.
33. Locustella fasciolata Gray.
Un mâle adulte en noces de Soungatscha.
34. Phyllopneuste coronatus Temm. et Schl.
Quatre exemplaires de Sidemi.
35. Phyllopneuste borealis Blas.
Un exemplaire de Sidemi.
36. Phyllopneuste superciliosus Gm.
Trois exemplaires de Soungatscha.
468 L. TACZANOWSKI
37. Phyllopneuste fuscatus Blyth.
Un exemplaire de Soungatscha.
38. Phyllopneuste Schwarzi Radde.
Un exemplaire de Soungatscha.
39. Reguloides proregulus Pall.
Un mâle de Soungatscha.
* 40. Regulus cristatus, japonicus Bp.
Une paire de Sidemi, présentant tous les caractères de cette
forme, tandis que l'Oiseau de la Daourie ressemble à la forme
européenne dont il se distingue seulement par une taille un peu
plus forte et l’orangé de la huppe un peu plus intense.
41. Nemura cyanura Pall.
Cinq exemplaires de Soungatscha.
42. Larvivora cyane Pall.
Une paire de Sidemi.
* 43, Larvivora sibilans Swinh.
Un mâle adulte de Sidemi. Le Musée de Varsovie possédait déjà
une femeile adulte de Darasun en Daourie, et un jeune mâle, en
plumage d'automne frais, de l'embouchure de l'Oussouri. Ces
Oiseaux ressemblent à la figure de M. Seebohm (Cat. B. Brit. Mus.
V, p. 297, tab. xvur), à l'exception des raies foncées de la gorge et
de la poitrine, qui dans l’Oiseau typique sont largement inter-
rompues au milieu de ces parties, tandis que dans nos trois
exemplaires ces raies sont complètes.
44. Erithacus calliope Pall.
Un Oiseau de Soungatscha.
45. Ruticilla aurorea Pall.
Six exemplaires de Soungatscha.
46. Accentor montanellus Pall.
Trois exemplaires de Soungatscha.
47. Pratincola indica Blyth.
Six exemplaires de Sidemi.
OISEAUX DU SUD-OUEST DU PAYS OUSSOURIEN 469
48. Monticola solitaria Müll.
Une femelle de Sidemi.
49. Oreocincla sibirica Pall.
Un mâle adulte de Soungatscha.
50. Turdus fuscatus Pall.
Cinq Oiseaux de Sidemi.
51. Turdus ruficollis Pal].
Cinq Oiseaux de Sidemi et de Soungatscha. Ces oiseaux, comme
ceux qui ont été précédemment fournis en grand nombre par le
D° Dybowski et M. Godlewski des côtes de la mer du Japon, sont
intermédiaires entre le T. ruficollis vrai et le T. Naumanni, pré-
sentant des affinités plus ou moins rapprochées de l’une ou de
l’autre de ces formes. On trouve aussi des variétés semblables sur
le Baïcal méridional, mais rarement ; dans cette contrée au con-
traire la variété paraît constante et nous n’en avons jamais reçu
en livrée typique du 7°. ruficollis.
52. Turdus pallidus Gm.
Trois exemplaires de Soungatscha.
53. Turdus pelios Bp.
Deux mâles adultes de Soungatscha.
54. Motacilla lugens Pall.
Nombreux exemplaires de Sidemi et de Soungatscha.
55. Calobates melanope Pall.
Une paire de Sidemi.
96. Budytes flava borealis Sharpe; B. cinereo-capilla Tacz., Bull.
Soc. Zool. Fr., 1876, p. 151.
Nombreux exemplaires de Soungatscha et de Sidemi.
57. Pipastes agilis Sykes.
Trois Oiseaux de Soungatscha.
b8. Anthus japonicus Temm. et Sch1.
Un Oiseau de Sidemi.
59. Anthus cervinus Pal].
Cinq exemplaires de Soungatscha.
470 L. TACZANOWSKI
60. Alauda arvensis Lin.
Quatre exemplaires de Soungatscha.
61. Parus minor Temm. et Schl.
Une paire de Sidemi.
62. Cyanistes cyanus Pall.
Deux paires de Soungatscha.
* 63. Pæcilia palustris, crassirostris.
Une paire d'Oiseaux adultes de Sidemi. Voisins de la P. brevi-
rostris et de la P. macroura, ils se rapprochent de la première par
la brièveté et l'épaisseur du bec, qui est même un peu plus élevé,
par le lustré du noir du vertex, par le gris souris au dos, toutefois
un peu plus obscur et par la nuance isabelle des flancs; ils res-
semblent à la deuxième par le noir, largement prolongé sur le
bas du cou par une grosse tache noire au dessous de la gorge
tachetée de blanc, et par la barbe externe des rectrices latérales
grise, bordée de blanc. Ils sont d’une taille un peu moins forte
que les deux formes avec lesquelles nous les comparons. Bec dé-
passant de 7mn le bord postérieur des narines; rectrices latérales
en retrait tandis que toutes les autres sont égales,
Je propose à cette forme la diagnose suivante :
P. supra murino grisea : pileo cum nucha, collo postico latis-
sime maculaque gulari nigris; genis, lateribus colli et subtus alba,
hypochondriis isabellino perfusis; alis schistaceis, remigibus ex
albido griseo marginalis ; cauda Jlongiuscula schistacea, pogonio
externo rectricum externarum albido marginato; rostro breve
Crasso.
d longueur totale, 1387"; vol., 207nn; aile, 65mm; queue, 65m;
bec, A0"
? “longueur totale, 133%"; vol.; 210%: aile, 650: quenuey0oDne
bec, 10m.
64. Mecistura caudata Linn.
Une paire de Sidemi.
65. Suthora webbiana, mantschurica.
Une paire d'Alamanowka. Ces Oiseaux, dont j'ai examiné une
dizaine d'exemplaires, diffèrent des sujets de la Chine par le roux
du sommet de la tête moins foncé, plus prolongé sur le dos et non
séparé brusquement de la couleur du dos; le gris de ces derniers
OISEAUX DU SUD-OUEST DU PAYS OUSSOURIEN 471
est beaucoup plus pâle, les stries rousses sont beaucoup moins
prononcées sur le rose du devant du cou; les flancs de l'abdomen
diffèrent moins de la couleur du milieu; les bordures des rémiges
tertiaires sont beaucoup plus claires.
66. Bombycilla garrula Linn.
Une paire de Sidemi.
67. Oriolus cochinchinensis Briss.
Cinq exemplaires de Soungatscha et de Sidemi.
68. Pericrocotus cinereus Lafr.
Cinq exemplaires de Sidemi.
69. Lanius major Pall.
Un exemplaire de Sidemi.
70. Lanius sphenocercus Cab.
Une femelle adulte de Sidemi.
71. Otomela phænicura Pall.
Un exemplaire de Soungatscha.
72. Butalis latirostris Raffl.
Trois exemplaires de Sidemi.
73. Butalis sibirica Gm.
Un exemplaire de Soungatscha.
74. Erythrosterna luteola Pal].
Un exemplaire de Soungatscha.
75. Xanthopygia tricolor Hartl.
Huit exemplaires de Sidemi et de Soungatscha.
76. Cyanoptila cyanomelæna Temm.
Un exemplaire de Sidemi.
77. Garrulus Brandti Ewersm.
Deux paires d'Oiseaux adultes de Sidemi,parfaitement identiques
aux sujets du Baïcal et de la Daourie.
78. Pica caudata, japonica Temm. et Schl.
Une femelle de Sidemi.
472 L. TACZANOWSKI
79. Lycos dauricus Pal].
Deux paires de Komisarowka sur la rivière Sienka.
80. Corvus macrorhynchus, japonensis Bp.
Un exemplaire de Sidemi.
SA. Corvus corone, orientalis Eversm.
Une paire de Sidemi et de Wladiwostok.
82. Sturnus cinerascens Temm.
Huit exemplaires de Sidemi.
83. Heterornis dauricus Pall.
Deux paires de Soungatscha.
84. Plectrophanes nivalis Briss.
Un exemplaire de Sidemi.
85. Plectrophanes lapponicus Lin.
Un exemplaire de Sidemi.
86. Emberiza spodocephala Pall.
Plusieurs exemplaires de Sidemi.
87. Emberiza elegans Temm.
Trois Oiseaux de Sidemi.
88. Emberiza rustica Pall.
Deux paires de Soungatscha.
89. Emberiza Tristrami Swinh.
Une paire de Soungatscha.
90. Emberiza fucata Pall.
Six exemplaires de Sidemi.
9. Emberiza cioides Brandt.
Une paire de Sidemi et de Soungatscha.
92. Emberiza leucocephala Gm,
Trois exemplaires de Soungatscha.
93. Schoenicola arundinacea Bp.
Deux paires de Sidemi.
OISEAUX DU SUD-OUEST DU PAYS OUSSOURIEN
94. Schoenicola Pallasi Cab.
Deux paires de Sidemi.
95. Euspiza aureola Pall.
Cinq exemplaires de Sidemi.
96. Euspiza rutila Pall.
Trois exemplaires de Soungatscha.
97. Passer montanus Briss.
Deux paires de Sidemi.
98. Propasser roseus Pall.
Trois exemplaires de Sidemi.
99. Uragus sibiricus, sanguinoleutus Temm. et Schl].
Nombreux exemplaires de Sidemi.
100. Fringilla montifringilla Lin.
Trois paires de Soungatscha.
101. Chlorospiza sinica Lin.
Une paire de Sidemi.
102. Eophona melanura Gm.
Un exemplaire de Sidemi.
103. Cuculus poliocephalus Lath.
Deux mâles de Sidemi.
104. Cuculus indicus Cab.
Un mâle de Sidemi.
405. Yunx torquilla Lin.
Une paire de Soungatscha.
106. Gecinus canus Gm.
Deux mâles et une femelle de Sidemi.
107. Picus leuconotus Bechst.
Deux paires de Sidemi.
108. Picus minor, kamtschatkensis Sundev.
AT
Trois exemplaires de Sidemi. Ces Oiseaux sont d’un blanc moins
474 L. TACZANOWSKI
pur en dessous que ceux du Baïcal méridional, mais plus pur que
ceux de la Daourie; ils sont moins voisins du type de l'Europe
centrale que ces derniers.
109. Fungipicus Dorriesi Hargitt.
Une paire de Sidemi.
110. Yungipicus Kisuki Temm. et Schl.
Deux Oiseaux de Sidemi.
111. Columba rupestris Pall.
Deux paires de Sidemi et de Atamanowka. Les Oiseaux de cette
contrée sont en général plus foncés que ceux du Baïcal et de la
Daourie ; ils ont la teinte vineuse de la région jugulaire beaucoup
plus prononcée, la conservent plus aux changements d'incidence
de la lumière, avec des reflets métalliques violets et verts, égale-
ment intenses.
112. Turtur rupicola Pal].
Un Oiseau de Soungatscha.
413. Bonasia betulina Bp.
Deux mâles et une femelle de Sidemi. Coloration identique à
celle des Gélinottes de l’Europe centrale.
114. Coturnix ussuriensis Bogdan. Consp. Av. Imp. Rocs. I, p. 45.
Cinq Oiseaux adultes de Sidemi et de Soungatscha.
415. Phasianus torquatus Temm.
Une paire des environs de Wladiwostok.
116. Otis Dybowskhii Tacz.
Un jeune mâle de Soungatscha, identique aux Oiseaux de la
Daourie et présentant les mêmes différences avec la forme euro-
péenne.
117. Grus viridirostris Vieil.
Trois exemplaires de Soungatscha.
118. Aegialitis fluviatilis Bechst.
Trois Oiseaux adultes de Sidemi et de Soungatscha.
119. Vanellus cristatus Mey. et Wolf.
Une paire de Soungatscha.
OISEAUX DU SUD-OUEST DU PAYS OUSSOURIEN 475
120. Actitis hypoleucos Lin.
Une paire de Soungatscha.
121. Actitis incanus Gm.
Un Oiseau de Sidemi.
122. Totanus glottis Linn.
Une paire de Sidemi et de Soungatscha.
123. Totanus calidris Lin.
Un mâle du lac Chanca, tué en juin, il est très foncé en dessus
et très strié en dessous.
124. Totanus glareola Lin.
Une paire de Sidemi et de Soungatscha. La femelle est rayée
sur le dos de bandes alternes brunes et blanches d’une manière
régulière et nette que l’on ne voit jamais dans les sujets d'Europe.
125. Tringa subminuta Midd.
Un Oiseau de Soungatscha.
126. Tringa minuta, orientalis.
Un Oiseau de Sidemi.
127. Tringa Temminckii Leisl.
Une paire de Soungatscha et de Sidemi.
128. Tringa cinclus Briss.
Une paire de Sidemi.
129. Numenius australis Gould.
Un exemplaire de Soungatscha.
130. Limosa rufa, uropygialis Gould.
Trois exemplaires en plumage d'hiver de Sidemi.
131. Gallinago heterocerca Cab.
Un Oiseau de Soungatscha.
132. Gallinago stenura Kuhl.
Une paire de Soungatscha.
133. Gallinago scolopacina Bp.
Huit exemplaires de Sidemi, de Soungatscha et des environs de
476 L. TACZANOWSKI
Wladiwostok. Tous ces Oiseaux, comme les Bécassines que nous
avons reçues en grand nombre des différentes localités de la Sibé-
rie orientale et de la péninsule de Kamtschatka, se distinguent
des Bécassines d'Europe par les quatre bandes straminées du dos
et des scapulaires beaucoup plus larges, les plumes noires dispo-
sées entre ces bandes plus fortement variées de roux et la région
jugulaire moins fortement tachetée de brun, la raie médiane du
sommet de la tête plus large; l’ensemble de ces différences donne
à l'Oiseau une apparence beaucoup plus claire au premier coup
d'œil. Les jeunes en premier plumage frais sont plus foncés, à
bandes straminées bien moins larges que dans les adultes, mais
jamais aussi fines que dans les sujets d'Europe.
134. Platalea major Temm. et Schl.
Une paire d'Oiseaux adultes de Foungatscha. Ces oiseaux,
outre le caractère distinctif de la spatule européenne consistant
dans la partie dénuée de la gorge plus restreinte, ont l'extrémité
des rémiges noire, ce qui n’a lieu que dans les jeunes de la forme
européenne; ils ont en outre la huppe moins longue, et la région
jugulaire moins colorée de jaunâtre.
135. Egretta alba Lin.
Un exemplaire de Sidemi.
136. Ardea cinerea Lin.
Deux Oiseaux adultes de Soungatscha.
*137. Buphus coromandus Bodd.
Un mâle adulte de Soungatscha. Cette espèce n’a pas encore
été trouvée dans la Chine septentrionale.
138. Butorides macrorhynchus Gould.
Quatre exemplaires de Sidemi.
439. Ardetta eurythma Swinh.
Une femelle de Soungatscha.
140. Botaurus stellaris Linn.
Une paire de Sidemi.
141. Porzana pygmæa Kaup.
Une femelle de Soungatscha.
OISEAUX DU SUD-OUEST DU PAYS OUSSOURIEN
142. Fulica atra Linn.
Une paire de Sidemi.
143. Sylochelidon caspia Pall.
Un mâle en noces de Soungatscha.
144. Sterna longipennis Nordm.
Quatre exemplaires de Sidemi.
145. Sternula sinensis Gm.
Une femelle adulte de Sidemi.
146. Larus niveus Pall.
Un Oiseau adulte en plumage d'hiver de Soungatscha.
447. Larus crassirostris Vieil.
Un mâle en plumage d'hiver de Wladiwostok.
148. Chroicocephalus ridibundus Linn.
Une paire de Soungatscha.
149. Diomedea nigripes Audub.
Deux Oiseaux de Wladiwostok.
150. Phalacrocorax carbo Lin.
Un Oiseau de Soungatscha.
151. Anser cinereus Meg. et Wolf.
Un Oiseau de Soungatscha.
452. Anser albifrons Gm.
Une paire de Soungatscha.
153. Anser grandis Midd.
Un Oiseau de Soungatscha.
154. Anser segetum Briss.
Un Oiseau de Soungatscha.
155. Cygnus musicus Bechst.
Quelques Oiseaux de Sidemi.
156. Aix galericulata Lin.
Un mâle de Soungatscha.
478 L. TACZANOWSKI
157. Anas zonorhyncha Swinh.
Un mâle de Soungatscha.
158. Anas formosa Georgi.
Cinq exemplaires de Soungatscha.
159. Anas falcata Pall.
Un mâle de Soungatscha.
160. Anas querquedula Lin.
Deux exemplaires de Soungatscha.
161. Anas crecca Lin.
Trois exemplaires de Soungatscha.
162. Dafila acuta Linn.
Une paire de Soungatscha.
163. Rhyncaspis clypeata Linn.
Trois exemplaires de Soungatscha.
164. Chaulelasmus streperus Lin.
Un mâle de Soungatscha.
165. Fulix cristata Shaw.
Quatre exemplaires de Soungatscha.
166. Fulix Baeri Radde.
Un mâle de Soungatscha
167. Glaucion clangula Lin.
Un mâle de Soungatscha.
168. Mergus serrator Lin.
Quatre exemplaires de Soungatscha.
169. Mergus albellus Lin.
Quatre exemplaires de Soungatscha.
170. Podiceps auritus Lin.
Un jeune Oiseau de Sidemi.
DÉS CEE TION
DE QUELQUES
ESPÈCES NOUVELLES DE COQUILLES VIVANTES
PROVENANT DE L’'AFRIQUE AUSTRALE ET D’ASSINIE
Par M. CHAPER
La présente note n’est que la suite de celle que j’ai déjà publiée
p. 42 du {°" fascicule du Bulletin de la Société zoologique, 1885.
Les réflexions qui formaient le préambule de mon premier tra-
vail sont tout aussi applicables à celui-ci: je prie le lecteur de
vouloir bien s’y reporter.
En vue d'éviter une répétition inutile, je crois préférable de
dire tout d’abord et une fois pour toutes que je donne à la collec-
tion de l’École des mines, qui possède déjà d'incomparables ma-
tériaux de comparaison, tous les échantillons figurés. En agissant
ainsi et mettant dans une collection publique les objets que j'ai
cru mériter une description, j'ai un double but : les livrer d’une
façon plus sûre à l'examen de qui voudrait les discuter, et les
soustraire aux chances de disparition, sinon même de destruction,
qui menacent les collections privées.
Un trop grand nombre de personnes paraissent éprouver une
jouissance toute particulière à posséder dans leur collection, à
l'exclusion de toute autre, des objets uniques. J'ai presque cons-
tamment remarqué que chez ces personnes le plaisir donné par
la possession semblait beaucoup moins proportionné à la valeur
réelle ou à la beauté des objets qu’à la difficulté que d’autres
pouvaient avoir à se les procurer. Les types figurés, étant uniques
par définition, tiennent évidemment le premier rang dans les pré-
occupations de cette catégorie de collectionneurs. Aussi est-il
arrivé que certaines gens se sont mis à publier des genres, des
480 MAURICE CHAPER
espèces, voir des variétés, pour se donner la facile satisfaction
d'en posséder les types. J'ai encore remarqué que les gens qui,
même sans se laisser entraîner aussi loin, ont la tendance que je
signale, sont généralement peu disposés, en dehors d’un petit
cercle d'admirateurs intimes, à faire bénéficier autrui de la vue
de leurs trésors.
Etant d'avis, au contraire, qu'un document scientifique ne peut
acquérir sa valeur qu’à la condition d’être accessible à tous indis-
tinctement, il m'a semblé qu’il devait appartenir au public. Si
mon choix s'est arrêté sur la collection de l'École des mines,
c'est que, indépendamment des souvenirs personnels qui m'y
rattachent, c’est, de toutes celles que je connais, la mieux dis-
posée pour l'étude des coquilles des Mollusques. De plus, il y
existe depuis longtemps déjà des traditions de libérale obligeance
qui en rendent l'accès particulièrement facile.
UNIO vAALENSIS, Chaper.
PIX fee)
Coquille transverse, inéquilatérale ; longueur variant de 43 à
50 millimètres, dimension que ne dépassent guère les plus grands
échantillons; largeur égale à la moitié de la longueur; épaisseur
à peine égale au tiers de cette longueur. Extrémité antérieure
arrondie; extrémité postérieure plus allongée et légèrement angu-
leuse. La projection du sommet sur la plus grande longueur des
valves tombe au quart de cette longueur; des crochets part une
saillie assez obtuse aboutissant à l'angle du bord postérieur et
délimitant la région postérieure de la coquille ; plus en arrière se
voient deux petits sillons peu accusés, et dont le premier fait par-
fois sentir son influence sur le limbe par un angle très peu sail-
lant; la partie ventrale du limbe est presque droite et parallèle à
la plus grande longueur ; on sent seulement une très légère dé-
pression vers le milieu. Dans le jeune âge, la coquille est ornée
d'ondulations brisées coupant obliquement les stries d'accroisse-
ment très peu marquées ; tout près du crochet, ces ondulations
se réduisent à un V dont la pointe dirigée vers le crochet occupe
le fond de la dépression médiane; un peu plus loin, les ondula-
tions, simples fronces sur la partie antérieure, s'écartent du cro-
chet en descendant en échelons comme des traits de foudre vers
l'angle postérieur du limbe; ceux qui atteignent la saillie limita-
ESPÈCES NOUVELLES DE COQUILLES VIVANTES 481
tive de la région postérieure s’y prolongent sous la forme de V
alternant, donnant lieu à des zigzags aigus.
Ces ondulations se terminent toutes à une certaine strie d’ac-
croissement, à partir de laquelle le mode d’ornementation du test
change complètement : il ne présente plus que des stries d’ac-
croissement plus ou moins marquées, plus ou moins groupées, à
la façon des ornements de la plupart des Unionidés.
La position de cette strie d’accroissement, limite des ondula-
tions, est des plus variables : en en mesurant la distance au som-
met, comptée sur une divergente quelconque, par exemple, sur
le sillon médian, on voit qu’elle le coupe parfois au sixième de sa
longueur et parfois presque à la moitié, comme dans l'échantillon
fig. 1, qui est un des plus remarquables sous ce rapport.
L’épiderme est brun-olive, avec variations irrégulières de teintes
à différents âges : il est généralement beaucoup plus clair dans la
première moitié de la vie. Le test est d'épaisseur ordinaire.
A l’intérieur, la nacre est brillante, assez souvent teintée en
jaune clair en dedans de l'impression palléale et surtout sous les
crochets ; l'impression musculaire postérieure est tout à fait su-
perficielle ; l’antérieure, assez profonde en arrière, s'engageant
sous la dent cardinale : attache du pied est petite et superficielle.
Les dents cardinales postérieures sont longues et lamellaires ; la
dent cardinale interne antérieure, très saillante et finement den-
telée, est presque parallèle au bord de la coquille ; aussi, les deux
dents qui lui sont opposées sur la valve droite ne se recouvrent-
elles à peu près pas; la face interne de la dent extérieure de cette
dernière est chagrinée de stries qui se dirigent vers sa crête car-
dinale ; la dent interne, située sur le crochet, est triangulaire
très légèrement dentelée. Ligament brun pâle, médiocrement
saillant.
J'ai trouvé cette espèce en abondance dans le Vaal (Afrique
australe), auprès de Barclay, à peu de distance des célèbres mines
de diamant du Griqualand West. Les circonstances dans les-
quelles je me trouvais ne m'ont pas permis de rapporter l'animal.
UNIO ESSOENSIS, Chaper.
BLAX], He TRS:
Coquille équivalve, peu inéquilatérale, peu transverse. Les
proportions prises sur l'échantillon des figures 7 et 8 sont les
suivantes : longueur 75"", largeur 53"®, épaisseur 35", Prises
J1
482 MAURICE CHAPER
sur celui de la figure 9, elles sont respectivement 64, 42, 26, ce
qui montre que la forme devient de plus en plus trapue avec l’âge
par suite de l'accroissement relatif plus rapide de la largeur et
surtout du bombement. La projection des crochets sur la plus
grande longueur de la coquille comptée parallèlement à la char-
nière tombe aux trois cinquièmes de cette longueur; profil exté-
rieur très notablement rectiligne dans la partie cardinale, parce
que la commissure rectiligne de la partie antérieure et libre des
valves est exactement dans le prolongement de la surface externe
du ligament ; le reste du limbe à contour arrondi, sauf un méplat
très accentué, et même un peu infléchi, existant dans la région
postérieure, se raccordant avec le bord cardinal par un angle à
sommet assez vif de 105° environ.
Dans le jeune âge, l'ornementation du test est la suivante : La
région antérieure, sur un peu plus du tiers de la coquille, est
occupée par deux systèmes de stries profondes, les unes diver-
gentes, les autres parallèles à la charnière ; viennent ensuite deux
séries divergentes de granulations délimitant entre-elles une zone
où les stries d'accroissement régulières et peu saillantes sont
seules visibles ; cette disposition est mal accusée dans la fig. 9;
dans la troisième zone, on ne voit plus que des plissements diver-
gents. Mais les ornements précédents n'existent que dans le érès
jeune âge, alors que la coquille à 10 à 12 millimètres de longueur.
Dès qu'elle atteint ou dépasse cette dimension, toute la région
antérieure et médiane ne porte plus que des stries d’accroisse-
ment plus ou moins groupées par faisceaux ; dans la région pos-
térieure, délimitée par une saillie très mousse aboutissant à
l'angle saillant du méplat du limbe signalé ci-dessus, les stries
d’accroissement dans l’âge moyen sont masquées par des fronces
à peu près parallèles au bord cardinal et partant de la saillie pré-
citée ; mais, au fur et à mesure que l’on s'éloigne du crochet, ces
fronces perdent de leur valeur, tandis que les stries d’accroisse-
ment s’accentuent davantage ; dans l'adulte, elles existent seules,
traversées par un ou deux sillons ou plis divergents.
L'épiderme, brun-verdätre pâle dans le jeune âge, verdit et
se fonce dans l'adulte, jusqu'à devenir noirâtre et parfois gris
cendré.
A l’intérieur, la nacre est bleuâtre, souvent irisée, et même
rose dans le fond des valves ; l'impression palléale très peu mar-
quée est assez loin du limbe; l'impression musculaire postérieure
est absolument superficielle ; l’antérieure légèrement en creux à
ESPÈCES NOUVELLES DE COQUILLES VIVANTES 433
sa partie postérieure ; l’attache du pied très superficielle et un
peu allongée ; les dents minces et lamellaires.
Le ligament peu saillant est de même teinte que l’épiderme :
vert foncé; le test est très mince; le poids de l'échantillon fig. 7
et 8 n’est que de 12 grammes.
J'ai trouvé le premier exemplaire de ce mollusque sur la berge
de la branche sud du canal d'écoulement des eaux de la lagune
d'Assinie, branche appelée « rivière d’'Esso » ; le filet d'un pê-
cheur l'avait amené et laissé sur le sable quelques heures aupa-
ravant; une portion du Mollusque adhérait encore à la coquille.
Les nègres m'ont affirmé qu'ils connaissaient bien cette espèce et
qu'ils m'en procureraient aisément. Je n’ai pu cependant jusqu’à
présent en obtenir que deux autres échantillons; l'habitat me
paraît peu étendu. Animal inconnu.
HELICOPSIS TABULÆ, Chaper.
PIE XL 6e: A5:
La coquille de ce petit Hélicéen est de même dimension et de
même forme générale que celle de l’Æelicopsis capensis Pfeiffer ;
les tours sont aussi globuleux, mais un peu plus embrassants;
la spire est moins haute ; le test est beaucoup plus mince. Les
ornements sont d’une grande uniformité : ils ne consistent qu'en
stries d’accroissement bien régulières, assez serrées, et régnant
sur toute l'étendue des tours; la crête de ces stries est blanchâtre;
le fond des sillons séparatifs est brun pâle, d'intensité variable
dans l’adulte. La coquille commence par un nucléus luisant et d’un
brun plus vif: au bout d’un tour ou d'un tour et demi, les stries
d’accroissement se manifestent, et pendant deux tours environ la
coquille est presque blanche, puis la teinte générale se fonce par
l'augmentation d'intensité de celle des sillons séparatifs des
stries.
J'ai trouvé cette espèce dans une rapide promenade faite au
haut de Table Mountain (Capetown), dans une dépression où se
manifestait un suintement. La minceur de son test est expliquée
par son habitat sur ce plateau de grès quartzeux où l’on m'avait
assuré que je ne trouverais aucun Mollusque à coquille. Je n’ai
pu rapporter l’animal dans des conditions qui en permissent
l'étude.
484 MAURICE CHAPER
HYDROBIA CALEDONENSIS, Chaper.
PlXPMe.16: e
Coquille allongée, conique, ayant dans l'adulte non tronqué
sept tours assez bombés, séparés par conséquent par une suture
profonde ; les neuf dixièmes des échantillons adultes sont tron-
qués des deux premiers tours; souvent même la troncature se
fait avant l’âge adulte, et l'on voit des exemplaires réduits à
trois tours. La colorat'on du test est généralement brun dans le
jeune âge; l’avant-dernier et surtout le dernier tour sont souvent
de teinte beaucoup plus claire, allant jusqu'à l’orangé; dans les
échantillons adultes les cinq ou six premiers tours se couvrent
très généralement d’un dépôt vaseux qui en masque la couleur et
les ornements.
Ceux-ci, dans le jeune âge, se réduisent à fort peu de chose:
le test est presque lisse; vers le cinquième ou sixième tour, les
stries d’accroissement deviennent plus accusées; un peu moins
régulières, et, sur le dernier tour, se groupent parfois de façon à
donner lieu à des ondulations dont quelques-unes sont plus sail-
lantes. On trouve même quelquefois des accidents de ce genre
sur les quatrième, cinquième et sixième tours; l'échantillon figuré
en montre deux; mais ces saillies, à quelque tour qu’elles se
montrent, ne sauraient être appelées des « varices. » Le plan de
l'ouverture est parallèle à l’axe de la coquille; le péristome est
entier, tranchant, non réfléchi, et plus épais dans sa partie colu-
mellaire ; pas d’ombilic.
Opercule corné, transparent, presque incolore, spiral, à nucléus
très accentué situé tout près de l'extrémité antérieure du bord
columellaire.
J'ai recueilli cette coquille dans une flaque d’eau de quelques
mètres de long, non loin de Caledon, sur la route de Swellendam,
Cette flaque d’eau, sans aucune communication avec aucun
affluent ni exutoire, occupant le fond d’une dépression rocheuse,
n'était alimentée que par des suintements taris au moment de
mon passage, et élait en partie desséchée. L'eau en était absolu-
ment impotable tant elle était chargée de sels et notamment de
sels magnésiens. La végétation en était tuée au fond de la mare,
et cependant les ÆZydrobia ÿ étaient d'une extrème abondance.
Je n'ai pu rapporter ma récolte qu’en la faisant sécher, de sorte
que je n'ai pu examiner l'animal.
ESPÈCES NOUVELLES DE COQUILLES VIVANTES 485
Je me suis demandé si ce Mollusque ne serait pas ce que Reeve
a appelé, d’après Sowerby, Truncatella ventricosa, dont Krauss
donne une description et des figures. Tout bien considéré, je ne
le pense pas. Le test n’est pas du tout celui d’une Troncatelle ; la
coquille est très régulièrement conique et non cylindrique; le
dernier tour n'offre aucun accroissement anormal, le péristome
n’est pas réfléchi, l’opercule est à peine coloré, il n’y a pas de
varices. Je crois donc bien que, spécifiquement et génériquement,
les deux Mollusques sont distincts.
GuLELLA TREIGHI, Chaper.
PIX ie UP
Coquille pupiforme ornée de stries d’accroissement fines et ré-
eulières, légèrement obliques à l'axe, et droites, sauf une très
légère inflexion vers l’avant, au tiers de la longueur, à partir de
la suture ; huit tours de spire. Péristome réfléchi, presque plan,
sauf l’inflexion précitée qui s’accentue davantage dans l’état final.
À partir du pied du bord columellaire, il s'étale sur le dernier
tour en une callosité luisante et peu épaisse, très fortement sail-
lante en avant. À trois millimètres environ du bord externe et
exactement dans le plan de l'ouverture se dresse une lame qui
s'enfonce dans l'ouverture perpendiculairement à ce plan, la
crête en est d’abord presque droite, puis se courbe en s'abaissant
en spirale dans la profondeur de la coquille. De la base de cette
lame, et un peu en arrière de son extrémité antérieure, se détache
du côté du bord externe une autre crête demi-circulaire faisant
un peu saillie en dehors du plan de l'ouverture, très fortement
empâtée à sa base interne, et très détachée, surplombant même,
du côté externe. En face d’elle, sur le labre externe se trouvent
deux petites lames en forme d’écailles, la première très oblique,
la seconde perpendiculaire au plan de l'ouverture, formant presque
la continuation l’une de l’autre, bien qu'elles chevauchent légère-
ment, et ne soient point soudées à leurs bases, et dont les crêtes
sont opposées à celle de la seconde lame basilaire, de telle façon
qu'il existe une sorte de canal dans l'angle sutural; ce canal est
d'autant plus sensible que la suture est un peu tombante : cette
disposition est mieux représentée sur la fig. 10 que sur la fig. 11
grossie. La partie du péristome qui porte ces deux petites lames
est précisément celle qui est en saillie sur le plan de l'ouverture.
486 MAURICE CHAPER
En remontant le bord externe, on rencontre ensuite quatre lames
équidistantes et normales au labre. La première, très peu sail-
lante, ne règne que sur la partie réfléchie du labre; la suivante
se prolonge, en devenant plus saillante, dans l’intérieur, suivant
une spirale d’accroissement pendant un tiers de tour; la troisième
dépasse à peine la partie réfléchie du labre ; la quatrième, située
tout près du sommet, est très peu saillante sur le labre, mais se
continue à l’intérieur où elle s'étend en suivant une spirale d’ac-
croissement sur un quart de tour environ; tout en haut du péris-
tome, on voit une très légère saillie, trop fortement accusée par
le dessinateur, qui a également un peu trop prolongé la troisième
lame à l’intérieur. Le bord columellaire est droit, un peu renversé
en arrière, fortement réfléchi et étalé ; il porte deux saillies, ori-
gines de deux petites lames, mal ombrées sur la figure, qui des-
cendent en spirale le long de la columelle.
J'ai ramassé dans la plantation d’'Elima (lagune d’Assinie),
l'échantillon, unique jusqu'ici, que j'ai fait figurer. Je dédie l’es-
pèce à M. Treich, directeur de cette plantation, au zélé concours
duquel le Muséum et moi-même devons de nombreux et très in-
téressants matériaux dans diverses branches de l'histoire natu-
relle.
SUR L'APPAREIL HYOIDIEN
{CONSIDÉRÉ
DANS LA SÉRIE DES VERTÉBRÉS
L'ARC MANDIBULAIRE ET L'ARC HYOIDIEN
Par le Dr Ch. DEBIERRE
Professeur-Agrégé à la Faculté de médecine de Lyon.
I
Qu'est-ce que l’appareil hyoïdien? Cette question ainsi posée à
un candidat au doctorat courrait risque de rester sans réponse.
Ce n’est pas cependant qu'elle n’ait exercée depuis longtemps la
sagacité des anatomistes, mais les livres classiques d'anatomie
humaine, à part celui du professeur Sappey, sont d’une insuffi-
sance notoire à ce sujet et ne peuvent en aucune manière donner
une idée de l'appareil hyoïdien, dont l'importance pour la théorie
du squelette cependant est considérable.
Dès 1818, E. Geoffroy Saint-Hilaire (1) lui consacrait des pages
remarquables dans sa Philosophie anatomique. Adepte de l’École
philosophique du xviu° siècle, Geoffroy Saint-Hilaire suivait par-
tout la méthode naturelle, qui, appliquée à l’étude des Plantes
vers la même époque, donnait de si remarquables résultats. C’est
ainsi qu'en se basant sur les connexions et les fonctions il
arriva à découvrir l’hyoïde là où ilavait été méconnu jusqu'alors
et parvint à rétablir des homologies incomprises jusqu’à lui.
(1) Geoffroy Saint-Hilaire, Philosophie anatomique, Paris, 1818, 3° mémoire
p. 140.
88 CH. DEBIERRE
Cuvier (1), Rathke (2), J. Müller (3), Carus (4), Dugès (5), Stan-
nius (6), R. Owen (7), Milne-Edwards (8), Huxley (9), Gegen-
baur (10), pour ne parler que des plus importants, ont plus ou
moins analysé l’hyoïde dans leurs leçons ou leurs travaux d’Ana-
tomie comparée ; Thomas (11) dans son Ostéologie comparée, Sap-
pey (12), dans son Traité d'anatomie en ont donné un court aperçu.
Malgré les travaux de ces maîtres, la question n’est pas épuisée.
Dans tous les cas, nul depuis Geoffroy Saint-Hilaire n’en a fait
un corps de doctrine facile à étudier et à saisir; qu’on nous par-
donne le mot, la synthèse du système n'a pas été faite à nouveau,
comme il convient au milieu des perpétuels changements que les
faits impriment à la science, celle-ci n'étant qu’un immense de-
venir.
Aussi nous permettrons-nous de reprendre la question au point
de vue de l’Anatomie philosophique spécialement, en nous laissant
guider, pour ainsi dire, par une série de pièces préparées ad hoc
ou recueillies avec soin. A la lumière des notions acquises en
Anatomie et en Embryologie comparées nous rétablirons, qu'on
nous passe le mot, l’échafaudage hyoïdien.
Nous commencerons par dissocier par l’analyse l'appareil hyoï-
dien (osseux et ligamento-musculaire) dans chaque groupe d’Ani-
maux vertébrés. Ce n’est qu’une fois en possession de ces maté-
riaux analytiques que nous passerons à la comparaison des
hyoïdes entre eux et établirons les homologies et la valeur philo-
sophique du système. Ainsi nous arriverons à confirmer ce grand
principe, que là encore, l’organisation des Vertébrés peut être
‘amenée à un type uniforme, transmis par l'hérédité, mais modifié
par des adaptations multiples, et non pas le fait d’un dessein
achevé. Car, pour prendre un exemple, si le membre antérieur
(1) Cuvier, Lecons d'Anatomie comparée, t. IV, 18
(2 Ratbhke, Untersuchungen über den Kiemenapparat und das Zungenbein der
Wirbelthiere, 1832.
(3) J. Müller. Arch. f. An. und Phys., 1835.
(4) Carus, Anatomie comparée. Paris, 1885.
(5) Dugès, Ostéologie et Myologie des Batraciens. Paris, 1834.
(6) Siebold et Stannius, Anatomie comparée, Paris, 1855.
(7) R. Owen, On the Anatomy of Vertebrates. London, 1866.
(8) H. Milne-Edwards, Lecons sur la Physiol. et l'Anat. comparée, I, VI, IX.
(9) Huxley, Anatomie comparée des Animaux vertébrés. Paris, 1875.
(10) Gegenbaur, Manuel d'Anat. comparée. Paris, 1874.
(11) Thomas, Ostéoloqgie descriptive et comparée. Pariss, 1863.
(12) Sappey, Anatomie, 1. 1, 3° 6d., 1876.
SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 489
des Vertébrés est si disparate en apparence, le naturaliste n’en
sait pas moins reconnaitre les différents segments; ici, comme
hypertrophiés, là atrophiés, séparés ou soudés, mais en défini-
tive, c’est toujours le membre antérieur avec ses mêmes segments
osseux, que ce membre soit adapté à la natation, au vol ou à la
marche, ou qu'au contraire il serve à fouiller, à saisir ou à tou-
cher. L'unité de plan nous conduit ainsi vers un prototype verté-
bré qui est lui-même descendu d’un ancêtre Achordate.
II
EXPOSÉ DE LA QUESTION.
Avant d'entrer en matière, il nous faut préciser les points gé-
néraux du problème que nous allons aborder, c’est le moyen
d’être toujours compris ou mieux de ne point rester incompris,
et en l'espèce cette exposition préalable est indispensable.
L'appareil hyoïdien, en thèse très générale, est un arc situé
derrière l'arc maxillaire, comme lui suspendu à la base du crâne
par des branches montantes ou chaînes. Cet arc est composé d’un
corps et de deux paires de branches, deux de chaque côté, dont
l'une plus longue sert à le suspendre au crâne, dont l’autre sert
au contraire à suspendre le larynx et avec lui tout l’arbre respi-
ratoire.
Le corps a la forme d’une plaquette, d’un plastron, d’une co-
lonne ou d'un segment d’anneau suivant les animaux. Il porte le
nom de Basihyal. La plupart du temps ce corps est prolongé en
avant par une apophyse plus ou moins longue à lui soudée, arti-
culée ou même qui s’en est séparée complètement : c’est l’ento-
glosse ou os lingual. En arrière il porte un autre prolongement en
forme de queue, c’est l’urohyal, subdivisé parfois en deux pièces,
l'entohyal et l’urohyal proprement dit. Tel estle corps de l’hyoïde
type avec son prolongement postérieur et son apophyse ou tuber-
cule antérieur.
Ce corps porte de chaque côté une paire de cornes. De celles-ci,
les postérieures ou inférieures continuent en général, le corps
en arrière, de façon à faire avec lui, lorsque le basihyal est repré-
senté par un segment d’anneau, une sorte de fer à cheval ouvert
en arrière. Ces cornes articulées avec le corps portent le nom de
cornes postérieures Où cornes thyroïdiennes (longues cornes chez
490 CH. DEBIERRE
l'Homme et les Singes, glossohyaux de Geoffroy Saint-Hilaire).
Elles sont plus spécialement adaptées à l'organe respiratoire, en
ce sens qu'elles donnent attache au cartilage thyroïde et suspen-
dent le larynx.
La seconde paire de cornes, cornes supérieures ou antérieures
(petites cornes (1) chez l'Homme), nous les appellerons cornes
styloïdiennes. Articulées avec le bord supérieur du basihyal, à
chacun de ses angles latéraux, ces cornes sont ordinairement
composées de trois pièces, l’apohyal, le cératohyal et le stylhyal
de Geoffroy Saint-Hilaire. Ce sont là les grandes cornes ou chaînes
hyoïdiennes qui unissent le basihyal au crâne et suspendent toul
le système à ce dernier.
Chez l'Homme et certains animaux, une partie des branches
styloïdiennes osseuses est remplacée par un ligament, le ligament
stylo-hyoïdien.
Tel est dans sa généralité le système hyoïdieu.
Nous serons à même maintenant de suivre les formes anato-
miques et les multiples transformations de l'appareil dans la série
des Vertébrés, car nous verrons les mêmes pièces se répéter, et
nous aurons soin de leur conserver les mêmes noms. Mais à
l’arc hyoïdien se rattache une question des plus importantes,
c’est la signification morphologique des osselets de l'oreille
moyenne. Nous aurons à voir si l’anatomie et l’embryologie
comparées sont à même de nous dire si c’est bien le segment dor-
sal de l’arc hyoïdien qui donne naissance en se segmentant à ces
osselets, ou si plutôt ils ne proviennent pas de l'arc mandibu-
laire.
III
APPAREILS HYOÏDIENS OSSEUX ET LIGAMENTO-MUSCULAIRE
DANS LA SÉRIE DES VERTÉBRÉS.
POISSONS
1° Hyoïpe osseux. — L'hyoïde des Poissons apparaît pour la
premiére fois chez les Cyclostomes (Myxinoïdes et Pétromyzons),
car jusqu'ici on n'a pu le découvrir chez les Leptocardes et il serait
(1) Dénomination que les anatomistes devraient délaisser, car la plus petite corne
chez l'Homme et les Singes devient la plus grande chez nombre d'Animaux et vice
UCrs«.
SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 491
peut-être difficile d'en voir le premier spécimen rudimentaire dans
la « plaque du pharynx » des Aranéides, ainsi qu'a pu le penser
Tréviranus.
Chez la Lamproie, l'hyoïde en est encore réduit à une lame car-
tilagineuse qui donne appui en avant au cartilage lingual et se
fixe en arrière, par l'intermédiaire d’un appareil ligamenteux, sur
le sternum. Il constitue chez les Poissons cartilagineux et chez les
Poissons osseux un arc situé dans l’aire de la mâchoire inférieure,
en arrière de l’arc maxillaire, en avant du premier arc branchial.
La base de ce système est formée d’une tige longitudinale sur
laquelle appuient les cornes styloïdiennes et les arcs branchiaux :
c'est là le corps de l’hyoïde qui sert de quille pour l'appareil
branchial en arrière, pour l'arc hyoïdien! lui-même en avant,
véritable sternum intérieur supportant des côtes cervicales ainsi
que l'avaient dit Duverney et Virey.
Cette quille de l’hyoïde est composée de quatre segments (co-
pulæ) soudés bout à bout. Le plus antérieur représente l’ento-
glosse, le second le basihyal, le troisième l’entohyal et le qua-
trième l’urohyal (fig. 1), toutes pièces que nous retrouverons dans
l'appareil hyoïdien des ani-
maux plus élevés dans la sé-
rie. L'urohyal représente la
queue de l'hyoïde des Sau-
ropsidés et des Mammifères ;
comme cette dernière il porte
les homologues du larynx
des animaux supérieurs chez
les Poissons (os branchiaux 7 .
ou pleuréaux (1) de Geoffroy
Saint-Hilaire); le premier
segment (copula) supporte l'os lingual comme :chez les Vertébrés
supérieurs. Comme chez les Mammifères le corps de l'hyoïde est
suspendu au crâne par les branches styloïdiennes. Celles-ci, com-
posées d’un seul segment chez certains Squales, sont formées de
deux pièces chez beaucoup de Raies; chez les Chimères, les Es-
turgeons, les Spatulaires il y en a trois et c’est ordinairement trois
ou quatre qu'on trouve chez les Poissons osseux.
La
PA A VAYA VA Es a 74 74 va
UNE
D)
UN
(1) Les pleuréaux ont pour homologues chez les Animaux à respiration aérienne
les cartilages de l'arbre trachéo -bronchique (Geoffroy Saint-Hilaire, Nouvelles An-
nales du Muséum, T, 344, 1832).
492 CH. DEBIERRE
Chez les Cfiimères, les Squales, les Poissons osseux, les branches
styloïdiennes s'unissent à la quille hyoïdienne au niveau de l’arti-
culation de l’entoglosse
(glossohyal de Geoffroy
Saint-Hilaire) et du basi-
hyal, par l'entremise de
l’apohyal (fig. 2). A la suite
de celui-ci vient le céra-
tohyal, os quadrilatère et
épais et non pas filiforme
comme il est chez les Oi-
seaux et enfin le séylhyal
qui suspend l’appareil au crâne. Cette branche porte les rayons
branchiostèges (fig. 3). En arrière de l’arc styloïdien viennent les
quatre arcs branchiaux et der”
rière ceux-ci un cinquième
(sixième en comptant l'arc
styloïdien) composé des os
pharyngiens inférieurs. Ces
arcs branchiaux comme l'arc
hyoïdien sont composés de
plusieurs segments : la pre-
mière pièce, celle qui appuie
sur la quillehyoïdienne porte
le nom d’hypobranchiale (ar-
ticulaire inférieure ou thy-
rial), la seconde, celui de
cératobranchiale ou pleuréal
Fig. 3. inférieur, la suivante, celui
d’épibranchial où pleuréal su-
périeur ; enfin la 4et dernière pièce porte le nom d'os pharyngien
supérieur (1) ou mieux os arthrodhyaux (Milne-Edwards) Les pleu-
réaux sont donc rattachés au crâne par les os pharyngiens supé-
rieurs plus ou moins concentrés : telle est la composition type
d’un segment hyoïdien chez les Poissons. Mais il arrive souvent
que le système est ou plus concentré, ou au contraire dédoublé
dans certaines de ses parties.
(1) D'après Geoffroy Saint-Hilaire les os pharyngiens ont leurs homologues chez
les Animaux supérieurs dans les pièces dures (cartilage et os) de la trompe d'Eus-
tache (Philos. anat., T, p. 226).
SUR L'APPAREIL IYOÏDIEN 493
L'arc le plus fixe est l’arc hyoïdien; les arcs branchifères le
sont moins. Souvent cependant la corne styloïdienne comprend
quatre pièces, la pièce
surnuméraire surmontant # Sn
le cératohyal et placée 4
entre lui et le stylhyal
proprement dit (apophyse
styloïde) portant le nom
d’épihyal. Le stylhyal est
une petite pièce styli-
forme (fig. 4) quis’articule
avec le temporal ou le
tympanal. Dans certains
cas (Ostracions, quelques
Plectognathes)leligament
qui unit le stylhyal aux os Fig. 4.
du crâne s’ossifie et donne -
lieu à un nouvel os suspenseur (Rathke). Enfin, l’on voit souvent
suspendu au-dessous de la portion médio-basilaire de l’hyoïde
une lame ou tige osseuse (fig. 5) dirigée en arrière vers la cein-
ture scapulaire et qu’on dé-
signe communément sous
le nom d’os épisternal.
Chez les Squales et les
Raies, une corde cartilagi-
neuse s'articule avec le
crâne, de chaque côté, au
moyen d’une articulation
mobile, dans la région de
la capsule périotique et
s'unit à l’autre extrémité
et à l’aide de fibres liga-
menteuses, au palato-qua-
drate et au cartilage de
Meckel. Ce suspensorium
cartilagineux représente l'os hyo-mandibulaire des Poissons os-
seux (Téleostéens) et donne attache à l'appareil hyoïdien.
Chez le Lepidosteus (Ganoïdes) le suspensorium se compose de
deux osselets réunis par une partie cartilagineuse intermédiaire.
L'osselet supérieur représente l’hyo-mandibulaire uni comme lui
à la capsule péri-otique; l’inférieur répond au symplectique des
494 CH. DEBIERRE
Poissons osseux et est en connexion plus ou moins intime avec
l'os carré suivant les genres Lepi-
dosteus, Polypterus, Amia (Huxley).
Chez les Poissons osseux le palato-
quadrate et l'hyo-mandibulaire ont
essentiellement la même structure
(Huxley) que chez les Ganoïdes.
L'homologue du suspensorium des
Fig. 6. Elasmobranches s'articule par une
| surface qui lui est fournie par les
os pro-otique, ptérotique, sphénotique, post-frontal. Il s’ossifie de
facon à donner naissance à deux OS, un hyo-mandibulaire (Hm)
avec lequel s'articule l'o-
perculaire et un symplec-
tique (Sy). Le stylhyal s'ar-
ticule avec le cartilage
intermédiaire à ces deux
os (fig. 7).
L'arc hyoïdien est com-
plet chez la Perche, le
Brochet, la Carpe, la
Truite, etc.; au contraire,
le lingual (entoglosse) fait
défaut chez les Silures,
les Gades, les Balistes,
les Tétrodons, les Trigles, etc. ; l’urohyal n'existe qu’à l’état rudi-
mentaire ou pas du tout chez les Tétrodons, les Diodons, les
Synguathes, l'Uranoscope (Milne-Edwards) (1), et le basihyal
lui-même manque chez les Diodons, Trétodons, chez le Cycloptère.
L'hyoïde des Poissons est solide et ramassé, c’est un appareil
complet, ce qui prouve que c’est bien là un système ichthyologique.
20 APPAREIL MUSCULAIRE. — Chez le Brochet, deux muscles se
fixent de chaque côté sur la lame sous-hyoïdienne : ce sont les
homologues des sterno-hyoïdiens. Deux autres partent de chaque
côté de la ceinture scapulaire et vont s'attacher à la queue de
l'hyoïde (dernière copula) : je les considère comme les homologues
des scapulo-hyoïidiens. Une paire de muscles partent de la face
externe de la première pièce de la branche styloïdienne et vont
s'attacher en formant préalablement une sorte de chiasma de
(1) Milne-Edwards, Lecons sur la Phys. et l'Anat. comp., I, p. 223.
SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 495
chaque côté de la symphyse de la mandibule : ce sont les homo-
logues des génio-hyoïdiens. Une autre paire va des branches sty-
loïdiennes à l’apohyal en s’entrecroisant sur la ligne médiane près
de leurs insertions aux apohyaux, ce sont les homologues des
stylo-hyoïdiens des animaux supérieurs. Le mylo-hyoïdien est re-
présenté chez l’Anguille par une couche musculaire qui va des
premiers rayons branchiostèges d'un côté à ceux du côté opposé
(Cuvier). La queue de l’hyoïde des Gyclostomes (Lamproie marine)
s’avance sous la charpente des branchies comme fait la queue
de l’hyoïde des Oiseaux sous le larynx et la trachée artère. Autour
de cette queue s’allonge un sterno-glosse (Cuvier). Enfin des der-
nières copulæ partent de petits muscles coniques qui vont aux
rayons branchiostèges : ce sont les homologues du thyro-hyoï-
dien (Muscles basi-branchiaux).
BATRACIENS
Le L'Hvoïpe osseux. — Nous choiïsissons la Grenouille pour
objet d'étude. Chez elle, l'hyoïde est représenté par une plaque
cartilagineuse large et mince (fig. 8).
De cette plaque qui n’est autre que le
corps de l’hyoïde (basihyal) se détache
en avant deux longues tiges cartilagi-
neuses recourbées; ces branches ou
cornes antérieures (stylhyal) (fig. 8) vont
s'attacher au rocher cartilagineux (ex- ‘
cepté chez la Salamandre); de la partie
postérieure du même corps se détachent
deux languettes osseuses qui embras-
sent le larynx : ce sont les cornes postérieures ou cornes thyroï-
diennes (fig. 8).
Tel est à peu de chose près l’hyoïde de tous les Batraciens
anoures (1).
Chez quelques-uns, le stylhyal est composé de deux segments
(Sirène, Protée), l'apophyse styloïde proprement dite, segment
rocheux, et le prolongement styloïdien réel, réunis ensemble par
une articulation entourée d’un manchon ligamenteux. Chez le
Crapaud accoucheur le basihyal est en partie ossifié ; il est égale-
Fig. 8.
(1) Voyez Dugès, Ostéologie et Myologie des Batraciens. Paris, 1834.
496 CH. DEBIERRE
ment osseux chez la Sirène, le Protée, l'Amphiume, ainsi que les
cornes styloïdiennes et thyroïdiennes. Mais ce qui démontre
encore mieux cette disposi-
tion c’est l'examen del'hyoïde
chez le têtard branchifère.
Alors nul doute que les cor-
nes antérieures et postérieu-
res ne soient indépendantes
du basihyal (fig. 10). Ici éga-
lement, on voit à l'évidence
le rapport de l'os hyoïde avec
l'appareil respiratoire provisoire (branchies) pour lequel l’hyoïde
est un véritable centre d’appui.
= Chez les têtards du Triton, le basihyal
= ” se prolonge en arrière en un stylet uro-
22 hyal articulé au corps; chez la Sirène,
TUE chaque corne antérieure est composée de
deux os, un cératohyal et un épihhyal
(Cuvier). L’Amphiume a un hyoïde avec
un entoglosse (Cuvier) (1).
20 APPAREIL LIGAMENTEUX ET MUSCULAIRE. — Primitivement il
existe une articulation entre le stylhyal et le basihyal et chez le
Têtard cette articulation est mo-
bile. Les moyens d’unions sont des
e trousseaux fibreux étendus d’un
segment à l’autre au pourtour de
SE larticle. Il en. est de-mêéme pour
les cornes thyroïdiennes; là la ligne
articulaire bien que serrée persiste
dans l’âge adulte.
Les muscles qui s’attachent à
l'hyoïde sont :
1° Le Mylo-hyoïdien (sous-maxil-
laire ou sous-guttural) qui s'attache d’une part à la base de la
corne styloïdienne et d’autre part au cadre de la mâchoire infé-
rieure. Les deux mylo-hyoïdiens laissent entre eux un espace
dans lequel on aperçoit les hyoglosses. Chez le Crapaud, le musele
est subdivisé en deux faisceaux; l'interne seul s'attache à la mà-
T4
Fig. 10.
Fig. 11.
(1) Cuvier, Lecons d'Anatomie comparée, IN. 521.
SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 497
choire, l'externe va se fixer aux cartilages styloïde et tympa-
nique (Dugès). Mais chez ces animaux les muscles mylo-hyoï-
diens ne s’attachent presque pas à l’hyoïde et sont plutôt des
muscles intermandibulaires.
20 GÉNIO-HYOÏDIENS. — Attachés en
arrière au corps de l'hyoïde et sur lä
partie atténuante des cornes posté-
rieures, ces muscles se fixent en
avant de chaque côté de la symphyse.
3° Hyo-GLosses. — Ce muscle pair,
que Dugès ne décrit pas chez l’adulte,
bien qu'il le décrive chez le têtard
de la 5e période, sembie être le pro-
longement du pubio-hyoïdien; il s’at-
tache le long de la corne thyroïdienne
et en avantil se perd dans la langue.
Ces muscles sont compris dans l’é-
cartement des génio-hyoïdiens.
4° STYLO-HYOÏDIENS. — (ÆRupéo-cé-
rato-hyoïdiens de Dugès). Faisceau
erêle pair qui, d’une part, s'attache à
la corne thyroïde et de l’autre au ro-
cher.
5° MASTO-HYOÏDIENS. — Au nombre de deux ou trois, ces mus-
cles qui, d’une part s’insèrent à la corne thyroïdienne de l'hyoïde,
au-dessous du stylo-hyoïdien, et de l’autre à l’a-
pophyse mastoïde, ne sont que les homologues
du digastrique, ventre postérieur seulement il
est vrai, mais nous verrons que le ventre anté-
rieur de ce muscle peut manquer chez les ani-
maux supérieurs et reproduire la phase batra-
cienne.
Fig. 12.
60 OmMo-HYoÏDIENS. — S’attachent à la face
antéro-externe de l’hyoïde près de la base de la
corne thyroïdienne, et de l’autre à l'omoplate, Fig. 13.
sur son bord supérieur.
7° STERNO-HYOÏDIENS {Pubio-hyoïdiens). — S'étendent du bord
inférieur du basihyal et de la base des cornes hyoïdiennes au
xiphoïde, et de là par une intersection aponévrotique se conti-
nuent avec le grand droit de l'abdomen, d'où le nom de muscles
pubio-hyoïdiens que leur a donné Dugès. En avant, ces muscles
32
A4YS CH. DEBIERRE
semblent se continuer en dedans avec l'hyo-glosse et en dehors
avec l'hyogénien.
Chez la Salamandre, le génio-glosse prend donc comme chez
l'Homme une partie de ses insertions au bord antérieur du
basihyal. Chez les Tritons et l’Axolotl il existe un Ayo-céra-
toïdien. Chez les Urodèles, le système hyoïdien est plus parfait et
les pièces plus complètes. Il suffira de jeter un coup d’œil sur la
fig. 11 pour en saisir la différence et voir le basihyal (b), l’uro-
hyal (4) complètement séparé ici du basihyal (os selet thyroïdien
de Sieboldt) et seulement soutenu par les muscles sterno-hyoï-
diens entre lesquels il est intercalé (Dugès), la corne styloïdienne,
apohyal (a) et cérato-hyal (c), le stylhyal (sé), les cornes thyroï-
diennes ou glosso-hyaux (#4) de Geoffroy Saint-Hilaire.
L’urohyal est soudé par une articulation au basihyal chez la
larve de la Salamandre aquatique, ainsi que l'avait indiqué Rus-
coni, mais chez l'adulte cette pièce a disparu. Il n’en est pas de
même chez la Salamandre terrestre. Dans cette espèce, elle se dé-
tache bien du basihyal, mais persiste sous forme d’osselet thyroï-
dien de von Siebold. La corne styloïdienne (a) unie à sa congénère
chez l'adulte et ne formant plus qu'une pièce en forme de balan-
cier porte à eau, est manifestement une pièce séparée chez la
larve. La corne thyroïdienne (gl) est la pièce qui supporte les
branchies. Ce fait atteste bien la valeur respiratoire de cette corne.
REPTILES
1° L'os HYOÏDE DES REPTILES. — Dans le groupe des Chéloniens,
la forme de l’hyoïde se rapproche de celle des Batraciens anoures,
Fig. 15.
et l'hyoïde des Crocodiliens offre un type voisin de l'hyoïde des
Chéloniens.
SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 499
En général, il se compose d'un corps en forme de plaque ou de
bouclier, ou mieux encore de plastron de cuirasse, dont la gout-
tière supérieure reçoit le larynx qui y est comme incrusté, corps
mi-partie cartilagineux, mi-partie osseux, rarement entièrement
osseux, tantôt simple (Tortues de terre), tantôt composé de 5 ou
7 pièces (Trionyx et Chélides), ici plein (Tortues d’eau douce),
ailleurs percé d’un trou où même de deux (Tortue de terre).
Ce corps est prolongé en avant sous forme d’os ou de cartilage
lingual (entoglosse) complètement détaché du basihyal et à lui
relié seulement par un ligament.
Fig. 17.
Ordinairement il présente trois angles de chaque côté. De ces
angles, les deux postérieurs portent chacun une corne constante
recourbée en forme d’S. L'antérieure représente la corne styloï-
dienne, la postérieure la corne thyroïdienne.
L’angle antérieur porte une corne surnuméraire dans certaines
espèces (Æmys Europea), mais il est libre chez les
Tortues terrestres et certaines Tortues d’eau douce
(Emys punctuta, E. fusca, E. testudo scripta) et Tor-
tues de mer {Testudo mydas, T. caouana). Chez cer-
taines il n'existe qu'une corne styloïdienne.
Les Crocodiliens ont un basihyal analogue à celui
des Chéloniens; mais ils n’ont que des cornes sty- Fig 18.
loïdiennes composées de deux pièces et point de cornes thyroï-
diennes (fig. 18). Dans l’ordre des Sauriens, le corps de l’hyoïde
est grêle et allongé comme chez les Oiseaux. Il se prolonge en
avant en une pointe (entoglosse); en arrière, il est plus ou moins
bifurqué, et présente ainsi une paire de cornes postérieures, cor-
nes thyroïdiennes, ordinairement composées de deux segments
articulés. En avant de celles-ci s’articulent une nouvelle paire de
cornes, cornes antérieures ou styloïdiennes, composées de trois
pièces chez les Lézards, dirigées en haut et fixées au crâne par
500 CH. DEÉBIERRE
l'intermédiaire d'uue apophyse de l'os basilaire, l’'homoiogue de
l'os styloïdien des Mammifères. Comme chez les Oiseaux, ce sont
les Sauriens dont la langue est très pro-
tractile qui ont les branches styloïdiennes
les plus longues (Lacertiens).
- Chez les Ophidiens, l'hyoïde est réduit à
son minimum. Composé d’une petite pla-
que osseuse triangulaire dont le sommet
très effilé annonce un os lingual et de deux
paires de cornes rudimentaires, il est ré-
duit chez les Ophidiens à langue enfermée
dans un fourreau, à deux petites tiges car-
tilagineuses qui se recourbent en avant
sous le fourreau de langue, pour s’unir en
un arc aplati. Les deux tiges paraissent
représenter les cornes styloïdiennes.
2° APPAREIL HYOÏDIEN ACTIF OU MUSCULAIRE. — Chez les Chélo-
niens, les sterno-cleido-hyoïdiens et les omo-hyoïdiens sont confondus
et prennent leur insertion inférieure à la clavicule. Ces muscles
rétracteurs ou abaisseurs de l'hyoïde sont secondés par des æso-
phago-omo-ceratoïdiens dans le Caret (Cuvier) (1), qui remplacent
les sterno-hyoïdien et hyo-thyroïdien des Mammifères (Cuvier).
Les antagonistes de ces muscles sont les génio-hyoïdiens qui
prennent leurs attaches hyoïdiennes sur le tiers externe de la
corne moyenne d'où leur analogie avec les génio-hyoïdiens des
Oiseaux. Le mylo-hyoïdien ne s'attache qu'en partie à l’hyoïde
(A) Guvier, Lecons d'Anat. comparée, IV, p. 526.
SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 501
qu'il soulève, et joue, de ce chef, un rôle considérable dans la
respiration de l'animal. Il existe chez ces animaux un hyo-céra-
toïdien comme chez les Solipèdes (fais-
ceau étendu de la corne antérieure à
la corne moyenne).
Le mylo-hyoïidien des Crocodiliensres-
semble à celui des Chéloniens. Parmi
les protracteurs de l’hyoïde, ces Ani-
maux ont un double géni-cératoïidien de
chaque côté; comme rétracteurs deux
omo-cératoïidiens. Les sterno -hyoïdiens
s’attachent au basihyal chez le Croco-
dile, au basihyal et à la partie interne
de sa corne ‘cératoïdienne chez le Caï-
man (1). Chez les Lacertiens, il existe un genio cératoïdo-laryngien
qui représente à la fois le génio-hyoïdien et l’hyo-thyroïdien des
Mammifères. On leur trouve également un cératoïdien analogue à
l’hyo-cératoïdien des Chéloniens.
Certains Ophidiens ont un mylo-hyoidien, des geni-hyoïdiens, des
sterno-cleido-hyoïdiens, des omo-hyoïdiens. Les Amphisbènes n’ont
point d'omo-hyoïdiens et leurs sterno-hyoïdiens deviennent des
costo-cératoïidiens faute de sternum.
Chez les Serpents proprement dits, l'appareil hyoïdien actif est
dégradé comme l’est l'appareil passif ou osseux. Il y a bien encore
des faisceaux musculaires mylo-hyoïdiens, sterno-hyoïdiens et genio-
hyoidiens, mais il n’y a plus de muscles propres portant ces noms.
Il y a en partie confusion entre les muscles des mâchoires, ceux
de l’hyoïde et le peaucier, phénomène qu’on peut rencontrer par
atavisme chez l'Homme dans des faisceaux musculaires surnu-
méraires à la région sus et sous-hyoïdienne (coraco-cervical,
costo-cervical, cleido-cervical, sterno-cervical, hyo-cervical,
occipito-hyoïdien, mento-hyoïdien, etc.), dont la plupart se per-
dent dans l’aponévrose cervicale ou le peaucier du cou. Sterno-
hyoidiens et omo-hyoidiens chez les Serpents ont vu leurs inser-
tions inférieures se déplacer pour aller s'attacher sur les côtes
ou sur des vertèbres cervicales, curieux phénomène que nous
retrouvons chez un Mammifère, le Mouton, en ce qui concerne
l’omoplato-hyoïdien.
Les hyo-glosses existent chez tous les Reptiles.
(1) Les deux insertions coexistent chez les Iguaniens et les Caméléons.
502 CH. DEBIERRE
OISEAUX
1° APPAREIL HYOÏDIEN OSsEUx. — L'os hyoïde des Oiseaux est
adapté au long cou de ces animaux. Au lieu d’avoir la forme d’un
arc placé horizontalement au devant du cou comme chez les
Mammifères, il a ordinairement la forme d'un fer triangulaire,
d'un soc de charrue plus ou moins allongé ou rétréci dirigé sui-
vant l'axe du cou. Cette portion triangulaire, c’est le basihyal.
De son sommet (partie antérieure) se détache la partie linguale
(os lingual ou entoglosse), de sa base part la queue de l’hyoïde ou
urohyal; à ses angles se fixent les cornes styloïdiennes.
L’entoglosse (glossohyal de Geoffroy Saint-Hilaire) ou os lingual
qui s’avance dans la base de la langue et en forme la charpente
solide reste souvent cartilagineux en avant (Canard, etc.), ou
membraneux au centre (Aigle, etc.) (1). En général, il y a deux
glossohyaux articulés et mobiles, rarement soudés au corps
comme chez l'Autruche, réunis parfois en totalité ou en partie
(Canard).
L'urohyal est une tige plus ou moins longue suivant la lon-
gueur du cou de l’Oiseau lui-même, d’où sa grande étendue chez
le Héron, à cause de la position reculée du larynx supérieur au -
quel elle va se fixer. Cette queue a, en effet, pour but de fixer
l'hyoïde au larynx ou à la partie supérieure de
la trachée, fixation tendineuse lâche qui permet
à l'hyoïde d'avancer ou de reculer. Elle manque
rarement comme chez les Pics, le Torcol, le
Colibri, et plus rarement encore elle est immobile
comme chez les Hiboux, les Cigognes, les Ca-
nards. Chez le Pélican, le Cormoran, la queue
est rudimentaire.
Chacune des cornes qui s’articulent aux deux
angles latéro-postérieurs du corps, sont des
tiges osseuses, longues, grêles et arquées, com-
posées ordinairement de deux segments articulés
bout à bout, amincies vers leur extrémité libre
qui reste généralement cartilagineuse et se di-
() Duvernoy, Mém. sur quelques particularités des organes de la déglutition de
la classe des Oiseaux et des Reptiles. Mém. de la Soc. d'Hist, nat. de Strasbourg,
1835
SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 503
rige en arrière et en haut, derrière le crâne occipital, mais
sans s’y attacher (fig. 23). Chez les Pics, chez le Torcol, ces
cornes sont extrêmement longues, élastiques et flexibles; elles
se recourbent autour du crâne tout entier, en formant un arc
de cercle ouvert en avant et leur pointe glisse jusqu’à la base
du bec dans une gouttière creusée sur les côtes de la mâchoire
supérieure, projetées qu’elles sont dans un grand mouvement
de bascule que leur fait exécuter un muscle protracteur homo-
logue au génio-hyoïdien des Mammifères et dont nous allons
parler.
2° APPAREIL MUSCULAIRE. — [l existe comme chez les Mammi-
fères un mylo-hyoidien, qui, généralement, ne prend point d’inser-
tion à l’hyoïde, comme cela a lieu chez les Perroquets (l’Ara
bleu, Cuvier), le Paon.
Les protracteurs de l’hyoïde sont représentés par les homo-
logues des ‘génio-hyoidiens qui, d'une part s’attachent à la corne
styloïdienne de l’hyoïde, et de l’autre à la face interne de la man-
dibule, vers sa partie moyenne, et au-dessus du mylo-hyoïdien,
d’où le nom de mylo-cératoidiens que leur a donnés Duvernoy.
Chez le Pic, ces muscles engainent la corne styloïdienne. Leur
effet est d'autant plus grand, que la corne styloïde, levier sur
lequel chaque muscle agit, est plus longue, et que le muscle est
lui-même plus étendu et plus enroulé autour du levier, d’où la
nécessité d’une longue corne chez les Oiseaux qui ont une pro-
tractibililé considérable de la langue (Pics, Colibris, Ornismyes,
Torcol).
Le stylo-hyoidien des Mammifères est représenté par le serpi-
hyoidien, muscle rétracteur de la langue, qui, du basihyal va s’in-
sérer à l’apophyse serpiforme du maxillaire inférieur (située près
de l'angle de la mâchoire). Les sterno-hyoidiens, omo-hyoïdiens,
thyro-hyoidiens des Mammifères sont représentés chez les Oiseaux
par les trachéo et laryngo-hyoïidiens. Chez le Pic, le trachéo-hyoi-
dien est des plus curieux. Comme le cou de cet Oiseau est bref et
que le mécanisme de la langue ne pouvait se contenter d'un
muscle court, la nature a employé un artifice : les trachéo-hyoï-
diens sont plusieurs fois enroulés autour de la trachée, ce qui
augmente d'autant la longueur de leurs fibres et la puissance de
leur contraction. Entre les deux cornes styloïdiennes s'étend un
muscle transverse, le cératoidien, l'analogue du transverse des
Solipèdes. Il existe en outre des cérato et basio-glosses. Le basio-
504 CH. DEBIERRE
glosse manque chez le Vautour, l’Albatros, la Cigogne, le Fou,
l’'Autruche, etc. (Milne Edwards) (1).
MAMMIFÈRES
1° Os xyoïipe. — Le type de l'os hyoïde des Mammifères est
représenté par un corps et en général deux paires de cornes.
Les cornes antérieures suspendent l’hyoïde au temporal; les
cornes postérieures sont ordinairement unies aux cornes supé-
rieures du cartilage thyroïde par les ligaments thyro-hyoïdiens
latéraux.
Le corps est, ou bien un
arc, ou bien un triangle, pro-
longé ou non en avant par
une queue; les cornes anté-
rieures sont en général des
os distincts, unis à la partie
supérieure des angles laté-
raux du corps par synchon-
Se drose, de longueur variable
et composées de plusieurs
segments, toujours suspen-
dues au rocher du temporal,
soit directement par une
pièce osseuse, soit à l’aide
d’un appareil ostéo-ligamen-
teux; les cornes postérieures
prolongent le corps en ar-
rière en forme de. fer à che-
val; unies au corps par syn-
chondrose ou soudées avec
lui, elles l’unissent au larynx.
Telle est la structure exté-
rieure de l'os hyoïde des Mam-
mifères. Autour de ce type'viennent se grouper toutes les formes
secondaires adaptées aux conditions d'existence des individus et
modifiées avec elles.
La modification la plus remarquable du corps est celle présentée
d) Milne-Edwards, Lecons sur la Physiol. et l'Anat. comparée, VI, p. 17.
SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 505
par les Singes hurleurs du genre Alouatte. Chez eux, le corps de
l'hyoïde a en quelque sorte été soufflé (fig. 36); il constitue un
PSN
€
Es £
Ÿ:
Fig. 95.
véritable tambour pourvu d'une large ouverture supérieure et
destiné à loger un appareil de résonance remarquable, le sac de
l’hyoïde qui communique avec la cavité du larynx.
Fig. 26.
Chez les Solipèdes, il est prolongé antérieurement par une sorte
de queue à plusieurs segments (fig. 23), queue dont on voit encore
le vestige chez la plupart des Ruminants (fig. 33). Les entoglosses
des autres Vertébrés sont souvent représentés par une lame fibro-
506 CH. DEBIERRE
cartilagineuse ou osseuse (os lingual) qui part de la partie anté-
rieure du corps, homologie que Meckel avait déja signalée à pro-
pos de l’hyoïde des Carnassiers.
Fig. 27. Fig. 28
Les cornes antérieures sont plus ou moins longues; rudimen-
taires même, comme chez la Sarigue (1), mais il est rare qu’elles
manquent. Articulées au corps de l’hyoïde, ces cornes sont com-
Fig. 29.
N e, |
posées de trois os chez l'Homme, les Carnassiers, les Soli-
pèdes, les Ruminants, le Lapin, le Rhinocéros, les Cheiroptères,
(1) Cuvier dit qu'elles manquent chez les Hurleurs, or il n'en est rien (voyez
figure 36).
SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 507
les Pinnipèdes (Morses et Phoques), les Rongeurs (Écureuils, Mar-
mottes, Loirs, Couïa) ; de deux chez les Singes (Cuvier) (1), les
Léporides, le Cobaye, etc..et sont
toujours accrochées au temporal,
attachées à une « apophyse sty-
loïde » chez l'Homme, l’Orang, É
l'Hippopotame, le Cochon, le Da-
man, etc. Chez les Marsupiaux,
les Cétacés, certains Rongeurs
(Rat), elles ne se composent selon
Cuvier que d’une seule pièce os-
seuse directement fixée au crâne
par un appareil ligamenteux. Mais
peut-être s'agit-il de vieux ani-
maux, chez lesquels comme on le
- sait, les articulations ont tendance
à s’effacer. F
Les cornes postérieures ou
mieux thyroïdiennes sont généra- Fig. 31.
lement le prolongement en arrière du petit arceau que forme le
corps. Elles se composent ordinairement d’une simple tige osseuse
8E
plus ou moins forte, cylindrique ou quadrilatère unie au corps
(1) Cuvier, Lecons d'Anat. comp., IV, 1"* partie, p. 465.
DUS CH. DEBIERRE
de l’hyoïde par une articulation’; il est assez rare qu'elles soient
complètement soudées au basihyal et plus rare encore qu’elles en
soient complètement détachées, comme chez les Monotrêmes et
les Lamantins (Stannius) (1).
Elles font défaut ou sont très
rudimentaires chez quelques
Rongeurs (Rats, Hamster,
Campagnol), Édentés (Pan-
golins), Cétacés (Baleine, Ror-
qual). Ces cornes sont les
plus petites chez la plupart
des Mammifères, les plus
longues chez l'Homme et les
Singes. Elles manquent rare-
ment (quelques Chéloniens,
Crocodiliens, Édentés et Ron-
geurs). Elles sont détachées
du corps chez les Monotrêmes, vérilable pli de passage aux cas
où elles manquent.
Chez l'Homme, le corps de l’hyoïde est représenté par un seg-
ment d'anneau, court et épais, présentant en avant et en haut un
tubercule qui représente les traces de l’entoglosse. En arrière la
face postérieure est creusée d’une petite cavité qui représente, à
l'état de vestige l'énorme cavité dont est creusé l'hyoïde des Hur-
leurs (J. Cruveilhier) (2). Les grandes cornes
fe ou cornes thyroïdiennes continuent en arrière
s- le segment d'anneau formé par le corps et
Ye
font avec lui un fer à cheval ouvert en arrière
sous lequel est suspendu le larynx. Ces cornes
Fig. 34. sont articulées avec le corps et la trace de
l'article persiste même jusque dans la vieil-
lesse(3). Les chaînes hyoïdiennes (styloïdiennes) sont représentées
SE
(1) Siebold ct H. Stannius, Anat. comp., II, 403.
(2) J. Cruveilhier, Anatomie, 2° 6d., I, p. 353. 1843.
(3) La ligne de soudure entre le basihyal et la corne thyroïdienne peut cepen
dant s’effacer complétement. Sur une pièce curieuse que nous avons recueillie sur
un sujet d’une soixantaine d'années en novembre 1885, le corps de l'hyoïde et les
cornes tyroïdiennes forment un are continu et comme d’une seule coulée. A la face
inférieure de l'extrémité de la corne thyroïdienne existe une facette articulaire
arthrodiale, qui s'articule avec une facette similaire, située au sommet de la grande
corne du cartilage thyroïde, cartilage complètement ossifié dans toutes ses parties.
Une synoviale et un manchon fibreux copié cette petite articulation très mobile.
Nous nous proposons d’ailleurs de décrire ultérieurement cette pièce, qui est dépo-
sée au Musée d'Anatomie de la Faculté de médecine de Lyon.
SUR L'APPAREIL ILYOÏDIEN 509
par trois osselets allongés, l’apohyal, le cératohyal, le sthylhyal.
L'inférieur s’unit au basihyal, le supérieur au temporal. Repré-
senté par les petites cornes ou cornes antérieures l'apohyal est
ordinairement un petit osselet en grain de riz fort court (5 à 8m)
le stylhyal est représenté par l’apophyse styloïde de 15 à 20" de
long, le cératohyal ou segment moyen par un osselet filiforme
de 10 à 15"" de long, souvent soudé à l’apophyse styloïde qui
Fig. 35.
augmente ainsi d’étendue et prend l'aspect noueux. La chaîne
est complétée par un ligament qui de l’apohyal (petite corne)
s'étend à l’apophyse styloïde (ligament stylo-hyoïdien).
Le stylohyal (apophyse styloïde) ne s’unit au rocher qu'après
que la pièce supérieure s’en est déjà détachée sous forme d’étrier.
Lorsqu'une partie de la chaîne hyoïdienne est complétée par
un ligament comme chez l'Homme, l'Orang, le Cochon, la pièce
510 CH. DEBIERRE
supérieure se soude au crâne sous forme d'apophyse styloide.
L'apophyse styloïde n'appartient donc pas au crâne. Elle s'y
raccorde par l'intermédiaire d'un fibro-cartilage qui lunit à un
petit prolongement osseux, l’apophyse hyoidienne du temporal. Ce
| 11000 !
UE OI
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AN
119000)
2/71
Fig. 36.
fibro-cartilage n’est guère envahi par l'ossitication avant 30 ans.
Jusque là l'apophyse styloïde est mobile. Au sommet de celle-ci
s'unit l'extrémité supérieure du cératohyal à l’aide d’un petit cor-
don fibreux; par son extrémité inférieure le cératohyal se réunit
à l’apohyal à l’aide d’un ligament long et grèle, le ligament stylo-
hyoïdien. À la naissance, ce ligament de couleur jaune et com-
posé de fibres élastiques est court et volumineux; il s'allonge et
s'atrophie au fur et à mesure du développement de la chaîne. Le
SUR L'APPAREIL IYOÏDIEN 511
cératohyal s'ossifie avant le stylhyal (Sappey) (1); de 50 à 60 ans,
ces deux os se soudent ensemble. L’apophyse styloïde revêt alors
cet aspect noueux qu'on lui connaît chez beaucoup. Sa longueur
s'allonge ; de 3 cent. elle passe à 4 ou 5 et même davantage.
Il serait difficile de reconnaître l'appareil hyoïdien type avec
ses chaînes temporales ou styloïdiennes dans cette description.
Mais les anomalies de développement viennent dans certains cas
raconter l’histoire ancienne de ce système en ramenant par ata-
visme un état organique disparu en grande partie dans l'espèce
(1) Sappev, Anatomie, 3° 6d., I, p. 267, 1876.
512 CH. DEBIERRE
humaine. Serres a communiqué un curieux cas de ce genre à
Geoffroy Saint-Hilaire. Nous en figurons un tout aussi complet
plus bas, à côté de l'appareil ordinaire considéré comme normal
(voyez fig. 37 et 38). Mais il ne faut point dire, avec nombre
d'anatomistes, que dans certains cas le ligament stylo-hyoïdien
s'ossifie. Ce n’est pas ainsi que se rétablit la chaîne hyoï-
dienne osseuse (voyez plus loin).
20 APPAREIL LIGAMENTO-MUSCOULAIRE. — Parmi les muscles de
l'hyoide, on trouve, dans toutes les espèces, le mylo-hyoïdien, le
Fig. 38. Fig. 39.
génio-hyoïidien, le stylo-hyoidien, le sterno-hyoidien, l'hyo-glosse et le
digastrique (1).
Le stylo-hyoïdien peut être représenté par trois muscles dis-
(1) Ce dernier bien que n'appartenant pas à l'appareil hyoïdien, est cependant,
chez nombre de Mammifères, un élévateur de l'hyoïde (Homme, Singe), par l'expan-
sion tendineuse que son anse envoie à l’hyoïde.
SUR L'APPAREIL IYOÏDIEN 513
tincts chez les Mammifères, un masto-styloidien (de l'apophyse
mastoïde à la partie supérieure du stylhyal), un grand cérato-
hyoidien (de la base
des cornes thyroiï-
diennes à la portion
supérieure des Cor-
nes styloïdiennes ) ;
un petit cérato-hyoi-
dien (du sommet des
cornes thyroïdien -
nes à la base des
cornes styloïdien-
nes). Ces trois mus-
cles coexistent chez
le Cheval (Chauveau) (1), les Ruminants et les Pachydermes (Cu-
vier) (2), B. Perrin (1871), H. West (1873), John Curnow (1874),
Max Flesch (1879) ont signalé chez l'Homme l'existence d’un coci-
pito-hyoïdien qui rappelle l’occipito-hyoïdien normal du Phoque et
de certains Carnassiers (Hyène, etc.) et que Humphry considère à
juste titre comme une dépendance du digastrique. Douglas a
écalement cité un fait de inio-cérato-hyoïdien.
Le sterno-hyoidien est parfois confondu avec le sterno-thyroi-
dien, chez le Lamantin et le Mouton, l'Ornithorynque par exemple,
disposition qu'on rencontreanormalement
chez l'Homme (fig.42), comme Albinus et
Macalister entr’autres en ont signalé des
cas (3).
Entre l'absence et la présence des
sterno-hyoïdiens il y à un intermédiaire
présenté par les Solipèdes et les Rumi-
nants, les Monotrèmes, la plupart des
Carnassiers (Meckel), chez lesquels les
sterno-hyoïdiens et les sterno-thyroïdiens, ne formant d’abord
qu'un seul muscle, se divisent en deux plus haut pour donner un
faisceau à l’hyoïde et un autre au cartilage thyroïde (4). Chez le
(1) Chauveau et Arloing, Anat. comp. des animaux domestiques, p. T1.
(2 Cuvier, Lecons d'anatomie comparée, IV, 493.
(3) Macalister. Transact, of Roy. Ir. Acad., 1871.
(4) Comme l'omo-hyoïdien, le sterno-thyroïdien, ce muscle présente assez souvent
(une ou plusieurs intersections aponévrotiques chez la Girafe (Owen) etles Solipèdes
Meckel et Chauveau). Testut l’a rencontré sur des sujets nègres, ainsi que sur un
910
514 CH. DEBIERRE
Dauphin, les deux muscles sterno-hyoïdiens sont confondus et
forment un muscle médian impair. Chez les Pangolins, les Tatous
et les Fourmiliers, les sterno-hyoïdiens se ‘prolongent; directe-
ment dans la langue sous forme de sterno-glosses (Cuvier), rem-
plaçant les hyo-glosses qui dans les
autres espèces semblent, en effet, la con-
tinuation en avant des sterno-hyoïdiens.
Dans cette facon de considérer les choses,
l'os hyoïde jouerait vis à vis de ces mus-
cles le rôle d’un os sésamoïde.
L'existence des omo-hyoidiens n’est pas
7 constante. Ils manquent chez les Pares-
seux, la Chauve-souris, la Taupe, cer-
tains Carnassiers (Chat, Chien), les Ron-
Fig. 42. seurs à clavicule incomplète (Lièvre,
Cobaye, Agouti), certains Pachydermes
(Pécari, Daman). Chez les Ruminants, l'insertion excentrique de ces
muscles se déplace : au lieu de se fixer à l’omoplate, ils s'attachent
aux apophyses transverses des deux dernières vertèbres cervicales
(Mouton). Chez l'Homme, l'absence de l’omo-hyoïdien a été signa-
lée par Cheselden, Otto, Schultze, Schwegel, Hallet, von Behr,
Gruber, Büchner, Testut. J'en ai rencontré moi-même un exemple
l'hiver dernier, chez un sujet livré à l’amphithéâtre de dissection.
Le génio-hyoïdien est un muscle impair chez les Cétacés (Cu-
vier) (1), comme chez les Fourmiliers, et il est non moins remar-
quable que ces Animaux n'ont qu'un sterno-hyoïdien. Hallet,
Theile, Macalister, Testut ont signalé chez l'Homme les génio-
hyoïdiens fusionnés sur la ligne médiane en un seul génio-
hyoïdien. Génio-hyoïdiens et génio-glosses sont confondus chez
les Pangolins suivant Meckel. Les mêmes muscles sont repré-
sentés par un muscle unique chez les Oiseaux (Cuvier) (2).
Le thyro-hyoïdien a une portion mastoïdienne chez l'Échidné,
comme chez certains Reptiles.
3 é
E
SEEN
à
ON
Chimpanzé, Macalister chez l'Homme blanc. Ces notions sont à bien retenir, eu
égard à la valeur des intersections aponévrotiques en analomie générale, Nous
aurons à y revenir lorsque nous ferons la comparaison du système musculaire
hyoïdien des différentes classes d'animaux vertébrés.
(1) Cuvier, Lecons d'anat. comp., IV, p. 491.
(à Meckel, Anat. comp., VIIL, 1829-39; Cuvier, Lecons d'anat. comp., IV, p. 491,
505; Theile, Encyclop. anat., Mio logiu, p. 74; Testut, Les anomalies musculaires
chez l'Homme, p. 286.
SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 515
Le thyro-hyoidien est constant.
Chez les Solipèdes, l'hyoïde donne insertion :
A. Par son corps et ses cornes thyroïdiennes :
1° Sterno-hyoïdiens. 6° Kerato-hyoidiens.
2° Omo-hyoïdiens. 7 Hyo-glosses.
3 Mylo-hyoïdiens. 8° Hyo-thyroïdiens.
4 Génio-hyoïdiens. 9° Constricteur moyen du pharynx.
5° Stylo-hyoïdiens.
B. Par ses branches styloïdiennes :
2 Occipito-styloïdiens. 5° Stylo-glosse.
1° Stylo-hyoïdiens. 4 Transverse de l’hyoïde.
3 Kératc-hyoïdiens. | 6° Stylo-pharyngien.
Chez l'Homme, l’arc hyoïdien donne attache à 13 muscles par
sa portion ventrale.
À. Par son corps :
4° Génio-hyodien.
5. Génio-glosse.
1° Sterno-cleido-hyoïdien.
2° Omo-hyoïdien
3 Mylo-hyoïdien.
B. Par son corps et sa corne thyroïdienne :
1° Thyro-hyoïdien. 4 Hyo-glosse.
2 Digastrique. 5° Constricteur moyen du pharynx.
3 Stylo-hyoïdien.
C. Par sa corne styloïdienne :
lo Stylo-pharyngien. 3 Lingual inférieur.
2 Constricteur moyen. 4 Lingual supérieur.
Par sa portion dorsale, l'arc hyoïdien ne donne attache qu’à un
seul muscle, au muscle de l’étrier, le muscle du marteau appar-
tenant comme cet osselet de l’ouïe à l'arc mandibulaire.
IV
DE LA VALEUR DES DIFFÉRENTS SEGMENTS DE L'HYOÏDE CONSIDÉRÉE
AU POINT DE VUE DES HOMOLOGIES. L’ARC MANDIBULAIRE ET
L'ARC HYOÏDIEN.
Geoffroy Saint-Hilaire a dit qu'il n’est aucune partie de la char-
516 CH. DEBIERRE
pente osseuse des Poissons qui ne retrouve ses « analogues »
chez les autres Vertébrés. On conçoit de suite quelle importance
prend une telle proposition anatomique si elle est rigoureuse-
ment vraie. Les uns y verront peut-être la preuve de l'Unité de
plan imaginé par un Créateur, mais l'esprit scientifique ne peut
y voir qu'un argument formidable en faveur de la théorie de la
descendance.
L'étude analytique à laquelle nous venons si brièvement de nous
livrer, va nous permettre de démontrer qu'en ce qui concerne
l'appareil hyoïdien, le seul dont il doive être question ici, le
principe posé par Geoffroy Saint-Hilaire n’est pas trop présomp-
tueux.
Dans toutes les grandes familles des Vertébrés, nous avons
trouvé un hyoïde. Mais un hyoïde dans certains cas si modifié
qu'il semble méconnaissable. Aussi autant il nous serait impos-
sible d'arriver à une bonne conception de ce système si nous
nous bornions à l’étudier chez l'Homme par exemple, ainsi que le
font encore et bien à tort, presque tous nos livres classiques
d'anatomie, autant il nous sera facile d'en prendre une idée saltis-
faisante en l'étudiant comparativement chez les différents types
d'animaux vertébrés.
L’embryologie et les connexions anatomiques nous serviront
de guide pour rétablir dans son entier la chaîne hyoïdienne,
nombre de fois brisée et comme interrompue. Il est vrai que :
Natura non facit saltus, mais comme bien des chaînons ont dis-
paru dans la nuit des temps et que d’autres ont été considéra-
blement modifiés par l'adaptation des Animaux à d’autres condi-
tions d'existence, il n’est pas trop d’une analyse philosophique
approfondie pour faire surgir de l'inconnu le réel, caché sous
des dehors trompeurs, jouant pour ainsi dire l'effet d'un mirage
pour l’œil qui cherche à scruter les mystères de l’organisation des
animaux.
Chez les Mammifères, et sous des apparences multiples, il nous
est facile de reconstruire dans son entier l'arc hyoïdien au pre-
mier aspect siincomplet chez l'Homme. Chez tous, le corps de
l’hyoïde est bien visible et bien reconnaissable; chez tous, ou à
peu près, les cornes de ce corps, cornes antérieures ou hyoï-
diennes, cornes postérieures ou thyroïdiennes sont là présentes
et l'œil les découvre facilement. Mais dans nombre d'animaux
supérieurs (Homme, Singes, etc.) et chez les Oiseaux ce petit
système semble perdu au milieu du cou, sans aucune connexion
SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 517
avec la base du crâne, parfois n’en ayant même plus avec le
larynx. D'où la définition : L'hyoïde est un centre suspendu au
crâne et suspenseur de l'arbre respiratoire, semble n'être plus
qu'une idée dénuée de tout fondement.
L’Anatomie comparée heureusement, l’embryologie et les ano-
malies (lisez atavisme) sont là pour nous servir de guide et réta-
blir les homologies et les connexions.
Mais s’il est relativement facile de rétablir les homologies en ce
qui concerne la portion ventrale de l'arc hyoïdien, combien plus
difficile devient le rétablisssement de son segment dorsal! Aussi,
bien qu'il n'entre pas dans le cadre de ce travail de faire l’étude
comparée des segments cranio-céphaliques des Animaux, étude
si bien faite depuis Cuvier, par Geoffroy Saint-Hilaire (1), Carus (2),
R. Owen (3), Huxley (4) et Gegenbaur (5) entr’autres, il nous faut
cependant rappeler brièvement nos connaissances au sujet du
squelette viscéral des Vertébrés el esquisser ses connexions avec
le squelette céphalique. Cet examen est indispensable en ce qui
concerne l'arc maxillaire, car nous verrons l’arc hyoïdien con-
finer à ce dernier sous le crâne et entrer en relation intime
avec lui. Nous ne comprendrions point sans cela les métamor-
phoses de la portion supérieure au pré-cranienne de l’arc hyoï-
dien.
10 Ce que deviennent les portions supérieures dorsales ou pré-cra-
niennes de l'arc hyoidien et de l'arc mandibulaire.
Si chez les Cyclostomes le crâne n’a aucune connexion avec le
squelette viscéral, chez tous les autres Vertébrés, le squelette de
la tête entre en connexion avec un appareil squelettique pair
entourant la bouche. Ce squelette, squelette viscéral, est en rap-
port avec la respiration, la manducation et la déglutition; il se
compose d’une série d’arcs, arcs branchiaux, dont les deux pre-
miers doivent seulement nous retenir ici.
Le premier arc viscéral, arc maxillaire se différencie en deux
segments qui entoure l'ouverture buccale et forment les mû-
choires. Le segment inférieur, celui qui borde en arrière ou en
bas la cavité buccale marque la position de la mâchoire inférieure
ou mandibule. Chez le fœtus, le cartilage qu'il contient est le
(1) Geoffroy Saint-Hilaire, Philosophie anatomique, I, 1818.
(2) Carus, Anat. comparée, Paris, 1835.
(3) R. Owen, Anatomy of Vertebrates, I. London, 1866.
(4) Huxley, Anat. comp. des Vertébrés. Paris, 1875.
(5) Gegenbaur, Anat. comp. Paris 1874.
5LS CH. DEBIERRE
cartilage de Meckel, cartilage permanent chez les Poissons osseux
(voy. fig. 7). C'est autour de lui que se développera l’os maxil-
laire inférieur dans sa portion mandibulaire, donnant lieu plus
haut, c’est-à-dire entre la mandibule et le crâne, à la pièce palato-
carrée qui plus tard donnera l'os carré qui sert à l'articulation
des mâchoires chez les Ichthyopsidés et chez les Sauropsidés.
Le second arc viscéral est l’arc hyoidien, en connexion en haut
avec la pièce cartilagineuse palato-quadrate (cartilage carré) et
avec le crâne. La partie supérieure de cet arc se développe fré-
quemment en une pièce importante portant les mandibules, c’est
l'Ayo-mandibulaire d'Huxley; la partie inférieure devient l'os
hyoïde proprement dit.
Cette disposition des deux premiers arcs viscéraux est perma-
nente chez les Sélaciens (fig. 1). Chez les Ganoïdes, la partie
supérieure de l'arc hyoïdien entre en connexion plus intime avec
le palato-carré. Il se développe ainsi un « pédoncule maxillaire »
ou suspensorium qui porte l'arc maxillaire primitif. Chez l'Estur-
geon le palato-carré est complètement détaché du crâne et l'hyo-
mandibulaire subdivisé en deux segments qui s’'incrustent de
dépôts osseux comme le palato-quadrate lui-même, divisé en
deux segments et formant pédoncule sur lequel appuie la mà-
choire. Les connexions ont modifié quelque peu les rapports :
extrémité supérieure de l'arc hyoïdien, l'hyo-mandibulaire, réu-
nit maintenant le palalo-quadrate avec le crâne. L'os hyomandi-
bulaire (temporal de Cuvier), appuyé à la base du crâne chez les
Sélaciens remonte chez les Ganoïdes et les Téléostéens et s’arti-
SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 519
cule sur le côté du crâne (1j. Sur lui s'articule une autre pièce,
le symplectique. L'arc hyoïdien s’articulant sur ce dernier chez
l’'Esturgeon, le symplectique doit être considéré comme le segment
supérieur de l'arc hyoïdien (2).
Chez les Batraciens le palato-carré est en connexion immédiate
avec le crâne primordial; en arrière il porte la mâchoire infé-
rieure dont il constitue le suspensorium. Celui-ci ne vient donc
plus (os hyomandibulaire et symplectique) de l'arc hyoïdien
comme chez les Poissons. Chez les Sauriens, les Ophidiens et les
Oiseaux, l'os carré est mobile sur le crâne; chez les Chéloniens
et les Crocodiliens il est soudé au squamosal par suture. Dans
tous les cas il est uni directement à la capsule périotique, sans
l'intermédiaire de l’arc hyoïdien (3).
L'os carré ne manque pas davantage chez les Mammifères, seu-
lement il est complètement transformé et adapté à d’autres
usages. Situé d’abord en dehors de la capsule auditive du crâne
primordial de l'embryon, il ne tarde pas à entrer dans l'aire de
l'oreille moyenne, lorsque celie-ci se développe par fermeture de
la première fente branchiale. IL se sépare du cartilage de Meckel
et entre dans le nombre des osselets de l’ouie sous le nom de
marteau, homologie discutable cependant, nous le verrons plus
loin. D’après Reichert (4), Gegenbaur (5), sa subdivision en os carré
et os articulaire de maxillaire inférieur des Sauropsidés se conser-
verait même chez les Mammifères, le carré devenant l’enclume l’ar-
ticulaire le marteau. La portion supérieure de l’are primitif hyoï-
dien ne donnant lieu dans cette théorie qu'à l'étrier (6). Il n’en
(1) Pour expliquer la multiplicité des os qu’on trouve dans la tête des Poissons,
des Reptiles et des jeunes Oiseaux, Geoffroy Saint-Hilaire a eu une heureuse inspi-
ration : il a imaginé de les comparer aux os de la tête des fœtus des Quadrupèdes,
où l’on sait que bien des os qui doivent se réunir chez l'adulte, se montrent encore
séparés. En agissant ainsi, Geoffroy Saint-Hilaire a prouvé, entr'autres choses aussi
singulières que vraies, que toutes les parties du temporal, le rocher excepté, se
détachent successivement de la tête; que le cadre du tympan en forme ce que lon
connait sous le nom d’os carré, ou le pédicule de la mâchoire inférieure des Oiseaux,
des Reptiles et des Poissons; que le bec des Oiseaux est presqu'entièrement formé
par les intermaxillaires (Cuvier).
(2) Gegenbaur, Anat. comp., p. 605.
(3) Huxley, Anat. comp. des Vertébrés. p. 31.
(4) Reichert. Arch. Anat. u. Phys., 1837, p. 120.
(5) Gegenbaur, Anat. comp., p. 624.
(6) Quant au lenticulaire, il ne serait qu'un rudiment du symplectique des Pois-
sons.
Pour Geoffroy Saint-Hilaire (Philos. anatomique, & 1, p. 37 l'étrier correspond à
520 CH. DEBIERRE
est pas de même pour Huxley et Balfour (1). Pour eux, l’enclume
provient de l'arc hyoïdien suivant la formule indiquée dans la
figure ci-dessous. (fig. 44). L’extrémité du marteau qui fait
suite au cartilage de Meckel chez l'embryon s’étire et se trans-
forme en une apophyse grêle et longue {processus gracilis).
Chez les Mammifères les branches de la mâchoire inférieure
s'articulent avec le temporal; chez les autres Vertébrés elles
s'unissent par synarthrose à l'os articulaire. Les branches mon-
tantes des mandibules s’articulent donc directement avec le
crâne chez les Mammifères, alors que chez les autres Vertébrés
cette articulation n’a lieu que par l'intermédiaire de l'os carré.
Ce que nous avons dit des transformations de l’os carré explique
c2tte disposition et rétablit les homologies, introuvables au prime
abord. La disposition que l’on trouve chez le Lézard Sphenodon
raconte mieux que tout autre cette continuation de l'arc hyoïdien
avec les osselets de l’ouïe, puisque chez lui la corne antérieure de
l'hyoïde se continue avec la columelle {nom de l’étrier non per-
foré) chez les Sauropsidés) (2). Ce qui prouve également bien ces
l'opercule des Poissons. le lenticulaire et l’enclume au sous-opercule seindé en
deux pièces et le marteau a pour homologue l'interopercule, Le préopercule ne
répondrait à rien autre qu'au tympanal (Geoffroy Saint-Hilaire). Mais les os oper-
culaires sont des os dermiques (exosquelette) qui n’ont point ces homologies.
Dans tous les cas ilest bien cerlain que l’opercule ne vient pas de différentes
pièces détachées de la mandibule, ainsi qu'Hérissant et de Blainville l'avaient sou-
tenu, car on observe chez les Reptiles, et les osselets de l’ouïe et à la fois les
mêmes pièces osseuses {os dentaire, os operculaire, os marginaire où supplémen-
taire. os coronaire où coronoidien, os angulaire, os articulaire) que dans la mà-
choire inférieure des Poissons.
(1) Huxley, Anat. comp. des Vertébrés, p. 88; Balfour, Embryologie comparée,
Il, 528.
(2) Chez les Monolrémes (Ornithodelphes), la cochlée (limaçon) est à peine
SUR L'APPAREIL HYOIDIEN 521
connexions primitives, c’est que chez les Mammifères eux-mêmes
la partie du cartilage hyoïdien qui devient l’apophyse styloïde est
ordinairement unie au lenticulaire par des fibres musculaires
(muscle de l’étrier ou stapedius); d'autre part la courte apophyse
de l’enclume est réunie par des trousseaux fibreux à cette partie
de la capsule périotique avec laquelle l’apophyse styloïde se con-
tinue directement (Huxley).
Telles seraient les homologies pour la plupart des Embryolo-
gistes et des Anatomistes modernes, à l'exception toutefois
d'Urbantschitsch, Parker, Semmer et Gruber (1) qui font prove-
nir l’étrier du cartilage labyrinthique, et de Peters (2) qui consi-
dère le tympanique comme homologue du quadrato-jugal, opi-
nion renouvelée de Geoffroy Saint-Hilaire (3).
Mais récemment P. Albrecht (4) a produit un mémoire fort
important, qui ne tend à rien moins qu'à renverser de fond en
comble les idées admises sur la matière. Je demande la permis-
sion de m'y arrêter un instant. Il me procurera l’occasion de
faire connaître plus explicitement mes idées à ce sujet.
10 En ce qui concerne la valeur morphologique de l'articulation
mandibulaire je ne puis qu'admettre avec Albrecht que l’articula-
tion temporo-maxillaire n’est ni une articulation squamoso-man-
dibulaire comme le dit Huxley (5), ni une articulation squamoso-
dentale ainsi que l’admettent Gegenbaur, Kôülliker, Wiedersheim
entr'autres (6), car l’écaille du temporal des Mammifères n’est qu'un
courbée, jamais roulée en spirale comme chez les autres Mammifères. L'étrier est
columelliforme et non perforé, nouvelle analogie avec les Oiseaux. N'est-ce pas là
des plis de passage capable de désiller les yeux aux plus aveugles ?
(1) Urbantschitsch, Ueber die erste Anlage des Mittelohres u. des Trommelfelles.
Schenk’s Mittheilg. aus dem embryol. Inst., 1877.— K. Parker. Philosoph. transact.
1871. Parker and Bettany, The Morphology of the skull, 1877. — Semmer, Unters.
üb. die Entwick. d. Meckel'schen Knorpels u. Seiner Nachbargebilde, Dorpat, 1872.
(2) Peters, Monatsb. Akad. Wiss. Berlin, 1868-69.
(3) Geoffroy Saint-Hilaire, Philos. anat. 1, p. 27.
(4) P. Albrecht, Sur la valeur morphologique de la trompe d'Eustache et les
dérivés de l'arc palatin. de l'arc mandibulaire et de l'arc hyoidien des Vertébrés,
suivi de la preuve que le « symplectico-hyomandibulaire » est morphologiquement
indépendant de l'arc hyoidien. Com. faite à la Soc. d’Anat. path. de Bruxelles,
11 mai 1884.
(5) Huxley, À Manual of the anatomy of Vertebrated animals. London, 1871, p. 84.
(6) Gegenbaur, Grundzüge der vergleichenden Anatomie. 2 éd. Leipzig, 1870,
p. 662, — Külliker, Entwickelungsgeschichte des Menschen und der hœheren Thiere
2e éd. Leipzig, 1879, p. 486. — Wiedersheim, Lehrbuch der vergleichenden Anatomie
der Wirbelthiere. Iéna, 1882, p. 1554
522 CH. DEBIERRE
squamoso-quadratique ; pas davantage avec Aeby (1) je ne saurais
convenir que le ménisque articulaire de l'articulation temporo-
maxillaire soit l’'homologue du carré des Oiseaux, car ce fibro-
cartilage articulaire se retrouve également dans l'articulation
mandibulo-quadrate de ces derniers animaux. En cela encore je
suis de l’avis d’Albrecht, mais où je ne suis plus d'accord avec
cet auteur c’est lorsqu'il faut retrouver le quadrato-Jugal (os
carré) chez les Mammifères. Alors que cet anatomiste voit l'os
carré dans l’écaille du temporal (2), l'hypopalatin de sa côte pala-
tine (partie quadratique du palato-carré), je retrouve cet.jos dans
le zygoma, respectant ainsi la genèse osseuse {3) et les connexions
anatomiques. C’est assez dire que je repousse aussi l'idée de
Geoffroy Saint-Hilaire qui représente le tympanal comme l'homo-
logue chez les Mammifères du carré des Oiseaux.
Voyons maintenant la valeur morphologique des osselets de
l’ouie.
Je ne puis que souscrire à l’opinion d’Albrecht, lorsqu'il dit
avec beaucoup d’autres anatomistes d’ailleurs, que le‘marteau +
l’enclume + le lenticulaire + l’étrier des Mammifères sont homo-
logues des quatre chondrosselets de l’ouïe des Amphibiens ossi-
culofères, du marteau + la columelline des Sauropsidés malléo-
fères (4), de la columelle auditive des Sauropsidés non malléofères
et des Amphibiens columellifères, du symplectique + l'hyoman-
dibulaire des Téléostéens et des Ganoïdes, et enfin du symplec-
tico-hyomandibulaire des Sélaciens. Mais je ne puis admettre
que le marteau des Mammifères et des Sauropsidés malléofères
(1) Albrecht, Loc. cit., p. 40-41, tabl, 5.
(2) Béclard a mis hors de contestation le développement du zygoma par un
point osseux particulier (Arch. de Meckel, VI, p. 427) et d'autre part chez certains
animaux (Cabiai), cette portion du temporal reste presque indépendante, c'est-à-
dire à l'état d'os isolé toute la vie.
(3) On sait en effet, la valeur des points osseux en ostéologie comparée. Geoffroy
Saint-Hilaire a montré que c'était ces points et non pas les os adultes qu'il fallait
considérer pour établir les homologies. Je n’en veux qu'un exemple : l'os des
iles se développe par trois points osseux qui vont se réunir en Y dans le fond de
J’acétabulum. Ils représentent l’ilion, l'ischion et le pubis (os séparés) des Sauriens
et des Crocodiliens. L'occipital nous offrirait un autre exemple non moins typique.
Cet os se développe chez l'Homme par quatre centres osseux : ces points sont les
homologues des quatre occipitaux des Poissons et des Reptiles.
(4) Dollo [On the malleus of the lacerticiæ ond the malar and quadrate bones of
Mammalia. Quaterly Journ. of microscop. Sc., 1833) a trouvé le marteau chez les
Lacertiliens, d'où Albrecht propose d'appliquer à ces animaux le nom de Saurop-
sidés malléoféres.
or
SUR L'APPAREIL IYOÏDIEN 523
corresponde au symplectique des Téléostéens ainsi que le soutient
cet auteur.
Voyons à ce sujet les arguments de M. Albrecht.
Pour M. Albrecht, le symplectico-hyomandibulaire n'a rien à
faire avec l'arc hyoïdien. Voilà le pivot de sa théorie. Serrons-la
d’un peu plus près. Elle mérite en effet une sérieuse attention.
On dit que le symplectico-hyomandibulaire, dit-il, fait partie de
l'arc hyoïdien, mais on oublie que chez les Raies l'arc hyoïdien
complet s'attache au crâne derrière le symplectico-hyomandibu-
laire. — Soit, mais c’est là un cas spécial aux Chimères et peut-
on bien déceler les pièces homologues sur un crâne absolument
formé de cartilage? Et d'autre part, chez les autres Chondropte-
rygiens l’arc hyoïdien s’unit au symplectique. Il en est de même
chez les Téléostéens où le stylhyal (épihyal ou épihyoïde de beau-
coup d'auteurs) semble beaucoup plus faire suite au symplectico-
hyomandibulaire que l’épimandibulaire (1) lui-même.
Cette disposition gênait évidemment fort M. Albrecht. Voici
comment, en habile stralégiste, il tourne la position.
L'arc hyoïdien des Squales et des Téléostéens s’insère bien,
dit-il,4 au symplectico-hyomandibulaire (son épimandibulaire)
(1) L'arc mandibulaire des Raies se divise en deux segments, l’un ventral ou
hypomandibulaire, l’autre dorsal ou épimandibulaire. Il en est de même de l'arc
hyoïdien, d’où la formation d'un hypohyoïde et d’un épihyoïde. Pour M. Albrecht
l'épimandibulaire représenterait le symplectico-hyomandibnlaire et l’'hypomandibu-
laire Ja mandibule elle-même. /Loc. cit., p. 11).
524 CH. DEBIERRE
mais l’épihyoïde (stylhyal) persiste derrière l’arc mandibulaire
sous forme de chondro-lizament cranio-hypohyoïdien. Et il ajoute:
on voit maintenant comment en négligeant l’anahyoïde des Té-
léostéens (lisez stylhyal) resté ligamenteux, on a pu croire que
l’'anamandibulaire (lisez hyomandibulaire) lié avec le métahyoïde
par le ligament anamandibulo-métahyoïdien était une partie dor-
sale de l’arc hyoïdien.
L'examen de l'appareil hyoïdien des Poissons osseux n'est
cependant guère favorable à cette interprétation (voyez fig. 3 et 4).
En résumé, pour M. Albrecht, le symplectico-hyomandibulaire
(son gnathostèle (1) ou épimandibulaire) appartient à l'arc mandi-
bulaire ; par sa segmentation en 4 chondrosselets chez les Amphi-
biens ossiculofères et en 4 osselets chez les Mammifères, il donne
naissance au marteau + enclume + lenticulaire + étrier,
dans lesquels le marteau représente le symplectique (son méta-
mandibulaire) et l'hyomandibulaire (son anamandibulaire) les
trois osselets suivants. L’arc hyoïdien reste entier derrière, com-
mençant avec le tympano-hyoïde au crâne et finissant à l’hyoïde
par la petite corne.
Mais avec cetle théorie, comment concilier le fait d'observation
(Huxley, Wiedersheim) que chez le Sphenodon et chez plusieurs
Urodèles {/Amphiuma, Menopoma), l’'are hyoïdien se continue direc-
tement par un cartilage avec la columelline, c'est-à-dire avec
l'étrier ? Et que chez les embryons de Mammifères (Cochon, Mou-
ton, etc.), cette union peut également s'observer? Chez l'embryon
humain lui-même du 4e mois, l'extrémité supérieure du cartilage
de Reichert, comme l'appelle Külliker (stylohyal), semble se conti-
nuer avec l'étrier. Et si chez l’adulte toutes ces connexions ont
disparu, c’est que l’épimandibulaire et l’épihyoïde d’abord à fleur
de tête sont entrés dans l'aire de la première fente branchiale
(future caisse du tympan) séparés du reste de l’are mandibulaire
ou de l’arc hyoïdien par la chondrification, puis l'ossification de la
caisse et adaptés à des fonctions nouvelles.
Nous sommes donc amené à nous demander à nouveau si réel-
lement le symplectico-hyomandibulaire appartient bien à l'arc
mandibulaire, et si cette double pièce a pour représentants chez
les Mammifères le marteau + plus l’enclume + le lenticulaire +
l’étrier comme l’a soutenu Gunther (2) et comme le veut Albrecht,
(1) Gnathostèle ou suspensorium de la mâchoire, de yyæÿoc, mächoire, et otTain,
colonne, homologue de la columelle auditive.
(2 Gunther, Beob, üb. d. Entwick d, Gehôrorgans. Leipzig, 1812, p. 11-43.
SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 595
D
ou bien si elle n’a pour homologues que le marteau + l’enclume
ainsi que le disent Reichert, Claus (1;, Külliker (2), le marteau
représentant l’articulaire des Vertébrés inférieurs, l’enclume, l'os
carré des Sauropsidés, ou encore si étrier + lenticulaire +
enclume n’appartiennent pas à l’arc hyoïdien (Huxley, Balfour).
Consultons l’embryogénie, peut-être nous dévoilera-t-elle le
mystère dont nous cherchons l'explication.
Le cartilage de Meckel apparaît ainsi que les osselets cartilagi-
neux, les cartilages des arcs branchiaux et la capsule auditive
labyrinthique cartilagineuse sur des embryons de Mouton et de
Porc de 2 à 2 cent. 1/2 ainsi qu'on peut s’en assurer et ainsi que
le dit Salensky (3).
Peu après, on voit les deux arcs mandibulaire et hyoïdien se
réunir par leurs extrémités dorsales ou craniennes sous la forme
d’un arc qui embrasse dans sa courbe la première fente bran-
chiale, et qui en dedans adhère à la capsule labyrinthique.
Suivant Salensky sur des embryons un peu plus âgés (3 cent.
— 25 jours), l'extrémité postérieure de l’arc
mandibulaire s’épaissit, puis se creuse de
deux sillons qui le partagent en trois seg-
ments, un segment postérieur qui, pour
cet auteur, représenterait l’enclume, un
deuxième segment ou segment intermé-
diaire qui ne serait autre que le marteau, le
troisième segment ou segment inférieur de
beaucoup plus long, représentant le cartilage de Meckel.
Sur l'embryon humain cette segmentation de l'extrémité pos-
térieure du cartilage de Meckel commence de deux à trois mois
et n’est pas achevée à la 122 semaine (Salensky). L'union primi-
tive du marteau et de l’enclume rappelle un état permanent très
net chez Datyprocta Aguti (Hyrtl), union qui cependant est abso-
lument niée par Külliker, puisqu'il dit que jamais l’enclume ne
fait un avec le marteau (4).
En somme, pour la plupart des auteurs le marteau et l’enclume
proviennent de l’are mandibulaire; l’étrier seul aurait pour ori-
gine l’arc hyoïdien.
(1) Claus, Zoologie, 2e éd. franç., 1884, p. 1149.
(2) Külliker, Embryologie. éd. franç., Paris, 1882, p. 498-499.
(3) Salensky, Beiträge 3. Entwick. der knorpelig. Gohôrknôchelchen bei Säuge-
thieren. Morphologisches Jahrb., VI, 1880.
4) Külliker, Embryologie, p. 499.
520 CH. DEBIERRE
Telle n’est pas mon opinion.
Me fondant sur ce que : 1° l’étrier ne fait qu'un avec l’épihyoïde
chez le sphénodon; 2 que l’arc mandibulaire et l’arc hyoïdien se
réunissent ensemble en arrière en fer à cheval sur la face externe
de la capsule labyrinthique chez les embryons des Mammifères
(Cochon, Mouton, etc.,); 3° sur ce que à aucune période du déve-
loppement on ne peut saisir d'union directe entre le marteau et
l'enclume (Kôlliker); 4 sur ce qu’enfin, même chez l’Homme
adulte, une coupe passant par l'axe de l’apophyse styloïde et par
celui du lenticulaire montre nettement que l’épihyoïde intra pé-
treux se prolonge vers la base de l'étrier jusqu’à presque la
rejoindre, me basant, dis-je, sur ces différents faits mis hors de
doute, j'en conclus que l'arc mandibulaire ne fournit qu'un seul
des osselets de l’ouïe, le marteau.
Guidé par l’Anatomie comparée, par l’Embryogénie et par la
Tératologie qui prête à l’'Embryologie un si précieux concours,
j'établis les homologies suivantes :
Côtes.
Ailes internes des apophyses ptéry-
goïdes.
Épimandibulaire (1) (portion intra-tym-
panique du cartilage de Meckel, = mar-
Arc palatin.. | côtes palatines ... — |
teau.
Métamandibulaire = fibro-cartilage in-
Arc maxillaire.. | côtes mandibulaires.. { terarticulaire (ménisque temporo-maxil-
laire).
Hypomandibulaire = dento-condylien
(portion extra-tympanique du cartilage
de Meckel).
Épihyoïde = étrier +- lenticulaire +
enclume (l'étrier représentant le sym-
plectique, l'enclume l'hyomandibu -
Arc hyoïdien | côtes hyoïdiennes...... ( laire) (2.
Hypohyoïde = stylhyal + cératohyal
+ apohyal (le corps de l’hyoïde repré-
sentant un sternum cervical).
(1) Ces trois segments du cartilage de Meckel sont ceux que nous avons signalés
comme apparaissant chez des embryons de Mouton de 2 à 3 cent. (20 à 25 jours).
(2) L'osselet lenticulaire n’est qu'une dépendance de la*queue de l’enclume avec
laquelle il est d’ailleurs très souvent siudé même chez le fœtus ainsi que le dit
Jean Cruveilhier /Anatomie, IV, p. 144, 2° 6d., 1845),
SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN D24
Nous demanderons-nous enfin dans quelle fente branchiale
sont placés les osselels de l’ouïe, en d’autres termes quelle est la
valeur morphologique de la trompe d'Eustache et de la caisse du
tympan ?
La caisse et le canal tubo-tympanique proviennent d’une fente
viscérale qui est représentée par le spiraculum des Sélaciens. Ce
spiraculum est situé entre le cartilage spiraculaire (métaptéry-
goïde) et le symplectico-mandibulaire, il s'ensuit que la trompe
et la caisse du tympan dérivent de la fente branchiale limitée en
avant par l'arc mandibulaire et en arrière par l'arc hyoïdien.
Comme M. Albrecht admet que le symplectico-hyomandibulaire
(son épimandibulaire) représente la portion dorsale de l'arc man-
dibulaire et non point de l'arc hyoïdien, il s'ensuit qu'il estime
que la lumière de la trompe d’Eustache est une fente située en
avant de l’arc maudibulaire ; en un mot elle proviendrait suivant
cet auteur d’une fente branchiale située entre l’arc mandibulaire
et l'arc palatin (fente palato-mandibulaire ou spiraculaire).
Tout disposé que je suis à admettre une côte palatine, côte cra-
nienne homodyname des côtes thoraciques et dont la preuve
palpable reste dans l’apophyse ptérygoïde indépendante toute la
vie chez nombre de Mammifères, et primitivement indépendante
chez l'embryon humain, je ne puis cependant souscrire à cette
proposition que le canal tubo-tympanique n’est qu'une fente vis-
cérale palato-mandibulaire, car, d'une part, ce canal est inter-
mandibulo-hyoïdien en arrière et en dehors (portion tympanique)
et n’est inter-ptérygo-mandibulaire qu’en avant, en dedans et en
bas (portion pharyngienne) ef d'autre part, la fente qui lui donne
naissance commence par être à fleur de cou et ne devient pro-
fonde que par suite de l’enroulement de l'extrémité céphalique de
l'embryon et la formation de la tête et du cou.
Enfin, sinous tenons compte de cette loi, à savoir que l’ento-
genèse n’est que la récapitulation abrégée de la phylogénèse,
nous sommes obligé de repousser l'opinion d’Albrecht. En effet,
O. Cadiat (1) a signalé un cas curieux d’arrét de développement qui
semble bien prouver que la trompe d’Eustache se développe aux
dépens de la fente branchiale sous-jacente à l’arc mandibulaire.
Sur un monstre (Mouton), le cou était divisé comme par un coup
de sabre; or, cette fente correspondait à l'oreille externe, à
l'oreille moyenne, à la trompe et entamait le pharynx.
11) 0. Cadiat, Anat. générale, XX. p. 278, 1881.
528 CH. DEÉBIERRE
Nous arrivons donc à cette conclusion : 1° Le canal tubo-tym-
panique des Amphibies et des Mammifères est le représentant de
la fente branchiale inter-mandibulo-hyoïdienne, et les 3 derniers
osselets de l’ouïe ne sont autres que l’extrémité dorsale de l’arc
hyoïdien segmentée et séparée de l'épihyal.
Fentes branchiales.
Fente branchiale inter-palato-mandi-
MEME Soc EM Ron osbanee — Cavité naso-buccale, subdivisée chez
les animaux supérieurs par suite du
développement du bourgeon maxillaire
supérieur qui donne naissance aux apo-
physes palatines et aux palatins, en ca-
vité nasale et cavité buccale.
Fente inter-mandibulo-hyoïdienne.... —æ— (Canal tubo-tympanique (Trompe
d’Eustache).
Et poussant les homologies plus loin nous ajouterons :
OSICANNÉ er PRr-crer-eccee — Zygoma.
Opercuip mener es orne = Tympanal (1).
Maintenant que nous avons vu ce que devient la portion supé-
rieure de l’arc hyoïdien, cherchons à déterminer le reste du même
arc.
20 Portion inférieure de l'arc hyoidien ou portion ventrale.— Les arcs
du squelette viscéral sont pairs; il en descend un de chaque côté
de la région céphalique. Pour l’arc mandibulaire, le côté droit se
soude au côté gauche sur la ligne ventrale sous forme de sym-
physe et sans l’interposition d'aucun 0. Il n’en est pas de même
pour l'arc hyoïdien et les arcs (arcs branchiaux) qui suivent.
Chez eux le côté droit ne s’unit au côté gauche que par l’intermé-
diaire d’une pièce cartilagineuse ou osseuse. Ces pièces (copulæ)
articulées bout à bout sous forme d’une colonne longitudinale sur
laquelle viennent appuyer les différents arcs ne réprésentent rien
autre chose que le corps de l’hyoïde. C’est une sorte de sternum
sur lequel viennent se fixer les côtes cervicales (arcs branchiaux,
(1) Pour Albrecht, le tympanal est l'homologue du préopercule des Téléostéens,
tandis que pour Balfour le préopercule devient le squamosal des Amphibiens et le
supra-temporal des Amniotes. Selon Albrecht encore, le cartilage spiraculaire des
Sélaciens est l'homologue du métapterygoïde des Téléostéens et celui-ci l’est du
squamosal des Amphibiens et des Amniotes,
SUR L'APPAREIL ILYOÏDIEN 29
pharyngiens ou cervicaux). Le premier arc, celui qui vient direc-
tement derrière l’arc mandibulaire, est le véritable are hyoïdien ;
son corps, c’est le basihyal, ses cornes ce sont les cornes styloï-
diennes avec leurs trois segments, apohyal, cératohyal, stylhyal.
Ce dernier suspend l'appareil au crâne. Les autres arcs (arcs cer-
vicaux) des Poissons ne sont que les homologues des cornes thy-
roïdiennes de l’hyoïde, mais non pas des cornes surnuméraires
comme on à pu le dire, mais des cornes permanentes (cornes
laryngiennes) en rapport avec la respiration branchiale et qui dis-
paraissent, sauf une paire, chez les Vertébrés supérieurs, parce
que chez eux, la respiration branchiale ne s'établit physiologi-
quement à aucune période de la vie. Ces arcs, concentrés pour
ainsi dire chez l'embryon des animaux supérieurs puisque au lieu
de 8 il n'y en a plus que 4 ou 5 paires, de durée éphémère, ne
sont chez l'embryon qu’un caractère
réversif, un souvenir ancestral qui n’ad-
met qu’une explication : l’atavisme.
Il est si vrai que le squelette viscé-
ral n’est développé qu'en vue de la
respiration, qu’il se conserve à son
summum de développement chez les
animaux qui respirentpar des branchies,
alors qu’il s’atrophie chez ceux qui res-
pirent par des poumons, phénomène
qu’on voit se réaliser chez un même Fig, 47.
animal à deux périodes différentes de son existence (Batraciens).
D'où l’atrophie de l’appareil (os et muscles) chez l'animal adulte
après sa métamorphose.
La ceinture hyoïdienne n'est en partie développée que pour
servir de centre d'appui et d'appareil de protection à l’appareil
branchial, de même que le squelette thoracique n'est développé
qu’en vue de la protection des organes cardio-pulmonaires.
V
SYNTHÈSE DE L'HYOÏDE VENTRAL (hypohyoïde).
Nous sommes en mesure maintenant de prouver que l'appareil
hyoïdien est au fond le même chez tous les Vertébrés. Chez tous
nous retrouvons le corps ou basihyal avec ses cornes styloï-
34
530 CH. DEBIERRE
diennes et ses cornes thyroïdiennes. Seulement chez les animaux
supérieurs le corps est concentré, alors que chez les Oiseaux il
porte une queue, l’urohyal, composée de deux segments chez les
Poissons, entohyal et urohyal.
Ainsi l’hyoïde des Mammifères porte des cornes antérieures qui
l'accrochent au crâne. Celles-ci grandissent avec l'allongement
de la tête (Ruminants, Herbivores, Solipèdes). Il porte également
des cornes postérieures qui forment,
avec le corps, un fer à cheval ouvert
en arrière, et qui servent à suspendre le
larynx à l’hyoïde. Le corps ou basihyal
est une base pour l'articulation de
toutes ces pièces. Il s’allonge en apo-
physe chez les Rongeurs, chez les
Ruminants, mais surtout chez les So-
lipèdes (fig. 25), chez lesquels la queue
se compose de deux pièces. Cette dis-
position mène aux Oiseaux, mais plus
encore aux Poissons{1). Ainsi, quelques
Mammifères nous présentent encoreun
hyoïde composé de onze pièces: un
basihyal, un urohyal (queue), un en-
tohyal (intermédiaire), deux glos-
sohyaux (cornes thyroïdiennes), deux
Fig. 48. apohyaux,deux cératohyaux,deux styl-
hyaux (fig. 25). Composées de deux ou
trois pièces chez les jeunes sujets, les cornes thyroïdiennes ne le
sont plus que d’un seul os chez les Mammifères adultes.
Chez les Oiseaux, le stylhyala disparu, non pas qu'il soit anéanti,
mais devenu par son entrée dans l'oreille moyenne « columella
auris » (2), (étrier et sus-étrier correspondant à l’étrier et à l'en-
clume des Mammifères), il a passé à d’autres usages : Les cornes
antérieures de l’hyoïde abandonnées demeurent donc sans arti-
culation à leur extrémité. Comme chez les Mammifères, ainsi que
le remarque encore Geoffroy Saint-Hilaire, ces cornes sont com-
posées de deux pièces. Ce sont donc bien des cornes homologues
aux cornes antérieures de l'hyoïde des Mammifères.
(1) Geoffroy Saint-Hilaire, Philos. anat., I, p. 145.
(2) Et non pas devenu par son adjonction au tympan l'os carré ainsi que Geoffroy
Saint-Hilaire l'a soutenu /Philos. anat. p. 150).
SUR L'APPAREIL ITYOÏDIEN 31
Chez les Mammifères, les cornes thyroïdiennes formaient un fer
à cheval avec le corps pour centre, os dont Le principal objet est
d'offrir un support et une base d'attache à la langue en avant, un
centre de suspension en arrière pour l'arbre laryngo-bronchique.
Ce plan est modifié chez les Oiseaux. Chez eux le corps de l’hyoïde
s'allonge, il acquiert une queue composée de deux petits os résis-
tants. C'est cette queue qui porte le larynx; c’est elle qui rem-
place les cornes thyroïdiennes, ou plutôt cette queue n’est que
les cornes thyroïdiennes rapprochées, concentrées et confondues,
mais non pas devenues les glosso-hyaux ou le glossohyal (ento-
glosse) ainsi que l’a dit à tort Geoffroy Saint-Hilaire dans sa Philo-
sophie anatomique (1), opinion sur laquelle il est d’ailleurs lui-
même revenu plus tard (2) en indiquant clairement que les
entohyaux (lisez cette fois cornes thyroïdiennes) se sont rappro-
chées l’une de l'autre en arrière et ont fini par se souder et se
confondre sous le nom d’entohyal.
Il nous a été facile de retrouver un basihyal, un entoglosse, des
cornes styloïdiennes et thyroïdiennes, et même un urohyal dans
l'hyoïde des Batraciens, et si chez la plupart des Reptiles, ce
système est dégradé, il n’en est pas moins présent. A s’en tenir à
l'appareil hyoïdien on pourrait émettre l’avis que la souche ou le
phylum des Vertébrés s'étend en ligne droite des Poissons aux
Mammifères, les Sauropsidés provenant d'un rameau collatéral.
Ainsi, si nous récapitulons, nous trouvons l’hyoïde des Oiseaux
composé d'un corps, basihyal, de deux cornes stylhoïdiennes
formées l’une et l’autre d’un apohyal et d’un cératohyal; d’une
queue, l'urohyal. L'homologie avec l’hyoïde des Mammifères est
jusqu'alors complète. Si le stylhyal fait défaut, c'est qu'il est
passé dans l'os carré; si l’urohyal manque chez le Pic, le Torcol,
le Pélican, c'est par nécessité physiologique. En effet, chez ces
Oiseaux, l'hyoïde est très étroit, cylindrique et les cornes styloï-
diennes s’articulent l'une à côté de l’autre contre l'extrémité pos-
térieure du corps. L'urohyal n'avait plus de place, il a disparu.
D'autre part, sa disparition ‘était un besoin et a été un résultat
heureux, car, délié du larynx, l’hyoïde a trouvé des mouvements
étendus inconnus jusqu'alors et absolument nécessaires pour les
mouvements de la langue de ces animaux.
(1) I, p. 154-15b.
(2 Geoffroy Saint-Hilaire, Obs. sur la concordance des parties de l’hyoide dans
les quatre classes des Animaux vertébrés. Nouvelles annales du Muséum. I, p. 332,
1832.
532 CH. DEBIERRE
Les homologies sont faciles à établir chez les Poissons. La chaine
ou quille hyoïdienne (fig. 3) est composée d'avant en arrière d’un
entoglosse ou os lingual, d’un basihyal, d’un entohyal et d’un
urohyal qui supporte, non pas un larynx puisqu'il n’y en a pas,
mais des os homologues aux cartilages du larynx (Geoffroy Saint-
Hilaire). Leur rang et leurs connexions n’ont point varié.
Les cornes antérieures de l’hyoïde des Sauropsidés et des Mam-
mifères nous les retrouvons également sur l’'hyoïde des Poissons.
Elles y sont même portées à leur maximum de développement et
forment un « noyau où aboutissent et s'arc-boutent » l'appareil
respiratoire et l’épisternal. Ces cornes, comme chez les Vertébrés
supérieurs sont composées d’un apohyal, d’un cératohyal sur
lequel vient s’articuler l’hyosternal, et d’un stylhyal qui accroche
au crâne tout l'appareil hyoïdien et par contre-coup l'appareil
sternal. Les homologues des cornes thyroïdiennes des Mammi-
fères, des Oiseaux et des Reptiles nous les trouvons dans les arcs
branchiaux, dans ces os que Geoffroy Saint-Hilaire a appelés
pleuréaux, os concentrés en une seule paire chez les Mammifères
et les Sauropsidés, nouvelle preuve que l'appareil hyoïde est bien
un appareil icthyologique.
Si chez les Oiseaux, l'appareil hyoïdien est devenu si grêle et
si fragile, nous en trouvons l'explication dans la gracilité de la
langue et la légèreté du larynx. Ces organes ne réclamaient plus
aussi impérieusement l’appui d'un pivot osseux. En sorte, dit
Geoffroy Saint-Hilaire, que l'appareil hyoïdien aurait pu être
retranché de la machine ornithologique sans le moindre inconvé-
nient. Ce n’est plus, pour nous servir de l'expression même du
même auteur, qu'un « appareil rappelé ».
Chez les Mammifères, la langue toute charnue et le larynx dé-
veloppé ne pouvaient s’accommoder d’un «simple osselet en flèche
comme dans les Oiseaux. » Aussi l’hyoïde devient-il un os solide
en forme de fer à cheval placé transversalement « de manière à
soutenir la langue d’un côté et à porter le larynx de l'autre ».
Avons-nous affaire aux grands Mammifères, à la tête volumi-
neuse et allongée, à la vaste cavité buccale et à la langue consi-
dérable et pesante, nous voyons l’hyoïde acquérir de solides
branches qui doublent l'arc maxillaire et fixent l'hyoïde au crâne
de façon à ne pas le laisser entraîner par une langue lourde et
puissante. Ainsi ont pris naissance le stylhyal des Ruminants,
des Solipèdes et des Pachydermes (fig. 24, 25, 26, 33).
Au contraire s'agit-il de Mammifères dont la langue soit peu
SUR L'APPAREIL HYUIDIEN 533
développée et pour lesquels il soit £indifférent que l’hyoïde reste
engagé dans les chairs « cet effort de la nature ne leur sera pas
prodigué. » Chaque chose semble retourner à sa souche primitive,
l'apophyse styloïde au crâne; les cornes antérieures au corps de
l’hyoïde (Geoffroy Saint-Hilaire). Tel est l'appareil chez l'Homme
qui, comparé à l'hyoïde des Poissons, n’est plus qu'un hyoïde
rudimentaire, sauf les cas d'anomalies réversives dans lesquels
on peut revoir la chaine hyoïdienne tout entière (fig. 38), curio-
sité anatomique de la première importance en philosophie natu-
relle dont Sabatier (1) et Monro (2) avaient préparé l'explication
lorsqu'ils disent, le premier que les cornes antérieures sont for-
mées de plusieurs grains, le second lorsqu'il rapporte que parfois
l’apophyse styloïde est composée de deux ou trois pièces, curio-
sité anatomique dont Serres et Geoffroy Saint-Hilaire (3) ont
donné l'explication grâce à un curieux cas d’anomalie de l’appa-
Teil:
En somme le basihyal, centre de l'édifice hyoïdien, est flanqué
de quatre ailes : la paire de cornes styloïdiennes en avant, la
paire de cornes thyroïdiennes en arrière; en avant il porte un
appendice, l’entoglosse; en arrière une queue. Tel est le type
complet de l'appareil hyoïdien et lorsque l’une ou plusieurs de
ses pièces semblent manquer, l'analyse philosophique sait retrou-
ver ou donner l'explication de leur atrophie ou de leur métamor-
phose. Et si chez nombre de Mammifères l’entoglosse soudé au
corps de l’hyoïde n’est plus là présent, le fibro-cartilage de la
langue des Félins ou l'os lingual des grands Ruminants est là
pour attester qu’il n’a point disparu. Chez l'Homme, lui-même, il
a son représentant dans la lame fibreuse ou fibro-cartilagineuse
étendue verticalement du basihyal à la base de la langue, ainsi
que Blandin l'avait deviné.
Nous sommes maintenant en mesure de dire, et ce sera notre
conclusion : L'appareil hyoïdien est un dans la Série; ses varié-
tés avec les embranchements, les classes ou les familles ne sont
que le résultat d'adaptations multiples nées elles-mêmes sous
l’action soutenue et séculaire de l'habitude et de la sélection na-
turelle, fixées et transmises par l’hérédité. La preuve en est pé-
(1) Sabatier, Traité d'Anatomie, I, p. 88.
(2) Monro, Osteology, or Treatise on the Anatomy of the Bones. Édimbourg,
1726.
(3) Geoffroy Saint-Hilaire, Loc. cit., p. 177, 188.
534 CH. DEBIERRE
remptoirement donnée par les anomalies (atavisme) qui viennent
en quelque sorte raconter l’histoire effacée et perdue de l'appareil,
mettant ainsi au grand jour des parties fossilisées.
L’hyoïde est donc essentiellement un organe de déglutition par
son corps et son entoglosse, soit qu'en dilatant et resserrant la
cavité buccale il y fasse entrer l'air (Batraciens, Reptiles), ou
l’eau (Poissons) pour la respiration ou des aliments pour la nu-
trition, soit qu'il serve de point d'appui ou de levier pour les
mouvements de la langue. Par ses cornes thyroïdiennes enfin,
l'hyoïde est un organe de respiration.
Voilà pour l’hyoïde osseux (chaîne hyoïdienne), pouvons-nous
en dire autant pour l'appareil musculaire hyoïdien? C'est ce que
nous allons chercher maintenant à déterminer dans un dernier
paragraphe.
VI
ANATOMIE COMPARATIVE DU SYSTÈME HYOÏDIEN MUSCULAIRE.
LES HOMOLOGIES EXPLIQUÉES PAR LES ANOMALIES RÉVERSIVES.
Chez l'Homme, l'arc hyoïdien donne attache à 13 muscles qui
sont : le sterno-cleido-hyoïdien (corps de l’hyoïde), l’omo-hyoi-
dien (corps), le thyro-hyoïdien (corps et grande corne), le digas-
trique {corps et grande corne), le stylo-hyoïdien (corps et grande
corne), le stylo-pharyngien (petite corne), le constricteur moyen
(grande et petite cornes), le mylo-hyoïdien (corps), le génio-hyoï-
dien (corps), le génio-glosse (corps), l'hyo-glosse (corps et grande
corne) et les linguaux supérieur et inférieur (corps). Retrouvons-
nous tous ces muscles sur l’hyoïde de tous les Animaux?
A. RÉGION SOUS-HYOÏDIENNE OU MUSCLES HYOÏDIENS INFÉRIEURS.
1° STERNO-CLEIDO-HYOÏDIENS. — Ce muscle est constant dans
la série, depuis les Poissons jusqu'aux Mammifères. Ses homo-
logies sont faciles à découvrir, malgré les variétés de ses inser-
tions inférieures. Ainsi il sinsère seulement sur le sternum
(sterno-hyoïidien) chez les Lémuriens (Milne-Edwards), le Fourmilier
(Meckel) etla plupart des Édentés (Cuvier) ; sur la clavicule seule
{cleido-hyoidien) chez les Chéloniens (Meckel); à la première côte
{costo-hyoïidien) chez le Chien (Meckel), le Chat (Strauss-Durckeim).
SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 535
Mais ces insertions diverses n'ont-elles pas été trouvées anorma-
lement chez l'Homme? Que sont-elles dès lors si ce n’est des
anomalies réversives, un retour vers le passé, un souvenir des
ancêtres ? Les anomalies du système musculaire fournissent ainsi
de précieux documents à la doctrine de la descendance.
Chez les Oiseaux, l'insertion inférieure du sterno-hyoïdien s’est
déplacée, et il faut chercher son homologue dans le trachéo-hyoï-
dien ; chez le Pangolin, le Fourmilier et le Dasypus, c'est l’inser-
tion supérieure qui a subi cette anomalie. Le muscle passe direc-
tement au-devant de l’hyoïde sans s’y attacher et se perd dans la
langue (sterno-glosse de Cuvier).
2 THYRO-HYOÏDIEN. — Ce muscle est représenté chez les Pois-
sons par des hyo-branchiaux, chez le Caret (Chéloniens) par un
œæsophago-hyoïdien et chez les Oiseaux par le trachéo et laryngo-
hyoïdien. Cette homologie est évidente en ce qui concerne les
Poissons, si l’on se rappelle que nous avons considéré les arcs
branchifères comme des cornes thyroïdiennes. Chez les Sauriens,
l’'homologue du thyro-hyoïdien des Mammifères est le cératoïdo-
laryngien. Au demeurant le thyro-hyoïdien n’est que la continua-
tion vers l’hyoïde du sterno-thyroïdien, ce qui le prouve c’est
l'intersection aponévrotique qui les sépare (corde ligamenteuse
thyroïdienne) et d'autre part qu'il n’est pas rare de voir, ainsi que
le dit Sappey, quelques faisceaux du sterno-thyroïdien se conti-
nuer avec ceux du thyro-hyoïdien. Ce n’est là qu'un muscle à
deux ventres. Supprimez l'intersection aponévrotique et le sterno-
thyroïdien devient un sterno-hyoïdien, disposition que d’ailleurs
Pye-Smith, Howse et D. Colley (1) ont anormalement rencontrée
chez l'Homme.
3° OMO-HYOÏDIEN. — Ce muscle est représenté chez les Poissons
par un muscle qui s'attache à la ceinture pectorale et se dirige
vers la dernière copula {[urohyal). Il existe chez les Crocodiliens,
et chez les Oiseaux il est représenté par les trachéo-hyoïdiens.
Ce déplacement de l'extrémité inférieure du muscle ne saurait en
effet détruire l’homologie.
Qu'est en effet l’'homo-hyoïdien? Henle considérant l'intersec-
tion aponévrotique de l’omoplato-hyoïdien comme une côte rudi-
mentaire ne voyait dans son ventre antérieur qu'un sterno ou
plutôt un costo-hyoïdien accessoire. Et en effet, l'omo-hyoïdien.
mais l'omo-hyoïdien tout entier, est bien une dépendance du
(L) Guy's Hospital Reports, 1870
536 CH. DEÉBIERRE
sterno-hyoïdien. Sterno-hyoïdien et omo-hyoïdien sont réunis
en un seul muscle chez les Chéloniens, les Sauriens, le Phoque.
L'existence d’un muscle unique sterno-cleido-omo-hyoïdien peut
donc être à bon droit considéré comme la disposition primitive
de la constitution anatomique des Vertébrés ainsi que l’a avancé
Gegenbaur. Voici qui le prouve amplement.
On a pu noter dans l'espèce humaine l'existence d’un sterno-
cleido-hyoïdien surnuméraire situé en dehors du muscle princi-
pal et le rejoignant plus ou moins haut (2 fois par Testut), et par-
fois ce faisceau remplace (2 obs. dues à Testut, une autre à
Schmidtmüller) l’'omo-hyoïdien, ce qui prouve que l’omo-hyoïdien
et le sterno-hyoïdien ne sont que les restes d'un muscle unique
qui à perdu ses faisceaux moyens (conservés nous venons de le
voir par certains Reptiles et le Phoque). Ceux-ci reparaissent par
anomalie réversive (atavisme) dans le sterno-hyoïdien acces-
soire (portion claviculaire du sterno-hyoïdien , du Platydac-
tylus, de l’Uromastixæ et du Phoque). Ce qui confirme encore
cette hypothèse, c'est que l'omo-hyoïdien peut prendre des inser-
tions anormales, aberrantes sur l’apophyse caracoïde (Macalister,
Gruber, Hyrtl, Knott, Testut), sur la première côte (Hyrtl, Gru-
ber, Wagner, Schwegel), la clavicule (Theile, Turner, Gegenbaur,
Walsham, Testut, etc.), et même être remplacé par un cleido-
hyoïdien (Petsche, Rosenmüller, Luschka, Hallet, etc.) et qu’enfin
Gegenbaur a trouvé des fibres musculaires manifestes dans l’apo-
névrose cervicale moyenne qui réunit le sterno-cleido-hyoïdien
et l’omo-hyoïdien chez le nouveau-né. Cette aponévrose remplace
donc dans le triangle omo-claviculaire, le muscle sterno-cleido-
scapulo- hyoïdien dégradé chez l'Homme (1).
L'’omo-hyoïdien étant primitivement un muscle fusionné avec
le sterno-hyoïdien il est naturel de voir ce muscle se déplacer et
prendre insertion sur les surfaces osseuses qui séparent le ster-
num de l’omoplate. C’est ce qu'on voit chez le Mouton où il va
s'insérer aux dernières vertèbres cervicales (cervico-hyoïidien).
Son absence chez le Chat, le Chien, le Pécari, etc., s'observe
anormalement chez l'Homme.
De même que l’omo-hyoïdien peut manquer chez l'Homme dans
certains cas, de même le sterno-hyoïdien peut faire défaut. C’est
ce que nous avons observé sur une Femme adulte au mois de
d) Voyez L. Testut, Les anomalies musculaires chez l'Homme expliquées par
l'anatomie comparée, Paris 1884.
SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN Doi
juin 1885 avec M. Pravaz, aide-d'anatomie à la Faculté de méde-
cine de Lyon (1), anomalie qui doit être assez rare puisqu'elle
n’est pas signalée dans le livre de Testut. Ainsile chef interne
(sterno-hyoïdien) comme le chef externe (omo-hyoïdien) du sterno-
cleido-omo-hyoïdien peut anormalement ne pas se développer
chez l'Homme.
B. RÉGION SUS-HYOÏDIENNE OU MUSCLES HYOÏDIENS SUPÉRIEURS.
1° DiGAsTRIQUE. — Chez l'Homme et les Quadrumanes le digas-
trique se fixe à l’hyoïde par une expansion tendineuse. Il en est
de même sur une tête de cheval que nous avons sous les yeux.
Il n’en est pas de même chez l'Orang (Owen, Sandifort, Bischoff,
Testut), exception remarquable en myologie simienne, ni chez
les Carnassiers (fig. 35), les Rongeurs, le Cochon, le Daman,
etc., chez lesquels le digastrique est mono-gastrique et va direc-
tement s'attacher au maxillaire inférieur un peu en avant de son
angle. Cette disposition a été signalée chez l'Homme par Platner
et Whinnie, curieux rapprochement à faire avec l’état normal des
Animaux cités ci-dessus et avec l’'Orang en particulier.
Dans certains cas on a observé (Haller, Sæmmering, Macalister)
une réunion au-dessus de l’hyoïde des deux tendons intermé-
diaires des deux digastriques de façon à former une arcade à
laquelle était suspendu le corps de l’hyoïde. C'est la disposition
anatomique signalée par Cuvier et Duvernoy sur le Simius pongo
(Papion) et le Mandrill, par Carus (2) sur le Cercopitheus cyno-
molqus.
20 SryLo-HYoiDIEN. — Ce muscle est représenté chez les Batra-
ciens (fig. 12). Chez les Oiseaux, il a pour homologue le serpi-
hyoïdien, muscle qui rappelle l’hyo-angularis observé anormale-
ment chez l'Homme (Macalister, Kelly}. Ce muscle peut se
dédoubler. Chez le Cheval il se divise en trois chefs : en un séylo-
hyoïdien proprement dit, en un occipito-hyoidien et en un kérato-
hyoiden, ainsi que les appellent Chauveau et Arloing.Chez l'Homme
il n’est pas rare de rencontrer deux hyo-styloïdiens du même côté.
La Chauve-Souris en présente également deux, un stylo-hyoïdien
et un stylo-atloïdien (Maisonneuve). Ce muscle n'existe pas chez
(1) Cette pièce est déposée au Musée d'Anatomie de la Faculté de médecine de
Lyon.
(2) Carus, Anat comp., I, p. 383, 1835.
538 CH. DEBIERRE
le Paresseux (Cuvier), ni chez l'Éléphant (Watson), phénomène
qu'on observe anormalement chez l'Homme 1 fois sur 200 sujets
(Hallet). Il est vraisemblable que dans ces circonstances, le stylo-
hyoïdien est fusionné avec le ventre postérieur du digastrique
auquel il envoie assez souvent un faisceau,$et sur lequel il peut
même se terminer (obs. de Wood). Il existe aussi chez le Phoque
{(Cuvier et Perrin) et chez l’'Hyène (Cuvier et Laurillard), un occi-
pito-hyoïdien comme chez les Solipèdes. Ce n’est là qu’un faisceau
surnuméraire du digastrique.
3° STYLO-GLOSSES. — Chez les Oiseaux, les stylo-glosses sont
une dépendance du serpi-hyoïdien qui lui-même semble ne faire
qu'un avec les fibres du mylo-hyoïdien. Chez les Mammifères, le
stylo-glosse est facilement reconnaissable (Rongeurs, Ruminants,
Solipèdes, Homme) bien que son insertion styloïdienne soit
variable suivant la forme du stylhyal lui-même, naissant par con-
séquent plus ou moins près de la base du cràne. Il est à peu de
chose près le même chez tous, et existe chez les Poissons.
4° STYLO-PHARYNGIENS. — Nous en dirons autant de ce muscle
qui ne fait point défaut chez les différentes espèces et dont
l’'homologie est facile à établir. Il est uni au stylo-hyoïdien chez
l'Éléphant et semble être la continuation du stylo-mastoïdien chez
le Paca (Cuvier), d’où son absence qu'on a pu observer chez
l'Homme doit être considéré comme un retour vers un état pri-
mitif.
5° MyLo-HYoOÏiDIEN. — Chez toutes les espèces animales, il existe
un mylo-hyoïdien, seulement chez les Batraciens et chez cer-
tains Oiseaux ce muscle ne descend pas jusqu’à l'hyoïde. Ce n’est
plus qu'un intermaxillaire jouant absolument le même rôle que
chez les Mammifères, mais dont l'insertion inférieure s'est dé-
placée, ou plutôt dont le chef postérieur ne s’est pas développé.
En effet, le mylo-hyoïdien est composé de deux portions; une an-
térieure intermandibulaire, une postérieure mandibulo-hyoïdienne
ou mylo-hyoïdienne proprement dite. Or, cette disposition qui est
normale chez certains Rongeurs (Bathyergus, Arctomys Meckel),
l'Éléphant des Indes (Watson), chez plusieurs Reptiles(Grenouille),
un grand nombre d'Oiseaux, le Perroquet (Cuvier), le Cygne (Du-
vernoy) entr'’autres a été rencontrée anormalement chez l'Homme
par Whinnie et Macalister (1). Chez la Sarigue et le Fourmilier, le
(1) Macalister, Trans. of Roy. Irl. Acad., 1871.
SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 539
mylo-hyoïdien n’atteint pas l’hyoïde (Cuvier); il est probable que
chez eux le faisceau postérieur ne s’est pas développé.
60 GÈNIO-HYOÏDIEN. — Ce muscle est constant dans la série, et
lorsque les deux génio-hyoïdiens sont réunis en un muscle impair
(Cétacés, Fourmilier) l'homologie n’en est pas plus difficile à éta-
blir pour cela. En effet les connexions (insertions, direction et
rapports) sont là pour nous renseigner, et d'autre part chez
l'Homme les deux génio-hyoïdiens ne sont séparés que par un
interstice celluleux. Que celui-ci disparaisse et nous aurons un
muscle impair. C’est ce que Hallet, Theile, Macalister et Testut
ont observé. C'est la disposition qu'on voit chez le Turbot.
Macalister a trouvé dans certains cas des connexions intimes
entre les génio-hyoïdiens de l'Homme et les génio-glosses et hyo-
glosses. Cet état rappelle la disposition qu’on observe sur le Pan-
golin (Meckel) et chez les Oiseaux ou génio-hyoïdiens et génio-
glosses sont confondus. Toutes ces variétés trouvent donc leur
explication dans l’anatomie comparée et la doctrine de la des-
cendance en rend facilement compte.
7° Hyo-GLosse. — Les hyo-glosses existent chez tous les Ani-
maux qui ont une langue, c’est à dire chez presque tous les Ver-
tébrés. Toutefois ils ne se prolongent pas toujours jusqu'à l’hyoïde
à l’état de muscle. Assez souvent ils ne lui sont unis que par un
tendon lamelleux.
Tels sont les muscles hyoïdiens.
En somme, l'appareil hyoïdien musculaire (muscle de l’hyoïde)
est un dans la série; comme pour l'hyoïde osseux la nature n’a
point changé de plan. Les variétés sont considérables, nous ne
l’ignorons point, mais le principe des connexions et des analogies
nous permet toujours de découvrir les ressemblances et les homo.
logies cachées. L'adaptation crée la variété, l'hérédité la fixe et
la transmet. Le cou s’allonge-t-il, nous voyons les cornes styloi-
diennes très longues (Ruminants, Solipèdes, Oiseaux) et les
muscles suivre le même mouvement. C’est ainsi que nous voyons
les génio-hyoïdiens très développés dans les espèces à langue très
protractile et à hyoïde mobile. L’entoglosse est en rapport avec la
langue, il se développe d'autant plus que celle-ci est plus pesante
et plus puissante; les cornes thyroïdiennes sont en rapport avec
l'organe de la respiration, elles suivent dans leur développement
le développement de l’arbre laryngo-bronchique lui-même.
Le système musculaire se moule sur la forme même de la tête,
540 CH. DEBIERRE
du cou, sur l'emploi que l'animal fait de sa langue ou de son
larynx. Telle est la formule des variétés.
Les métamorphoses sont sous la dépendance de l'adaptation à
de nouvelles conditions d’existence propagées par la sélection
naturelle et transmises par l'hérédité et non point d'ordre supé-
rieur ou divin. La théorie de l'espèce absolue et immuable a jus-
tement sombré. En voyant la nature reproduire chez l'Homme un
appareil hyoïdien de Ruminant ou de Carnassier, en la voyant
reproduire des muscles simiens, bien mieux des muscles hyoïdiens
de Rongeurs ou de Marsupiaux, ne voyons-nous pas du même
coup s’écrouler l’autel sur lequel on a déifié l'Homme? Nous ren-
controns chez l'Homme un stylhyal de Solipède, un muscle hyoï-
dien de Vertébré inférieur, ne sommes-nous pas en droit de con-
sidèrer cet os ou ce muscle anormal dans l’Espèce humaine,
mais normal chez les Solipèdes ou les Vertèbres d'ordre inférieur,
comme une des formes ancestrales des races humaines ? Toutes
les anomalies observées chez l'Homme deviennent ainsi des dis-
positions ancestrales que fait reparaître l’atavisme. Dans le même
sens plaident les organes rudimentaires, les muscles de l'oreille
entr'autres. Ce ne sont que des souvenirs ancestraux, des reliquats
morphologiques dont la théorie de la descendance rend complè-
tement compte (Hæckel).
C’est ainsi qu'un muscle surnuméraire vient rétablir la chaîne
sériale, affirmer la continuité des dispositions anatomiques bri-
sées, de même que la sortie de terre de tout un monde zoologique
disparu à permis à la Paléontologie de rétablir en partie l'échelle
zoologique et les enchaïinements du monde animal.
A ce point de vue l’Anatomie devient une science de premier
ordre, et l'étude des organes représentatifs (anomalie réversive) et
des arréts de développement rend inébranlable la conception de
notre grand Lamarck. A ce point de vue encore, l'étude de l’appa-
reil hyoïdien est d’une importance capitale. Les formes anor-
males de l'hyoïde chez l'Homme nous ont reporté vers des formes
ou ichthyologique ou quadrupède; l'étude de l'omo-hyoïdien nous
a permis de descendre la Série des Primates (Homme) aux Reptiles,
et d'accorder à l'Hoinme non pas un ancêtre simien, lesSinges ne
sont que nos cousins germains, mais un Protovertébré inconnu,
perdu dans la nuit des temps et que la science n’a encore pu
qu'exhumer théoriquement. Ce n’est assurément pas en lisant nos
livres d'anatomie que l’on pourrait se figurer trouver tant d'im-
portance philosophique dans le modeste petit os quianom l'hyoïde.
SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 541
EXPLICATION DES FIGURES
Fig. 1.
Crâne et squelette viscéral d'un Sélacien.
oc. région occipitale; la, paroi du labyrinthe; ob, cavité orbitare; n, cavité
nasale; {, cartilages labiaux; m, m' portion supérieure et portion inférieure de l’arc
maxillaire. Hy, arc hyvoïdien avec /B) Copula ou basihyal. II, IV, V. VI, VII, VI,
arcs branchiaux (Gegenbaur).
Hren2e
Hyoïide de Spatularia {Ganoïdes).
Hy, arc hyoïdien. Br, rayons branchiostèges. op, operculum. M, mandibule.
B, suspensorium. D, cartilage palato-quadrate.
Fig. 3.
Hyoide du Brochet vu de face.
E. entoglosse ; «4, a, apohyaux ; B. basihyal ; en, entohyal ; w, urohyal; sf, chaîne
styloïdienne avec ses deux segments (cératohyal) ; S, stylhyal; su, symplectique ;
arc, arcs branchiaux; b, rayons branchiostèges.
Fig. 4.
Hyoïde du Brochet (Esox Lucius) vu de côté.
E, entaglosse. B, basihyal. en, entohyal. w, urohyal. c, cératohyaux. cp, épister-
nal. St, cornes stylohydiennes portant les rayons branchiostèges. S, stylohyal.
Su, suspensorium.
Fig. 5.
Hyoïide de Perche.
E, entoglosse ; sf, corne styloïdienne ; S, stylhyal ; c, carène ; arc, rayons bran-
chiostèges ; Phs, os pharyngiens supérieurs.
Fig. 6.
Hyoïde de Morue {(Morrhua vulgaris) (R. Owen).
E, entoglosse, B, basihyal. en, entonyal. w, urohyal. ap, apohyal. ce, cératohyal.
st, stylhyal, R, rayons branchiostèges.
Fig. 7.
Arc paluto-quadrate, symplectique et hyo-mandibulaire du Brochet vus par la
face interne.
Art, articulaire. Mck, cartilage de Meckel. a. cartilage interposé entre l’hyo-
mandibulaire /Hm) et le symplectique {Sy}. c, apophyse de l’hyo-mandibulaire
avec Jequel s'articule l’'operculum. d, tête de l’hyo-mandibulaire qui s'articule avec
le crâne. Hy, stylhyal. PE, palatin; Qu, os carré; Ecp, ectopterygoïdien; Ept, en-
toptérygoïdien; Mpt, métaptérygoïdien. b, pédicule de l'arc ptérygo-palatin,
(Huxley).
542 CH. DEBIERRE
Fig. 8.
Hyoïde de Grenouille.
B, Basihyal. St, cornes styloïdiennes. Th, cornes thyroïdiennes. La corne styloï-
dienne est composée de 3 segments : d’un apohyal soudé avec le basihyal, d’un
cératohyal et d’une dernière, le stylhyal.
Fig. 9.
Hyoïde de Batracien branchifère.
A, vu de face. B, vu de côté. B, basihyal. St, corne styloïdienne. b, branchies.
pr, capsule périotique. m, maxillaire inférieur (R. Owen).
Fig. 10.
Hyoïide de Tétard.
B, Basihyal. S, cornes styloïdiennes. Th, cornes thyroïdiennes. b, rayons bran-
chifères (Dugès).
Fig. 11.
Hyoide de Salamandre marbrée.
B, basihyal. a, apohyal; c, cératohyal. st, stylhyal. £h, corne thyroïdienne. u,
urohyal (osselet de Siebold). E, entoglosse ou lingual (Dugès).
Fig. 12.
1, mylo-hyoïdien ; 2, génio-hyoïdien ; 3, hyo-pubien ; 4, omo-hyoïdien ; 5, masto-
hoïdien ; 6, stylo-hyoïdien ; B, basihyal: $S, corne stylohydienne; Th, corne thy-
roïdienne ; o, omoplate; s. sternum ; sf, mandibule.
Fig. 13.
Hyoïde de Proteus anguinus (Cuvier).
E, entoglosse. B, basihyal. t, cornes styloïdiennes. Th, cornes thyroïdiennes.
b, rayons branchifères.
Fig. 14.
Hyoide de l'Emys Europea.
B, basihyal. E, entoglosse, St, apophyse stylohyale. Th, branches thyroïdiennes.
Fig. 15.
Hyoïde de l'Emys (vu de coté).
B, basihyal. E, entoglosse. Th, cornes thyroïdiennes. St, cornes styloïdiennes.
Fig. 16.
Hyoide de Testudo (grandeur naturelle).
B, basihyal avec E, entoglosse et Th, corne thyroïdienne à l'état cartilagineux,
S, stylhyal soudé à la mandibule M.
Fig. 17.
Hyoïide de Trionyx.
E, entoglosse. B, basihyal avec ses différentes pièces. St, cornes styloïdiennes
avec /c), cartilage diarthrodiaux. Th, cornes thyroïdiennes.
SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 543
Fig. 18.
Hyoïide du Crocodile.
B, basihyal; c, cératohyal; E, épihyal (R. Owen).
Fig. 19.
Hyoîide du Lézard gris.
E, entohyal. B, basihyal, U, urohyaux. Th, cornes thyroïdiennes. St, cornes thy-
roïdiennes avec fa) apohyal, {ec cératohyal et S, stylhyal. T, trachée-artère.
Fig. 20.
Hyoide du Lézard (vu de côté).
B, basihyal. E, entohyal. w, urohyal. a, apohyal. ce, cératohyal. st, stylhohyal.
Th, cornes thyroïdiennes (Cuvier).
Fig. 21.
Hyoide de Gecko.
B, basihyal. E, entoglosse. À, apohyal. St, stylhyal. Th, cornes thyroïdiennes.
Fig. 22.
Hyoïide d'Igquane (Cuvier).
E, entoglosse. B, basihyal. Q, queue de l'hyoïde. A, apophyal. Sf, corne styloï-
dienne Th, cornes thyroïdiennes.
Fig. 23.
Hyoide d'Oiseau (Poule).
B, basihyal. St, corne styloïdienne avec ses segments cérato et stylhyal. E, ento-
glosse. Q, queue de l’hyoïde avec ses 2 pièces ento et urohyal. ms, muscles stylo-
hyoïdiens.
Fig. 24.
Hyoïde de l’Ane (réduit de moitié).
B, basihyal; E, entoglosse; Th, corne thyroïdienne; St. corne styloïdienne avec
ses 3 segments, apohyal /a/, cératohyal /c/, et stylhyal /st) garni au sommet de
son fibro-cartilage articulaire /c).
Fig. 25.
Os hyoïde du Cheval (vu de face).
B, basihyal; g, glossohyal; a, apohyal; c, cératohyal; s, stylhyal; e, entohyai,
u, urohyal.
Fig. 26.
Hyoïide du Cheval (réduit 2 fois 1/2, vu de côté).
E, entoglosse; a, apohyal: c, cératoyal; st, stylhyal: d, cartilage diarthrodiaux ;
Th, cornes thyroïdiennes.
544 CH. DEBIERRE
Fig. 27.
Hyoïde d'Ovibos moschatus (vu de côté).
B, hasihyal. E, entoglosse. Th, corne thyroïdienne. a, apohyal. c, cératohyal
st, stylhyal.
Fig. 28.
Hyoïde du Cerf
B, basihyal avec (E) entoglosse. Th, cornes thyroïdiennes. St, corne styloïdienne
avec ses pièces apohyale /ap), cératohyale fc), stylhyale /st) et diarthrodiale car-
tilagineuse /d). 1, 2, cartilages articulaires.
Fig. 29.
Hyoïde de Cervus canadensis (vu de côté).
B, basihyal; Th, corne thyroïdienne. a, apohyal, c, cératohyal. st, stylhyal-
t, fibro-cartilage articulaire. d, cartilage diarthrodial.
Fig. 30.
Hyoïde du Cervus canadensis (vu de face).
B, basihyal. Th, cornes thyroïdiennes. a, apohyal. c, cératohyal. St, stylhyal.
E, tubercule figurant l’entoglosse.
Fig. 31.
Hyoide du Mouton (vu de côté).
B, basihyal. St, corne styloïdienne avec l’apohyal fa), le cératohyal fc) et le
stylhyal (St. M, mâchoire inférieure. V, dernières vertèbres cervicales. 1, muscle
cervico-hyoïdien (homologue de l’omo-hyoïdien) ; 2, sterno-hyoïdien ; 3, sterno-thy-
roïdien. 4, chef commun.
Fig. 32.
Hyoïde du Lama (grandeur naturelle),
1, ligne de soudure des cornes thyroïdiennes au basihyal encore bien visible.
Fig. 33.
Hyoide du Bœuf.
B, basihyal avec (E) tubercule entoglosse. Th, cornes thyroïdiennes avec /ca)
cartilages diarthradiaux. ap, apohyal. e, cératohyal. s£, stylhyal de la corne sty-
loïdienne. d, d, fibro-cartilages articulaires.
Fig. 34.
Hyoide du Chat (Geoffroy Saint-Hilaire).
B, basihyal avec /{l) en avant et détaché de lui, l'os lingual ou entoglosse. S4.
cornes styloïdiennes avec ap) apohyal, {c) cératohyal, {st stylhyal et a) cartilage
diarthrodial.
Fig. 35.
Hyoide du Chien (vu de côté).
B, basihyal avec /L) os lingual proéminent dans l’hiatus retro-basihyal. St, chaînes
SUR L'APPAREIL JIYOÏDIEN 545
styloïdiennes avec leurs 3 segments nettement séparés et articulés à l’aide de fibro-
cartilages /f). pr prolongement styloïdien du temporal. Th, cornes thyroïdiennes.
d, muscle digastrique.
Fig. 36.
Hyoide du Hurleur noir du Brésil {Mycetes Caraya) (Grandeur naturelle).
B, basihyal soufflé en une vaste poche. St, cornes styloïdiennes. Th, cornes
thyroïdiennes bordant l'ouverture de la poche hyoïdienne 0}.
Fig. 37.
Appareil hyoidien ordinaire dans l'espèce humaine (Homme adulte).
Ps, prolongement styloïdien du temporal; st, stylyhal: c, cératohyal (les deux
forment ce que l'on connait en anatomie humaine sous le nom d’apophyse styloïde
du temporal); L, ligament stylo-hyoïdien ; S. S, apohyal (petite corne de l’hyoïde
de l'Homme) ; Th, Th, cornes thyroïdiennes ; B, basihyal; Thy, cartilage thyroïde.
Fig. 38.
Exemple d'hyoide anormal chez l'Homme (déposé au Musée d’Anatomie de la
Faculté de Lyon).
1, apophyse styloïde ou stylhyal. 2, cératohyal. 3. apohyal. 4, cornes thyroï-
diennes. 5, tubercule représentant l’entoglosse. B, basihyal.
Fig. 39.
Appareil hyoïdien anormal.
1, prolongement styloïdien du temporal. 2. articulation du stylhyal avec le pro-
longement hyoïdien. 3, stylhyal. 4, articulation du stylhval et du cératohyal. 5, ce-
ratohval. 6, ligament cérato-hyoïdien (stylo-hyoïdien des anatomistes). 7, apohyal
(petite corne de l’hyoïde). 8, corne thyroïdienne (grande corne). 9, basihyal ou corps
de l’hyoïde.
Fig. 40.
Muscles hyoidiens du Cheval.
1, digastrique avec (M) son faisceau stylo-maxillaire. 2, stylo-hyoïdien ou stylo-
kératoïdien. 3, occipito-styloïdien. 4, génio-hyoïdien. 5, mylo-hyoïdien. 6, trans-
versal de l’hyoïde. 7, kérato-hyoïdien.
Fig. 41.
Os hyoïde de l'Homme et muscles hyoïdiens (vu de face).
1, sterno-cleido-hyoïdien. 2, omo-hyoïdien. 3, stylo-hyoïdien. 4, génio-glosse.-
5, génio-hyoïdien, 6, mylo-hyoïdien, 7, ligament stylo-hyoïdien.
B, basihyal. Th, corne thyroïdienne: St, corne styloïdienne.
Fig. 42.
Hyoïde et larynx de l'Homme (vu de côté).
B, basihyal. S, corne styloïdienne. T, corne thyroïdienne. Th, cartilage thyroïde.
CT, corne du cartilage thyroïde.
1; muscle thyro-hyoïdien. 2, hyo-glosse. 3, constricteur moven du pharynx.
4, muscle lingual. 5, ligament thyro-hyoïdien; 6, sterno-hyoïdien.
Sur ce sujet (femme adulte) il n’y a point de sterno-thyroïdien à droite. Déposé
au Musée de la Faculté de Lyon.
3)
546 CH. DEBIERRE
Fig. 43.
Cräne de Brochet (vu de côté).
op, opercule. Hm, hyomandibulaire. sop, sous-opercule. Ip, interopercule. Pro,
préopercule. sy, symplectique. Mt, métaptérygoïdien. PI, os palatoptérygoïdien
Qu, os quadrate ou carré. Ar, articulaire. an, angulaire. D, dentaire. sor, sous-orbi-
taire. Pmx, prémaxillaire. Mx, maxillaire. pr, préfrontal. St, stylhyal avec (R).
royons branchiostèges. arp, arc pectoral.
Fig. 44.
Diagramme du squelette du premier et du second arc viscéral (arcs mandibulaire
et hyoïdien),
A, Lézard. B, Téléostéen. C, Mammifère.
Pc, capsule périotique. 1, arc mandibulaire. 2, arc hyoïdien. Qu, os quadrate ou
carré. Ptg, ptérygoïde; Mpt, métaptérygoïde. Art, os articulaire; M, marteau. Mck,
cartilage de Meckel. Ar. apophyse grêle de Raw /processus gracilis). Hm, hyoman-
dibulaire. StH; stylhyal (apophyse styloïde des Mammifères). Hy, corne hyoïdienne.
S. sus-étrier ou enclume. E. étrier. La flèche indique la première fente ‘branchiale
(Huxley).
Fig." 45.
Ares maxillaire et hyoïdien chez un Squale (A), un Téléostéen (B), et l’Homine (C):
(D'après Albrecht).
B, base du crâne. 1, épimandibulaire du symplectico-mandibulaire. 2, hypoman-
dibulaire. 6, ligament symplectico-mandibulaire où gnathostélien (1). Qu, os carré.
3, épihyoide ligamentenx. 4, hypohyoïde. 5, ligament épimandibulo-hypohyoïde.
(B) Mk, métamandibulaire et My, métahyoïde; 8, ligament symplectico ou malléo-
mandibulaire. (C) V, arc mandibulaire. Y, arc hyoïdien. E, étrier. L, lenticulaire
En, enclume et M, marteau. 8, ligament malléo-mandibulaire ; Hm (2) mandibule,
Qu, os carré (ici zygoma). St, stylhyal au tympano-hyoïde. C, cératohyal ouëliga-
ment stylo-hyoïdien (My). ap (4). apohyal.
Fig. 46,
Temporal du 40 au 50° jour
1,1.1,les 3 points d'ossification du cercle tympanal. 2, point! épitympanique.
3, le point squamosal. 4, le zygoma (Rambaud et Renault).
Fig. 47.
Temporal d'un fœtus de 6 mois.
Ty, cadre ou os tympanal. SG, scissure de Glaser, reste du point de pénétration
dans l'oreille moyenne du cartilage de Meckel. 3, zygoma. E, écaille du temporal.
Fig. 48.
Arcs maxillaire et hyoïdien et leurs dépendances dans l'oreille moyenne.
pa, paroi de la caisse. ca, cavité de la caisse. Et, trier appuyé sur la fenêtre
ovale. L, lenticulaire. E, enclume. M, marteau. R, apophyse grêle de Raw. En X,
articulation malléo-incique qui sépare l'arc mandibulaire} de l'arc hyoïdien. Meck,
cartilage de Meckel. ty, os tympanique. Eu. trompe d'Eustache ou canal tubo-tym-
panique (fente branchiale hyo-mandibulaire). ArM, arc{mandibulaire. AHy, arc
hyoïdien.
LA RADE DE SMYRNE
Par M. O. TERQUEM
ET
M. Edmond TERQUEM.
Lieutenant de vaisseau.
Dans ses pérégrinations, M. Edmond Terquem, lieutenant de
vaisseau, eut l’occasion de faire une station à Smyrne; il en pro-
fita pour pratiquer quelques sondages dans sa rade et obtenir
ainsi plusieurs échantillons de marne retirés à environ 4 kilomètres
du rivage et à 40 mètres environ de profondeur.
L'examen de ces marnes à donné : 1° une série assez nom-
breuse de Mollusques, généralement assez petite, que M. le mar-
quis de Monterosato eut l’obligeance de déterminer ; 2° des Fora-
minifères qui, relativement moins abondants que les Mollusques,
n'ont rien présenté de particulier dans leur ensemble et ont pu
être classés avec facilité; une seule espèce, une Rosaline, nous
a paru nouvelle.
Nous avons, en partie, pu suivre les déterminations établies
par Brady pour les Foraminifères du Challenger et en partie, celles
de d'Orbigny pour les Foraminifères tertiaires de Vienne (Antriche)
ou vivants de l'Amérique méridionale.
Brady (1) confond les Dendritines avec les Peneroplis, sans indi-
quer dans la diagnose les motifs qui ont pu le déterminer à n’en
faire qu'un seul genre.
Le genre Dendritina, dans l’adulte, reste toujours spiral et ne
se développe jamais en éventail comme les Peneroplis ; l'ouverture
est toujours ramifiée, représentant une dendrite, tandis que dans
l’autre genre, l'adulte est prolongé et irrégulier, plus ou moins
(1) Challenger, p: 53.
548 O. TERQUEM ET EDMOND TERQUEM
flabelliforme ; les ouvertures sont nombreuses, éparses, disposées
en lignes longitudinales.
Dans notre étude des Foraminifères de l'Éocène parisien, nous
nous sommes servi pour classer les nombreuses Rotalines, d’un
moyen fort simple, leur forme résuitant de leur mode de station :
1° quand la coquille était libre, les deux côtés sont égaux, déve-
loppés ou aplatis; 2° quand la coquille était adhérente par le
côté supérieur, celui-ci est déprimé ; 3° quand elle était attachée
par la face inférieure, celle-ci est plate ou même concave, tandis
que le côté opposé se montre développé.
Ces divisions nous ont permis de ne conserver qu'un seul genre
et de négliger les genres mal délimités : Pulvinulina, Discorbina,
Gyroidina.
Cependant tout en conservant les anciennes dénominations,
nous avons cru devoir admettre les déterminations de Brady,
pour les espèces nouvelles.
A l'exception de deux espèces, Rotalina papillosa et Polystomella
crispa, les Foraminifères ne sont présentés que par 1 ou 3 échan-
tillons par espèces.
Nous devons faire remarquer que le Pulvinulina punctulata,
classé par Brady d’après le modèle en plâtre de d'Orbigny, en dif-
fère par un caractère essentiel : d’après le dessin de Brady (p. 685,
pl. cv, fig. 17), la coquille a le pourtour arrondi, tandis que chez
d'Orbigny, ce pourtour est anguleux, presque aigu. Il y a donc
lieu, en cette circonstance, de reconnaître deux espèces distinctes.
La rade de Smyrne n’a pas donné traces d’Ostracodes qui man-
quent complètement.
LISTE DES MOLLUSQUES DÉTERMINÉS PAR H. DE MONTEROSATO.
Gastrochena dubia Pennant. Corbula gibba Olivi.
Saxicava arctica Linné. Modiolaria marmorata Forbes.
Teilina nitida Pol. Circe minima Montagu.
— dislorta Poli. Cardita aculeata Poli.
Artemis lupinus Poli. Cardium echinalum Linné.
Venus gallina Linné. Pecten flexuosus Pol.
Nucula nitida Sowerby. Chama gryphoides Linné.
Leda pulla Linné. Ostrea edulis Linné.
Arca lactea Linné. Odostomia acuta Xeffreys.
Aœinus fleruosus Montagu. — {Pyrqulina) interstincta Mon-
Montacuta bidentata Montagu. tagu.
LA RADE DE SMYRNE
Odostomia ( Eulimella) Pointelide Folin..
— (Eulimella) acicula Philipp.
— (Turbanilla) elegantissima
Montagu.
— (Turbanilla) delicata Mon-
terosato.
— conoidea Brocchi.
— (Auriculina) elegans Monte-
rosato.
Scalaria clathratula Montagu.
Adeorbis imperspicuus Monterosato.
Acteon tornatilis Linné.
Natica macilenta Philippi.
Eulima subulata Danovan.
Philine Monterosati Jeffreys.
Cylichna cylindracea Montagu.
— nilidula Loven.
— slrigella Loven.
— nitida Jeffreys.
Rissoa pulchella Philippi.
549
Rissoa vitrea Montagu.
Chenopus pespelicani Linné.
Pleurotoma (Raphiloma) brachystoma
Philippi.
— (Mangelia) rugulosa Phi-
lippi.
Nassa pygmeæea Lamarck.
Utriculus minutissimus Martin.
Ringicula Terquemi Morlet.
Trophon Brocchii Monterosato.
Turritella communis Risso.
Cerithium pusillum Jeffreys.
Cerithiopsis scalaris Monterosato.
Triforis perversa Linné.
Calyptrea chinensis Linné.
Cœcum trachea Montagu.
Dentalium entalis Linné.
Spirorbis vulguris Linné.
Plaques d'Ophiures.
Spicules de Gorgones.
FORAMINIFÈRES DE LA RADE DE SMYRNE
Orbulina universa d'Orb.
Lagena striata d'Orb. sp.
— semistriata Will.
— vulgaris d'Orb. sp.
Spirillina perforata Schul.
Polystomella crispa Linné.
— macella Fich. et Moll.
— umbilicatula Walk.
— arctiea R. et Jon.
Haplophragmium canariense d'Orb. sp.
Nonionina depressula Walk.
— elegans Will.
— _ stelligera d'Orb.
Dendritina Hauerii d'Orb.
— Juleana d'Orb.
— elegans d’Orb.
Rotalina papillosa Brady.
var. depressula Bradv.
Rotalina turgida Will.
— Soldanii d'Orb.
— Haidingeri d'Orb.
— mamilla Will.
— venusta Brady.
— Beccarii Linné.
Trumcatulina variabilis d'Orb.
Planorbulina vulgaris d'Orb.
Discorbina eximia Hunt Rew.
Pulvinulina punclulata Brady {non
d'Orb.)
Globigerima bulloides d'Orb.
Rosalina simplex d'Orb.
— _ globularis d’'Orb.
— lateralis Terq.
— rugosa d'Orb.
— vitrea Terq., nova species.
Coquille orbiculaire, lisse, brillante,
*
0 O.
©
vitreuse, perforée sur toute sa surfa ce,
légèrement convexe en dessus ; for-
mée de trois tours de spire, le pre-
mier à 6 loges sphériques, le second
tour de 5 loges quadrangulaires, le
dernier de 5 loges renflées, arrondies
sur le pourtour; un peu concave en
dessous, formée d’un tour de spire
à à loges déprimées, triangulaires,
avec quelques papilles dans le centre ;
TERQUEM ET EDMOND TERQUEM
vue de côté, coquilles très comprimée
et étroite.
Dimensions : haut., 0,60"; larg.,
0,80mm; épais., 0,48": grossi 30
fois.
Sagrina striata Schwag.
Bulimina fusiformis Will.
elegans d'Orb.
aculeata d'Orb.
Textilaria gramen d'Orb.
agglutinans d'Orb.
Virgulina subsquamosa Egger.
Vernueilina spinulosa Reus.
Bolivina punclata d’Orb.
Spiroloculina limbata d'Orb.
Quinqueloculina oblonga Mont. sp.
Hauerina d’Orb.
crassicosta Terq.
triangularis d’Orb.
Buchianr d'Orb.
longirostra d'Orb.
—
ÉCHINIDES NOUVEAUX
OU PEU CONNUS
Par G. COTTEAU
4° article.
37. MICROPSIS PETROCORIENSIS Arnaud, 1885.
PI Ge 427.
Micropsis petrocoriensis Arnaud, ex litteris, 1885.
Espèce de petite taille, circulaire, renflée, hémisphérique en
dessus, arrondie sur les bords, presque plane en dessous. Zones
porifères droites, légèrement déprimées, formées de pores simples,
petits, rapprochés les uns des autres, un peu irrégulièrement
disposés, offrant à la face inférieure et vers l’ambitus une ten-
dance à se grouper par triples paires, se multipliant autour du
péristome. Aires ambulacraires aiguës près du sommet, s’élargis-
sant à la face supérieure et conservant la même largeur presque
partout, se rétrécissant de nouveau aux approches du péristome,
garnies de deux rangées très régulières de petits tubercules fine-
ment crénelés, assez fortement mamelonnés, imperforés, serrés,
placés très près des zones porifères, augmentant sensiblement de
volume à la face inférieure, au nombre de dix-huit ou dix-neuf
par rangée. A la face supérieure, ces tubercules sont espacés et
deviennent alternes près de l'appareil apical. Granules intermé-
diaires très nombreux, de petite taille, homogènes, pressés les
uns contre les autres, occupant tout l’espace laissé libre par les
tubercules. Aires interambulacraires bien développées, pourvues
de deux rangées de tubercules de même nature et de même taille
que ceux qui garnissent les aires ambulacraires, peut-être un
peu plus développés et plus sensiblement scrobiculés à la face
supérieure, augmentant comme eux sensiblement de volume vers
l’'ambitus et à la face inférieure. Pas de tubercules secondaires.
Granules intermédiaires identiques à ceux des aires ambula-
craires, remplissantitoute la zone miliaire et l’espace relative-
592 G. COTTEAU
ment large laissé libre entre les zones porifères et les rangées de
tubercules. Sur le bord externe des aires interambulacraires, se
montrent, à la face inférieure, remontant jusqu'à l’ambitus, une
série de granules un peu plus gros que les autres, serrés et for-
mant bourrelet. Péristome étroit, circulaire, légèrement enfoncé,
marqué de petites entailles relevées sur les bords. Périprocte
irrégulier, subcirculaire, un peu rejeté en arrière. Appareil apical
médiocrement étendu, très granuleux; plaques génitales penta-
gonales, perforées près du bord, inégales, les antérieures plus
grandes que les autres ; plaque madréporiforme très apparente et
bombée; plaques ocellaires petites, subtriangulaires; les trois
antérieures sont intercalées à l'angle des plaques génitales; les
deux plaques postérieures aboutissent directement sur le péri-
procte.
Hauteur, 92*1/2; diamètre, 16°".
RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Cette jolie espèce ne saurait être
confondue avec aucune de celles que nous connaissons ; elle se
distingue nettement de ses congénères par sa taille peu dévelop-
pée, par la disposition de ses tubercules augmentant de volume
à la face inférieure, par l'absence complète de tubercules secon-
daires et surtout par la présence, sur toute la surface du test, de
granules fins, serrés, homogènes. Cette disposition des tubercules
et des granules donne, au premier aspect, à cette espèce une
cerlaine ressemblance avec l’Echinopsis elegans, du terrain num-
mulitique, mais cette dernière espèce appartient à un autre genre
et sera toujours facilement reconnaissable à ses tubercules per-
forés et n’augmentant pas de volume à la face inférieure, à ses
granules intermédiaires moins serrés et moins homogènes.
LOCALITÉ. — Vaux près Montignac-la-Chapelle (Dordogne).
Très rare. Etage sénonien.
Collection Arnaud.
EXPLICATION DES FIGURES. — PI. XII, fig. 1, Micropsis petrocoriensis, vu de côté;
lig. 2, face supérieure; fig. 3, face inférieure; fig. 4, aire ambulacraire grossie:
fig. 5, aire interambulacraire grossie; fig. 6, tubercule interambulacraire grossi;
fig. 7, appareil apical grossi.
33. CYPHOSOMA CRo1zIERI Cotteau, 1885.
PI. XII, fig. 8-13.
Espèce de très petite taille, circulaire, médiocrement renflée
en dessus, arrondie sur les bords, presque plane en dessous.
ÉCHINIDES NOUVEAUX OU PEU CONNUS Da
Zones porifères à fleur de test, presque droites, formées de pores
simples, petits, séparés par un léger renflement granuliforme,
disposés par paires transverses un peu espacées, tendant à se
multiplier près du péristome. Aires ambulacraires aiguës près du
sommet, s’élargissant au fur et à mesure qu’elles se rapprochent
de l’ambitus, garnies de deux rangées de tubercules saillants, fine-
ment crenelés, assez fortement mamelonnés, imperforés, espacés
et alternes à la face supérieure, un peu plus serrés en se rappro-
chant du péristome, au nombre de sept ou huit par série, dimi-
nuant de volume vers la base ou près du sommet. Granules inter-
médiaires épars, peu abondants. Aires interambulacraires larges,
pourvues de deux rangées de tubercules, de même nature que
les tubercules ambulacraires, un peu plus gros cependant et plus
nettement scrobiculés à la face supérieure et vers l’ambitus. Gra-
nules intermédiaires identiques à ceux des aires ambulacraires,
plus nombreux et disposés autour des scrobicules en cercles plus
réguliers. Pas de tubercules secondaires. Péristome circulaire,
un peu enfoncé, marqué de très légères entailles. Periprocte ar-
rondi, un peu excentrique en arrière. Appareil apical solide, sail-
lant, granuleux; plaques génitales subpentagonales, perforées
près du bord, inégales, les deux antérieures beaucoup plus grandes
que les autres; plaques ocellaires subtriangulaires, intercalées à
l'angle des plaques génitales à l'exception de la plaque ocellaire
postérieure de droite qui aboutit directement sur le périprocte.
Hauteur, 4%m1/2 ; diamètre, 9m] /2.
RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Nous plaçons cette petite espèce
dans le genre Cyphosoma, dont elle présente les caractères essen-
tiels. Ce n’est cependant pas sans hésitation que nous établissons
ce rapprochement, car le C. Croisieri s'éloigne des espèces du
genre, par sa forme générale, par son appareil apical solide et
bombé, et devra former une section particulière. Sa physionomie
rappelle, au premier aspect, les individus jeunes du Pseudodia-
dema florescens de l'étage corallien, mais elle s’en distingue très
nettement par ses tubercules ambulacraires et interambulacraires
plus homogènes et toujours imperforés.
LOCALITÉ. — Mortagne-sur-Gironde (Charente-Inférieure). Très
rare. Sénonien (Campanien).
Collection Armand (M. Croizier).
EXPLICATION DES FIGURES. — PI. XII, fig. 8, C. Croizieri, vu de côté; fig. 9, face
supérieure ; fig. 10, face inférieure ; fig. 11, aire ambulacraire grossie; fig. 12, aire
interambulacraire grossie; fig. 13, appareil apical grossi.
5ÿ4 G. COTTEAU
39. GONIOPYGUS ROYANUS d’Archiac, 1851.
PLIXTE "he TAPIE
Nous ne reviendrons pas sur les caractères du G. royanus,
espèce bien connue et que nous avons décrite et figurée avec
tous les détails nécessaires dans la Paléontologie française; seule-
ment nous ne connaissions pas les radioles de cette espèce.
M. Arnaud vient de combler cette lacune en nous communiquant
une série de radioles qui ont tous les caractères des radioles de
Goniopygus, et qui, rencontrés associés sinon adhérents au
G. royanus, appartiennent bien certainemont à cette espèce, la
seule qu'on trouve dans cette localité.
Radiole allongé, de taille assez forte, cylindrique, subacuminé
au sommet, garni sur toute la tige de petites côtes granuleuses
plus ou moins saillantes et dont quelques-unes deviennent pres-
que lisses aux approches du sommet. Entre les côtes granuleuses
principales, s’en montrent souvent quelques autres plus atté-
nuées et disparaissant avant d'arriver au sommet. La base de la
tige, bien qu’un peu moins forte, conserve à peu près la même
épaisseur ; la collerette est nulle et les côtes granuleuses descen-
dent jusqu'au bouton qui est peu développé, muni d'un anneau
saillant et d’une facette articulaire non crénelée.
Longueur du radiole, 12""1/2; épaisseur, 3m,
RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les radioles du Gon.royanus, tout
en présentant les caractères propres aux radioles de Goniopygus,
se distinguent nettement de toutes les espèces que nous connais-
sons, par leur tige plus allongée, moins trapue, garnie de côtes
très finement granuleuses, devenant un peu lisses et subcarénées
seulement aux approches du sommet.
Locairé. .— Courgeon-Beauvais (Charente). Commun. Séno-
nien.
Collection Arnaud ; ma collection.
EXPLICATION DES FIGURES. — PI. XII, fig. 14, radiole du G. royanus, de la collect.
de M. Arnaud; fig. 15, le même grossi.
40. Ciparis MourGurt Cotteau, 1885.
PI. XII, fig, 16-6717:
Cidaris clavimorus (pars) Quenstedt, Petrefactenkunde Deuts-
chlands Echin., p. 189, pl. LxvIn, fig. 49-
50, 1875.
ÉCHINIDES NOUVEAUX OU PEU CONNUS 555
Cidaris clavimorus Kraas, Aus dem Orient geolog. Beobachtungen
am Libanon, p. 30, 1878.
Test inconnu.
Radiole allongé, subcylindrique, un peu acuminé au sommet,
augmentant légèrement de volume, en se rapprochant de la base,
brusquement tronqué au dessus de la collerette, garni sur toute
la tige de granules saillants, allongés, comprimés, égaux, espacés,
unis le plus souvent par de petites côtes longitudinales, tantôt
formant des séries assez régulières, tantôt disséminés au hasard.
L'intervalle qui sépare les granules est couvert de petites verrues
homogènes; la collerette et le bouton ne sont conservés dans
aucun des exemplaires que nous connaissons.
Longueur du radiole, 33""?;: épaisseur vers la base, 9m,
RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Un radiole appartenant au Cid.
Mourguei a déjà été figuré par M. Fraas, mais l’exemplaire que
nous a communiqué M. Gauthier est plus complet et mieux con-
servé et nous avons cru devoir le décrire et le faire figurer à
nouveau. C'est à tort, suivant nous, que M. Fraas a réuni cette
espèce au Cid. clavimora de Quenstedt. Ce dernier radiole, très
voisin des radioles du Cid. gibberula avec lequel on serait tenté
de le confondre, diffère de l'espèce que nous décrivons par sa
forme plus régulièrement cylindrique, moins acuminée, par ses
granules moins allongés, moins saillants, moins comprimés, plus
serrés, ne paraissant pas accompagnés de petites verrues chagri-
nées. Les radioles du Cid. Mourguei se rapprochent par leur taille,
leur forme, leur physionomie générale, de certains radioles du
Cid. Ramondi; ils s’en éloignent par leurs granules plus gros,
plus allongés, plus espacés et moins nombreux; ce sont deux
types bien distincts. Nous {dédions cette nouvelle espèce à
M. Mourgue, filateur àfAin Hamade, qui l’a procuré à M. Gau-
there
LocaLiTÉ. — Ain Hamade (Anti Liban). Rare. Étage cénomanien.
Collections Gauthier, Fraas.
EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. XII, fig. 16, radiole du Cid. Mourguei; fig. 17,
fragment grossi.
Associés à cette espèce, se rencontrent un grand nombre de
radioles glandiformes que nous rapportons au C. glandaria. Les
types principaux sont parfaitement figurés dans l'ouvrage de
M. Fraas, et remarquables par leur forme renflée, obtuse ou acu-
minée au sommet, par leur tige se rétrécissant brusquement à la
556 G. COTTEAU
base, garnie de côtes longitudinales sranuleuses et régulières,
par leur bouton épais et leur collerette très courte. Parmi les ra-
dioles de M. Gauthier, nous avons à signaler quelques variétés
intéressantes : l’une d'elle, fortement renflée et glandiforme, est
couverte de côtes granuleuses très fines, très serrées, homo-
gènes et régulières, descendant, en s’atténuant, jusqu'à la colle-
rette ; la base de la tige est grêle et étroite; la collerette très
courte et le bouton peu épais. Une autre variété est subcylin-
drique, à peine renflée, subtronquée au sommet, munie de côtes
crauuleuses, saillantes, comprimées, peu nombreuses, espacées.
Ces variétés se réunissent au véritable C. glandaria par des échan-
tillons intermédiaires et ne sauraient être séparées du type.
41. HEMICIDARIS CRENULARIS Agassiz.
PLERIE Hors:
M. Rollier a recueilli dans l'étage corallien de Besançon un
radiole tout à fait étrange et pour lequel, au premier abord, nous
n'avons pas hésité à établir une espèce nouvelle. Un examen
plus approndi nous à fait penser qu'il devait appartenir à l’Hemi-
cidaris crenularis, dont les radioles sont parfois si bizarres. II est
très gros, renflé, épais, glandiforme ; sa tige, arrondie au sommet,
est couverte à sa partie supérieure de granules saillants, mégaux,
épars. Vers le milieu de la tige, ces granules disparaissent brus-
quement et sont remplacés par une surface paraissant lisse, mais
en réalité garnie probablement de stries fines et longitudinales.
La collerette et le bouton ne sont pas conservés. Tout incomplet
qu'il soit, ce radiole ne mesure pas moins de 50"" de longueur,
et son épaisseur est de 30 millimètres. Il se distingue des autres
radioles d'/Z. crenularis par sa taille énorme, par son aspect glandi-
forme et surtout par sa tige en partie lisse, en partie recouverte de
sranules ; cependant, chez quelques radioles d’Z7. crenularis, no-
tamment dans l’exemplaire que nous avons figuré (Paléontologie
française, pl. ccLxxxvin, fig. 6,10 et 11), nous voyons, à la partie su-
périeure de latige, se montrerquelquesgranules saillants, épineux,
épars qui contrastent avec l'aspect lisse du surplus de la tige et
rappellent certainement les granules de notre gros radiole. Aussi
croyons-nous devoir, quant à présent, malgré sa forme extraor-
dinaire, le rapporter à la même espèce. Quoi qu'il en soit, c'estun
spécimen curieux et qu'il nous à paru utile de faire connaître.
ÉCHINIDES NOUVEAUX OU PEU CONNUS 557
LOGALITÉ. — Besançon (Doubs). Étage corallien.
Collection Rollier.
EXPLICATION DES FIGURES — PI. XII, fig. 18, radiole de l’H. crenularis.
42. SALENIA FRAASI Cotteau, 1885.
ELAXI US" 15:
Salenia petalifera Fraas (non Agassiz), Aus dem Orient geolog.
Beobachtungen am Libanon, p. 31, pl. n, fig. 4
et 4, 1878.
Espèce de petite taille, circulaire, peu élevée, arrondie sur les
bords, plus ou moins bombée en dessus, presque plane en dessous.
Zones porifères légèrement onduleuses, à fleur de test, formées
de petits pores serrés, disposés obliquement, séparés par un ren-
flement granuliforme et ne paraissant pas se multiplier près du
péristome. Aires ambulacraires très étroites, peu flexueuses,
saillantes, garnies de deux rangées de petits granules très serrés,
mamelonnés, au nombre de seize ou dix-sept par série. Ces ran-
gées sont très rapprochées et laissent à peine la place à quelques
verrues fines et inégales, apparentes surtout vers la base. Aires
interambulacraires bien développées. Tubercules très gros, sail-
lants, crénelés, imperforés, au nombre de quatre ou cinq par
série; un ou deux seulement par rangée sont très largement scro-
biculés ; les autres sont beaucoup plus petits. Granules intermé-
diaires mamelonnés, peu abondants, inégaux, disposés en cercles
plus ou moins complets autour des scrobicules. Zone miliaire
très étroite, très sinueuse, comprenant seulement les granules
scrobiculaires auxquels se mêlent çà et là quelques petites ver-
rues fines et éparses. Péristome assez grand, subcirculaire, à
fleur de test, marqué de petites entailles relevées sur les bords.
Les lèvres ambulacraires sont comme toujours beaucoup plus
larges que celles qui correspondent aux aires interambulacraires.
Périprocte subcirculaire, un peu renflé sur les bords. Appareil
apical légèrement bombé, arrondi, marqué d’impressions peu
nombreuses, mais larges et profondes; plaques génitales allon-
gées, subpentagonales; plaque madréporiforme munie d’une dé-
chirure apparente; plaques ocellaires petites et subtriangulaires.
Hauteur, 6"";: diamètre, 10".
RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Cette espèce a été rapportée par
M. Fraas au Salenia petalifera, mais ce rapprochement ne saurait
5)S G, COTTEAU
être maintenu, car nos exemplaires, de même que les figures don-
nées par M. Fraas, s’éloignent du S. petalifera par plusieurs carac-
tères essentiels, notamment par la structure des aires ambula-
craires très étroites et ne laissant la place qu'à un très petit
nombre de verrues. La taille du S. petalifera est beaucoup plus
forte et plus élevée; ses aires ambulacraires, très granuleuses au :
milieu, sont beaucoup plus larges ; ses aires interambulacraires
sont garnies de tubercules plus nombreux, séparés au milieu par
une zone miliaire plus développée, plus droite et beaucoup plus
granuleuse. Notre espèce se rapproche davantage du S$S. scutigera,
qu'on rencontre au même horizon; elle nous à paru cependant
s'en distinguer d’une manière positive par sa forme moins élevée
par ses aires ambulacraires plus resserrées, par la zone miliaire
qui sépare les tubercules interambulacraires beaucoup plus
étroite, plus sinueuse et presqu'entièrement dépourvue de ver-
rues intermédiaires, assez abondantes chez le S. scufigera; ce sont
deux types voisins, mais que nous considérons comme distincts.
LocazirÉé. — Bect Chebab (Liban). Assez commun. Étage céno-
manien.
Muséum de Paris (collection d’Orbigny) (M. Goybet). Musée de
Stuttgart (Württemberg), M. Fraas.
EXPLICATION DES FIGURES. — PI. XIII, fig. 1. S. Fraasi, vu de côté; fig. 2, face
supérieure; fig. 3, face inférieure; fig. 4, aire ambulacraire grossie; fig. 5, aire
interambulacraire grossie.
43. ECHINOBRISSUS GoyBEeTI Cotteau, 1885.
PI. XIIL, fig. 6-10.
Espèce de petite taille plus ou moins allongée, arrondie et un
peu rétrécie en avant, légèrement dilatée et tronquée en ar-
rière. Face supérieure uniformément bombée, obliquement déclive
en arrière. Face inférieure presque plane, pulvinée sur les bords,
concave au milieu, sommel ambulacraire presque central, un peu
rejeté en avant. Aires ambulacraires superficielles, pétaloïdes,
inégales, les deux aires postérieures un peu plus longues que les
autres, ouvertes, mais se rétrécissant à l'extrémité. Zones pori-
fères étroites, composées de pores inégaux, les internes arrondis,
les externes obliques et virgulaires. Tubercules fins, serrés, scro-
biculés, partout identiques, cependant un peu plus développés et
plus espacés aux approches du péristome, laissant à la face infé-
ÉCHINIDES NOUVEAUX OU PEU CONNUS 59
rieure, au milieu de l'aire interambulacraire, impaire une zone
dépourvue de tubercules, finement granuleuse et vaguement cir-
conscrite. Péristome pentagonal, granuleux sur les bords, entouré
d’un floscelle apparent, s'ouvrant dans une dépression sensible
de la face inférieure. Périprocte plus rapproché de l’appareil api-
cal que du bord postérieur, placé dans un sillon profond, arrondi
à sa partie supérieure, caréné sur les bords, s'évasant et s’atté-
nuant en se rapprochant de l’ambitus qui reste intact. Appareil
apical subcompacte ; quatre pores génitaux très visibles, les deux
antérieurs plus rapprochés que les autres; plaque madrépori-
forme allongée, pénétrant jusqu'au centre de l'appareil, mais
laissant se toucher par le côté les deux plaques ocellaires posté-
rieures.
Hauteur,'6""; diamètre antéro-postérieur, 12"®; diamètre trans-
versal, nm
RAPPORTS ET DIFFÉRENGES. — Cette petite espèce, bien qu'elle ne
présente aucun caractère saillant, nous a paru se séparer de
tous les autres Æchinobrissus; elle sera toujours reconnaissable
à sa petite taille, à sa face supérieure régulièrement bombée, dé-
clive et tronquée en arrière, à sa face inférieure concave, à la
structure de ses aires ambulacraires très nettement pétaloïdes,
à la position de son périprocte, au floscelle qui entoure le péris-
tome.
LocaLiré. — Bect Chebab (Liban). Assez commun. Étage céno-
manien.
Muséum de Paris (coll. d'Orbigny) (M. Goybet).
EXPLICATION DES FIGURES -— PI. XIIL, fig. 6, Echinob. Goybeti, vu de côté; fig. 7,
face supérieure; fig. 8, face inférieure ; fig. 9. appareil apical grossi ; fig. 10, péris-
tome grossi.
44. ECHINOCARDIUM TUBERCULATUM Gauthier, 1885.
PI. XIII, fig. 11-14.
Espèce de taille moyenne, cordiforme, fortement échancrée en
avant, acuminée en arrière. Face supérieure haute, renflée. Face
inférieure presque plane, déprimée en avant du péristome. Som-
met ambulacraire presque central. Sillon antérieur large, évasé,
renflé et subcaréné sur les bords , très profond vers l’ambitus
et se prolongeant jusqu’au péristome. Aire ambulacraire impaire
formée de pores simples très petits, logés dans des fossettes dis-
posées par paires serrées, s’espaçant un peu vers l’ambitus ;
560 G. COTTEAU
l'intérieur de l'aire ambulacraire antérieure est finement granu-
leux et dépourvu de tubercules. Aires ambulacraires paires sub-
triangulaires très acuminées, inégales, les antérieures transverses,
un peu infléchies en arrière. Les zones porifères, en dehors du
fasciole interne, sont formées de pores ovales, superficiels, très
apparents, mais en dedans du fasciole, aussi bien dans les aires
postérieures que dans les aires antérieures, elles se réduisent à
de petits pores simples, réunis deux à deux et visibles seulement
à la loupe; la zone porifère antérieure des aires ambulacraires
paires antérieures paraît un peu plus étroite que la zone posté-
rieure. Gros tubercules saillants, crénelés, perforés, à peine scro-
biculés, inégaux, assez abondants au sommet des aires interam-
bulacraires et dans la région antérieure. Petits tubercules fins,
serrés, homogènes, remplissant l’espace intermédiaire, augmen-
tant insensiblement de volume au fur el à mesure qu'ils se rap-
prochent de l’ambitus, beaucoup plus gros dans la région intra-
marginale et autour du péristome, accompagnés çà et là de petits
granules très délicats. Péristome excentrique en avant, fortement
labié. semicirculaire. Fasciole interne apparent, coupant les aires
ambulacraires paires au point, assez éloigné de l'appareil apical,
où les pores deviennent très petits.
Hauteur, 18mm; diamètre antéro-postérieur, 33"m; diamètre
transversal, 30m,
RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Cette jolie espèce nous a été com-
muniquée par M. Gauthier; bien qu’incomplète et brisée, elle
présente des caractères qui la distinguent de ses congénères,
et comme elle appartient à un genre dont toutes les espèces sont
rares et mal conservées, en raison de la fragilité de leur test, nous
avons cru devoir la décrire et la figurer. Voisine de l’Zchinocar-
dium depressum, qu'on rencontre dans la même localité et au même
niveau, elle s’en distingue par sa face supérieure plus inégale et
plus gibbeuse, par son sillon antérieur plus profond et se prolon-
geant jusqu'au péristome, par ses aires ambulacraires postérieures
moins longues, par ses gros tubercules plus abondants à la face
supérieure.
LocauiTÉ. — Cap Couronne près Martigues (Bouches-du-Rhône).
Très rare. Terrain miocène.
Collection Gauthier.
EXPLICATION DES FIGURES. — PI. XIII, fig. 11, Echinoc. tuberculatum, vu de côté ;
fig. 12, face supérieure ; fig. 13, face inférieure; fig. 14, aire ambulacraire paire
antérieure grossie.
ÉCHINIDES NOUVEAUX OU PEU CONNUS 561
OBs. — Le genre Æchinocardium inconnu dans les terrains
secondaires a commencé à se montrer à l’époque éocène où il est
rare ; nombreux dans le terrain miocène, le genre atteint son plus
grand développement à l’époque actuelle. La plupart des espèces
fossiles ne sont connues que par des exemplaires fort rares dans
les collections, souvent uniques et incomplets ; nous avons pensé
qu'il serait intéressant de donner l’énumération de ces espèces,
avec une courte diagnose et en l’accompagnant de l'indication du
gisement. Les espèces actuellement connues sont au nombre de
dix.
Espèces éocènes.
ECHINOGARDIUM SUBCENTRALE (Agassiz) Desor, 1858. Cette espèce,
dont il existe un seul exemplaire très incomplet, se distingue de
ses congénères par sa grande taille, par sa forme allongée, par
son péristome rapproché du centre. — Saint-Palais (Charente-
Inférieure). Exemplaire unique. Coll. d’Archiac.
ECHINOCARDIUM NUMMULITICUM Peron et Gauthier, 1885. Par sa
forme étroite relativement, par la longueur de ses aires ambula-
craires paires et leurs dimensions égales, par la position excen-
trique en avant de son appareil apical, cette espèce s'éloigne des
autres Zchinocardium; V'Echinocardium dont elle se rapproche le
plus est une espèce vivante, l’Ech. mediterraneum. — Kef Iroud
(département d'Alger). Exemplaire unique. Collection Gauthier
(M. le Mesle).
ECHINOGARDIUM DUBIUM Peron et Gautier, 1885. Bien que très
incomplète, cette espèce est caractérisée par sa forme arrondie,
peu élevée, rétrécie et tronquée en arrière, par sa face inférieure
munie, à l'extrémité du plastron, d’une protubérance saillante au-
dessus de laquelle commence l’aréa anale, par ses aires ambula-
craires longues, lancéolées, terminées en pointe, par son péris-
tome muni d'une lèvre aiguë et proéminente, par son périprocte
transverse ; elle paraît avoir quelque analogie avec l’Echinocar-
dium Peroni Cotteau, mais elle s’en distingue facilement par la
position de son péristome, par son périprocte transverse, par sa
face postérieure inclinée en sens contraire. — Kef Iroud (dépar-
tement d'Alger). Très rare. Coll. Gauthier.
36
562 G. COTTEAU
Espèces miocènes et pliocènes.
ECHINOCARDIUM DEPRESSUM Agassiz, 1840. Espèce courte, peu éle-
vée, déprimée en dessus, acuminée en arrière, plane en dessous.
Sommet ambulacraire excentrique en avant. Sillon peu apparent
au sommet, émarginant sensiblement l’ambitus, nul à sa face in-
férieure. Aires ambulacraires paires subtriangulaires, déprimées.
Quelques gros tubercules au sommet des aires interambulacraires.
Péristome excentrique en avant. Périprocte subcirculaire, trans-
verse. Cap Couronne près Martigues (Bouches-du-Rhône). Rare.
Collection de l’École des Mines, ma collection.
ECHINOCARDIUM SARTORI Agassiz, 1850. Espèce de taille assez
forte, oblongue, subcordiforme, émarginée en avant, proéminente
et subtronquée en arrière, plane en dessous, à l'exception de l'aire
interambulacraire postérieure qui est très saillante et terminée
en pointe. Sommet ambulacraire excentrique en arrière. Sillon
antérieur étroit, profond, entamant l’ambitus, presque nul en
dessous. Aires ambulacraires paires étroites, excavées, flexueuses,
ayant l'aspect des ambulacres de Brissopsis. Périprocte s’ouvrant
au sommet de la face postérieure. Fasciole interne très peu
large. — Tertiaire de Palerme. Exemplaire unique. Collection du
marquis de Northampton.
Ecanocarpium Desket Desor, 1858. Espèce de taille moyenne,
peu élevée, gibbeuse en dessus, plane en dessous, renflée sur le
plastron. Sommet excentrique en arrière. Sillon antérieur large,
profondément excavé, entamant fortement l’ambitus. Aires ambu-
lacraires peu distinctes, déprimées. Péristome relativement rap-
proché du bord antérieur. Périprocte au sommet de la face posté-
rieure. — Stocken, près Saint-Gall. Miocène. Très rare. Musée de
Zurich.
ECHINOCARDIUM VIRGINIANUM (Forbes) Desor. Nous ne connais-
sons pas cette espèce qui, d'après Desor, est voisine de l’Xchinoc.
cordatum, mais plus allongée. — Petersburgh (Alebama). Rare.
Coll. Lyell.
ECGHINOGARDIUM INTERMEDIUM L6Czy, 1877. Espèce de petite taille,
allongée, arrondie et émarginée en avant, obliquement tronquée
ÉCHINIDES NOUVEAUX OU PEU CONNUS 563
et subacuminée en arrière, plane en dessous, renflée sur le plas-
tron interambulacraire. Sommet excentrique en avant. Sillon
antérieur profond, caréné et noduleux sur les bords. Aires am-
bulacraires excavées. Tubercules inégaux. Péristome subcircu-
laire, situé au sommet de la face postérieure avec fasciole sous-
anal. — Felmenès, Bia (Hongrie). Très rare. Coll. Lôczy.
EcHINOCARDIUM PERONI Cotteau, 1877. Espèce de petite taille,
échancrée et un peu arrondie en avant, acuminée en arrière,
renflée en dessus, plane en dessous, à l’exception du plastron qui
forme une saillie anguleuse. Sommet subcentral. Sillon anté-
rieur presque nul à la face supérieure, un peu plus accusé vers
l'ambitus. Péristome très éloigné du bord. Périprocte assez grand,
ovale dans le sens du diamètre antéro-postérieur , placé au
sommet de la face postérieure. — Santa-Manza (Corse). Assez
abondant. Coll. Peron, ma collection.
ÉCHINOCARDIUM CORDATUM (Leske) Desor, 1858. Suivant Forbes
et Desor, l’Echinocardium qu'on rencontre, muni des ses radioles,
dans le Crag cristallin d'Angleterre, remarquable par sa forme
allongée, subanguleuse, élevée en arrière, déprimée et déclive
en avant, par son sillon antérieur très accusé, ne saurait être
séparé de l’Echinoc. cordatum, espèce vivante si abondante sur les
côtes de l'Europe. — Crag cristallin d'Angleterre. Rare.
45. PsAMMECHINUS GAUTHIERI Cotteau, 1885.
PLXIM He. 10-27:
Espèce de taille moyenne, haute, renflée, subhémisphérique,
arrondie sur les bords, légèrement pulvinée, presque plane en
dessous. Zones porifères droites, à fleur de test, formées de pores
petits, rapprochés les uns des autres, disposés par triples paires
très obliques, ne paraissant pas se multiplier autour du péris-
tome. Aires ambulacraires étroites près du sommet, s’élargissant
un peu vers l’ambitus, garnies de deux rangées de petits tuber-
cules saillants, non crénelés ni perforés, médiocrement mame-
lonnés, homogènes, placés très près des zones porifères, au
nombre de vingt ou vingt-quatre par série, suivant la taille des
individus. Deux autres rangées de tubercules moins développés,
mais régulières, se montrent entre les séries principales et dis-
564 G. COTTEAU
paraissent avant d'arriver au sommet. L'espace intermédiaire est
occupé par de petits granules qui tendent à se grouper en cercle
ou demi-cercle autour des tubercules. Aires interambulacraires
pourvues de petits tubercules de même taille et de même nature
que ceux quiexistent sur les aires ambulacraires, un peu plus
gros, cependant, et sensiblement plus espacés. Tubercules secon-
daires très abondants, formant, vers la base et au-dessus de l’am-
bitus, soit du côté externe des rangées principales, soit au milieu,
plusieurs rangées inégales, irrégulières, interrompues ; deux seu-
lement, placées assez près des zones porifères, s'élèvent à la face
supérieure, diminuent de volume et ne disparaissent qu'à peu de
distance du sommet. Granules intermédiaires abondants, inégaux,
quelquefois mamelonnés, épars et tendant à se confondre avec
les plus petits des tubercules secondaires. Péristome petit, sub-
circulaire, un peu déprimé( marqué de très légères entailles.
Hauteur, 190n ; diamètre transversal, 26",
Individu plus jeune : hauteur, 16"%; diamètre transversal, 21",
RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Cette espèce nous a paru se dis-
tinguer de tous les Psammechinus ; elle sera toujours reconnais-
sable à sa forme élevée, hémisphérique, à ses tubercules ambula-
craires nombreux, serrés, homogènes, placés sur le bord des zones
porifères et formant contraste avec les tubercules un peu plus
gros et plus espacés des aires interambulacraires. Elle ne saurait
être confondue avec le Ps. Serresii qui est beaucoup plus tuber-
culeux. L'espèce se rapproche peut-être davantage du Ps. dubius
Agassiz, de la mollasse de Suisse; elle en diffère par sa forme
beaucoup plus haute, par ses tubercules ambulacraires plus ser-
rés et plus homogènes.
LocacTé. — Étang-de-Lavalduc (Bouches-du-Rhône). Rare.
Terrain miocène. Collection Gauthier.
EXPLICATION DES FIGURES. — PI. XIII. fig. 15, Psamm. Gauthieri, vu de côté;
fig. 16, portion de l'aire ambulacraire prise au-dessus de l'ambitus, grossie ;
fig. 17, plaque interambulacraire grossie.
NOMME
SUR LES AMOURS, LA PONTE ET LE DÉVELOPPEMENT
DU DISCOGLOSSE
(DISCOGLOSSUS PICTUS Orru)
SUIVIE
DE QUELQUES REMARQUES SUR LA CLASSIFICATION DES ANOURES
Par HÉRON-ROYER
Le Discoglosse a longtemps stimulé la sagacité des herpétolo-
gues, pour trouver la place que devait occuper cet Anoure dans
la série des Batraciens. Sa forme élégante, qui rappelle celle des
Grenouilles, fut une des causes de l’indécision. Durant ce temps
(4777 à 1879), on ne s’intéressa point à en connaître l'œuf et son
développement comparativement à celui des Grenouilles; en sorte
que, pour atteindre le but désiré, on commença par la fin en
oubliant le commencement.
Ce n’est qu’en 1879, dans un travail de discussion, toujours
pour en revenir à la place que doit occuper cette espèce, que
M. Lataste (1) vint donner quelques indications sur la ponte et la
larve des Batraciens. Mais ces observations très incomplètes,
comme du reste le reconnaît l’auteur, laissent de nombreux vides
à remplir.
Dès 1880, j'étais déjà familiarisé avec le Discoglosse. En 1882,
je recevais d’un de nos collègues d'Algérie, le D° Hagenmüller,
un flacon contenant une trentaine de têtards vivants, que j'eus la
satisfaction de voir arriver à l’état parfait, mais l'extrême peti-
(1) Actes de la Soc. linn. de Bordeaux, XXXIII, p. 275-334.
566 HÉRON-ROYER
tesse de ces jeunes m'occasionna bien des difficultés pour les
élever; bon nombre d’entre eux moururent faute d’une alimen-
tation en rapport avec leur petile taille. Enfin, vers la troisième
année, il ne me restait plus qu’un seul de ces animaux, ayant
alors la grosseur d’une Grenouille rousse.
J'ai pu constater ainsi, durant cette observation, que des jeunes
provenant d'Espagne, élevés dans les mêmes conditions, furent
dépassés d’un quart au moins de leur taille par mes élèves algé-
riens. Ce fait, relativement intéressant, permet de supposer que
nous serions en présence, non pas de deux espèces, mais de deux
races différentes.
Mon but n’est point d'étudier aujourd'hui cette question : j'at-
tendrai pour cela d'obtenir d'Espagne des animaux en rut et en
état de reproduire, l'embryologie élant le plus sûr chemin pour
nous éclairer. Je reviens donc à mon sujet.
En février et mars de cette année (1885), notre collègue M. E.
Chevreux me fit parvenir des environs d’Alger un certain nombre
de Discoglosses d et &, ainsi que de nombreux têtards vivants.
Grâce à son obligeance, j'ai pu reprendre mes observations sur
cet Anoure.
Dès que mes nouveaux pensionnaires furent un peu habitués à
la captivité, je les mis en plein air dans un aquarium de forme
allongée et d’une contenance de 4ÿ litres. A l’une des extrémités
fut installé un compartiment, ne s'élevant que de deux centimètres
au-dessus du niveau de l’eau; il fut comblé en partie avec de la
terre, des briques creuses et de la mousse fraîche; puis, quelques
bottes d'herbes en pleine végétation donnaient à mon îlot un
semblant de vérité. Une brique, proche de la vitre à l’autre extré-
milté de l'aquarium, formait deux cases ouvertes sur le côté,
ayant accès sur le centre; dans l’eau, quelques plantes aqua-
tiques : Zlodea canadensis et Ceratophillum submersum, complétaient
tout l'aménagement.
C’est ainsi qu'au travers des glaces de l'aquarium j'ai pu obser-
ver les débats de ces curieux Batraciens.
Vers la fin de mai, j'entendis pour la première fois le chant de
noce du Discoglosse; Je supposais qu’une des femelles était dis-
posée à pondré, mais il n’en fut rien. Un mâle seul en rut saisis-
sait les femelles au passage, mais celles-ci s'échappaient promp-
tement en jetant un cri assez semblable à celui d’un archet de
violon que l’on passe sur la colophane. Le mâle roulait un chant
en crécelle souvent interrompu, assez semblable au bruit d'un
AMOURS, PONTE ET DÉVELOPPEMENT DU DISCOGLOSSE 567
rouet; d’autres fois, ce bruit imitait le va-et-vient d’une lime sur
une pièce de serrurerie que l’ouvrier termine et, toujours, avec
de très fréquentes interruptions.
Ce chant, que l'on peut exprimer ainsi : ra-a, ra-a, ra-@, ra-a,
par une note haute alternativement suivie d’une note un peu plus
basse, est répété sept ou huit fois assez vite sans interruption ;
puis, après une pause, le chant recommence plus ou moins élevé,
suivant l'impression du moment.
Ces intonations laissent percevoir une sorte de langage qui
exprime assez bien la volonté de l'animal. Ainsi, lorsqu'il voit
la femelle, il s’avance en roulant des sons plus vifs et mieux
sentis, mais dès qu’il a pu la saisir tout chant a cessé.
Ce chant d'amour n’est point bruyant comme celui de la Gre-
nouille verte (Rana esculenta), cependant dans la nuit on peut
l'entendre d’assez loin ; comme celui du Sonneur igné, de l’Alyte
accoucheur et des Pélobatidés, il est ventriloque. Ainsi, au début,
j'ai attribué pendant quelques jours ces chants au bruit d’un tour
que possède un de mes voisins, dont une fenêtre donne sur la
cour où était placé mon aquarium. Je me faisais la réflexion que ce
bruit n’était pas agréable la nuit et je medemandais ce que signi-
fait ce travail prolongé si tard, quand, en ouvrant ma fenêtre pour
écouter, je m’aperçus que ce bruit était produit par mes Disco-
glosses. C’est alors que mon attention fut éveillée; dès le lende-
main, au coucher du soleil, je cherchai par toutes sortes de
moyens d'imiter le chant de ces Anoures pour les faire chanter à
mon gré, j'y réussis en grattant avec les ongles le fond d’une cas-
serole, mais ce qui réussit le mieux, ce fut un jouet d'enfant
que l’on nomme crécelle-double et qui se fabrique en fer blanc.
Avec ce jouet, je suis arrivé, en excitant mes animaux, à bien
saisir les modulations de leur chant.
Le Discoglosse à passé pour être muet. M. Lataste partageait
cette croyance et dit, page 93 de son mémoire : « Le Disco-
» glosse ne semble pas avoir de chant d'amour, et ce mutisme
» viendrait à l'appui de d’autres caractères plus importants pour
» établir sen infériorité en les rapprochant des Urodèles. » Puis,
en tournant la page, on lit : « Puisque cette espèce mange et se
» reproduit en captivité, il me paraît vraisemblable qu'elle ne se
» livrerait pas silencieusement à l’acte reproducteur, si elle pos-
» sédait un chant de noce. » Au bas de la même page, on trouve
en note: « Le 8 avril 1879, en examinant, sans les toucher,
» dans un cristallisoir où je les avais réunis, six beaux Disco-
568 HÉRON-ROYER
» glosses mâles que je venais de recevoir de M. Maupas, sous-
» bibliothécaire et archiviste de la ville d'Alger, je les entendis
» émettre un son très faible (on ne l’entendrait pas à trois mètres
» de distance, même dans le silence de Ia nuit), qui rappelle,
» quoique un peu plus fondu et moins aigu, le bruit que produi-
» sent certains Longicornes en frottant l’une contre l’autre deux
» pièces de leur tégument. »
Le son très faible, que signale l’auteur susdit, ue peut être que
celui qu'émettent quelquefois ces animaux lorsqu'ils sont gênés
l'un par l’autre, comme cela est assez fréquent chez les Æyla et
chez les Pelobates, de jeter une plainte lorsqu'un des leurs, en
voulant se déplacer, vient à.leur monter dessus.
Les sacs vocaux sont tout à fait rudimentaires chez le Disco-
glosse ; ces rudiments sont situés sous la gorge, au bas des com-
missures de la bouche, à peu près dans la même disposition que
ceux des Grenouilles rousses; ils sont très apparents par leur
coloration bistrée, cependant je n'ai pu trouver d’orifice corres-
pondant avec l’intérieur de la bouche. Sur l'animal vivant, lors-
que mes bêtes étaient en plein rut, j'ai vu, au travers des glaces
de l'aquarium, le dessous du menton se gonfler alternativement
en suivant le gonflement des flancs, et les mouvements de la
gorge correspondre exactement à l'émission rhythmique du
chant.
L'ouverture du larynx est relativement petite; elle rappelle par
sa forme celle des femelles de Raineltes et Grenouilles, aussi,
les notes qui s’en échappent aux eflorts des mâles, ne sont-elles
point aussi bruyantes que celles que font entendre les mâles de ces
dernières. Il n’est donc pas surprenant que la voix du Discoglosse
n'ait point été remarquée au milieu des concerts assourdissants que
la plupart de Batraciens anoures nous offrent gratuitement durant
les belles soirées du printemps. Ainsi, par exemple, si le Pélodyte
ponctué, fort commun en France, dont le chant rappelle celui que
rend le craquement d’un soulier, ne se faisait point entendre de
jour comme de nuit, il est probable, également, que ce chant serait
resté ignoré ; mais aux premiers beaux jours, on ne peut faire un
pas près des endroits habités par ce petit Anoure, sans entendre
son Crain-Crain monotone, surtout le malin, quand les races
bavardes sont en plein calme.
On sait que le larynx des Anoures débouche dans le tube pha-
ryngien et qu'il n'existe pas de trachée proprement dite chez
ces animaux. Deux pièces carlilagineuses adaptées à la fente vo-
V
AMOURS, PONTE ET DÉVELOPPEMENT DU DISCOGLOSSE 569
cale et suspendues sous celles-ci, servent à moduler les sons.
Comme nous l’avons déjà décrit et représenté pour d’autres espè-
ces, cet appareil présente quelquefois des variations importan-
tes d’un genre à l’autre et même parmi les espèces d’un même
genre(l).Si nous prenons comme exemple nos deux Rainettes,nous
verrons chez Æyla arborea cet organe en rapport avec celui de
Pelobates cultripes, tandis que chez Æyla barytonus, nous trouve-
rons qu'il se rapproche de celui de Rana esculenta.
Ces pièces anatomiques présentent, comme on le voit, un certain
intérêt dans la description des espèces. Chez le Discoglosse, elles
ont une disposition tout à fait spéciale, comparativement aux es-
pèces citées : elles sont moins compliquées, en ce sens qu’elles
sont privées de brides cartilagineuses ; leur convexité très pro-
noncée leur donne une figure de coquillage. Les deux pièces,
étant disposées face à face, répercutent le son et en augmentent la
puissance : sorte de caisse de résonance venant suppléer à
l’état rudimentaire des sacs vocaux.
Puisque je parle de l'anatomie du Discoglosse, qu'on me per-
mette encore quelques mots de description sur d’autres organes
pouvant avoir quelqu'influence sur la phonation.
La place occupée par les poumons m'a paru très exiguë, aussi
ai-je trouvé ces organes plus petits que ceux des Rainettes et des
Grenouilles ; malgré leur souplesse et celle des muscles abdomi-
naux, ils ne peuvent se gonfler beaucoup, tant le ventre est rem-
pli par les autres viscères.
De tous les Batraciens anoures d'Europe, le Discoglosse est
celui dont les organes génitaux sont leplus volumineux. Les tesli-
cules sont de la grosseur d’une petite noisette; ils sont lisses
et de forme conique-ovalaire, la pointe tournée en bas; leur
couleur est blanc d'ivoire; ils sont légèrement rayés de fins
filets roses courant de haut en bas, en s’inclinant faiblement en
spirale. Les appendices graisseux qui les surmontent sont consi-
dérablement développés ; la couleur en est rose-chair très claire.
Les reins sont longs et étroits et d’une coloration violacée. Tous
ces organes réunis composent la moitié au moins du contenu de
l'abdomen. L’estomac et le foie étant toujours très volumineux, on
conçoit quelles difficultés éprouvent les poumons pour se dilater
à leur aise à l’époque du rut.
(1) Note sur une forme nouvelle de Rainette pour la faune française. Bulletin de
la Soc. zool. de France, IX, 1884, planche IX.
570 HÉRON-ROYER
Le Discoglosse mâle se distingue encore des autres Anoures
en ce qu'il possède à la main un très fort tubercule, qui n’est
autre qu'un cinquième doigt parfaitement libre et articulé;
sa phalangine est cunéiforme, large et plus épaisse en avant qu’à
l'articulation, son métacarpien est également large, court et
épais. Sur des animaux un peu àgés, on trouve aussi, en avantet
en haut de ce cinquième doigt, une très petite phalagette. Le
doigt suivant, que l’on nomme à tort le pouce, est épais et sur-
tout très large, sa longueur est équivalente à deux des autres
doigts (PI. XIV, fig. 13). La particularité, cependant très notable, de
cet épaississement osseux chez le mâle, n'est point signalée par
l’auteur de l’Étude sur le Discoglosse ; au contraire, dans la plan-
che V où le squelette est représenté, la main du mâle montre ses
quatre doigts d'égale grosseur et le cinquième, qu'il nomme tu-
bercule palmaire principal, semble être fixé à la base du méta-
carpien du pouce. Sur tous mes squelettes, il est sensiblement
plus bas que cet os; de plus, il est indépendant, puisqu'il pos-
sède son métacarpien. Sur la même planche, au squelette de la
femelle la main ne montre que quatre doigts, le cinquième est
oublié.
A cette occasion, je ferai remarquer que, chez la femelle, les os
du pouce sont semblables à ceux des autres doigts ; le cinquième
est très petit, mais il est isolé et non adossé au pouce, comme cela
s'observe chez les Grenouilles.
Enfin, le bras du mâle est robuste ; la main est épaisse et
courte.Trois des doigts présentent des plaques rugueuses, brunes,
nommées communément brosses copulatrices : elles recouvrent
le cinquième doigt dit tubercule, et la face supérieure et interne
du pouce; le doigt suivant n’en possède qu’à la face interne.
Ces insignes de l'adulte subsistent toute l’année, chez les
autres Anoures ils disparaissent peu de temps après l’accouple-
ment.
Le pied possède un sixième doigt, petit et saillant qui s'éloigne
sensiblement de la forme ramassée du tubercule métartasien des
Grenouilles et des Pélobales : sur le squelette, on remarque le
scaphoïde à peu près semblable à celui des Grenouilles, mais le
deuxième cunéiforme est considérablement plus développé et a
l'apparence d’une phalange ; le premier cunéiforme, au lieu d’a-
voir la figure d’un coin, a la forme d’une phalangetle, mais bien
plus obtus que celles des autres orteils. Ce perfectionnement est
AMOURS, PONTE ET DÉVELOPPEMENT DU DISCOGLOSSE 571
dû, peut-être, à l'absence du cuboïde, qui manque totalement
chez cette espèce (1) (fig. 14).
Vers le 10 juillet, ayant renouvelé l’eau de l’aquarium, un des
Discoglosses se fit entendre, très médiocrement d’abord, puis
chaque soir j'ai constaté une augmentation d'énergie dans son
chant; les autres restèrent muets et indifférents.
Une femelle de moyenne taille était en rut, notre mâle cher-
chait à l’approcher, mais la femelle méprisait son appelet fuyait
plus loin, ou sortait promptement de l’eau pour se cacher.
Le deuxième jour, elle revint définitivement à l’eau, en ayant
soin de se blottir entre l’îlot et la glace de l’aquarium, de telle
sorte que notre amoureux ne pouvait la saisir ; il se contentait
durant le jour de s'approcher d'elle le plus possible.
Tous deux côte à côte, la tête relevée, ne laissaient dépasser
du niveau de l’eau que le bout de leur museau jusqu’au dessous
des narines. Ils restaient ainsi apparemment calmes et rêveurs,
attendant le crépuscule pour reprendre plus discrètement la con-
versation de la veille.
Le 16 juillet, dès que le soleil eut quitté l'horizon, nos deux
amants abandonnèrent leur cachette comme les jours précédents,
puis le mâle essaya quelques faibles notes, comme le musicien
qui accorde son instrument en attendant l'heure du concert.
Le ra-a, ra-a, de la sérénade est commencé, notre chanteur se
retourne bravement vers l’ingénue et roule ses notes alternatives,
en s’approchant de plus en plus pour la saisir ; la femelle, alors,
s’efface et plonge, le mâle sans se déconcerter nage vers un
obstacle, s’y arrête et, toujours le museau hors de l’eau, recom-
mence de plus belle à faire entendre sa chanson.
La femelle impressionnée revient vers lui, quelques instants
se passent, puis prestement le mâle se retourne, la saisit à bras
le corps. Une lutte s'engage et tous deux roulent sur le fond;
mais la femelle, dont la peau tendue et glissante ne laisse pas
prise à l’importun, se dégage. Les combattants séparés, le mâle
reprend ses notes roulantes, comme si tout était resté à son hon-
neur. De son côté, la femelle reprend son calme, puis peu à peu
vient se placer de nouveau près du galant, qui derechef l’appré-
hende tant bien que mal, sous les bras, au milieu du corps, lut-
(1) Pour les recherches sur l’ostéologie du Discoglosse, il est bon de ne se servir
que de gros sujets, âgés autant que possible ; chez les jeunes, les os conservent
l'aspect cartilagineux, et l’ossification ne prend la couleur blanche que très tardi-
vement.
D]
572 HÉRON-ROYER
tant avec énergie pour trouver la position normale de l’accouple-
ment. La femelle glisse dans ses bras, se retourne, les voilà
ventre à ventre se roulant sur le dos comme deux ennemis sur le
terrain. La lutte est longue, la femelle pousse des bras et des
jambes, en s’arc-boutant sur la poitrine et sur les cuisses du
mâle, pour se dégager de l’étreinte; elle y réussit encore, et le
malheureux délaissé gesticule sur place, pris subitement d’une
crise nerveuse, qui atteint plus particulièrement les parties lom-
baires et pelviennes. En voyant ces mouvements involontaires,
on dirait un automate dansant sur place par petits sauts d’avant
en arrière, puis envoyant par intervalles des ruades fébriles et
répétées.
Remis de cette indisposition nerveuse, notre Discoglosse re-
prend sa place derrière la brique, et toujours le bout du museau
émergeant à la surface de l’eau, recommence son chant en cré-
celle, roulant ses notes avec ardeur, pour amener la femelle à
ses fins.
Une troisième lutte s'engage, puis une quatrième. Vaincue, la
femelle accepte une étreinte furtive; le mâle la tient au défaut
des lombes, la gorge appuyée sur son dos. Un, deux, trois œufs
tombent du cloaque et notre mâle reste coi; sa compagne a déjà
fui près d’un obstacle, elle s’y dérobe de son mieux et écoute de
nouveau les chants doux et roulants de son conjoint.
Cette mimique dure des heures entières, et ce n’est que
dans le cours de la nuit que ces Batraciens continuent à dépo-
ser leurs œufs d’une façon beaucoup plus calme, la femelle ayant
accepté l'accouplement.
Les œufs furent déposés un à un sur le fond de l'aquarium et
s’y fixèrent très solidement sans adhérer l’un à l’autre. Par me-
sure de sécurité, la femelle effectua sa ponte dans un coin, en-
tre la brique et la paroi vitrée recevant le plus de lumière. Ces
œufs, rangés côte à côte, formaient un tapis d'environ 7 à
8 centimètres carrés de superficie; la place qu'ils occupaient
était rectangulaire, ils étaient placés en lignes serrées, comme
un semis de perles qu'on eut rangé là méthodiquement, sans
la moindre superposition.
Le lendemain soir à pareille heure, les mêmes chants, les
mêmes combats, puis les mêmes étreintes recommencèrent; dans
la nuit, une quantité d'œufs moitié moindre fut déposée à côté de
ceux de la veille, dans le même ordre, une partie sur la bri-
que, l’autre sur le fond.
AMOURS, PONTE ET DÉVELOPPEMENT DU DISCOGLOSSE D73
Le surlendemain 18 juillet, mêmes ébats, mais cette fois c'était
la fin ; une centaine d'œufs seulement furent pondus, et depuis
ce jour, notre Discoglosse garda le silence.
Les œufs émanant des étreintes mal consenties restèrent épars
et flottants, quelques uns se fixèrent aux végétaux, mais presque
tous, ayant été ballotés de droite et de gauche durant les querelles
du ménage demeurèrent stériles.
L'adhérence de l'œuf à un objet quelconque est un fait naturel
et caractéristique chez tous les Batraciens dont la ponte a lieu
dans l’eau, et le Discoglosse ne fait point exception à la règle.
Sur ce point je me trouve en contradiction avec l’auteur de
l'Étude sur le Discoglosse , lorsqu'il dit, page 292 : « Depuis
» quelques jours j'apercevais quelque chose que je prenais pour
» des saletés dans le cristallisoir mis à la dis osition de mes Dis-
» coglosses d'Algérie. Regardant de plus près aujourd’hui, je
» constate que ces salelés ne sont autre chose que des œufs, plus
» denses que l'eau, et occupant le fond du vase. Ils sont, soit en-
» tièrement isolés les uns des autres, soit agglomérés en petits
» paquets, mais, dans ce Cas, si peu adhérents entre eux qu’il
» suffit d’agiter l’eau pour les désagréger (c'est ainsi que se com-
» portent les œufs de Bombinator, et c’est ainsi qu'ils sont pon-
» dus). L'enveloppe mucilagineuse est peu abondante et les œufs
» sont très petits. »
Or, croyant ces œufs peu adhérents, j'ai voulu en transporter
une partie dans des vases spécialement disposés pour l’éclosion,
mais ils étaient si solidement fixés, que je dus renoncer à les dé-
tacher avec les doigts. Pour y réussir sans commettre trop de
dégats, je me servis d’une lame de verre qui fit l'office d’un ra-
cloir ; cependant cette manipulation fût funeste a un grand nom-
bre d’entre eux.
Il est dès maintenant facile de comprendre que l’auteur de
l'article précité était placé dans de mauvaises conditions pour
ces observations tant soit peu minutieuses : un cristallisoir en-
touré de terre et de mousse devenait un vase opaque, de plus,
les animaux ne pouvaient y entrer sans y accumuler des parcel-
les de terre et de mousse. Les Discoglosses en pondant sur ce
fond vaseux ne pouvaient y fixer leurs œufs, car ceux-ci en sor-
tant du cloaque se couvraient des saletés du fond et perdaient
ainsi toute adhérence.
Quant au Bombinator igneus, j'ai déjà expliqué dans un autre
574 HÉRON-ROYER
mémoire (1) que l’assertion précédente, accréditée par plusieurs
auteurs et empruntée à Rœæsel (2), était complètement fausse, et
que cet animal fixait ses œufs aux végétaux.
L'œuf frais pondu du Discoglosse est protégé par une faible
couche muqueuse, qui se gonfle promptement et acquiert en
quelques heures d’un à deux millimètres d'épaisseur. Le vitellus
n'excède pas un millimètre de diamètre ; l'hémisphère supérieur
est brun-noir, l’inférieur est blanc; à la ceinture équatoriale, le
mélange des deux teintes présente une succession de teintes
allant du brun au gris-roux et du gris-roux au blanc.
L'hémisphère supérieur présente vers son pôle une dépression
très manifeste, qui envahit le tiers de son étendue. Au centre de
cet enfoncement est une tache foncée, au milieu de laquelle se voit
une petite fente plus ou moins large suivant l’âge de l'œuf, et
qui représente l’orifice du canal de von Baer.
Six heures environ après la ponte, on aperçoit entre l'œuf et
la couche muqueuse le soulèvement d’une membrane transparente
(la capsule interne), elle se détache de l'œuf par un faible espace
dans tout son parcours du pôle inférieur au pôle supérieur, mais
ici, en face de la dépression signalée plus haut, elle se gonfle et
présente par conséquent un renflement opposé à celle-ci; ce
gonflement partiel de la capsule interne est tellement apparent
qu’il ne peut échapper à l’observateur. Ce phénomène qu'on pour-
rait croire accidentel est commun à tous les œufs de ce Batra-
cien, j'ai pu l'observer sur les trois pontes (fig. 1).
Vers le soir, cette dépression en cupule est un peu réduite et le
lendemain matin elle a disparu, mais la partie renflée de la cap-
sule est encore très visible. La couleur brune de l'hémisphère
supérieur a envahi l'hémisphère pâle, et l'œuf a revêtu une teinte
brune légèrement roussâtre, avec de nombreuses petites mar-
brures plus ou moins foncées. Au pôle supérieur, on remarque
une petite éminence sphéroïdale (fig. 2), à l'inférieur l'anus de
Rusconi est très large. La capsule interne a modifié ses contours
en prenant la forme ovoïde.
Quelques heures plus tard, le sillon dorsal est très apparent;
il est limité par les bourrelets médullaires qui s’élargissent
de bas en haut en englobant le faîte de l'œuf avec la petite émi-
(1) Note sur l'hybridation des Batraciens anoures, etc. Bulletin de la Soc. zool.
de France, XIII, 1883.
(2) Ræsel, Historia Ranarum nostratium, Nuremberg. 1752.
AMOURS, PONTE ET DÉVELOPPEMENT DU DISCOGLOSSE 575
nence qui représente ici l'indice de la plaque céphalique (fig. 3).
Vers cinq heures du soir, une deuxième enveloppe apparaît à
l'incurvation du croissant céphalique : cette enveloppe ou cap-
sule, que je nommerai chorion, est d’un blanc brillant, d'aspect
feuilleté et ondulé, effet produit assurément par de petites bosse-
lures, mais il n'a pas l'ampleur de l'enveloppe précédente, en
sorte que l'embryon ne peut s’y mouvoir (fig. 4).
Durant la nuit, le petit animal à progressé ; son chorion devenu
trop étroit se déchire et reste suspendu à la fossette sous-buccale,
sans que ces débris paraissent l'embarrasser dans les mouve-
ments de rotation qu'il exécute dans la capsule interne. Pendant
ce même temps, la plaque céphalique s’est modifiée, l’éminence
indiquée plus haut s’est affaissée d’arrière en avant et présente
un prolongement en gouttière : c’est la plaque buccale. A son
extrémité, une fente ondulée représente la fossette sous-buccale :
c’est ici que sont appendus les débris du chorion, ils y restent
ainsi maintenus par la matière visqueuse que secrète cette ouver-
ture (fig. 5).
Le troisième jour après la ponte, vers midi, l'embryon crève
sa capsule et abandonne les enveloppes muqueuses. A cet âge,
sa longueur est de trois millimètres, le corps est comprimé laté-
ralement et son épaisseur ne dépasse pas trois quarts de milli-
mètre; sa hauteur transversale est d’un millimètre et demi.
L'appendice caudal équivaut au cinquième de la longueur totale
du sujet. Ces petites larves adhèrent aux parois du vase, des
mouvements de latéralité indiquent qu’ils sont viables ; de temps
en temps, ils se laissent choir au fond et se couchent sur le flanc,
puis ils remontent vers la surface et reviennent se fixer soit aux
parois du vase, soit aux végétaux.
Dans le mémoire de M. Lataste, page 297, on lit ceci : «28 mars.
» — Les œufs sont éclos, je trouve les têtards adhérents aux pa-
» rois du vase, plusieurs près de la surface, et cependant ils sont
» encore aussi informes que possible. Un ventre, une grosse
» tête à quatre tubercules, et pas de queue. Ce n’est évidemment
» qu'à l’aide de revêtement vibratile qu'ils ont pu progresser
» ainsi. »
Que doit-on penser de ce passage si différent de ce que nous
venons de voir? À mon avis, c’est que l’auteur n’a rien vu; puis-
que la larve ne quitte point l'œuf sans posséder un prolongement
caudal, la tête a bien des tubercules, comme du reste cela est le
cas chez tous les embryons, mais la petite larve n’a rien de bien
576 HÉRON-ROYER
matériel; je ne puis m'imaginer comment l’auteur a pu établir
cette description.
Ce qui frappe chez la jeune larve, c’est la figure prolongée en
forme de museau de la plaque buccale, qui se termine brusque-
ment comme le groin du Porc. Cet intéressant boutoir présente
une succession de changements qu’il serait trop long de décrire;
les figures 6, 7, 8, 9 suffisent pour en saisir les modifications.
Les figures 6, 7 et 8 montrent les changements survenus de midi à
six heures du soir, la figure 9, ayant la nuit de plus que la
figure 8, soit douze heures, représente une larve âgée de quatre
jours. On voit les branchies externes tout à fait dégagées des
opercules, et une bouche transversale ayant remplacé l’enfonce-
ment en gouttière ; le boutoir, avec sa face colorée en brun-noir,
ressort nettement sur la teinte gris-feutre du corps. On remarque
aussi que l’ouverture médiane du boutoir est fermée par une
languette terminée en pointe, et que, de chaque côté, un coussi-
net complète la fermeture de cette fossette triangulaire, organe
correspondant aux crochets de Rusconi.
Le lendemain (5° jour, 21 juillet), des modifications très notables
se sont produites : la tête a progressé dans toute son étendue; la
bouche plus large montre deux grosses lèvres saillantes, sur les-
quelles se dessine la place que doit occuper les lames pectinées ;
du museau, il ne reste plus que le boutoir qui semble s'être
abaissé au dessous de la bouche; les opercules recouvrent main-
tenant les branchies de plus de moitié; l'abdomen s’est raccourci
et la queue s’est sensiblement allongée (fig. 10).
Vers le soir, on remarque qu'il ne reste guère que la face du
boutoir; la bouche est moins arquée, mais les lèvres sont plus
épaisses et plus larges, on y voil apparaître les dents en peignes;
entre celles-ci on aperçoit les pièces du bec corné (1) (fig. 11).
Le surlendemain (23 juillet, 7e Jour), la bouche s'est éloignée
du boutoir, celui-ci s’est encore réduit, et dépasse beaucoup
moins le niveau de l'abdomen, les branchies de droite sont recou-
vertes, celles de gauche restent en partie visibles. Il est manifeste
que les ouvertures branchiales se sont rapprochées du centre et
qu'elles sont sensiblement descendues plus bas que le boutoir. A
deux heures de l'après-midi, on ne voit plus que l'extrémité des
(1) Ch. van Bambeke, Recherches sur la structure de la bouche chez les tétards
de Batraciens anoures. Bulletin de l’Académie Royale de Belgique, (2, XVI, n° 9
et 10.
AMOURS, PONTE ET DÉVELOPPEMENT DU DISCOGLOSSE D77 .
branchies de gauche et dans l’espace compris entre les opercules
on découvre un soulèvement de la peau en forme d'arc très ou-
vert : cette petite ouverture médiane sera le spiraculum. Dans
toute l'étendue occupée précédemment par les branchies, la
couche superficielle de la peau paraît tuméfiée, sous le micros-
cope on voit les granules pigmentaires se déplacer et pousser
progressivement vers le bas, en recouvrant le bout des rameaux
branchiaux encore visibles. Ce processus, après avoir entièrement
couvert les opercules, se continue à droite et àägauche en se rami-
fiant pour fusionner avec la peau de l’abdomen. C’est ainsi que
se termine et se complète la formation du spiraculum (fig. 12).
À cinq heures du soir, l'aménagement de la bouche est complet;
l'œil est formé; l'aspect feutré de la peau a disparu, on aperçoit
maintenant le réseau pigmentaire propre à cette larve. Le boutoir
est en état constant de résorption.
8° jour, 24 juillet. — L'ouverture du spiraculum est descendue
plus bas, elle occupe aujourd’hui le point central de la face infé-
rieure; par contre, la bouche gagne maintenant presque le faîte de .
l'ovoïde. Du boutoir, il ne reste plus que quelques vestiges; sa ré-
sorpsion s'opère par absorption interne et par dilacération externe,
ou pour mieux dire par l’'égrènement de la substance, car on voit
de gros granules bruns s'en détacher, se dispersant à l’entour
sous forme de pigment noir, plus loin se diviser en rayonnant
sur toute la face inférieure de la gorge, puis les subdivisions
deviennent encore plus nombreuses en s’éloignant davantage de
leur point de départ.
Ainsi disparaît le premier et intéressant organe de la vie em-
bryonnaire.
En moins de dix jours, nous avons vu s’accomplir tous les
stades de la transformation de l'œuf à l’état de têtard. Quarante
à cinquante jours encore et notre larve a revêtu la forme exacte
de ses parents.
Comme on l’a déja vu plus haut, ces observations, que j'ai
suivies au jour le jour, ne concordent guère avec celles qu’a pu-
bliées M. Lataste en 1879. Comparées, elles peuvent donner prise
à la critique; or, sans mettre en doute la bonne foi de l’auteur,
je crois cependant nécessaire de placer sous les yeux du lecteur
quelques passages, dont les écarts d'observation sont assez con-
sidérables, pour montrer qu'ils ne m'étaient point inconnus, lors
de la publication de ce présent mémoire.
Ainsi, page 298, on lit : « 8 avril. — J’examine ces jeunes
31
578 HÉRON-ROYER
» têtards. Par dessous, à l'œil nu et mieux encore à la loupe, ils
» montrent tous trois taches noires : une centrale, au niveau du
» cœur, elle est superficielle, et paraît coïncider avec un soulè-
» vement de la peau; cet aspect ne serait-il pas produit par le
» spiraculum? Les deux autres taches latérales sont animées
» d’un mouvement rhythmique d'avant et de haut en arrière et
FER DAS.
Des trois taches signalées (sur des larves âgées de 16 jours), je
n’en ai trouvé qu’une seule, et encore sur des sujets très en re-
tard dans leur développement. La tache centrale résulte de la
disparition de la fossette que nous avons indiquée à la face du
boutoir, et dont les débris persistent quelques jours avant d’être
complètement dispersés. Chez les larves que j'ai suivies, ces dé-
bris disparaissent du 9° au 12° jour. Cela démontre clairement
que l’auteur précité n’a point connu l'existence du boutoir, puis-
qu'il n'en fait point mention. Quant aux taches latérales, elles
sont purement imaginaires.
Plus loin, page 314 : « 13 avril. — Mes têtards, très vifs, ont
» actuellement la taille d’un têtard d’Alyte au moment de l’éclo-
» sion. Le bout de la queue est toujours largement arrondi. Rien
» n'indique la présence d’un spiraculum latéral quand on regarde
» l'animal par dessous. Quand on l’examine de profil, au con-
» traire, on aperçoit sur le cœur un trait oblique un peu plus
» obscur que les parties environnantes, qui semble bien indiquer
» un spiraculum médian. »
Plus loin encore, page 315 : « 17 avril. — Je constate nette-
» ment l'existence du spiraculum médian chez mes têtards. »
De tàätonnement en tâtonnement, l’auteur arrive à constater
enfin, sur des larves âgées de vingt-cinq jours (soit au milieu de
leur existence larvaire), la présence du spiraculum, tandis que
nous le trouvons complètement formé sur les jeunes larves âgées
de sept jours.
Après cela, il n’y a pas à discuter, mais à abandonner la partie
au jugement des lecteurs.
Embryologie et Classification.
En étudiant sur le vif la plupart des Batraciens anoures d'Eu-
rope, depuis l'œuf jusqu’à la transformation complète de la larve,
AY |
j'ai pu me convaincre de la possibilité d'établir les familles sur
AMOURS, PONTE ET DÉVELOPPEMENT DU DISCOGLOSSE 579
le faciès de l'embryon, avant comme après la présence des bran-
chies externes. La manière dont sont déposés les œufs est un
excellent guide, qui mettra promptement sur la voie de la déter-
mination de l'œuf avant son développement.
Ainsi, les œufs déposés en pelotes plus ou moins nombreuses
donnent des embryons dont le type est celui de la Grenouille
comestible, Rana esculenta (fig. 15); ce groupe se compose des
Hylidés et des Ranidés, comprenant les genres Æyla et Rana.
L’embryon aura la face fendue, de bas en haut, par une fissure
profonde, un peu avant, et pendant la présence des branchies
externes ; la fossette sous-buccale sera, dès lors, soudée dans
son milieu, n'en laissant subsister que les commissures. Il n’y
aura de bien tranché, entre ces embryons d’une espèce à l’autre,
que la coloration. Mais une particularité très importante
s'ajoute à ces détails : chez le genre Rana, tous les embryons
s’incurvent considérablement dans l’œuf en poussant leur queue.
Chez le genre Hyla, l'embryon ne s’incurve que peu ou pas. Mais
tous deux, au début, en prenant la forme allongée, auront pos-
sédé une plaque céphalique de petite dimension (fig. 16).
Les œufs semés inégalement dans des cordons muqueux ap-
partiennent aux Pélobatidés. Ils donnent tous des embryons dont
la plaque céphalique, très développée, subsiste encore quelque
temps, avec la présence des branchies externes. Ici la fossette
sous-buccale reste entière ; elle se réduit graduellement sous la
figure d’un V ou d’un Y (fig. 17). La face n’est point partagée en
deux éminences latérales. L’embryon sort de la glaire avant de
posséder l’appendice caudal. Ce groupe ne comprend que les
genres Pelobates et Pelodytes.
Les œufs disposés régulièrement dans des cordons ou tubes
albumineux appartiennent aux Bufonidés. Ils donnent tous des
embryons d’un brun noir, ayant une plaque céphalique très dé-
veloppée, rappelant celle des Pélobates, mais qui se réduit
promptement dès l'apparition des branchies externes. La fossette
sous-buccale présente la figure d’un M moyen-âge (fig. 18). Chez
Bufo vulgaris, l'embryon ne s'incurve pas; chez Bufo calamita,
il s'incurve très légèrement.Tous deux sortent de la glaire avec un
appendice caudal relativement court.
Les œufs pondus séparément, fixés et groupés sur la surface
solide d'obstacles quelconques, sur ou entre les cailloux, à l'instar
de nombreux Poissons, appartiennent seuls au genre Discoglossus,
que nous connaissons maintenant.
D8Ù HÉRON-ROYER
L'œuf isolé et fixé, soit seul, soit par petits groupes de deux à
dix après les plantes, comme font certains Urodèles, appartient
au genre Bombinator.
L'œuf du Discoglossus pictus est petit, et ses enveloppes mu-
queuses de peu d'épaisseur ; l'embryon ne séjourne que peu de
temps dans ses enveloppes et ne s’y incurve pas. Quant à son
facies, nous l'avons décrit assez longuement pour ne pas y
revenir.
L'œuf du Bombinator igneus est un peu plus gros que le précé-
dent, il est protégé, comme celui des Grenouilles, par trois enve-
loppes albumineuses parfaitement distinctes, et les phases évo-
lutives s’y succèdent exactement comme chez ces dernières; de
même, l'embryon s’y incurve considérablement, il en sort aussi
avec un appendice caudal très développé.
L'œuf des Alytidés est d’un jaune très clair, sa ‘taille dépasse
environ dix fois celui du Discoglosse, ou environ huit fois celui
du Sonneur; de plus, il est pondu en chapelet ; sa segmentation
est fort simple, le fractionnement multiple n’existant pas. Le dé-
veloppement de l'embryon présente des différences tout à fait
particulières. La larve ne sort des enveloppes qu'après la forma-
tion du spiraculum (1). Le facies de l'embryon est tellement
différent des autres genres, qu'on ne peut qu'être étonné de cette
dissemblance dans une même famille.
Notre Discoglosse, à l’état d'embryon, présente un museau
cylindriforme.
Le Sonneur, d’après les figures données par Goœtte (2), a une
espèce de mufle formé par la présence des lèvres mamelonnées
de la fossette et de la plaque buccale, au bas desquelles on remar-
que deux plaques ovalaires, que l'auteur nomme ventouses ou
crochets d’adhérence (fig. 19 et 20).
Quant à l’Alyte, il n’a rien de semblable ; l’animal séjournant
dans l'œuf n’a point besoin d'organes de préhension.
On comprend déjà, par les particularilés que nous venons de
rappeler, que ces trois genres ne concordent pas assez dans leurs
rapports d'origine embryologique, pour établir l’uniformité d'une
famille. Mais si, en dehors de l’état larvaire, nous examinons ces
(1) Recherches sur les caractères embryonnaires externes de l'Alyte accoucheur
Bulletin de la Soc. zool. de France, VIII, 1883, planche XIII.
(@) Die Entwickelungsgeschichte der Unke /Bombinator igneus). Leipzig, 1875.
planche JTE, fig. 47 et 49.
AMOURS, PONTE ET DÉVELOPPEMENT DU DISCOGLOSSE 581
animaux à l’état adulte, nous trouverons des différences presque
aussi criantes.
Le contraste sera frappant entre la forme élégante du Disco-
glosse, et l'attitude flasque et grossière du petit Sonneur. Les
Alytes avec leur corps trapu, portant leurs œufs sur l’arrière-
train, arrivent là comme des alliés lourds et mélancoliques.
Le premier possède la pupille ronde (1); le second, une pupille
triangulaire ; les derniers l’ont fendue verticalement.
Les caractères qui ont engagé notre collègue de Londres,
M. G.-A. Boulenger à réunir ces animaux si disparates en une
Famille des Discoglossidés (2), sont : le spiraculum médian chez
la larve, puis la disposition des vertèbres, dont la cavité articu-
laire est tournée en arrière chez l'adulte.
Tous les Batraciens anoures d'Europe, hors les trois genres en
question, possèdent les vertèbres procæliennes, et leurs larves
présentent toutes un spiraculum latéral; cependant ils ont été
divisés en plusieurs familles suivant le type. N’eût-il pas été pré-
férable de faire de même pour ce petit groupe à vertèbres opis-
thocæliennes. Or, tout ce que nous venons d'énumérer parle en
faveur de l'établissement de ces trois derniers genres en trois
familles. Ainsi, la famille des Discoglossidés comprendrait le
genre Discoglossus, représenté par une espèce, le Discoglossus pic-
tus. Celle des Bombinatoridés comprendrait le genre Bombinator,
représenté par une espèce, le Bombinalor igneus. Puis celle des
Alytidés comprendrait le genre Alytes, représenté par deux
espèces : Alytes obstetricans et Alytes Cisternasi.
À mon point de vue, il importe peu qu'une famille ne soit com-
posée actuellement que d’un genre représenté par une seule
espèce, car, avec le temps, il n’est peut-être pas impossible de
trouver quelques nouveaux représentants de ce genre, ou bien
encore d’un genre nouveau pour l’une de ces familles. C’est ainsi
que depuis trente ans, la famille des Ranidés est devenue beau-
coup plus nombreuse.
Mon but, dans cette étude, n’a été que la recherche de l’homo-
généité dans ie groupement des Anoures.
(1) On sait que tous les Batraciens possèdent un angle au bord inférieur de la
pupille. Or, l'ouverture de l'iris ne peut-être ni correctement circulaire ni correc-
tement ovale.
(2) Catalogue of Batrachians in the British Museum. Londres, in-8°, 1882, 2 vol.
82 HÉRON-ROYER
EXPLICATION DE LA PLANCHE XIV.
Fig. 1. — Œuftrès grossi de Discoglossus pictus ; sa dépression cupuliforme et
le renflement partiel de la capsule interne.
Fig. 2. — Le même œuf, âgé de 24 heures environ; on remarque au pôle supé-
rieur une petite éminence sphéroïdale, Au pôle inférieur, l'anus de Rusconi très
ouvert,
Fig. 3, — Le même, 6 heures plus tard ; on voit le sillon dorsal et ses bourre-
lets médullaires englobant l'éminence céphalique.
Fig. 4. — Œuf âgé d'environ 36 heures ; aspect piriforme de l'embryon, le cho-
rion s’en détache sous forme de capsule.
Fig. 5. — Le même, âgé de 48 heures. On remarque les débris du chorion sus-
pendus à la fossette sous-buccale ; la plaque céphalique en gouttière, les renfle-
ments oculaires et viscéraux et l'appendice caudal.
Fig. 6. — Portion antérieure, très grossie, d'un embryon âgé d'environ trois
jours; on remarque la face céphalique prolongée en museau et sa gouttière termi-
née par une petite plaque buccale en fer de lance, recouvrant la fossette sous-
buccale.
Fig. 7. — Le même embryon, de quelques heures plus âgé; la plaque buccale a
complétement disparu.
Fig. 8. — Le même, un peu plus tard; la gouttière céphalique s’est raccourcie,
creusée et élargie à l'endroit où va se former la bouche; l'extrémité inférieure
présente la forme d'un museau arrondi, au bout duquel on voit des granulations
groupées sans ordre appréciable.
Fig. 9. — Embryon plus âgé que le précédent, d'environ 12 à 15 heures ; mon-
trant les branchies externes ; la bouche en formation ; le museau terminé en boutoir,
avec fossette triangulaire et deux coussinets latéraux; l'allongement caudal très
prononcé.
Fig. 10. — Embryon âgé de cinq jours. La bouche très ouverte montre ses
grosses lèvres saillantes ; les opercules recouvrent déjà en partie les branchies
externes ; le museau est en voie de résorption.
Fig. 11. — Le même, 10 heures plus tard. Les pièces du bec corné sont appa-
rentes; du boutoir, il ne reste plus que la face.
Fig. 12. — Processus indiquant la soudure des opercules branchiaux sur une larve
àägée de sept jours. Au centre, on remarque l'apparition du spiraculum et au-dessus
le boutoir en voie de résorption ; la bouche avec son bec corné et les lèvres où
l'on voit déjà très bien les lames pectinées.
Fig. 13. — Main du Discoglossus pictus (Squelette).
Fig. 14. — Pied du même (Squelette).
Fig. 12. — Embryon de Ranu esculenta àgé de huit jours ; on aperçoit au milieu
de la fissure le trou en losange où se formera la bouche ; de chaque côté, en avant
des branchies, une petite ouverture représente les restes de la fossette sous-buccale,
Cocnus jadis sous le nom de crochets de Rusconi.
Fig. 16. — Embryon de Rana esculenta âgé de trois jours seulement. On remarque
la petite plaque buccale en voie de résorption, fermant à demi la fossette sous-
buccale. La face porte l'indice du sillon longitudinal et médian.
Fig. 17, — Embryon de Pelobates fuscus âgé de douze jours, d'après Van Bam-
beke.
AMOURS, PONTE ET DÉVELOPPEMENT DU DISCOGLOSSE 583
Fig. 18. — Embryon de Bufo calamita âgé de dix jours. On remarque que, comme
chez le précédent, la plaque buccale fait suite aux fossettes olfactives, ce qui n’a
pas lieu chez les genres Rana et Discoglossus.
Fig. 19. — Embryon de Bombinator igneus, avant la sortie des branchies, d'après
Gœtte.
Fig. 20. — Le même, plus âgé, montrant ses branchies, d’après le même auteur.
RE VA NEIO UE
SUR LA
CLASSIFICATION DES BATRACIENS ANOURES
Par le D' Raphaël BLANCHARD
Les Batraciens anoures ont été, dans ces dernières années,
l'objet d'études nombreuses et importantes. En particulier, di-
verses classifications ont été proposées, notamment par Cope (1),
par Lataste (2) et par Boulenger (3), mais aucune de ces classifi-
cations ne s'appuie sur un ensemble de caractères anatomiques
suffisant pour la faire accepter sans conteste. Nous désirons pré-
senter quelques observations à cet égard.
Il est incontestable que Cope, dont Boulenger reproduit en
grande partie les divisions, invoque un caractère anatomique de
première importance, quand il établit dans l’ordre des Anoures
deux sections, caractérisées respectivement par la présence ou
l’absence de la langue : ce caractère marche de pair avec la du-
plicité constante de la trompe d'Eustache chez les Phanéroglos-
ses, avec la fusion des deux trompes d’Eustache en un tube com-
mun chez les Aglosses.
Cope et Boulenger nous semblent moins heureux quand ils
s'appuient sur la structure du « sternum » ou, plus exactement,
de la ceinture scapulaire pour subdiviser les Phanéroglosses en
Firmisternia et en Arcifera. Les intéressantes recherches de
(1) E. Cope, Sketch of the primary groups of Batrachia salientia. Nat. hist. re-
view, 1865.
(2) F. Lataste, Division en familles naturelles des Batraciens anoures d'Europe.
Association française pour l'avancement des sciences, VII, p. 758, 1878. — Revue
internationale des sciences, II, p. 488, 1878.
(3) G.-A. Boulenger, Cataloque of the Batrachia salientia s. ecaudata in the col-
lection of the British Museum. 2% edition. London, 1882,
CLASSIFICATION DES BATRACIENS ANOURES 585
M. Paul Albrecht (1) ont fait voir ce qu'il fallait penser de la mor-
phologie de ce prétendu sternum des Batraciens anoures : elles
nous l’ont montré comme l’homologue d’une partie du squelette
qui, chez les Vertébrés supérieurs, subit de profondes variations
et se développe ou plutôt s’atrophie à des degrés très divers, sans
que l’organisation de ces animaux en soit en rien modifiée.
Il ne viendra, par exemple, à l'esprit de personne de placer dans
deux sous-ordres distincts Æelamys capensis et Mus decumanus,
sous prétexte que le premier présente, à l'état adulie, un post-
omosternum distinct et bien développé, tandis que, chez le se-
cond, cette même pièce s’est atrophiée considérablement et s’est
fusionnée avec le manubrium du sternum, au point de devenir
inappréciable. Ce sont là des variations sans importance, telles
qu'il est fréquent d’en observer sur des organes d'ordre secon-
daire, dont le développement plus ou moins complet ne change
rien au plan général de l’organisation. Il s'ensuit qu’il est peu
rationnel de faire intervenir de semblables caractères dans une
classification, ou tout au moins de les invoquer comme carac-
tères primordiaux
Ce n’est pas à dire que le squelette soit inapte à nous fournir
des éléments de classification. Bien au contraire, sa valeur à cet
égard est exceptionnelle : nous voulons simplement faire obser-
ver qu'il importe de faire un choix judicieux et que les caractères
qu'on se propose d’invoquer doivent être pris parmi les plus fixes
et les plus constants et parmi ceux qui sont le moins sujets aux
causes multiples de variation.
En ce qui concerne le squelette, l’axe rachidien attire tout par-
ticulièrement l'attention. On sait avec quelle remarquable préci-
sion il permet d'établir dans le groupe des Crocidiliens, vivants
et fossiles, des subdivisions que résume le tableau suivant :
amphicæliennes..., TÉLÉOSAURIENS
CROCODILIENS. Vertèbres.,.,{opisthocæliennes, . . STÉNÉOSAURIENS
procæliennes..,... CROCODILIENS $.sér.
(1) P. Albrecht, Note sur le pelvisternum des Edentés, avec des observations
morphologiques sur l'appareil sternal des animaux Vertébrés. Bull. de l’Acad. de
Belgique, VI, 1883.
P. Albrecht, Sur les éléments morphologiques du manubrium du sternum chez
les Mammifères. Livre jubilaire publié par la Soc. de méd. de Gand à l'occasion
du 50° anniversaire de sa fondation. Bruxelles, 1884.
586 RAPHAËL BLANCHARD
Les Téléosauriens, de l’époque jurassique, sont les plus anciens
des Crocodiliens ; les Crocodiliens proprement dits sont les plus
récents. On peut donc, dans un certain sens, considérer l’amphi-
cœlie comme un état primordial, l’opisthocælie comme un état
secondaire et la procœælie comme un dernier état, au moins quant
à l'époque présente.
Une remarque du plus haut intérêt, c’est que l’ordre des Ba-
traciens, considéré dans son ensemble, nous présente précisé-
ment encore à l'heure actuelle des caractères identiques. L'an-
cien état amphicælien s’observait dans des familles puissantes,
aujourd’hui éteintes, comme celle des Labyrinthodontes, qui
établit si manifestement le passage des Ganwïdes aux Urodèles ;
il s’est maintenu de nos jours chez les Apodes ou Gymnophions
(Cæcilia, Siphonops) et chez les Urodèles les moins différenciés,
c'est-à-dire chez les Pérennibranches (Siren, Proteus) et chez les
Dérotrêmes (Amphiuma, Menopoma). Tous les autres Urodèles
(Salamandrines) ont des vertèbres opisthocæliennes et, parmi les
Anoures, semblable disposition s’observe encore dans les types
inférieurs, à savoir chez les Aglosses (Pipa, Dactylethra) et même
chez certains Phanéroglosses formant la famille des Discoglossi-
dés (Alytes, Bombinator, Discoglossus). Énfin, tous les autres
Anoures, de formation plus récente, ont des vertèbres procælien-
nes. On peut résumer ainsi ces caractères :
APODES
amphicæliennes.,{ LABYRINTHODONTES
Ichthyoïdes . ...
| URODÈLES
BATRACIENS. Vertèbres.... Salamandrines ..
opisthocæliennes |
| ANOURES
Discoglossidés. ..
procæliennes.... Anoures.......
Le caractère invoqué pour la classification des Crocodiliens
s'applique donc exactement à celle des Batraciens. C'est là, on
ne saurait le méconnaître, une disposition anatomique d’une im-
portance telle, qu’elle doit primer toutes les autres. Nous allons
du reste constater bientôt qu'elle est en rapport avec d’autres
caractères qui ont tout autant de valeur.
Une des plus brillantes acquisitions de la science zoologique,
CLASSIFICATION DES BATRACIENS ANOURES 587
au cours de ces dernières années, a été de reconnaître et de
comprendre toute l'importance de l’embryogénie. À proprement
parler, c’est seulement en suivant pas à pas toutes les phases de
son développement, qu'il est possible d'apprécier les relations et
les affinités d’un animal. En sorte que, dans les classifications, il
est particulièrement recommandable, autant que la chose est
possible, d'attribuer aux caractères embryogéniques la prépon-
dérance à laquelle ils ont droit. C’est ainsi que, récemment, cer-
tains auteurs ont montré quel secours pouvait être pour la
taxonomie des Batraciens anoures l'étude de leur spiraculum,
c'est-à-dire de l’ouverture par laquelle, chez la larve, l’eau s’é-
chappe au dehors, après avoir cédé son oxygène au sang qui
circule dans les branchies.
Physiologiquement, le spiraculum est l’homologue de l’ouïe du
Poisson. Or, il est intéressant de constater que, de même que
l’ouie des Téléostéens et des Dipnoïques, il est double et symé-
triquement placé de chaque côté de la ligne médiane chez les
plus anciens Anoures, c’est-à-dire chez les Aglosses : à ce point
de vue, ces derniers méritent donc de prendre le nom d’'Amphi-
gyrinidés.
Chez les autres Anoures, le spiraculum se présente sous un
aspect modifié. Comme si les spiraculums droit et gauche mar-
chaient l’un vers l’autre et finissaient par se fusionner sur la
ligne médiane, on ne trouve plus qu'un spiraculum unique et
médian à la face inférieure des Phanéroglosses de la famille des
Discoglossidés : on leur a donné, pour cette raison, le nom de
Médiogyrinidés.
Enfin, chez tous les autres Anoures, le spiraculum est encore
unique, mais latéral et situé à gauche : des deux pertuis primi-
tifs, l'un à disparu sans retour. Les animaux de ce groupe sont
les Lévogyrinidés.
On comprendra toute l'importance de ces remarques, quand,
en jetant les yeux sur le tableau suivant, on constatera que les
Amphigyrinidés et les Médiogyrinidés ont des vertèbres opis-
thocæliennes et que tous les Lévogyrinidés ont des vertèbres
procæliennes.
RAPHAEL BLANCHARD
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CLASSIFICATION DES BATRACIENS ANOURES 589
Ce tableau n’a aucunement la prétention d’être complet. Il ré-
sume simplement, d’après leurs véritables affinités naturelles,
voire même, dans une certaine mesure, d'après leur phylogénie,
la classification des Batraciens anoures, telle que nous l’exposons
depuis deux ans dans nos cours de la Faculté de médecine. Cette
classification a du moins l'avantage de mettre à sa place véritable
la famille des Discoglossidés, que Boulenger range sans raisons
suffisantes à côté des Pélobates.
Nous avons tenu surtout à montrer que la ceinture thoracique
ne pouvait fournir que des caractères d'importance secondaire,
applicables aux familles et aux genres, mais non aux sous-or-
dres. Il en est exactement de même pour la dentition. Les va-
riations de forme de la vertèbre sacrée et de ses apophyses ont
moins de valeur encore, en ce sens que, dépendant intimement
du genre de vie de l’animal et de ses habitudes de saut ou de
fouissement, elles résultent d'adaptation diverses, de date relati-
vement récente et par conséquent assez peu fixes.
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EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX
DE LA
SOCIÈTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE
Séance du 13 janvier 1885.
PRÉSIDENCE DE M. CHAPER, PRÉSIDENT SORTANT.
La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der-
nière séance est lu et adopté.
M. Mégnin, président, indisposé, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance.
M. le D' Gauthier, présenté à la dernière séance, est élu membre de la
Société.
MM. Dollfus et Fabre-Domergue présentent M. Albert Girard, attaché au
Musée zoologique, à Lisbonne (Portugal).
MM. Marcus et Blanchard présentent M. le D' James E. Blomfeld, 9, place
du Panthéon, à Paris.
M. le Trésorier donne lecture du rapport concernant sa gestion pendant
l’année 1884. MM. Certes et Dautzenberg sont désignés pour faire partie d’une
commission à l'effet de vérifier ces comptes.
M. le D' Jullien fait une communication sur les Bryozoaires d’eau douce.
Renvoi à la Commission de publication.
La séance est levée à dix heures.
OUVRAGES OFFERTS.
Stan. Meunier, Trailé de paléontologie pratique. Un vol. in-18 de 495 p.
Paris, Rothschild, 4885.
Joubin, Sur les organes digestifs el reproducteurs chez les Brachiopodes du
genre Cranie. Comptes-rendus, 1°" déc. 1884.
Il PROCGÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ
Séance du 27 janvier 1885.
PRÉSIDENCE DE M. P. MÉGNIN, PRÉSIDENT.
La séance est ouverte à huit heures. Le procès-verbal de la dernière
séance est lu et adopté.
MM. Girard et Bloomsfield, présentés à la dernière séance, sont élus mem-
bres de la Société.
MM. Bergé et Blanchard présentent M. Joseph Smith, licencié ès-sciences
naturelles, 41, avenue des Gobelins, à Paris.
MM. Bergé et Blanchard présentent M. Aziz Salem, étudiant en médecine,
28, rue Racine, à Paris.
M. Dautzenberg a la parole pour la lecture de son rapport sur la gestion du
Trésorier pendant l’année 1884. Ce rapport est ainsi concu :
« MESSIEURS,
» Il a été bien facile à la Commission que vous avez nommée pour examiner
les écritures de l'exercice 1884, de s'assurer que la comptabilité de notre
Société est tenue avec le plus grand soin et la plus grande exactitude par
notre Trésorier : nous avons eu sous les yeux toutes les notes et factures
acquittées concernant les dépenses faites et nous avons également constaté
que les recettes ont été régulièrement inscrites.
» Au registre de caisse se trouve annexé un état de situation dont voici le
résumé :
» Le 31 décembre 1883, il restait en caisse 557 francs, 70 centimes. En
ajoutant à cette somme les recettes de l’année 1884 qui s'élèvent à 7784 fr.,
30 cent., nous obtenons un total de 8342 francs. Les dépenses ont été de
7029 francs, 90 cent. Il nous restait donc en caisse au 31 décembre 1884 :
1312 francs, 10 centimes,
» Cette situation est d'autant plus rassurante, que toutes les dettes con-
tractées dans le courant de l’année ont été intégralement soldées.
» Mais tout en nous félicitant du résultat obtenu, nous voyons, par l’exa-
men détaillé des articles, qu'il est dù surtout à certaines circonstances parti-
culièrement favorables et qui peuvent ne pas se produire chaque année.
» Nous avons, en effet, reçu du Ministère une subvention extraordinaire de
1000 francs; d'un autre côté, quelques membres ont payé par anticipation
des cotisations pour 4885 et 1886, dont le montant est de 210 francs. Si nous
additionnons ces deux articles et que nous en retranchions le total, soit
PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ III
1210 francs, du montant de notre encaisse, nous voyons que celle-ci se trouve
réduite à 102 francs 10 cent.
» Nous pouvons donc dire que les ressources ordinaires de la Société ont
été entièrement utilisées, et nous ne saurions nous en plaindre, puisque l'emploi
en à été fait au profit de nos publications.
» Nous avons trouvé au bas de l’État de situation, une liste, par annuités,
des cotisations restant à recouvrer. En comparant cette liste à celle qui avait
été dressée l’année dernière, nous remarquons que le montant total des
cotisations impayées s'élève, au 31 décembre 1884, à....... 14545 fr.,
tandis qu’il n'était, au 31 décembre 4883, que de.......... 14105 fre,
Différence. ..... k10 fr.,
soit une augmentation d'environ 35 °/. Ces chiffres démontrent clairement
tout l'avantage que la Société retirerait de plus de promptitude dans la percep-
tion des cotisations; aussi croyons-nous de notre devoir de faire appel à tous
nos collègues pour les prier de faire parvenir leurs cotisations à notre Trésorier
dans le courant des deux premiers mois de chaque année, ce qui lui facilite-
rait sa tâche et éviterait à la Société des frais de correspondance et de recou-
vrement.
» En résumé, Messieurs, l'actif de la Société, au 31 décembre 1884, se
compose d’une somme en caisse de. ..... due date des eee le eV AIS E
et de titres en portefeuille dont la valeur est de, ......,....... 1520 fr.
Total: As 2832 fr.
Et son passif est nul.
» L'administration de nos finances a donc été absolument satisfaisante
pendant l’année 1884. Aussi vous proposons-nous d’en approuver les comptes
et de voter les plus vifs remerciements à notre Trésorier, M. Héron-Royer, pour
le dévouement qu’il met à gérer les intérêts de la Société zoologique,
» DAUTZENBERG, A. CERTES, »
Les conclusions du rapport sont adoptées. Des remerciements sont adressés
à M. le Trésorier.
M. Certes dépose, au nom de notre collèoue, M. le Prof. Léop. Maggi, de
l’Université de Pavie, deux notes, l’une « Sul numero delle prove d’esame per
» l'analisi microscopica delle acque potabili, e sul tempo per ciascuna di esse: »
l’autre « Sull’influenza d'alle temperature nello sviluppo dei Microbi. »
Dans la première de ces notes, M. le Prof, Magoi, après avoir insisté sur
l'importance et sur les avantages de la technique microscopique appliquée à
l'analyse des eaux et à l’étude des microbes, passe en revue les travaux récem-
ment publiés sur cette question tant par M. Certes que par lui-même.
Précisant ensuite les conditions d’une bonne analyse microscopique, il énu-
IV PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ
mère la nature et le nombre des épreuves auxquelles il soumet chaque échan-
tillon d’eau à analyser : après avoir fait de chaque échantillon dix portions
soumises chacune à un réactif différent, M. le Prof. Maggi multiplie les examens
microscopiques en ayant soin d'étudier successivement le fond, la partie
moyenne et la superficie de chaque échantillon. Une telle analyse n’exige pas
moins de soixante épreuves différentes et l'examen d’un seul échantillon
demande au moins quinze heures de travail.
Faites dans de telles conditions, ces observations ont une valeur qui n’échap-
pera à personne et l’on ne peut que remercier ce savant professeur de l'exemple
et des conseils qu’il donne aux débutants.
Le titre modeste de « Note » ne saurait convenir à la seconde brochure de
M. le Prof, Maggi. Dans ce travail, notre collègue s’est proposé de mettre
en lumière les expériences trop oubliées de divers observateurs italiens : Spal-
lanzani, P. Mantegazza (1852), Cavalleri, OEhl, et principalement de Cantaris
et de Balsamo Crivelli qui, de 4865 à 41877, ont étudié, en collaboration
avec le Prof. Maggi, l’action des hautes températures sur le développement
des microbes.
Ce résumé substantiel d’un grand nombre d'expériences continuées pendant
plusieurs années, avec des infusions organiques de toute nature, ne saurait,
on le comprend facilement, faire l’objet d’une analyse succincte.
Il faudrait reproduire ici le tableau synoptique dans lequel chacune des 76
expériences effectuées par le Prof. Maggi et ses collaborateurs, trouve sa place,
avec l'indication des conditions variées de chacune d’elles, et où se trouvent
mentionnés les résultats positifs et négatifs au point de vue du développement
des micro-organismes de chacune de ces cultures. Le savant professeur a
d’ailleurs pris soin de faire ressortir, dans une sorte de récapitulation géné-
rale, quelles sont, d’après ses expériences, les causes favorables ou non au dé-
veloppement des microbes dans des infusions soumises à de hautes températures.
Ce travail considérable sera consulté avec intérêt et avec fruit par tous ceux
que préoccupe cette question du développement des infiniment petits, que les
travaux de Pasteur ont mise à l’ordre du jour.
M. Blanchard donne lecture d’une note de M. A. Pilliet sur la structure de
la portion gaufrée de l’estomac du Chameau. Renvoi à la Commission de publi-
cation.
M. le Président demande si les glandes décrites par l’auteur jouent quelque
rôle dans les phénomènes de la digestion.
M. Blanchard croit se faire l'interprète de l’auteur en ne leur assignant
aucune action : le rapprochement indiqué par M. Pilliet avec les glandes de la
région pylorique de l'estomac humain permet de supposer que ces organes
produisent simplement du mucus.
PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ V
Mie F, Bignon dit quo la plupart des os du crâne du Nandou (Rhea ameri-
cana) sont remarquables par leur pneumaticité, contrairement à l'opinion
classique qui veut que les os des Ratites ne soient pas remplis d'air. Ce fait
s’observe surtout sur l’ethmoïde, le sphénoïde, l’occipital, etc.
M. Certes décrit un Rhizopode qu'il a découvert à l'embouchure de la Seine,
dans l’eau saumâtre.
M. le Secrétaire général dépose son rapoort sur l’état des Archives et de la
Bibliothèque pendant l’année 1884. R
« Conformément à la décision du Conseil en date du 26 février 4884, et en
l'absence de M. l'Archiviste-bibliothécaire, j'ai l'honneur de vous présenter,
à défaut de rapport plus circonstancié, la liste des publications périodiques
avec lesquelles nous échangeons notre Bulletin. Cette liste, publiée pour la
première fois, permettra à nos collègues de se rendre compte de l'importance
de notre service d'échanges, en même temps qu’elle leur fera connaître les
réceptions de l’année qui vient de s’écouler.
EUROPE
FRANCE
Paris. La Nature.
N°5 552-606.
Annales des Sciences naturelles, Zoologre.
Le Tour du Monde.
N°5 4199-1253,
Société d’acclimatation.
Bulletin mensuel, (3), X, n° 12; (4), I, n°5 4-40,
Feuille des jeunes naturalistes.
N°5 459-171.
Société de Géographie.
Compte-rendu, n°% 17, 18, 1883; n°5 1-19, 4884,
Bulletin, (7), V, trimestres 4-4.
Société de géographie commerciale.
Bulletin, VI, n°5 4-9.
Académie des Sciences.
Comptes-rendus, XCVINH ; XCIX moins la table.
Le Naluraliste.
Nos 49-79,
VI PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ
Paris. Société géologique de France.
Bulletin, (3), IX, n° 7, 4881; X, n° 7, 1882; XI,
feuilles 40-48 ; XIT, feuilles 1-49.
Societé Philomathique.
Bulletin, (7), VIII, n°5 4-3.
Société d’Anthropologie.
Bulletin, (3), VI, n° 4; VII, n°5 4-3.
Institut national agronomique.
Annales, VIT; supplément au tome VIT; VII.
Revue scientifique.
4er semestre 4884 ; 2° semestre 1884.
Revue des travaux scientifiques.
III, n°5 8-49, 1883 ; IV, n°5 4-10, 4884.
Angers. Société d’études scientifiques.
XII et XIII, 4882-1883.
Auxerre. Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne.
XXXVII et XXX VII.
Béziers. Société des sciences naturelles.
Bordeaux. Société linnéenne.
Bulletin, XXXVIH (4e série, VI).
Société d'anthropologie de Bordeaux et du sud-ouest.
Bulletin, 1, n°5 1 et 2, 1884.
Caen. Société linnéenne de Normandie.
Bulletin, (3), VII, 1882-1883.
Châlon-sur-Saône. Société des sciences naturelles de Saône-et-Loire.
Bulletins, I, n° 3.
Mémoires, V, n° 3, 1884.
Lille. Bulletin scientifique du département du Nord.
VI, n° 7-12, 1883.
Lyon. Société linnéenne,.
Montpellier. Académie des sciences et lettres.
Nimes. Société d’études des sciences naturelles.
Bulletin, n°5 A1 et 12, 4883; n° 1-9, 1884.
Rouen. Société des amis des sciences naturelles.
Bulletin, 1% et 2° semestres 4883.
Semur.
Toulouse.
Berlin.
Brême.
Dresde.
Erlangen.
PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ VII
Société des sciences historiques et naturelles.
18° et 19° années, 1881-1882.
Société d'histoire naturelle.
Académie des sciences.
Mémoires, (8), V, 1% et 2° semestres 1883.
ALLEMAGNE
Akademie der Wissenschaften.
Monatsberichte, n° 38-53, 1883; n° 48-39, 4884.
Gesellschaft naturforschender Freunde, 4883.
Naturwissenschaftlicher Verein.
Abhandlungen, VIII, n° 2; IX, n°4.
Naturforschende Gesellschaft « Isis ».
Juli-Dezember 1883 ; Januar-Juli 4884.
Biologisches Centralblatt, M, n°5 24-24 ; IV, n°5 4-20,
Physikalisth-medicinische Societæt.
XV, 1883.
Francfort-sur-le-Main. Senckenbergische naturforschende Gesellschaft.
Freiburgi/Br.
Halle.
Hambourg,
Bericht, 1882-1883.
Abhandlungen, XIII, n° 3 et 4.
Naturforschende Gesellschaft.
Berichte über die Verhandlungen, V, n° 3 et 4, 1870;
VI, n° 4,1873; VII, n°5 4-4, 1877-1880 ; VIII,
n°5 4 et 2, 1882.
Naturforschende Gesellschaft.
Bericht für’s Jahr, 1883.
Abhandlungen, XVI, n° 2.
K. Leopoldinisch-Carolinische deutsche Akademie der Na-
turforscher.
Nova acta, XL-XLIV, 1878-1883.
Naturwissenschaftlicher Verein für Sachsen und Thüringen.
Zeitschrift für Naturwissenschaften, (4), I, n% 6;
III, n°° 4-3.
Naturwissenschaftlicher Verein von Hamburg-Altona.
VIII
Heidelberg.
léna.
Leipzig.
Munich.
Stuttgart.
Wiesbaden.
Metz.
Budapest.
Cracovie.
Graz.
Prague.
Vienne.
Bruxelles.
PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ
Naturhistorisch medizinischer Verein.
Verhandlungen, (2), II, n° 3, 1884.
Medicinische naturwissenschaftliche Gesellschaft,
Lenaische Zeitschrift, XNIX, n°% 1-4; XVII, n° 4.
Sitzungsberichte, 1883.
Zoologischer Anzeiger.
VII, 1884.
K. bayerische Akademie der Wissenschaften.
Silzungsberichte, n°5 1-3, 1883 ; n° 1, 1884.
Abhandlungen der math.-phys. Classe, XIV, n° 3, 4883,
Verein für vaterlændische Naturkunde in Württemberg.
Nassauischer Verein fur Naturkunde.
II-XXXII, 4846-1879.
ALSACE - LORRAINE
Société d’histoire naturelle.
AUTRICHE - HONGRIE
Kir. Magy. természettudomänyi târsulat titkäri hivatala.
Académie des sciences.
Naturwissenschaftlicher Verein fur Steiermark.
Mittheilungen, XX, 1883.
K. bæœhmische Gesellschaft der Wissenschaften.
K.k. Akademie der Wissenschaften,
Sitzungsberichle der math.-nat. Classe, LXXXVI,
n°5 4-5, 4882; LXXXVIL n°° 4-5, 1883.
K.k. zoologisch-botanische Gesellschaft.
BELGIQUE
Académie royale des sciences de Belgique.
Annuaire, L, 1884.
Bulletin, (3), VI, n°5 44 et 12, 4883; VII, n°° 4-6,
1884; VIII, n°5 7-11, 1884.
Société entomologique de Belgiqne.
XXVII, 4883.
Bruxelles.
Copenhague.
Madrid.
Helsingfors.
Dublin.
Édimbourg.
Glascow.
Londres.
PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ 1e
Société malacologique de Belgique.
Musée royal d'histoire naturelle.
Bulletin, II, n° 3 et 4, 1883 ; III, n° 4, 1884.
DANEMARK
Naturbistorisk Forening.
Nos 1 et 2, 1883-1884.
Del k. danske videnskabernes Selskab.
Oversigt, 1876-1882 ; 1883, n° 3, 1884, n°5 4 et 2.
Mémoires de l’Académie de Copenhague, (5), XIT,
n°#49%6:1(6); 1 005,18:
ESPAGNE
Sociedad española de historia natural.
Anales, XII, n° 3 ; XIII, n° 2.
FINLANDE
Societas pro fauna et flora fennica.
GRANDE - BRETAGNE
Royal Dublin Society.
Scientific Proceedings, (2), LL, n°5 6 et 7; IV, n°5 1-4.
Scientific Transactions, (2), 1, n°5 20-95 ; II, n°5 4-3.
Royal Society of Edinburgh.
List of Members.
Proceedings, LI incomplet ; IV-VI; VIII; X-XI; XII,
n° 4}
Transactions, IV-XXIX, 1793-1880 ; XXX, n°5 1-3;
XXXII, n° 1.
Royal Physical Society.
Proceedings, session 1882-1883 ; session 1883-1884.
Natural History Society.
Royal Microscopical Society.
Journal, II, n°5 2 et 3, 1879.
(lin 6, 488dt: Iln5:4-621882; III; n°%4772;
4-6, 4883; IV, n°° 1-6, 1884.
X
Londres.
Amsterdam.
Harlem.
Leyde.
Bologne.
Gênes.
Modène.
Naples.
PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ
The Zoologist.
VIII, n°5 85-96.
Linnean Society.
Journal, XVIX, n° 404, 102.
Transactions from nov. 1882 to june 1883.
HOLLANDE
Académie des sciences.
Jaarboek voor 1882.
Verslagen en mededelingen. Afd. Naluurkunde, (3),
XVII, 1883.
Verhandelingen, XII : A.-A.-W. Hubrecht, Over de
voorouderlijke Stamvormen der Vertebraten.—C.-K.
Hoffmann. Zur Ontogenie der Knochenfische.
Société royale de Zoologie « Natura artis magistra. »
Nederlandsch Tijdschrift voor de dierkunde, 1, 1864;
II, 1865, III, 1866; IV, n°5 1-12, 4871-1873;
V,n9Me
Archives néerlandaises des sciences exactes el naturelles.
IX, n°5 2 et 3, 1884.
Société hollandaise des sciences exactes et naturelles.
Natuurkundige Verhandlingen, X, 4-43 11, 1-6; IT;
IV, 1-3.
Nederlandsche dierkundige vereeniging.
Catalogqus der Bibliothek, 3° édition, 1884.
Tijdschrift, Supplement Deel, I, n° 2.
Notes from the Leyden Museum.
ITALIE
Accademia delle scienze dell'Istituto di Bologna.
Memorie, (4), IV, 1-4, 1883.
Museo civico di storia naturale.
Annali, XVIII, XIX, XX, XXI.
Società dei Naturalisti.
Mitiheilungen aus der zoologischen Station.
V, n0S 1-4,1884.
Padoue.
Pavie.
Rome.
Turin.
Venise.
Luxembourg.
Christiania.
Lisobnne.
Dorpat.
PROCÈÉS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ XI
Società veneto-trentina di scienze naturali.
Atti, VIII, n° 2, 1883.
Bullettino, III, n°5 4, 2, 4884.
Bollettino scientifico.
V,n0 4; VI, n°5 1-4.
Accademia dei Lincei.
Transunti, (3), VIE, n° 46; VIIE, n° 1-16.
Accademia reale delle scienze.
Bollettino, XIX, n°5 1-7, 1884.
Il primo secolo della R. Accademia delle scienze di
Torino. Notizre storiche e bibliografiche, 1783-1883.
Torino, in-40 di 591 p., 4883.
Reale Istituto veneto di scienze, lettere ed arti.
Aiti, (6), I, n° 4-10; II, n° 4 et 2.
LUXEMBOURG
Institut royal grand-ducal de Luxembourg. Section des
sciences naturelles.
XIX, 1883.
NORVÈGE
Den norske Nordhavs-Expedition.
XI. Zoologi. — Asteroidea, ved D.-C. Danielssen og
J. Koren.
Nyt magazin for Naturvidenskaberne.
XXVIIT, n° 2-4, 1883; XXIX, n° 4, 1884.
Arkio for mathematik og Naturvidenskab.
VII, n°% 1-4, 1882; VIII, n°° 4 et 2, 1883.
PORTUGAL
Academia real das sciencias.
RUSSIE
Naturforschende Gesellschaft.
Archiv für die Naturkunde Liv-, Ehst- und Kurlands.
(4), VIEIL, n°5 1-4, 1876-1879 ; IX, n°5 4 et 2, 1882.
(2), VIII, n°5 4-4, 4877-1882; IX, n°5 1-5, 1880-
1884.
XII
Dorpat.
Kasan.
Moscou.
Saint-Pétersbourg.
Stockholm.
Berne.
Genève.
Lausanne.
Neuchâtel.
Bône.
PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ
Silzungsberichte der Naturforscher-Gesellschaft bei der
Universiläl Dorpat.
LYS n°643 59, 1m05 4280 00 À -3,
Société des naturalistes.
Protokoly, année 1882-1883.
Trondy, IX, n° 1 ; XII, n°° 4-4.
Isviestia i outchenia zapiski imp. Kazanskago Ouniversi-
teta, 1881,
n° 1-6; 1882, n°% 1-6.
Société impériale des naturalistes.
Bulletin, n° 3 et 4, 1883; n0 1, 1884.
Meteorologische Beobachtungen, n° 1, 1883.
Société impériale des amis des sciences naturelles, de l’an-
thropologie et de l’ethnographie.
Académie impériale des sciences.
Mélanges biologiques, XI, n° 5 et 6, 1883.
Mémoires, XXXI, n° 43, 1883; XXXII, n0 4, 1884.
SUÈDE
Entomologisk Tidskrift.
1 (IRON I PAL 24e ER rh Lee
SUISSE
Naturforschende Gesellschaft,
Miltheilungen, n°5 4064-1082.
Recueil zoologique suisse.
I, 1884.
Société Vaudoise des sciences naturelles.
Bulletin, (2), XIX, n° 89 et 90.
Société des sciences naturelles.
AFRIQUE
ALGÉRIE
Académie d'Hippône.
Bulletin, XVHI et XIX ; XX, fascicule 4.
Réunion du bureau, n° 8 et 9, 4883.
PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ TNT
ASIE
INDES
The Asiatic Society of Bengal,
Proceedings, n°5 1-10, 1883.
Journal, part I, LII, n°5 2-4, 1883.
» LIII, n° 4, 4884.
part IT, LIL, n°5 1-4, 1883.
» LIIT, n° 4, 1884.
Calcutta.
AMÉRIQUE
BRÉSIL
Bulletin astronomique et météorologique de l'Observatoire
imp. de Rio de Janeiro.
1881, n° 3.
1883, n° 40 et 41.
Rio de Janeiro.
ÉTATS - UNIS
Boston. Society of Natural History.
Proceedings, XXI, n° 4 ; XXII, n° 4, 4882.
Memoirs, III, part I, n°5 1-8, 1878-1884.
Occasional Papers. — I. Harris’ Entomological Corres-
pondence. 1869.
American Academy of Arts and Sciences.
Proceedings, (2), I-XI, 1873-1884.
Museum of Comparative Zoôlogy at Harvard College.
Annual Report of the Curator, 1882-1883, 1883-1884.
Bulletin, XI, n°5 5-9.
Memoirs, VII, n° 3; IX, n93; X, n°0 3, XII, XIII.
Cambridge, Mass.
New-York. New-York Academy of sciences.
Transactions, I, table ; If, n°5 1-8.
Annals, II, n°5 10-43 ; III, n° 4 et 2.
American Museum of Natural History.
Bulletin, 1, n° 5.
Fifleenth annual Report, march 1884.
XIV
Philadelphie.
Saint-Louis, Miss.
Salem, Mass.
Washington.
Mexico.
Buenos-Aires.
Cordoba.
Brisbane.
PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ
Academy of natural sciences.
Proceedings, 1882, n°5 2 et 3 ; 1883, n°3; 1884, n°4.
Journal, (2), IX, n° 1.
American Naturalist.
XVIII.
American Philosophical Society.
Proceedings, XX, n° 113; XXI, n°5 144 et 415.
Transactions, (2), XVI, part 1, 1883.
Academy of science.
ANSE n0ES
American Association for the advancement of science.
Smithsonian Institution.
Smithsonian Report, 1882.
American Monthly Microscopical Journal.
IV, n° 12, 14883; V, n°5 1-12, 1884.
U. S. Commission of Fish and Fisheries.
Commissioner’s Report, 4880.
Bulletin, IX, 1883.
U. S. Geological Survey.
Tertiary history of the Grand Cañon district, 1882.
— Atlas in-folio.
MEXIQUE
Sociedad mexicana de historia natural.
La Naturaleza, VI, n°5 18-20, 1883.
RÉPUBLIQUE ARGENTINE
Museo püblico.
Academia nacional de ciencias.
Boletin, V, n°:4; VI, n° 2 et 3.
Atlas, NV; n°M°
OCÉANIE
AUSTRALIE
Royal Society of Queensland.
Proceedings, X, n° 1, 1884,
PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ XV
Melbourne. Roval Societv of Victoria.
XIX, 1883.
Sydney. Linnean Society of New South-Wales.
Proceedings, VIIT, n°$ 3-4 ; IX, n°$ 4-2,
Royal Society of New South-Wales.
Transactions of the Philosophical Society, 1862-1865.
Transactions of the Royal Society, 1872 et 1873.
Journal and Proceedings, X-XIV, 1876-1880; XVI,
1882; XVII, 1883.
JAVA
Batavia. Natuurkundig Tijdschrift voor Nederlandsch-[ndié.
XLIII (8° série, IV), 1884.
A ce propos, M. Manouvrier demande que, chaque année, au mois de
décembre, une commission de deux membres soit chargée, de concert avec
l’Archiviste et le Secrétaire général, d'examiner les Archives et la Bibliothèque
et de déposer un rapport. Cette proposition est renvoyée au Conseil.
M. le D" Manouvrier a étudié les modifications que subit le profil encépha-
lique et endocränien lors du passage à l'état adulte chez l'Homme et chez les
Anthropoides.
La séance est levée à dix heures.
OUVRAGES OFFERTS.
M. Chaper, Rapport sur une Mission scientifique dans le territoire d’Assinie
(côte occidentale d'Afrique). Archives des missions scientifiques et littéraires,
(3), XIE, 1884.
Dr Manouvrier, Note sur la modification générale du profil encéphalique et
endocränien dans le passage à l’état adulte chez l'Homme et chez les Anthropoïdes.
Bull, de la Soc. d'anthropologie de Bordeaux et du sud-ouest, I, 1884.
Séance du 10 février 1885.
PRÉSIDENCE DE M. LE D! FISCHER, VICE-PRÉSIDENT.
La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der-
nière séance est lu et adopté.
XVI PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ
M. le Président, frappé d’un deuil de famille, s’excuse de ne pouvoir assis-
ter à la séance.
M. le Dr Gauthier, élu membre de la Société à l’une des précédentes
séances, remercie par lettre de son admission.
M. le Président de la Société bohémienne des sciences fait part du décès du
chevalier Frédéric von Stein, le célèbre historien des Infusoires. La Société
Zoologique de France s'associe au deuil de la Société bohémienne et lui
adresse ses compliments de condoléance.
MM. J. Smith et A. Salem, présentés à la dernière séance, sont élus mem-
bres de la Société.
MM. Blanchard et Hyades présentent M. le Dr Paul Landowski, 36, rue
Blanche, à Paris.
MM. Künstler et Blanchard présentent M. le D" Gabriel Ferré, 33, rue
Millière, à Bordeaux.
M. le Dr Jousseaume fait une communication sur les Pachybathron.
M. Chaper décrit des Mollusques d’Assinie et de Madras, qu’il a rapportés
de ses voyages. Renvoi à la Commission de publication.
M. le Dr Fischer possède un Macaque $ qui, lors de son renouvellement
dentaire, présenta un écoulement leucorrhéique. Depuis cette époque, les
règles viennent régulièrement tous les mois. Cet animal est grand amateur de
l’eau : il plonge avec la plus vive satisfaction et se complaît à nager entre
deux eaux.
Un autre Singe, la Guenon moustac, rapporté par mer de Lisbonne en
France, donnait les signes de la plus vive terreur, toutes les fois qu’il aperce-
vait les flots.
La séance est levée à dix heures.
OUVRAGE OFFERT.
Ch. van Bambeke, Note sur une inclusion rencontrée dans un œuf de Poule.
Extrait du Livre jubilaire publié par la Société de médecine de Gand, à l’oc-
casion du 50° anniversaire de sa fondation, Gand, 1884.
PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ XVII
Séance du 24 février 1885.
PRÉSIDENCE DE M. MÉGNIN, PRÉSIDENT.
La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la
dernière séance est lu et adopté.
M. Mégnin est désigné pour représenter la Société comme délégué à la
23e réunion des Sociétés savantes à la Sorbonne.
MM. le Dr P. Landowski et le D' Gabriel Ferré, présentés à la dernière
séance, sont élus membres de la Société.
M. le D' Blanchard communique un mémoire de M. Bigot relatif aux Dip-
tères recueillis par l’'Expédition française à l'archipel de la Terre de feu.
M. Pilliet donne lecture d’une note sur les vaisseaux de la cristalloïde pos-
térieure chez les fœtus de Mammifères.
M. Deniker entretient la Société de ses recherches sur le placenta des
Primates.
\
La séance est levée à dix heures.
OUVRAGES OFFERTS.
F. Lescuyer, Noms et classification des Oiseaux de la vallée de la Marne. —
Nouvelle édition. 17° partie. Saint-Dizier, 1885.
E. Dupont, La chronologie géologique. Bull, de l’Acad. de Belgique, (3), VIH,
1884.
G. Ceri, Biografia del Commendatore Luigi Calori, anatomico. Bologna,
in-8° de 32 p., 1884.
H. Gadeau de Kerville, Compte-rendu de la 22° réunion des délégués des
Sociétés savantes à la Sorbonne (Sciences naturelles). Bull. de la Soc. des amis
des sc. nat. de Rouen, 1884.
Id., Note sur un Orque épaulard péché aux environs du Tréport. Ibid.
Id., Note sur un Canard monstrueux appartenant au genre pygomèle. Jour-
nal de l’anatomie et de la physiologie, 4884.
Id., Reproduction de la Perruche soleil (Conurus solstitialis Less.) en France.
Bulletin mensuel de la Soc. nat. d’acclimatation, 1884. j
t2
XVIII PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ
Séance du 10 mars 1885.
PRÉSIDENCE DE M. LE D! P. FISCHER, VICE-PRÉSIDENT
La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der-
nière séance est lu et adopté.
MM. J. de Guerne et R. Blanchard présentent M. Raoul Boulart, préparateur
au laboratoire d'anatomie comparée, 6, rue de la Cerisaie, à Paris.
Mie F. Bignon fait, en son nom et en celui de M. Pilliet, une communica-
tion sur l'appareil lacrymal d’une Tortue géante. Renvoi à la communication
de publication.
M. le Dr R. Dubois entretient la Société de ses observations et de ses expé-
riences sur la phosphorescence du Lampyre.
M. Certes présente des préparations microscopiques d'Infusoires vivants
colorés à l’aide du vert de malachite. Cette nouvelle matière colorante a la
propriété de se fixer sur le noyau.
La séance est levée à dix heures.
OUVRAGES OFFERTS.
Prof. Alfred Newton, Birds. Encyclopædia britannica, IE, in-4° de 79 p.,
1875.
Id., Ornithology. Ibidem, in-4° de 50 p., 1884.
Alph. Dubois, Revue critique des Oiseaux de la famille des Bucérotidés.
Bull. du Musée r. d’hist. nat. de Belgique, II, 1884.
Id., Remarques sur les Alouettes du genre Olocorys. Ibidem.
Offert par M. R, Blanchard :
J. Künstler, Nyctolherus Duboisi. Journal de micrographie, 1884.
Offert par l'éditeur :
E. Leroy, Aviculture. La Poule pratique. Paris, Firmin-Didot, un vol, in-12
de 256 p., 1885.
Séance du 24 mars 1885.
PRÉSIDENCE DE M, MÉGNIN, PRÉSIDENT.
La séance est ouverte à huit heures et quart. Le procès-verbal de la der-
nière séance est lu et adopté.
PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ XIX
M. Raoul Boulart, présenté à la dernière séance, est élu membre de la
Société.
MM. Blanchard et Manouvrier présentent M. Pierre Bonnier, étudiant en
médecine, 75, rue Madame, à Paris.
M. Blanchard donne communication d’un mémoire de M. le D' Ferré inti-
tulé : Contribution à l'étude du nerf auditif. Renvoi à la Commission de publi-
cation.
M. le Dr Fischer rend compte de l'inauguration de la nouvelle galerie de
paléontologie, au Muséum, et attire l'attention sur un certain nombre de
pièces qui s’y trouvent exposées.
M. Certes a essayé sur les Infusoires l’action d’un certain nombre de sub-
stances colorantes nouvelles, notamment les bleus de diphénylamine.
La séance est levée à dix heures.
OUVRAGES OFFERTS.
F. Plateau, Les Nuturalistes-marchands. Le Guide scientifique, I, n° 9;
PAnCMEC RE?
Offert par M. R. Blanchard :
P. Bert et R. Blanchard, Éléments de zoologie. Un vol. in-18 de 692 pages,
avec 613 figures. Paris, G. Masson, 1885.
Séance du 14 avril 1885.
PRÉSIDENCE DE M. MÉGNIN, PRÉSIDENT.
La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la derniere
séance est lu et adopté.
M. Pierre Bonnier, présenté à la dernière séance, est élu membre de la
Société.
MM. Marcus et Blanchard présentent M. le D" Gubb, médecin à l'hôpital
français de Londres, Leicester square, à Londres (Angleterre).
M. R. Blanchard donne lecture d'un mémoire de M. le prof. F. Plateau sur
le rôle des palpes chez les Arthropodes maxillés. Renvoi à la Commission de
publication.
La séance est levée à neuf heures et demie.
XX PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ
OUVRAGES OFFERTS.
A.-P. Ninni, Materiali per una fauna veneta. Fascicolo 6, p. 197-229.
Atti del R. Istituto veneto di scienze, lettere ed arti, (6), IX.
R. Blanchard, Explication des planches murales d'anatomie humaine. Paris,
Hachette, in-4° de 38 p., 1885.
Séance du 28 avril 14885.
PRÉSIDENCE DE M. LE D! P. FISCHER, VICE-PRÉSIDENT.
La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der-
nière séance est lu et adopté.
M. le professeur Nordenskiüld adresse pour l'insérer dans le Bulletin une
note de M. Aurivillius sur les Crustacés parasites des Tuniciers arctiques,
recueillis par l'expédition de la Véga.
M. Chevreux offre son portrait pour l’album de la Société.
M. le D' Gubb, présenté à la dernière séance, est élu membre de la Société.
M. Héron-Royer dépose sur le bureau de la Société une Notice sur les
mœurs des Batraciens, à propos de laquelle il donne quelques détails.
M. le D' Manouvrier offre un mémoire faisant suite à celui qui a été publié
dans le Bulletin de 1882 et indique les principaux résultats auxquels l'ont
conduit ses recherches.
M. le D' Blanchard communique la note de M. le Dr phil. Carl W. S. Auri-
villius, d'Upsal, dont il a élé question plus haut.
1 communique également une note de M. Al. Pilliet sur la structure du
tube digestif de quelques Poissons de mer. Renvoi à la Commission de publi-
cation,
M. Certes, après avoir rappelé les expériences de E. Mer sur l'absorption
des matières colorantes par l'Helix pomatia et celles qu'il a faites lui-même
sur les Infusoires vivants, rend compte des essais de coloration artificielle qu'il
a faits en dernier lieu sur l’Huître d'Arcachon (Ostrea edulis).
L'Huitre supporte, sans paraître en souffrir, un séjour prolongé dans des
solutions d’eau douce colorées d'une manière intense par certaines couleurs
d'aniline. La coloration, localisée dans la zone branchiale, s'effectue en moins
de douze heures. Une fois obtenue, elle persiste dans les Huîtres retirées de
l’eau où même maintenues pendant plus de dix jours dans les bassins où elles
PROGÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ XX
vivent habituellement. Ce n’est qu'après la mort que les diverses parties
internes et externes de l'animal se colorent, la zone branchiale exceptée, ce
qui semblerait indiquer que la coloration est due à des phénomènes d’endos-
mose.
Mettant à profit cette propriété des tissus vivants de l’Huître, M. Certes
leur a fait absorber des substances médicamenteuses et notamment de l’iodure
de potassium qui s’est retrouvé en quantités appréciables dans l’urine des per-
sonnes qui en avaient mangé. C’est d’ailleurs un fait d'observation courante
que les Huîtres, parquées dans certaines conditions, prennent un goût prononcé
de goudron ou de fer,
Il ne paraît donc pas impossible d'utiliser l’Huître comme véhicule de sub-
stances médicamenteuses et les expériences de M. Certes donnent l'explication
préalable de certains faits d’empoisonnement par l’ingestion de Mollusques,
faits assez mal expliqués jusqu’à ce jour.
La séance est levée à dix heures.
OUVRAGES OFFERTS.
Héron-Royer, Notices sur les mœurs des Batraciens. Bull. de la Soc. d’études
scientifiques d'Angers, 1885.
D' L. Manouvrier, Recherches d'anatomie comparative et philosophique sur
les caractères du cräne et du cerveau. — Second mémoire : Sur l'interprétation
de la quantité dans l'encéphale et du poids du cerveau en particulier. Mémoires
de la Société d'anthropologie de Paris, (2), IT, 1885.
Séance du 12 mai 1885.
PRÉSIDENCE DE M. MÉGNIN, PRÉSIDENT.
La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der-
nière séance est lu et adopté.
L'Académie des sciences de Californie, à San-Francisco, adresse les n° 2 et 3
de son Bulletin, pour janvier et février 1885, et demande l'échange. Renvoi
au Conseil.
M. Certes dépose sur le bureau une brochure de M. le professeur Maggi.
M. Blanchard présente, au nom de M. Héron-Royer et au sien, une Kana
viridis offrant, du côté gauche, une persistance de la membrane pupillaire ;
l'œil droit est normal; l'animal, au contraire, est parfaitement aveugle du côté
XXII PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ
gauche. C'est là un curieux cas d’une anomalie qui n’est pas très rare chez
l’homme et qui s'explique par la persistance d’un état embryonnaire.
M. Blanchard décrit, sous le nom d’Ankylostoma boæ, un Nématode parasite
de l'intestin du Boa constrictor et sous le nom de Strongylus Tibulli un Néma-
tode qui vit enkysté à l'état adulte dans la mu queuse stomacale du Petrogale
penicillala. Renvoi à la Commission de publication.
M. Blanchard communique également les observations qu'il a faites sur un
Sporozoaire qu'il a trouvé enkysté au-dessus de la muqueuse du gros intestin
chez un Petrogale penicillata. Renvoi à la Commission de publication.
M. le D" Jousseaume fait la description d’une nouvelle espèce d'Helicidæ,
appartenant au genre Solaropsis de Beck, qui lui a été envoyée de l’Équateur
par notre collègue, M. Cousin.
Cette espèce, qu’il désigne sous le nom de Solaropsis Cousini, se rapproche
beaucoup par la taille du Solaropsis amori Hidalgo. Elle en diffère par sa spire
plus élevée et plus convexe, ses tours moins déprimés, son ouverture plus large
et par sa coloration. Ses deux premiers tours sont jaunâtres et non brun-rou-
geâtre clair comme dans $. amori, les tours suivants sont ornés à la face supé-
rieure de zones transversales et flammelées de couleur brune alternant avec
des bandes jaunâtres de même forme et à peu près de même dimension. A la
face inférieure, les lignes concentriques formées par la réunion de petites
taches brunes que l’on observe dans le S. amori sont remplacées dans la
moitié externe par des zones rayonnantes semblables à celles que l’on observe
à la face supérieure. Cette espèce a été recueillie dans le bassin du Napo.
Pour la description, renvoi au Bulletin.
Le D' Jousseaume rappelle, en outre, que le travail de notre collègue
M. Chaper, publié dans la 4"° partie de nos Bullelins de cette année, présente
un très grand intérêt scientifique au point de vue de la distribution géogra-
phique des Mollusques, puisqu'il vient de décrire, sous le nom de Curvella
striata et de Curvella inornala, deux coquilles qui présentent une forme parti-
culière et offrent des caractères qui permettent de les séparer des genres con-
nus. Cette forme nouvelle, nettement définie par notre collègue M. Chaper, se
retrouve dans l'Inde. Ainsi, dans les Proceedings de la Société Zoologique de
Londres, 1872, M. Godwin-Austen, sous le nom de Bulimus (Harpalus) kha-
sianus et B. (Harpalus) munipurensis (au lieu de Harpalus, lire Hapalus), dé-
crit deux coquilles dont la forme est identiqne à celle recueillie en Assinie par
notre collègue M. Chaper. Nous savions déjà que presque toutes les espèces
de coquilles appartenant au genre Glessula se rencontraient également dans ces
deux localités. C'est un fait bien inexplicable, de trouver un très grand nombre
d'espèces terrestres de même forme confinées dans deux localités aussi distantes.
PROGÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ XXII
Le D' Jousseaume, pour appuyer l'opinion qu’il s’est formée sur le peu de
valeur que l’on doit attribuer à la radula, prise par certains auteurs d’un grand
mérite comme base de classification des Mollusques, pense que cette étude
peut être très intéressante, mais qu’il ne faut pas lui accorder plus d'importance
qu’à tout autre organe ; que son étude nécessitant l'emploi du microscope peut,
dans bien des cas, suivant le plus ou moins de perfection des appareils employés
et suivant l'œil plus ou moins exercé de l'observateur, conduire à des obser-
vations incomplètes ou erronées; que, du reste, la radula n'existe pas chez
tous les Mollusques vivants et que, par ce procédé, il serait impossible de
classer les Mollusques disparus, dont il ne reste plus, à l’état fossile, que quel-
ques vestiges de l'enveloppe testacée de l'animal. Il est donc plus rationnel,
après avoir étudié avec soin la corrélation qui existe entre l’animal et sa co-
quille, de prendre cette dernière, si variable dans la structure et la forme,
comme base de classification; si une erreur venait à être commise, ce qui
n'est arrivé qu'exceptionnellement, il suffirait, je ne dirai pas de l'étude, mais,
de la simple vue de l'animal pour la faire disparaître.
L'étude de la radula, exigeant tout un déploiement d'appareils qui ne sont
pas toujours à la portée de toutes les bourses, oblige la majorité des personnes
qui s'occupent de ces questions à accepter, comme article de foi, les observa-
tions que l’on a faites ; et si, par hasard, quelques personnes viennent à con-
trôler les faits avancés par d’autres observations, on est tout surpris d'apprendre
que l’un a vu 1.3.5 où l’autre avait vu 2.4.6. Ceux qui ne se sont jamais
livrés aux études microscopiques comprendront difficilement ces contradictions.
Cela est cependant bien explicable, car indépendamment des troubles visuels
qui modifient la couleur des objets et leur voiume, il existe également un
champ très vaste de variabilité attenante soit à la qualité de l’instrument
choisi, soit aux grossissements employés, soit au plus ou moins d’habileté de
celui qui s’en sert.
Je citerai à ce propos un fait qui se rapporte particulièrement à l'étude de
la radula. M. Fischer, notre collègue, et M. Poirier ont fait l’anatomie de
Halia priamus, Mollusque des plus intéressant par la forme spéciale de sa
coquille. Alors que M. Fischer a donné à cette espèce, comme formule dentaire
de la radula, 1.0.1, M. Poirier a trouvé qu’elle était au contraire représentée
par 1.1.1. Si deux savants, dont tout le monde connait les vastes connaissances
en malacologie et dont personne ne peut contester l'honnêteté scientifique, se
trouvent en contradiction sur la formule dentaire d’une espèce étudiée deux
fois, n’avons-nous pas une preuve des difficultés que présente ce genre d’étude,
let ne devons-nous pas considérer comme téméraires toutes personnes qui
‘emploient comme base de classification ? Aussi, d’après M. Fischer, l’H. pria-
mus est placée dans la famille des Pleurotomidæ, alors que M. Poirier la rat-
tache à la famille des Buccinidæ. Sans trancher une question aussi délicate,
XXIV PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ
nous avons depuis longtemps, par la simple inspection de la coquille, considéré
que le genre Halia, dont on ne connait que deux espèces, l’une vivante et
l’autre fossile, devait constituer une famille spéciale. La famille des Halde,
placée comme l'ont fait certains auteurs à côté des Struthiolaires établit le
passage entre les Cancellaires, les Litiopes, les Planacées et le grand groupe
des Cerilhidæ.
Sur l'observation de quelques membres de la Société, qui trouvent une
analogie entre la dentition linguale et les dents des animaux supérieurs, le
D' Jousseaume dit que la radula n’est pas autre chose qu’un organe de pré-
hension, que c’est un organe qui physiologiquement ne peut être comparé qu'à
la langue des Mammifères, qu’il suffit d'examiner le mode de préhension des
aliments chez les Mollusques pulmonés qui, indépendamment de la radula,
possèdent une mâchoire cornée, pour voir que la radula attire dans la cavité
buccale des parcelles de plantes qui sont coupées par la mâchoire et introduites
ensuite dans l’estomac, sans que la radula leur ait fait subir aucune espèce de
trituration. Le rôle de la radula est donc, comme la langue chez le Cheval,
d'attirer dans la cavité buccale des parties de plantes qui sont ensuite cou-
pées par les dents qui leur donnent un volume convenable avant leur intro-
duction dans le tube digestif. Classer les Mollusques d’après la dentition de la
radula n’est certainement pas plus impossible que de classer les Mammifères
d’après les papiiles de la langue. S'il n’y a pas impossibilité, il y a tout au
moins une difficulté qui a éloigné les savants à fonder une classification sérieuse
sur de semblables minuties.
La séance est levée à dix heures.
OUVRAGES OFFERTS.
À. Certes, De l'emploi des matières colorantes dans l'étude physiologique et
histologique des Infusoires vivants. Comptes-rendus de la Soc. de Biologie,
5 avril 4884.
L. Magoi, À proposilo dei protisli cholerigini. Gazzelta medica italiana Lom-
bardia, 14885.
Offert par M. Chaper :
U. S. Commission of fish and fisheries. Part TIT. Report of the commisioner
for 1873-4 and 1874-5. Washington, 4876.
Reports of Exploralions and Surveys, lo ascertain the most practlicable and
economical roule for a railroad from the Mississipi river to the pacific Ocean.
Washington, 1855-1860. Douze volumes grand in-#4° en 43 tomes.
PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ XOXNI
Séance du 26 mai 1885.
PRÉSIDENCE DE M. CERTES, VICE-PRÉSIDENT.
La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der-
nière séance est lu et adopté.
M. le Secrétaire général s’excuse de ne pouvoir assister à la séance.
M. Blanchard, revenant sur sa communication de la dernière séance, relative
à un Sporozoaire trouvé dans la couche sous-muqueuse du gros intestin d’un
Marsupial, fait savoir qu’il a eu le plaisir de faire examiner ses préparations
par M. le prof. Balbiani et qu’il a vu ses prévisions pleinement confirmées par
ce savant naturaliste. Il s’agit bien d’un Sporozoaire du groupe des Sarcos-
poridies, remarquable à plus d’un titre, mais surtout à cause de son siège :
les Sarcosporidies ont été en effet signalées constamment jusqu’à ce jour à
l'intérieur des fibres du tissu musculaire strié, Une note, accompagnée de
figures, sera prochainement insérée au Bulletin.
M. Fabre-Domergue offre à la Société un exemplaire de l'ouvrage de Klein
qu'il a traduit de l'anglais {Microbes el maladies).
M. Certes fait quelques observations à ce sujet, en indiquant les passages
intéressants de ce livre.
M. Fabre-Domergue décrit un Infusoire nouveau, sous le nom d’Ophryoglena
Certesi, Renvoi au Bulletin.
La séance est levée à dix heures.
OUVRAGES OFFERTS.
D' Alph. Dubois, Revue des Oiseaux observés en Belgique. Bulletin du musée
royal d'histoire naturelle de Belgique, IV, 1885.
A. P, Ninni, Sopra le Ranæ fuscæ del Veneto. Atti del R. Istituto veneto,
(6), III, 4885.
Van Bambeke, État actuel de nos connaissances sur la structure du noyau
cellulaire à l'état de repos. Annales de la Société de médecine de Gand, 1885,
Offert par M. Blanchard :
G. Pouchet, Nouvelle contribution à l'histoire des Péridiniens marins. Journal
de l’Anatomie, 1885.
Offert par M. Fabre-Domergue :
Klein, Microbes el maladies, Guide pratique pour l'étude des micro-organismes
Traduit de l’anglais par Fabre-Domergue. Paris, 1885.
XXVI PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ
Séance du 9 juin 1885.
PRÉSIDENCE DE M. LE B°0 BILLAUD, DOYEN D'AGE.
La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der-
nière séance est lu et adopté.
M. le Ministre de l’Instruction publique annonce à la Société qu’il vient de
prescrire en son nom l’ordonnancement d’une somme de mille francs, en
échange de vingt exemplaire du Bulletin.
MM. Alph. Dubois et R. Blanchard présentent M. René Martin, avocat, au
Blanc (Indre).
La séance est levée à neuf heures.
OUVRAGES OFFERTS.
G. Canestrini, Prospetto dell’ acarofauna italiana. Famiglie : Oribalini,
Gamasini, Hoplopini, Trombidini, Rhyncholophini. Padova, in-8° de 163 p.,
1885.
Offert par M. Chaper :
J. L. Leconte, On some changes in the nomenclature of north american
Coleoptera, which have been recently proposed. The Canadian Entomologist,
1874.
J. L. Leconte, An additional character to the definilion of Rhynchophorus
Coleoptera. American naturalist, IX, 1875.
Jeffries Vyman. Memorial meeting of the Boston Society of natural history,
7 october 1874.
N. M. Hentz, The Spiders of the United States. Occasional papers of the Bos-
ton Society of natural history, I, 4875.
Séance du 23 juin 1885.
PRÉSIDENCE DE M. J. VIAN, DOYEN D'AGE.
La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der-
nière séance est lu et adopté.
M. René Martin, présenté à la dernière séance, est élu membre de la Société.
PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ XXVII
MM. Marcus et Blanchard présentent M. le D' Robert Massalongo, à Vérone
(Italie).
M. J. de Morgan fait une communication sur les Mollusques qu'il a recueillis
pendant un voyage dans la presqu'île de Malacca. Renvoi au Bulletin.
M. R. Boulart fait part de ses observations sur les sacs aériens cervicaux du
Tantale.
M. Al. Pilliet dépose une note sur la glande de Harder du Chameau.
MM. Al. Pilliet et Boulart rendent compte de leurs études sur les glandes
conglomérées du tégument externe.
La séance est levée à dix heures.
OUVRAGES OFFERTS.
R. Blanchard, Sur un cas de polymastie et sur la signification des mamelles
surnuméraires. Bulletin de la Société d’Anthropologie (3), VIIE, 49 mars 1885.
Offert par M. Maurice Chaper :
Smithsonian Report, 1871-1876 (6 volumes).
Séance du 7 juillet 1885. (1)
PRÉSIDENCE DE M. MÉGNIN, PRÉSIDENT.
La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der-
nière séance, est lu et adopté.
M. R. Massalongo, présenté à la dernière séance, est élu membre de la
Société.
M. le Secrétaire général présente un mémoire de M. J. Künstler, compre-
nant la description d’un Protozoaire parasite de la cavité périviscérale des
Ophélies, Dumontia Opheliarum. Renvoi au Bulletin.
M. Mégnin décrit une maladie cutanée des Barbeaux causée par une Myxo-
sporidie. Renvoi au Bulletin.
La séance est levée à dix heures.
(1) À l’occasion de la Fête Nationale du 14 Juillet, la séance du second mardi de
Juillet a été reportée au mardi 7.
La
XXVIII PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ
Séance du 28 juillet 1885.
PRÉSIDENCE DE M. MÉGNIN, PRÉSIDENT.
La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der-
nière séance est lu et adopté.
Après dépouillement de la correspondance et présentation des publications
reçues, la séance est levée.
: Séance du 13 octobre 1885.
PRÉSIDENCE DE M. LE D' JOUSSEAUME, DOYEN D'AGE.
La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der-
nière séance est lu et adopté.
M. le Secrétaire général annonce à la Société la perte qu’elle vient de faire
en la personne de M. le Professeur Charles Robin, membre de l’Institut et
membre honoraire de la Société. Il fait en quelques mots l'éloge de ce
savant éminent et expose rapidement les progrès et les découvertes dont la
science lui est redevable.
M. le D' Jullien fait une communication relative aux Bryozoaires.
M. Deniker entretient la Société de ses observations sur les sacs laryngés
des Anthropoïdes.
La séance est levée à neuf heures et demie.
OUVRAGES OFFERTS.
H. Gadeau de Kerville, Aperçu de la faune actuelle de la Seine et de son
embouchure. Extrait du 2° volume de l'£stuaire de la Seine, par G. Lennier,
Le Hâvre, 1885.
Id., Mélanges entomologiques. 3° mémoire. Bull. de la Soc. des Amis des sc.
nat. de Rouen, 2° semestre 1884.
Id., Comple-rendu de la 23° réunion des délégués des Sociétés savantes à la
Sorbonne, 1885. Ibidem, 4er semestre 1885.
Id., Note sur les Crustacés Schisopodes de l'estuaire de la Seine. Ibidem.
PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ > @ Le
Id., La Société des jAmis des Sciences naturelles de Rouen en 1884. Rouen,
1885.
Id., Description de quatre monstres doubles. Journal de l’Anatomie, 1885.
V.-L. Seoane, Identidad de Lacerta Schreiberi (Bedriaga) y Lacerta viridis,
var. Gadovii (Boulenger) é investigaciones herpetolôgicas de Galicia. La Coruña,
1884.
Id., On tawo forms of Rana from n. w. Spain. The Zoologist, may 1885.
A. Nobre, Molluscos marinhos do nordesie de Portugal. Porto, 1884.
G. Lunel, Sur la varialion dans les œufs du Vautour moine. Recueil zoolo-
gique suisse, I, 1885.
V. Fatio, Les Corégones de la Suisse (Féras diverses) ; classification et condi-
tions de frai. Ibidem.
A.-P. Ninni, Sulla ricomparsa dei gamberi nel Trevigiano. Treviso, 1885.
Offert par le ministère de l’Instruction publique :
Exploralion scientifique de la Tunisie. Liste des Coléoptères recueillis en
Tunisie en 1853 par M. A. Letourneux, dressée par M. Ed. Lefèvre. Paris,
1885.
Offert par l'Association française pour l'avancement des Sciences :
E. Olivier, Faune du Doubs ou catalogue raisonné des animaux sauvages
(Mammifères, Reptiles, Batraciens, Poissons) observés jusqu'à ce jour dans ce
département. Mém. de la Soc. d’émulation du Doubs, 1883.
Id., Supplément à l'essai sur la faune de l'Allier (Vertébrés). Bull. de la
Soc. d’émulation de l'Allier, 1884.
G. Cotteau, Échinides jurassiques, crétacés, éocènes du Sud-Ouest de la
France. Ann. de la Soc. des Sc. nat, de la Rochelle, 1883.
Ed. Beltrémieux, Faune vivante de la Charente-Inférieure. Ibidem, 1884.
Id., Faune fossile de la Charente-Enférieure. Ibidem, 1884.
Séance du 26 octobre 1835.
PRÉSIDENCE DE M. VIAN, DOYEN D'AGE.
La séance est ouverte à huit heures ei demie. Le procès-verbal de la der-
nière séance est lu et adopté.
MM.'E. Deslongchamps et R. Blanchard présentent M. L, Huet, maître de
conférences à la Faculté des sciences de Caen.
. , . . . , . . , “
M. Taczanowski adresse un mémoire intitulé : Liste des Oiseaux d'un envot
récent du sud-ouest du pays oussourien. Renvoi au Bulletin.
XXX PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ
M. Eug. Simon fait une communication sur la faune arachnologique de
l'Asie méridionale.
M. le Dr Jousseaume donne la description de trois espèces nouvelles de
Mollusques : deux appartenant à la famille des Bulimidés (Cryploraphe Au-
gusti et Rabdotus Cousini) et l’autre à celle des Ampullaridés (Ampullaria
Cousini). Cette dernière est caractérisée par une tache d’un jaune orange foncé
située vers le milieu du bord columellaire.
La séance est levée à neuf heures et demie.
Séance du 10 novembre 1885.
PRÉSIDENCE DE M. MÉGNIN, PRÉSIDENT.
La séance est ouverte à huit heures un quart. Le procès-verbal de la der-
nière séance est lu et adopté.
M. le Dr Huct, présenté à la dernière séance, est élu membre de la Société.
M'e F, Bignon et M. Boulart présentent M. Daniel Christman, étudiant en
médecine, 2, rue de Mirbel, à Paris.
M. Chaper dépose une note sur quelques espèces nouvelles de coquilles
vivantes provenant de l'Afrique australe et d’Assinie.
M. le Dr Jousseaume transmet, au nom de M. Buffet, pharmacien, l’obser-
vation suivante :
« En 4862, faisant neltoyer une grande fontaine de grès, toujours tenue
pleine de l’eau prise au robinet de la cour d’une maison de la rue du Bac, j'y
trouvai le long de la paroi, adhérente par son byssus, et très vivante, une
coquille que je pris alors pour une variété barbue de la Dreyssène, que je
savais exister dans les eaux de Paris.
« Pour l’observer à mon aise, je la gardai plusieurs jours dans un petit
vase de verre où elle continua de vivre. Je ne m'occupais alors que de bota-
nique et un peu de paléontologie. Aussi je ne conservai cetle coquille que
pour obéir à mes goûts de collectionneur, sans me douter de ce qu'avait d’ex-
traordinaire sa présence dans les eaux de Paris.
« Ce n’est que ces temps derniers que, m'élant mis à l'étude des Mollusques
vivant aux environs de Paris, j’eus la très heureuse occasion d’en causer avec
le Dr Jousseaume. J'appris de lui avec un très grand étonnement, que ce Mol-
lusque était le Modiola; barbata, qui n'habite que les eaux salées.
PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ XXXI
« L’échantillon que j'ai trouvé se trouvait placé dans de telles conditions
de bonne conservation que les dentelures des barbes de la coquille sont d’une
délicatesse parfaite. »
MM. Fischer et Chaper font part d'observations analogues concernant des
Mollusques d’eau salée adaptés à la vie dans l’eau douce.
M. le Dr Jousseaume signale encore la découverte, faite par M. Buffet, de
la Clausilia ventricosa dans la forêt de Montmorency.
La séance est levée à dix heures.
OUVRAGE OFFERT.
Offert par M. J.-J. Dalgleish :
E. Gibson, Notes on the Birds of Paisandü, Republic of Uruguay. The Ibis,
(5), II, p. 275, 1885.
Séance du 24 novembre 1885.
PRÉSIDENCE DE M. LE D! FISCHER, VICE-PRÉSIDENT.
La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der-
nière séance est lu et adopté.
M. le Ministre de l'instruction publique notifie le rattachement des sciences
naturelles à la quatrième section du Comité des travaux historiques et scien-
tifiques, section qui prendra désormais le titre de section des sciences.
M. le D' Huet, élu membre de la Société à la précédente séance, remercie
de son admission.
M. D. Christman, présenté à la dernière séance, est élu membre de la
Société.
M. le Dr J, Jullien décrit un nouveau type de Bryozoaires, dragué par l’ex-
pédition de la Romanche entre les îles Malouines et le détroit de Magellan ; il
lui donne le nom de Dolmenia druidica.
La séance est levée à neuf heures et demie.
OUVRAGES OFFERTS.
F. Plateau, Recherches expérimentales sur la vision chez les Insectes. Les In-
XREIT PROCÈS-VERBAUX DE LA-SOCIÉTÉ
sectes distinguent-ils la forme des objets ? Bulletins de l’Acad. royale de Bel-
gique, (3), X, 1885.
Offert par M. A. Woodward :
L. P. Gratacap and A. Woodward, The fresh water flora and fauna of
Central Park. New-York, 1884.
A. Woodward, Foraminifera from Bermuda. Journal of the New-York
microscopical Society, 1885.
A. Woodward and B.:W. Thomas, On the Foraminifera of the Boulder-
clay. 4318 annual report of the geological and natural history Survey of Min-
nesota. Saint-Paul, 4885.
Séance du 8 décembre 1885.
PRÉSIDENCE DE M. VIAN, DOYEN D'AGE.
La séance est ouverte à huit heures et demie, Le procès-verbal de la der-
nière séance est lu et adopté.
M. O. Terquem adresse une note sur les Mollusques et les Foraminifères
dragués dans la rade de Smyrne par M. Ed. Terquem. Une espèce nouvelle de
Rosalina est décrite.
La séance est levée à neuf heures et demie.
OUVRAGE OFFERT.
Offert par l’Académie des Sciences :
Mission scientifique du cap Horn, 1882-1883. Tome II, Météorologie, par
J. Lephay. Paris, 4885.
Séance du 22 décembre 1885.
PRÉSIDENCE DE M. LE D' FISCHER, VICE-PRÉSIDENT,
La séance est ouverte à huit heures et demie, Le procès-verbal de la der-
nière séance est lu et adopté.
M. Cotteau fait une communication sur une série d'Échinides fossiles, nou-
veaux où peu connus, Renvoi au Bulletin.
PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ XXXIII
M. le Dr R. Dubois expose le résultat de ses recherches sur l’anatomie et
la physiologie des Pyrophores.
M. le D' R. Blanchard présente, au nom de M. le D' Ch. Debierre, un mé-
moire sur l'appareil hyoïdien considéré dans la série des Vertébrés. Renvoi
au Bulletin.
M. Héron-Royer fait une communication sur le développement larvaire du
Discoglosse. Renvoi au Bulletin.
MM. de Guerne et Sauvinet sont désignés pour dépouiller le scrutin.
Le scrutin donne les résultats suivants, pour 85 votants:
PNEU NON 0e. RAA MM. le DrP. Fischer... 841 voix.
en ROMEO PL
Pacc-Bresudents Mi ie NReeUr ed à BA
Secrétatre général . .......... Prof. R. Blanchard, 81 »
MINE Bienne ee PAST
BECRÉMNESE RL DS." CU MM. J. Gazagnaire..... 780
Dr L. Manouvrier.. 80 »
IRCSIN DRM. SENTE LR Héron-Royer ..... 81 »
Archiviste-Bibliothécaire . ..... H PIS OA TI 80 »
Bon Billaud....... 80 »
: J/Deniker.. 22% 80 »
Membres du Conseil, ......... NE E ao
Ph. Dautzenberg .. 79 »
Par suite du passage de M. le Dr Jullien à la vice-présidence, une vacance
s’est produite parmi les membres du Conseil. M. de Guerne est élu par
43 voix sur 19 votants.
La séance est levée à dix heures et demie.
OUVRAGES OFFERTS.
H. Gadeau de Kerville, Causeries sur le transformisme. — 1. Exposé de la
doctrine transformiste. Elbeuf, 1885.
A. P. Ninni, Rapporto a $S. E. il ministro di agricollura sui progetti della
ditta grego per estendere la pescicoltura... Roma, 1885.
G. Cotteau, Considérations générales sur les Échinides du terrain jurassique
de la France. Bulletin de la Soc. géologique de France, (3), XIII, 1885.
Page 280, lignes 4 et 5, supprimer : ex raison de l'existence à sa
surface de deux sortes de cils. à
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ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX
DÉCRITS DANS LE BULLETIN DE 1885
PROTOZOAIRES.
Pages
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Done: KUNSUeL SE NES PER 309
Bosalhina-vitrea®. et. Terquem.: "MCE ee eee 549
ÉCHINODERMES.
Crnhosoma Crormiert COLOR ART NE ES RE 552
Gars Mourguer Ge Colt RECENT ELLE er 554
DCR TUASCEr COL TS ER. 228 salt comrabiors eR 297
HERO SSus Gone Er COHEN SOL IR LL CAEN LAURE 598
Psammechinus Gauthieri G. CO. ..: 28... Lie a 563
NÉMATODES
AaËtiostoma Bof. Blanchard idees eo XXII
Des Tab HDI TEE EE Me ee JR XXII
BRYOZOAIRES.
Plimatelhoe ae Julien: 208 amsn ee 94, 100
Hya ln SAIT RE CPR ne drsiee dre Nan 133
Lophopude il aoû: jam NS eue RU es Ne 94, 139
Lophopus Prémmonv ATON Eee see don leltes ue 22e s | 140
Hislopidoe J'EN IG 0 DU NIIME DATI Ten e 95, 180
XXXVI ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX
MOLLUSQUES.
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Perideris Verdier Ghaper ee RE. PE DRE. «IE
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Matrochlamys patamensis: MO 2 ERP E Re RER. JP
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Hermiplecta.Léecin, MORB ELA Eir airaee setineee see ile le
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Gueotis Douvuler MOrE 5.0. RIM ERA CREER
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ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX XXX VII
Pages.
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CRUSTACÉS.
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PROC PATIE, ROUE eu eee A Met es ere DUT UT 282
ERCOORO NARUTO Le 5e lu ctiets 282
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ACARIENS.
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XXXVIHI ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX
ARACHNIDES.
Pages
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Thyene E. SiM., n. g.................sessssressssrssee 4
Th. semicuprea E. Sim.....................esssse..sssssse n
Saïtis Chaperi H. SIM... sus... opommetereese eee 6
Lycosa Chaperi E. Sim.................................... 8
Li leucostigma F, SIM... . «eu aneee recettes ee ent 10
Evippa rubiginosa E. Sim................................. 11
Pardosa partita E. Sim....................:.............. 42
Matane D. Si. s cam at No rec HUM ELME S - 7 eUeRe 13
Heteropoda sexpunctata E. Sim............................ 14
mhanatus indicus DSi. ; ane aa et der DE ce ee One Sas 16
Apsectromerus E. Sim., n.g.........,................es.e. 16
Pr duriusculus EF: SIN. LL ete -Lenmaneterrebe- nee 17
Prosthesima pexa E. Sim.............s....ss..ss.ssssessee 21
Echemus Chaperi E. Sim........................s.sss.. 22
Melicymnis E. Sim., n. g.....................ssss..s. 22
Me biedlon ls Sie. OS RS PNA JAMRANNE 10108
Hiantes EL Sim27.10:: ce eee ere eee adine ie ciUet 24
B. longimanus E. Sim......................s..suemserse 25
Besirtatie E. SUN SUIS 00e ANA HE SU MANS CRS AR ER RS 25
Paeudierds ES, MM cu ee se 020 ee MAS MR USE 1e 28
De onadestus Di SNA U ere repet chebe eee CORALIE 28
Mogrus F'abrei E. Sim.................................... 29
Opistoncus aurantiacus E. Sim............................. 30
Hippasa E. Sim.,n.g....................sssessesessee. 31
Heteropoda Fabrei E. Sim................................. 32
Isoæya E. Sim., n. BUT ee à ne mets dla niolelte nee AR DIUles Are 35
Tephlea limbata E. Sim..............,.................... 36
Cœnoptychus E. Sim., n. g.......................s..s..... 36
C. pulcher E. Sim.....................escsescsesereeres 37
Prcilotherie E. NN;, À..9..... sue dorsmepesse al: dulsie 38
Scorpio lucidipes E. Sim ............,..................... 38
Hyllus Morgani E. Sim............ NO LR Se » à.» SNS 437
Mini suaots Bi: A. ve Eee Me SE en aie LS CNE 439
Mogrus ornatus E. Sim.................................... 439
Harmochirus À. SNL D ee 0 see LUS ARE, LCR Re 440
H'malaccensis E, SIM ENS 0 La ee nn ARR. > Re 441
Dasddin semicant'E, SIM... 4, 1 AL D SN VS OR 442
ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX XXXIX
Pages
COR OT ER EME, Te Jonas end à asle se SR DEN T 443
CÉMOTGAR ES SIL, Ste à Aussi e UN eee VOS EE 444
SÉPTGODINSIEMEI. 1. dede. à. « claua aie o des de ee TE 444
5. GIDOS RARES SUR SEL à es sata ele OT 446
AUGMENTE. ST DEN à 28 da th ss ete SOLAR 447
MICHEL SIT NN RENE Trade delire à ET ME 447
D OR RS LS OR RL A re ere s cle a 448
Mer DSte PACA SU Sen Des eee me notn eue Ve TU 449
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CDR CASE SA EL Rs ere ee ee Re ALT UT 457
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Wine Ponge Sun... ul Zee dette COMITE Re 460
OISEAUX
Pæcilia palustris, var. crassirostris Taczanowski............ 470
TABLE DES MATIÈRES
PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE D'AUTEURS
CARL W. S. AURIVILLIUS. — Crustacés parasites des Tuniciers arctiques.. ...
FANNY BIGNON et AL. PILLIET. — Sur la glande lacrymale d’une Tortue géante
ROOUOOE DROITE RTE A ROREN ARS PET Ne ve
Prof. R. BLaANcHaRD. — Note sur les Sarcosporidies et sur un essai de clas-
sification de ces Sporozoaires, avec 4 gravures dans
Jettexto" (PILIERS RP, PNR ere
— — Sur un Infusoire péritriche, ectoparasite des Poissons
d'ead OUCOL PE TIMES CR Re
— — Remarques sur la classification des Batraciens anoures.
RaOuL BOULART et AL. PILLIET. — Sur quelques glandes conglomérées du tégu-
ment externe
Visloeisla se soie ele see. ele ee se) ae sie s'elsliale else os ee ns ee 20.0 see se a © eee nteia
MAURICE CHAPER. — Description de quelques Espèces et Genres nouveaux de
Coquilles vivantes de diverses provenances (PL I)...
— — Description de quelques espèces nouvelles de Coquilles
vivantes provenant de l'Afrique australe et d’Assinie
AT EE ee RO RE A RE
G. COTTEAU. — Échinides nouveaux ou peu connus (4° article) (PI. XII et XIII).
Prof. CH. DEBIERRE. — Sur l'appareil hyoïdien considéré dans la série des
Vertébrés. — L'arc mandibulaire et l'arc hyoïdien, avec 48 figures dans le
CAO OI OO OO OO OO OO
— — Description d'un nouvel Acarien {Alophus Antonii), avec
: Sihoures dans (el toxenee ..u.4.eue PEL oU
D' GABRIEL FERRÉ, — Contribution à l'étude du nerf auditif, avec 5 figures
Hansen denter (PI LD RE ne date ete 0 en ee
HÉRON-ROYER. — Note sur les amours, la ponte et le développement du Dis-
coglosse {/Discoglossus pictus Otth), suivie de quelques remarques sur la
CSS CANONS ANOUTESN PIS XIV) 7-2 arme meneur conte
D' J. JuLLIEN. — Monographie des Bryozoaires d’eau douce, avec 250 figures
dan EME TER Re annuel Ra ele 0 à eine sai cie demie UD
J. KüNSTLER. — Dumontia Opheliarum, type nouveau de la sous-classe des
SAFCOUITE SPRINT OR ee a delire aus d'a eieteie Sels le (oie Die ER EEtPES
P. MÉGNIN. — Sur le rôle pathogénique de certaines Psorospermies .........
J. DE MORGAN. — Mollusques terrestres et fluviatiles du royaume de Pérak et
des pays voisins (Presqu'ile Malaise), avec une carte dans le texte (PI. V,
VIQNIE, VIRE ee RAR de Pendee PA RO NP PE Ce
XLIT TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE D'AUTEURS
Pages.
Ar. Prier. — Structure de la portion gaufrée de l'estomac du Chameau..... 40
— — Sur les vaisseaux de la cristalloïde postérieure chez les fœtus
de Mammifères nr... PR bo tac Joe dù 00 à 59
_ — Sur la structure du tube digestif de quelques Poissons de
NT NS SR TT ONU SE NE 00e TBE DOAUOD O8 0 28.00 à 10 DD DID 00-00 « 283
— — Note sur la glande de Harder du Chameau................... 349
Az. PiLLtET et FANNyY BIGNON. — Sur la glande lacrymale d'une Tortue géante
AGhelane omis li RE MR SR SE Dre LCR PER PME + ER ere 69
Az. PILLIET et RAOUL BOULART. — Sur quelques glandes conglomérées du
tégument externe .............,...,......ese.sssesseneseseeeespesersess 337
Prof. FÉLIX PLATEAU. — Expériences sur le rôle des palpes chez les Arthro-
podes maxillés. — (1° partie) Palpes des Insectes broyeurs................ 67
E. Simox. — Matériaux pour servir à la Faune arachnologique de l'Asie Méri-
dinnale. + Reset ececiee UP CE EE LCL 1
— — Matériaux pour servir à la Faune arachnologique de l'Asie Méri-
dionale PIE IE Lecce cete ect PORTES CRC 436
L. Taczanowskr. — Liste des Oiseaux reçus récemment du sud-ouest du
DAYS lOUSSOURION A6 espere er-menereas echo eee hr 463
0, et En. TERQUEM. — La rade de Smyrne, avec 3 figures dans le texte...... 547
TABLE
PAR ORDRE DE MATIÈRES
Pages.
BureauretitunsetlipouR l'année SSD RE EU. LCPEMET era eco I
Liste des Membres Honoraires RAR Cesu ee els ee Dee a re otieele v
Membres ÉCONMeSDONTANLS nee eee nee ele eee ceeae VI
Mémbre dont dE SAR AE NE AL en à he dem Dee dent ee ee entre VI
Liste des Membres de la Société au 15 mars 1885 .........:..,..,2.4ie0tt VII
E. Simon. — Matériaux pour servir à la Faune arachnologique de l'Asie Méri-
HONTE RE AP Ar nuede a de ace eat ee «vies late 0e L
AL. PILLIET, — Structure de la portion gaufrée de l'estomac du Chameau.... 40
MAURICE CHAPER. — Description de quelques espèces et genres nouveaux de
Coquilles vivantes'de diverses provénances (PL. I)..:..:2..4......444. 202 42
AL. PILLIET. — Sur les vaisseaux de la cristalloïde postérieure chez les fœtus
deMAMONIERES PRE REER EL Laden nee des ee SD VN NOT DIN EEE SR 5
AL. PILLIET et FANNY BIGNON. — Sur la glande lacrymale d’une Tortue géante
CREER ER RE AN TR Ne teie eee ei ei ee idee 60
Prof. FÉLIxX PLATEAU. — Expériences sur le rôle des palpes chez les Arthro-
podes maxillés. — 1" partie. Palpes des Insectes broyeurs ............... 67
D' J. JuLLIEN. — Monographie des Bryozoaires d’eau douce, avec 250 gra-
ASS CMS CONS ORARLL LORTE RENE SERRE RAC CODEN UEU AOC 91
D' GABRIEL FERRÉ. — Contribution à l'étude du nerf auditif, avec 5 gravures
dE ex te PL DE annee cafe nee Se eut einer loi dites 208
Prof. RAPHAËL BLANCHARD. — Note sur les Sarcosporidies et sur un essai de
classification de ces Sporozoaires, avec 4 gra-
vures dans /le tente (Pl HD Een ne 244
— — Sur un Infusoire péritriche, ectoparasite des
Poissons d'eauidouce (Pl IE)... "rente 277
CarL W. S. AURIVILLIUS. — Crustacés parasites des Tuniciers arctiques...... 281
ALEX. PILLIET. — Sur la structure du tube digestif de quelques Poissons de
IEP EEE RER CEE cercles. 283
J. KUNSTLER. — Dumontia Opheliarum, type nouveau de la sous-classe des
S'APCOUIRE SRB PAIN) ST ER RS AR RC NE RO RE A eee RS 309
AL. PILLIET et RAOUL BOULART. — Sur quelques glandes conglomérées du
LÉ COMÉMMAERICTITE NE Ve en create lala tiolere ele en ete ieleiefe scies ne dicleeis sf leele 337
R4aouL BOULART. — Note sur les sacs aériens cervicaux du Tantale .......... 348
AL. PILLIET. — Note sur la glande de Harder du Chameau.................. 349
P. MÉGNIN. — Sur le rôle pathogénique de certaines Psorospermies.......... 351
J. DE MORGAN. — Mollusques terrestres et fluviatiles du royaume de Pérak et
des pays voisins (Presqu'ile Malaise), avec une carte dans le texte (PI. V,
LAS 6 1 Lil PS 0.0 SERRE EURE en--Crt-LacLul RME LA COR 353
XLIV TABLE PAR ORDRE DE MATIÈRES
Pages.
Prof. ALFRED DUGÈs. — Métamorphoses d’une Corydalis, avec 7 figures dans
lortexte. #4. HR PEER. caro open 429
— — Description d’un nouvel Acarien {Alophus Antonii),
aveci8 floures dans le texte Meet ere core 432
E. Simon. — Matériaux pour servir à la Faune arachnologique de l'Asie Méri-
dionale (PINS ete bic nnm ce EE. ol CU 436
L. TaczanowsxIr. — Liste des Oiseaux reçus récemment du sud-ouest du
DAYS OUSSOUMEN.. Lee eine ec Cobol ECCRS 463
M. Cuaper. — Description de quelques espèces nouvelles de Coquilles vivantes
provenant de l'Afrique australe et d’Assinie (PI. XI)......... A Re à 479
Prof. CH. DEBIERRE. — Sur l'appareil hyoïdien considéré dans la série des
Vertébrés. — L'arc mandibulaire et l’arc hyoïdien, avec 48 figures dans le
OA LEP UE L do MMA 0 LAC 0 à Ua De dridles OM octo dde 487
0. et Epm. TERQUEM. — La rade de Smyrne, avec 3 figures dans le texte..... 547
G. CorrEAuU. — Échinides nouveaux ou peu connus (4° article) (PI. XII et XI). 551
HÉRON-RoyEr. — Note sur les amours, la ponte et le développement du
Discoglosse {Discoglossus pictus Otth), suivie de quelques remarques sur
la classiicationdes Anoures (El EXIV) 0250 -CPAPC ER ER cet. 20 -cCCE 565
Prof. R. BLANCHARD. — Remarques sur la classification des Batraciens anoures. 584
Procès-verbaux pour l’année 1885....................... HR DONS Tenue 1
Erratumiduitome Xe. NL DATE tn Reco ee ere de XXXIV
Table des espèces et genres nouveaux décrits dans le Bulletin de 1885..... XXXV
Table des matières par ordre alphabétique d'auteurs......,.......,......... XLI
Table par ordre de matières
Le Secrétaire général, gérant,
Prof. RAPHAËL BLANCHARD.
Meulan, imp. de A. Masson.
Moote de NO: Chaper.
Bull. Soc. Zool.de France, X, 1885. P1.I.
A 8
Arnou ad nat.del.et hth. Imp . Becquet fr Paris.
Mollusques d’Assime ( 1.18 ) et de Madras" (19777)
1OODP
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Bull Soc. Zool.de France ,X, 1885. PI
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Bull 900 Zool de France X,1885
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Bull. Soc.Zool. de France X. 1885.
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Maubert ad nat del.et lith.
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Imp.B ecquet f à Paris.
6. Macrochlamys Llaéchongt ( de Morgan)
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Pig 3 elicarior Lorvé (4) Zy SN Partont (&)
Pig 4. Nestæ Malaousr ( A)
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Pig 5. Macrochlamnys patarienses (i#) | Pig 10. Phulidora 1lardouinré {id )
Bull Soc .Zool de Frauce N 1885
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Maubert ad nat.del.et lith. Imp. Becquet fr. à Paris.
Fig LUC xyles Safaya ( de Morgan ) Fig. ÿ:. Lhilrdora Hrayr ( de Morgar "
fig ?. Arropharta Rirlan« ( i& ) Fig. 6. J Cerogyra hvoeltenharnz (1 )
Pig. 3. Ttastæ Bouryt (éd) Fig à D Léheelinsts (iz)
Zig 4. Arcopharla Lahatensés (it) Fig d Prezaonenia ÂGPUYANENSES ( it y
Pig. y. Jhorira Peraferrses (ta)
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Maubert ad nat. del.et lith. Enp.B ccquetfr. a Paris.
Zig 1. Hybocysts elipllas, de Morgan Zig 4. Lrpiria Cchehélenses, de Morgan
Pig 2. 17 .Jousseaurnet [it ) LE 5. Cycloph. malxyanus, Pers. /Oe)
Pig. 3. Luprra Lourt (id) Pig. 6. ÆAioporna Loic, de Morgan
Zig. Ve Pilhinia Rinlana, de À orgar
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terr. et fluv de Pérak
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Maubéert ad nal. del. et lith lrap Becquet fr.a Paris
Pig. 1. Gyclotus Dautxenbergt, de Morgan | Hig. S Lagochilus Jrv eltenharné, de Morgan
Zig 2. ARAcoslorma /ousseaurrét (id ) | fig 9. Gacots Douviller [id )
Fig. 3. Plerocyclos Hegelspergert (id) Lig. 10. Melarmpus Cosset [4 )
Zig. 4. Atycaeus Jonsseattrnmer (id) | Pig 11. LUobrerr penangense (id)
AP Di LA EE Æapa U/OILETISES (EL ) Pig. 12, Arryp ul LILA PETARETISES (ri })
Fig 6. À. Théeroté (it) | Fig. 13, A 1oelleslsensis (it)
Pig. 7, Cyci pAo TUS Zhteres (éd ) | Zi. Jermnyla pPtrakensts (a )
Pig. 15. Slenolh (TA La Louiri, de Morgan
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